Feind im Blut (1931)
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Main credits
Drehbuch: Walther Ruttmann, Lazar Wechsler, Gerhard Bienert
Kamera: Georges C. Stilianudis, Emil Berna
Schnitt: Walther Ruttmann, Georges C. Stilianudis
Musik: Wolfgang Zeller
Die Rechte wurden freundlicherweise zur Verfügung gestellt von der Praesens-Film AG, Zürich.
Drehbuch: Walther Ruttmann, Lazar Wechsler, Gerhard Bienert
Kamera: Georges C. Stilianudis, Emil Berna
Schnitt: Walther Ruttmann, Georges C. Stilianudis
Musik: Wolfgang Zeller
Content
Medical themes
- Pathology of the urogenital system. Urinary and sexual (genital) complaints. Urology
- Pathology of the organs of locomotion. Skeletal and locomotor systems
- Communicable diseases. Infectious and contagious diseases, fevers
Theme
Un film destiné à sensibiliser sur le danger que représente la syphilis et sur le risque accru de la contracter en milieu urbain.
Main genre
Résumé
Sur un mode apparenté à la symphonie urbaine, que Walter Ruttmann a pratiqué avec son chef-d’œuvre Berlin, symphonie d'une grande ville (1926), le film décrit le parcours de plusieurs personnages frappés par la syphilis à Berlin : des étudiants, des bourgeois, des ouvriers. L'un d'eux se rend dans un dispensaire pour se faire examiner.
Context
La maladie et sa prise en charge
À l'époque du film, la syphilis est une maladie courante, cause d'une forte mortalité dont une part imortante est infantile. L'intervention des pouvoirs publics par la surveillance sanitaire des marins, des soldats et des prostituées, ainsi que les progrès de la médecine, par l'introduction de nouvelles thérapeutiques comme l'iodure de potassium, et ceux de l'hygiène, font sensiblement reculer toutes les maladies vénériennes entre le milieu du siècle et 1880. Dès 1905, les Allemands Fritz Richard Schaudinn et Paul Erich Hoffmann découvrent l'agent de la syphilis, un spirille nommé "tréponème pâle". La même année, Wassermann met au point un séro-diagnostic qui permet d'identifier la maladie dès ses premiers stades. Pour le mettre en évidence, ils emploient le le microscope à fond noir mis au point par Siedentopf et Zsigmondy en 1903. En 1909, Jean Comandon mobilise ce même microscope pour réaliser dans l'Hôpital Saint-Louis des prises de vue micro-cinématographiques du même spirille. En 1910, Paul Ehrlich et Sahachiro Hatta découvrent l'arsphénamine ou '606' (le produit sera commercialisé sous le nom de Salvarsan). Viendront le '914' ou Néo-Salvarsan puis le '910' ou Stovarsol. Les numéros correspondent à ceux des dossiers dans l'ordre des expérimentations animales.
En 1921, Ernest Fourneau, met au point un dérivé de l'arsenic à l'institut Pasteur : le Stovarsol. Ce dérivé est plus stable et se prend par voie orale. En 1934 le principe actif du Salvarsan, découvert en 1920 par Carl Voegtlin et Homer Smith, est introduit par le traitement de la syphilis sous le nom de Mapharsen. Le problème des médecins face à cette maladie reste cependant l'ignorance de la population, et ceci malgré la répétition de campagnes nationales d’informations. Dans presque tous les pays développés, après un doublement provisoire des contaminés à l'occasion des deux guerres mondiales, l'arrivée des traitements par sulfamides puis par antibiotiques a donné l'espoir de pouvoir éradiquer, sinon toutes, du moins les plus graves des MST.
