Orthophonie (général)
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Naissance, évolution et autonomisation progressive de l'orthophonie
Quand on s'interroge sur la naissance de la profession d'orthophoniste, on évoque souvent un événement fondateur : en 1925, le docteur Victor Veau, chirurgien à l'hôpital Saint Vincent de Paul à Paris, fait appel à une jeune femme, Suzanne Borel, phonéticienne et grammairienne, pour qu'elle observe les personnes porteuses de fente labio-palatine qu'il a opérées car "il les opère bien mais ils ne parlent pas bien". Tel serait le point de départ des travaux de Suzanne Borel, de ses prises en charge d'enfants et d'adultes présentant des troubles et des pathologies de plus en plus divers, de la mise en place d'une formation, de la création d'un premier syndicat, et en définitive, de toute la profession.
En réalité, on peut faire remonter les origines de l'orthophonie en France à des événements plus anciens et à des personnalités. Ainsi, vers le milieu du XVIIIe siècle en France, des "précepteurs des sourds" mettent au point des méthodes de démutisation en s'appuyant sur des travaux antérieurs réalisés à l'étranger, et s'affrontent plus ou moins publiquement. Les plus connus sont Jacob Rodrigue Pereire (1715-1780) et l'abbé de l'Épée (1712-1792). Jacob Rodrique Pereire est physicien, mathématicien, traducteur (il parle le portugais, le français, l'italien et l'hébreu) et interprète (il reçoit de Louis XV le titre d'interprète de Sa Majesté pour les langues espagnole et portugaise). Il est également précepteur de jeunes gens sourds qu'il héberge dans la pension qu'il a fondée à Paris. Il privilégie la démutisation, la lecture labiale, l'apprentissage précoce de la lecture et utilise une dactylologie inspirée de l'alphabet manuel de l'espagnol Juan de Pablo Bonet (1579-1633) et adaptée à la langue française.
Ayant transformé sa maison en école ouverte à tous les sourds (il en accueille environ une soixantaine), l'abbé de l'Épée s'inspire des gestes que ses élèves utilisent spontanément pour communiquer afin de mettre en place une langue des signes méthodiques dont la structure syntaxique est calquée sur celle de la langue française, ce qui la rend extrêmement difficile à enseigner. En réalité, c'est le regroupement des élèves sourds dans son institution et leur besoin de communiquer entre eux qui favorisent la création de la langue des signes française (LSF). L'abbé de l'Épée pratique également la démutisation et s'inspire de techniques mises au point non seulement par Juan de Pablo Bonet, mais aussi par le phonéticien et mathématicien anglais John Wallis (1616-1703) et le médecin néerlandais Johann Conrad Amman (1669-1724). L'abbé de l'Épée a 19 disciples dont 17 fondent des écoles pour sourds. L'Assemblée nationale déclare l'abbé de l'Épée bienfaiteur de l'humanité en 1791. Il a laissé davantage de souvenir que Jacob Rodrigue Pereire et est bien plus fréquemment cité comme ayant contribué à la prise en charge des enfants sourds et donc indirectement à la naissance de la profession d'orthophoniste.
Par la suite, mais toujours bien avant les travaux de Suzanne Borel, on peut également replacer dans les prémisses de la profession d'orthophoniste, les travaux du docteur Jean Itard (1774-1838). Essentiellement connu pour ses tentatives d'éducation ou de rééducation du langage auprès de Victor, "l'enfant sauvage" retrouvé en Aveyron (1785 ?-1828), il dirige l'institution des sourds-muets (fondée par l'abbé de l'Épée) de la rue Saint-Jacques à Paris et publie ses recherches sur la démutisation des sourds et la rééducation du bégaiement.
Enfin, toujours dans les précurseurs, on peut citer le docteur Marc Colombat (1797-1851) qui s'intéresse à la physiologie des organes phonateurs, étudie plus particulièrement le bégaiement et crée "l'institut orthophonique" en 1830 à Paris pour traiter le bégaiement et "toutes les maladies de la voix". C'est la première apparition du terme orthophonie.
L'empreinte de Suzanne Borel
Il ne fait aucun doute que Suzanne Borel (également connue sous le nom de Borel-Maisonny après son mariage) a impulsé le développement de l'orthophonie dans de très nombreux domaines et dans diverses dimensions. À la fin des années 1920, c'est elle qui assure les prises en charge proposées dans le Service de "rééducation de tous les troubles de la parole" au Service des enfants assistés (rue d'Enfer à Paris ?) Elle crée également une nouvelle consultation avec le Dr Veau,à l'hôpital Saint-Michel (Paris).
