La sécurité sociale (1969)

De Medfilm



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Titre :
La sécurité sociale
Série :
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
28 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc -
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Gén. fin : une émission de Madeleine Jaussaud.

(English)

End creditsː une émission de Madeleine Jaussaud.

Contenus

Sujet

Exposé des principes fondateurs et du fonctionnement de la sécurité sociale.

(English)

The film presents the founding principles of social security and explains how the system works.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

En expliquant le fonctionnement de la Sécurité Sociale, le film énonce les types de risques couverts, les catégories de personnes protégées, les moyens et financements de cette protection. Il met en scène son fondateur Pierre Laroque qui en rappelle les principes fondateurs.

(English)

By explaining how social security works, the film points out the types of risks covered, the different categories of people protected as well as the resources and funding for this protection. It features its founder Pierre Laroque who recalls the founding principles of social security.

Contexte

Contexte historique

Pierre Laroque est un des acteurs de la mise en place de la Sécurité Sociale en1945, nommé directeur général des assurances sociales dans le contexte exceptionnel de la Libération. Il devient président de section du Conseil d’État d'août 1964 jusqu’à sa retraite en 1980. Plusieurs mesures sont prises concernant la couverture sociale à la fin des années 1950 et début 1960, à commencer par l’introduction d’une assurance maladie obligatoire pour les agriculteurs exploitants, mais par la suite également pour les indépendants du commerce et de l’industrie ainsi que les professions libérales . L’accord des syndicats et patronat permet la mise en place de l’assurance chômage dès 1958. L’entrée en vigueur du conventionnement médical (1960) entraîne une hausse importante des remboursements de soins. La création de l’ArrCo en 1961 permet le développement des retraites complémentaires.

Le projet de réforme de la sécurité sociale est dévoilé en août 1967 par le gouvernement Pompidou. Les ordonnances de 1967 vont entraîner un rôle croissant des nouvelles caisses nationales. Une négociation a alors lieu entre la Caisse nationale et les syndicats médicaux pour la mise en place d’une convention nationale. Celle-ci se substitue en 1971 aux conventions locales entraînant une amélioration substantielle de la couverture médicale des assurés, car les médecins sont conventionnés s’ils ne se dégagent pas explicitement de la convention. La date de réalisation du film, 1969, correspond à la fin des Trente Glorieuses, période marquée par le développement du chômage, de la précarité et de la prévention des risques. Aussi la question de l'action publique dans les domaines du soin et de l'activité professionnelle mobilise particulièrement l'opinion.

Dans ses dernières minutes, la sécurité sociale mentionne les mandats Colbert. Ce mode de paiement est en vigueur des années 1960 jusqu'aux années 1990. Il s’agit d’un mandat spécifique, créé par l’administration des Postes et édité par l’agence du service comptable, « lorsqu’un décompte de prestations de sécurité sociale issu de la chaîne ‘paiements différés’» devait être payé par mandat-postal.

Contexte médiatique

La sécurité sociale appartient à la série "Législation du travail" qui comprend : La rémunération du travailleur ( 1971 ; auteur : Madeleine Jaussaud ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320191m ) ; La durée du travail ( 1973 ; auteur : René Ballet ; OFRATEME ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320060q ); Les femmes et la législation du travail (1969 ; auteur : Anne Davot ; IPN ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320504t ) ; Les jeunes et la législation du travail ( 1973 ; auteur : François Michon ; OFRATEME ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320187q ) ; Le licenciement ( 1973 ; auteur : Catherine Michon - Savarit ; OFRATEME ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320150p ) ; Main-d'œuvre agricole ( 1973 ; auteur : Roger Charles ; OFRATEME ).