Mesurer et communiquer l'ampleur de l'infection
En général, les statistiques en Allemagne et Autriche montrent que les jeunes sont plus susceptibles d'être infectés que les personnes plus âgées. Ils examinent le risque d'infection au premier contact sexuel chez les étudiants. Sous le graphique, un texte établit un lien avec les MST, indiquant qu'un médecin a constaté que 8 % des étudiants ayant terminé leurs études étaient infectés par une MST. De nombreux élèves qui terminent l'école sont infectés par une MST, raison pour laquelle on demande aux parents de les informer sur ces sujets. Un exemple similaire tiré d'un autre diaporama sur les MST est un diagramme à barres sur la "jeunesse empoisonnée" (DHMD 1999/1608 ; Meirowsky 1928 : 15). Ce diagramme est basé sur les données recueillies par un médecin de Vienne et indique que les taux d'infection pour les hommes et les femmes entre l'âge de 15 ans et l'âge de 18 ans sont très élevés. Le film "L'ennemi dans le sang" illustre visuellement ce point.Certaines publications ont été spécifiquement créées sur le thème de l'infection des jeunes, telles que la brochure "Les rapports sexuels et la jeunesse" publiée par la Société allemande de lutte contre les maladies vénériennes (Meirowsky 1926). Un exemple : une statistique indiquant qu'environ 60 des hommes célibataires de la ville de Hanovre atteignant l'âge de 50 ans seraient infectés par la syphilis à un moment ou à un autre. de la syphilis à un moment donné de leur vie (Meirowsky 1926 : 8). D'autres statistiques sont utilisées pour montrer que ce sont surtout les jeunes qui souffrent souvent d'infections (par exemple, Meirowsky 1926). Est mise en cause la prostitution, avec les femmes qui infectent les hommes et la jeunesse masculine (Meirowsky 1926 : 11). la jeunesse masculine (Meirowsky 1926 : 12-13). De nombreuses statistiques utilisées dans cette publication ont été également utilisées pour des conférences sur diapositives et le musée allemand de l'hygiène de Dresde est mentionné comme leur source. Comme d'autres statistiques sur l'âge, elles ont donc été utilisées et réutilisées à différents moments pour différents médias.pour différents médias.
La production du film
Pour la réalisation de ce film, commandé à Praesens Films par la section zurichoise de la Société suisse contre les maladies vénériennes, le producteur suisse Lazar Wechsler s’adresse d’abord à Sergueï M. Eisentein – qui vient de tourner à sa demande Frauennot – Frauenglück (1930), film au succès international. N’ayant réussi à obtenir un visa pour le cinéaste russe, Wechsler s’adresse à Walter Ruttmann, figure clé de l’avant-garde allemande. Ce dernier accepte. Le film a été réalisé en 1931 dans les ateliers de Praesens-Film à Zurich. Les prises de vue extérieures ont été réalisées à Berlin, plusieurs scènes dans le centre de consultation pour les maladies vénériennes de cette ville.
Réception critique du film
Ce film a reçu les plus grands éloges de ses contemporains. Le Film-Kurier du 18 avril 1931 estimait que le film servait le bien du peuple et l'art cinématographique, qu'il ne révélait pas la théorie mais l'existence, qu'il montrait des hommes et non des paradigmes. Il souligne en particulier la performance du réalisateur Ruttmann, dont le sens de la forme fait un triomphe : « Aucun réalisateur didactique ne lève l'index, aucune morale de mise en garde, aucun pathos de pasteur ne sonne entre les deux ».
Le Baseler Nationalzeitung du 21 avril 1931 louait le « montage expert d'images et de mots ». Ruttmann sait décrire le quotidien : « Il faut du savoir-faire et du doigté pour trouver et respecter cette ligne médiane dorée entre la surcharge et le schématisme ». Le film dissuade sans décourager, car il tient compte de la croyance en la possibilité de guérison. Il n'a rien de commun avec les films d'éducation sexuelle habituels, qui sont une spéculation éhontée sur la lubricité.
Le 9 mai 1931, le Dresdner Neueste Nachrichten qualifiait le film de « chef-d'œuvre de la mise en scène de Ruttmann ». Les aperçus que l'on découvre sur l'origine, la nature, la signification, la reconnaissance, le traitement et la prévention des maladies vénériennes sont toujours captivants et convaincants, jamais didactiques ni doctrinaires : « On doit reconnaître sans réserve cette nouvelle création cinématographique dans l'intérêt de la santé publique ».
Structuring elements of the film
- Reporting footage : No.
- Set footage : No.
- Archival footage : Yes.
- Animated sequences : No.
- Intertitles : Yes.
- Host : No.
- Voix off : No.
- Interview : No.
- Music and sound effects : No.
- Images featured in other films : No.
