Orthophoniste (1980)

De Medfilm



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Titre :
Orthophoniste
Série :
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Intervenants :
Durée :
16 minutes
Format :
Parlant - Couleur -
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

JE VEUX ÊTRE... TOI

UNE ÉMISSION PROPOSÉE PAR AGNÈS VINCENT

PRODUCTION A2 Antenne 2, France 1980

(Un générique beaucoup plus complet déroule à l'écran et est lu en voix off à la fin de l'émission.)

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Reportage sur la profession d'orthophoniste.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Deux jeunes filles, Florence et Laure, souhaitent devenir orthophonistes. À la fondation Borel-Maisonny, elles rencontrent Hélène et Françoise, orthophonistes, qui s'occupent notamment de Béatrice et Nadia, deux petites filles sourdes profondes. Les deux professionnelles expliquent à Florence et Laure les particularités de leur métier. Puis au Centre d'orthophonie et de pédagogie appliquée (COPA), Laure et Florence assistent à de nouvelles séances d'orthophonie avec des enfants et des adultes qui ne sont pas sourds mais qui sont confrontés à certaines difficultés de langage (trouble d'acquisition du langage oral et écrit, fente labio-palatine). Les interviews des orthophonistes par les deux petites filles sont accompagnées d'images de séances d'orthophonie avec des enfants et quelques adultes.

