VD Attack Plan (1973)

De Medfilm



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Titre :
VD Attack Plan
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Intervenants :
Durée :
16 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 8 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

PRODUCED BY WALT DISNEY PRODUCTIONS
COLOR BY TECHNICOLOR
@COPYRIGHT MCMLXXIII - WALT DISNEY PRODUCTION
VD ATTACK PLAN

Générique de fin :
DIRECTED BY LES CLARK
STORY BILL BOSCHÉ
NARRATOR KEENAN WYN
A. KENDALL O'CONNOR
MUSIC GEORGE BRUNS
ANIMATION CHARLIE DOWNS
FILM EDITOR JIM LOVE
CO-ORDINATOR VIRGINIA FONTANELLA
THE END
WALT DISNEY PRODUCTIONS

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Prévention de la syphilis et de la gonorrhée.

Genre dominant

Fiction

Résumé

Un chef de commando fait un dernier topo à ses soldats, les microbes de la gonorrhée et de la syphilis. Dans un langage très martial, il leur indique leur cible (les êtres humains), les voies d'entrée possibles pour "envahir" le corps humain et toutes les lésions qu'ils vont pouvoir y provoquer. Il énumère un certain nombre de conceptions erronées sur les maladies vénériennes qui empêchent les humains de se faire soigner de façon adéquate et insiste sur un moyen de protection efficace, le préservatif. Cependant, comme les alliées des microbes, Peur, Ignorance et Ignorance, travaillent dans l'ombre, les germes de la gonorrhée et de la syphilis ont toutes les chances de réussir et leur commandant les envoie à l'attaque.

Contexte

Contexte médico-sanitaire :
À la fin des années 1950, les maladies vénériennes, de même que les autres pathologies infectieuses, paraissent sous contrôle grâce à la médecine moderne (antibiotiques). Les procédures de traçage de contact et de diagnostic sont réduites. Cependant, l'incidence de ces maladies recommence à augmenter dès 1959. Entre 1969 et 1975, le nombre d'Américains atteints par la gonorrhée est multiplié par 3. Le nombre de ceux qui sont atteint par la syphilis est multiplié par 4 entre 1959 et 1975.

Contexte politico-militaire :
Lorsque ce dessin animé est produit, les États-Unis vivent dans un contexte de guerre : la guerre du Vietnam n'est pas encore terminée et deux autres ennemis sont identifiés, à savoir l'URSS et Cuba.
Au niveau intérieur, la société américaine est également marquée par le mouvement des "Black Panthers" (Black Panther Party).

Contexte sociétal :
À la fin des années 1960 et au début des années 1970, le voyage "au centre du corps humain" est dans l'air du temps. En effet, les premières photos de fœtus prises in utero par Lennart Nilsson et publiées par le magazine américain Life ont eu un grand retentissement. De même, le public a été marqué par le film Fantastic Voyage réalisé par Richard Fleischer en 1966 qui raconte l'histoire de scientifiques qui sont miniaturisés pour pouvoir pénétrer dans le corps d'une personne dans le coma pour réaliser - de l'intérieur - une opération du cerveau.

Contexte Disney
Walt Disney a été très marqué par le Motion Picture Production Code, communément appelé Hays Code. Cet ensemble de règles d'auto-censure accepté et suivi par la plupart des grands studios était destiné à garantir la bienséance des films produits aux États-Unis. Très inspiré des valeurs catholiques (alors que cette communauté était minoritaire aux États-Unis), il fut en vigueur de 1934 à 1968 mais commença à perdre de son importance à la fin des années 1950, sous l'influence notamment de la télévision, de l'arrivée de productions étrangères et de réalisateurs qui n'hésitaient pas à créer la controverse (Ex : Otto Preminger). Outre l'interdiction de présenter des scènes explicites de meurtre ou de viol, de faire l'apologie du crime, etc., ce code comportait, entre autres, l'interdiction d'évoquer des "perversions sexuelles" (c'est-à-dire l'homosexualité), l'hygiène sexuelle et les maladies vénériennes. Il fut remplacé en 1968 par le MPAA Film Rating System qui indique à quel public conviennent les films en fonction de leur contenu.
Même après l'abrogation du Hays Code, Walt Disney a gardé la volonté de faire des films et dessins animés "respectables".

