Une maladie sociale, la syphilis, comment peut-elle disparaître? (1926)
Une maladie sociale, la syphilis, comment peut-elle disparaître?
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Title | Une maladie sociale, la syphilis, comment peut-elle disparaître? |
Year of production | 1926 |
Country of production | France |
Director(s) | |
Scientific advisor(s) | |
Duration | minutes |
Format | Muet - Noir et blanc - 35 mm |
Original language(s) | French |
Production companies | Gaumont, Pathé Consortium Cinéma |
Commissioning body | Ministère de la Défense |
Archive holder(s) | ECPAD |
Main credits
Content
Medical themes
- Prevention and control of communicable (infectious, contagious) diseases. Prevention of epidemics
- Communicable diseases. Infectious and contagious diseases, fevers
Theme
Main genre
Synopsis
Context
À l'époque du film, la syphilis est une maladie courante qui était la cause d'une forte mortalité infantile. Cependant les évolutions médicales pour soigner cette maladie sont de plus en plus perfectionnées. En 1921, Ernest Fourneau, met au point un dérivé de l'arsenic à l'institut Pasteur : le Stovarsol. Ce dérivé est plus stable et se prend par voie orale. En 1934 le principe actif du Salvarsan, découvert en 1920 par Carl Voegtlin et Homer Smith, est introduit par le traitement de la syphilis sous le nom de Mapharsen. Le problème des médecins face à cette maladie reste cependant l'ignorance de la population. En effet malgré des campagnes d’information en France, la population semble encore trop peu informée par les dangers de ce fléau.
Structuring elements of the film
- Reporting footage : Yes.
- Set footage : No.
- Archival footage : Yes.
- Animated sequences : No.
- Intertitles : Yes.
- Host : No.
- Voice-over : No.
- Interview : No.
- Music and sound effects : No.
- Images featured in other films : No.
How does the film direct the viewer’s attention?
How are health and medicine portrayed?
Broadcasting and reception
Where is the film screened?
Presentations and events associated with the film
Audience
Local, national, or international audience
Unknown
Description
« La syphilis qu'on ne voit pas / Elle atteint les organes profonds de l'économie / voici un hémiplégique »Vue d'une cour traversé par un homme qui claudique, les yeux bandés.« Voici une hémorragie cérébrale »GP sur un cerveau.
« 50 % des aliénés lui doivent leur aliénation mentale »Devant un mur, des hommes avancent en dévisageant la caméra. Au regard fixe de l'un, au fou rire de l'autre,à un geste de secouer la tête du troisième, le spectateur est supposé juger du degré de leur aliénation. Mais le dispositif lui-même n'induit-il pas ce jugement? Quel homme ainsi dévisagé, auquel on n'accorde pas la parole, peut-il incarner une individualité consciente et équilibrée?
« Paralysie générale. Voici un paralytique. » GP sur un nouveau visage : comment identifier la paralysie si le reste du corps est supprimé du champ? Les atteintes au coeur, au foi, au rein, un ulcère à l'estomac, avec un GP sur fond noir de l'organe concerné. « Syphilis héréditaire. Elle se transmet de la mère à l'enfant pendant la vie utérine. Les fausses couches qui ne sont pas dues à l'avortement criminel sont dues à la syphilis. Elle est la principale cause de la mortinatalité. » Des bébés dans un lit se tournent et se retournent dans une agitation incessante et douloureuse, il s'agit d' « enfants cachéchiques ». Vues sur des dents atteintes, « monstres doubles » (deux foetus accolés dans un bocal), « hydrocéphale » (un squelette), « bec de lièvre » (tête dans un bocal, le visage chiffoné), « infantilisme à 36 ans » (un homme avance dans le champ, en direction de la caméra, puis la fixe en souriant), « voici une idiote » (une femmme bossue et géante, au visage simiesque, le cou enserré dans un absurde col claudine) : à noter que les patients qui se présentent ainsi dépenaillés et les cheveux hirsutes sont habillés et coiffés par les bons soins de l'établissement. De toutes façons, qu'apprennent ces images qui dévisagent le temps d'un plan fugace et muet?
