Cris, pleurs et consolation (1978)

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Titre :
Cris, pleurs et consolation
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
17 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - Super 8 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Cartons : "Cris-pleurs et consolation 1978/ Montage de séquences filmées en super-8 / Réalisé par : J. De Ajuriaguerra I. Casati M. Auzias F. Cukier D. Sechan"

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Les différents types de pleurs des nourrissons et leur retour au calme.

Genre dominant

Vue amateure

Résumé

Ce film d’observation consiste à présenter différents cas qui permettent de catégoriser les types de pleurs et permet aussi, par des scènes d’interaction, de montrer des situations de consolation. Huit nourrissons de 32 heures à 14 mois et 5 jours sont filmés. Des cartons annoncent le nom et l’âge du bébé sur lequel l’attention est portée. Différents pleurs sont montrés : pleurs de faim, pleurs de douleur et détresse, au réveil, pleurs de contagion.

Contexte

La production filmique de Julian de Ajuriaguerra

Collaboratrice de Julian de Ajuriaguerra, Marguerite Auzias décrit les intentions et les modalités de sa production filmique : "Julian de Ajuriaguerra réalise plusieurs films d'étude durant ses années d'enseignement au Collège de France où il tient la Chaire de Neuropsychologie du développement de 1976 à 1982. Pendant ces années, il anime avec son équipe des recherches sur le nourrisson. Ils ont été réalisés à partir de séquences de films de recherches longitudinales sur le développement normal du nourrisson durant les deux premières années de la vie. Ces films, selon Julian de Ajuriaguerra, doivent permettre de mettre en évidence les perspectives évolutives et comparatives du développement. Ils contribuent à une sémiologie propre à l'enfant dans un but thérapeutique. Selon lui, photographie et film sont des outils de recherche qui permettent une observation concrète et précise des fonctionnements et leur mise en relation avec l'état comportemental du moment. Ils sont à même de susciter une émotion qui fait mieux comprendre le sens et l'essence des comportements étudiés. Pour certaines études, il choisit de filmer les bébés nus, car il veut observer les corps des bébés en mouvement et ainsi mettre en évidence l'interrelation tonico-émotionnelle. Certaines séquences sont tournées dans des situations de tout-venant, sans préparation spéciale, le bébé allant et venant selon son bon plaisir, les parents lui parlant, l'embrassant, le câlinant, le nourrissant, le baignant, l'habillant, l'endormant ou jouant avec lui selon l'heure. Pour certaines recherches, cependant, des situations standardisées sont aménagées en fonction d'un sujet délimité comme les déplacements, les mouvements spontanés avant sept mois comme le planeur, des comportements de tendresse. Ces situations standardisées aménagées sont toujours organisées dans le milieu normal de l'enfant, sa salle de crèche, ou son domicile. Les bébés, familiarisés de longue date avec les membres de l'équipe et les séances de filmage, finissent par ignorer la caméra et le caméraman. Cela permet d'éviter tout effet de sidération. On recueille avec la caméra ce que les bébés donnent à voir. Il en ressort un stock de documents filmiques très précieux. Le film constitue une observation à disposition. Ces documents sont ensuite analysés dans le détail ; c'est le matériau d'élaboration patiente à l'aide de grilles d'analyse. Puis vient le temps de la discussion et l'élargissement de celle-ci à des problèmes connexes et plus vastes englobant le thème étudié. Pour Julian de Ajuriaguerra, les théories évoluent, mais les descriptions restent, il est alors nécessaire d'aboutir à une sémiologie riche et précise. Ces films sont d'une qualité particulière. Ce ne sont pas des films à thèse cherchant à passer un message ni des films pédagogiques ; ce sont des films d'observation, imparfaits du point de vue technique, mais montrant des bébés dans des situations bien définies, qui se comportent en fonction de leur âge, selon leurs penchants naturels et leur humeur du moment. Ils ont la fraîcheur de leurs comportements spontanés." (d'après le commentaire Marguerite Auzias, Présentation des films de recherche de l'équipe Ajuriaguerra - Auzias, Centre Hospitalier Sainte-Anne, 2017).


Caméra Super 8

En 1965, Kodak lance un nouveau format pour amateur appelé Super 8 : il est plus accessible et moins onéreux que d’autres formats et est facile à transporter. Ainsi, il s’agit d’un outil intéressant pour les films de recherche.

Test de Guthrie

Ce test de dépistage est réalisé à la naissance de chaque nouveau-né dans les trois jours suivant la naissance, depuis 1972. Il consiste en un pic sur le talon qui permet de prélever une goutte de sang appliquée sur du papier buvard. Il permet de détecter cinq maladies : la phénylcétonurie, l’hyperplasie congénitale des surrénales, l’hypothyroïdie, la mucoviscidose et, pour les nouveau-nés présentant des facteurs de risque, la drépanocytose.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Ce film a pour objectif de recueillir différentes situations de pleurs de bébés et la manière dont ils sont consolés à des fins de recherche et non pas à destination du grand public. Dans ce but, les réalisateurs cherchent à être aussi neutres que possible dans leur approche. Il n’y a pas de voix off, le son est en in, rien n’est expliqué pour laisser libre cours à l’interprétation de l’observateur. Celui-ci a l’impression d’être en contact direct avec la situation, sans interférence des réalisateurs. Parfois, l'intervention de Julian de Ajuriaguerra et le micro qui rentre dans le champ rappellent le contexte de recherche et le but de cette réalisation.

