La médecine pénitentiaire (1965)

De Medfilm



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Titre :
La médecine pénitentiaire
Série :
Année de production :
Pays de production :
Durée :
71 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 8 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

« Une émission de Igor Barrère et Pierre Desgraupes »

Générique de fin :

« Une émission de Igor Barrère et Pierre Desgraupes. Présentée par Pierre Desgraupes. Cameramen : A. Bieth, R. Fontana, D. Minier, P. Silve, G. Theurier. Ingénieur de la vision : Jean-Marie Castaing. Ingénieur du son : Henri Delagnes ; Directeur de la photographie : André Villard. Assistant : Roger Sciandra ; Script-girl : Michèle Bacon ; Réalisation Igor Barrère »

Contenus

Sujet

La médecine pénitentiaire et le rôle des médecins en prison.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

La prison de Fresnes est dotée d’un hôpital qui accueille des détenus de toute la France, y compris des services pour les détenus mineurs et les détenues mères de jeunes enfants. Des interviews de prisonniers et de médecins éclairent le rôle de ces derniers dans le système pénitentiaire, entre soins et réhabilitation.

Contexte

À partir de la fin du XIXe siècle, les médecins et psychiatres deviennent des membres à part entière du personnel des prisons. Ils prennent des mesures sur le physique des prisonniers et les interrogent. La criminologie se développe lentement à partir de ces données médicales. Cesare Lombroso, titulaire d’une chaire de médecine légale à Turin, publie en 1876 L’homme criminel qui établit une typologie du criminel. Il décrit son physique et son psychisme. Il croit au caractère inné de la criminalité. D’autres pensent que le crime est une maladie sociale. Le Code pénal français déclarant qu’un dément n’est pas responsable de ses crimes, le milieu médical est mobilisé pour définir la démence et les états mentaux rendant des hommes irresponsables.

Le système pénal français connaît de grandes évolutions après la Seconde Guerre mondiale. Selon les “Principes formulés en mai 1945 par la commission de réforme des institutions pénitentiaires françaises”, le but premier de la peine de prison est la réinsertion. Cette évolution conduit à la “réforme Amor”, prenant le nom du directeur de l’administration pénitentiaire française de l’époque. Le traitement du prisonnier doit être humain, adapté à son crime et à sa personnalité. On supprime les pratiques jugées dégradantes comme le port obligatoire de sabots, le port des fers pour les condamnés à mort,… On autorise les détenus à acheter des revues et à fumer. Cependant des mutineries de détenus ont lieu jusqu’en 1948. Le sanatorium de Liancourt est créé en 1947, le centre d’observation psychiatrique à Château-Thierry en 1950 pour accueillir les détenus les plus problématiques. Des annexes psychiatriques sont ajoutées dans de nombreuses prisons, surtout dans un but d’observation par les criminologues des détenus les plus perturbés. La fonction de juge d’application des peines apparaît en 1958 pour individualiser les peines par un suivi des condamnés.

Au début des années 1960, les bâtiments pénitentiaires sont jugés vétustes et ne peuvent accueillir les jeunes détenus dont le nombre est en augmentation. Le gouvernement, après avoir fait intervenir la Croix Rouge dans les prisons, augmente les personnels sociaux et médicaux dans l’administration pénitentiaire.

La prison de Fresnes, construite à la fin du XIXe siècle, voit construire à la fin des années 1950 un établissement expérimental pour les jeunes condamnés, dont les autorités prévoient une augmentation importante. En 1956 est créée une infirmerie psychiatrique annexe à la prison. Cette prison devient également un endroit important de la répression politique, notamment avec l’emprisonnement à Fresnes de membres du Front de Libération Nationale lors de la guerre d’Algérie. L’augmentation des personnels de prison conjuguée à la fin de la guerre d’Algérie permettent de baisser la population carcérale de la prison de Fresnes.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Oui.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film se concentre sur les interviews des médecins de prison et utilise les témoignages de détenus pour étayer leurs propos. Bien que les visages des prisonniers soient cachés, ces derniers sont écoutés et montrés comme des hommes ayant des problèmes médicaux, sociaux et émotionnels. Le film dirige le regard des spectateurs vers les médecins et les patients, et les sensibilise aux émotions et à la capacité de réflexion qu'exprime l’intonation de leurs voix.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

La santé et la médecine sont présentées comme un droit des prisonniers et comme un outil de réhabilitation. La délinquance est traitée comme une maladie sociale, et parfois psychiatrisée. Les médecins ne sont pas uniquement des soignants. Ils doivent trouver et traiter un problème dans la personnalité même du détenu. Il s’agit de trier les détenus selon la possibilité ou non de leur réhabilitation, et de les traiter par des examens, un suivi individualisé et des thérapies.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Télévision