Contexte

Vers 1760 : L'abbé de l'Épée met au point des méthodes d'éducation des enfants sourds. Il crée l'alphabet dactylologique.
1795 : Le docteur Jean Itard fait les premières tentatives d'éducation ou de rééducation du langage auprès de Victor, l'enfant sauvage retrouvé en Aveyron.
1829 : Apparition du mot orthophonie en France. Le docteur Colombat crée l'Institut orthophonique de Paris, pour le "redressement de la parole".
1925 : Le docteur Victor Veau, chirurgien à l'hôpital Saint Vincent de Paul à Paris fait appel à une phonéticienne et grammairienne, Suzanne Borel pour qu'elle observe les personnes porteuses de fente labio-palatine qu'il a opérées et essaie de les aider à améliorer leur articulation et leur parole. Elle commence ses premières rééducations de manière expérimentale.
1927 : Publication des travaux de Suzanne Borel dans le livre du Dr Veau, Division palatine.
1929 : Publication des résultats des premières rééducations de Suzanne Borel dans la Revue de phonétique.
Fin des années 1920 : Ouverture d'un service de "rééducation de tous les troubles de la parole" (au Service des enfants assistés, rue d'Enfer à Paris ?). Les rééducations sont assurées par Suzanne Borel. Elle crée une nouvelle consultation à l'hôpital Saint-Michel (Paris) avec le Dr Veau.
1930 : Un seul service hospitalier assure les rééducations de la voix, celui du Dr Tarneaud (fondateur de la Société française de phoniatrie) à l'hôpital Lariboisière et à l'hôpital Bellan. Elles sont confiées à l'une des premières collaboratrices de Suzanne Borel : Claire Dinville.
1930 : À la faculté de médecine de Paris, création du premier cours de laryngologie et phoniatrie (en 10 leçons) dispensé par le Dr Tarneaud et Suzanne Borel.
1933 et suiv. : Suzanne Borel collabore avec des phonéticiens et divers médecins spécialistes (pédiatres, psychiatres, ORL, stomatologues, radiologues). Elle initie des travaux de radiologie qui déboucheront sur les "acougrammes phonétiques" (audiogrammes phonétiques) au travers de l’étude "d’orthodiagrammes" des voyelles et consonnes. Ce sont ces travaux rigoureux qui donneront naissance un peu plus tard aux guide-langues.
Les stagiaires qui entourent Suzanne Borel suivent un enseignement clinique dont la durée n’est jamais inférieure à quatre ou cinq ans et elles acquièrent, à leur gré, les notions théoriques en suivant des cours (psychologie, linguistique, phonétique, etc.) dispensés au sein de l’Université.
1937 : Suzanne Borel rencontre le Dr Edouard Pichon (médecin pédiatre, psychanalyste, linguiste et écrivain) à St Vincent de Paul et s’intéresse désormais aux aspects psycholinguistiques de la communication, au développement psychique de l’enfant et de l’adolescent et au bégaiement. ils font paraître un ouvrage commun : Le bégaiement, sa nature et son traitement.
Ainsi, le domaine de l’orthophonie s’élargit au langage oral et à ses troubles.
1942 : S. Borel entre en contact avec le Dr Simon, collaborateur de Binet, auteurs de L’Échelle métrique de l’intelligence (test Binet-Simon). Suzanne Borel publie de nombreux articles dans le Bulletin Binet-Simon qui lui est entièrement ouvert. Elle y publiera la quasi-totalité de ses tests.
Un pilier essentiel de l’orthophonie est en train de se construire : celui du bilan orthophonique.
1946 : Suzanne Borel-Maisonny travaille sur les troubles instrumentaux des enfants (dyslexie, dysgraphie, troubles du schéma corporel) avec le neuropsychiatre Julian de Ajuriaguerra au sein de l'équipe de recherche pluridisciplinaire en psychologie et psychopathologie de l'enfant de l'hôpital Sainte-Anne-Henri-Rousselle (avec M. Auzias, J. Bergès, N. Galifret-Granjon, H. Gobineau, D. Koechlin, I. Lézine, I. Santucci, G. Soubiran, M. Stambak, R. Zazzo).
1955 : Premières attestations d'études d'orthophonie délivrées suite aux travaux de Suzanne Borel-Maisonny, fondatrice de cet enseignement en France. (Formations organisées à Paris puis Lyon et Marseille.)
1957 : Création de l'école de formation des rééducateurs de la dyslexie à l'initiative de Claude Chassagny.
1959 : Création du Syndicat national des orthophonistes (SNO) qui deviendra la FNO par la suite. À Strasbourg, création de l'ADOPSED (Association d'orthopédagogues, psychopédagogues spécialisés dans la rééducation des enfants dyslexiques et la pédagogie curative générale) par un groupe d'enseignants du CMPP de Strasbourg (dont Georges Fronsacq qui assure la présidence de l'ADOPSED pendant plusieurs années), afin de promouvoir les recherches sur l'inadaptation scolaire et former des rééducateurs de dyslexie.
1963 : Création de l'Association des rééducateurs de la parole, du langage écrit et de la voix (ARPLOEV), et de la revue Rééducation orthophonique
1964 : Statut légal de la profession.
La loi du 10 juillet institue un diplôme national : le Certificat de capacité d'orthophoniste (C.C.O.). Les orthophonistes figurent au Livre IV du Code de la Santé Publique. La profession, le titre d'orthophoniste et le domaine de compétences sont protégés en France. La profession est réglementée. L'orthophoniste est un professionnel de santé conventionné avec l'Assurance Maladie.
La même année, en réaction au refus de le SNO de prendre en compte certains diplômes pour l'attribution du titre d'orthophoniste par la "Commission de qualification" - notamment les formations de "rééducateurs de la dyslexie, dysorthographie et dyscalculie" assurées sous la responsabilité de Claude Chassagny à Lyon, Georges Fronsacq à Strasbourg et Roger Mucchielli à Nantes, ainsi que le diplôme de "technicien spécialisé en rééducation orthophonique" délivré par l'Institut de psychologie appliquée et d'hygiène mentale de l'université de Clermont-Ferrand (formation assurée par le docteur Doussinet, psychiatre), les praticiens formés à Clermont-Ferrand créent le Syndicat national indépendant des orthophonistes (SNIO). Ils obtiennent gain de cause : le diplôme de Clermont-Ferrand est reconnu. Les rééducateurs de dyslexie se constituent également en syndicat : le Syndicat national des rééducateurs de dyslexie (SNRD)
1965 : Reconnaissance des formations de rééducateurs de dyslexie. Mise en place des premiers centres de formation d'orthophonie dans les facultés de médecine. (NB : À Strasbourg, la formation de rééducateurs en dyslexie, puis d'orthophonistes à partir de 1973, a été assurée par l'ADOPSED jusqu'en 1985. La première promotion formée à l'école d'orthophonie de la faculté de médecine de l'université de Strasbourg est la promotion 1987-1991)
1968 : Naissance de la Fédération Nationale des Orthophonistes (FNO). Le SNIO prend le nom de Fédération nationale unifiée des orthophonistes (FNUO).
1969 : Lettre-clé AMO.
1970 : Régime conventionnel pour les praticiens libéraux.
1971 : Les rééducateurs de la dyslexie sont autorisés à exercer la profession d'orthophoniste dans leur compétence particulière (langage écrit uniquement).
1972 : Première réforme des études (3 ans).
1974 : Signature de la première convention nationale avec la Sécurité sociale.
1975 : La FNUO et le SNRD fusionnent et créent la Fédération des Orthophonistes de France (FOF).
1977 : Adaptation du Cued Speech (inventé par le docteur Orin Cornett aux États-Unis) à la langue française sous sa forme actuelle : le langage parlé complété (LPC) ou la langue française parlée complétée (LfPC)
1978 : Deuxième convention nationale.
1980 : Naissance de l'association nationale pour la promotion et le développement de la langue française parlée complétée (ALPC)