L’élément central de ce film est le nourrisson et son monde : les adultes sont peu montrés, parfois on n’en voit qu’un membre (une main qui s’approche, un soin donné par un bras…). Ils sont montrés comme faisant partie de l’univers du nourrisson.

Il n’y a pas de recherche particulière d’esthétisme, comme on peut le voir avec les micros qui sont parfois visibles : l’important est de correctement capter les pleurs plutôt que de donner à voir une jolie scène provoquée. On le remarque également à la qualité du son qui n’est pas toujours très équilibré, les paroles des adultes ne sont pas toujours intelligibles. Les plans s’enchainent vite et sont coupés brusquement, les transitions sont uniquement faites par les cartons annonçant le prochain enfant filmé.

Malgré cela, le film est de très bonne qualité. On peut voir qu'il est cadré de manière rigoureuse. Il ne s'agit pas de scènes préparées à l'avance mais de moments spontanés : la caméra arrive à suivre les mouvements et à donner à voir à chaque fois les expressions et les réactions des nourrissons, tout en faisant ressortir l'affection et les liens d'attachements avec les adultes.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Ce film s'intéresse au développement naturel du nourrisson, et non pas à des pathologies particulières. L'hôpital, et en particulier la maternité, sont montrés comme des lieux de vie du nourrisson et de ses proches plutôt qu'en tant que lieux médicalisés. Même lorsque des soins sont administrés, le film nous montre à voir davantage la réaction de l'enfant que le soin en tant que tel.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Collège de France le 6 février 1978, cours du Prof. Julian de Ajuriaguerra, "Cris et pleurs".

Communications et événements associés au film

Public

Professionnels de la pédiatrie.

Audience

Descriptif libre

Présentation

Le film s’ouvre sur le carton tapuscrit « Cris-pleurs et consolation – 1978 ». Ce titre, très concis et factuel, peut préparer à une représentation qui se veut objective de la part du réalisateur. Deux autres cartons le suivent : « Montage de séquences filmées en super 8 », puis « Réalisé par J. de Ajuriaguerra, I. Casati, M. Auzias, F. Cukier, D. Sechan ». Le film consiste en une suite de prises de vues de plusieurs bébés qui pleurent puis se consolent, soit seuls, soit accompagnés, intercalées de cartons. La prise de son est faite en in. Il n’y a pas de voix off ni de commentaires. (0:21)

Période néo-natale

Carton tapuscrit placé devant la caméra annonce la première partie : « I. Période néo-natale ». Le fait d’utiliser un carton plutôt qu’une voix off nous laisse supposer qu’il s’agit ici de conserver une distance maximale et une objectivité pour entrer dans le monde du bébé.

Un autre carton tapuscrit présente le premier bébé et la situation : « Juliette (32 heures) - Petits cris-pleurs. Se calme toute seule ». (0:31)

Plan moyen d’un nouveau-né au centre de l’image. Juliette est emmaillotée et posée sur ce qui ressemble à un lit, près d’une fenêtre. Elle se met à pleurer. Ses yeux sont fermés et crispés, sa bouche grande ouverte. La caméra effectue un plan de plus en plus serré pour observer son visage. Ses mains sont près de son visage. Après quelques petits cris-pleurs et de grandes respirations, elle s’arrête seule. Plan serré sur son visage lorsqu’elle est calmée : ses doigts remuent près de son visage. On voit toutes ses expressions faciales de nouveau-né : sa bouche s’entrouvre au contact des doigts. Elle entrouvre légèrement les yeux et a l’air apaisé. (1:03)

Carton tapuscrit : « Variétés de pleurs de faim et consolation - Pierre 6 jours, Naoufal 5 jours », suivi du carton « Pierre - 6 jours » (0:14)

Plan moyen à la maternité, dans un lit de nouveau-né, Pierre est couché sur le ventre, vêtu d’un body et recouvert d’une couverture, au centre de l’image. Tout est blanc et métallique, créant une ambiance froide d’hôpital. On remarque que le film a été tourné dans les années 70 : aujourd’hui, on ne laisserait pas un bébé sur le ventre à cet âge. Une main tient le lit sur le côté et semble vouloir le bercer légèrement. La caméra ne s’intéresse qu'à Pierre, placé au centre de l’écran et occupant tout l’espace. On ne voit pas à qui appartient la main, elle n’intéresse le réalisateur que par son action de bercement du lit. Pierre ne se calme pas. La main se pose alors sur son dos de manière apaisante, et immédiatement, il cesse de pleurer. En se calmant, il porte sa main à la bouche et commence à la téter. Lorsque la main de l’adulte s’éloigne, les pleurs reprennent légèrement, mais s’apaisent rapidement, peut-être grâce à la succion de sa main. Plan serré sur son visage. On observe bien la succion de sa main, et on entend sa respiration comme s’il essayait de manger. Ses yeux restent fermés, sa respiration se calme et son corps se détend. (2:22)

