Vers un monde sans sourds ?

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Titre :
Vers un monde sans sourds ?
Série :
Pays de production :
Année de diffusion :
2004
Réalisation :
Interprétation :
Intervenants :
Durée :
28 minutes
Format :
Parlant - Couleur -
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Réalisateur, Miske, Karim ; Présentateur, Abbou, Daniel ; Présentateur, Voizeux, Isabelle ; Monteur, Willot, Alexandra ; Participant, Churlet, Noémie ; Participant, Karacostas, Alexis ; Participant, Meyer, Bernard ; Participant, Marlin, Sandrine

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Cet épisode est consacré à la pose d'implants cochléaires sur des enfants sourds et à la peur qu'elle engendre dans cette communauté. recherche scientifique ; génétique ; greffe d'organe (implant cochléaire) ; surdité ; handicap physique ; mode de vie ; rapports humains ; relation parent enfant

Genre dominant

Film de recherche

Résumé

L'épisode "Vers un monde sans sourds ?" de la série L'Œil et la Main explore les enjeux et débats autour des implants cochléaires, une invention permettant de restaurer en partie l'audition des personnes sourdes. Pour cela on nous présente multiples témoignages de personne directement impactées par l’implant, de leurs familles, et de professionnels de santé. L'épisode interroge également les impacts de cette technologie sur la communauté sourde.

Contexte

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Le film est projeté sur Télévision française 1 (TF1) le samedi 20 novembre 2004 à 09H 10MIN 40SEC.

Communications et événements associés au film

Public

Audience

Descriptif libre

I) Générique de début d’émission

Nous entendons un fond musical qui semble servir de générique de début de l'émission L'oeil et la main”. En même temps que nous entendons cette musique de fond, différents mots s’affichent à l’écran à savoir : Découvertes, accueillir, différent, conflit, étonnant, s’entendre, échanges, l’œil et la main. Pendant que les mots s’affichent, différentes personnes signent ces derniers. Nous pouvons remarquer qu’ils effectuent les traits du visage associés au mot correspondant. Par exemple, nous constatons que lorsque le mot “conflits” apparaît, la personne qui le signe fronce les sourcils. De même pour le mot “accueillir”, nous remarquons que le visage de la personne signant celui-ci semble “enthousiaste” et “ouvert”. En effet, la personne sourit et se montre chaleureuse. Il est intéressant de souligner que les personnes qui signent les mots sont à la fois des hommes et des femmes et possèdent des caractéristiques physiques bien différentes. Ce générique d’introduction bien qu’il nous apparaisse comme étant “usuel” pour l’émission met néanmoins en exergue une volonté de ne pas discriminer les personnes tant sur leurs différentes visibles qu' invisibles. Le choix de signer les mot, traduit une volonté d’inclure les personnes sourdes mais aussi de les représenter. D’un point de vue purement pratique, cela n’aurait pas été nécessaire pour les personnes sourdes car les mots correspondants sont affichés. Toutefois, d’un point de vue plus symbolique, le fait de les signer comme nous l’avons dit précédemment, démontre une envie d’inclusion et de représentations des personnes sourdes dont il est notamment question dans cette émission. Introduction de l’émission du jour La séquence débute avec un homme qui, en signant, introduit une citation de Jean-Paul Sartre, doit il épèle le nom. Nous pouvons d’ailleurs relever que le nom de ce dernier est signé, montrant ainsi à quel point la langue des signes est vaste ; permettant de représenter même les noms de personnes célèbres. A ce titre, soulignons également que cette vidéo comporte des sous-titres afin de permettre une meilleure compréhension pour les personnes sourdes particulièrement. Notons également que le fond musical est identique au générique mais qu’il est très bas lors de leur échange. Durant l’ensemble de cette discussion, la caméra fixe la personne qui parle, lors de ces différents plans, nous observons que les deux personnes se font face puisque nous voyons une partie du dos de l’autre interlocuteur durant leur échange. La citation de Jean-Paul-Sartre est la suivante : “Tous les hommes ont peur. Tous. Si un individu n’a pas peur, alors il n’est pas normal”. La notion de peur est ici introduite et nous nous demandons alors le lien avec le titre de l’émission en question “Vers un monde sans sourd ?”. L’idée de la peur est reprise par la femme qui se trouve en face de celui l’ayant introduite. Cette dernière en signant revient sur cette idée et met en avant la banalité de la peur pour les personnes entendantes et pour les personnes sourdes. Par son regard naviguant entre les spectateurs et son interlocuteur, nous sentons que la représentatrice désire nous associer à la conversation. Celle-ci présente les différentes sortes de peur à savoir la peur qui motive et au contraire celle qui inhibe. Cette notion de la peur s’avère en réalité être un moyen d’introduire le sujet de ladite émission. L’homme reprend alors la parole pour se questionner sur la manière dont les peurs prennent forme pour les personnes sourdes : les raisons de ces peurs et leurs manifestations. La problématique centrale est alors introduite, à savoir la peur de l’implant cochléaire et de la recherche génétique pour les personnes sourdes. La présentatrice questionne alors sur les raisons qui motivent ces angoisses. On comprend ainsi que le premier sentiment suscité pour les personnes sourdes par ces nouveautés est la peur. Cela peut nous sembler paradoxal pour nous entendants qui avons tendance à voir ces avancements technologiques et scientifiques de manière positive. La présentatrice nous invite alors à regarder ce qu’elle nomme “l’enquête” menée par l'œil et la main. (1 minute 15 secondes)