Manifestement curieuse et pleine d'énergie, Suzanne Borel collabore avec divers professionnels : phonéticiens, médecins (pédiatres, psychiatres, ORL, stomatologues, radiologues), musiciens, etc. Les travaux de radiologie qu'elle impulse débouchent sur les "acougrammes phonétiques" (audiogrammes phonétiques) au travers de l’étude "d’orthodiagrammes" des voyelles et consonnes. Ce sont ces travaux rigoureux qui donnent naissance un peu plus tard aux guide-langues.
Grâce aux rencontres qu'elle fait, aux demandes auxquelles elle répond et aux collaborations dans lesquelles elle s'engage, son champ d'activité et celui de ses élèves s'élargit peu à peu. En 1930, un service hospitalier assure les rééducations de la voix, celui du Dr Jean Tarneaud (1888-1972), laryngologiste, à l'hôpital Lariboisière et à l'hôpital Bellan. Ces prises en charge sont confiées à l'une des premières collaboratrices de Suzanne Borel : Claire Dinville. En 1937, Suzanne Borel rencontre le docteur Édouard Pichon (1890-1940), pédiatre, psychanalyste, linguiste et écrivain, à St Vincent de Paul et s’intéresse désormais aux aspects psycholinguistiques de la communication, au développement psychique de l’enfant et de l’adolescent et au bégaiement. En 1946, elle travaille sur les troubles instrumentaux des enfants (dyslexie, dysgraphie, troubles du schéma corporel) avec le neuropsychiatre Pers:Julian_de_Ajuriaguerra au sein de l'équipe de recherche pluridisciplinaire en psychologie et psychopathologie de l'enfant de l'hôpital Sainte-Anne-Henri-Rousselle (avec M. Auzias, J. Bergès, N. Galifret-Granjon, H. Gobineau, D. Koechlin, I. Lézine, I. Santucci, G. Soubiran, M. Stambak, R. Zazzo).
En parallèle, et tout au long de son activité, tout au long de son activité, elle publie sur ses recherches théoriques et ses prises en charge dans des revues scientifiques. Ainsi, dès 1929, elle publie les résultats de ses premières rééducations dans la Revue de phonétique. La même année, elle participe à la rédaction des Résultats phonétiques de 100 staphylorraphies avec le Dr Veau et publie ses travaux dans l'ouvrage du même Dr Veau intitulé Division palatine. (Masson, Paris) en 1931. En 1937, le docteur Édouard Pichon et elle font paraître un ouvrage commun : Le bégaiement, sa nature et son traitement. Elle publie également de nombreux articles ainsi que la quasi-totalité de ses tests dans le Bulletin Binet-Simon qui lui est entièrement ouvert.
Institutionnalisation d'une nouvelle discipline à l'hôpital
1930 : À la faculté de médecine de Paris, création du premier cours de laryngologie et phoniatrie (en 10 leçons) dispensé par le Dr Tarneaud et Suzanne Borel.
1932 : Le Dr Tarneaud propose le nom de phoniatrie pour la science qui étudie la pathologie de la voix et fonde la Société française de phoniatrie.
Les stagiaires qui entourent Suzanne Borel suivent un enseignement clinique dont la durée n’est jamais inférieure à quatre ou cinq ans et elles acquièrent les notions théoriques à leur gré, en suivant des cours (psychologie, linguistique, phonétique, etc.) dispensés au sein de l’Université.
Premiers élargissements du domaine de l'orthophonie
1937 : Suzanne Borel rencontre le Dr Edouard Pichon (1890-1940), pédiatre, psychanalyste, linguiste et écrivain, à St Vincent de Paul et s’intéresse désormais aux aspects psycholinguistiques de la communication, au développement psychique de l’enfant et de l’adolescent et au bégaiement. ils font paraître un ouvrage commun : Le bégaiement, sa nature et son traitement.
1941 : Le docteur Jean Tarneaud et Suzanne Borel-Maisonny publient un Traité pratique de phonologie et de phoniatrie (réédité en 1961) qui est le premier manuel d'enseignement de l'orthophonie en France.