Communications et événements associés au film

Public

Grand public

Audience

Descriptif libre

Introduction

Extérieur nuit. Un gardien entre dans une prison. Suivi par la caméra, il passe devant le bureau d’un de ses collègues qui se lève pour appuyer sur le bouton déverrouillant une grille. Il ouvre celle-ci, la referme après son passage et s’engage dans un couloir. Zoom avant. Il ouvre une porte et passe devant une rangée de cellules. Filmé en plan américain, il arrive devant l’une d’entre elles, regarde à travers le judas de la porte, met la clef dans la serrure, déverrouille celle-ci et l’ouvre. Après avoir jeté un bref coup d’œil à l’intérieur, il la referme, la verrouille à nouveau et repart. Le gardien arrive devant une autre porte, l’ouvre et entre dans la pièce. Une infirmière s’y lave les mains. En voix off, Pierre Desgraupes indique qu’il s’agit du bloc opératoire « ultra moderne » de l’hôpital central de la prison de Fresnes, ce qui n’a rien d’étonnant, selon lui : la population carcérale française représente celle d’une ville « de moyenne importance ». [02'11]

L’inspecteur général des services de santé de l’administration pénitentiaire confirme qu’il y a en France 30 000 détenus, groupés dans 180 prisons. Il précise que l’hôpital de la prison de Fresnes accueille tous les détenus de la région parisienne et les condamnés « de toute la France » avec 350 lits à disposition et qu’il y a eu « l’année dernière 2 500 admissions, 11 000 journées d’hospitalisation et 487 interventions chirurgicales ». Il ajoute que d’autres établissements existent à Liancourt pour les vieillards, à Pau pour les asthmatiques et les emphysémateux « non-tuberculeux », à Eysses, Nîmes et Poissy pour les handicapés et à Château-Thierry et Haguenau pour la psychiatrie. Pierre Desgraupes pose alors la question de la protection sociale des prisonniers et de leurs familles. L’inspecteur répond que ceux-ci n’ont plus droit à la Sécurité Sociale, ce qui ne porte pas à conséquence car ils sont soignés « gratuitement », et que leurs proches sont aussi pénalisés, ce que le journaliste estime « un peu » injuste. Les deux hommes évoquent ensuite les soins dans l’hôpital, qui sont pour la plupart habituels à tous les établissements analogues, tout en présentant quelques spécificités dues aux particularités des patients et des conditions d’hospitalisation. [04’40]

Le service de chirurgie

Assisté par son personnel, le médecin-chef de la prison de Fresnes effectue une opération chirurgicale ; il demande « un petit peu d’éther ». La caméra montre le patient allongé sur la table. Tandis que le médecin-chef se débarrasse de ses équipements de protection avec l’aide d’une infirmière, Pierre Desgraupes, placé de trois quarts dos gauche par rapport à la caméra, le questionne sur l’opération qu’il vient de pratiquer. Le médecin, qui se lave les mains, répond qu’il s’agit d’une hernie inguinale « tout à fait banale ». Tandis que l’infirmière sort de la pièce et referme la porte, il précise qu’il s’agit d’une chirurgie « courante » destinée à des prisonniers vieillissants, en l’occurrence un « brave homme de soixante ans » condamné à « trois ans de prison pour coups et blessures volontaires ». Bref retour à la table d’opération où un jeune médecin effectue une chirurgie. Le médecin-chef indique qu’il y a en prison des maladies « de tous les jours » qui existent aussi à l’extérieur mais aussi des maladies spécifiques comme les ulcères duodénaux. Second retour à la table d’opération. Gros plan de trois quarts droit face. À Pierre Desgraupes qui demande la raison de la fréquence de ces ulcères, il répond que la nervosité due au choc du placement en détention, accentuée par les conditions de celle-ci, en est la cause. Nouveau retour à la table d’opération puis gros plan identique au précédent. Pierre Desgraupes ayant posé la question de l’existence de maladies propres, il ajoute aux ulcères duodénaux les « faux cardiaques » et le « corps étranger ». [08’02]

Le médecin-chef présente à Pierre Desgraupes plusieurs radiographies de ces corps étrangers qui, dit-il, « cheminent admirablement » : « une lame de couteau associée à un certain nombre de clous » finalement rejetés par l’organisme, « une réglette », d’abord dans l’estomac puis dans le colon, « un verre introduit dans le rectum », une « petite pluie de ferraille » et une lame de rasoir. Pierre Desgraupes demandant les raisons de tels agissements chez les détenus, le médecin-chef lui présente l’un de ceux-ci. L’objectif de la caméra se déplace sur un homme détenu depuis dix-huit mois pour vol et qui dit avoir avalé « huit cuillères ». Il ne sait expliquer à Pierre Desgraupes les raisons de son acte autrement que par une difficulté à supporter sa détention. Cette souffrance est, précise-t-il, indiquée dans ses « rapports psychiatriques ». Lui-même nie faire cela pour aller à l’hôpital mais ne sait plus pourquoi il a commencé. Cela ne joue d’ailleurs aucun rôle dans ses relations avec ses codétenus. « Je n’ai jamais fait de compétition », conclut-il. [12’18]

Le médecin-chef présente une autre radiographie montrant des corps étrangers « sérieux ». Il prend une petite boîte en fer où se trouvent ceux-ci et les en retire pour les déposer dans un petit bac, tout en les énumérant. Il montre ensuite une photographie de « l’inventaire ». Un document « amusant » selon lui, car il est possible de retrouver ces objets sur la radiographie du détenu. Il précise que ce dernier a subi une intervention, car il ne pouvait être laissé avec ce qui représentait « un certain poids » dans son organisme, et qu’il s’agit d’un récidiviste qui a été « confié » au psychiatre.