(English)

Historical context
Pierre Laroque was one of the founding fathers of social security in 1945. He was named general director of social insurance in the exceptional context of the Liberation of France and then became president of the Social Department of the French Council of State from August 1964 up to his retirement in 1980. Several measures were taken with respect to social security in the late 1950s and early 1960s. Mandatory health insurance was first introduced for farmers and then for self-employed workers in business and industry as well as professionals with private practices. Agreement between labour unions and employers' organisations made it possible to establish unemployment insurance as early as 1958. The entry into force of the state health service contract for health professionals (1960) led to a significant increase in healthcare reimbursements. The creation of ARRCO [Association of Complementary Pension Schemes] in 1961 provided for the development of complementary pensions.

The bill on social security reform was unveiled in August 1967 by the Pompidou government. The orders of 1967 increased the role of new national funds. Negotiation therefore took place between la Caisse nationale [the National Fund] and the medical unions in order to set up a national agreement. In 1971, this agreement replaced local agreements, bringing about a substantial improvement in the medical coverage of insured parties since doctors were contracted by social security, provided they did not explicitly pull out of the agreement. The year the film was produced, 1969, corresponds with the end of the Glorious Thirty, a period marked by a rise in unemployment, instability and risk prevention. The question of public action in the fields of healthcare and professional activity particularly aroused public opinion.

In its final minutes, the film mentions "Colbert" postal orders. This method of payment was in effect from the 1960s to the 1990s. They were a specific postal order created by the Postal Administration and issued by the Accounting Service Agency “when a bill for social security benefits from ‘deferred payments’” was to be paid by way of postal order.

Media context
La sécurité sociale belongs to the series "Législation du travail" [Labour Legislation] which includes
La rémunération du travailleur [Employee Remuneration] (1971; author : Madeleine Jaussaud; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320191m);
La durée du travail [Working Hours] (1973; author: René Ballet; OFRATEME; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320060q);
Les femmes et la législation du travail [Women and Labour Legislation] (1969; author: Anne Davot; IPN; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320504t);
Les jeunes et la législation du travail [Children and Labour Legislation] (1973; author: François Michon; OFRATEME; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320187q);
Le licenciement [Redundancy] (1973; author: Catherine Michon - Savarit; OFRATEME; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320150p); and
Main d'oeuvre agricole [Agricultural Labour Force] (1973; author: Roger Charles; OFRATEME).

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film comporte une partie didactique très affirmée avec des cartons et des schémas animés, ou encore des explications faites sur plateau par une présentatrice qui ne quitte pas la caméra des yeux sinon pour consulter ses pompes. Les interventions de Pierre Laroque font contrepoint en rappelant les principes fondateurs de la Sécurité Sociale et en justifiant la poursuite de sa mise en place.

(English)

Part of the film has a very strong educational dimension with its title cards, animated diagrams and explanations provided on set by a presenter who does not take her eyes off the camera except to consult her notes. Pierre Laroque's contributions provide contrast by recalling the founding principles of social security and justifying its continued implementation.

In addition to providing rather classroom-like instruction in an effort to educate viewers about social security, the film also takes a hands-on approach to explaining how social security works. La sécurité sociale more or less takes viewers by the hand to various settings ranging from a social security office where administrative documents are submitted and received to a medical screening vehicle where healthcare is provided.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Le film insiste sur la question de l'accès aux soins. En premier lieu, il montre par le témoignage de Madame Estival que la Sécurité Sociale permet à de nombreux malades de consulter un médecin alors qu'avant sa mise en place, les frais que de tels soins engagent les dissuadaient de le faire. Le film présente donc un rapport démocratisé à l'institution sanitaire. Sa partie "Action sanitaire et sociale" décrit les nouveaux équipements destinés à mieux pister les éventuelles maladies parmi la population : appareils d'observation portatifs et véhicules aménagés pour permettre de sillonner le territoire.

Par ailleurs, La sécurité sociale insiste sur l'importance de l'action préventive destinée à limiter les réparations à verser pour couvrir les accidents survenus.