II) Interview de personnes sourdes - donnant leur avis contre l’implant cochléaire

Le journaliste de l’émission interroge deux femmes et un homme sourds sur leurs inquiétudes à propos de l’implant cochléaire. Il s’agit d’une interview dans la rue ou dans des pièces avec décors neutres. Nous observons des sous-titres et entendons une fois off pour chacune des interviews.

A) Première interview : Une femme qui semble être quinquagénaire est interrogée à l’extérieur d’un bâtiment. Cette impression nous est confirmée par les voitures immobiles se trouvant à gauche sur la vidéo. Cette dernière confie ses peurs au sujet de l’implant cochléaire. A ce titre, elle affirme que “ce n’est pas normal”. Selon elle, implanter massivement revient à dire que “les enfants n’ont plus le droit d’être sourds”. Elle estime que la surdité est naturelle et déclare “on le leur refuse”. Finalement, nous comprenons d’après son témoignage l’impression qu’elle a de l’implant cochléaire. Celui-ci constituerait une manière pour les sourds de s’adapter aux entendants, de les “imiter” donc quelque part de cacher voire de renier leur véritable identité. En effet, ceux-ci “sont nés sourds”. Elle ne voit pas cela comme une fatalité dans la mesure où les personnes sourdes sont capables de vivre avec et faire tout ce qu'elles désirent ; au même titre que les entendants. Elle cite de nombreuses choses que sont capables de faire les personnes sourdes entre autres “être acteur, comédien, communiquer, s’informer, s’ouvrir, lire…”. Finalement, nous saisissons à travers cette interview que cette femme ne comprend pas l’intérêt d’avoir un implant cochléaire dans la situation actuelle des choses pour les personnes sourdes. Au contraire, elle associe l’implant cochléaire à un moyen de renier l’identité des personnes sourdes.

B) Deuxième interview : La séquence se situe probablement dans un bureau ou dans l’appartement personnel de la personne interrogée. Cette impression est fondée sur l'arrière-plan où nous distinguons des cartes postales accrochées sur un meuble et nous apercevons à gauche de la personne interrogée un objet qui ressemble à un téléphone. Il semble donc s’agir d’un lieu important pour cette personne. La personne interrogée est un homme d’une trentaine d’années. Cette interview débute avec la phrase suivante “La perfection est une norme”. De ce fait, selon lui en étant sourd il serait forcément “hors-norme” d’après la société. Il poursuit en se questionnant sur la norme qui est selon lui un concept vidé de sens et d’utilité dans la mesure où “tous les individus ont des problèmes, des différences”. Il continue en faisant le lien entre la norme et l’implant dont rappelons-le il est question dans cette émission. Il annonce “la norme est l’objectif de l’implant. Elle est l’objectif de la génétique”. C’est finalement ce constat qui lui pose problème.