Pierre Desgraupes aborde ensuite la question des mutilations. Le praticien reconnaît qu’il y en a « malheureusement » souvent. Il enlève sa tenue de chirurgien et présente une radiographie d’un fil de fer qu’un détenu s’est introduit et qui l’a mutilé. Il expose ensuite le cas d’un « garçon de 40 ans à peu près qui, un beau matin, a décidé de se supprimer ». Il montre le « poinçon » que ce détenu s’est enfoncé dans l’aire précordiale gauche avant de le planter à la verticale sur son lit et de se jeter dessus, dans la région hépatique. Bref gros plan de profil droit puis retour au plan rapproché taille. Le médecin-chef montre comment, n’arrivant toujours pas à mettre fin à ses jours, le détenu s’est ensuite introduit le poinçon au niveau de la région temporale droite. Il présente ensuite les radiographies de face et de profil du crâne de ce prisonnier qui, toujours vivant, a fini par lui être amené et souligne qu’aucune lésion ni détérioration du système nerveux central n’a été constatée. « On pourrait presque dire qu’il s’est pratiqué lui-même une lobotomie ». [17’06]


La psychiatrie en prison

Plan moyen. Filmé de trois quarts dos droit, Pierre Desgraupes s’entretient avec un psychiatre assis à son bureau et lui pose la question de la normalité des détenus qui avalent des objets et se mutilent. Zoom avant lent et plan rapproché poitrine. Celui-ci lui répond qu’il s’agit d’une réaction violente à leur situation : une incarcération perçue comme injuste et une confrontation brutale avec le monde de la prison et ses contraintes d’isolement et de promiscuité qui peut le conduire au suicide. [19’20]

Plan d’ensemble en contre-plongée, à travers les barreaux d’une cellule. Face caméra, Pierre Desgraupes et un autre psychiatre sont assis face à un détenu sur le lit de la cellule. Le journaliste lui demande depuis combien de temps il est là et ce qu’il a fait. Le prisonnier répond qu’il est incarcéré depuis 18 mois pour « vol qualifié ». Plan moyen, face au détenu dont le visage reste dans l’ombre (Pierre Desgraupes et le psychiatre sont visibles de dos) puis retour au plan en contre-plongée à travers les barreaux. La caméra se concentre plus particulièrement sur Pierre Desgraupes qui demande au détenu s’il est là pour la première fois. Celui-ci répond qu’il en est à sa troisième détention. Il fait part au journaliste de son dépaysement lors de sa première incarcération et avoue avoir fait une tentative de suicide en s’ouvrant les veines. Gros plan de face puis retour au visage de Pierre Desgraupes qui répète ce qu’il vient de dire et demande à connaître les raisons de son geste. Retour au gros plan du visage du prisonnier dont les traits se dessinent mieux. Il dit avoir eu le cafard, se sentir seul, sans nouvelles de sa famille. Le psychiatre intervient : « – vous avez des enfants ? – Oui, une fille ». Retour au visage de Pierre Desgraupes. « Personne ne vous écrivait plus », dit-il. Le prisonnier confirme. Plan rapproché taille. Le détenu est toujours dans la pénombre et la psychiatre est partiellement visible de dos au premier plan. Il lui pose plusieurs questions pour en savoir plus. Plan rapproché taille à travers les barreaux puis à nouveau plan dans la pénombre du psychiatre et du détenu. Celui-ci dit qu’il n’y avait plus personne à qui parler. « Les gardiens ne vous parlent pas ? » demande Pierre Desgraupes. Il répond que ceux-ci se contentent d’ouvrir et de refermer les portent des cellules. Alternance de plans rapprochés poitrine à travers les barreaux de la cellule et de gros plans dans la pénombre. Le journaliste cherche à savoir comment l’idée lui en est venue. Le prisonnier, dont les traits peuvent maintenant être bien distingués, répond qu’il y avait déjà pensé quinze jours auparavant et que cela lui revient « le soir après la fermeture ». Il précise avoir quatre co-détenus dans sa cellule. Le journaliste en déduit qu’il y a pensé tout seul sans en parler à quiconque, ce que l’incarcéré confirme, et remercie celui-ci. [21’28]

À nouveau, plan rapproché poitrine du premier psychiatre dans son bureau. Lui et Pierre Desgraupes, qui est hors champ, parlent de l’acclimatation des détenus à la vie en prison. Il apparaît que, malgré le travail qui leur est demandé, ils finissent par se croire malades. Ils vont voir le médecin ou le chirurgien, et laissent souvent ceux-ci perplexes devant ce qui apparaît surtout comme un syndrome psychosomatique. [23’10]

