La sécurité sociale (1969)
Pour voir ce film dans son intégralité veuillez vous connecter.
If you have trouble viewing subtitles, try using a different web browser.
Main credits
Gén. fin : une émission de Madeleine Jaussaud.
Content
Theme
Exposé des principes fondateurs et du fonctionnement de la sécurité sociale.
Main genre
Résumé
En expliquant le fonctionnement de la Sécurité Sociale, le film énonce les types de risques couverts, les catégories de personnes protégées, les moyens et financements de cette protection. Il met en scène son fondateur Pierre Laroque qui en rappelle les principes fondateurs.
Context
Contexte historique
Pierre Laroque est un des acteurs de la mise en place de la Sécurité Sociale en1945, nommé directeur général des assurances sociales dans le contexte exceptionnel de la Libération. Il devient président de section du Conseil d’État d'août 1964 jusqu’à sa retraite en 1980. Plusieurs mesures sont prises concernant la couverture sociale à la fin des années 1950 et début 1960, à commencer par l’introduction d’une assurance maladie obligatoire pour les agriculteurs exploitants, mais par la suite également pour les indépendants du commerce et de l’industrie ainsi que les professions libérales . L’accord des syndicats et patronat permet la mise en place de l’assurance chômage dès 1958. L’entrée en vigueur du conventionnement médical (1960) entraîne une hausse importante des remboursements de soins. La création de l’ArrCo en 1961 permet le développement des retraites complémentaires.
Le projet de réforme de la sécurité sociale est dévoilé en août 1967 par le gouvernement Pompidou. Les ordonnances de 1967 vont entraîner un rôle croissant des nouvelles caisses nationales. Une négociation a alors lieu entre la Caisse nationale et les syndicats médicaux pour la mise en place d’une convention nationale. Celle-ci se substitue en 1971 aux conventions locales entraînant une amélioration substantielle de la couverture médicale des assurés, car les médecins sont conventionnés s’ils ne se dégagent pas explicitement de la convention. La date de réalisation du film, 1969, correspond à la fin des Trente Glorieuses, période marquée par le développement du chômage, de la précarité et de la prévention des risques. Aussi la question de l'action publique dans les domaines du soin et de l'activité professionnelle mobilise particulièrement l'opinion.
Dans ses dernières minutes, la sécurité sociale mentionne les mandats Colbert. Ce mode de paiement est en vigueur des années 1960 jusqu'aux années 1990. Il s’agit d’un mandat spécifique, créé par l’administration des Postes et édité par l’agence du service comptable, « lorsqu’un décompte de prestations de sécurité sociale issu de la chaîne ‘paiements différés’» devait être payé par mandat-postal.
Contexte médiatique
La sécurité sociale appartient à la série "Législation du travail" qui comprend : La rémunération du travailleur ( 1971 ; auteur : Madeleine Jaussaud ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320191m ) ; La durée du travail ( 1973 ; auteur : René Ballet ; OFRATEME ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320060q ); Les femmes et la législation du travail (1969 ; auteur : Anne Davot ; IPN ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320504t ) ; Les jeunes et la législation du travail ( 1973 ; auteur : François Michon ; OFRATEME ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320187q ) ; Le licenciement ( 1973 ; auteur : Catherine Michon - Savarit ; OFRATEME ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320150p ) ; Main-d'œuvre agricole ( 1973 ; auteur : Roger Charles ; OFRATEME ).
Structuring elements of the film
- Reporting footage : Yes.
- Set footage : No.
- Archival footage : No.
- Animated sequences : No.
- Intertitles : Yes.
- Host : No.
- Voix off : Yes.
- Interview : Yes.
- Music and sound effects : Yes.
- Images featured in other films : No.
How does the film direct the viewer’s attention?
Le film comporte une partie didactique très affirmée avec des cartons et des schémas animés, ou encore des explications faites sur plateau par une présentatrice qui ne quitte pas la caméra des yeux sinon pour consulter ses pompes. Les interventions de Pierre Laroque font contrepoint en rappelant les principes fondateurs de la Sécurité Sociale et en justifiant la poursuite de sa mise en place.
How are health and medicine portrayed?
Le film insiste sur la question de l'accès aux soins. En premier lieu, il montre par le témoignage de Madame Estival que la Sécurité Sociale permet à de nombreux malades de consulter un médecin alors qu'avant sa mise en place, les frais que de tels soins engagent les dissuadaient de le faire. Le film présente donc un rapport démocratisé à l'institution sanitaire. Sa partie "Action sanitaire et sociale" décrit les nouveaux équipements destinés à mieux pister les éventuelles maladies parmi la population : appareils d'observation portatifs et véhicules aménagés pour permettre de sillonner le territoire.