Carton tapuscrit : « Naoufal - 5 jours »

Plan poitrine qui englobe une femme et le bébé qu’elle tient dans ses bras. La femme, peut-être la mère de Naoufal, porte une blouse blanche par-dessus ses vêtements. Derrière, une personne observe la scène à distance.La caméra dézoome et laisse apercevoir sur la droite un couffin d’hôpital. Naoufal pleure. Il est tenu dans un bras, tandis que l’autre main de la femme est posée sur son ventre. Elle le berce doucement. Les bercements contre son ventre ne semblent pas le calmer. Elle le tapote doucement puis le change de position en l’installant à l’horizontale. Changement de plan : la caméra s’est décalée pour remettre Naoufal au centre de l’image ; elle le suit lorsque la famme le pose dans son couffin qui est incliné, couché sur le côté. Il se calme. On entend d’autres bébés pleurer au loin. La femme reste à côté pour observer Naoufal et s’assurer qu’il est bien apaisé. Elle n'apparaît cependant qu’à la marge de l’image, l’attention étant principalement sur le nourrisson. Elle anticipe ses pleurs, hésite à intervenir, puis se retient. Lorsqu’il recommence à pleurer franchement, elle l’aide à porter ses doigts à sa bouche en maintenant sa main en position. Ses pleurs s’arrêtent. (3:25)

Plan serré sur Naoufal, qui est calme, les yeux fermés et la main dans la bouche. La caméra se met à sa hauteur. Naoufal perd sa main et recommence à pleurer. La femme essaie de lui redonner sa main, mais ses pleurs sont trop intenses ; il ne garde pas la main en bouche. La caméra suit Naoufal lorsque la femme le sort du couffin et le reprend dans la position initiale. Cela permet de voir de près son visage et le regard attentif de la femme sur lui. (3:59) On retourne à un plan moyen qui ressemble au début de la séquence : on voit le bébé posé à la verticale sur le ventre de la femme, qui lui tapote doucement le dos. La caméra zoome pour se concentrer à nouveau sur Naoufal.Une personne, probablement une employée de la maternité, entre en disant : « C’est pas un enfant qui pleure là ? ». On ne voit pas son visage. En constatant que Naoufal se calme, elle repart en disant quelque chose d’indistinct. La jeune fille derrière sourit largement, la femme aussi. L’ambiance est apaisée. En arrière-plan, on perçoit les bruits de l’hôpital. Le montage rudimentaire et l’absence de mise en scène laissent penser que le réalisateur veut être au plus proche de la réalité. (4:14)

Carton tapuscrit : « Cri de douleur suivi de détresse après piqûre pour prélèvement de sang ». Le terme de détresse semble moins factuel mais plus subjectif que ceux utilisés sur les cartons vus jusqu’à présent.

Plan moyen qui montre un nourrisson couché sur une table à langer, son pyjama jaune défait pour libérer ses jambes. Un membre du personnel médical, situé au niveau de ses pieds, lui tient la cheville afin de lui piquer le talon pour effectuer le test de Guthrie. On ne voit que les mains de l’adulte, qui s’immiscent dans l’univers du bébé, ce dernier occupant presque tout l’espace. Le bébé se met aussitôt à pleurer très fort, à crier. La personne poursuit ses soins sans se laisser affecter par les pleurs ; elle semble en avoir l’habitude. Elle dépose les gouttes de sang qui perlent sur un carton, dans les cercles prévus à cet effet. Le bébé hoquète en pleurant, comme s’il avait du mal à reprendre sa respiration, et agite ses bras. Un zoom sur le haut de son corps permet d’observer son comportement pendant ces pleurs, différents de ceux montrés précédemment. Il agite vivement les bras, les doigts tendus. Puis la caméra dézoome pour montrer la scène dans son ensemble. La procédure se poursuit encore un moment afin de s’assurer qu’il y ait suffisamment de sang déposé. La personne tamponne alors le talon avec un coton. Les pleurs deviennent moins forts et plus continus. Elle applique un pansement autour du talon. Le bébé s’apaise petit à petit et semble plus détendu ; ses mouvements sont plus lents. (5:30)

De 1 à 4 mois

Carton tapuscrit annonçant une deuxième partie : « II. De 1 à 4 mois », puis un deuxième : « Marie-Christine, 6 semaines – Pleurs et consolations variées ».

Suivi d’un carton manuscrit qui apparaît très brièvement : « Marie-Christine – 6 semaines (21-11-77) ».

