Une tâche difficile (1956)

De Medfilm



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Titre :
Une tâche difficile
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Interprétation :
Durée :
24 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

Les films J.K Raymond-Millet / William Sabatier - André Reybaz dans / Une tâche difficile / Scénario et commentaire : Jean Leduc - Conseils techniques - Docteurs : A. Courcoux - André Meyer - Ch. Gernez-Rieux / Directeur de la photographie : André Villard / Assistant-réalisateur et monteur : Philippe Dufaur / Commentaire dit par : Jean Dessailly / Un film de Jean Leduc.

Contenus

Sujet

La vie du professeur Albert Calmette et de son collaborateur Camille Guerin. Leurs recherches. Découverte du B.C.G.

Genre dominant

Fiction

Résumé

Albert Calmette, à l'occasion d'un long voyage en bateau qu'il fait sur le tard de sa vie, se rappelle de son parcours scientifique : son expérience de médecin colonial, les années de direction à l'Institut Pasteur de Lille, ses recherches sur le vaccin contre la tuberculose avec la complicité de Guérin, la mise au point du B.C.G., l'épreuve du "scandale de Lübeck" qui met en question la sécurité de son usage.

Contexte

Le B.C.G.

Le vaccin contre la tuberculose ou vaccin bilié de Calmette-Guérin (BCG) est découvert par Albert Calmette et Camille Guérin en 1921. Cette vaccination suscite de nombreuses réticences, notamment en raison du désastre de Lübeck. (En 1929, à Lübeck, 240 nouveau-nés environ reçoivent le vaccin oral contre la tuberculose. Malheureusement, il y a eu des négligences au cours de la fabrication de ce vaccin qui est contaminé accidentellement par des cultures de tuberculose infectieuse. Suite à ces vaccinations, 72 enfants meurent d'une tuberculose généralisée et 131 enfants présentent une tuberculose clinique avec guérison. En 1932, les responsables de ce désastre, Georg Deycke et Ernst Altstaedt, sont condamnés respectivement à deux ans et 15 mois de prison pour meurtre et atteinte corporelle par négligence.) Suite à cet événement, il faut attendre 1948 pour que soit reconnue l'innocuité du BCG et que puissent débuter de vastes campagnes de vaccination antituberculeuse sous l'égide de l'UNICEF et de l'OMS. En France, la loi du 5 janvier 1950 a rendu la vaccination par le BCG obligatoire. (Elle n'est plus obligatoire depuis 2007.) Elle devait être pratiquée avant l'entrée en collectivité et au plus tard à l'âge de 6 ans. Un test tuberculinique était pratiqué 3 mois après la vaccination. Si le patient montrait une réaction négative, la vaccination devait être répétée. Dans les années 1950, des antibiotiques sont utilisés pour leur action antituberculeuse mais la résistance du bacille les rend parfois inefficaces. De plus, la couverture vaccinale étant encore insuffisante, des stratégies thérapeutiques antérieures (séjours en sanatorium, collapsothérapie, thoracoplastie) subsistent. Il faut attendre le début des années 1970 pour que l'utilité de la cure sanatoriale et même du repos chez soi (home cure) soit définitivement battue en brèche.

Albert Calmette

Albert Calmette (1863-1933) est avec Louis Pasteur et Emile Roux l’un des grands noms de la recherche médicale française. Né à Nice et scolarisé à Clermont-Ferrand, il intègre le Service de Santé de la Marine et prend part à des campagnes militaires en Chine et en Afrique. Devenu médecin, il s’installe après son mariage à Saint-Pierre-et-Miquelon puis revient ensuite en France et rejoint l’Institut Pasteur. Il est envoyé à Saïgon pour y créer un laboratoire antivariolique et antirabique. Durant ce séjour, il étudie aussi le venin des cobras et la fermentation du riz. A son retour en France, il fonde l’Institut Pasteur de Lille dont il assure la direction jusqu’en 1919. A cette fonction s’ajoutent des travaux de recherche, des cours en amphithéâtre, des voyages d’étude aux colonies et des conférences à l’étranger. Ses activités sont interrompues par le Première Guerre Mondiale, l’occupation de Lille et la déportation temporaire de son épouse en Allemagne. La paix revenue, il est nommé à la terre de l’Institut Pasteur de Paris et reprend ses recherches sur la tuberculose qui aboutissent à la mise au point du vaccin B.C.G. Epuisé, il décède en 1933.

