L'hôpital aujourd'hui (1974)

De Medfilm



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Titre :
L'hôpital aujourd'hui
Série :
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
39 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :
Documents attachés :
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Générique principal

"CNDP"

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Film destiné à présenter le fonctionnement d'un hôpital moderne, son personnel et ses équipements.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Plongée dans le quotidien de l'hôpital Saint Antoine de Paris. Une séquence sur une intervention en salle de déchocage est suivie par des séquences tournées dans les couloirs et les différents services, ponctuées par des entretiens avec le personnel infirmier et médecin. Le film présente aux téléspectateurs d'une part la prise en charge d'un patient, quel que soit son cas, à Saint Antoine, d'autre part le travail du personnel soignant.

Contexte

Le film se situe ans après la grande réforme hospitalière de 1958, initiée par Robert Debré, qui aboutit la modernisation structurelle du système et la création des CHU qui combinent le soin, l'enseignement et la recherche.

Les hôpitaux après la Seconde Guerre Mondiale

Au début des années 1950, les hôpitaux comprenaient des dortoirs de 25 à 30 lits. Des patients atteints de diverses pathologies étaient parfois groupés pour les isoler des patients vivant leurs derniers instants. Face à ces conditions désastreuses d’hébergement, les malades rechignaient à fréquenter les hôpitaux sauf ceux qui étaient situés dans les villes sièges des écoles ou facultés de médecine et bien entendu les hôpitaux de Paris intra muros, car c’est là que s’exprimait la médecine de pointe servie par des Professeurs d’Université dont le temps se partageait entre les cours magistraux et l’hôpital le matin et la réception de la clientèle privée en cabinet libéral l’après-midi. Le soir, c’était les internes qui assuraient la contre visite des malades et quelques médecins résidents, c’est-à-dire salariés à demeure, pourvoyaient aux urgences. Pour accueillir la clientèle des assurés sociaux il fallait rénover les hôpitaux. S'ouvre alors la période d’humanisation des locaux par la suppression des salles communes et la création des chambres à 1 voire 2, et exceptionnellement 4 lits. C’est aussi l’effort de rénovation pour suivre le progrès médical avec la création de grands laboratoires communs à tout hôpital, supprimant en conséquence les petits laboratoires de service. La qualité des soins allait de pair avec la qualité d’hébergement.

Par ailleurs, encore au lendemain de la Seconde guerre mondiale, la médecine française souffrait de la distanciation entre la pratique médicale (en cabinet libéral) et la pratique hospitalière où le médecin passait quelques heures par jour et enfin l’enseignement où le professeur transmettait ses connaissances à des élèves qui n’étaient pas obligés de suivre des stages hospitaliers, excepté lorsqu’ils étaient reçus au concours de l’externat. (d'après : Clément, Jean-Marie. « Pour une histoire des réformes hospitalières », Revue d'histoire de la protection sociale, vol. 2, no. 1, 2009, pp. 103-117. )

Une nouvelle politique hospitalière

C’est le Professeur Robert Debré qui va décider son fils Michel Debré, tout nouveau Premier ministre de la Ve République de créer le concept de Centre Hospitalier Universitaire regroupant le Centre Hospitalier Régional dont la création était l’œuvre de la régionalisation à l’époque de l’État Français (1940-1944) et l’université médicale ou la faculté de médecine, sans cependant attenter à l’autonomie de chacun de ces établissements.