Concernant l'histoire des films utilitaires de Walt Disney, voir Inst:Walt_Disney_Productions.
Dans l'ensemble des productions utilitaires et pédagogiques de Walt Disney, il y en a très peu qui concernent la santé sexuelle :

- A Few Quick Facts #7 (1944) sur le problème des maladies vénériennes dans l'armée américaine
- The Sulfa Drugs (avril 1944) : deux pages de bande dessinée parues dans le bimensuel américain Look pour vanter les mérites des sulfonamides (le traitement ds IST y est suggéré par le dessin d'un pénis qui repousse un microbe d'un jet vengeur)
- A Story of Menstruation (1947) sur le thème des règles
- Family Planning (1967) dans lequel les familles nombreuses sont présentées comme inévitablement destinée à la pauvreté et à une mauvaise santé, la solution à ce problème étant le choix délibéré d'un nombre d'enfants à ne pas dépasser et l'espacement des naissances.
- VD Attack Plan (1973)

Les films d'information et de prévention de la syphilis et de la gonorrhée réalisés dans les années 1970 sont particulièrement difficiles à trouver. On a cru pendant un temps que leur production s'était quasiment arrêtée à la fin des années 1960. Au fur et à mesure de nouvelles recherches (notamment sur le site https://archive.org/), de nouveaux matériaux audiovisuels de cette période sont retrouvés.
Exemples :
- VD: Prevent It (1971)
- Talking to your Teenager about VD (1972)
- Venereal Disease - The Hidden epidemic (1972)
- Venereal Diseases (1973)
- The Return of Count Spirochete (1973)
- How You Get VD1: How to Get Gonorrhea (1974)
- How You Get VD2: How to Get Syphilis (1974)
- VD Quiz, Getting the Right Answers (1977)
- VD... It Is Your Problem (1978)
On notera que l'utilisation du dessin (souvent très travaillé, bariolé et de style "psychédélique") et de l'animation est fréquente dans ces films. Remarquons également une similitude entre VD Attack Plan et The Return of Count Spirochete : ce sont tous les deux de dessins animés dont les héros sont les microbes eux-mêmes qui discutent de leurs stratégies d'attaque et d'anéantissement des êtres humains.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le choix du format du dessin animé et du renversement de situation qui consiste à parler des maladies vénériennes permet de "déréaliser" le message de prévention des maladies vénériennes et de faire très peu irruption dans la réalité humaine. Le résultat évite ainsi de trop choquer les âmes sensibles. Incidemment, il procure aussi une plus grande longévité au dessin animé qui est moins soumis aux évolutions de la mode (habillement et styles de coiffure).