Plan en plongée : Marie-Christine, nue, est dans les bras d’une femme, sûrement sa maman, agenouillée par terre. Ce plan en plongée permet de bien voir Marie-Christine tout en détournant l’attention de la mère qui n’est pas le sujet principal de ce plan. Une personne tient un micro des années 70, à gauche de l’écran, très près de Marie-Christine. On sent la volonté de lui accorder de l’importance et de capter clairement ses sons. On peut également penser que cela permet de montrer la fabrication du film, de rappeler qu’il s’agit d’étudier les bébés et non pas de se divertir ; peut-être que cela incite aussi le spectateur à rester vigilant, à ne pas se croire dans un divertissement. Le fait que Marie-Christine soit nue peut suggérer une absence de mise en scène, une recherche d’authenticité ; cela permet peut-être aussi de mieux observer les mouvements du bébé lorsqu’elle pleure. La femme a le visage tourné vers Marie-Christine, dont elle suit les réactions : on ne voit pas son expression, car c’est le bébé qui importe ici, mais toute son attention est tournée vers Marie-Christine. Elle la berce, la tapote doucement, tout en faisant des bruits de bouche rassurants. Marie-Christine se met à pleurer et la caméra zoome pour se concentrer sur son visage et son torse. Son visage est crispé et ses poings fermés. Sa mère la rapproche alors de sa poitrine, continuant à la bercer. Le bébé semble se calmer légèrement, puis elle émet quelques sons inintelligibles. La mère se penche avec elle pour attraper une sorte de petite serviette, la caméra suit le mouvement. Dès qu’elle éloigne Marie-Christine d’elle comme pour la poser sur le tapis, cette dernière recommence à pleurer de plus belle. La mère la reprend aussitôt contre elle et lui essuie le derrière avec la petite serviette. Marie-Christine a les orteils écartés et tendus, comme le reste de son corps. En arrière-plan, on aperçoit une paire de jambes en costume, semblant proposer son aide ou vérifier ce qu’il se passe. (6:14)

Plan rapproché sur Marie-Christine, au centre de l’image, portée horizontalement dans les bras d’un homme qui la tient, toujours nue, contre son épaule. Le visage de l’homme n’est pas visible. Marie-Christine est très calme et sereine, elle regarde au loin. L’intention semble être de capter ce qu’elle ressent en se concentrant sur son expression faciale. La peau claire du bébé, illuminée, contraste avec le costume sombre de l’homme et l’arrière-plan. Toute l’attention est portée sur Marie-Christine. L’homme, debout, la berce doucement de gauche à droite, puis se penche pour la poser sur le tapis jaune vu précédemment. La caméra suit Marie-Christine et dézoome pour englober le mouvement dans son entièreté, puis zoome à nouveau pour remettre le nourrisson au centre de l’image. A cette occasion, nous pouvons apercevoir le visage de l’homme : il s’agit de Julian de Ajuriaguerra, l’un des réalisateurs du film. Il n’est pas du tout anodin de le voir intervenir et interagir avec les bébés filmés : cela semble montrer qu’il assume tout ce qui se passe dans le film, il est entièrement impliqué dans cet exercice. Le plan en plongée permet de bien observer la réaction de Marie-Christine. Quelques secondes après avoir été posée, elle se met à pleurer, tendant les jambes et fléchissant les bras. Pendant quelques secondes, on ne voit plus que Marie-Christine au centre du tapis, et le micro qui capte ses pleurs. Ses pleurs sont longs, avec peu de respiration. Son visage est entièrement crispé, et sa bouche est grande ouverte. Elle ne semble pas apprécier de passer des bras chauds et accueillants au sol froid et peu enveloppant. Les caméras ne cherchent pas à se faire oublier, et l’esthétisme n’est pas une priorité ici. Ajuriaguerra, qui la portait juste avant se penche au-dessus d’elle et tente de capter son attention, d’abord par de petites chatouilles sur le torse et dans le cou. La caméra zoome sur le visage de Marie-Christine. En voyant que les chatouilles ne fonctionnent pas, il essaie de mettre son visage devant le sien et de siffler doucement. (6:59)

Plan de côté : la caméra se met au niveau de Marie-Christine. Ajuriaguerra continue d’essayer de capter son attention, d’abord par de petites caresses sur chacune de ses joues, puis par des bruits légers. Il souffle doucement sur son ventre, ce qui capte brièvement l’attention de Marie-Christine, ses cris ralentissant légèrement, mais elle se remet à pleurer. Il lui chatouille ensuite les pieds. Marie-Christine se calme doucement, ses pleurs étant espacés par des hoquets, et ses yeux s’ouvrent pour la première fois depuis qu’elle a été posée sur le tapis. Ses jambes se détendent légèrement. Ajuriaguerra écarte les bras, comme surpris d’entendre les pleurs se calmer, et semblant attendre de voir si cela suffit à les arrêter complètement. (7:27)