Dans un dortoir, un médecin en blouse blanche est penché sur un patient allongé dans un lit et qui a relevé son pull. Tout en lui palpant le thorax, il lui demande ce qui ne va pas. Celui-ci explique qu’il vient à cause de son estomac : il dit ne plus rien pouvoir plus manger depuis « 45 jours », rendre tout ce qu’il avale. Le docteur se redresse et demande au détenu s’il a des douleurs. Celui-ci répond par l’affirmative mais précise aussi remanger depuis une semaine. Présent en hors-champ, Pierre Desgraupes demande au médecin si ce prisonnier souffre organiquement de quelque chose. Le praticien répond par la négative et indique que ce patient a déjà fait « deux épisodes de ce genre » et a été « vus sous tous les angles ». Il s’agit selon lui de troubles fonctionnels qui ne sont pas de sa compétence. [24’18]

Pierre Desgraupes, toujours hors-champ, demande au psychiatre en paraphrasant Molière s’il s’agit d’un « malade imaginaire ». Le spécialiste répond que cela est un peu excessif mais que des prisonniers peuvent exagérer leurs symptômes pour aller à l’hôpital. C’est alors au médecin de séparer le réel du stimulé. Zoom arrière et plan moyen. Les deux hommes parlent ensuite des détenus qui sortent de prison. Le psychiatre souligne qu’ils ont hâte de sortir mais que, paradoxalement, ils ont également peur de quitter une vie à laquelle ils sont habitués pour se confronter à nouveau aux « nécessités de la vie », notamment la recherche d’un hébergement et d’un travail. Cela peut provoquer chez certains d’entre eux à un « vertige de la sortie ». Zoom avant et à nouveau plan rapproché poitrine. À la question de Pierre Desgraupes sur les autres réactions des détenus, le psychiatre évoque celle relative non pas à leur peine mais à leur délit : ils se sentent coupables. Le rôle de la médecine pénitentiaire est alors d’observer ces réactions, en particulier chez les prévenus, pour adapter la peine et éviter que la prise de conscience du crime ou du délit commis n’aboutisse à des états dépressifs voire « beaucoup plus graves », même si cela reste rare. [27’13]


La personnalité du délinquant

Plan rapproché poitrine de face. Pierre Desgraupes introduit une nouvelle séquence sur le rôle des médecins et des psychiatres en prison. Il explique que leurs spécificités résident dans l’étude et parfois le traitement du détenu dans sa qualité de délinquant. Ils doivent s’intéresser à sa personnalité et à ses conditions de vie, et se faire criminologistes. Desgraupes se tourne vers un autre médecin psychiatre assis avec lui à une table. Celui-ci affirme que ce genre de praticien, d’un type nouveau et peu structuré, a pour tâche essentielle de pénétrer le délinquant, le crime ou délit n’étant que le symptôme d’un mal plus profond, afin de discerner ce qu’a été le détenu avant cet « entracte » et ce qu’il deviendra ensuite. Ils ne sont pas observateurs mais initiateurs d’un traitement des détenus « à l’échelle de l’homme ». Pierre Desgraupes introduit la séquence suivante où sera étudié le « passé d’un délinquant ». [29’40]

Le second psychiatre se tient de trois quarts dos droit par rapport à la caméra. En clair-obscur face à lui et à la caméra, un homme de 41 ans détenu depuis trois ans pour le « meurtre passionnel » de sa fiancée. Au journaliste qui lui demande les raisons de ce meurtre, il explique que leur différence d’âge était « assez prononcée » et qu’elle était « d’un tempérament ardent ». Il dit avoir eu une obsession croissante au fil du temps jusqu’à être convaincu de son impossibilité à la « rendre heureuse ». La caméra revient parfois à un gros plan, à travers les barreaux de la cellule, du visage du psychiatre éclairé par la lumière, alors que celui du détenu reste dans la pénombre. Ensemble, ils reviennent sur son enfance de celui-ci, qui dit avoir été timide et craintif au contact des autres et avoir appréhendé avec pessimisme les « passages difficiles » de la vie comme le certificat d’études, la première communion ou le baccalauréat. Au médecin qui lui en demande un exemple, il raconte que, lorsque des jeunes filles en pension passaient devant la porte de sa maison accompagnée de leur pionne, il rentrait à l’intérieur par timidité. Toujours à la demande du médecin, il évoque brièvement son premier mariage qui n’a tenu que quelques années et les problèmes sexuels qu’il a connus à ce moment-là. Ils reviennent ensuite à cette jeune fille, dont le détenu dit qu’il s’en est très vite « amouraché » d’abord sentimentalement puis de manière « plus érotique » jusqu’à en être « obnubilé ». Il a alors eu un sentiment d’échec qui l’a « beaucoup ébranlé » sur la fin. Il a vécu toute une nuit d’insomnie avant de vider tout un flacon de tranquillisants. Il a cherché sans succès à obtenir un rendez-vous avec un psychiatre et « le drame a eu lieu quatre jours plus tard ». [33’40]