Dès le générique, de multiples éléments placent tout le dessin animé dans un contexte guerrier, qu'il s'agisse de la situation (un officier expose le plan d'attaque à des soldats), du graphisme des personnages (casque à pointe du commandant) et bérets évoquant des commandos militaires ou les black panthers des soldats-microbes, du champ sémantique des termes employés ("guerre", "plan d'attaque", "invasion", "envahir", "alliés", "souterrain", etc.) ou de la musique (trompette, musique martiale).
Les termes appartenant à un autre champ sémantique, celui des jeux de hasard, sert à faire comprendre comment les ignorants sont contaminés ("roulette", "pari", "gagnant", "perdant", "jeu", etc.)
Le format du "briefing" militaire permet de disséminer toutes les informations nécessaires à la prévention de la syphilis et de la gonorrhée tout au long du dessin animé (mode de transmission des pathologies, symptômes, conséquences à long terme, prévention, professionnels de santé à qui l'on peut s'adresser, etc.), sous couvert de donner aux soldats-microbes les détails de leur mission et des précisions sur les faiblesses de leurs cibles (les êtres humains). La connivence qui s'établit entre le commandant et ses troupes, leurs moqueries et leurs ricanements doivent susciter une réaction d'orgueil chez le spectateur et lui faire changer ses comportements.
Dès la première image du dessin animé, les couleurs de la silhouette humaine qui apparaît sur fond rouge annoncent que VD Attack Plan prend en compte et s'adresse à tous les êtres humains. En effet, ces couleurs varient du rose pâle au brun foncé en pensant par le jaune et le rouge orangé, ce qui correspond à toutes les couleurs de peau traditionnellement associées aux êtres humains. En revanche, le dessin reprend des codes de représentation genrés (épaules larges, bassin étroit et grande taille pour la silhouette masculine ; coiffure arrondie, jupe, taille fine et taille plus petite pour la silhouette féminine).
L'insertion de photos dans les images dessinées permet d'éduquer le spectateur sur l'aspect réel des lésions liées à la gonorrhée et à la syphilis. Il s'agit d'un renversement de la conception habituelle des films médico-sanitaires, lesquels sont généralement constitués majoritairement de séquences de prises de vues réelles avec insertion de schémas animés.
Le film reprend certains codes de la conférence médico-sanitaire (conférencier placé devant un pupitre ou un tableau d'écolier sur lequel apparaissent les éléments les plus importants comme dans Falsche_Scham ou La_syphilis,_l'ennemi public n°1) en les plaçant sur le terrain militaire. Et là encore, on observe un renversement, c'est-à-dire qu'au lieu de s'adresser aux êtres humains qu'il faut informer sur les maladies vénériennes, le conférencier s'adresse aux germes de cette maladie pour les exhorter à l'attaque.
Le recours à l'humour, notamment dans la conception des dessins (cf. la représentation d'une personne atteinte de démence à (11:00) ou de "remèdes de grand-mère (11:50-12:15)) ou dans la façon dont le commandant parle des êtres humains, a pour objectif de retenir l'attention du spectateur.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Mis à part le nom des pathologies (gonorrhée et syphilis) et le mot "chancre", les termes médicaux sont absents de ce dessin animé. De même, les modalités des différents traitements ne sont absolument pas évoquées. Le diagnostic et le traitement des IST sont présentés comme une guerre entre les microbes et les êtres humains. En fait, en adoptant le point de vue des microbes (qui certes, s'organisent pour attaquer les êtres humains mais veulent surtout assurer leur propre survie et leur propre développement en tant qu'espèce), ce dessin animé reconstruit le point de vue de la nature.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Dans les universités et les casernes (version longue, 16 min), ainsi que dans les lycées (version courte, 14 min).

Communications et événements associés au film

Public

Étudiants et soldats pour la version complète (16 min), lycéens pour la version sans la séquence sur les préservatifs (14 min.)