Lorsque les pleurs reprennent, il décide de la reprendre dans ses bras, en position verticale. La caméra suit à nouveau le mouvement, et l’on comprend qu’ils se trouvent dans une chambre de maternité ; un autre bébé, dans un berceau, apparaît à l’arrière-plan, accompagné d’un adulte. La mère, en retrait, observe la scène avec attention, les bras croisés. L’homme fait quelques pas et tient Marie-Christine bien contre lui. Elle se calme et se love contre lui, la tête dans son pull. On voit son corps détendu. Il commence à la bercer. Puis, il la recule légèrement de son étreinte et s’approche de la maman. On peut se demander si Marie-Christine a commencé à téter le pull, à en juger par les bruits de sa respiration et de succion, ainsi que par les regards de l’homme, les sourcils levés vers cette partie de son pull, une fois Marie-Christine écartée. Les deux adultes se préparent à un changement de bras. Ajuriaguerra dit : « La voilà ta maman ». En entendant Marie-Christine commencer à émettre de petits bruits, la mère fait des petits bruits de bouche et l’homme lui dit : « Ah non, c’est pas le moment de pleurer ». On voit la mère sourire. Le passage se fait avec beaucoup d’attentions et de précaution. La mère semble heureuse de reprendre son bébé. Elle la porte dans un bras tout en lui caressant le visage et lui baise le front. Ajuriaguerra prend un tabouret et cache momentanément la caméra, ce qui ajoute un côté informel et spontané à la scène. (8:29)

Plan de côté : on voit de profil Marie-Christine et sa mère, face à face, les yeux dans les yeux, dans un moment très intime. La mère sourit et lui parle très doucement, à tel point que l’on n’arrive pas bien à discerner ses paroles, comme si ce moment leur était réservé. Elle fait des petits bruits de bouche et Marie-Christine regarde attentivement sa mère, son corps et son visage sont détendus. On perçoit une grande affection entre elles. (8:40) Plan très serré sur le visage de Marie-Christine, qui montre son regard attentif. Puis la caméra dézoome pour inclure ce que le nourrisson regarde ; nous ne voyons pour notre part que l’arrière de la tête de la mère. Elle ne semble importante qu’en tant que point d’intérêt pour Marie-Christine. On entend la mère qui appelle, d’une voix très douce : «Bébé, bébé », et continue de faire des bruits de bouche répétés. Marie-Christine baille et la mère répond doucement : « Ouhlala, tu as sommeil ? Qu’est-ce que tu as ? Tu as sommeil ? ». On semble entendre le sourire dans sa voix. Marie-Christine regarde un peu en arrière et râle deux fois. La mère la replace et, en se regardant de nouveau, elle se calme. Elle ajoute : « Qu’est-ce que tu me racontes ? » deux fois en hochant la tête. La caméra zoome et dézoome à plusieurs reprises durant cette scène. La mère est de dos, l’attention étant portée uniquement sur le visage de Marie-Christine et son lien avec sa mère. (9:06)

Carton manuscrit : « Marie-Christine – 7 semaines – (29-11-77) »

Plan serré d’abord sur Marie-Christine, ce qui permet de porter notre attention sur elle, puis très vite la caméra dézoome pour montrer la scène dans son ensemble. Marie-Christine pleure dans les bras d’une femme. Celle-ci est assise et la tient à l’horizontale, une main sous son ventre, l’autre sur sa jambe, en la berçant. Marie-Christine est au centre du plan ; la lumière est concentrée sur elle, tandis que la femme, penchée et dans l’ombre, a le visage à peine visible. La femme déplace sa main sur la jambe de Marie-Christine et semble s’apercevoir que ce contact la calme, puisque ses pleurs s’arrêtent. Elle commence alors à caresser doucement la jambe et continue de pivoter de gauche à droite pour la bercer. (9:27) Changement de plan : la caméra a légèrement modifié son point de vue, s’est rapprochée et décalée de sorte que la tête de la femme n’apparaît plus entièrement dans le cadre. On entend, hors champ, une voix d’homme dire : « Comme ça, elle a la tête soutenue. » Marie-Christine est calme dans les bras, toujours tenue à l’horizontale, le dos contre le ventre de la femme. (9:31)

Carton tapuscrit : « Yulen, 1 mois 20 jours. - Au réveil ». Puis, une ardoise tenue par une main présente également l’enfant, avec écrit à la craie : « Yulen – 1 mois 20 j – 9-9-77 »

Un plan d’une seconde montre un lange blanc.

Plan rapproché en plongée : on voit Yulen sur une table à langer. Il regarde vers la caméra. Deux mains s’occupent de remettre son pull correctement, sûrement après l’avoir changé. Yulen commence à râler, puis émet quelques pleurs épars, qui n’évoquent pas une détresse. Les deux mains le soulèvent pour le porter et la caméra suit le mouvement pour nous montrer une femme qui le porte à l’horizontale. Elle a une main sous ses fesses et une autre dans son dos pour soutenir sa tête. Elle le berce de bas en haut en disant doucement : « Alors, alors...». Yulen s’arrête rapidement de pleurer mais continue à émettre de petits bruits, semblant être provoqués par le rebondissement des bercements. Ils semblent être dans une pièce plus familière qu’un hôpital : des étagères avec des vinyles apparaissent en arrière-plan. (10:05) Gros plan sur Yulen tètant le sein de sa mère, qui est assise. Il est allongé contre elle, ventre contre ventre. On entend les bruits de déglutition. La caméra dézoome pour montrer tout son corps ; la maman continue de le bercer, d’avant en arrière. Yulen est apaisé et calme. Le plan est intime et montre, une fois encore, l’univers du bébé. La caméra se recule, mais ne montre toujours pas le visage de la femme, ce qui importe étant son lien intime avec Yulen. (10:17)

Carton tapuscrit : « La contagion - Orféo et François 4 mois »

