Surdité

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Repères chronologiques sur l'histoire de l'anatomie et de la physiologie de l'audition

  • Alcméon de Crotone (vers 600 av. J.-C.) définit l'oreille comme l'organe de la respiration.
  • Empédocle (535-475 av. J.-C.) considère (à tort) le vestibule comme l'organe de l'audition. Il pense que le son est capté par cet organe et "régularisé" le long des canaux qui assurent son cheminement.
  • Hippocrate (460-375 av. J.-C.) est le premier à décrire un tympan observable sur le cadavre. Il connaît les cavités osseuses situées derrière cette membrane. Il les considère comme des caisses de résonances d'où le son serait renvoyé au cerveau. Il parle de la conduction dure (transmission des vibrations d'un corps dur au contact des os crâniens).
  • Platon (426-348 av. J.-C.) pense que les oreilles captent les vibrations de l'air pour les transmettre au siège de l'âme.
  • Aristote (384-322 av. J.-C.) décrit l'oreille comme l'organe de l'ouïe (on pensait jusque-là que c'était l'organe de la respiration). Il s'attribue la découverte du canal de communication entre l'oreille et la bouche (il pense qu'elle a seulement une fonction d'exutoire des matières superflues de l'oreille). Pour lui, l'oreille interne est une cavité complètement close et remplie d'air. Cet air est différent de l'air extérieur (aer in situ ou aer ingenitus). Cette conception persiste jusqu'à la découverte des liquides labyrinthiques par Cotugno (XVIIIe-XIXe s.)
  • Erasistrate et Hérophile (IIIe s. av. J.-C.) suivent le nerf auditif jusqu'au cerveau sur des cadavres qu'ils dissèquent.
  • Galien (131-201 ap. J.-C.) distingue le nerf facial du nerf auditif.
  • Oribase (326-403) donne une bonne description des nerfs acoustique et facial.
  • Jacopo Berengario da Carpi (1470-1550) est le premier à décrire les deux premiers osselets. "À cette membrane sont accolés, à l'intérieur de cette première caverne de l'ouïe deux osselets mus par l'air en mouvement qui s'y trouve et capables de s'ébranler mutuellement selon les mouvements de l'air externe." (Commentaria super anatomia Mundini, 1521).
  • André Vésale (1514-1564) étudie ces deux osselets, leur donne le nom de marteau et enclume mais il les situe mal dans l'oreille.
  • Gian Filippo Ingrassia (1510-1580) découvre le troisième osselet (l'étrier).
  • Gabriele Falloppio (1523-1562) ou Falloppia, nommé Fallope en français, fait une description complète des osselets et leurs connexion dans Observationes anatomicae (1561). Il distingue les deux cavités de l'oreille interne osseuse, le labyrinthe et le limaçon, à l'intérieur desquelles il situe les rampes vestibulaires, la lame spiroïde et l'expansion du nerf auditif sur la membrane qui revêt les parois de cette cavité interne. Il laisse son nom à une structure anatomique : l'aqueduc de Fallope (conduit intra-pétreux qu'emprunte le nerf facial depuis le méat auditif interne jusqu'au trou stylo-mastoïdien). C'est à lui que nous devons aussi le nom de tympan et de corde du tympan.
  • Bartolomeo Eustachi (1510-1574) décrit le conduit unissant le naso-pharynx à la caisse du tympan (on lui donnera ultérieurement le nom de trompe d'Eustache) mais il méconnaît son rôle.
  • Ambroise Paré (1510-1590) est toujours en accord avec la notion d'air interne d'Aristote. Il insiste sur le fait que cet air interne est l'une des deux sources par lesquelles s'élabore l'audition, la deuxième étant les ondes sonores extérieures à l'oreille. La transmission du son par la membrane tympanique et les osselets se précise.
  • Volcher Coiter (1534-1576), anatomiste hollandais, élève de Fallope, précise les connaissances anatomiques de l'oreille. Comme ceux qui l'ont précédé, il pense que la principale fonction du tympan est de protéger l'oreille moyenne et que la cochlée contient de l'air. Il assimile la conduction aérienne à la transmission des sons par la trompe.
  • Girolami Fabrizi d'Acquapendente (1537-1619) consacre un traité à l'appareil auditif, De audito instrumento (1572). Il y résume toutes les connaissances de l'époque sur l'oreille. Il insiste sur le rôle d'amplification des sons par les cavités osseuses de l'oreille. Il pense que la transmission des vibrations se fait par la trompe d'Eustache.