Audience

Descriptif libre

C'est l'histoire d'une guerre
Le dessin animé démarre par un écran rouge sur lequel apparaissent les lettres VD (Venereal Disease, c'est-à-dire "Maladies vénériennes") tandis qu'un sifflement aigu évoquant le largage d'une bombe se fait entendre. Des coups de feu retentissent. Ils sont synchronisés avec l'apparition des lettres A T T A C K P L A N ("plan d'attaque"). Le ton est donné dès le départ : il va être question d'une guerre. Cependant, ce titre présente une ambiguïté intéressante : il peut signifier aussi bien "Plan d'attaque élaboré par les maladies vénériennes" que "Plan d'attaque contre les maladies vénériennes".
Une silhouette humaine d'allure plutôt masculine et dont la couleur est un camaïeu allant du rose pâle au brun foncé en passant par le jaune et le rouge orangé apparaît sur le même fond rouge vif que le générique. Zoom sur le bassin du personnage qui s'assombrit peu à peu. La voix off annonce l'histoire d'une guerre (a war story) qui peut concerner n'importe qui, n'importe où, mais ne peut se dérouler qu'à l'intérieur du corps humain. Noir.
Nous sommes à présent à l'intérieur du corps humain. Une trompette semble sonner le rappel des troupes. L'écran est divisé horizontalement en deux parties de taille quasiment égale. Dans la moitié inférieure s'agite une foule indistincte vue de dos dans des tons noir et rouge. La moitié supérieure comporte une partie arrondie rose pâle au centre, avec sur les bords des drapés d'un rose plus fond qui évoquent à la fois les rideaux d'une scène de théâtre et les replis des muqueuses du corps humain. Un pupitre violet se dresse au centre de la scène qui est ainsi suggérée. Un personnage brun informe et à la bouche maussade semble être projeté sur la scène depuis le coin gauche. Il porte un casque à pointe rouge dont dépassent de part et d'autre des cheveux tout droits et ébouriffés. La foule continue à s'agiter et à bavarder. Il bondit en l'air en hurlant Ten hut! ("Garde à vous!) (00:43)
Présentation des différents protagonistes
Le commandant (le personnage brun) a de nombreuses rides autour des yeux. Des dents pointent hors de sa bouche. Il a un air à la fois dangereux et fourbe. Il explique qu'il s'agit du dernier briefing avant que les soldats ne soient envoyés en mission d'invasion. Gros plan sur une partie de la foule qui l'écoute, vue de face cette fois. Sur la moitié gauche de l'écran, des personnages ovales verts porteurs d'un béret noir marqué de la lettre G, sur la moitié droite, des personnages de même forme porteurs d'un béret rouge marqué de la lettre S. Ils ont tous de petits yeux rapprochés et enfoncés dans des orbites noires, vertes ou rouges en forme de papillon. Leur bouche est horizontale, avec de petites variantes de dessin d'un personnage à l'autre, ce qui permet de les individualiser et suggère diverses émotions : anxiété, impatience, détermination.
Le commandant leur rappelle (et explique par là-même aux spectateurx) qu'ils sont des microbes de maladies contagieuses (contagious disease germs). Leur mission consiste à détruire tous les êtres humains grâce aux maladies vénériennes, leurs spécialités étant l'attaque en traitre et le combat déloyal. Les soldats marqués d'un G doivent transmettre la gonorrhée aux humains (le commandant mentionne des "noms de code" pour la maladie qui sont en fait les termes familiers qui la désigne : clap ou dose) tandis que ceux qui portent un S sont chargés de la syphilis (syph ou pox). Le plan resserré sur les soldats-microbes, d'un côté comme de l'autre, donne l'impression d'une foule extrêmement nombreuse.
Ensuite, le commandant présente les alliés "souterrains" des soldats-microbes : Ignorance (un petit personnage aux poils noirs qui louche et a la langue qui sort, ce qui lui donne un air stupide), Peur (personnage plus grand, allongé, brun-rougeâtre et aux yeux hallucinés) et Honte (personnage bleu et bossu, de la même taille qu'Ignorance, qui jette un regard en coin en tentant de se cacher derrière Peur). Ces "alliés" sont là pour faciliter le travail des microbes (rire idiot d'Ignorance). (01:47)
La cible