Le drame de Lübeck

Une tâche difficile n'omet pas cet épisode qui a mis en question le BCG. En 1930, des enfants vaccinés par le BCG sont décédés en Allemagne, à Lübeck. La presse rapportait que 71 enfants sur 250 vaccinés étaient décédés de tuberculose grave. La souche de BCG avait été fournie en 1929 à l’hôpital de Lübeck par le service de la tuberculose de l’Institut Pasteur. Le laboratoire de l’hôpital avait préparé son vaccin BCG à partir de la souche et ce vaccin, après des tests, avait servi à vacciner les enfants allemands en 1930. On assista alors à une véritable panique, les polémiques surgissant de toutes parts. Calmette et ses collaborateurs vérifièrent immédiatement que cette souche était inoffensive, puisqu’elle avait servi à vacciner plus de 5 000 enfants en France, sans qu’aucune maladie ni décès ne soient rapportés. Le constat était le même dans les autres pays qui avaient utilisé le même vaccin. Une longue enquête se déroula en Allemagne pour instruire le procès, les familles demandant, à juste titre, réparation. Pour compliquer la situation les cultures virulentes du bacille BCG de Lübeck avaient été détruites. Mais on commençait à penser que la culture de BCG avait été contaminée par une souche de bacille tuberculeux virulent. La Conférence internationale sur la tuberculose réitéra néanmoins ses félicitations à Calmette, les autorités allemandes elles-mêmes reconnaissant l’innocuité du vaccin BCG. En 1931 l’Académie de médecine affirma sa confiance dans le BCG par la voix d’Edmond Lesné, à la suite d’un travail en commission dédiée au BCG et Léon Bernard rapporta dans une communication du 22 décembre 1931 les deux conclusions des experts allemands qui innocentaient le BCG : " la catastrophe de Lübeck ne peut pas être attribuée à un retour à la virulence du BCG ; il est amplement démontré que les accidents de Lübeck sont dus à une erreur commise au laboratoire pendant la préparation du vaccin. » C’est seulement en 1932 que s’ouvrit le procès du BCG, qui compta 76 séances. Albert Calmette se défendit courageusement, entre les avis des experts et la férocité des opposants. Les parents des enfants décédés réclamaient des réparations pour dommages. Cependant les experts étaient formels : le BCG fourni par l’Institut Pasteur n’avait pas reversé, mais le vaccin préparé à Lübeck contenait des bacilles tuberculeux virulents d’une souche retrouvée aussi chez les enfants décédés. Ces bacilles avaient été manipulés dans le même laboratoire où étaient préparées les émulsions vaccinales. Le tribunal innocenta le BCG mais Calmette était épuisé par des années de combat et de polémiques, auxquelles il répondit toujours de façon scientifique et claire.

La production du film

Voir les notices correspondantes pour le réalisateur et la société de production (cliquer les noms dans le cartouche sous le film). Le Directeur de photographie, André Villard, a notamment travaillé pour Jean-Pierre Melville (Vingt-quatre heures de la vie d'un clown, 1946), Jacques Tati (cadreur pour Les vacances de Monsieur Hulot, 1953), Jean-Pierre Mocky (cadreur pour Les dragueurs, 1959). Le commentaire est dit par le comédien Jean Dessailly (Chéri de Pierre Billon, 1950 ; Jocelyn de Jacques de Casembroot, 1952 ; Si Versailles m'était conté de Sacha Guitry, 1954). Il a aussi dit le commentaire pour les films "Avec André Gide" de Marc Allégret (1951), Haussmann et la transformation de Paris de Jean Leduc (1953), New York ballade de François Reichenbach (1955).

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le choix de la fiction comme registre dominant vise à rendre sympathique le personnage de Calmette. La longue séquence sur la mise au point du B.C.G. témoigne de la rigueur et de la persévérance qui caractérisent son travail de chercheur au service de la santé publique. Par ailleurs, la mise en scène de sa complicité avec Camille Guérin l'humanise. Enfin, le préambule du film montrant ses hésitations au moment de lancer le vaccin, le positionne d'emblée comme un chercheur scrupuleux et responsable. Aussi, quand il en vient à l'épisode du drame de Lübeck, les accusations portées contre lui paraissent infondées et injustes.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Le film montre de manière allusive l'activité de santé en rapport avec la tuberculose : la mise en place du dispensaire à Lille, les premières administrations du B.C.G. Le film est axé sur la recherche scientifique à finalité médicale.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

salles d'exploitants

Communications et événements associés au film

Public

tout public

Audience

Descriptif libre

"Il ne faut prendre aucun risque"