Par ailleurs, La sécurité sociale insiste sur l'importance de l'action préventive destinée à limiter les réparations à verser pour couvrir les accidents survenus.
Broadcasting and reception
Where is the film screened?
Établissements scolaires
Presentations and events associated with the film
Audience
Élèves des établissements
Local, national, or international audience
Description
Introduction : discours de Pierre Laroque sur la vocation de la Sécurité sociale
Le film s'ouvre sur des visages d'hommes et femmes appartenant à diverses catégories socio-professionnelles. Le spectateur distingue un mineur, un ouvrier, une personne portant un masque à gaz, des personnes jeunes et d'autres, plus âgées.
Intérieur jour, un homme assis à son bureau fait face à la caméra. Une mention infographique indique qu’il s’agit de Pierre Laroque. Derrière lui, de hautes croisées donnant sur une balustrade indiquent que la pièce est située dans un bâtiment de prestige, certainement celui du Conseil d’État (le palais Royal) où Pierre Laroque exerce ses responsabilités à l’époque du film. Aucun commentaire introductif, les premiers mots sont de Pierre Laroque : « Pour moi la sécurité sociale correspond à un besoin fondamental de l’homme, qui a toujours existé, le besoin de sécurité. Les hommes n’aiment pas l’incertitude du lendemain. »
Plan de coupe sur l’intérieur d’un bâtiment dont la fonction est désignée par un panneau de signalétique mentionnant « sécurité sociale ». Dézoom depuis une femme qui n'a pas quitté son manteau, immobile devant un bureau où discutent un homme et une autre femme dont la coiffe indique qu’elle est agent. La femme au manteau se tourne et jette un regard préoccupé, comme si elle voulait exprimer son impatience à attendre. Suivent d’autres points de vue dans les guichets, montrant l’organisation générale du local (des fauteuils répartis dans un open space compartimenté par des murets) mais aussi l’anxiété des usagers présents. Alors que la femme à la coiffe va et vient entre la porte et les bureaux pour orienter ceux dont le tour est venu, des plans alternés isolent ceux qui continuent d’attendre. Une femme, portant à la bouche son document administratif, l’agitant dans un geste d’anxiété, se penche et observe la perspective de la pièce, comme si elle guettait un secours. Une autre femme, jetant des regards obliques, manifeste son irritation en se parlant à elle-même. Une troisième se plonge résolument dans la lecture d’un magazine.
En commentaire, Pierre Laroque rappelle qu’auparavant, dans une société encore largement rurale, c’était à la famille de trouver les moyens pour « couvrir les charges imprévues » et d’assurer « l’entretien de ses enfants, de ses malades, de ses vieillards. » L’évolution d’une société devenue davantage industrielle et urbaine ôte à la famille la possibilité de couvrir les « nouvelles causes d’insécurité » qui sont le chômage, les accidents du travail, une vieillesse prolongée sans ressource. « Il a donc fallu que la collectivité se substitue à la famille pour donner à l’individu, au travailleur, cette sécurité qui lui fait défaut. » Sur cette dernière phrase, des clichés d’enfants pris dans un cadre de taudis, parmi les gravats, devant des portes aux planches disjointes, portraits sociaux qui rappellent ceux que Walker Evans a réalisés dans les États-Unis de la Dépression. (02 : 15)
De l'inégalité à la solidarité
Panoramique dans un bout de rue qui se termine sur une façade. Posée entre la fenêtre et la porte, ajustée à un bouton de sonnette bombé de style 1930, une plaque indique qu’une Mme Estival travaille ici. Son aspect modeste, avec son crépi noirâtre, sa fenêtre à l’appui fêlé, fait transition avec le dernier cliché montré où deux enfants s’appuient à une façade de composition et d’aspect comparable. Le décor du nouvel entretien contraste avec celui du précédent. Ce n’est plus l’intérieur solennel, sobre et lumineux de bureau ministériel, mais un espace sombre et chargé qui tient à la fois du domicile et du lieu de travail. La caméra insiste sur le manteau de cheminée où trône un buste de Marianne et reposent des cadres de photos, des flacons. Nous devinons par le raccord que la femme qui parle, âgée, à la chevelure soigneusement ondulée, est Mme Estival. À l’interviewer qui l’interroge hors champ, elle rappelle qu’avant la mise en place de la Sécurité sociale, les « gens » se rendaient rarement chez le médecin faute de moyens : « Aucun secours ne rétribuait leurs dépenses ». Elle parle depuis ses souvenirs, son visage prend une expression fataliste. Elle raconte qu’elle a vu dans une pharmacie un employé des autobus laisser sa casquette en gage. « On allait chez le médecin que dans les cas graves.» Elle évoque « des gosses qui ont eu des angines diphtériques », que l'on a soignés « trop tard ». Elle témoigne que les familles ouvrières peinaient à épargner en prévision des maladies à prendre en charge. (03 : 48)