Pour une chronologie plus complète de la profession d'orthophoniste (jusqu'en 2021), des extraits des textes réglementaires et quelques éléments démographiques, voir Orthophonie (Général)

La méthode phonético-gestuelle, méthode de rééducation orthophonique inventée par Suzanne Borel-Maisonny
La méthode de lecture développée par Suzanne Borel-Maisonny est publiée pour la première fois en 1949, puis en 1956 dans le Bulletin mensuel de la Société Alfred Binet sous le nom de « Méthode de lecture – Atlas », enfin en 1960 dans le premier volume, Langage oral et écrit, pédagogie des notions de bases. À cette époque, la méthode s’adresse aux enfants présentant une hypoacousie, une dyslexie ou une dysorthographie. La première partie de cet ouvrage intitulée Lecture comporte un premier chapitre Comment apprendre à lire qui présente la méthode combinée proposée par Suzanne Borel-Maisonny à l'attention "des enfants qui n'apprennent à lire qu'avec peine": représentation spatiale ; épellation phonétique ; symbolisation gestuelle ; notion de nombre et de rythme ; écriture. Le deuxième chapitre Rééducation des dyslexiques comporte l'Atlas des gestes de la méthode de lecture.
Clotilde Silvestre de Sacy, institutrice et proche collaboratrice de Suzanne Borel-Maisonny, propose en 1960 une méthode d'apprentissage de la lecture fondée sur l'approche phonétique et gestuelle. Il s’agit d’une seule méthode ayant deux utilisations ou progressions différentes. Elle s’adresse à la fois à des enfants à rééduquer et à des enfants qui apprennent à lire. En effet, alors que Suzanne Borel-Maisonny réservait l'usage des gestes aux rééducateurs, Clotilde Silvestre de Sacy introduit l'idée qu’ils constituent également un outil pour les enseignants. Suzanne Borel-Maisonny a donné à la méthode des bases orthophoniques, phonétiques et gestuelles tandis que Clotilde Silvestre de Sacy a adapté dans l'ouvrage Bien lire et aimer lire, régulièrement réédité depuis 1963, la progression de la méthode à l'apprentissage même de la lecture.
Fondements de la méthode phonétique et gestuelle
Cette méthode initialement destinée aux « enfants qui n'apprennent à lire qu'avec peine », est issue « d’une recherche scientifique longuement mûrie [...], fondée sur une connaissance précise des possibilités, des intérêts et des difficultés de l’écolier » (Préface des docteurs Simon et Launay, Borel-Maisonny S., Langage oral et écrit, Delachaux et Niestlé, Paris, 1985.) Elle prend appui sur la méthode syllabique, les sons s’accrochent progressivement les uns aux autres, pour former des syllabes puis des mots, puis des phrases. « La méthode syllabique, dite aussi « alphabétique », est centrée sur l’apprentissage systématique et progressif du code des correspondances graphophonologiques, en partant de l’étude des signes écrits, les « graphèmes », que l’élève apprend à oraliser.» (Deauvieau J., Reichstadt J., Terrail J-P., Enseigner efficacement la lecture, Odile Jacob, Paris, 2015)
La méthode est donc basée sur trois éléments : les phonèmes (sons élémentaires du langage, entendus par l'oreille), les graphèmes (combinaisons de lettres correspondant à un phonème, vus par les yeux) et l’articulation (l'ensemble des sons prononcés).
En outre, « l’enseignement de la lecture comprend lui-même deux stades : le premier concerne l’acquisition du mécanisme ; le second, l’application à la lecture d’un texte. »
L’enjeu pour Suzanne Borel Maisonny est d’impliquer l’apprenant dans ce processus d’enregistrement du mécanisme. Elle considère que pour aider les apprenants à entrer dans le langage oral, c’est-à-dire le transcodage des segments écrits en segments oraux, il est pertinent d’introduire des gestes symboliques. En effet, la théorie de Suzanne Borel-Maisonny repose sur l’idée que la lecture gestuée ou "phonomimie" favorise l’acquisition du principe alphabétique. Par ailleurs, elle suggère de commencer par l’association geste-son, ensuite geste-graphie pour faciliter l’accès à l’association son-graphie. Elle affirme : « chez les dyslexiques l’association geste-son est plus rapide et plus sûre que l’association geste signe-écrit. Nous avons vu des enfants lire les gestes, prononcer les sons qui leur sont montrés de cette façon, et qui cependant restaient encore incapables de lire l’écriture. Il faut donc recourir aux gestes sans se lasser avant de ne