(English)

The film focuses on the issue of access to healthcare. First of all, it illustrates by way of Madam Estival’s personal account that social security made it possible for many sick people to see a doctor by covering the hefty costs that dissuaded them from doing so prior to its implementation. The film therefore presents a democratised approach to healthcare. The part focusing on “Action sanitaire et sociale” [Health and Social Action] describes new equipment intended to better screen the population for potential diseases: portable observation devices and vehicles equipped to provide care throughout the country. Furthermore, La sécurité sociale insists on the importance of prevention as a way of limiting the amount of compensation paid out to cover expenses resulting from accidents.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Établissements scolaires

(English)

Schools

Communications et événements associés au film

Public

Élèves des établissements

(English)

School children

Audience

Descriptif libre

Introduction : discours de Pierre Laroque sur la vocation de la Sécurité sociale

Le film s'ouvre sur des visages d'hommes et femmes appartenant à diverses catégories socio-professionnelles. Le spectateur distingue un mineur, un ouvrier, une personne portant un masque à gaz, des personnes jeunes et d'autres, plus âgées.
Intérieur jour, un homme assis à son bureau fait face à la caméra. Une mention infographique indique qu’il s’agit de Pierre Laroque. Derrière lui, de hautes croisées donnant sur une balustrade indiquent que la pièce est située dans un bâtiment de prestige, certainement celui du Conseil d’État (le palais Royal) où Pierre Laroque exerce ses responsabilités à l’époque du film. Aucun commentaire introductif, les premiers mots sont de Pierre Laroque : « Pour moi la sécurité sociale correspond à un besoin fondamental de l’homme, qui a toujours existé, le besoin de sécurité. Les hommes n’aiment pas l’incertitude du lendemain. » Plan de coupe sur l’intérieur d’un bâtiment dont la fonction est désignée par un panneau de signalétique mentionnant « sécurité sociale ». Dézoom depuis une femme qui n'a pas quitté son manteau, immobile devant un bureau où discutent un homme et une autre femme dont la coiffe indique qu’elle est agent. La femme au manteau se tourne et jette un regard préoccupé, comme si elle voulait exprimer son impatience à attendre. Suivent d’autres points de vue dans les guichets, montrant l’organisation générale du local (des fauteuils répartis dans un open space compartimenté par des murets) mais aussi l’anxiété des usagers présents. Alors que la femme à la coiffe va et vient entre la porte et les bureaux pour orienter ceux dont le tour est venu, des plans alternés isolent ceux qui continuent d’attendre. Une femme, portant à la bouche son document administratif, l’agitant dans un geste d’anxiété, se penche et observe la perspective de la pièce, comme si elle guettait un secours. Une autre femme, jetant des regards obliques, manifeste son irritation en se parlant à elle-même. Une troisième se plonge résolument dans la lecture d’un magazine. En commentaire, Pierre Laroque rappelle qu’auparavant, dans une société encore largement rurale, c’était à la famille de trouver les moyens pour « couvrir les charges imprévues » et d’assurer « l’entretien de ses enfants, de ses malades, de ses vieillards. » L’évolution d’une société devenue davantage industrielle et urbaine ôte à la famille la possibilité de couvrir les « nouvelles causes d’insécurité » qui sont le chômage, les accidents du travail, une vieillesse prolongée sans ressource. « Il a donc fallu que la collectivité se substitue à la famille pour donner à l’individu, au travailleur, cette sécurité qui lui fait défaut. » Sur cette dernière phrase, des clichés d’enfants pris dans un cadre de taudis, parmi les gravats, devant des portes aux planches disjointes, portraits sociaux qui rappellent ceux que Walker Evans a réalisés dans les États-Unis de la Dépression. (02 : 15)

