Virus, quel virus ? (1987)

De Medfilm



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Titre :
Virus, quel virus ?
Série :
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Intervenants :
Durée :
13 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

le sida, exposé sur la maladie et ses modes de transmission.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

"« Comment ça s’attrape ? Qu’est-ce qu’un virus ? Qu’est-ce que ça veut dire séropositif ? Est-ce que la salive est contaminante ? Est-ce qu’on peut avoir un enfant quand on est séropositif ? » Des jeunes lycéens posent des questions. Le Dr Barré-Sinoussi (virologue), le Pr Griscelli (pédiatre) et le Dr Schved (hématologue) répondent ou corrigent dans un langage accessible à tous. " (Liste de documents d'information réalisés et diffusés par AIDES, 1988)

Contexte

L’année 1987 marque le début de l'application d’une politique de santé publique en France pour faire face à l’épidémie sida. En l’absence de traitement médical efficace contre le sida. Le Ministre délégué à la santé Michèle Barzach ne prend pas de mesures coercitives, mais lance les premières politiques publiques de lutte contre le sida : premières campagnes d’information, autorisation de la publicité pour les préservatifs ainsi que de la vente libre de seringues en pharmacie.

L’association AIDES, créée en 1984, s’est rapidement imposée comme la référence dans le domaine de la lutte contre le sida en France. Fondée sur un principe de respect du droit des malades, elle axe ses politiques sur trois axes principaux : L’aide aux malades, un cadrage sur le discours du patient et sur l’information. Le printemps 1987 marque également un tournant dans l’évolution de l’association. Parallèlement à son institutionnalisation progressive, des premières divergences politiques émergent au sein de AIDES, ce qui conduisent Frédéric Edelmann et Jean-Florian Mettetal, respectivement administrateur et vice-président de l’association, à rejoindre ARCAT-Sida, dirigée par Pierre Bergé.

L’association AIDES fait appel à Fabrice Rouleau et aux Films d’Ici pour réaliser une série de trois courts métrages pour l’association, dans le but d’aborder « la formation des personnes amenées à côtoyer des malades, le très important domaine de la prévention en différents milieux et enfin, l’illustration d’une action pratique » (documents de production du film, 1987. Le réalisateur, ancien acteur et journaliste chez Libération dans les années 1980, est habitué des sujets de santé. L’assistante-réalisatrice nous confie avoir travaillé avec lui précédemment sur un film consacré au service de gynécologie d’un hôpital de Montpellier, puis, après 1987, au sujet de la toxicomanie (Entretien avec l’assistante réalisatrice, 2023). Il a également co-réalisé un autre film consacré au sida, Bouche et sida, avec Georges Le Breton en 1991. Ce dernier « aussi abrupt que clair » (Journal du Sida, janvier 1992), est destiné à la formation des chirurgiens-dentistes. Le tournage de la série a lieu entre juin et juillet 1987 entre Montpellier, Paris et Rouen, où l’antenne de AIDES Normandie vient d’être créée.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film met en scène une forme de question-réponse entre adolescents filmés dans leur lycée et des médecins spécialistes du sida. Les questionnements des lycéens renforce l’identification du spectateur. L’ambition de l’équipe de tournage est résumée dans le synopsis de production : « A toutes ces questions, sélectionnées pour couvrir un champ très large, nous apporterons les réponses possibles dans l’état actuel des connaissances. Elles pourront venir de la bouche des scientifiques, mais aussi des personnes que l’expérience de la maladie a instruites. » (Documents de production, 1987).

L’objectif central du film est de transmettre une information sur ce qu’est réellement le sida, dans l’état actuel des connaissances. Le discours n’est pas prescriptif, mais cherche à dédramatiser le sida. Il se place dans une perspective d’écoute des étudiants, sans jugement. AIDES adopte une perspective assez ambivalente. L’association cherche à se démarquer du discours médiatique alarmiste, comme le souligne la séquence d’introduction. Toutefois, on note des inspirations des techniques journalistiques dans la construction du film. En effet synopsis de production insiste sur la volonté de l’équipe d’utiliser des techniques de reportage, effectivement retrouvées dans le métrage. De même, l’approche en « question-réponse » entre lycéens et scientifiques sur le thème de l’information contre le sida se retrouve dans un reportage diffusé sur Antenne 2 le 8 janvier 1987, soit quelques mois avant le tournage de la série. Le reportage est très intéressant à cet égard, il s'inscrit dans une émission assez symptomatique du contexte médiatique des années 1980. (http://inatheque.ina.fr/doc/TV-RADIO/DA_CAB87001362/prevention-et-information-des-adolescents?rang=3)