laisser subsister que ce qui importe, c’est-à-dire l’association signe écrit-son.» In fine, l’enjeu de la méthode est de développer les capacités de transcodage grapho- phonémique des élèves. Le geste constitue un support à la relation graphème-phonème. Cette symbolisation corporelle et spatiale a pour but de favoriser le décodage du code complexe de la langue. Pour S. Borel-Maisonny, « des gestes seront attachés à chacun des signes écrits et y resteront attachés jusqu’à acquisition complète de l’énonciation de ces derniers. » Elle recommande aussi qu’il n’y ait pas d’apprentissage de l’alphabet mais juste du son des lettres, pour ne pas avoir de confusion sur le nom de la lettre et le son qu’elle fait.
Présentation des gestes
La méthode consiste à associer à chaque phonème, un geste, et ce quelles que soient les graphies de ce son. Les gestes imaginés par Suzanne Borel Maisonny peuvent être classés en quatre catégories. Certains sont représentatifs d’une forme graphique, ils constituent une entrée implicite dans l’écrit car l'image spatiale du phonème se rapproche de la forme écrite de la lettre.
Exemples :
/s/ Le geste associé à la lettre s se construit en représentant la forme graphique de la lettre l’index tendu.
/m/ Pour produire le geste associé à la lettre m, on placera le pouce, l’index et le majeur, rigides, le bout appuyé sur la table.
/v/ Le v se construit de la manière suivante : poignets joints et paumes écartées.
D’autres gestes sont représentatifs d’une image articulatoire, ils miment les mouvements produits par les organes articulatoires mobilisés.
Exemples :
/ʀ/ Pour le geste r, on placera l’index sur le côté du larynx, afin que l’enfant puisse sentir le raclement qui accompagne l’émission de cette consonne.
/a/ On montrera la main ouverte rappelant la bouche ouverte. Cette analogie suffit aux enfants.
/l/ On porte l’index devant la bouche en le dressant vers le haut, comme fait la pointe de la langue dans la prononciation de cette consonne.
D’autres gestes souligneront l’idée d’écoulement.
Exemple :
/f/ On accompagne la prononciation d’un mouvement de tout le bras de droite à gauche si on fait face à l’enfant. Ce mouvement rappelle à la fois le son et la barre horizontale de la lettre f.
Enfin, on associe le signe à une petite scène ("phonomimie").
Exemples :
/wa/ On fait entendre un aboiement, on ouvre et ferme le poing avec vivacité, on dessine une tête de chien.
/ɛ̃/ Le geste est associé au rythme du cri du canard. Avec le pouce et le majeur, l’apprenant crée une forme d’un bec, et il les pose sur le nez pour expliquer la nasalisation du son.
La méthode Borel-Maisonny est dite phonique parce qu’elle se donne pour point d’appui « la conscience phonologique » et le développement de « l’analyse phonémique ». L’enjeu est que l’élève prenne conscience de ce qu’est un son et d’où il vient. Pour cela, Suzanne Borel Maisonny propose tout un tra-ail de gymnastique phonatoire. La conscience de la position articulatoire est une condition sine qua non à l’émission d’un phonème. D’après Suzanne Borel Maisonny, l’enfant doit distinguer les vibrations glottales, orales et nasales. En effet, elle considère que pour chaque son, il est important d’aborder les différentes positions de la langue et des lèvres, les organes intervenant dans la production du son, la manière dont l’air s'écoule, la cavité par laquelle l’air sort. C'est pour cette raison que les gestes évocateurs proposés par la fondatrice se rapportent souvent aux organes phonateurs.
Repères de progressivité
Suzanne Borel Maisonny divise la méthode en 30 leçons soigneusement détaillées. Elle préconise l’étude des voyelles et des consonnes de manière simultanée. Ainsi, les consonnes dont le son peut être facilement prolongé (constrictives) seront vues en premier. Les élèves connaîtront rapidement les sons /f/, /ʃ/, /s/, /v/, /ʒ/, /z/, /l/, /R/, /m/ et /n/. En parallèle, ils étudieront les voyelles : /a/, /o/, /y/, /œ/, /e/ et /i/. La deuxième leçon porte sur la nasalisation des sons a et o : /ã/, /õ/, /wa/, /wɛ̃/.
C’est lors de la troisième leçon que les consonnes occlusives seront présentées : /p/, /t/ et /k/. Viendront s’ajouter dans une cinquième leçon les sons /b/, /q/ et /h/. Cependant, Suzanne Borel-Maisonny précise qu’aucun nouveau signe ne doit être présenté si les premiers ne sont pas suffisamment connus.