Mise en scène fictionnelle de personnes microcéphales
Une scène étrange, la seule séquence de la fiction du film, au moment d'introduire un cas de microcéphalie : dans un parc, trois jeunes filles microcéphales apparaissent au détour d'une allée, se tenant par la main. Même cadre, même entrée dans le champ que dans le plan où les personnages microcéphales de « Freaks » font leur première apparition. La suite est une scène pénible où l'on cherche à s'amuser de leur infantilisme. « Votre maman va venir vous voir. » De profil, une des jeunes filles semble répondre avec une expression de doute. « Elle apportera des gâteaux, du chocolat. » La jeune fille, réjouie, se met à battre des mains. « Criminel héréditaire syphilitique. » GP sur le visage d'un homme auquel on prêtera derechef une nature criminelle. « La syphilis peut atteindre la 2e, 3e, 4e génération. »
2e partie : description des atteintes sur le corps
« La syphilis visible / Elle détermine des accidents de la peau et des muqueuses / On les divise en accidents primaires, secondaires, et tertiaires. »« Primaires : on les nomme chancres. Chancre du sein (une femme dépoitraillée, le sein atteint), de la lèvre. Ce sont les cas les plus rares. Le plus souvent, ils apparaissent sur les organes de reproduction (pas d'images). Secondaires. Roséole (femme torse nue, de dos et de face) / toutes les muqueuses peuvent être atteintes. « Les lésions fourmillent de microbes dits « spirochètes » qui traversent la peau en s'insinuant entre les cellules et l'épiderme ». Schéma animé montrant la diffusion de spirochètes : traits blancs, vibrionnants, qui circulent entre des formes trapézoïdales représentant les pores de la peau. « Tertiaires ». Vues de jambes, de dos, de torses atteints de lésions, un masque de visage au nez effondré.
3e partie : l'agent de la maladie, description microcinématographique
Supplementary notes
- premier constat : très peu de personnes, mêmes parmi les plus éduquées, étaient convenablement informées sur les maladies vénériennes.
- la plupart estiment que les informations données par le film sont authentiques, très peu pensent qu'il s'agit d'un prétexte pour un discours moralisateur.
- la plupart accepte les recommandations de continence
- la plupart ignorait les risques de contracter la maladie par la prostitution
La suite de l'enquête a montré que, bien que la peur suscitée par le film ait provoqué la résolution d'un changement de comportement, celui-ci n'a pas eu lieu de manière déterminante. Alors que les événements marquants du film sont restés dans les mémoires cinq mois plus tard, l'intérêt qu'il a provoqué a fondu en moins de six semaines.
- la prise en charge n'a pas varié d'intensité avant et après le film
- l'effet le plus sérieux a consisté en une certaine inhibition des publics adolescents après la projection
D'après ces données, les enquêteurs ont initié une réflexion pour les films à venir :
- il est nécessaire de transmettre une information basée sur les faits et expliquée avec clarté
- la dramatisation fictionnelle n'apporte pas de plus grande efficacité. Le public retient les séquences purement informatives aussi bien que celles qui s'appuient sur une histoire. Les émotions tiennent davantage à des scènes isolées, sans tenir compte du fil qui les tiendrait.Les deux enquêteurs recommandent par conséquent de continuer la production de films antivénériens à la condition qu'elle propose des contenus purement informatifs, non-fictionnels.
Pour Adolf Nichtenhauser, qui écrit dans les années quarante, les données engrangées par cette enquête restent utiles, dans les trente ans à venir, pour les éducateurs et les réalisateurs.
(d'après Adolf NICHTENHAUSER, A history of motion pictures in medicine, manuscrit non publié, ca 1950, pp. 87-88).
References and external documents
Contributors
- Record written by : Joël Danet