L'enfant et l'image animée (1967)

De Medfilm



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Titre :
L'enfant et l'image animée
Série :
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
27 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Générique début : Atelier de pédagogie / L'enfant et l'image animée.

Générique fin : Dans la série animée par Annette Bon / c’était une émission de Mme Sarrazanas et de Mademoiselle Fargeas / Equipe technique Michel Duverger - François Vieuxgue – Christian Hackspill / réalisation François Pierre Goasguen assisté par Claudine Jutier.

Contenus

Sujet

Le rapport de l'enfant à l'appareil de télévision : étude des effets de l'exposition à la télévision sur son éveil et sur son comportement moteur.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Après l'étude filmée du comportement d'un enfant de cinq ans exposé aux images d'un appareil télévisé, débat en plateau réunissant plusieurs responsables éducatifs autour d'Annette Bon sur les apports pédagogiques de la télévision et les conditions favorables à une bonne réception de ses contenus.

Contexte

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Oui.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Oui.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Pour s'appuyer sur une base scientifique, le film reprend le procédé de l'observation comportementaliste par l'outil audiovisuel tel qu'il est employé en pédopsychiatrie. Les séquences de plateau permettent de faire réagir les intervenants à ce qui a été montré, c'est aussi l'occasion pour Annette Bon de s'adresser aux téléspectateurs (pour elle, aux "téléspectatrices") en commentant les courriers qu'elle a reçus au sujet des précédentes émissions de la même série.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Il n'y a pas ici d'intervention de professionnels de la santé.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

établissements scolaires et centres de formation des cadres pédagogiques

Communications et événements associés au film

Public

professionnels de la pédagogie : professeurs, éducateurs, pédagogues, pédopsychologues

Audience

Descriptif libre

Première expérience : l’enfant chez lui face au poste de télévision

Un garçon de cinq ans est assis devant un poste téléviseur, à un mètre de distance. Nous sommes visiblement dans un intérieur domestique. Le poste est installé sur une table en tek dont l’étagère basse supporte une coupe chargée de faux fruits. À l’angle de la pièce, un pote de radio à galènes et un petit banc en osier. Commentaire : « Dans cette première émission, qui est une émission de recherche, nous nous proposons de poser, tels que nous les avons abordés en commission de travail, les problèmes relatifs à l’exploitation pédagogique de l’image à l’école maternelle. » Panoramique qui montre d’autres enfants, des filles. Assises par terre, jouant avec une poupée et une maisonnette en carton. L’une tourne le dos au garçon, l’autre regarde dans sa direction, à moins que ce soit en direction du poste. « Dans cette première séquence, nous vous montrons un enfant de cinq à six ans en situation de réception dans le cadre du milieu familial. » Gros plan sur ses yeux. Son regard est sérieux, ses sourcils froncés, ses paupières se ferment et se rouvrent vite. Les variations d’intensité lumineuse selon les changements de plans sur l’écran se reflètent sur son visage. « Il est seul, de son âge, souvent soumis à des émissions qui ne le concernent pas, écoutant des commentaires au-dessus de sa compréhension et en dehors de son expérience. » Contrechamp montrant le poste téléviseur : en gros plan, le visage d’un homme alterné à celui d’une femme, il s’agit visiblement d’un entretien. Panoramique qui découvre une cuisine attenante au salon où les enfants se trouvent, que séparent des portes coulissantes pour l’instant laissées ouvertes. Dans le fond du champ, une jeune femme, que le commentaire désigne être la mère des enfants, prépare une boisson avec un verre doseur. « Les autres membres de sa famille ne partagent pas l'intérêt de l'enfant pour l’image. » Gros plan sur sa bouche entrouverte qui manifeste un état d’hébétude fasciné. Le commentaire ajoute que l’enfant ne dispose pas de moyens de communiquer son intérêt pour les images qui « s’offrent à lui ». (01:49)


