Use your head (1945)

De Medfilm



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Titre :
Use your head
Série :
Année de production :
Pays de production :
Interprétation :
Durée :
5 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc -
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

UNITED STATES NAVY TRAINING FILM - NON CLASSIFIED - COPYRIGHT 1945 BY HUGH HARMAN PRODUCTIONS, INC.
COMMANDMENTS FOR HEALTH
Use Your Head

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Pratiques d'hygiène dans la jungle

Genre dominant

Fiction

Résumé

Au lieu d'utiliser les feuillées prévues pour tous les soldats, le soldat McGillicuddy s’est installé des toilettes personnelles. Elles attirent des mouches qui contaminent les aliments préparés à la coquerie du campement. Tous les soldats attrapent la dysenterie, ce dont les Japonais se félicitent. Lorsque les camarades de McGillicuddy apprennent que c’est lui le responsable, ils le jettent dans les feuillées.

Contexte

Les États-Unis sont engagés dans la 2e guerre mondiale aux côtés des Alliés depuis Pearl Harbor (7 décembre 1941). Ils prennent part à la Guerre du Pacifique (Guam, Philippines, Malaisie, Singapour, Birmanie, etc.).
Le sentiment anti-japonais présent dans l’opinion publique américaine de façon particulièrement forte pendant la Seconde Guerre mondiale, en particulier à partir de l’attaque-surprise de Pearl Harbor, trouve son origine à la fin du XIXe siècle, avant même l’arrivée des premiers immigrés japonais.
En février 1875, une loi autorise la naturalisation des « blancs libres, des étrangers d’origine africaine et des descendants d’Africains » uniquement. Elle sera évoquée à de multiples reprises au cours des années suivantes pour justifier le refus de naturaliser des immigrés japonais ainsi que leurs descendants. (Cette disposition n’a été entièrement levée qu’en 1952 par la Loi McCarran-Walter ou Immigration and Nationality Act.)
Les premiers immigrés japonais (essentiellement des ouvriers agricoles installés à Hawaï et en Californie) arrivent en Amérique en 1885. De façon générale, ils sont mal payés, mal traités et parfois lynchés.
En mai 1892, les journaux The Morning Call, The San Francisco Examiner et The San Francisco Bulletin lancent le premier mouvement anti-japonais. Le San Francisco Chronicle le relancera en 1905.
Au début du XXe siècle, la notion de « péril jaune » auparavant associée aux Chinois est appliquée également aux Japonais à l’occasion de leur victoire sur les Russes dans la guerre russo-japonaise.
En 1905, les délégués d’une soixantaine d’organisations ouvrières fondent The Asiatic Exclusion League à San Francisco. Au départ, cette ligue vise uniquement les Japonais et les Coréens.
En 1906, toujours à San Francisco, les enfants « de race japonaise » doivent fréquenter uniquement les écoles asiatiques séparées où sont déjà relégués les enfants d’origine chinoise. Le président Roosevelt obtient la suppression de ce règlement mais doit promettre en échange de limiter l’immigration japonaise.
En mars 1917, la première version du film Patria basé sur le roman The Last of the fighting Channings de Louis Joseph Vance et financé par William Randolph Hearst met en scène des espions japonais qui conspirent pour envahir les États-Unis et s’allient avec des Mexicains. (Par la suite, le président Woodrow Wilson demandera à W. Hearst de retirer les éléments de propagande anti-japonaise de ce film.)