Bien lirre et aimer lire, site internet de la méthode phonético-gestuelle créée par Suzanne Borel-Maisonny : https://www.bien-lire.net/

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Comme toutes les émissions de la série Je veux être toi, cette émission commence par une situation concrète où on voit le professionnel en action( ici une orthophoniste). Le type de séance d'orthophonie qui a été choisi pour démarrer correspond à la représentation courante que le grand public se fait de cette profession : le travail avec des enfants sourds. Petit à petit, des éléments supplémentaires sont présentés pour communiquer aux spectateurs la diversité de cette profession : l'orthophoniste utilise des aides techniques (phonodioscope puis guides-langues), elle s'occupe aussi d'enfants entendants, elle travaille le langage écrit, elle s'adresse également à des adultes, elle rééduque les bégaiements et les troubles de la parole liés à une division palatine, etc.

De nombreuses séquences sont filmées en gros, voire très gros plan, ce qui donne au spectateur une impression de grande proximité. On croit être assis à la même table que les protagonistes. La profession d'orthophoniste paraît accessible, même s'il est dit plusieurs fois que c'est un métier difficile. En revanche, les hommes sont très peu présents (ceux que l'on voit ne sont pas identifiés, on ignore si ce sont des stagiaires orthophonistes, des pères, etc.) et il n'y a pas de garçon parmi les enfants intéressés par la profession (contrairement à l'émission que la série consacre aux infirmières, par exemple).

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Même si certaines des personnes qui apparaissent dans l'émission ont besoin de séances d'orthophonie en raison d'un problème d'ordre médical (surdité, division palatine), l'orthophonie n'est pas présentée du tout comme une profession paramédicale. Les mots "patient" ou "pathologie" ne sont pas utilisés. On ne parle que d'"élèves", terme qui serait remplacé par "patients" de nos jours (2023) et qui correspond à l'expression "cours d'orthophonie" encore utilisée dans les années 1980, avant d'être remplacé par le terme "séances d'orthophonie".

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Sur Antenne 2, le 21 octobre 1980, pendant l'émission Récré A2.

Communications et événements associés au film

Public

Enfants et adolescents de moins de 16 ans.

Audience

Descriptif libre

Générique : des enfants dans des rôles d'adultes
Le générique accompagné d'une musique au synthétiseur présente des enfants et adolescents en train d'exercer des activités généralement associées aux adultes (grimper au mât d'un voilier, travailler le bois, plaider au tribunal, nourrir un bébé, faire l'acrobate sur le dos d'un cheval). (00:35)