How does the film direct the viewer’s attention?
Le cadre du film est fictionnel avec des séquences d'animation ou de microcinématographie. De cette façon l'exposé scientifique à visée informative s'insère dans un drame qui émeut le spectateur, et l'implique à ce titre.
How are health and medicine portrayed?
La médecine est la bonne interlocutrice : le médecin est un confident, une personne de confiance, l'hôpital propose une prise en charge efficace.
Broadcasting and reception
Where is the film screened?
Feind im Blut (l'ennemi dans le sang) est sorti le 17 avril 1931 à l'Atrium de Berlin, sous les auspices des sociétés allemande et alémanique pour la lutte contre les maladies vénériennes, le 18 avril au Palace de Bâle, le 4 mai 1931 à l'Apollo de Zurich et le 4 décembre au Palace de Paris. ( Cf. Jean-Paul Goergen, Walter Ruttmann. Eine Dokumentation, Berlin, Freunde der Deutschen Kinematehek, 1989, p 134-136.)
Presentations and events associated with the film
Audience
tout public adulte
Mainstream adult viewers.
Local, national, or international audience
Description
Préambule : la syphilis, fléau social
Des vues de visages radieux d'enfants et de fruits mûrs dans une corbeille enchaînent avec une succession de fruits pourris, grouillants de vers, et de visages hagards d'enfants atteints de maladie mentale. Sur une vue d'hommes accoudés au zinc, s'adonnant méthodiquement à la boisson, des cris déchirants de femme, suggestion hors champ du désespoir qui s'empare des foyers abandonnés.
Le combat mené par la recherche
Second préambule : séquence d'animation graphique pour exposer l'historique des recherches sur la maladie vénérienne. Sur une tache de sang coagulé s'inscrivent les lettres « SYPHILIS ». Des nombres se succèdent jusqu'au nombre 606 : c'est à partir de la 606e molécule testée que le remède contre la maladie sera mis au point. Une séquence d'animation à partir de dates précède une composition abstraite sur le motif de matériel de laboratoire. Toute cette séquence est marquée par le langage graphique et l'expérimentation esthétique propres au cinéma d'avant-garde, s'appuyant sur l'abstraction et le rythme musical. N'oublions pas que Ruttmann a commencé par l'art de l'animation abstraite.
Débrouiller le réseau de la contamination. Trois visages, trois positions sociales distinctes
La fiction qui va suivre se développe selon la trajectoire de plusieurs personnages, à la façon d'un roman : un bourgeois d'âge mûr qui flirte et boit, un jeune étudiant qui entretient une liaison avec une prostituée, un ouvrier bientôt père de famille.
Le bourgeois et sa femme font leurs adieux sur un quai de gare. L'homme monte dans le train et s'empresse de séduire sa voisine de compartiment. L'étudiant quitte les bras de sa petite amie dans un appartement en désordre. Après son départ, elle se maquille soigneusement. Le jeune homme se rue dans l'entrée de la Faculté de médecine où un professeur a déjà commencé son cours magistral sur la syphilis. Un masque de malade passe de main en main. Quand c'est au tour de l'étudiant de l'examiner, il semble troublé, comme s'il imaginait que son visage pouvait prendre un jour le même aspect. Une femme se présente sur l'estrade. Le professeur la dénude. Son corps est parcouru de taches. Un schéma animé est diffusé sur l'écran tendu au fond de l'amphithéâtre, expliquant comment le cerveau est atteint par la maladie.
Un ouvrier travaille sur une machine d'acier. GP sur ses bras parcourus de croûtes. Un collègue les remarque. À la sortie de l'usine, il le rejoint et lui indique l'adresse d'un guérisseur. L'étudiant attend au bas de l'appartement de sa petite amie. La fenêtre est ouverte, les rideaux soulevés par le vent. Il comprend qu'elle le trompe. Son visage sombre alterne avec les vues d'un marteau piqueur qui entame le macadam de la chaussée.
La nuit en ville. Du dancing au beuglant.