De l'inégalité à la solidarité

Panoramique dans un bout de rue qui se termine sur une façade. Posée entre la fenêtre et la porte, ajustée à un bouton de sonnette bombé de style 1930, une plaque indique qu’une Mme Estival travaille ici. Son aspect modeste, avec son crépi noirâtre, sa fenêtre à l’appui fêlé, fait transition avec le dernier cliché montré où deux enfants s’appuient à une façade de composition et d’aspect comparable. Le décor du nouvel entretien contraste avec celui du précédent. Ce n’est plus l’intérieur solennel, sobre et lumineux de bureau ministériel, mais un espace sombre et chargé qui tient à la fois du domicile et du lieu de travail. La caméra insiste sur le manteau de cheminée où trône un buste de Marianne et reposent des cadres de photos, des flacons. Nous devinons par le raccord que la femme qui parle, âgée, à la chevelure soigneusement ondulée, est Mme Estival. À l’interviewer qui l’interroge hors champ, elle rappelle qu’avant la mise en place de la Sécurité sociale, les « gens » se rendaient rarement chez le médecin faute de moyens : « Aucun secours ne rétribuait leurs dépenses ». Elle parle depuis ses souvenirs, son visage prend une expression fataliste. Elle raconte qu’elle a vu dans une pharmacie un employé des autobus laisser sa casquette en gage. « On allait chez le médecin que dans les cas graves.» Elle évoque « des gosses qui ont eu des angines diphtériques », que l'on a soignés « trop tard ». Elle témoigne que les familles ouvrières peinaient à épargner en prévision des maladies à prendre en charge. (03 : 48)
Une animation représentant de l'argent entrant et sortant d'une tirelire apparaît tandis qu'une voix féminine explique que malgré les économies réalisées, les dévaluations successives ont empêché les familles de se protéger des risques sociaux sans assistance complémentaire. Au bout de quelques secondes, l'animation est remplacée par un plan poitrine sur la femme qui est en train de parler. (04ː05)

Retour de Pierre Laroque qui explique l'idée de solidarité derrière la mise en place de la sécurité sociale : on répartit sur l'ensemble de la population la charge imprévue qui pèse sur une seule personne. Il faut se défaire de l'idée que l'on est assisté à hauteur de ce qu'on a payé. Ce que l'on touche quand on est malade, ou vieux, ou qu'on a des enfants à charge est couvert « par les autres.» En plan de coupe, un vieil homme se tient devant un guichet, recevant des documents des mains d'un agent qui reste hors champ. La voix de celui-ci lui recommande de présenter la prescription de l’hôpital avec le reçu pour être remboursé. « Maintenant, j'ai autre chose à vous demander...», dit le vieil homme. Le plan s'interrompt là, sans laisser la conversation se poursuivre. Il fait office d'illustration mais aussi de scène qui capte l'ambiance propre à la situation d'assistance, la relation didactique qu'elle engage. (05 : 17)

Exposé des modes de « réparations » selon les types de risques

Sur fond neutre, une femme dont aucune mention infographique ne permet de connaître le nom ou la fonction, explique le mode de couverture du travailleur salarié. Elle explique en premier lieu la notion de risques qui se divisent en trois catégories : physiologiques, professionnels, familiaux. Les risques physiologiques comprennent la maladie, la maternité, l’invalidité, la vieillesse, le décès (il est curieux de constater que la maternité, la vieillesse, le décès soient ici désignés comme des risques, mais la présentatrice a pris soin de rappeler que le risque renvoie ici à « un événement imprévisible qui a pour résultat d’entraîner des frais supplémentaires pour une famille ou de diminuer ou supprimer les salaires entrant dans le foyer ».) Elle détaille ensuite les moyens de protection en insistant d’abord sur l’importance de la prévention, puis sur les mesures de réadaptation et reclassement (on voit à ce moment-là des salles de classe où de jeunes adultes apprennent à monter des circuits imprimés, à dessiner des plans et à dactylographier). C’est en ces trois types d’activités que consiste « l’action sanitaire et sociale » que la Sécurité sociale mène conjointement aux « réparations » qu’elle met en œuvre auprès des accidentés. Cette réparation comprend des versements d’argent sous forme de prestations ou d’allocations. Les prestations en nature aident la famille à supporter les frais encourus par le risque, les prestations en espèces remplacent le salaire de l’employé qui n’en perçoit plus suite à son arrêt de travail. Les prestations sont ensuite détaillées selon les types d’assurés. Cette séquence interminable articule les plans sur la présentatrice, visiblement mécontente de parler, avec un chapitrage et des illustrations recourant à un schéma animé sommaire, et de déplorables cartons sous forme d’inscriptions à la craie sur un tableau d’ardoise ou au marqueur sur des feuilles de paper-board. Les jeux de cache et les onomatopées sonores tentent en vain d’animer cette mise en scène pénible, de toute façon plombée par un texte difficilement intelligible (et d’une précision douteuse). Comment espérer que l’élève spectateur, déjà douché par l’annonce d’un film sur la sécurité sociale, puisse accorder un quelconque intérêt à cet exposé mal structuré en plus d’être rébarbatif ? Il est d’autant plus étonnant que cette séquence ait été laissée telle quelle dans le montage vu que le film débute et se termine sur des séquences d'entretiens et de témoignages vivants et substantiels. (17 : 42)

