Après la grande croisade anti-vénérienne menée par les États-Unis pendant la Première Guerre mondiale, de nombreuses attaques remettent en cause cette politique sanitaire au début des années 1920. En 1921, le Congrès refuse de renouveler les crédits alloués à l’Interdepartmental Social Hygiene Board (créé en 1918 pour protéger les troupes contre les maladies vénériennes) suivant en cela l’American Medical Association qui affirme qu’en temps de paix, il n’est plus nécessaire de prendre des mesures aussi drastiques. (En réalité, l’Association craint que le Board n’empiète sur ses prérogatives et ne provoque l’avènement d’une médecine « socialisée »). De même le Département des maladies vénériennes (Venereal Disease Division) du Public Health Service s'insurge contre l'existence de l'Interdepartmental Social Hygiene Board en affirmant avoir la même action que le Board qui serait donc redondant. Entre 1920 et 1926, le budget annuel total consacré par les Américains à la lutte contre les maladies vénériennes passe de quatre millions de dollars à moins de 60 000.
La même année, le film Fit to Fight, élément central de la propagande anti-vénérienne jusque-là est déclaré obscène par le Board of Censors (Collège des censeurs) de l’État de New York. D’ailleurs en 1922, plus aucun des films anti-vénériens du Public Health Service n'est en circulation. La prophylaxie est fortement remise en question, on lui préfère un "retour aux bonnes mœurs". Les journaux et magazines refusent de publier les articles contenant explicitement le mot syphilis (il en est de même pour la gonorhée). On s'inquiète beaucoup de l'influence des nouvelles danses sur la moralités des jeunes gens et jeunes filles. Pour cette raison, The American National Association of Masters of Dancing établit une série de règles destinées à enrayer la "déliquescence morale sur les pistes de danse". Un règlement de ce type affiché dans un dancing de Lansing (Michigan) dans les années 20 interdit notamment "les mouvements inutiles d'épaule ou du reste du corps", "les balancements d'un pied sur l'autre et d'avant en arrière" et "les percussions rappelant un rythme de jazz". Il indique avec précision la position des mains des danseurs, interdit aux têtes de se toucher, etc.
Au début des années 1930, on considère qu'un Américain sur dix souffre de la syphilis et qu'il y a près d'un demi-million de nouvelles contaminations chaque année (soit deux fois plus que pour la tuberculose et 100 fois plus que pour la poliomyélite). De même, 18 % des décès par pathologie cardiaque seraient liés à la syphilis et environ 20 % des patients des hôpitaux psychiatriques souffriraient de syphilis au stade tertiaire. De plus, la syphilis est une cause majeure de fausses couches, de malformations congénitales et de stérilité. À cette époque, 60 000 enfants porteurs d'une syphilis congénitale naissent chaque année aux États-Unis.
Ancien chef du Veneral Disease Division (1926-1930), le Dr Thomas Parran mène le combat pour remettre la lutte contre la syphilis sur le devant de la scène. Il est soutenu par de nombreux médecins et responsables de la santé publique. Sa stratégie consiste à mettre l’accent sur le coût social de la maladie : les soins ambulatoires aux patients syphilitiques couteraient 15 millions de dollar chaque année et la prise en charge institutionnelle des malades mentaux, paralytiques et aveugles pour cause de syphilis, 40 à 50 millions de dollars. Soutenu par Morris Fishbein, président de l’American Medical Association, il communique sur les journées de travail perdues et les accidents industriels liés à la syphilis. Nommé surgeon general par Franklin D. Roosevelt en 1936, il publie un article intitulé The Next Great Plague To Go (La prochaine épidémie à faire disparaître) dans un magazine grand public (The Readers’ Digest, juillet 1936) dans lequel il expose les faits de façon simple et directe. Dans les mesures de lutte contre la maladie qu’il propose ensuite, on trouve l’ouverture de dispensaires spécialisés, la déclaration obligatoire des cas par les médecins et l’obligation de traitement, mesures dont il a pu observer l’efficacité en Scandinavie lors d’un voyage d’étude l’année précédente. En 1937, il publie un livre sur le sujet intitulé Shadow of the Land. Le Président américain, la presse et le Congrès répondent favorablement à ses propositions. En mai 1938, le Congrès adopte le National Venereal Disease Control Act grâce auquel les services de santé des États bénéficient de financements fédéraux pour mettre en place des centres de dépistage et traitement, former du personnel médical et faire de la recherche. Entre 1938 et 1940, le nombre de dispensaires anti-vénériens passe de 1 750 à 3 000 tandis que le nombre de patients recevant le traitement minimum passe de 15 à 58 %. La recherche de contacts est également mise en œuvre.