La caméra est presque au niveau du sol : on retrouve le tapis jaune déjà vu avec Marie-Christine, ce qui suggère que plusieurs bébés ont été filmés au même endroit, sûrement à l’hôpital. Le plan de profil montre deux bébés : à gauche, un bébé nu est allongé sur le ventre sur le tapis. Ses bras sont ramenés vers sa tête. Il pleure. On entend, hors champ, un autre bébé pleurer, ce qui renforce l’idée d’un lieu accueillant plusieurs nourrissons. Un deuxième bébé est allongé en face de lui, assez proche. Celui-ci est habillé, calme, et parvient à se redresser sur ses bras, suffisamment pour observer son camarade. Les deux bébés sont laissés seuls dans le cadre : on cherche à observer leur comportement de la manière la plus naturelle possible, sans intervention. Il semblerait qu’ils sont mis en situation et qu’on regarde comment ils interagissent sans présence accompagnante. (10:43)


La caméra zoome sur les visages des bébés. Celui de droite perd brièvement l’équilibre, puis se redresse aussitôt. Il regarde au loin, peut-être vers des adultes, puis se penche doucement vers le bébé qui pleure. Il se tourne vers la caméra, ce qui permet de voir sa bouche entrouverte, ses commissures orientées vers le bas, et ses sourcils arqués. On se demande s’il va, lui aussi, se mettre à pleurer. Son visage se détend un instant. Il se penche une troisième fois sur le bébé en face, son visage se crispe à nouveau : bouche entrouverte, sourcils arqués, et il se met lui aussi à pleurer. On remarque qu’il tient moins bien sur ses bras, son énergie étant mobilisée ailleurs, et que ses épaules s’agitent. Les deux bébés pleurent donc en même temps : on peut se demander s’il s’agit d’une réaction de mimétisme ou d’une inquiétude face à la situation. Le bébé de gauche, qui n’a pas cessé de pleurer et n’a pas particulièrement bougé, se met à pousser des cris plus aigus ; sa détresse semble s’accentuer. Il tourne la tête vers le centre (pour l’aligner) et se hisse légèrement sur ses bras. Il a davantage de mal à reprendre sa respiration. N’arrivant pas à se maintenir, sa tête retombe sur le tapis. Après un court zoom sur le visage des deux bébés, deux mains viennent récupérer le bébé de gauche. (11:00)

Pendant une seconde, on aperçoit un carton entièrement beige. (11:01)

Plan en plongée : la caméra est plus éloignée que d’habitude. L’attention est pour l’instant centrée sur la scène d’ensemble plutôt que sur les réactions individuelles des bébés. On retrouve les deux nourrissons sur le même tapis : cette fois, ils sont allongés sur le dos, tous les deux habillés, l’un à côté de l’autre. Une main repose sur le ventre du bébé de gauche et le caresse doucement. Le bébé de gauche pleure ; on voit ses bras et ses jambes s’agiter. La main le caresse successivement sur le ventre, puis sur le menton, puis à nouveau sur le ventre. La caméra dézoome et révèle la femme à qui appartient cette main, agenouillée tout à gauche du plan. Elle commence à le bercer doucement avec sa main tout en lui disant « chhhhh ». Elle lui parle doucement, mais ce n’est pas intelligible pour le spectateur. Le bébé de droite à la main à la bouche, il regarde calmement l’autre bébé. La femme se met à lui dire des « ahhh » en réponse à ses babillements. (11:23)

Plan rapproché sur le visage du bébé qui a arrêté de pleurer, la caméra le suit quand la femme le prend dans ses bras. On voit bien le visage du bébé qui a l’air un peu désorienté, les yeux ronds et la bouche entrouverte. La caméra dézoome pour montrer la scène dans son ensemble. Le bébé ne pleure plus, mais il ne semble pas détendu pour autant. Il semble difficile de le positionner confortablement dans les bras ; il paraît crispé. Une fois installé sur les genoux de la femme, qui est à moitié assise sur le tapis, à moitié à genoux, il se remet à pleurer. La femme lui tient la main, elle sourit et le regarde en face, rapprochant son visage du sien pour capter son attention. (11:45)

Carton tapuscrit : « Orféo, 2 mois 18 J. pleure de faim : - Consolation surprise (apnée) - consolation-nourriture »

Très gros plan sur le visage d’Orféo. Sa bouche est grande ouverte, sa langue tendue à l’intérieur, son visage est crispé, ses yeux fermés. Ses mains sont proches de son visage. Le son ne commence pas immédiatement avec l’image, ce qui souligne à nouveau le côté amateur du montage. Ses pleurs sont très intenses, presque rauques. On entend d’autres pleurs hors champ, ce qui laisse penser que la scène se déroule à l’hôpital. (12:04)