Action sanitaire et sociale

Retour à Pierre Laroque qui insiste sur la priorité donnée à la prévention dans la politique d’assistance : « La sécurité des travailleurs et de leurs familles n’est pas une simple question d’argent. Ce qui leur importe beaucoup plus c’est de ne pas être malades, de ne pas être victimes d’accidents. » Son discours se poursuit sur des vues d’affiches préventives en cours dans les espaces de travail comportant des messages sensibilisant aux dangers encourus par la main lors de mauvaises manipulations ou causés par l’usage de mauvais outils, ou encore par des postures imprudentes. Les problèmes que la prévention essaie de contenir sont « techniques ». En cela, elle est à distinguer des mesures sanitaires et sociales qui visent à améliorer et développer l’équipement de soins, créer des établissements, gérer des structures de protection maternelle et infantile. Des clichés accompagnent ces différentes évocations, montrant des ambulances neuves, des machines électroniques, des infirmières s’occupant de bébés.

Une séquence est dédiée à l’institut de prophylaxie dentaire infantile à Paris. Un plan sur le panneau municipal de la rue du Faubourg du temple indique sa situation. Un panoramique dans un vaste hall montre des rangées de fauteuils dentaires sur lesquels des enfants ont pris place et autour desquels les dentistes s’activent. La caméra s’immobilise sur un bureau placé au centre de l’espace, où les enfants vont se signaler et depuis lequel ils sont dirigés. Plan sur un des sites de soins, une dentiste s’adresse à l’enfant qu’elle soigne : « T’es mignon, t’es adorable ! Est-ce que ça t’a fait mal ? » L’enfant dont elle continue de fouiller la bouche esquisse un signe négatif de la tête. Elle finit de répondre pour lui : « Non, tu n’as rien senti ! ». La séquence se termine sur une leçon de brossage de dents qui se déroule dans une autre pièce. L’infirmière explique, les enfants s’appliquent. Autre séquence dans un « camion de dépistage de la sécurité sociale ». Dans l’habitacle aménagé, une infirmière remplit la fiche administrative d’un homme qui se tient auprès d’elle. Il lui indique qu’il est maçon. Elle le mène à une cabine de prises radiographiques, lui donne des instructions pendant la séance. Les plans durent, retrouvant leur fonction d’évocation de situations types. (23 : 01).