1942 : S. Borel entre en contact avec le Dr Simon, collaborateur de Binet, auteurs de L’Échelle métrique de l’intelligence (test Binet-Simon). Suzanne Borel publie de nombreux articles dans le Bulletin Binet-Simon qui lui est entièrement ouvert. Elle y publiera la quasi-totalité de ses tests.
Un pilier essentiel de l’orthophonie est en train de se construire : celui du bilan orthophonique.
Remboursement de l'orthophonie par la Sécurité sociale
1947 : Autorisation du remboursement partiel des soins orthophoniques après entente préalable selon la lettre clé AMI (actes médicaux infirmiers) puis AMM (actes médicaux masseurs).
Nouvelle génération, nouveaux apports
À partir de 1948, Blanche Ducarne de Ribaucourt, psychologue, travaille avec avec les professeurs Théophile Alajouanine et Olivier Sabouraud, tous deux neurologues, à la création d'un centre d'étude de l'aphasie.
1953 : Ouverture du Centre du langage (prise en charge de patients aphasiques) par les Prs Alajouanine et Sabouraud et Blanche Ducarne au sous-sol du bâtiment Charcot au sein de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière. Les troubles du langage ne sont plus vus comme une fatalité, un handicap fixé. Leur approche donne naissance à une prise en charge dynamique de l'aphasie ainsi qu'à de nouvelles méthodes d'évaluation comme le "bilan d'aphasie" mis au point par B. Ducarne. Elle va former des générations d'orthophonistes puis de neuropsychologues à l'aphasiologie.
1954 : Claude Chassagny, instituteur et lui-même ancien dyslexique/dysorthographique, prend la direction de l'École expérimentale de Boulogne (dirigée par Maria Montessori jusque-là). Il y crée une classe pour enfants dyslexiques et y élabore sa "technique des séries".
Vers l'institutionnalisation de la profession
1955 : Premières attestations d'études d'orthophonie délivrées suite aux travaux de Suzanne Borel-Maisonny, fondatrice de cet enseignement en France. (Formations organisées à Paris puis Lyon et Marseille.)
1956 : Création de l'ARPLOE, Association des rééducateurs de la parole, du langage et de la voix.
1957 : Création de l'Association pour la rééducation de la dyslexie (APRD) pour former des rééducateurs selon les principes de Claude Chassagny.
1958 : Un enseignement d'aphasiologie est adjoint à la formation des orthophonistes.
1959 : Création du Syndicat national des orthophonistes (SNO) qui deviendra la FNO par la suite. Suzanne Borel-Maisonny en est la présidente de 1959 à 1968. Claire Dinville lui succède jusqu'en 1970, puis Marie-Rose Mousset (1970-1974), Jianie Ciatrini (1974-1977), Pierre Ferrand (1977-1986), Jacques Roustit (1986-2004), Nicole Denni-Krichel (2004-2013), Anne Dehêtre (2013-2022) et Sarah Degiovani (2022-
À Strasbourg, création de l'ADOPSED (Association d'orthopédagogues, psychopédagogues spécialisés dans la rééducation des enfants dyslexiques et le pédagogie curative générale) par un groupe d'enseignants du CMPP de Strasbourg (dont Georges Fronsacq qui assure la présidence de l'ADOPSED pendant plusieurs années), afin de promouvoir les recherches sur l'inadaptation scolaire et former des rééducateurs de dyslexie.
1961 : Création du centre Binet-Simon par les professeurs René Diatkine (1918-1998) et Serge Lebovici (1915-2000), tous deux psychiatres, et plusieurs orthophonistes.
1962 : Création de la revue Rééducation orthophonique par Suzanne Borel-Maisonny.
1963 : L'ARPLOE devient l'Association des rééducateurs de la parole, du langage écrit et de la voix (ARPLOEV). Création de la revue Rééducation orthophonique
1964 : Statut légal de la profession.
La loi du 10 juillet institue un diplôme national : le Certificat de capacité d'orthophoniste (C.C.O.). Les orthophonistes figurent au Livre IV du Code de la Santé Publique. La profession, le titre d'orthophoniste et le domaine de compétences sont protégés en France. La profession est réglementée. L'orthophoniste est un professionnel de santé conventionné avec l'Assurance Maladie.