La création du CHU est précédée, sinon préparée, par trois ordonnances importantes. Celle du 11 décembre 1958, accompagnée du décret n° 58-1202, portant réforme hospitalière, fonde trois instances nationales ayant pour missions la conception de la nouvelle politique hospitalière et le contrôle de sa mise en oeuvre : la Commission nationale de l’équipement hospitalier, le Conseil supérieur des hôpitaux et le Conseil supérieur de la fonction hospitalière. Les commissions administratives des hôpitaux voient leurs membres passer de sept à neuf, dont trois représentant le conseil municipal. Dans les établissements de plus de 200 lits, les pouvoirs du directeur sont élargis à l’ordonnancement des dépenses et à la perception des recettes, pouvoirs jusque-là détenus par le président de la commission administrative. L’ordonnance du 13 décembre institue les coordinations des établissements de soins comportant une hospitalisation avec obligation de déclaration préfectorale pour la création de tout établissement de santé privé. L’ordonnance n° 58-1373 du 30 décembre fonde l’hôpital universitaire. Les dispositions concernant la création des CHU et la réforme des études médicales sont réparties entre le Code de l’éducation et le Code de la santé publique. L’idée directrice du Pr Robert Debré est d’unir par convention les grands hôpitaux publics et les facultés de médecine, tout en garantissant leur personnalité morale et leur autonomie financière. L’ordonnance est votée au cours du dernier Conseil des ministres de l’année 1958. La période est historique, puisqu’elle se situe entre la IVe République finissante et la Ve, dont la Constitution a été promulguée mais qui n’a pas encore de président officiel. La quasi-totalité des textes sont élaborés par le Comité interministériel présidé par Robert Debré.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film commence par des prises de vue d'une ambulance roulant à tombeau ouvert, des TGP sur le gyrophare, des plans caméra à l'épaule de l'intérieur de l'ambulance et du malade qui y repose : le téléspectateur est, dès le début, plongé dans une situation d'urgence. Le rythme du film évolue au rythme de la pression existante dans les services présentés. De cette façon, le public est impliqué dans le sujet puisqu'il ressent l'atmosphère qui règne dans ces lieux. De plus le titre, L'Accueil du malade, est une adresse directe au téléspectateur, lui proposant de découvrir ce qui peut l'attendre en cas d'hospitalisation. Ici, la télévision joue son rôle d'information, permettant au spectateur d'entrer là où seul il ne pourrait aller. Sans musique, avec une voix off assez ponctuelle, n'ayant pour toute bande-son que les bruits caractéristiques de ce type de structure, la façon de réaliser s'approche du cinéma direct. Enfin, le film insiste sur deux aspects contraires : l'intensité et la rigueur du travail dans l'hôpital, le doute et la fatigue qui gagne son personnel. Le naturel du tournage et du montage plonge le spectateur dans la réalité du quotidien hospitalier. Il est ainsi amené à écouter avec confiance la parole du personnel dans les séquences d'entretiens, comme si c'était lui-même qui posait les questions après avoir découvert la réalité de leur travail.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

En nous immergeant dans l’ambiance d’un hôpital, le film nous laisse entrevoir une technologisation de soins mais aussi une difficulté d’organisation de son espace. L’entretien avec les médecins fait percevoir une institution en crise, excessivement centralisée, de plus en plus sollicitée. Le film montre ainsi une institution en difficulté et des médecins prêts à en parler. Un état des lieux à vif qui annonce la démarche des films AIDES à propos de la prise en charge des malades du SIDA.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Télévision scolaire (en 1969, le taux d'écoute de la télévision scolaire est de 2 à 6%. En 1973, 1/3 des écoles bénéficient d'un téléviseur solaire. - revue "Éducation - Formation" n° e- 289 - déc. 2008)