Le commandant bondit vers un tableau blanc portant une silhouette humaine tout en angles qui constitue l'objectif des microbes : Homo Sapiens, "les gens" (people), "l'être humain" (the human being). La silhouette se dédouble pour faire apparaître une version féminine (plus petite, aux cheveux ondulés et portant une jupe). Le commandant explique qu'il n'y a que deux "sortes" d'êtres humaines, homme et femme, mais qu'ils existent en plusieurs couleurs : noir, blanc, brun, jaune, rouge. (On notera que les membres d'un même "couple" sont toujours de couleur identique.) Cependant, il n'y a aucune différence pour les microbes : ils peuvent frapper les êtres humains quelle que soit leur couleur, leur âge et leur richesse. Des flèches dirigées vers la zone génitale des silhouettes incolores indiquent une contamination. La flèche est verte pour la gonorrhée, rouge pour la syphilis. Le commandant précise d'un air réjoui qu'il est même possible de transmettre les deux maladies à la même personne. Séquence de "champ/contre-champ" entre le commandant et les microbes qui l'écoutent d'un air attentif et concentré. Cette séquence rappelle des passages très similaires dans des films de prévention des IST plus classiques, tels Falsche_Scham et Sex_Hygiene, où les gros plans sur les visages inquiets ou horrifiés du public donnent un modèle d'émotions à éprouver pour le spectateur. Ici, le procédé est un peu différent, même si les expressions fourbes et les ricanements des microbes suscitent la même inquiétude et la même horreur de la part du spectateur à l'idée de tout ce qui se trame dans son corps, d'autant plus qu'une animation minimale (quelques clignements de paupières) entretient l'illusion d'individus-microbes différenciés, vivants et doués d'intentions malveillantes. (02:30)
La contamination
Bien que les soldats-microbes ne puissent pas survivre très longtemps en dehors du corps humain, ils peuvent passer d'une personne à l'autre. (Regard en coin du commandant.) Retour aux deux silhouettes incolores dessinées sur le tableau blanc. Des cercles blancs signalent les endroits du corps qui présentent des "ouvertures" (Their bodies have openings in them.) : la tête et la "zone où se trouvent les organes sexuels". Cette dernière zone propose des "conditions parfaites pour une invasion" et c'est par là que passeront les microbes de la gonorrhée la plupart du temps. Ceux de la syphilis pourront tenter leur chance ailleurs également. Les soldats-microbes montrent les dents d'un air à la fois ravi et sournois.
Le commandant continue : pour que la transmission ait lieu, il faut qu'un être humain précédemment "envahi" (c'est-à-dire contaminé) transmette les microbes à une autre personne par un contact de peau à peau (ce qui n'est vrai que pour la syphilis). Les silhouettes incolores se superposent rapidement car la transmission "ne prend que quelques secondes". Le commandant précise qu'il s'agit généralement d'un contact sexuel, mais pas toujours. Les relations homosexuelles sont évoquées avec les silhouettes correspondantes qui, encore une fois, se superposent rapidement.
L'abstinence sexuelle est évoquée (A lot of humans don't have the kind of contact you need) : elle anéantit presque toutes les chances de succès des soldats-microbes. (03:38)
La roulette de Vénus
Un grand disque jaune et orange ressemblant à un jeu de roulette et portant en son centre une silhouette masculine et une silhouette féminine apparaît à l'écran. Ignorance se matérialise à côté du disque car c'est à cause d'elle que les personnes qui ne pratiquent pas l'abstinence sexuelle se retrouvent contaminées, surtout si elles multiplient les "contacts" (aucun adjectif ne les qualifie). Certaines d'entre elles perdent à tous les coups (les silouhettes placées au bord du disque sont progressivement marquées d'une croix rouge ou verte), ce qui fait des soldats-microbes des gagnants. Ces derniers ont même la loi pour eux : non pas la loi en tant que concept juridique mais la loi des moyennes (concept statistique), en vertu de laquelle tous les participants à ce soi-disant jeu peuvent être contaminés. Le commandant bondit en l'air en prenant une forme ondulée tellement il trouve ce principe formidable. Les soldats-microbes ricanent.(04:35)
Les mythes concernant la transmission des maladies vénériennes