En contraste avec le discours médiatique, la conclusion est optimiste : il faut faire confiance à la science.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Les questions des lycéens sont reprises par des médecins et spécialistes reconnus dans l’espace sida : Jean-François Schved est hématologue et spécialiste de la transfusion à l’université de Montpellier, le Pr Claude Griscelli est chef de service à l’Hôpital Necker à Paris. En 1989, il est nommé chef de la commission d’immunologie de l’ANRS nouvellement créée. Le Dr Françoise Barré-Sinoussi, quant à elle, est virologue à l’Institut Pasteur. Elle est co-découvreuse du VIH en 1983, avec le Pr Luc Montagnier. De manière la plus neutre possible, les médecins exposent les réponses aux questions des lycéens : Ils redéfinissent les notions de virus, de système immunitaire, de séropositivité. Les facteurs de transmission, par voie sexuelle et de la mère à l’enfant sont expliqués, tout comme les facteurs possibles de développement de la maladie. La gravité du sida n’est pas niée, mais les médecins portent un discours rassurant : aucun traitement n’a été trouvé, mais la recherche est en cours.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Les films sont destinés à être diffusés « à long terme dans des cadres variés (lycée, hôpitaux, associations diverses » (documents de production du film, 1987). Pour des raisons d’efficacité de la communication, AIDES priorise une exploitation de ces documents par rapport à un passage à la télévision. Si les documents de production n’excluent pas une diffusion télévisée des courts métrages, aucune trace de celle-ci n’a été retrouvée à ce jour. Des copies sont produites en formats 16 mm et vidéo beta SP de sorte à s’adapter à la taille de l’assemblée : salles de projection, diffusion sur téléviseurs pour de plus petits comités dans le cadre de la formation par exemple.

Communications et événements associés au film

Plaquette de présentation

Documents de production (Synopsis, plan de tournage)

Inventaire des catalogues AIDES

Public

L’ambition de l’équipe de production est d’aboutir à des films mobilisables dans une variété de contextes, pour pouvoir « être projets isolément, par deux ou trois » (documents de production du film, 1987). Les films sont réalisés pour être accessibles pour un public le plus large possible. La répartition en films thématiques de la série permet d’adapter au mieux les projections aux publics concernés. En particulier, virus, quel virus ? fait un état des lieux des connaissances nécessaires sur le sida pour permettre à chacun de se protéger au mieux. Le synopsis préparatoire du film axé sur la prévention indique : « Ce film doit amener ceux qui s’interrogent, face aux situations évoquées, à clarifier leur position, à mesurer les risques qu’ils courent et, grâce à une plus ample information, à adopter des comportements plus adéquats. » (documents de production, 1987). Ce film semble donc être le plus grand public de la série : il s’adresse en priorité à des adolescents, des jeunes adultes, mais également à toutes les personnes susceptibles d’être contaminées.

Audience

Descriptif libre

Introduction : se distinguer du discours médiatique

Plan sur l’aqueduc St Clément à Montpellier. Une femme traverse la route et vient s’arrêter devant un kiosque à journaux. Sur un présentoir, tous les journaux font leur une sur le sida. Elle ouvre un quotidien, titré « sida, bonjour l’holocauste ». L’article, « le vaccin, c’est pas pour demain », n’est pas plus rassurant. Entretien de Jean-François Schved, hématologue, et récemment fondateur de AIDES-Languedoc Nord. L’interviewer questionne la pertinence du ton alarmiste porté par les campagnes de presse. Le Dr Schved soutient que ce n’est pas une bonne chose : le sida fait déjà peur en lui-même. Cette peur, il s’agit de « la désorganiser » par le biais de l’information.

La parole des jeunes

Sceaux : des lycéens sont assis sur un banc. Un jeune garçon critique la manière dont le sida est présenté dans les médias. On associe sida et préservatif mais on n’en sait toujours pas plus. « A chaque fois qu’on parle du sida, on voit un homme politique, on se demande déjà ce qu’il vient faire là ? Ou bien une autre fois on voit un type avec une tête sérieuse avec des lunettes, ‘alors monsieur le médecin, vous êtes un spécialiste venant des Etats-Unis, que savez-vous, et puis il parle pendant une demi-heure, on n’en sait toujours rien ». Les informations données par les scientifiques lui paraissent contradictoires, « C’est n’importe quoi… », dit il en haussant les épaules et en secouant la tête. Le journaliste lui demande quelles informations il souhaiterait recevoir. Le jeune répond qu’il aimerait qu’on lui parle des progrès de la recherche. Un de ses camarades ajoute qu’il aimerait connaître les bases, les choses importantes, comment on attrape la maladie, ce qui se passe ensuite. Une jeune fille continue : « ça fait un an qu’on ne nous apprend rien. » Elle souhaite savoir pourquoi le virus ne se transmet pas par la salive ou la sueur. Par ailleurs, la notion de virus est elle-même assez floue pour les lycéens : « on nous parle de virus, on ne sait même pas ce que c’est un virus ».