Communications et événements associés au film

Public

Élève du secondaire

Audience

Descriptif libre

Introduction : arrivée en ambulance, soins d'urgence
Dans les rues de Paris, une ambulance se fraye un chemin parmi le trafic. GP gyrophare. Pas de musique. Travelling depuis la place du mort. Les mots “éveil” et “l'hôpital aujourd'hui...” apparaissent sur les prises de vues de la séquence : l'urgence de la situation (un blessé à soigner) ne permet pas au film de faire une pause pour le générique. On entre par la porte classique de l'hôpital Saint Antoine, on aboutit à l'un de ses bâtiments récents. Le commentaire commence : “Aujourd'hui, un jour ou l'autre, tout le monde peut se retrouver à l'hôpital. Cela peut commencer ainsi...” La voix est posée, le registre des phrases est soutenu, le style littéraire, imprimant une distance avec le sujet, invitant à analyser le propos en même temps qu'on le découvre, rappelle celui des documentaires de Resnais, Varda ou Franju. Des infirmiers roulent un brancard sur lequel une femme est allongée. Elle a été renversée par une voiture, elle est menée au service des Urgences nous explique la voix. “Premier contact : la salle de déchocage. Immédiatement, une machinerie énorme se met en marche”. Par un travelling serré sur le champ opératoire (les parties du corps de la femme blessée sur lesquelles on intervient, les bras des infirmiers à l'œuvre, les équipements mobilisés) détail des premiers soins : injection de sérum, respiration artificielle, analyse de sang, tension, radio. L'anonymat du patient est préservé, son visage est peu visible, sinon sa joue salie de sang. Le spectateur a l'impression d'assister à une situation réelle.
Dans l'agitation des soins, interview d'une infirmière
De même dans la séquence suivante qui nous emmène dans le hall d'accueil puis dans le couloir de gériatrie. Un médecin et une infirmière surgissent, l'infirmière ouvre la porte d'un bureau, la médecin soupire dans un coin du cadre. Toujours pas de musique, à la place, une ambiance sonore confuse. Une voix hors champ arrête l'infirmière dans son élan pour un entretien qui paraît ainsi impromptu. “Quelle est la nature du travail d'une infirmière dans un service d'Urgences?” Au moment où l'infirmière répond “C'est d'accueillir les malades pour des premiers soins et de les diriger par la suite”, deux infirmiers font irruption dans le champ en transportant une femme allongée sur une civière, laquelle vient s'inscrire parfaitement dans la diagonale du cadre : comme au moment du générique, le film se cale sur le rythme de l'activité médicale ; ici, il s'adapte aux perturbations qu'elle provoque dans le tournage.
Le service de réanimation
Accès au service des grands malades installé au premier étage. Le Pr Amstutz rappelle la vocation du service de réanimation en se tenant au chevet d’un homme enfoui sous une couverture, plongé dans le coma depuis qu’il est « tombé d’un échafaudage. » Il explique le fonctionnement d’un respirateur artificiel, puis, dans une autre chambre, celui d’un rein artificiel, machine dont on voit les cadrans et les nombreux tuyaux auxquels elle est reliée. Il ajoute : « Ce service dispose de moyens extrêmement perfectionnés pour le traitement des maladies graves. Bien entendu, il est très coûteux et dispose d’un personnel nombreux et qualifié. »Une femme âgée est examinée par un médecin pour sa hanche. Il analyse des planches radio, dicte à une secrétaire la prescription d’une intervention chirurgicale. Le commentaire, relayé par l’image, insiste sur la stricte observation des mesures de stérilisation, plans sur des instruments passant à l’autoclave. « Nous sommes loin du manque d’hygiène du XIXe siècle. » Les chirurgiens passent des vêtements « aseptisés », on les voit se laver les mains. Séq. d’anesthésie, « immense progrès de la chirurgie. » La réalisation s’appuie sur des points de vue variés, avec des plans assez brefs pour saisir l’activité multiple, depuis les visages des chirurgiens jusqu’au va-et-vient des infirmières.
Les soins et les jours
2e partie : « le malade à l’hôpital. » Trois infirmières arpentent un couloir. Dans une chambre, elles viennent ouvrir les volets et changer les draps. « 7 h du matin, la journée commence. » D’après le commentaire, nous sommes dans le service de chirurgie osseuse de l’hôpital Saint Antoine. Une infirmière manœuvre un plateau entre des lits. Premiers soins, puis « à neuf heures, le petit déjeuner. » Deux femmes âgées discutent échangent depuis leurs lits sur leur alimentation et leurs promenades. Plan rapproché sur une aide-soignante qui commente son métier : « Beaucoup de nursing, c’est nous qui sommes les plus proches du malade, on discute beaucoup. »