Le commandant annonce d'autres raisons de rire à ses troupes. Certaines femmes prennent la pilule contraceptive (il ajoute : "And that's fine!") mais elles croient que cela les protégera aussi des maladies vénériennes. Des comprimés blancs, gris et orange se mettent à pleuvoir sur la scène. Le commandant se retrouve enseveli sous un tas de cachets mais il en émerge rapidement. Il attrape et mange le dernier comprimé qui tombe et le trouve délicieux. Cela n'a aucun effet sur lui puisque la pilule est inefficace contre les MST, "quand bien même les femmes en avaleraient d'énormes quantités".
Deuxième mythe : Certains humains pensent que les maladies vénériennes finissent par s'en aller toutes seules, sans qu'on n'y fasse rien. Le commandant rit puis grandit soudain au point d'envahir l'écran. Il rappelle à ses soldats qu'ils n'abandonnent jamais et luttent toujours jusqu'au dernier.
Troisième mythe : Les êtres humains qui ont été traités avec succès pour une maladie vénérienne ne courent pas de risque d'être recontaminés. Le commandant rassure ses troupes : peu importe le nombre de fois où une personne a été guérie, elle peut toujours être recontaminée.
Quatrième mythe : Les être humains pensent qu'ils peuvent être contaminés par l'intermédiaire de poignées de porte et de sièges de toilettes. (06:06)
Description des symptômes
Les humains peuvent-ils se rendre compte qu'ils ont été "envahis" (c'est-à-dire contaminés) ? L'explication du processus de transmission des germes est reprise avec l'exemple d'un couple hétérosexuel. ("Elle a été "envahie", lui non. Il ont un contact "peau-à-peau", disons qu'il s'agit d'un contact sexuel.")
Le commandant fait une petite parenthèse linguistique qu'il trouve très drôle : si l'homme est un lady killer (littéralement un "tueur de dames", c'est-à-dire un "bourreau des cœurs"), il aura de nombreuses occasions de transmettre la maladie qu'il vient d'attraper avant de soupçonner qu'il pourrait avoir un problème (la silhouette masculine se superpose tour à tour à deux silhouettes féminines). Un petit calendrier permet de visualiser la durée d'incubation : de deux à sept jours.
Ensuite, les premiers symptômes sont listés en fonction de la maladie et du sexe. Pour la gonorrhée chez l'homme, les termes utilisés sont assez familiers : "il va le sentir passer en urinant" (he'll really feel it when he urinates). Cette description déclenche l'hilarité des soldats G. Une nouvelle apparition du personnage échevelé nommé Ignorance illustre la difficulté pour une femme de savoir qu'elle a été contaminée. L'unique moyen de lutter contre cet état de fait, c'est que l'homme se comporte "comme un homme" (unless he's man enough), c'est-à-dire qu'il assume ses responsabilités et prévienne ses partenaires qu'il risque de les avoir contaminées.
"Traveling" des soldats G verts aux soldats S rouges. La situation est différente pour la syphilis parce que les soldats-microbes peuvent entrer dans la circulation sanguine. Nouveau recours à un calendrier pour faire visualiser le délai d'apparition éventuelle du premier symptôme : de trois semaines à trois mois. Les silhouettes masculine et féminine se colorent progressivement en rose pour montrer que les effets de la syphilis sont les mêmes quel que soit le sexe et et le point d'entrée. Zoom sur le bassin de l'homme marqué d'un gros disque rouge. La photo d'un chancre sur un pénis apparait dans ce disque. le commandant le qualifie de "magnifique exemplaire" (a beautiful example). La photo d'un chancre plus petit et moins rouge remplace la première. La caméra se déplace sur la silhouette féminine chez qui les chancres sont généralement internes donc invisibles. Un disque rouge apparaît sur la tête de la silhouette. La photo d'un chancre buccal s'y insère. Ensuite, plusieurs photos d'autres localisations possibles se succèdent (les microbes de la syphilis pouvant pénétrer n'importe où dans le corps) : doigt, mamelon, menton, langue, etc. Le commandant explique que les chancres sont "pleins à craquer de troupes Syphilis, prêtes à envahir quiconque les touchera" (jammed with you, Syphilis troops, ready to invade any human that makes contact) et qu'ils disparaissent d'eux-mêmes, ce qui fait croire aux humains que tout va bien alors que ce n'est que la fin de la première phase de l'invasion (c'est-à-dire du premier stade de la maladie). Sourires carnassiers des soldats S.