Les dépenses

Intervention de la présentatrice qui retourne à ses pompes. « Les dépenses de la Sécurité sociale sont couvertes par les cotisations versées par les salariés, les employeurs, les travailleurs indépendants et « les automobilistes ». Pierre Laroque précise : en France, le système de financement ne repose sur l’impôt que pour des régimes particuliers (régime agricole, régime des mines). Il s’élève contre les critiques qui déplorent le financement excessif de la Sécurité sociale. « En définitive, l’argent versé et redistribué ne sort pas de l’économie du pays. » C’est une redistribution « bénéfique pour l’économie du pays : l’argent est donné à des hommes ou des familles qui les dépensent ; cela permet aussi aux malades de ses soigner, c’est l’entretien du capital humain qui est assuré à travers la Sécurité sociale. » Laroque conclut : « Au fond, la Sécurité sociale s’analyse en une redistribution d’une fraction du revenu national réalisant une solidarité entre les actifs et ceux qui sont involontairement inactifs. Je crois que c’est cela la philosophie de toute l’institution. » Cette philosophie suppose un principe de solidarité acquis dans l’ensemble de la population : un point de vue qui épouse la cause des employés. Dans Question de solidarité réalisé en 1982, nous voyons que ce principe est, de la part des patrons, en particulier des petits, mis en balance avec la nécessité de rester compétitif grâce à un personnel stable et la limitation des cotisations pour pouvoir mieux garantir la poursuite de l’activité (27 : 24).

Le film se conclut sans transition par une séquence d’animation qui explique le principe du « mandat Colbert » comme moyen de paiement propre au système de la Sécurité sociale (voir la partie « Contexte »).

(English)