Nouveau gros plan à travers les barreaux de la cellule puis retour au plan moyen dans la pénombre. À Pierre Desgraupes qui lui demande quand est-ce qu’il a eu l’idée de la tuer, le détenu répond que cela lui est venu dans les « dernières minutes » précédant l’acte sous l’effet d’une perte totale de sens des réalités. Cet acte, qu’il a commis dans son véhicule à dix heures du soir, a engendré chez lui un désarroi et un effondrement total. Après avoir pleuré « une heure ou deux » et avoir placé le corps dans le coffre, il a pris au hasard la route de Lyon. Puis, après un arrêt pour replacer le cadavre sur le siège passager, il a parcouru « 150 à 200 kilomètres » en pleine nuit. À un moment, il n’a pas supporté le contact du corps inerte de sa victime et s’est arrêté pour le déposer dans un fourré. Il a ensuite continué jusqu’à Lyon où il a « repris contact avec la réalité ». Insistant sur sa conduite « incohérente », il relate avoir pensé à sa fille, s’être acheté des lames de rasoir, être remonté en voiture « vers le Jura » où il s’est enfoncé dans la forêt pour se taillader les veines, sans succès, avant de finir par se constituer prisonnier dans une gendarmerie. Le psychiatre lui demande s’il n’a pas éprouvé un soulagement. Le détenu reconnaît sa jalousie et l’apaisement que lui ont apporté ces événements. Plan d’ensemble à travers les barreaux. Pierre Desgraupes revient sur le « vertige de la sortie ». Le médecin compare un prisonnier sortant de prison à un malade sortant d’hôpital psychiatrique. Selon lui, les détenus trouvent la paix en prison et il propose de laisser l’un d’entre eux s’exprimer. [38’58]

Retour dans la même cellule mais avec un autre détenu. Le journaliste et le médecin sont face à un détenu en prison depuis cinq ans et doit sortir « le 15 décembre 1967 ». Bref plan rapproché poitrine à travers les barreaux. Le psychiatre esquisse un sourire. Gros plan dans la pénombre. Les traits du détenu peuvent être nettement distingués. Il indique en être à sa quatorzième condamnation et raconte qu’à l’âge de neuf ans il a quitté ses parents, dont il était le sujet de discorde, pour être placé dans des fermes par ses grands-parents. Il s’en est échappé pour retourner chez eux. Il a été condamné pour la première fois à seize ans pour avoir jeté un seau d’eau sur sa grand-mère lors d’une crise de nerfs. Retour au plan rapproché poitrine du psychiatre à travers les barreaux. Il demande au détenu ce qui s’est passé. A nouveau gros plan dans la pénombre. Celui-ci répond qu’il a été libéré puis à nouveau été emprisonné. Il s’est alors évadé et a volé un appareil photo à un Américain en 1949. Interné dans un asile, il a ensuite été ramené en prison où il est tombé malade. Il dit avoir alors découvert la bonté grâce à deux infirmières qui lui ont porté « les premières fraises, les premières cerises ». Bref retour au plan rapproché poitrine du psychiatre puis à nouveau au gros plan dans la pénombre. Le médecin demande au prisonnier si cela n’a pas entraîné une modification dans son comportement. Celui-ci répond qu’auparavant, il commettait ses délits avec la certitude d’aller en prison et il lui arrivait de se dénoncer pour des faits qu’il n’avait pas commis afin de rester en prison. Coupure. Pierre Desgraupes lui demande alors où il en est aujourd’hui. À nouveau plan rapproché poitrine à travers les barreaux puis gros plan dans la pénombre. Le journaliste écoute le détenu lui livrer son témoignage. Il répond avoir rencontré quelqu’un qui a « fait beaucoup » pour lui. Il a eu un suivi psychiatrique très assidu pendant deux années et il pense pouvoir vivre en homme libre s’il est aidé après sa libération. Sa femme fait des sacrifices et aimerait qu’ils vivent ensemble mais, selon lui, il y a une incompréhension car elle croit qu’il la protège alors que cela devrait être le contraire. [43’12]

Retour à la table où Pierre Desgraupes et le second psychiatre étaient assis. Le journaliste lui demande si son travail doit nécessairement se terminer « à la sortie de la prison ». Celui-ci répond que l’action thérapeutique ne peut être entamée que si elle se poursuit à la sortie de l’individu. Or la date de celle-ci est du ressort de la justice et des peines qu’elle inflige. Desgraupes demande si les détenus ne sortent pas « trop tard ». Le médecin reconnaît que le « temps pénitentiaire » n’est pas le « temps thérapeutique » et que leurs patients ressortent alors que rien n’est préparé. Il considère que la médecine pénitentiaire et la criminologie clinique doivent créer des organismes hors des prisons pour réinsérer professionnellement et socialement les anciens détenus en continuant l’action entamée durant la détention. [44’41]