En 1920, la California Alien Land Law renforce la loi de 1913 du même nom qui interdisait aux étrangers non éligibles à la naturalisation de posséder des terres agricoles. À partir de 1920, il leur est également interdit de louer des terres. Cette loi est une réponse à l’intensification du sentiment anti-japonais en Californie. Jusqu’en 1937, dix autres États adopteront une législation semblable.
En 1924, l’Immigration Act (ou Loi Johnson-Reed) stoppe l’immigration japonaise aux États-Unis.
En 1931, l’invasion de la Chine et l’annexion de la Mandchourie par l’armée impériale japonaise sont très critiquées aux États-Unis. Les citoyens américains sont scandalisés par les exactions perpétrées par les Japonais lors de cette guerre (massacre de Nankin en 1937).
Le 7 décembre 1941, les forces aéronavales japonaises attaquent la base américaine de Pearl Harbor (Hawaï) par surprise. Cette attaque entraîne l’entrée en guerre des États-Unis.
Le 22 décembre 1941, le magazine Life publie un article qui explique comment distinguer les Chinois des Japonais sur des critères physiques (les Chinois étant alors considérés comme les malheureuses victimes des Japonais) How to tell Japs from the Chinese (consulté le 10 janvier 2018).
De façon générale, les exactions japonaises (tortures et exécutions de prisonniers de guerre ; massacres de Chinois, Indonésiens, Coréens, Philippins, Indochinois ; femmes forcées de se prostituer dans les bordels militaires, etc.) alimentent et amplifient un sentiment anti-japonais toujours plus fort aux États-Unis.
En février 1942, le président Roosevelt signe le décret présidentiel 9066 qui autorise l’enfermement dans des camps d’internement (appelés pudiquement relocation camps ou camps de relogement) de certains groupes ethniques pour empêcher les activités d’espionnage et sabotage sur le territoire américain.
Même si un certain nombre d’Allemands et d’Italiens ainsi que des Américains d’origine allemande ou italienne ont été retenus dans ces camps, ce sont majoritairement des Japonais et descendants de Japonais qui ont été touchés par cette mesure (plus de 110 000 personnes réparties dans une dizaine de camps dans l’ouest des États-Unis). Ils ont été libérés en 1944 pour certains et en 1945 pour tous les autres.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la propagande s’attaque encore plus aux Japonais qu’aux ressortissants des autres pays de l’Axe. Au début de la guerre, les artistes les représentent comme des personnages myopes, aux dents proéminentes, stupides mais inoffensifs sur des affiches, tracts, dessins, etc. Par la suite, ils en font des ennemis sournois, foncièrement mauvais, sans pitié, sous-humains et visant la domination mondiale.Ils sont parfois associés à l’ennemi allemand par le terme Japanazi.
À noter qu’ils s’expriment fréquemment en pidgin anglais.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Les commentaires et interpellations de la voix off qui dialogue avec McGillicuddy mettent en évidence les transgressions du soldat. En le présentant comme un personnage stupide et égoïste auquel on n'aurait pas envie de ressembler, le film incite les spectateurs à avoir un comportement approprié (c'est-à-dire opposé à celui de McGillicudy). À noter l'effet de miroir entre McGillicuddy et le personnage de bande dessinée dont il lit les aventures et dont il se moque alors que lui-même est "une andouille" (dope).
La petite référence biblique du titre de la série et du panneau qui apparaît à 0'35 (référence aux 10 commandements de l'Ancien Testament) place également le message sur le plan de l'obligation morale.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