C) Troisième interview : Cette interview se tient dans un café. En effet, nous observons une tasse en face de la personne interrogée, le menu et une rue piétonne à l'arrière-plan. Le choix de cet endroit semble traduire un désir de montrer que les personnes sourdes vivent de la même manière que celles qui ne le sont pas. Elles ne sont pas exclues de la vie sociale comme nous aurions tendance à le croire. Il s’agit donc d’un lieu ordinaire et habituel et non d’un lieu que l’on pourrait associer à toute forme de prise en charge médicale. La personne interrogée est une femme d’une trentaine d’année. Il est question dans cette interview de la disparition des communautés sourdes ; le titre de l’émission prend alors tout son sens. Selon elle, au même titre que d’autres communautés comme les communautés indiennes ont disparu, la communauté sourde sous l’influence de la génétique est vouée à la disparition dans un futur très proche “ça risque d’arriver dans les dix ans”. Ce constat l’effraye. (2 minutes 24 secondes)

III) Opération pour la pose d'un implant cochléaire

Le journaliste va dans un hôpital, la scène se déroule avec les bruits de machines et d’outils d’hospitalisation, il n’y a plus de musique de fond, ce qui signifie que nous changeons complètement de représentation, avec une opération “sur le vif” d'une pose d'un implant cochléaire. Le sujet suivi est la petite Hanane qui est sourde de naissance. Elle vient d’entrer en salle d’opération, portée par un médecin. Elle porte une charlotte sur la tête et une blouse de patient. Le médecin la tient dans ses bras, car il l’emmène en salle d’opération, ce qui peut paraître étonnant puisqu’elle a déjà 4 ans donc elle doit savoir marcher. Nous émettons l'hypothèse que les médecins ont dû lui administrer des médicaments dans le but de l’endormir pour l’opération.

Un homme apparaît sur le côté de la vidéo pour expliquer en langue des signes ce qu’il se passe pour Hanane, une voix également derrière raconte. Le titre du film apparait enfin au bout de 2 minutes 40 secondes d'introduction. Le titre a pour fond, l’ours en peluche avec les électrodes ECG en forme de tête d’ours. Par cette image, l’émission semble prendre position sur cette question “Vers un monde sans sourd?”. En effet, il n'est pas anodin de prendre cette scène d’hôpital qui paraît simple pour l’enfant ainsi que pour les professionnels de santé autour, cependant cette opération va chambouler la vie de Hanane. Par cette scène percutante pleine de douceur et de lourde conséquence, nous comprenons que malgré le fait que cette décision paraisse légère pour les entendants, ce n’est pas le même résultat chez les non-entendants. Nous l’observons par la suite avec le réveil de Hanane. Nous recevons les informations suivantes: “Paris, Hôpital Trousseau, 8h”. Avoir autant de précisions donne un aspect dramatique à la scène mais aussi permet de montrer qu’un moment important va s’y dérouler et qu’il faut le garder en mémoire.