La nuit dans la rue. Scandant l'alignement des vitrines des magasins, des femmes postées sous les enseignes racolent le passant. Dans un café-concert, au son d'un orchestre qui joue une viennoiserie, deux femmes à table se font du pied, puis elles se lèvent et invitent des hommes à danser. La musique évolue, prend des accents tziganes, puis jazz, puis flonflon, comme l'on passe d'un lieu nocturne à un autre : un caf' conc', un cabaret, un rade, la rue. Succession de plans moyens et de gros plans entrechoqués, désordonnés, des visages, des verres sur un comptoir, des planchers piétinés. Un plan insiste sur les rouages d'un orgue de barbarie, lequel débite la mélodie que jouait l'orchestre du caf' conc' à présent transformée en ritournelle mécanique : comme dans la séquence du train dont un plan détaille les roues de la locomotive, la séduction anonyme est associée à une mécanique objective. D'un lieu à l'autre, on reconnaît l'étudiant accompagné du gros homme bourgeois, personnage de la séquence du train. Ils se livrent à une dérive alcoolisée jusqu'au petit matin. Derrière son comptoir, un patron tire une dernière bière – que de la mousse – tandis que l'étudiant remonte la rue dans la pâleur de l'aube, au son d'un train qui siffle.
Le drame de l'enfant contaminé
Une sage-femme frappe à une porte. La femme de l'ouvrier vient ouvrir et la fait entrer. La sage-femme la rassure et l'invite à s'allonger sur un lit. Une fenêtre d'appartement, longuement détaillée, des plaintes de femme poussées hors champ. La caméra descend sur un berceau dans lequel s'agite un bébé dont le visage est parcouru de taches. Il est atteint de la maladie que sa mère a contractée par son mari. Une voisine est entrée, curieuse. Elle s'étonne de l'aspect de l'enfant. La sage-femme se penche sur l'enfant et déclare, fataliste : « C'est triste. »
Le cours reprend avec un schéma animé montrant les différentes étapes de la syphilis. Vues sur des enfants malades, cas d'idiotie, d'hydrocéphalie, de paralysie. On notera un cas de trisomie 21 (appelée mongolisme à l'époque) dont on sait maintenant qu'elle n'a rien à voir avec la syphilis.
Au moment où l'ouvrier entre dans l'usine, ses collègues font sauter des bouchons de champagne pour fêter la naissance de son enfant. Quand il rentrera le soir, accueilli par le silence lugubre de ses voisins réunis sur son palier, il découvrira qu'on a dû forcer la porte de son appartement que sa femme avait bloquée avec des chaises et que cette dernière s'est donné la mort.
La prise en charge aujourd'hui
Succession d'annonces de journal, d'abord des annonces racoleuses puis des annonces de médicaments pour soigner les maladies vénériennes. L'étudiant prend place parmi des hommes qui attendent dans le cabinet d'un médecin spécialiste des maladies vénériennes. Au dispensaire, sur un tableau électrique, des nombres et des lettres s'éclairent, rythmant des scènes de soins montrant que la médecine a pris en main la lutte contre la maladie. L'étudiant, hors de danger puisqu'il n'a pas été contaminé, s'est échappé de la ville avec sa nouvelle petite amie. Ils sont à la montagne, aux sports d'hiver. Ils s'élancent à ski dans une descente, l'avenir leur sourit. La fin du film montre les mêmes images qu'au début, à ceci près que les enfants restent radieux et que les fruits ne se dégradent pas.
Supplementary notes
References and external documents
Goergen, Jean-Paul, Walter Ruttmann. Eine Dokumentation, Berlin, Freunde der Deutschen Kinematehek, 1989, p 134-136.
Laukötter, Anja, Sex-richtigǃ Körperpolitik und Gefühlserziehung im Kino des 20. Jahrhunderts, Göttingen, Wallstein Verlag, 2021.
Goergen, Jean-Paul, Walter Ruttmann. Eine Dokumentation, Berlin, Freunde der Deutschen Kinematehek, 1989, p 134-136.
Laukötter, Anja, Sex-richtigǃ Körperpolitik und Gefühlserziehung im Kino des 20. Jahrhunderts, Göttingen, Wallstein Verlag, 2021.
Contributors
- Record written by : Joël Danet
- 2 Traducteurs_vers_anglais : Michael Craig
- Transcription German : Pauline Kochanowski
- Subtitles French : Laetitia Serris, Chloé Bourgogne, Pauline Kochanowski