Introduction: Pierre Laroque Outlines the Aim of Social Security

The film opens with the faces of various men and women representing different socio-professional categories. Viewers can make out a miner, a general labourer, a person wearing a gas mask, the young and the old.
Interior/Day. A man seated at his desk looks straight at the camera. Temporary on-screen text indicates that he is Pierre Laroque. Behind him, high windows looking onto a railing indicate that the room is situated in a prestigious building, certainly that of the Council of State (le palais Royal) where he carried out his responsibilities at the time of the film. There is no introductory commentary. Pierre Laroque is the first to speak: “For me, the social security system corresponds with one of man’s fundamental needs that has always existed: a need for security. Man does not like the uncertainly of tomorrow". There is a cutaway shot of the inside of a building whose function is indicated by a sign that reads “SECURITE SOCIALE”. The camera zooms out, beginning with a woman in a coat standing in front of a desk where a man is speaking to a woman whose headdress indicates that she works there. The woman in the coat turns with a preoccupied look, as if she wanted to express her impatience with having to wait. Other shots show counters, the general layout of the large room (chairs spread throughout an open space punctuated with low walls) but also the anxiety of the people waiting. While the woman wearing the headdress walks back and forth between the entrance and the different counters to show people where to go when it is their turn, alternate shots isolate those who continue to wait. A woman holding her administrative document up to her lips taps the documents against her chin with anxiety, leans forward and looks around the room, as if she was looking for an emergency exit. Another woman, looking from side to side, expresses her irritation by talking to herself. A third woman decidedly dives into a magazine. Via voice-over, Pierre Laroque recalls that before, in a still largely rural society, it was up to the family to find a way to “cover the unexpected costs” and to ensure “the well-being of the children, the sick and the elderly”. As society became increasingly industrial and urban, it was impossible for the family to cover the “new causes of insecurity”: unemployment, work-related accidents, and prolonged old age without means. “The community therefore had to take the place of the family in order to give individuals — workers — the security that they were lacking”. On that note, photographs taken of children in hovels, in rubble, standing in front of doors with disjointed boards appear one after the other, creating portraits of society reminiscent of those photographed by Walker Evans in the United States during the Great Depression. (02:15)
From Inequality to Solidarity
A pan in a street stops at a façade. Placed between the window and the door and fitted to a rounded 1930s doorbell, a plate indicates that a certain Mrs Estival works here. Its modest appearance, with its rough blackish plaster and cracked windowsill, provides for a smooth transition from the final photograph seen where two children are leaning up against a façade of comparable composition and appearance. The setting of this interview contrasts with what was seen in the past interview. It is no longer a grandiose, sober and bright ministerial office, but a dark and cluttered space that serves as both a place to live and work. The camera focuses on the mantelpiece where the bust of Marianne takes centre stage alongside picture frames and bottles. Based on her age and neat hairdo, viewers suspect that the woman talking is Mrs Estival. She reminds the man interviewing her off-screen that before social security was put in place, people rarely went to see the doctor for lack of financial means: “No aid was paid to cover their expenditures”. She speaks from experience with a dire look on her face. Mrs Estival tells him about the time she was in a pharmacy and saw a bus driver give the pharmacist his cap as a guarantee. “We only went to see the doctor in severe cases”. She mentions “children who had diphtheria” and were treated “too late” before recalling that working-class families struggled to put money aside in anticipation of future healthcare expenses. (03:48)
An animation depicting money entering and exiting a piggy bank appears as a female voice-over begins to explain that despite family savings, successive devaluations made it impossible for families to protect themselves from social risks without additional assistance. After a few seconds, the animation is replaced by a chest shot of the woman speaking. (04ː05)
The camera returns to Pierre Laroque who explains the "simple" idea behind social security: “solidarity”. It involves distributing the unexpected financial burden weighing on a sole individual over the entire population. We need to part with the idea that our reimbursements come from our own contributions. What we receive when we are ill, old or have children to support is covered “by the contributions of others.” A cutaway shot captures an elderly man seated at a counter in the social security office receiving assistance. An employee who remains off-screen hands him various documents and explains that he needs to show the prescription from the hospital with the receipt in order to be reimbursed. “Now, I have something else I’d like to ask you…” says the elderly man. The shot abruptly ends there. It acts as an illustration but also as a scene, capturing the typical atmosphere in which assistance is received and information is naturally provided. (05’17)
Presentation of the Different “Compensations” Based on the Types of Risks
Before a neutral background, a woman whose name and function remain unknown to viewers explains how employed individuals are covered. She first explains the concept of risks, which are grouped into three categories: physiological, professional and family. Physiological risks include illness, maternity, disability, old age and death. (It is peculiar that maternity, old age and death be designated as risks, but the presenter carefully reminds viewers that, in this context, risks refer to “an unforeseeable event that results in additional expenses for a family, or reduces or eliminates household wages”). She then explains in detail the means of protection by first insisting on the importance of prevention and then on rehabilitation and reclassification. (Footage of what appears to be classrooms where young adults are learning to build circuits, to draft and to type is notably shown at this point in time). These three activities make up the “health and social action” that social security carries out alongside the “compensation” it provides to accident victims. This compensation includes money transfers in the form of benefits or allowances. Benefits in kind allow families to cope with expenses incurred by risk, whereas cash benefits replace the salary of employees who are on leave. The benefits are then broken down according to the different types of policyholders. This never-ending sequence combines shots of the presenter, speaking with little enthusiasm, with chapter divisions and illustrations using basic animated diagrams and abysmal display cards that consist of information written in chalk on a blackboard or in marker on sheets of paperboard. The step-by-step display of information and sound effects try in vain to animate this tiresome sequence which, in any case, is plagued by a text that is hard to follow (and of dubious precision). How can one hope that students, already disappointed to be watching a film on social security, show any interest in this presentation which is not only poorly structured but also off-putting from the get-go? The fact that this sequence was not reworked in the editing process is all the more surprising given the lively and substantial interviews, accounts and footage shown at the beginning and end of the film. (17:42)
Health and Social Action
Mr Pierre Laroque returns and insists on the priority given to preventing risks in the assistance policy: “The security of workers and their families is not a simple question of money. Not becoming ill or an accident victim is far more important to them”. His subsequent comments are illustrated by shots of posters on risk prevention in work spaces. Some of their messages aim to make workers aware of the dangers posed by tools and machinery on account of their misuse. The problems that prevention tries to limit are “technical”. In this respect, prevention measures should be distinguished from health and social measures which aim to improve and develop healthcare equipment, build institutions as well as manage maternal and child care. Photographs accompany this list and illustrate new ambulances, electronic machines and nurses caring for babies. (19’40)