Travail avec des enfants sourds à la fondation Borel-Maisonny
Plan serré sur deux fillettes d'environ 6 ans habillées de façon identique et une jeune femme qui tient la main de l'une des petites pour lui faire sentir son souffle lors de la production du son /f/. Il s'agit d'une séance de démutisation. Les enfants ont les yeux rivés sur l'adulte. Celle dont elle tient la main imite ses mouvements buccaux. L'adulte prononce plusieurs fois la syllabe /fa/ d'une voix forte en trainant un peu sur la voyelle. Elle pose l'autre main de l'enfant sur son larynx pour lui faire sentir les vibrations correspondant à la voyelle. L'enfant réussit à produire la syllabe de façon approximative, l'adulte sourit. L'angle se resserre sur la fillette qui ne faisait que regarder jusque-là. Elle sollicite du geste la jeune femme. Celle-ci commence par régler la prothèse auditive de l'enfant qui s'est mise à siffler. L'adulte fait répéter des syllabes commençant par /f/ à la fillette. L'enchainement des phonèmes n'est pas fluide et les voyelles restent imprécises. En particulier, les formes labiales ne sont pas adaptées.
Une voix off explique qu'"à la fondation Borel-Maisonny, Hélène, orthophoniste, retrouve plusieurs fois par semaine ses élèves, Béatrice et Nadia, qui sont sourdes profondes."
Ensuite, Hélène écrit la lettre t sur une feuille de papier. Elle prononce le son /t/ à plusieurs reprises en l'accompagnant d'un petit mouvement du pouce et de l'index (il s'agit du geste associé au son /t/ dans la méthode phonético-gestuelle élaborée par Suzanne Borel-Maisonny). Les fillettes, très souriantes et investies dans l'exercice, essaient spontanément de reproduire à la fois le son et le geste. L'orthophoniste forme une toute petite boule de papier, la pose sur le dos de sa main et la fait s'envoler en prononçant le son /t/. L'objectif ici est de travailler la précision du mouvement d'occlusion rapide de la pointe de la langue contre les dents. Les fillettes considèrent manifestement l'exercice comme un jeu et le reproduisent à tour de rôle avec bonne humeur. Ensuite, l'orthophoniste leur propose un exercice de discrimination de consonnes : elle prononce une consonne en y associant le geste correspondant et l'enfant doit montrer la lettre correspondante écrite sur une feuille de papier.
Gros plan sur le visage d'une jeune fille de 10-12 ans qui explique en voix off que son amie Florence et elle-même, Laure, veulent devenir orthophonistes. Elle définit brièvement la profession : les orthophonistes sont spécialisées dans la rééducation du langage. En parallèle, la séance d'orthophonie des fillettes se poursuit. (On remarquera que souvent, dans la série Je veux être toi, les enfants intéressés par la profession du jour sont des deux sexes. Ici, il n'y a pas de garçon. On voit parfois des hommes assister aux séances dans l'émission mais on ne sait pas s'il s'agit d'orthophonistes, d'autres professionnels, de stagiaires ou peut-être des pères des enfants en séance.)(02:23)
Autre plan très serré sur l'une des fillettes sourdes et une autre orthophoniste, Françoise, qui travaillent avec un phonodioscope. Comme précédemment (mais avec un équipement technologique bien plus évolué), l'objectif est de pallier le manque d'informations auditives perçues par l'enfant en le remplaçant par des informations visuelles (geste de la main, tracé de l'appareil) et tactiles (perception du souffle ou des vibrations du larynx).
En voix off, Laure demande pourquoi il faut apprendre à parler à ces enfants. Sa question sous-entend une constatation simple : en principe, les enfants apprennent à parler spontanément, sans qu'on ait besoin de leur faire faire d'exercices spécifiques, surtout à un âge aussi "avancé". La réponse qui lui est donnée insiste à la fois sur l'importance de l'audition dans l'acquisition du langage par l'enfant petit et sur l'utilité du langage : agir sur les autres, traduire sa pensée et ses sensations. (02:57)
Nouvelle séance de démutisation, cette fois avec un jeune garçon. La séance se passe en public. Non seulement Laure et Florence sont présentes mais on distingue également un homme et une femme au fond de la salle (les parents de l'enfant ?), ainsi qu'une troisième personne derrière Florence. L'enfant répète de façon trainante les mots "un piano" que l'orthophoniste a écrits sur une feuille de papier, à la fois avec l'alphabet latin et avec l'alphabet phonétique. (03:10)