Plateau : commentaires des invités

Annette Bon apparaît à l’image, elle s’adresse au téléspectateur : « Dans la série des émissions pour les écoles maternelles, nous avons l’année dernière présenté une émission consacrée à l’image fixe. » Annette Bon regarde vers le bas des notes qu’elle tient hors champ. Elle poursuit en ajoutant que deux émissions vont être consacrées à l’image télévisée. Le cadre s’élargit, laissant découvrir des femmes réunies autour d’Annette Bon : il s’agit d’institutrices et de directrices d’écoles. Que des femmes. De même, Annette Bon s’adresse à des téléspectatrices, féminisant les tournures de ses phrases quand elle regarde la caméra. Elle précise que l’émission présente est le fruit d’une recherche, « ce n’est pas un exercice modèle que vous avez à suivre. » Elle demande aux invitées ce qu’elles pensent des images qui ont ouvert l’émission, lesquelles montraient l’enfant en état de fascination amorphe devant le poste téléviseur. Sa voisine de droite intervient, interrogeant : « le fait télévisé a-t-il sa place dans nos classes ? ». Son expérience de mère de famille et d’éducatrice lui fait craindre que ‘enfant ne soit déjà « submergée par les images télévisées. » Elle s’inquiète de la « passivité apparente » avec laquelle l’enfant les reçoit. Annette Bon estime que le rôle de l’école est justement de lutter contre cette passivité « en essayant de maintenir chez l’enfant une attention à ce qu’il reçoit » par des émissions conçues sous forme de dialogues. Autre sujet de préoccupation : les conditions de réception. Chez lui, l’enfant est le seul de son âge à voir les images, à la différence d’une diffusion dans le cadre scolaire où il partage les images avec des enfants « de même niveau mental et de même intérêt ». Ces conditions sont meilleures parce qu’elles « favorisent un dialogue entre les enfants ». (06:01)


Seconde expérience : l’enfant mêlé aux autres enfants devant le poste de télévision ; l’irruption du réel en salle de classe

Nouvelle séquence d’expérience : sur un écran de télévision montré en angle plat, un singe filmé dans une cage. Le cadre s’élargit, nous voyons un groupe d’enfants rassemblés devant le poste posé sur le bureau de l’instituteur. Commentaire : « Transplantons-nous maintenant en milieu scolaire. Nous allons montrer l’enfant en groupe et spontané, c’est-à-dire que nous limiterons les interventions de la maîtresse pour ne retenir que les incidences de la présence des autres enfants sur son comportement. » Interruption volontaire du processus par une complication de l’expérience pédagogique : après avoir montré sur l’écran un singe, un vrai singe, jusque-là caché derrière le bureau, fait apparition parmi les enfants. Ceux-ci rient, crient de peur mais avec amusement, tendent la main ou reculent. « Nous avons voulu observer la différence de réactions devant l’image et devant la vie ». Le commentaire précise que l’institutrice, Mme Clauss, qui était présente sur le plateau de l’émission, n’était pas prévenue non plus ; l’opération étant à la seule initiative de l’équipe de pédagogie expérimentale. En légère plongée, le singe est filmé saisissant la jambe de Mme Clauss et jouant avec les lacets de sa chaussure. Les enfants s’enhardissent à caresser sa nuque. Le commentaire ajoute que, passé le moment de surprise, enfants et institutrice entrent en relation avec l’animal. En effet, le singe se stabilise sur le plateau du bureau et les enfants viennent à lui pour lui parler et le caresser. C’est une relation « chaleureuse et vivante comme celles qui peuvent s’établir dans la vie entre l’enfant et l’objet réel. » Le commentaire en vient à la finalité de l’expérience par ce nouveau commentaire : « Il est certain que les images projetées d’abord n’avaient pas suscité la même réaction et en tant que stimuli restaient très au-dessous dans leur force de la réalité vivante. » En plongée, nous voyons le singe s’en prendre aux chaussures d’un autre adulte, un homme cette fois. La caméra redresse et nous voyons le singe gratter et pincer le visage de l’homme. Les enfants l’appellent, l’un d’eux s’écrie : « Je l’ai caressé ! ». La séquence se termine par un zoom sur un visage d’enfant mêlé aux autres : c’est celui que nous avons observé chez lui au début de l’émission : de nouveau son profil en gros plan, mais cette fois il est animé, attentif à son environnement. (09:53)


Plateau : commentaires des invités

Retour au plateau. Une des intervenantes défend la transmission par l’audiovisuel : « Si vous considérez l’image comme un langage en soi et non comme une représentation du réel, vous ne pouvez nier qu’elle puisse apporter quelque chose comme l’apportent les documentaires qu’ils regardent avec plaisir ». Une autre intervenante ajoute la condition que ces documentaires doivent être adaptés au niveau d’intelligence et aux préoccupations des enfants. Mme Clauss, témoin de l’expérience avec le singe, précise que les enfants ont cru que celui-ci s’était extrait du poste téléviseur où un singe était d’abord apparu en cage. Annette Bon estime que cette confusion opérée par les enfants entre le sujet singe vivant et sa représentation est préoccupante. La première intervenante ajoute qu’en caressant le singe, les enfants ont activé leur mode de connaissance naturel qui est l’interaction. « La représentation le conduit à un autre mode de connaissance qui n’est plus immédiate. » Pour Annette Bon, le rapport à la connaissance par l’image est plus intellectuel. Il faut qu’il soit activé après l’approche par le contact. « Et il faut qu’il soit conçu comme représentation par l’enfant. » (14:25)