A sequence is dedicated to the Institut de prophylaxie dentaire infantile [Children’s Institute for Dental Prophylaxis] in Paris. A shot of a municipal street sign for “la rue du Faubourg du temple” indicates its location. A pan inside a large open-concept building shows rows of dental chairs occupied by children and dentists working. The camera stops at a desk in the middle of the open space where children check-in and receive further direction. There is a shot of one of the dental cubicles where a dentist is speaking to a child having dental work done: “You’re cute, you’re just adorable! Does that hurt?” The child shakes his head as she continues to work. She eventually answers for him: “No, you didn’t feel a thing!” The sequence ends in another room where children receive hands-on instruction from a nurse on how to properly brush their teeth. Another sequence is filmed in a “social security medical screening vehicle”. Inside, a nurse fills in an administrative form for a man standing next to her. He states that he is a mason. She leads him to an X-ray booth and explains what to do throughout the procedure. The long shots serve to illustrate typical situations. (23:01)
Expenditure
The presenter returns to her notes. “Social security expenditure is covered by the contributions paid by employees, employers, self-employed workers and ‘motorists’”. Pierre Laroque points out that in France, funding only relies on taxation for special schemes (régime agricole [agricultural scheme] and régime des mines [mining scheme]). He opposes critics who complain that social security is excessively funded. “Ultimately, the money paid and redistributed remains within the country’s economy”. It is a redistribution which is “advantageous for the country’s economy. The money is given to men or families who spend it, making it possible for the sick to receive care. Human capital is maintained thanks to social security”. Laroque concludes: “Essentially, social security is a redistribution of a fraction of national revenue that forges solidary between the active and involuntarily inactive population. I believe that this is the philosophy of the entire institution”. This philosophy presupposes a principle of solidarity that is embraced by the entire population and supports the cause of employees. In the film Question de solidarité, produced in 1982, we see that this principle is, from the — especially small — employer’s standpoint, weighted against the need to remain competitive, via a stable workforce and limited contributions, in order to better guarantee continued business. (27:24)
Without any transition, the film ends with an animated sequence explaining how the “mandat Colbert” works as a means of payment specific to the social security system (see the section “Context”).

Notes complémentaires

Madeleine Jaussaud, auteure de La sécurité sociale, a également écrit le film Vers la sécurité sociale dans la même série "Législation du travail" (1971, OFRATEME, réal. Albert Gokelaere) disponible en ligne sur gallica.bnf.fr

(English)

Madeleine Jaussaud, the author of the film La sécurité sociale [Social Security], also wrote the film Vers la sécurité sociale [Towards Social Security] in the same series "Législation du travail" [Labour Legislation] (1971, OFRATEM, dir. Albert Gokelaere) viewable on gallica.bnf.fr: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320556j

Références et documents externes

"Circulaire re : Mandats Colbert" 25 juin 1974, Document d'archive du CNAMTS, URL : https://www.mediam.ext.cnamts.fr/ameli/cons/CIRCC/CC7406/740625-A.PDF

Jabbari, Éric. « Pierre Laroque et les origines de la Sécurité sociale », Informations sociales, vol. 189, no. 3, 2015, pp. 12-19.

Grévisse, Suzanne, "Pierre Laroque" universalis.fr, URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/pierre-laroque/

Ramelet, Jean-Pierre, "Mécanographie", Mémoire du travail à la sécurité sociale, URL : http://www.memoiredutravailalasecuritesociale.org/fr/page/58/mecanographie

Valat, Bruno, "Pierre Laroque et la Sécurité sociale" Lettre d'information de la Comité régional d'histoire de la sécurité sociale n°2 (2001), pp. 1-12, URL : http://www.histoiresecump.fr/publications/lettre_crhmp_2.pdf

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Joël Danet, Thomas Berthol
  • 2 Traducteurs_vers_anglais : Sherry Stanbury
  • Sous-titres Anglais : Élisabeth Fuchs, Julie Manuel