La même année, en réaction au refus de le SNO de prendre en compte certains diplômes pour l'attribution du titre d'orthophoniste par la "Commission de qualification" - notamment les formations de "rééducateurs de la dyslexie, dysorthographie et dyscalculie" assurées sous la responsabilité de Claude Chassagny, Georges Fronsacq (Strasbourg) et Roger Mucchielli (Nantes), ainsi que le diplôme de "technicien spécialisé en rééducation orthophonique" délivré par l'Institut de psychologie appliquée et d'hygiène mentale de l'université de Clermont-Ferrand (formation assurée par le docteur Pierre Doussinet (1907-1974), psychiatre), les praticiens formés à Clermont-Ferrand créent le Syndicat national indépendant des orthophonistes (SNIO). Ils obtiennent gain de cause : le diplôme de Clermont-Ferrand est reconnu. Les rééducateurs de dyslexie se constituent également en syndicat : le Syndicat national des rééducateurs de dyslexie (SNRD)
1965 : Reconnaissance des formations de rééducateurs de dyslexie. Mise en place des premiers centres de formation d'orthophonie dans les facultés de médecine. (NB : À Strasbourg, la formation de rééducateurs en dyslexie puis d'orthophonistes à partir de 1973 a été assurée par l'ADOPSED jusqu'en 1985. La première promotion formée à l'école d'orthophonie de la faculté de médecine de l'université de Strasbourg est la promotion 1987-1991)
1968 : Naissance de la Fédération Nationale des Orthophonistes (FNO). Le SNIO prend le nom de Fédération nationale unifiée des orthophonistes (FNUO).
1970 : Régime conventionnel pour les praticiens libéraux.
1971 : Les rééducateurs de la dyslexie sont autorisés à exercer la profession d'orthophoniste dans leur compétence particulière (langage écrit uniquement).
1972 : Nomenclature générale des actes professionnels (dont les actes d'orthophonie) et création de la lettre-clé AMO. Première réforme des études (3 ans).
1974 : Signature de la première convention nationale avec la Sécurité sociale.
1975 : La FNUO et le SNRD fusionnent et créent la Fédération des Orthophonistes de France (FOF).
1977 : Adaptation du Cued Speech (inventé par le docteur Orin Cornett aux États-Unis) à la langue française sous sa forme actuelle : le langage parlé complété (LPC) ou langue française parlée complétée (LfPC)
1978 : Deuxième convention nationale.
1980 : Naissance de l'association nationale pour la promotion et le développement de la langue française parlée complétée (ALPC).
1981 : Mise en place du TDP81, test de dépistage précoce des troubles du langage. Premier colloque Prévention.
1982 : Création de l'UNADREO, Union nationale pour le développement de la recherche et de l'évaluation en orthophonie, par Pierre Ferrand.
1983 : Premier décret précisant le champ de compétence des orthophonistes. Il fixe la liste des actes professionnels accomplis par les orthophonistes, à savoir aphasie, articulation/parole/langage, déglutition, divisions palatines, dyscalculie, dyslexie/dysorthographie/dysgraphie, handicap, dysarthrie/dysphagie, laryngectomie, voix, surdité.
1984 : Troisième convention nationale.
1986 : Réforme des études initiales (4 ans mais mais le Certificat de capacité en orthophonie n'est reconnu qu'à Bac +3).
1986 : Publication de Rééducation sémiologique de l'aphasie par Blanche Ducarne. (Masson)
1988 : Fondation du Comité permanent de liaison des orthophonistes/logopèdes de l'Union européenne (CPLOL), aujourd'hui European Speech and Language Therapy Association (https://eslaeurope.eu/, consulté le 1er février 2023) La FNO propose un plan de lutte contre illettrisme.
1990 : Refonte de la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP).
1992 : Révision du décret d'actes. Sont ajoutés au champ de compétence des orthophonistes le bégaiement et les troubles vélo/tubo/tympaniques. Création de l'association Orthophonistes du Monde par la FNO (https://www.orthophonistesdumonde.fr/, consulté le 1er février 2023)
1996 : Quatrième convention.
2002 : Nouveau décret d'actes. Sont ajoutés au champ de compétence des orthophonistes la dysphasie, les systèmes alternatifs de communication et les troubles liés au vieillissement. Création des différents bilans, modification de la procédure de prescription médicale de l'orthophonie, introduction du diagnostic orthophonique et de la possibilité pour l'orthophoniste de décider de la suite du traitement.
2013 : Le Certificat de capacité d'orthophonie est reconnu au grade de Master. La formation initiale est désormais dispensée en 5 ans.