Une animation représentant de l'argent entrant et sortant d'une tirelire apparaît tandis qu'une voix féminine explique que malgré les économies réalisées, les dévaluations successives ont empêché les familles de se protéger des risques sociaux sans assistance complémentaire. Au bout de quelques secondes, l'animation est remplacée par un plan poitrine sur la femme qui est en train de parler. (04ː05)
Retour de Pierre Laroque qui explique l'idée de solidarité derrière la mise en place de la sécurité sociale : on répartit sur l'ensemble de la population la charge imprévue qui pèse sur une seule personne. Il faut se défaire de l'idée que l'on est assisté à hauteur de ce qu'on a payé. Ce que l'on touche quand on est malade, ou vieux, ou qu'on a des enfants à charge est couvert « par les autres.» En plan de coupe, un vieil homme se tient devant un guichet, recevant des documents des mains d'un agent qui reste hors champ. La voix de celui-ci lui recommande de présenter la prescription de l’hôpital avec le reçu pour être remboursé. « Maintenant, j'ai autre chose à vous demander...», dit le vieil homme. Le plan s'interrompt là, sans laisser la conversation se poursuivre. Il fait office d'illustration mais aussi de scène qui capte l'ambiance propre à la situation d'assistance, la relation didactique qu'elle engage. (05 : 17)
Exposé des modes de « réparations » selon les types de risques
Sur fond neutre, une femme dont aucune mention infographique ne permet de connaître le nom ou la fonction, explique le mode de couverture du travailleur salarié. Elle explique en premier lieu la notion de risques qui se divisent en trois catégories : physiologiques, professionnels, familiaux. Les risques physiologiques comprennent la maladie, la maternité, l’invalidité, la vieillesse, le décès (il est curieux de constater que la maternité, la vieillesse, le décès soient ici désignés comme des risques, mais la présentatrice a pris soin de rappeler que le risque renvoie ici à « un événement imprévisible qui a pour résultat d’entraîner des frais supplémentaires pour une famille ou de diminuer ou supprimer les salaires entrant dans le foyer ».) Elle détaille ensuite les moyens de protection en insistant d’abord sur l’importance de la prévention, puis sur les mesures de réadaptation et reclassement (on voit à ce moment-là des salles de classe où de jeunes adultes apprennent à monter des circuits imprimés, à dessiner des plans et à dactylographier). C’est en ces trois types d’activités que consiste « l’action sanitaire et sociale » que la Sécurité sociale mène conjointement aux « réparations » qu’elle met en œuvre auprès des accidentés. Cette réparation comprend des versements d’argent sous forme de prestations ou d’allocations. Les prestations en nature aident la famille à supporter les frais encourus par le risque, les prestations en espèces remplacent le salaire de l’employé qui n’en perçoit plus suite à son arrêt de travail. Les prestations sont ensuite détaillées selon les types d’assurés. Cette séquence interminable articule les plans sur la présentatrice, visiblement mécontente de parler, avec un chapitrage et des illustrations recourant à un schéma animé sommaire, et de déplorables cartons sous forme d’inscriptions à la craie sur un tableau d’ardoise ou au marqueur sur des feuilles de paper-board. Les jeux de cache et les onomatopées sonores tentent en vain d’animer cette mise en scène pénible, de toute façon plombée par un texte difficilement intelligible (et d’une précision douteuse). Comment espérer que l’élève spectateur, déjà douché par l’annonce d’un film sur la sécurité sociale, puisse accorder un quelconque intérêt à cet exposé mal structuré en plus d’être rébarbatif ? Il est d’autant plus étonnant que cette séquence ait été laissée telle quelle dans le montage vu que le film débute et se termine sur des séquences d'entretiens et de témoignages vivants et substantiels. (17 : 42)
Action sanitaire et sociale
Retour à Pierre Laroque qui insiste sur la priorité donnée à la prévention dans la politique d’assistance : « La sécurité des travailleurs et de leurs familles n’est pas une simple question d’argent. Ce qui leur importe beaucoup plus c’est de ne pas être malades, de ne pas être victimes d’accidents. » Son discours se poursuit sur des vues d’affiches préventives en cours dans les espaces de travail comportant des messages sensibilisant aux dangers encourus par la main lors de mauvaises manipulations ou causés par l’usage de mauvais outils, ou encore par des postures imprudentes. Les problèmes que la prévention essaie de contenir sont « techniques ». En cela, elle est à distinguer des mesures sanitaires et sociales qui visent à améliorer et développer l’équipement de soins, créer des établissements, gérer des structures de protection maternelle et infantile. Des clichés accompagnent ces différentes évocations, montrant des ambulances neuves, des machines électroniques, des infirmières s’occupant de bébés.