Le cycle de la vie en prison

Un gardien regarde à l’intérieur d’une cellule par le judas de la porte, ouvre celle-ci, la referme et continue sa ronde, dos à la caméra et en s’éloignant de celle-ci. Coupure. Gros plan de trois quarts face droite. Le premier chirurgien vu dans le reportage revient à l’image. Pierre Desgraupes évoque avec lui l’accompagnement des condamnés à mort « jusqu’au dernier moment ». Visiblement ému, le chirurgien confirme avoir accompagné deux hommes à l’échafaud. Ne voulant pas s’attarder sur ce sujet, il dit se souvenir avant tout de leur courage. Il trouve douloureux de devoir accompagner des gens vers la mort alors qu’il veut sauver des vies. Le journaliste aborde ensuite la question des naissances en prison. Gros plan de face. Le chirurgien mentionne l’existence méconnue d’un service de maternité. Les enfants restent dix-huit mois avec leur mère puis sont emmenés par les services sociaux, ce qu’il considère comme « effroyable » et nécessitant une solution. Il indique qu’il y a eu trente-deux accouchements au pavillon René Leriche en 1965. [47’02]

Plan fixe, zoom avant jusqu’à un plan moyen, zoom arrière et plan panoramique. Une religieuse ouvre la porte d’une salle où une mère détenue est en train de langer son enfant. Celle-ci lui remet le bébé. La nonne le dépose un instant dans un berceau puis le reprend pour le remettre sur la table à langer. Elle sort ensuite de la pièce, reforme la porte et marche dans le couloir jusqu’à la prochaine cellule. En voix off, Pierre Desgraupes présente le pavillon René Leriche où accouchent les détenues enceintes et où les nouveau-nés sont gardés « quelques mois ». L’inspecteur général des services de santé de l’administration pénitentiaire, déjà interviewé au début du film, précise que la cellule montrée ici est l’une de celles de la salle d’accouchement et que des conseils sont donnés par la religieuse à la détenue. [47’55]

Plan fixe, léger zoom avant jusqu’à un plan d’ensemble. À travers le judas d’une porte de cellule entrouverte peut être distingué une détenue à laquelle sa petite fille dit « Maman ». La silhouette du journaliste se dessine sur la porte. Il ouvre celle-ci, entre dans la pièce et s’assoit face à la détenue, elle-même assise avec son enfant sur les genoux. Il la salue et lui demande l’âge et le prénom de sa petite fille, puis les raisons de sa détention. Son bébé aura « dix-huit mois dans dix-huit jours », s’appelle Marie-Reine et est née à la prison où elle-même est incarcérée pour le meurtre du père de celle-ci. Elle reconnaît avoir tué mais précise qu’il n’y avait pas préméditation et attend maintenant son passage en cours d’assises, sans savoir quand. Zoom avant accentué jusqu’à un plan rapproché taille. Sa petite fille lui sera enlevée « le 9 novembre », car sa famille ne veut pas s’en occuper, sa grand-mère notamment n’ayant pas les moyens financiers pour cela. Elle sera donc placée dans une institution pour enfants de prisonniers. Au journaliste qui lui demande si ne pas savoir quand elle reverra son enfant constitue un problème, elle répond par l’affirmative d’une voix sourde, marquée par l’émotion. Il la remercie, se lève, serre le poignet gauche du bébé qui lui sourit. Zoom arrière. Il sort de la cellule dont la porte se referme derrière lui. Le judas, toujours ouvert, permet d’apercevoir un moment la petite fille. [49’31]


Les jeunes détenus

Pierres Desgraupes se tourne vers la caméra et explique que le cas des jeunes détenus nécessite une présence permanente du médecin de prison. Le domaine de la délinquance juvénile offre de plus grandes chances de succès à une « société raisonnable » qui cherche à voir en la prison un traitement et non plus un châtiment. Les jeunes peuvent en effet être plus facilement récupérés que des gens « déjà âgés et déjà formés ». Plan d’ensemble, le journaliste est assis à la même table qu’auparavant avec le deuxième psychiatre. Il a face à lui un nouveau médecin auquel il demande de définir son rôle. Plan moyen. Celui-ci explique que sa tâche consiste essentiellement à trier, du fait des multiples causes de la délinquance juvénile. Les jeunes ne sont pas tous des « mauvais à punir » ou des « malades ». Gros plans de profil droit puis de face. Le journaliste en déduit que les uns doivent être distingués des autres. Le médecin confirme et précise qu’une observation normale par le psychiatre et son équipe doit permettre de déceler chez eux des problèmes sociaux, éducatifs ou médicaux, ces derniers pouvant être organiques ou psychologiques. Il faut différencier la crise d’adolescence et une psychose naissante. Le journaliste demande au médecin si la délinquance juvénile est en augmentation. À nouveau gros plan de face. Celui-ci répond affirmativement mais précise qu’elle reste proportionnellement constante. La population juvénile ayant doublé, il est normal que la délinquance juvénile fasse de même. Nouveau retour au plan d’ensemble puis au gros plan de face. Pierre Desgraupes demande alors si le délit lui-même n’a pas changé dans sa forme. Le médecin estime que l’évolution des habitudes sociales en est la cause et s’inquiète de l’augmentation de la violence. Bref retour au plan d’ensemble puis à nouveau gros plan de face. Au journaliste qui demande s’il est possible aux psychiatres et sociologues d’en établir les causes, il répond qu’ils s’efforcent d’en comprendre les ressorts dans le cas de délits mineurs. Retour au gros plan de profit droit sur le journaliste qui se demande si la société et son mode de vie n’en sont pas responsables. Nouveau gros plan de face sur le médecin qui pense le contraire mais est néanmoins frappé par une « attitude permissive » de celle-ci face à certains délits et choqué par la banalisation des vols. À nouveau, plan d’ensemble, puis gros plan de profil et de face. Pierre Desgraupes se demande si l’augmentation du besoin de confort et « d’argent immédiat » chez les jeunes n’est pas le corollaire du même phénomène chez les adultes. Le médecin confirme que cela est un facteur pouvant expliquer certains délits.