De nouvelles photos cerclées de rouge illustrent quelques-uns des nombreux symptômes liés au deuxième stade de la maladie : taches blanchâtres dans la bouche, maux de gorge, éruptions cutanées, etc. Le bruitage électronique qui accompagne cette séquence est un peu dérangeant ou irritant.
Retour sur l'image de la roulette de Vénus en train de tourner avec l'un des messages les plus importants du film : "Les humains adeptes de la roulette de Vénus devraient savoir que tout signe inhabituel peut signaler une invasion." Dans ce cas, les humains devraient vouloir y remédier. Plan d'ensemble sur les soldats S dont l'expression est dépitée. Le commandant les rassure. Grâce à leurs alliés souterrains, les microbes ne risquent pas grand-chose : Peur et Honte empêchent les humains de consulter tandis qu'Ignorance les conduit à ne même pas reconnaître qu'ils sont malades et qu'ils courent un risque important à ne pas se soigner. (10:15)
L'objectif final
"Traveling" de droite à gauche sur l'ensemble des soldats-microbes qui écoutent d'un air concentré leur commandant énoncer leur mission ultime : mutiler les êtres humains à vie, voire les tuer. En disant cela, le personnage du commandant grandit à deux reprises jusqu'à envahir tout l'écran d'un air menaçant tandis que l'arrière-plan passe brièvement du rose clair au rouge sang.
La situation est de nouveau détaillée séparément pour chaque pathologie. Des points verts apparaissent au niveau du bassin sur les silhouettes incolores de l'homme et de la femme pour attirer l'attention du spectateur sur les lésions des organes sexuels en cas de gonorrhée, ainsi que sur les douleurs et l'éventuelle stérilité qui en résultent. Bien entendu, cela n'est rien à côté des dommages causés par les soldats S (sourires réjouis de ces derniers) : des points rouges apparaissent sur le torse et la tête des silhouettes pour matérialiser toutes les atteintes possibles, notamment celles du cœur et du cerveau. Le commandant tourbillonne rapidement sur lui-même en louchant tandis que son casque à pointe se transforme en chapeau portant la lettre N (comme nuts ou "cinglé") pour évoquer la démence liée à la syphilis. Une grande croix placée sur les silhouettes évoque la mort par infarctus de personnes qui ignoraient leur syphilis. Nouvelle séquence d'hilarité des soldats S. L'explication des atteintes d'un foetus in utero lorsque sa mère a la syphilis (enfant mort-né ou infirme) est justifiée par le fait que c'est la "guerre totale" (total war). (11:26)
La réaction des êtres humains
Lorsque les humains pressentent un problème, Ignorance (plan rapproché sur ce personnage en train de jongler avec des dés, symbole du hasard auquel s'en remettent les personnes qui ne se font pas soigner de façon adéquate) intervient de nouveau pour les diriger vers une hypothèse erronée : le surmenage ou un problème de foie. Certains d'entre eux penseront peut-être à une maladie vénérienne mais ne réagiront pas de façon adéquate : ils iront acheter des remèdes inefficaces auprès de personnes incompétentes ou essaieront des méthodes qui relèvent du domaine de la pensée magique. On retrouve ici un thème présent dans la plupart des films de prévention (non seulement des maladies vénériennes mais aussi de la tuberculose et du cancer) quasiment depuis le début de la production de films de ce type, à savoir le message selon lequel le fait de s'adresser à des charlatans ou d'utiliser des remèdes de grand-mère est inefficace et dangereux. Bien entendu, ici, ce message est transmis par l'imagerie Disney et le sens de l'humour proche de la loufoquerie qui s'y rattache : divers flacons, comprimés et potions surgis des dés d'Ignorance dans un feu d'artifice, flottent devant une tête de mort très pâle ; des grenouilles à l'air blasé se baignent dans un bassin à oiseaux au clair de lune, etc. Ignorance lève les bras dans un geste victorieux.