Une séquence est dédiée à l’institut de prophylaxie dentaire infantile à Paris. Un plan sur le panneau municipal de la rue du Faubourg du temple indique sa situation. Un panoramique dans un vaste hall montre des rangées de fauteuils dentaires sur lesquels des enfants ont pris place et autour desquels les dentistes s’activent. La caméra s’immobilise sur un bureau placé au centre de l’espace, où les enfants vont se signaler et depuis lequel ils sont dirigés. Plan sur un des sites de soins, une dentiste s’adresse à l’enfant qu’elle soigne : « T’es mignon, t’es adorable ! Est-ce que ça t’a fait mal ? » L’enfant dont elle continue de fouiller la bouche esquisse un signe négatif de la tête. Elle finit de répondre pour lui : « Non, tu n’as rien senti ! ». La séquence se termine sur une leçon de brossage de dents qui se déroule dans une autre pièce. L’infirmière explique, les enfants s’appliquent. Autre séquence dans un « camion de dépistage de la sécurité sociale ». Dans l’habitacle aménagé, une infirmière remplit la fiche administrative d’un homme qui se tient auprès d’elle. Il lui indique qu’il est maçon. Elle le mène à une cabine de prises radiographiques, lui donne des instructions pendant la séance. Les plans durent, retrouvant leur fonction d’évocation de situations types. (23 : 01).
Les dépenses
Intervention de la présentatrice qui retourne à ses pompes. « Les dépenses de la Sécurité sociale sont couvertes par les cotisations versées par les salariés, les employeurs, les travailleurs indépendants et « les automobilistes ». Pierre Laroque précise : en France, le système de financement ne repose sur l’impôt que pour des régimes particuliers (régime agricole, régime des mines). Il s’élève contre les critiques qui déplorent le financement excessif de la Sécurité sociale. « En définitive, l’argent versé et redistribué ne sort pas de l’économie du pays. » C’est une redistribution « bénéfique pour l’économie du pays : l’argent est donné à des hommes ou des familles qui les dépensent ; cela permet aussi aux malades de ses soigner, c’est l’entretien du capital humain qui est assuré à travers la Sécurité sociale. » Laroque conclut : « Au fond, la Sécurité sociale s’analyse en une redistribution d’une fraction du revenu national réalisant une solidarité entre les actifs et ceux qui sont involontairement inactifs. Je crois que c’est cela la philosophie de toute l’institution. » Cette philosophie suppose un principe de solidarité acquis dans l’ensemble de la population : un point de vue qui épouse la cause des employés. Dans Question de solidarité réalisé en 1982, nous voyons que ce principe est, de la part des patrons, en particulier des petits, mis en balance avec la nécessité de rester compétitif grâce à un personnel stable et la limitation des cotisations pour pouvoir mieux garantir la poursuite de l’activité (27 : 24).
Le film se conclut sans transition par une séquence d’animation qui explique le principe du « mandat Colbert » comme moyen de paiement propre au système de la Sécurité sociale (voir la partie « Contexte »).
Supplementary notes
Madeleine Jaussaud, auteure de La sécurité sociale, a également écrit le film Vers la sécurité sociale dans la même série "Législation du travail" (1971, OFRATEME, réal. Albert Gokelaere) disponible en ligne sur gallica.bnf.fr
References and external documents
"Circulaire re : Mandats Colbert" 25 juin 1974, Document d'archive du CNAMTS, URL : https://www.mediam.ext.cnamts.fr/ameli/cons/CIRCC/CC7406/740625-A.PDF
Jabbari, Éric. « Pierre Laroque et les origines de la Sécurité sociale », Informations sociales, vol. 189, no. 3, 2015, pp. 12-19.
Grévisse, Suzanne, "Pierre Laroque" universalis.fr, URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/pierre-laroque/
Ramelet, Jean-Pierre, "Mécanographie", Mémoire du travail à la sécurité sociale, URL : http://www.memoiredutravailalasecuritesociale.org/fr/page/58/mecanographie
Valat, Bruno, "Pierre Laroque et la Sécurité sociale" Lettre d'information de la Comité régional d'histoire de la sécurité sociale n°2 (2001), pp. 1-12, URL : http://www.histoiresecump.fr/publications/lettre_crhmp_2.pdf
Contributors
- Record written by : Joël Danet, Thomas Berthol
- 2 Traducteurs_vers_anglais : Sherry Stanbury
- Subtitles English : Élisabeth Fuchs, Julie Manuel