La réponse des spécialistes

Tour à tour, trois spécialistes de la question viennent répondre aux interrogations des lycéens. Ils apparaissent chacun en gros plan. En premier lieu, c’est le Pr Claude Griscelli de l’hôpital Necker, qui intervient. Il explique ce qu’est un virus. En réponse à la lecture d’un article sur les modes de contamination lu par une des adolescentes, il détaille les voies de transmission principales : le sang, le sexe. « Le sexe, c’est aujourd’hui le problème majeur », explique le Dr Françoise Barré-Sinoussi de l’institut Pasteur. La transmission a lieu pendant les rapports homosexuels tout comme lors de rapports hétérosexuels. « On arrive aujourd’hui à une maladie sexuellement transmissible, entre guillemets ». Un rapport avec une personne infectée n’est pas synonyme de transmission, mais un unique rapport peut suffire. Il faut prendre ses précautions, le seul moyen pour le moment reste le préservatif. Le Dr Barré-Sinoussi admet que le virus a été trouvé dans la salive, mais qu’il s’agit de quantités si faibles que la transmission est impossible. Parole au Pr Griscelli. Il réaffirme que la maladie est transmissible mais très peu contagieuse. Plan sur un enfant de son service. Jamais une transmission n’a été observée entre enfants du service, ce qui lui « paraît être une preuve extrêmement importante à considérer ».

Retour sur la lycéenne. Questionnée sur l’idée de la maternité et du VIH, elle affirme : « Si c’est pour avoir un enfant et 5-6 ans après le perdre, j’veux dire, c’est un choix à faire ». Mais elle relativise. Des femmes atteintes par le VIH « ont eu des enfants tout à fait normaux. De son côté, elle pense qu’elle prendrait le risque. Réponse du Pr Griscelli. Il met en garde contre la transmission mère enfant qui a lieu dans 50% des cas. Dans ces conditions de transmission, la maladie est extrêmement grave, sans moyen de traitement avec les savoirs de l’époque.

Questionnements à propos du dépistage

Dans la lignée des discours portés par AIDES, le Dr Jean-François Schved conseille à toute personne inquiète de réaliser un test de dépistage. Toutefois, il s’oppose au dépistage obligatoire : « Si on le fait maintenant un test à tout le monde à tout le monde, il faudrait en en refaire un à tout le monde dans un mois, puis dans un mois puis dans un mois. Les gens exposés de toute façon essaieront de pas faire le test et passeront au travers. » Les solutions autoritaires ne lui semblent pas appropriées. Il faut traiter les gens en adultes, y compris les adolescents, leur dire voilà les moyens, voilà les risques. Le Pr Griscelli explique le fonctionnement de la maladie. Le VIH s’attaque aux les lymphocytes T4, qu’il qualifie de « chef d’orchestre du système immunitaire ». Séquence d’animation. Un orchestre joue. Des virus viennent semer le trouble devant le chef d’orchestre : « c’est la cacophonie », affirme le professeur.

Des zones d’ombre

Françoise Barré-Sinoussi confesse qu’il existe encore des zones d’ombre concernant la maladie. Concernant l’entrée en activité du virus notamment, on ne sait pas encore quels facteurs provoquent l’explosion de la maladie. Des hypothèses existent : des infections par d’autres virus, des réinfections… Le mot de la fin est donné au Dr Schved : certes, « le sida en tant que maladie déclarée est une maladie grave », sans traitement à l’heure actuelle. Mais il y a bon espoir de trouver des traitements. « Si ce n’est pas un espoir, c’est une certitude ». Il conclut : « Il n’y a pas, dans l'histoire de la médecine, un moment où on n’a pas répondu à un agent infectieux. »

Une conclusion préventive

Sur fond bleu, apparaît en blanc : « Comment tenir le SIDA en échec ? Par la recherche d’antiviraux pour sauver les porteurs de virus / Par la recherche d’un vaccin pour se protéger du virus / En prenant des précautions pour ne pas être contaminé. / Le sida, vous pouvez l’éviter.

Notes complémentaires

Le film possède de grandes similarités avec un reportage diffusé sur Antenne 2 en janvier 1987. Il est envisageable que le parti pris de Fabrice Rouleau soit inspiré par cette émission.

Le terme VIH est employé une unique fois au cours du film, par le Pr Griscelli (qui utilise la dénomination anglaise, HIV)

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Contal Maryse, Nathan Kraemer