Plan poitrine de profil. Le bébé est porté par Arrugeria et pleure intensément. On voit le micro qui tente de capter les pleurs. Le plan a changé, mais le son semble continu. Ajuriaguerra tente quelque chose pour calmer Orféo : il se baisse subitement, puis se relève, toujours avec Orféo dans les bras. Ce changement soudain semble apaiser Orféo, qui paraît intrigué. Ajuriaguerra attend quelques instants, comme pour voir ce qui va se passer ensuite, si Orféo reste calme. On entend des bébés pleurer hors champ. Après quelques hoquets, il recommence à pleurer un peu, puis s’arrête dès qu'Ajuriaguerra se baisse de nouveau. (12:39)

Plan moyen en plongée : Orféo est tenu en position semi-assise dans les bras d’une personne, on voit bien son expression crispée. Une main, venant de hors-champ, tend un biberon rempli de lait à la personne qui le porte. Orféo pleure, mais on ne l’entend pas, il ne semble pas y avoir eu de captation de son ici. Le biberon est doucement introduit dans la bouche d’Orféo ; quelques gouttes de lait coulent dans sa bouche. Une fois qu’il comprend ce qu’il se passe, il commence à téter et se calme immédiatement. La personne retire le biberon au bout de quelques secondes : Orféo s’agite de nouveau, il semble impatient. Il se calme dès que le biberon est replacé dans sa bouche. (13:06) Un très gros plan sur son visage permet d’observer sa succion calme. On aperçoit encore des gouttes au coin de ses yeux, traces récentes de ses pleurs. Le biberon est à nouveau retiré, et la caméra dézoome pour montrer la scène dans son ensemble. (13:15)

Quelques secondes d’un plan vert. (13:17)

De 9 à 14 mois

Carton manuscrit : « Orféo - 14 mois 5 - le 7-11-78 »

Plan d’ensemble : on découvre une salle remplie de bébés et de lits à barreaux, qui évoque une crèche. Les enfants présents semblent avoir entre 9 et 18 mois : certains sont assis sans appui, d’autres commencent à marcher. Au premier plan, un bébé est assis et joue, mais il ne semble pas être le centre d’intérêt de la caméra. Une femme en tablier, dont on ne voit que les jambes, est debout à proximité. Un autre bébé circule à quatre pattes. La caméra suit le déplacement d’Orféo qui marche en direction d’une adulte accroupie près des lits. Puis elle zoome sur son visage et nous montre son expression concentrée. Il babille et sourit. La femme l’accueille avec un sourire à la caméra : « Tiens, un gros garçon que voilà », puis elle se tourne vers l’enfant et lui dit, sur un ton attendri : « Qu’est-ce qu’il a le grand garçon ? ». (13:30)

Après un bref moment dans les bras de l’adulte, Orféo se détache, se frotte les yeux. La caméra dézoome à nouveau. La femme réagit en riant doucement : « Oh il est triste ». Orféo s’assoit par terre, elle lui caresse doucement le visage. Il glisse ses doigts sur ses joues comme s’il mimait des larmes, sans pleurer pour autant. Il se retourne, se dirige vers un lit et tente de se relever en s’y appuyant. La caméra place à nouveau Orféo au centre de l’image ; ses habits clairs qui captent la lumière dirigent encore davantage notre attention sur lui. Pendant ce temps, la femme détourne le regard pour échanger avec d’autres adultes dans la pièce. En se relevant, Orféo bascule vers l’avant et se cogne la tête au sol. Le bruit du choc fait sursauter l’adulte qui s’exclame : « Oh ! » et se retourne immédiatement pour voir ce qu’il s’est passé. Le bébé pleure. Une autre femme décrit ce qu’elle a vu. Pendant qu’elles échangent, la première femme prend Orféo dans ses bras et le porte vers une femme en blouse. La caméra suit toujours Orféo. La femme en blouse le console en le serrant contre son épaule, le berçant doucement de gauche à droite tout en lui disant avec un ton calme et bienveillant : « Oh il fallait te coucher mon vieux ». Son attitude, à la fois souriante et douce, montre qu’elle n’est pas alarmée par la scène, sans doute habituée à ce genre de petits incidents. (14:19)

La prochaine prise de vue semble se dérouler dans le même lieu que la précédente. On y retrouve Orféo, désormais calmé. La caméra commence par un plan serré sur son visage, puis effectue un lent dézoom pour révéler l’environnement : plusieurs enfants du même âge, installés au sol, ainsi que Julian de Ajuriaguerra, accroupi devant le groupe. Les enfants sont attentifs à ce qui se passe autour d’eux. Une femme réagit aux babillements d’un bébé en disant, sur un ton légèrement taquin : « Et alors, tu es en colère ? ». Ajuriaguerra poursuit dans la même tonalité, imitant une voix de bébé : « Oh, on s’occupe pas assez de toi… » puis répète plusieurs fois « oui, oui », avec douceur. On remarque qu’il y a désormais beaucoup plus d’interactions verbales avec les enfants que dans les scènes du début du film, qui montraient des nourrissons très jeunes. Ces échanges marquent un tournant dans le développement des bébés, plus réactifs aux stimulations langagières et plus engagés dans la communication. (14:36)

Des lettres défilent rapidement sur l’écran, sans logique apparente, comme s’il s’agissait d’une pellicule mal montée ou d’une erreur de manipulation. Ce moment brouille légèrement la continuité du film et renforce son aspect amateur. (14:39)