Le journaliste annonce l’interview de « deux jeunes délinquants » et demande au médecin qui ils sont. Celui-ci présente l’un comme membre d’une bande volant des voitures et l’autre comme un récidiviste qui illustre selon lui le problème de la prévention de ce phénomène. [56’16]

Le médecin et le journaliste sont assis avec un jeune délinquant dont le visage est caché dans la pénombre. Il a 17 ans et a été condamné pour vol de voiture avec coups et blessures au propriétaire. À dix-sept dans une bande, ils ont volé une centaine de voitures. Lui-même en a dérobé « une vingtaine ». Ils utilisent ces véhicules pour se promener et les abandonnent quand il n’y a plus d’essence. La bande s’est constituée dans des cafés avec pour objectif le vol de voitures. Sur les dix-sept membres, deux sont des filles. Le psychiatre précise que c’est la « proportion habituelle ». Desgraupes reprend son entretien avec le jeune. Celui-ci travaillait dans une fabrique de lits depuis « un an et demi » mais le salaire ne lui convenait pas. Sa scolarité s’est arrêtée au Certificat d’Études Primaires. Selon ses dires, il n’a pas de chef dans cette bande dont tous les membres sont incarcérés. Il va au cinéma le dimanche mais rien ne l’intéresse, à part « la liberté ». Le journaliste lui fait remarquer qu’il n’est « pas gâté en ce moment » et lui demande si, seul, il aurait volé des voitures, ce que le jeune ne pense pas. Le psychiatre intervient pour souligner que beaucoup de bandes de délinquants sont composées d’individus qui commettent en groupe des délits qu’ils ne feraient jamais seuls. C’est selon lui un point essentiel de psychologie de groupe, qui « permet ce que l’individu ne se permet pas à lui-même ». S’y ajoutent des réactions de prestance, une volonté de ne pas se montrer « dégonflé » devant les copains. Pierre Desgraupes demande alors au jeune pourquoi il a frappé le propriétaire de la voiture. Il répond que c’est parce que celui-ci s’en était pris à l’un de ses copains qui avait des béquilles. Il l’aurait fait de toute façon. Le journaliste lui demande en insistant s’il regrette son acte. Le jeune répond que oui, car il aurait déjà été libéré s’il n’avait pas été violent. [59’38]

Retour au gros plan de face du psychiatre. Le journaliste lui demande si le jeune était sincère lorsqu’il disait regretter son acte. Selon le médecin, il regrette surtout « la liberté perdue ». Lui et son équipe doivent savoir s’il risque de récidiver. C’est un risque fort chez un jeune qui n’a pas un métier motivant et qui est par conséquent sans argent. À Pierre Desgraupes qui lui demande quel en est le mécanisme, le médecin lui propose d’examiner le cas d’un récidiviste. [60’31]

À nouveau, alternance de plans d’ensemble, de plans moyens et de gros plans de face et de profil. Les deux hommes sont face à un autre délinquant caché dans l’ombre. Il dit avoir « 16 ans et demi » et être condamné pour la quatrième fois. Il a d’abord volé de l’argent à un ouvrier, puis une « mobylettre » dans la rue. Il est maintenant en prison pour tentative d’effraction dans une cave. Le psychiatre intervient alors et lui fait expliquer sa situation familiale. Il n’a jamais connu son père et a porté le nom d’un homme dont il a ensuite appris qu’il ne l’était pas. Sa mère a divorcé de ce dernier car « ils se battaient tous les jours ». Il est ensuite allé dans un orphelinat avant que sa mère ne le reprenne et ne l’emmène à Paris « pour travailler ». Au médecin qui lui demande la raison de son premier vol et pourquoi il a récidivé, il répond qu’il n’a pas d’argent et que, sans cela, il ne peut pas acheter ce qui lui plaît. Pierre Desgraupes et le psychiatre se font moralisateurs et lui demandent si cela va durer « toute sa vie », et s’il ne pourrait pas s’installer et vivre normalement. Le jeune leur rétorque qu’il dort dans la cuisine. Au journaliste qui lui demande s’il travaillait, il répond qu’il a été dans une boucherie, une chaudronnerie et une menuiserie, mais que sa mère lui prenait sa paye pour qu’il ne dépense pas « tout d’un coup ». Le journaliste se tourne vers le médecin pour lui demander si la solution ne serait pas de lui laisser l’argent qu’il gagne. Son interlocuteur explique que ce problème est social et personnel puis, se tournant à nouveau vers le jeune, lui demande s’il est toujours cafardeux. Celui-ci répond que oui. Il est très seul et évite les relations qui pourraient l’entraîner à faire pire. Il n’a jamais de visites de sa mère en prison et sortira « le 29 novembre ». Le psychiatre indique qu’il va essayer de le placer dans un foyer avec un encadrement affectif, un logement et une recherche de travail, sous réserve de la décision du juge. Le jeune dit vouloir être tôlier. Ayant bientôt 17 ans, il pourra alors faire une « Formation Professionnelle Accélérée » Pierre Desgraupes demande si le suivi des mineurs continue après la sortie de prison. Le médecin répond que celui-ci se fait via des cabinets médicaux extérieurs rattachés au juge des enfants et qu’ils travaillent aussi avec le service de prophylaxie mentale de l’O.P.H.S. de la préfecture ce qui, pour un jeune ayant des tendances dépressives marquées comme celui-ci, peut être bénéfique. [64’30]