La scène se poursuit donc en salle d’opération où un ours en peluche attend l’enfant. Il sera là durant toute l’opération puis tout le temps de son hospitalisation. Il permet de rassurer Hanane et de lui faire mieux comprendre ce qui se passe autour d’elle. En effet, elle fait les mêmes gestes sur la peluche que ceux qui lui seront faits par la suite sur elle. Tout d’abord, elle met des électrodes ECG sur le torse de la peluche et lui donne un masque à oxygène pour l’endormir, ainsi il va dormir avec elle. Nous entendons la voix de plusieurs soignants en arrière-plan. Une aide-soignante ou une infirmière donne des instructions à la petite Hanane, elle tient l’ours en peluche en face de la petite pour qu’elle le voit. Elle lui demande de souffler fort dans le masque à oxygène, elle la félicite par des mots d’encouragement. Cependant nous voyons que Hanane ne parle pas et elle la regarde pour lire sur les lèvres puisque la femme ne signe pas. Ainsi l’ours en peluche en plus de rassurer la jeune fille doit aussi permettre une meilleure communication entre les entendants et les sourds. Un soignant demande de quel côté doit être posé l’implant, nous apprenons qu’il est posé à droite. Pendant ce temps, Hanane se préoccupe de placer les électrodes ECG sur la peluche sur les mêmes emplacements que les siennes. La caméra passe de la peluche à l’enfant comme pour montrer le lien qui se tisse entre cet objet réconfortant et la petite fille. Celle-ci est très calme.

En arrière nous entendons et nous voyons le chirurgien qui prépare les outils pour l’opération. Hanane met elle-même son masque à oxygène pour s’endormir. L’infirmière la laisse prendre elle-même le tube et le poser en appuyant sur le ballon. La petite fille tient dans sa main la peluche et le chirurgien lui masse la main pour continuer à la détendre jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Le médecin Natalie Loundon lui pose un implant cochléaire, nous apprenons seulement maintenant que la jeune fille est sourde, ce qui est étonnant mais peut être un choix, car la fille semble dès plus normale. Elle n’a pas parlé mais n’a aucune caractéristique extérieure montrant réellement son trouble, c’est peut-être voulu par l’émission, pour nous faire comprendre que malgré le fait que c’est invisible extérieurement, c’est un réel handicap. Le médecin Natalie Loundon qui opère Hanane explique le fonctionnement de l'audition avec un objet représentant l’intérieur de l'oreille. En fond de scène, de nombreux dossiers sont entreposés et le médecin porte encore sa blouse. Ainsi nous supposons que la scène se déroule dans un bureau d’hôpital où donc l'outil doit être utilisé pour sensibiliser et vulgariser aux parents le fonctionnement de l’oreille ainsi que celui de la mise d’un implant cochléaire. Nous avons toujours quelqu’un qui signe la vidéo, cette fois-ci c’est une femme. Sous la vidéo, nous apprenons que le docteur chirurgien Natalie Loundon fait partie du service ORL (Oto-Rhino-Laryngologie). Elle explique que l'implant prend le son au niveau de l’oreille puis qu'il permet de découper ce son en fréquence avec les sons graves, les moyens et les aigus. Ce son est véhiculé grâce à des électrodes à l’intérieur de la cochlée pour stimuler le nerf vestibulo-cochléaire qui correspond au nerf auditif. Le docteur explique ce qu’il va faire en montrant le fraisage entre le nerf et le conduit auditif pour mettre l’implant. Cette scène ne doit pas être regardée par des âmes sensibles. Elle se déroule de la 4 minutes et 20 secondes à 4 minutes et 40 secondes. Pour être très précis, le chirurgien utilise une sorte de gros microscope pour observer l’oreille interne. Nous entendons un bruit de bistouri avec un plan rapproché sur l'intérieur de l'oreille puis la caméra dézoome pour voir également la femme qui opère. Nous avons un plan sur la taille et la forme de l’implant, qui ressemble beaucoup à une cochlée aplatie avec des fils longs comme des débuts de nerfs qui permettent de transmettre une décharge électrique au nerf auditif. Nous voyons des pinces qui insèrent cet implant profondément dans l’oreille de Hanane. C’est intéressant de montrer à quoi ressemble l'opération, cela permet de comprendre comment ils insèrent cet appareil et les dangers possibles lors de l'ouverture du crâne. Ce passage met en évidence la relation importante entre cette émission et la recherche scientifique. Nous sommes concrètement dans une sphère médicale avec des professionnels pour qui ce genre de scène peut intéresser. La chirurgienne donne des explications sur le type de résultats obtenus après cette pose d’implant ; “Pour les enfants sourds profonds, un tiers des résultats excellent où l’enfant est à l’aise et il communique avec les autres, téléphone et apprend d’autres langues. Un tiers dont la communication est compliquée mais le langue orale est compréhensible. Un tiers qui ne parle pas au niveau du langage oral. Les facteurs qui influencent ces résultats sont l’âge de l’implantation, l’histoire neurologique, l’histoire de la surdité et la mode de communication initiale. Cependant la grosse différence est celle liée à l’âge, il y a une vraie rupture dans les résultats entre un enfant implanté avant 18 mois à 2 ans et un enfant implanté après 2 ans.” Toutes ces informations chiffrées rassurent, puisque les résultats restent assez positifs et permettent de voir une avancée dans les recherches sur le sujet. Ce n'est pas seulement quelques sourds qui ont été implantés mais une grande partie des nouvelles générations et cela sur déjà plusieurs années puisque nous avons des retours sur le développement à moyen terme. Dans le passage qui suit, Hanane se réveille de son opération. Elle pleure, elle semble déstabilisée et perdue. Ses pleurs peuvent être liés aussi à une douleur ou au fait qu’elle commence à entendre certains sons qu’elle ne décode pas. Elle a un gros bandage autour de la tête qui semble la gêner et sa maman la tient dans ses bras pour essayer de l’apaiser. Elle n’est pas seule, d'autres enfants sont autour d’elle, aux aussi hospitalisés. Il y a toujours la peluche à côté d’elle, des infirmiers mettent un bandage sur la tête de l’ours en peluche comme avant l’opération, cela la raccroche à quelque chose qu’elle connaît et elle peut aussi comprendre ce qui la dérange sur sa tête, en voyant la peluche. Un homme en voix-off explique que le cerveau d’un enfant entendant apprend à analyser les sons et la parole humaine durant les 3 premières années de la vie. Le cerveau auditif d’un enfant sourd ne se développe pas, donc si l’enfant est implanté avant deux ans alors la stimulation de cette partie du cerveau est possible, sinon cela est plus compliqué. Avec tous les bruits autour de Hanane, nous comprenons qu’il lui est difficile de traiter ce qu’elle ressent et que cette première expérience sonore est assez traumatisante. Cela questionne sur la façon dont est amenée la découverte des sons chez les patients opérés. Hanane arrive à se calmer grâce aux gestes affectifs et aux caresses de sa maman. La scène qui suit doit se passer plusieurs jours après l’opération. Nous voyons l'enfant calme dans sa chambre seule avec sa maman, celle-ci signe. Elles font ensemble un puzzle sur le lit de la jeune fille. Hanane est concentrée sur le puzzle avec les dalmatiens. Nous avons pour finir une dernière scène sur l’ours en peluche qui porte encore comme Hanane, un grand bandeau sur la tête. Après la scène de Hanane tourmentée, il est important de finir sur une scène plus apaisée, où tout semble aller mieux.