2016 : Nouvelle définition de l'orthophonie (loi de Modernisation du système de santé) (voir ci-dessous)
De son côté, Suzanne Borel racontait comment elle avait été "amenée à s'occuper de rééducation" d'une façon un peu différente de l'histoire qui s'est transmise au fil du temps. En effet, dans l'émission Mot_à_mot elle explique : "La première fois, ce fut avec une petite fille qui avait un bec-de-lièvre et qui était la fille d'un concierge de la rue de l'École-de-médecine, les Arts Décoratifs. J'étais à ce moment-là l'élève de l'abbé Rousselot et je lui ai dit 'Je connais une petite fille qui parle 'hein, hein, hein, hein', comme ça, parce qu'elle a été opérée. Je voudrais des conseils. - Des conseils ? Je n'en donne jamais. Essayez donc. Montrez-la-moi avant et vous me la montrerez après.'" Elle ne situe la sollicitation du docteur Veau qu'après cet épisode, c'est-à-dire qu'elle réfute en quelque sorte la légende selon laquelle l'orthophonie est issue de l'initiative d'un médecin homme qui s'est trouvé dans l'obligation de demander de l'aide à une jeune femme non-médecin pour sortir d'une impasse (ce qui préfigurait malgré tout une profession d'auxiliaires médicales extrêmement féminisée de ses débuts jusqu'à nos jours), pour en replacer le mérite uniquement entre les mains de cette jeune femme.
(garder pour la conclusion ?) ce qui offre un parallèle tout à fait étonnant avec l'évolution de l'orthophonie et en particulier son autonomisation de plus en plus grande au fil des années et jusqu'à nos jours.
Sources :
Chokron, Sylvie, "Blanche Ducarne (1926-2018), neuropsychologue et pionnière", Revue de neuropsychologie, 2020/1, vol.12, pp.9-10.
Tain, Laurence (dir.), Le Métier d'orthophoniste : langage, genre et profession, ENSP, Rennes, 2007.
Thibault, Catherine & Pitrou, Marine, Troubles du langage et de la communication, L'orthophonie à tous les âges de la vie, Paris, Dunod, 2018.
Fédération Nationale des Orthophonistes : https://fno.fr (consulté le 27 février 2023)
Fédération des Orthophonistes de France : https://federation-des-orthophonistes-de-france.fr (consulté le 27 février 2023))
Dispositions règlementaires
Article L. 4341-1 du Code de la santé publique (en vigueur depuis le 28 avril 2021)
La pratique de l'orthophonie comporte la promotion de la santé, la prévention, le bilan orthophonique, le traitement des troubles de la communication, du langage dans toutes ses dimensions, de la cognition mathématique, de la parole, de la voix et des fonctions oro-myo-faciales.
L'orthophoniste dispense des soins à des patients de tous âges présentant des troubles congénitaux, développementaux ou acquis.
Il contribue notamment au développement et au maintien de l'autonomie, à la qualité de vie du patient ainsi qu'au rétablissement de son rapport confiant à la langue.
L'exercice de l'orthophonie nécessite la maîtrise de la langue dans toutes ses composantes.
L'orthophonie pratique son art sur prescription médicale. Il peut adapter, sauf indication contraire du médecin, dans le cadre d'un renouvellement, les prescriptions médicales initiales d'actes d'orthophonie datant de moins d'un an.
En cas d'urgence et en l'absence d'un médecin, l'orthophoniste est habilité à accomplir les soins nécessaires en orthophonie en dehors d'une prescription médicale. Un compte-rendu du bilan et des actes accomplis dans ces conditions est remis au médecin dès son intervention.
Sauf indication contraire du médecin, il peut prescrire ou renouveler la prescription de certains dispositifs médicaux dont la liste est limitativement fixée par arrêté des ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale pris après avis de l'Académie nationale de médecine.
L'orthophoniste exerce en toute indépendance et pleine responsabilité, conformément aux règles professionnelles prévues à l'article L. 4341-9.
Il établit en autonomie son diagnostic et décide des soins orthophoniques à mettre en œuvre.
Dans le cadre des troubles congénitaux, développementaux ou acquis, l'orthophoniste met en œuvre les techniques et les savoir-faire les plus adaptés à l'évaluation et au traitement orthophonique du patient et participe à leur coordination. Il peut également concourir à la formation initiale et continue ainsi qu'à la recherche.
La définition des actes d'orthophonie est précisée par un décret en Conseil d'État pris après avis de l'Académie nationale de santé.