Conclusion

Dans un couloir de la prison, un surveillant fait sa ronde. Le journaliste retrouve le secrétaire général des services médicaux de l’administration pénitentiaire, maintenant en blouse blanche, dans ce couloir. En conclusion de cette visite, il lui rapporte son impression d’une médecine de plus en plus associée à l’exécution de la peine, mais encore trop spectatrice de la justice elle-même, et lui demande comment ce qu’il pense « de la justice et de son efficacité. Zoom avant jusqu’à un gros plan. Son interlocuteur reconnaît cette situation et, dans la mesure où la médecine est de plus en plus importante avant et après le jugement, il déplore qu’il ne soit pas appelé jusqu’au bout de la réinsertion du prisonnier. Il est utile mais aussi utilisé et son avis n’est que consultatif. Il espère qu’à l’avenir, les peines ne seront plus une punition mais un traitement des détenus. Mais, pour cela, il faut d’après lui que le médecin puisse aider le juge par ses conseils, voire contribuer à la fixation de la peine. Zoom arrière et retour au plan rapproché taille. Se tournant vers la caméra, Pierre Desgraupes indique que la médecine pénitentiaire fait l’objet d’un enseignement officiel à la Faculté de Médecine de Paris. [67’24]

Un professeur d’université est interviewé par le journaliste, lequel est hors champ et lui demande si la médecine pénitentiaire est enseignée dans les facultés d’autres pays. L’enseignant répond négativement et, à une nouvelle question sur cet enseignement, ajoute que celui-ci sera théorique, avec des notions d’administration pénitentiaire et de pathologie carcérale, et pratique avec des stages dans les prisons. Avec ce bagage, ceux qui suivront ce cursus seront selon lui de « bons médecins de prison ». [68’27]

Plan fixe. Retour sur les deux lavabos du bloc opératoire vu au début du reportage et filmé ici depuis le couloir. Zoom arrière et plan panoramique. Le gardien sort de la pièce et marche dans le couloir. Plan d’ensemble, zoom arrière et plan panoramique. Il arrive face à la caméra, referme une porte vitrée derrière lui, ouvre la grille et repasse devant son collègue. En voix off, Pierre Desgraupes conclut sur ce lieu au croisement de ces deux « misères humaines » que sont la prison et l’hôpital. Il pense y avoir compris que ce n’est pas un ghetto à l’écart du monde mais que c'est un « modèle réduit », une « arche de Noé à l’envers ». Fascinante et effrayante, elle est humaine mais pathologique et les médecins sont d’après lui « les mieux placés pour l’interpréter ». [69’25]

Générique de fin. Retour à l’extérieur nuit du début. Plan général. Le gardien quitte le bâtiment et sort progressivement du champ de la caméra.

Notes complémentaires

Références et documents externes

- CARLIER Christian, Histoire de Fresnes, prison “moderne” : de la genèse aux premières années, Paris, Syros, 1998

- FIZE Michel, Une prison dans la ville : histoire de la “prison modèle” de la Santé, 1867-2014, Paris, Buchet-Chastel, 2015

- MASMOUDI Wafa Harrar, “Le statut du détenu malade”, Droit, Santé et société, n°5-6, 2018, p.59 à 77

- MILLY Bruno, Soigner en prison, Paris, PUF, 2001

- MUCCHIELLI Laurent (dir.), Histoire de la criminologie française, Paris, L’Harmattan, 1995

- PETIT Jacques-Guy (dir.), Histoire des galères, bagnes et prisons, XIIIe-XXe siècles : introduction à l’histoire pénale de la France, Toulouse, Privat, 1991

- VIMONT Jean-Claude, La prison : à l’ombre des hauts murs, Paris, Gallimard, 2004

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Emmanuel Nuss, Juliette Reichenbach
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