Cependant, le commandant met ses troupes en garde. Certains "petits futés" (smart ones) vont voir un professionnel (par opposition aux charlatans évoqués précédemment) dès qu'ils soupçonnent un problème. C'est ici l'occasion pour le film d'énoncer les endroits où l'on peut bénéficier d'une prise en charge gratuite (any public health departments or any community health service), en toute confidentialité, "la plupart du temps" (in most cases), précision qui surprend un peu. L'autre possibilité consiste à s'adresser à un médecin en cabinet libéral, sans avoir besoin d'autorisation particulière (without anybody else's permission). Présenté comme cela, il semble vraiment facile de se faire dépister et traiter (cela correspond-il à la réalité pour l'ensemble de la population des États-Unis de l'époque ?) On notera que l'animation est vraiment minimale sur cette séquence  : il s'agit essentiellement du dessin d'une infirmière (ou d'une secrétaire médicale) et d'un médecin (avec un dossier en main puis devant un microscope) sur lesquels la "caméra" zoome ou dézoome. Le commandant précise que ces professionnels ont des "armes surpuissantes" , ce qui lui permet d'énoncer un autre message fondamental de ce dessin animé : tous les humains atteints de la syphilis, de la gonorrhée, voire des deux, peuvent être soignés. Cela entrainerait la disparition de millions de soldats-microbes. Le commandant envahit de nouveau l'écran qui se teinte de rouge pour déclarer en hurlant que si les humains s'en donnaient la peine, ils pourraient éradiquer les maladies vénériennes. Ensuite, il reprend une taille moyenne pour annoncer d'un air sournois et réjoui qu'il y aura toujours des humains assez ignorants pour "jouer le jeu" des microbes. En bondissant et en hurlant, il annonce qu'il veut que chaque jour soit VD-Day, un jeu de mot entre l'acronyme VD (venereal disease) qui désigne les maladies vénériennes en anglais et V-Day (le jour de la victoire, soit le 8 mai 1945). Les bérets des soldats-microbes volent en l'air tandis qu'on les entend pousser des acclamations. (13:50)
Ce n'est pas la fin de l'histoire
Comme dans un film en prise de vues réelles, un narrateur explique en voix off que tous les faits qui viennent d'être énoncés sont vrais mais que l'histoire ne s'arrête pas là. Le commandant réclame le silence en hurlant. Il félicite ses troupes pour leur enthousiasme (sourires carnassiers des soldats-microbes) puis leur explique comment les humains peuvent empêcher "l'invasion". C'est d'abord l'abstinence sexuelle qui est nommée. Le commandant bondit ensuite vers un tableau bleu où est dessiné un préservatif enroulé, "un moyen de défense efficace s'il est utilisé correctement". Son nom est cité : "capote" (rubber) ou "préservatif" (condom). L'image suivante montre un préservatif déroulé et tendu avec l'explication minimale suivante : "L'homme l'enfile au préalable et le garde pendant toute la durée du contact sexuel", (The male puts it on before and keeps it on during any sex contact.) Les soldats-microbes ont l'air dépités car ils ne pourront pas passer au travers (un mur de brique sépare brièvement la silhouette féminine infectée de la silhouette masculine et vice versa.) Le commandant indique ensuite où se procurer des préservatifs (en pharmacie) et ajoute que le lavage à l'eau et au savon permet de se débarrasser d'un certain nombre de microbes. Cette information est illustrée par une séquence "très Disney" : plusieurs savons puis une trombe d'eau s'abattent sur la tête du commandant qui s'élève alors dans les airs dans une bulle de savon qui finit par éclater. De même, le fait d'uriner juste après un "contact sexuel" permet à l'homme d'éliminer des soldats G. Nouveau "traveling" de droite à gauche sur les soldats à l'écoute.
Dernière harangue réjouie et bondissante du commandant : aucune de ces mesures n'est efficace à 100 %, surtout si elles sont mal exécutées. Le commandant lance les troupes à l'attaque. Les soldats l'acclament et leurs bérets volent dans les airs. Dézoom.

Notes complémentaires

Sampson, Wade, "Disney Attacks VD: The Rest Of The Story", 10 juin 2009, Disney_Attacks_VD_The_Rest_of_the_Story (consulté le 11 août 2023)

http://www.othercinema.com/otherzine/archives/ozissue2/vd.html
https://www.bradycarlson.com/vd-attack-plan/

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Élisabeth Fuchs
  • Transcription Anglais : Séléna Turquetil
  • Sous-titres Français : Séléna Turquetil
SNSF-logo.png  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet Neverending Infectious Diseases