Visite du patron
(22.00) Un groupe de médecins en blouse blanche se rend d’une chambre à l’autre. « Un grand événement pour le malade : la visite du patron. » Après un examen rapide du patient, il donne son analyse à un auditoire attentif. Sa parole est rare, sur un ton d’évidence. « C’est quelqu’un qui comprend d’un coup d’œil, témoigne une patiente âgée, le visage en GP. Vous ne trichez pas avec lui, ajoute-t-elle, une lueur admirative dans le regard. » Une autre patiente, la quarantaine, tempère, affirmant qu’elle s’ouvre davantage à l’interne qui la visite quotidiennement, « on est moins impressionné. » Dans une salle de cours, le patron donne ses recommandations aux médecins qui lui exposent les cas dont ils ont la charge. (27.30) Une infirmière explique son métier, elle aussi parle de « nursing ». « L’après-midi est beaucoup plus calme, c’est un moment réservé aux visites de famille. » Dans une chambre, un patient échange avec des personnes qui se tiennent à son chevet, un autre écoute la radio, deux autres regardent la télévision. Il s’agit d’une chambre à quatre lits, « d’autres sont à deux lits. »
Rappel historique sur la structure hospitalière
(32.50) Travelling dans un couloir spacieux puis pano sur une façade moderne qui jouxte une façade classique. Le commentaire précise que la modernisation de l’hôpital Saint-Antoine a coûté très cher. Un autre hôpital en « cours de rénovation » : l’hôpital Tenon où il existe encore des salles communes « selon la conception du Moyen Âge ». Elles sont appelées à disparaître avant 1980. Plans rêveurs sur un plafond gris, des charentaises élimées au pied d’un lit. « L’hôpital, cependant, est de plus en plus équipé. Est-ce suffisant ? »
Le rapport au patient aujourd'hui : nouveaux enjeux, nouveaux débats
Entretien sur l’évolution du rapport au patient avec des médecins spécialisés dans la maladie du poumon. Le Pr Decroix : « La technicité est une nécessité de nos jours, mais rien ne remplace la qualité, le dévouement du personnel soignant. ». Le Dr Kompalitch enchaîne : « Le risque est de découper le malade en tranches pour ne voir chez lui que le cœur, l’estomac, ou le poumon, et d’oublier que c’est quelqu’un qui dit : ‘je souffre’ et pour lequel on doit avoir beaucoup d’attention. » En plan de coupe, on le voit au chevet d’un patient, s’enquérant de son état et de ses projets de convalescence. Retour à l’entretien. Le docteur commente l’excès d’occupation des hôpitaux : « Les médecins ont de plus en plus peur que le problème leur échappe et se rassurent derrière une grande structure. » Conforté par les hochements de tête approbateurs du professeur, il ajoute que l’hôpital devrait davantage se développer vers l’extérieur pour comprendre « dans quelles conditions se développe la maladie. » Il cite la tuberculose « qui ne tombe pas par hasard : c’est le résultat de conditions sociales, d’hygiène, d’alimentation. Ce n’est pas par hasard si ça touche les travailleurs immigrés qui vivent dans des conditions déplorables. » Il évoque aussi la chaîne et le système des trois-huit « qui finissent par rendre les gens malades, anxieux, angoissés. Ils se tournent alors vers le médecin. C’est le déclenchement de l’hospitalisation. »Dernier travelling dans le couloir, un médecin qui s'apprêtait à sortir d'une chambre cède le passage avec un air agacé. Le film ne cache rien de l'accueil difficile, voire problématique, qui a été réservé à son tournage. Dernier commentaire : « espérons que notre société saura réduire le nombre et rendre meilleure la vie du malade. » Dans le même élan, la voix off lit le générique.

Notes complémentaires

« Hôpital silence » de Bernard Bachelart (CNDP, 1958) est cité dans le film.

Références et documents externes

Le Réseau Canopé, partenaire de Medfilm (plus de 70 films de la télévision scolaire ont été mis à disposition) a édité une page de son site dédié aux archives de la télévision scolaire (archivesaudiovisuelles.reseau-canope.fr) aux émissions éducatives sur l'hôpital : https://archivesaudiovisuelles.reseau-canope.fr/app/photopro.sk/CANOPE/publi?docid=102332.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Joël Danet