La maman de Hanane, Aïcha Trabelsi, témoigne. L’interview se situe à l’hôpital, nous pouvons apercevoir un produit qui semble être désinfectant à l’arrière-plan. Dans cette émission, le choix est fait d’afficher le témoignage de la mère dans un rectangle sur un fond noir où une dame au premier plan à gauche signe son discours. Une fois de plus cela semble mettre en exergue une volonté de représentation des personnes sourdes mais également de rendre ce reportage accessible et compréhensible pour elles. La mère affirme avoir effectué une formation de la LSF (langue des signes française) sans quoi elle serait dans l’impossibilité de communiquer avec sa fille. La langue des signes s’avère être le seul moyen dont elle dispose pour communiquer avec son enfant d’un point de vue pratique “pour la nourriture” mais également sur d’autres sujets. Le journaliste l’interroge alors sur la question de l’implant et sur les raisons orientant son choix vers l’opération. La mère semble convaincue et sûre de sa décision. Tout d’abord, l’opération constitue le seul moyen qu’elle a pour entendre la voix de sa fille. D’un point de vue symbolique, l’implant lui permet d’entendre le mot “maman” de la bouche de sa fille. Il s’agit de quelque chose qu’elle “attend”, elle semble émue lorsqu’elle en parle. En effet, c’est pour elle un désir profond “comme toutes les mères”. Le fait de n’avoir pas entendu la voix de sa fille est difficile. Elle avoue que les deux premiers mois étaient particulièrement éprouvants ; elle ignorait que sa fille était sourde car ni dans sa famille ni dans celle de son mari il n’y en avait. Elle va jusqu’à affirmer qu’elle n’a pas accepté que sa fille soit sourde et qu'elle pleurait énormément. Elle nuance par la suite son propos en disant qu’elle en a ensuite pris l’habitude. Cet extrait se concentre sur les conséquences entraînées par la surdité d’un point de vue relationnel entre les parents et l’enfant et dans ce cadre précis entre l’enfant et la mère. Il s’agit de ressentis personnels difficiles à imaginer pour les personnes entendantes et particulièrement pour des parents entendants ayant des enfants entendants. (7 minutes 43 secondes)