Le générique se déroule sur le fond d'une prise de vue fixe montrant la statue d'un homme tenant un objet, sans doute un flacon de laboratoire. Nous saurons, plus tard dans le film, qu'il s'agit de la statue de Louis Pasteur à Lille. A remarquer qu'elle est filmée en contreplongée pour faire ressortir la puissance supérieure du personnage. Musique échevelée sur une image de flots écumants, fendus par la coque d'un navire. Sur le pont de celui-ci, un homme regarde l'horizon, plongé dans les souvenirs de sa vie. Le commentaire le présente comme le scientifique Albert Calmette. Fondu sur deux hommes se saluant. Le commentaire précise que l'autre hommes est Camille Guérin, son principal collaborateur. Saynète de fiction que le commentaire date de 1921. Un médecin vient voir Calmette et le supplie de vacciner un enfant malade de tuberculose. Hésitations de Calmette : il n'est pas encore certain de son vaccin. Le 21.05 de la même année, Calmette s'étant laissé convaincre, le médecin administre le vaccin au bébé par voie orale. "C'était le résultat logique de trente années de recherche de Calmette et Guérin." (03:33)

Etude des "maladies exotiques" et des "fièvres tropicales"

Les débuts de Calmette comme médecin des colonies. Photos de navire et de populations indigènes, vues de paysages marins pour évoquer le passage de Calmette dans la marine, de mission au Tonkin pour y étudier les "maladies exotiques", puis au Gabon en 1886, puis à Saint-Pierre et Miquelon. C'est dans cette dernière destination que Calmette fait ses premières découvertes en microbiologie à partir de morues putréfiées. Photo de Pasteur : celui-ci lui confie la direction d'un laboratoire à Saïgon. Il y travaille pour une population "en proie aux maladies tropicales", met au point un serum contre le venin des cobras. (05:01)

La direction de l'Institut Pasteur de Lille

Vue en plongée sur les toits d'une ville occidentale. Le commentaire nous indique qu'il s'agit de Lille. Calmette va devenir le directeur de l'Institut Pasteur récemment mis en place dans cette ville. C'est ici que débute sa collaboration avec Guérin, alors biologiste. A Lille, la priorité sanitaire est alors la lutte contre la tuberculose dans les quartiers ouvriers. Vue en contreplongée d'une façade d'immeuble en briques noirâtres, avec du linge pendant aux fenêtres ; vue en plongée dans une cage d'escalier aux hautes ouvertures couvertes de toiles d'araignée ; vue dans la rue d'un enfant solitaire devant une affiche de prévention. "Calmette découvre à l'ombre des cheminées d'usines les logements insalubres et les ravages de la tuberculose". Vue d'une rue de quartier ouvrier, encaissée, avec sa chaussée pavée et étroite et ses immeubles sombres. "Il lutte contre certaines conséquences tragiques de cette sciences dont les applications ne font pas encore le bonheur de tous". Malgré ses euphémismes, le commentaire émet une critique adressée à la recherche mise au service du système industriel. Reprenant son récit, il précise que Calmette créé en 1901 "le premier dispensaire antituberculeux de France qui sert de modèle à tant d'autres" : vue sur la plaque du bâtiment correspondant, puis panoramique accéléré pour enchaîner avec la séquence suivante axée sur l'activité de laboratoire. L'aventure de la recherche médicale est le thème du film, davantage que ses apports concrets sur les modalités du soin.(06:21)

Expérimentations pour un vaccin (1) : l'incertitude

Le commentaire rappelle que Calmette s'inscrit dans la démarche de Pasteur pour lutter contre la tuberculose. Cherchant à démontrer que cette maladie ne se contracte pas uniquement par les voies respiratoires, il fait avaler à un veau un bouillon de bacille virulent au moyen d'une sonde, puis, trois mois plus tard, étudie les tissus prélevés sur l'animal : les résultats qu'il obtient confirment son hypothèse. Reconstitution des différents stades de cette expérimentation qui a eu lieu en 1905. S'adressant à Calmette, Guérin constate : "le bacille a traversé l'intestin pour se retrouver dans les poumons". Calmette répond : "En somme, mon cher Guérin, on peut se contaminer ou se vacciner par la voie digestive". L'emploi du "mon cher", la proximité physique des deux hommes dans le plan témoignent de leur complicité au travail. Suite du récit de la mise au point du vaccin, avec des expériences sur l'animal qui sont l'occasion d'un déploiement d'équipements à l'image. Les premières tentatives échouent : l'ingestion de bacilles par le cobaye ne donne pas lieu à une immunité de longue durée comme le révèle son autopsie. Flash forward sur le visage du Calmette actuel, toujours sur le pont du navire, fronçant des sourcils au souvenir de cet épisode d'incertitude. (08:43)