La bonne santé des individus dépend du comportement d'autrui. Il suffit qu'une personne n'obéisse pas aux règles d'hygiène pour que tout un groupe tombe malade. Il en va donc de la responsabilité de chacun de préserver la santé de tous.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Communications et événements associés au film

Public

Militaires

Audience

Descriptif libre

Énoncé de la règle
Le soldat McGillicuddy épluche des pommes de terre assis sur un tas de ... pommes de terre. Tout à coup, il ressent une envie pressante. Il demande au sergent la permission de sortir. Le sergent la lui accorde (à noter que les sourcils du sergent sont remplacés par les trois chevrons qui font partie des insignes de l’armée américaine). McGillicuddy sort de la coquerie en courant si vite qu’il se cogne dans un panneau sur lequel est inscrit le septième "commandement" : Tu ne déposeras point tes excréments n’importe où mais uniquement aux endroits prévus. Tu n’urineras point sous la tente de ton frère ou dans la rue, de peur qu’il ne te prenne pour un chien et ne te traite comme tel. (01'10)
Transgression de la règle
Sur le chemin des feuillées, Mac longe des panneaux indicateurs portant le message suivant : "Méfie-toi des Japonais quand tu vas chi…" Le dernier panneau porte l’inscription Burna Shave. Il s’agit d’une référence humoristique à une marque de crème à raser, la marque Burma, qui à l’époque, faisait de la publicité pour ses produits sur des séries de panneaux disposés le long des routes. Au lieu de suivre le panneau qui indique les feuillées et malgré les protestations de la voix off qui s'adresse directement à McGillicuddy, ce dernier prend une autre direction. On découvre son petit coin personnel : une chaise percée, des magazines, du papier toilette (en réalité, il s'agit de billets de banque japonais) et un joli paysage. La voix off admire l’endroit avec ironie puis s’exclame que c’est un vrai nid à microbes. (02'10)
Mécanisme de la contamination
Lorsque McGillicuddy quitte les lieux, une mouche aux yeux bridés, aux grandes dents et à l’accent asiatique (une vraie caricature de Japonais !) bat le rappel de toutes ses camarades et les invite à venir manger. Ensuite, attirées par l’odeur de tarte qui s’échappe de la cheminée de la coquerie, les mouches vont s'y nourrir. Ce faisant, elles passent à de nombreuses reprises sur les aliments préparés pour le repas des soldats et les contaminent. Il n’y a qu’un aliment qu’elles refusent de goûter et devant lequel elles prennent un air dégoûté, c’est une boîte marquée SPAM. Il s’agit d’une référence à de la viande en conserve ressemblant un peu à du corned-beef, vendue sous la marque SBAM. (03'23)
La transgression d'un seul a des conséquences désastreuses sur tous
Peu après le repas, tous les soldats tombent malades. En voyant la tente du mess et celle du mess des officiers qui se précipitent dans la direction des feuillées mais s’effondrent avant d’y être arrivés, le spectateur comprend que les soldats ont attrapé la dysenterie. Il y a un jeu de mots sur le mot anglais « mess » (écrit sur un panneau placé sur chacune des 2 tentes) qui désigne à la fois l’endroit où les soldats mangent et ce qui se passe très probablement dans le pantalon des soldats qui ont un accès de diarrhée avant de pouvoir arriver aux feuillées.
Tous les soldats sont couchés sous une grande tente qui est certainement l’infirmerie. Un panneau marqué « DIARRHÉE » accroché à chaque lit remplace l’habituel tableau des températures. Un message venant de Tokyo est diffusé à la radio. Le speaker, dont la ressemblance avec les mouches est assez frappante (lunettes cerclant les yeux et dents proéminentes) annonce qu’ils viennent de découvrir qu’un Marine yankee soutient l’effort de guerre japonais. En effet, en faisant ses besoins ailleurs qu’à l’endroit prévu, il a provoqué la dysenterie chez tous ses camarades, ce qui les a rendus "faibles comme des chatons". Le speaker annonce le nom de ce Marine, c'est McGillicuddy. Tous les soldats malades bondissent de colère. (04'19)
La punition
McGillicuddy est à nouveau sur son trône personnel. Les soldats sont à sa recherche pour se venger. La voix off les encourage. Les soldats délogent McGillicuddy avec une pelleteuse marquée Decontamination Squad ("équipe de décontamination") et le jettent dans les feuillées.

Notes complémentaires

Références et documents externes

Grinneiser, Jess, Nippo-Américains déportés, une partie oubliée de l'histoire, Asianwinds, 17 juillet 2016, URL : http://asianwinds.news/deportation-nippo-americains (consulté le 10 janvier 2018).
Lange, Dorothea, Gordon, Linda et Okihiro, Gary Y., Impounded: Dorothea Lange and the censored images of Japanese American Internment, New York, W. W. Norton, 2006.
Niiya, Brian, Japanese American History : An A-to-Z reference from 1868 to the present, Japanese American National Museum, Los Angeles, California, 1993.
Rhode, Michael and Sappol, Michael, The Five Commandments, Medicine on Screen, 29 April 2015 URL : https://medicineonscreen.nlm.nih.gov/2015/04/29/commandments-for-health/ (consulté le 25 septembre 2019).
Sabbagh, Daniel, Le Statut des « Asiatiques » aux États-Unis, L’identité américaine dans un miroir, Critique Internationale, n° 20/3 (2003), pp. 69-92.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Élisabeth Fuchs, Etienne Genieux
  • Transcription Anglais : Nicolas Guechi
  • Sous-titres Français : Élisabeth Fuchs
Erc-logo.png  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet BodyCapital, financé par l'European Research Council (ERC) et le programme de l'Union européenne pour la recherche et l'innovation Horizon 2020 (grant agreement No 694817).