IV) Interview de personnes sourdes au sujet de l'implant cochléaire

A.) Première Interview La première interview commence par une présentation de la situation. La voix off explique que la femme qui s’apprête à être interviewée s’appelle Noémie et qu’elle fait partie de la première génération d’enfants à qui on a posé des implants cochléaires, car cette pratique a été introduite il y a seulement 20 ans. À l’écran, on voit un interprète apparaître, pour signer le même message, puis disparaître. Au même moment, la caméra nous montre un parc où de nombreuses personnes se baladent, puis elle semble zoomer sur une femme qui marche dans la rue. La caméra passe ensuite rapidement sur le reste des passants, montrant des scènes du quotidien. Ce plan pourrait montrer que la jeune femme se mêle à la foule et que rien ne peut physiquement la distinguer des autres passants. On passe à une autre scène : la même jeune femme est assise sur un rebord dans le parc. Une inscription apparaît pour nous préciser qu’il s’agit de Noémie Churlet, une comédienne. Une voix off féminine interprète à l’oral ce que Noémie signe. Noémie commence par raconter un souvenir d’enfance. Alors qu’elle jouait dans son bain, sa mère s’était précipitée sur elle avec un grand sourire, l’avait sortie rapidement, avant de l’emmener devant la télévision. Noémie précise : « Je ne comprenais rien. » Sa mère lui explique que c’est au sujet de l’invention de l’implant cochléaire qui lui permettra plus tard « d’être autonome, de vivre seule dans [sa] maison, de téléphoner. » Pour Noémie, cela a été un choc, car elle venait de réaliser que sa mère n’acceptait pas bien sa surdité, alors qu’elle avait l’impression de vivre heureuse. Se tournant vers son père, ce dernier lui a affirmé que c’était son choix, ce que sa mère s’est empressée de répéter. Noémie explique alors que, comme elle était encore petite et que le besoin d’amour et d’affection était fort, elle a accepté et a été implantée. La voix off revient pour expliquer qu’après un an de rééducation, Noémie a débranché la partie externe de l’appareil et s’est dirigée vers la communauté des sourds signeurs, bien qu’elle ait été éduquée en tant que sourde oraliste. Aujourd’hui, elle hésite à se faire opérer pour enlever la partie interne de l’implant. Elle affirme qu’elle n’en a pas besoin, mais que si elle l’enlève, elle risque d’avoir des problèmes, car l’implant est sur le nerf et, de ce fait, proche du cerveau. Si l’opération se passe mal, elle risque la paralysie faciale.