Les missions de l'orthophoniste
Pendant que le garçon fait ses exercices, la voix off continue à parler du travail de l'orthophoniste. Dans cette explication, on relève la phrase suivante : "(...) c'est tout de même utile d'employer le langage qui circule le plus couramment parmi les gens." On peut l'interpréter comme une justification de la méthode oraliste (d'où les séances de démutisation) par rapport à l'acquisition et à l'usage de la langue des signes par les enfants sourds, les positions des professionnels du domaine étant à l'époque extrêmement tranchées et complétement opposées à l'apprentissage et à l'utilisation de la langue des signes.
Dialogue entre les deux orthophonistes et Laure et Florence. Les jeunes femmes expliquent que le langage oral est notre outil de communication et qu'il faut qu'il le devienne également pour les enfants sourds. Pour cela, elles utilisent des techniques et appareils de visualisation de la voix. La petite séquence de questions-réponses qui suit est entrecoupée de courts extraits de séances d'orthophonie. Laure demande combien de temps dure la rééducation. La réponse que lui donne Hélène peut effrayer puisque la rééducation peut durer plusieurs années. En revanche, les orthophonistes insistent sur les bénéfices de ce travail pour l'enfant : même s'il ne parle pas parfaitement bien, il apprend très vite à se servir de ce nouvel outil qu'est le langage (04:46)
Hélène travaille avec une autre fillette, Valérie, qui lit un passage du Petit Chaperon rouge. Il s'agit à la fois d'un exercice de lecture à haute voix, d'articulation et de compréhension du texte écrit (Hélène attire l'attention de Valérie sur l'illustration pour lui montrer le "capuchon de laine rouge", le terme semblant lui poser quelques problèmes au moment où elle le déchiffre). L'articulation de la fillette est globalement bonne, mis à part quelques désonorisations ("elle habitait" : /ɛlapitɛ/). La mélodie de la phrase n'est pas respectée. Ces deux éléments nécessitent que l'interlocuteur de l'enfant soit particulièrement attentif pour la comprendre.
Changement de plan : Laure et Florence demandent à l'adulte assise près de Valérie (sa mère ? une autre orthophoniste ?) si cette dernière est complètement sourde. L'adulte répond que oui mais qu'elle commence "à se débrouiller dans la vie", ce qui est une affirmation un peu vague. Françoise explique qu'un enfant sourd, s'il est aimé par sa famille peut être "tout à fait équilibré et à l'aise dans sa peau". Pendant ces conversations, Valérie tourne systématiquement la tête vers la personne qui parle.
En opposant la réaction des gens "de l'extérieur" (à quoi ? au monde des enfants sourds, à la fondation Borel-Maisonny, à la profession d'orthophoniste ?) qui "prennent des mines attristées" quand on leur parle de travail avec les enfants sourds, Françoise explique ce qui la réjouit dans son travail : voir naître un langage, donner à l'enfant le pouvoir de s'exprimer. Hélène, assise à côté d'elle, sourit et acquiesce.(06:15)