Expérimentations pour un vaccin (1) : "aucun doute"

Nouvelles orientations avec l'emploi de bacilles vivants. Le commentaire précise qu'elles sont inspirées par les découvertes de Robert Koch : "un animal qui a été inoculé par un bacille tuberculeux vivant se montre résistant à une nouvelle inoculation avec un bacille virulent. Mais si celui-ci protège contre une nouvelle agression de bacille, il n'en continue pas moins sourdement son oeuvre." Nouvelle séquence de reconstitution de la situation de recherche, nouveau face à face entre Calmette et Guérin qui, en échangeant leurs réflexions, s'épaulent mutuellement dans cette quête du vaccin qui les implique l'un et l'autre. Quand l'un met sa cigarette à la bouche, l'autre craque une allumette et la lui allume. Microscope, lame avec tissu, éprouvette en gros plans successifs pour décrire le processus. La musique jaillit, triomphale, quand Guérin va chercher dans une chambre étuve les bacilles ré-ensemencés : le "trentième passage" du bacille sur le cobaye présente chez celui-ci des "symptômes très légers", le bacille "est devenu presque inoffensif". "Aucun doute", appuie Guérin, levant les yeux du rat autopsié pour les porter sur Calmette. La victoire est proche... Dernières et capitales expériences sur des veaux, dont un veau témoin qui reçoit une injection de bacille atténué. Un mois plus tard, injection de bacilles virulents à l'ensemble du cheptel. Le veau témoin survit, les autres meurent. Séquence qui reconstitue cette expérimentation, filmée en plongée dans une étable. (12:55)

Les épreuves de la guerre

Le cours de la recherche est troublé par des événements extérieurs. Calmette doit quitter la chaire de bactériologie à Lille pour poursuivre ailleurs sa carrière. Plongé dans correspondance, il lève les yeux vers Guérin : "Voyez-vous Guérin, vous n'aurez pas trop de toutes mes forces, et des années qu'il me reste à vivre pour développer les conséquences de nos travaux. En août 1914, les débuts de la guerre amènent l'occupation allemande dans le Nord de la France. Du ruban adhésif sur les carreaux des croisés et des portes de communication témoignent de coups de feu réguliers dans les environs. Guérin veille à entretenir les souches pour que des années de travail ne soient pas réduits à néant. Vue en plongée sur Calmette s'attelle à des travaux de rédaction pour publier leurs résultats. Bris de vitre, un flacon se renverse, un homme inspecte les dégâts avec une lanterne. Le commentaire explique que l'"explosion de l'arsenal des Dix-huit ponts", survenu à Lille en 1916, a endommagé l'Institut... "mais la souche est intacte!" L'homme à la lanterne est Calmette : gros plan sur son visage qui prend une expression rassurée devant ses éprouvettes. Son regard les couve tendrement comme s'il voyait un bébé dans son premier sommeil. (16:10)

Naissance et essor du B.C.G.

1919. Adieux émus de Calmette et Guérin sur un quai de gare. Calmette est nommé à l'Institut pasteur de Paris. Il voit la nécessité de nouvelles et longues expériences avant la mise au point définitive d'un vaccin. Guérin au laboratoire, de nouveau avec ses éprouvettes, pipettes, autoclaves. Il poursuit seul les expérimentations : 230 nouveaux ensemencements. "L'étude biologique confirme son innocuité et l'impossibilité pour le bacille atténué de reprendre de la virulence." Le B.C.G. est né. En 1921, les essais sur les animaux sont convaincants. Retour à la scène du début : Calmette dans son bureau, confronté à la demande pressant d'un médecin généraliste pour un enfant dont la mère était morte de tuberculose, confié à sa grand-mère elle-même tuberculeuse. Gros plan sur calmette qui répond finalement oui en regardant le médecin droit dans les yeux. saynète avec le bébé concerné. Paroles de Calmette pour expliquer ses hésitations : "nous ne savions pas encore si l'organisme des jeunes enfants supporterait le B.C.G. aussi bien que celui des animaux." En 1924, le vaccin est diffusé. Travelling sur des registres administratifs qui symbolisent la prise en main massive de cette diffusion. "De 1924 à 1928, 114 000 enfants sont vaccinés. la vaccination s'étend dans les colonies comme à l'étranger".(18:33)