De nombreuses découvertes physiologiques ont lieu au XVIIe et XVIIIe siècles :

  • Gaspard Bauhin (1560-1620), anatomiste à Bâle, pense qu'il existe une répartition spatiale des sons graves et aigus dans les parties différentes de l'oreille interne en raison soit de leurs dimensions soit de leur forme. Il est considéré comme le père de la théorie de la localisation tonale.
  • Claude Perrault (1613-1688), l'un des premiers à s'intéresser à l'anatomie microscopique, affirme que c'est dans la lame spirale que se produit l'excitation des nerfs par les vibrations.
  • Thomas Willis (1621-1675) étudie le trajet et les rapports du nerf auditif et du nerf facial qui forment la 7e paire crânienne.
  • Antonio Maria Valsalva (1666-1723), professeur d'anatomie à Padoue, distingue le premier les trois parties de l'oreille. Il est le premier à signaler la présence d'un liquide dans l'oreille interne (mais il croit encore en la nécessité de l'air interne à la perception des sons).
  • Nicolas Le Cat (1700-1768) énonce la théorie de la résonance au niveau de l'oreille interne : "La toile arachnoïde qui forme la lame spirale et divise les rampes, offre de sa base à son sommet, une suite de cordes décroissantes dans une progression insensible, propres à se mettre à l'unisson de tous les tons possibles."
  • Domenico Cotugno (1736-1822) découvre les liquides de l'oreille interne après de nombreuses dissections et met ainsi fin à la théorie de l'air inné ou interne énoncée par Aristote deux mille ans auparavant. Il doute du rôle des canaux semi-circulaires dans l'audition. Il établit que c'est la base de la cochlée qui est mise en vibration par les sons aigus et non le sommet comme l'affirmaient certains de ces prédécesseurs.
  • Alfonso de Corti (1821-1876), histologiste italien, décrit en 1851 l'organe auquel il a laissé son nom, grâce à l'utilisation du microscope. Il utilise le terme appendice pour désigner le cil des cellules ciliées.
  • Hermann von Helmholtz (1821-1894) explique le fonctionnement de la cochlée par la théorie de la résonance : à partir de 1870, il décrit la membrane basilaire de la cochlée comme une succession de cordes vibrantes faiblement liées les unes aux autres qui entreraient en résonance avec les stimulations sonores.
  • Georg von Békésy (1899-1972, prix Nobel de médecine en 1961) montre dans les années 1950 que la membrane basilaire ne peut pas vibrer par résonance mais uniquement de façon passive, sous l'influence des mouvements liquidiens, car elle n'est pas tendue.

Sources :
Corti, Alphonse, "Recherches sur l'organe de l'ouïe des mammifères", Zeitschrift für wissenschaftliche Zoologie von Siebold und Kölliker, Bd. III, Hft. 1, 1851. (Consulté le 17 juin 2025.)
Guerrier, Yves, Mounier-Kuhn, Pierre, Histoire des maladies de l'oreille, du nez et de la gorge. Les grandes étapes de l'Oto-Rhino-Laryngologie. Les Éditions Roger Dacosta, Paris, 1980.
Stevens, Stanley Smith, Davis, Hallowell, Hearing Its Psychology and Physiology, John Wiley and Sons Inc., New York, London, 1938.(Consulté le 17 juin 2025.)

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Contributeurs : Élisabeth Fuchs