Article L. 4341-2
Les personnes ayant obtenu un titre de formation ou une autorisation requis pour l'exercice de la profession d'orthophoniste sont tenues de se faire enregistrer auprès du service ou de l'organisme désigné à cette fin par le ministre chargé de la santé, avant leur entrée dans la profession.
L'enregistrement de ces personnes est réalisé après vérification des pièces justificatives attestant de leur identité et de leur titre de formation ou de leur autorisation. Elles informent le même service ou organisme de tout changement de situation professionnelle.
(...)
Il est établi, pour chaque département, par le service ou l'organisme désigné à cette fin, une liste de cette profession, portée à la connaissance du public.
(...)
Article L. 4341-2-1
L'orthophoniste peut faire usage de son titre de formation dans la langue de l'État qui le lui a délivré. Il est tenu de faire figurer le lieu et l'établissement où il a été obtenu.
(...)
Article L. 4341-3
Les diplômes, certificats ou titres mentionnés à l'article L.4341-2 sont le certificat de capacité d'orthophonie établi par les ministres chargés de l'éducation et de la santé, ou l'un des diplômes ou attestations d'études d'orthophonie établis par le ministre chargé de l'éducation antérieurement à la création dudit certificat.
Le décret instituant le certificat de capacité d'orthophoniste fixe les conditions d'obtention avec dispense partielle ou totale de scolarité, de stages et d'épreuves dont peuvent bénéficier les personnes qui, sans posséder l'un des titres prévus au premier alinéa, sont munies :
1° Soit d'un certificat d'aptitude à l'enseignement des enfants atteints de déficience auditive, reconnu par le ministre chargé de la santé ;
2° Soit d'un diplôme d'instituteur spécialisé pour les enfants sourds, reconnu par le ministre chargé de l'éducation ;
3° Soit d'un titre de rééducateur des dyslexiques, reconnu par l'un ou l'autre de ces deux ministres.
Article L. 4344-2
Exerce illégalement la profession d'orthophoniste toute personne qui pratique l'orthophonie au sens de l'article L. 4341-1 sans :
1° Être titulaire du certificat de capacité d'orthophoniste ;
2° Être titulaire de l'un des diplômes ou de l'une des attestations d'études d'orthophonie établis par le ministère chargé de l'éducation antérieurement à la création du certificat mentionné au 1° du présent article ou de tout autre titre mentionné à l'article L. 4341-4 exigé pour l'exercice de la profession d'orthophoniste ;
3° Remplir les conditions ou satisfaire aux obligations prévues à l'article L. 4341-7.
Le présent article ne s'applique pas aux étudiants en orthophonie qui effectuent un stage en application de l'article L. 4381-1.
Voir aussi articles L. 4341-4, 4341-5, 4341-6, 4341-7, 4341-8 et 4341-9 du Code de santé publique.
Démographie de la profession (Source DREES, 2018)
En 2018, on recense 25 607 orthophonistes en France, dont 812 hommes et 24 795 femmes.
20 787 orthophoniste exercent en libéral ou mixte (dont 646 hommes et 20 141 femmes).
1 907 pratiquent en milieu hospitalier (75 hommes et 1 832 femmes) et 2 913 sont salariés dans d’autres structures (91 hommes et 2 822 femmes).
La profession est féminine à 96.8 %.
L'arrêté du 1er juillet 2022 a fixé le nombre d'étudiants admis en première année d'études préparatoires au certificat de capacité en orthophonie pour l'année universitaire 2022-2023 à 973 (Université d'Auvergne (Clermont-Ferrand) : 25 ; Université Lyon-I : 100 ; Université de Brest : 30 ; Université de Besançon : 35 ; Université de Rennes : 30 ; Université de Tour : 50 ; Université de Strasbourg : 35 ; Université de Lorraine (Nancy) : 40 ; Université de Lille-II : 90 ; Université d'Amiens : 37 ; Université de la Sorbonne (Paris-VI) : 126 ; Université de Caen : 35 ; Université de Rouen : 35 ; Université de Bordeaux : 36 ; Université de Limoges : 25 ; Université de Poitiers : 25 ; Université de Montpellier : 38 ; Université de Toulouse-III : 39 ; Université de Nantes : 47 ; Université d'Aix-Marseille-II : 40 ; Université de Nice : 40 ; Université de Pointe-à-Pitre : 15)
Contributeurs : Élisabeth Fuchs