Le scandale de Lübeck

Saynète reconstituant le jour de mai 1930 où Albert Calmette, prenant connaissance d'un quotidien allemand, tombe sur un article annonçant que "71 enfants sont morts après avoir été vaccinés par le B.C.G. à Lübeck". Calmette voit Guérin à l'Institut, qui l'informe que la culture employée à Lübeck avait déjà servi au vaccin de 5000 enfants sans le moindre incident. Musique sombre, solitude de Calmette qui arpente le couloir de l'Institut, suivi en travelling arrière. "Calmette vit là une période dramatique de sa vie. la persistance du moindre doute peut détruire trente ans d'un labeur poursuivi avec la plus scrupuleuse rigueur". Il doit se rendre à Oslo, au mois d'août de la même année, pour assister à la conférence internationale organisée sur la tuberculose. Dans la cabine du bateau qui le mène - nous comprenons alors que ce trajet constitue le point de départ du récit du film et que, désormais, nous ne sommes plus en flash back - Calmette, méditatif n'entend pas les coups à sa porte. Des hommes l'attendent sur le pont, lui annonce le steward. Il s'y rend, le visage trahissant son appréhension. L'un des hommes se présente : il est le chef de la délégation des médecins allemands que forme ce groupe. Contrechamp et légère plongée sur cet homme : c'est le regard de Calmette qui est reconstitué, par un plan subjectif. Celui-ci poursuit, avec gravité : "Nous savons les attaques injustes dont vous êtes l'objet dans notre pays et nous avons tenu à vous témoigner de notre respectueuse admiration et de notre confiance totale en vous, et dans le B.C.G. dont la culture livrée à Lübeck était irréprochable." Contrechamp sur le visage en gros plan de Calmette dont les traits se détendent. Il sourit devant cette preuve de confiance donnée par ses pairs outre-Rhin. Vue sur le palais d'Oslo où la conférence se tient. Le commentaire affirme que Calmette y est félicité et l'Institut remercié "pour la libéralité avec laquelle il met les cultures de B.C.G. à la disposition de tous les pays." Panoramique depuis la vue cavalière de la ville jusqu'au visage d'un jeune garçon : il symbolise cette jeunesse qui va bénéficier des apports de l'Institut pour échapper à la tuberculose. Nouvelle coupure d'un journal allemand : "Le 6 février 1932, le verdict du procès de Lübeck déclare : 'la catastrophe de Lübeck ne peut être attribué à un retour de virulence du B.C.G.'" Sa cause serait une erreur commise dans les laboratoires allemands pendant la préparation du vaccin. Calmette à nouveau dans les couloirs de l'Institut Pasteur, reconnaissable d'un plan l'autre du film à son sol carrelé en damier. "C'est pour Calmette la fin d'un profond cauchemar." Le commentaire ajoute cependant que, "marqué par ces dernières épreuves", il meurt le 29 octobre 1933.

Plans sur le laboratoire de l'Institut en pleine activité : c'est son héritage, à la suite de celui de Pasteur. Succession de vues de vaccination de masses dans différents pays. "Le B.C.G. a servi à vacciner des millions et des millions de sujets, du Nord au Sud, d'Occident en Orient." Plan sur le buste de Calmette devant l'Institut Pasteur de Saïgon qu'il a fondé. Le film avait commencé sur la statue de Pasteur à Lille : le film achève de présenter Calmette comme son parfait successeur dans la même mission. La dernière séquence montre Guérin au travail, les cheveux blanchis : c'est lui le continuateur de cette lignée tracée par Pasteur et Calmette. Le commentaire reprend alors la réflexion de Pasteur qui décrivait la nécessaire abnégation que la recherche requiert : "Ne proclamer sa découverte que lorsqu'on a épuisé toutes les hypothèses est une tâche difficile". Le titre du film est ainsi expliqué. Musique en fanfare, carton "fin".

Notes complémentaires


Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Joël Danet