Troisième expérience : dans une salle de classe, découvrir un film et en parler

Une salle de classe où sont disposés des espaces d’activités différentes : coloriage, bricolage, et atelier télévision. Commentaire : « Les enfants sont donc libres de regarder ou non une émission de télévision. » Gros plan sur le visage des enfants groupés devant le poste, discutant entre eux avec jovialité. Le programme diffusé est un film d’animation qui fait partie de la série Ateliers pédagogiques : « L’autobus ». Contrechamp sur le téléviseur montrant une animation faite de papiers découpés à partir de dessins d’enfants. Retour sur les enfants, l’un d’eux désignant quelque chose du doigt à un autre. « On voit comment la communication s’établit entre eux à propos de l’image. » Intervention de l’institutrice Mme Clauss qui s’assoit devant à leurs côtés et recueille leurs impressions. Le commentaire précise que l’intention de l’expérience est d’étudier « les relations interpersonnelles entre les enfants d’une part, entre les enfants et la maîtresse d’autre part ». Il ajoute que cette expérience n’est pas possible à domicile où les parents n’accompagnent pas l’enfant quand il regarde la télévision. « Ici, nous voyons qu’il est doublement aidé par ses camarades d’une part, par la présence de l’institutrice d’autre part. Cette présence ne se situe pas en face de l’enfant de manière dogmatique mais à côté : la maîtresse reçoit l’émission en même temps que ses élèves ». Il est intéressant de noter que le commentaire souligne ici la reconfiguration pédagogique que permet l’outil audiovisuel : l’encadrant est invité à se mettre au même niveau que les apprenants avant de les inciter à un retour d’expérience. L’encadrant est amené à réagir aux images en même temps que les apprenants, quitte à leur apporter des indications à leur sujet. « - C’est quoi ? » « - Un ballon dirigeable, répond Mme Clauss. » Le film montré ne consiste plus en images d’animation mais en vues réelles. L’intérêt des enfants n’a pas baissé. L’institutrice propose, pour en quelque sorte faire une transition active avec le film montré, de construire un autobus en rejoignant les espaces de bricolage déjà aménagés dans la salle. La caméra panote pour la suivre pendant qu’elle se lève, suivie de quelques enfants qui ont abandonné le poste. D’autres restent installés devant. À remarquer que ne l’ayant pas éteint, son projet de travaux pratiques rivalise avec l’attraction qu’exerce la poursuite du programme télévisé. Le commentaire : « C’est pour maintenir la permanence des liens entre l’enfant et l’émission que la maîtresse a proposé cette exploitation manuelle. » Le commentaire ajoute que les émissions suivantes proposeront des exercices comme autant de pistes de valorisation pédagogique de la télévision. (23:00)


Plateau : commentaires des invités

Retour au plateau. L’institutrice demande à Annette Bon, qu’elle appelle « madame l’inspectrice » (elle est alors responsable à l'Institut Pédagogique National), si cette invitation à bricoler un bus nécessitait la diffusion d’une émission. Pour Annette Bon, une émission, laquelle met en œuvre par elle-même un langage, est une séquence éducative qui se suffit à elle-même, sans avoir besoin de recourir à un échange après sa diffusion voire à une activité manuelle qui prolongerait l’approche de ses contenus. Une des intervenantes rapporte que pour sa part, elle a vu dans la même situation ses élèves faire des dessins pour imiter les dessins d'enfants qu’ils y ont vus. Pour une autre intervenante, l’intention d’une émission peut être d’enrichir la sensibilité des enfants qui la regardent. « La perfection de la forme employée fait qu’il ne faut absolument pas essayer de l’imiter. » Elle s’étonne devant Mme Clauss que celle-ci n’ait pas songé à éteindre le poste avant d’inviter les enfants à l’activité de bricolage. « Il me semble qu’une émission est un tout, que le producteur et le réalisateur avaient quelque chose d’entier à proposer aux enfants et je suis gênée qu’on se permette de partir au milieu ». Mme Clauss répond en précisant que ce film avait déjà été diffusé devant les enfants. Annette Bon, regard caméra, conclut en rappelant que ces expériences visent à faire réfléchir sur les problèmes de l’image télévisée et à faire part des difficultés que « nous rencontrons dans la détermination des objectifs pédagogiques dont nous parlerons la prochaine fois. »

Notes complémentaires

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Joël Danet
  •  :
Erc-logo.png  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet BodyCapital, financé par l'European Research Council (ERC) et le programme de l'Union européenne pour la recherche et l'innovation Horizon 2020 (grant agreement No 694817).