B.) Deuxième interview La scène débute sur un plan de l’entrée de l’Hôpital d’Enfants Trousseau-Armand, comme l’indique le zoom de la caméra sur la plaque affichant le nom. La voix off nous apprend qu’après la pose d’un implant cochléaire, il est nécessaire de faire quelques réglages électroniques de l’appareil et qu’il est indispensable de suivre une rééducation orthophonique afin de stimuler les capacités auditives et phonologiques de l’enfant. Le plan change pour nous montrer un bureau où deux personnes sont face à face : un homme et un enfant, Gabin, 5 ans, qui porte un implant cochléaire depuis 2 ans. La mère de Gabin est également présente dans la salle. L’homme demande à Gabin comment il entend, et ce dernier pointe sur une frise, où sont dessinés trois pictogrammes représentant les niveaux faible, confortable et fort, le pictogramme représentant un son faible. L’homme le félicite et affirme qu’il a bien intégré ces trois notions. Il augmente ensuite l’intensité du son et repose sa question. Gabin indique immédiatement le pictogramme « fort ». L’homme lui demande alors de répéter une suite de mots, ce qu’il fait avec difficulté, en confondant plusieurs phonèmes. Après quatre mots, Gabin s’est affaissé sur la table et touche la partie externe de son implant en voulant l’enlever. L’homme lui demande alors s’il veut arrêter, ce qu’il confirme. On passe ensuite à une interview de Marie-Laure Carpentin, la mère de Gabin, avec une interprète qui signe en même temps. Cette dernière explique que toute la famille est entendante, Gabin est le premier sourd, et que personne ne connaissait la LSF. Ils ont donc poussé Gabin à oraliser au maximum, pour qu’il soit l’égal des autres, des entendants. La famille de Gabin a ensuite appris le LPC et a choisi l’implant cochléaire car il correspondait le mieux à leur schéma familial.

C.) Troisième interview La scène s’ouvre sur l’image d’un petit garçon qui fait des sauts dans ce qui semble être le couloir d’un hôpital, avec un grand sourire sur son visage. Une voix derrière la caméra affirme qu’il est surexcité parce qu’on vient de le « brancher ». Le père de Clément, le petit garçon, Serge Montagu, prend alors la parole. Il déclare que, pour que son fils ait une meilleure intégration, ils désiraient qu’il entende et qu’il parle, et qu’ils ont donc suivi cette démarche de l’implant cochléaire. Clément est inscrit dans une école spécialisée, où il y a de l’orthophonie en permanence et pratique « tout », selon son père, c’est-à-dire le LPC, la LSF et l’oralisation. L’enfant peut ainsi décider vers où il va ensuite se diriger. Le père de Clément affirme : « Ce n’est pas parce qu’un enfant est implanté aujourd’hui que demain il parlera, il peut très bien utiliser la LSF. » Selon lui, les parents donnent un choix dans l’orientation au démarrage, mais ensuite l’enfant est libre de choisir sa voie. L’interview se termine avec un zoom sur le visage de Clément, qui rit. (12 minutes 46 secondes)

V) Partie Elizabeth

VI) Partie Alix I explications du Pr Meyer quant au combat de la surdité On peut voir les couloirs de l’hôpital Saint Antoine. Les personnes y attendent et y circulent. Nous pouvons ensuite voir un gros plan sur la porte du « laboratoire d’audio phono prothèse ».La caméra filme ensuite un panneau indiquant « salle de consultation de 1 à 4 »puis de nouveau les personnes qui attendent dans le couloir. Ces coûtes séquences soulignent le fait que, selon la médecine, la surdité est bien une pathologie nécessitant « consultation » et « prothèse ». Ensuite, le plan où l’on voit le Pr Meyer, successeur du Pr Chouard, en train de réfléchir devant une porte indiquant «  examen Pr Meyer »permet à l’émission de le présenter très brièvement comme un éminent intellectuel après que la voix off l’a présenté comme un partisan de l’implant considérant la surdité comme une pathologie qu’il doit soigner. Vient ensuite le moment où le Pr Meyer prend la parole. Il explique que la disparition de la surdité n’est pas pour demain, ce qu’il déplore. Il parle de causes inconnues de la surdité qui empêcheraient cette disparition. Mais il considère qu’il est du devoir des médecins de tout faire pour « revenir à une physiologie normale » et que ce n’est pas criticable.

VII) Vers une nouvelle forme d'eugénisme ?

Notes complémentaires


Contributeurs