Carton manuscrit : « Elsa - 9 mois 22j - le 15-3-79 »

Une petite fille, Elsa, est portée à la verticale dans les bras d’une femme, agenouillée sur le désormais familier tapis jaune. Comme dans les prises de vue précédentes, la caméra commence en plan rapproché sur le visage du bébé avant de dézoomer pour intégrer progressivement son environnement. La femme assoit Elsa sur ses genoux, face à elle, dans une posture qui facilite l’interaction visuelle et corporelle. (14:54)

La caméra se déplace ce qui permet d’apercevoir un autre bébé, couché sur le ventre à proximité. Ce dernier parvient à se hisser sur ses coudes et semble captivé par un miroir placé devant lui. Les deux bébés cohabitent dans le même espace, sans interaction directe, mais leurs réactions respectives nourrissent l’intérêt de la scène.Un son singulier émerge : un râle prolongé, presque grinçant, que l’on peine à attribuer à l’un ou l’autre. Aussitôt, la femme resserre Elsa contre elle. La petite fille, apaisée par ce contact, commence à sucer son pouce. La caméra, mobile et attentive, se déplace pour venir saisir au plus près les expressions du visage d’Elsa. Son regard est absorbé, calme, et son pouce dans la bouche agit comme un objet transitionnel rassurant. (15:19)

Gros plan de profil sur le visage d’Elsa, qui semble pensive et apaisée. À nouveau, la caméra dézoome pour inclure l’ensemble de la scène. Elle est assise entre la femme et le bébé couché sur le ventre. Plein de jouets sont posés sur le tapis. On entend un cri, à nouveau difficile à attribuer. (15:30)

Plan moyen : Elsa est au premier plan, elle pleure, la bouche grande ouverte. La femme lui fait signe de venir en tapant doucement dans les mains pour attirer son attention, paumes tournées vers elle. Elle lui dit : « Tu viens ? », mais la petite fille détourne d’abord le regard. Elsa a du mal à reprendre sa respiration entre ses pleurs et hoquette. Elle regarde de nouveau les mains, puis détourne le regard quand la femme tape dans les mains. La femme finit par avancer ses mains sous celles d’Elsa et la soulève délicatement par la taille pour la rapprocher d’elle. Elle la porte contre elle en disant : « Oh là là là là. » (15:59)

Très gros plan sur le visage d’Elsa, qui a les joues et le nez rouges, des larmes sous les yeux et le nez qui coule, mais qui est calme. Elle semble fatiguée d’avoir pleuré. On entend toujours un bébé pleurer hors champ ; on peut se demander si c’est cela qu’Elsa observe attentivement. (16:07)

Le même carton manuscrit que précédemment apparaît : « Elsa - 9 mois 22 j - le 15-3-79 »

Plan rapproché légèrement en plongée, de profil : on voit Elsa dans un transat, en face d’une femme dont le visage est très proche du sien. La femme fait « aaaah », la bouche grande ouverte, pour répondre aux sons émis par Elsa. La petite fille explore le visage de la femme, qui se laisse faire et hoche la tête. Elsa tourne la tête vers la caméra et affiche un grand sourire. La caméra descend pour être entièrement de profil et bien montrer l’interaction entre la femme et l’enfant, qui poursuit son exploration avec joie. (16:25)

Des lettres défilent à nouveau. (16:27)

Gros plan sur le visage d’Elsa et d’une femme, surement sa mère. La caméra dézoome et montre la femme assise sur le tapis jaune qui tient fermement Elsa dans ses bras. Elsa pleure, le visage tout rouge. La femme lui fait des papouilles, puis lui dit : « Allez, fais un câlin », tout en la maintenant, les mains dans son dos, en se balançant d’avant en arrière. La caméra zoome et dézoome à plusieurs reprises. Les pleurs se transforment en un petit râle peu convaincu. Elsa porte sa main à sa bouche. La femme la tient très serrée, comme pour lui faire un bisou.Quand Elsa se remet à pleurer, elle lui dit : « Ah ben non », et la fait sautiller sur ses genoux. Elle ajoute : « Oh, c’est fini », et continue de la faire sautiller de plus en plus, tout en lui disant « chhh ». Les pleurs se transforment en babillage ; la main dans la bouche, Elsa semble tester le bruit que produit son « ah » en étant en mouvement. La caméra zoome sur le visage calmé d’Elsa et dézoome pour inclure le visage souriant de sa mère. Le film s’arrête brutalement sur cette image. (17:02)

Ce film nous montre que la consolation est une interaction : il y a un aller-retour entre l'adulte et l'enfant. Les adultes communiquent réellement avec les nourrissons du film, que ce soit par leurs gestes, leurs étreintes, les petits bruits de bouche, des sons répétés ou des phrases d'encouragement.

Notes complémentaires

Références et documents externes

Jean-Pierre Dufoyer, Le développement psychologique de l'enfant de 0 à 1 an, Paris, PUF, 1976. Jean Piaget, La naissance de l'intelligence chez l'enfant, Paris, Delachaux et Niestlé, 1977.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Louison Robert, Jeanne Franco, Manon Penarrubia