Séances d'orthophonie au Centre d'orthophonie et de pédagogie appliquée
Gros plan sur le visage souriant et attentif de Florence puis de Laure. Elles assistent à une séance d'éducation auditive avec un groupe d'enfants entendants de 4-5 ans assis autour d'une petite table ovale. L'orthophoniste appelle le petit Marc, lui demande de se mettre debout près d'elle et de lui tourner le dos. Elle souffle tantôt dans un pipeau, une mélodica ou une petite trompette, repose l'instrument sur la table et demande à Marc de l'identifier. Le garçonnet réussit parfois du premier coup, parfois non. En voix off, Laure interroge l'orthophoniste sur ce travail. La séquence suivante la montre en train de parler à l'orthophoniste en présence de Florence et d'un homme et d'une femme. (Le spectateur a déjà vu ces derniers sur les bords du cadre lors de la séance d'éducation auditive alors que la caméra était centrée sur les enfants assis autour de la table.) L'orthophoniste explique que même si leur audition est intacte, ces enfants ont un retard de langage et parole "tout à fait classique" et que l'exercice avec les petits instruments de musique sert à exercer leur perception auditive.
Poursuite de la séance d'orthophonie avec les mêmes enfants. Un garçonnet place de petits animaux derrière, devant, à côté, etc. d'un grand chien gonflable posé sur la table. La question de Laure trahit son étonnement : "Pourquoi vous vous amusez à jouer avec le chien ?" Contrairement aux séances de démutisation où il s'agissait de répéter des sons avec des aides techniques plus ou moins sophistiquées et où les efforts des enfants étaient très perceptibles, cette séance où ils manipulent des jouets ne ressemble pas à du "travail". L'orthophoniste explique alors que le jeu est le moyen par lequel elle fait passer les notions de langage que ces enfants n'ont pas acquises.
Autre exercice d'éducation auditive : plan très bref sur quatre enfants qui tournent en rond en file indienne, les mains posées sur les épaules du camarade debout devant eux pendant que l'orthophoniste tape sur un tambourin. Le plan est trop court pour qu'on comprenne bien ce qui se passe. La consigne est probablement de s'immobiliser lorsque le tambourin arrête de jouer.
La femme présente lors de la séance de discrimination auditive travaille à présent avec un groupe d'enfants un peu plus âgés (7-8 ans). Elle est nettement moins souriante que les orthophonistes précédentes, peut-être intimidée ou gênée par la caméra et la présence de personnes supplémentaires (Laure et Florence, le caméraman et le preneur de son ?) On distingue mal ce qui est posé sur la table devant les enfants : de quoi écrire et peut-être des images. Les enfants répondent d'un mot aux questions de l'adulte qui corrige leur prononciation puis leur demande d'écrire le mot en question. Ensuite elle explique à Laure et Florence que ces enfants font des exercices de graphisme et de transcription écrite "le matin" (ils restent manifestement au Centre toute la journée) car ils ont des problèmes de langage oral et écrit en dehors de tout trouble de l'intelligence. Ces enfants pourront être réintégrés dans un cycle normal. (Cela signifie peut-être que le Centre propose une scolarisation alternative temporaire pour les enfants présentant ce type de difficultés.) Une voix off élargit la définition donnée par Florence plus haut : "Tous ceux qui ont des difficultés pour le langage oral ou écrit peuvent être aussi rééduqués par des orthophonistes." Cette phrase fait la transition avec la prise en charge orthophonique d'un autre type de pathologie. (09:50)
Séances d'orthophonie avec des personnes opérées d'une fente labio-palatine : une orthophoniste fait répéter à une fillette des syllabes de type consonne-voyelle puis un petit groupe de mots en plaçant un miroir sous ses narines pour vérifier l'occlusion vélaire (si de la buée apparaissait sur le miroir, cela signalerait une fuite d'air par le nez.) Comme l'enfant dit "tache" au lieu de "tasse", l'orthophoniste utilise un guide-langue pour l'aider à bien positionner sa langue lorsqu'elle prononce le son /ʃ/. La fillette jette un coup d’œil rapide dans la direction de la caméra et coopère en souriant. Elle réclame même des exercices supplémentaires et proteste lorsqu'il lui faut s'arrêter parce que "c'est pas assez long".
La personne suivante est une adulte également opérée d'une division palatine. L'orthophoniste lui fait répéter des syllabes de type consonne-voyelle-consonne en s'accompagnant du geste associé à la dernière consonne. Les phonèmes sont bien prononcés mais la voix est nasonnée. La femme explique qu'elle a présenté une division palatine et qu'auparavant, on ne la comprenait pas dans les actes simples de la vie (acheter du pain à la boulangerie). Elle trouve que ça va mieux désormais. Effectivement, les points d'articulation sont assez précis pour la plupart. Elle fait manifestement des efforts d'articulation et se reprend souvent mais elle est globalement facile à comprendre. L'orthophoniste complète l'explication sur les divisions palatines (sans mentionner l'opération !) Ce cas permet d'ouvrir encore le champ d'application de l'orthophonie : non seulement les orthophonistes s'occupent de rééduquer le langage oral et écrit mais elles reçoivent aussi bien des enfants que des adultes.
La travail avec la patiente précédente se poursuit par un exercice de respiration abdominale tandis qu'une voix off ajoute le bégaiement et le zozotement (trouble d'articulation) aux pathologies prises en charge par l'orthophonie. (13:36)

La formation
Florence demande où s'apprend le métier d'orthophoniste. Hélène répond qu'en général, les écoles dépendent des facultés de médecine et qu'il y en a à Paris et dans certaines grandes villes de province. Françoise complète en précisant qu'après ces trois ans de formation à la fois théorique et pratique, il est conseillé de faire des stages auprès d'une personne expérimentée parce que "c'est ainsi qu'a été créé le métier". Elle insiste sur la notion d'apprentissage "sur le tas". La suite de la discussion entre les deux fillettes, Hélène et Florence se poursuit en voie off tandis qu'apparaissent à l'écran de très courts extraits de séances de rééducation avec des personnes déjà connues du spectateur. Hélène énonce les qualités nécessaires pour exercer le métier d'orthophoniste : la motivation et le don de soi pour faciliter la communication avec la personne qui se trouve en face de soi.

Conclusion de l'émission : c'est un métier difficile mais beau, une "création dans la vie".

Notes complémentaires

Centre d'Orthophonie et de Pédagogie Appliquée
240 rue de Rivoli
75001 Paris
Troubles de la parole, du langage et de l'audition/Éducation précoce, préscolaire et scolaire. Orthonie et psychomotricté.
Voir www.ceop.fr ?
Site internet de la Fédération nationale des orthophonistes (consulté le 22 février 2023)
Site internet de la Fédération des orthophonistes de France (consulté le 22 février 2023)
Éloge funèbre de Claude Chassagny

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Élisabeth Fuchs