Un mot d'homme à homme (1941)

De Medfilm



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Titre :
Un mot d'homme à homme
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Interprétation :
Durée :
32 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

EIN WORT VON MANN ZU MANN
UFA
Herstellungsgruppe:
OTTO NAY

Darsteller:
Doris Krüger/Maria Hofen/Günther Lüders/Franz Schafheitlin/Karin Evans/Erich Dunskus/Werner Pledath/Hans Sternberg/Heinz Welzel/Herbert Wilk

Manuskript:
FRIEDRICH LUFT

Musik:
RUDOLF PERAK

Kamera:
EKKEHARD KYRATH

Regie:
ALFRED STÖGER

UFA
Aufnahmegerät: Klangfilm
Tonkopie:Afifa

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Prévention des maladies vénériennes auprès des soldats de la Wehrmacht.

Genre dominant

Fiction

Résumé

Le soldat Ernst Vehlow, fêtard et don Juan invétéré, séduit Irmgard, la fiancée de son camarade, Günther Eschenlohr. Il lui transmet la gonorrhée. À son tour, Irmgard contamine Günther. Ce dernier refuse d'abord de voir un médecin. Panzer, un autre de ses camarades, et le médecin du camp, conçoivent un stratagème qui oblige Günther à se présenter à l'infirmerie. Le médecin en profite pour informer toute la chambrée sur les maladies vénériennes. Irmgard, prévenue par Panzer, consulte également. Günther et Irmgard ayant vu un médecin guériront rapidement et leur avenir sera préservé. En revanche, Vehlow, qui n'a pas suivi les recommandations des médecins et en est à sa troisième gonorrhée, est mis aux arrêts et ne pourra jamais ni se marier ni avoir d'enfants.

Contexte

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Contrairement à de nombreux autres films de prévention des maladies vénériennes de la même époque ou des décennies précédentes, Un Mot d'homme à homme ne choisit pas le format de la conférence ou de l'exposé médical mais celui de la fiction pour transmettre son message sanitaire, ce qui permet de le camoufler dans la narration (au risque de le diluer) et de le rendre plus "digeste" en jouant sur le registre des émotions et de l'identification des spectateurs aux personnages. Lorsque l'exposé médical arrive enfin (à la 25e minute seulement d'un film qui en fait 32), le médecin ne s'adresse pas face caméra aux spectateurs. Il s'adresse un peu aux personnages du film mais laisse le plus souvent la place à des schémas, animations et photos de lésions. Ce passage comprend une succession d'une douzaine de photos de lésions syphilitiques en gros plan dont certaines sont particulièrement impressionnantes pour le spectateur tout-venant (que devaient être les soldats auxquels ce film a été projeté).
Le réalisateur a également profité du format de la fiction pour introduire quatre courtes scènes comiques dans le film (la scène du mannequin dans le lit tout au début, le court échange entre le barman et la serveuse, la scène de la scarlatine et celle de la logeuse à la fin) qui servent à détendre l'atmosphère et à soutenir l'intérêt des spectateurs.
L'ensemble de ces éléments contribue à faire de ce film une œuvre hybride qui n'hésite pas à montrer la réalité de certaines conséquences des maladies vénériennes tout en présentant un certain nombre de caractéristiques qui le relient au registre du divertissement.

Ce film présente les trajectoires opposées de deux types de personnages. Il y a d'une part l'exemple à ne pas suivre (Vehlow), c'est-à-dire le don Juan invétéré qui refuse de changer son comportement pour suivre les instructions des médecins. Il pervertit et contamine une jeune fille en la faisant boire pour profiter d'elle. À travers les autres personnages du film, il est défini comme inconscient, stupide, négligent et dangereux. Irrécupérable, il sera triplement puni : il est mis aux arrêts, il va être sanctionné pénalement et surtout, il n'a plus aucune perspective d'avenir puisqu'il ne pourra jamais se marier ni avoir d'enfant.
L'autre trajectoire possible est représentée par Eschenlohr et Irmgard. Au départ, ils sont assez ignorants et légers. Eschenlohr s'amuse des frasques de Vehlow et est très satisfait qu'Irmgard s'offre à lui. Manifestement, il n'utilise pas de préservatif. Irmgard,quant à elle, est un peu écervelée et ne sait pas poser les limites qui la protègeraient. Elle accepte d'aller danser avec un homme qui n'est pas son fiancé. Lorsqu'il commande à boire, elle esquisse un petit geste de refus mais ne va jamais jusqu'au bout de l'expression de son refus et se laisse enivrer. De même, lorsqu'elle dit vouloir montrer à Eschenlohr sa reconnaissance, il n'est pas certain qu'une relation sexuelle fasse partie de ce qu'elle a en tête (son regard baissé pendant toute la fin de cette scène permet d'en douter) mais elle ne proteste pas et se laisse faire, peut-être sous l'effet de la culpabilité (car elle l'a trompé). Cependant, l'épreuve que ces deux personnages traversent (la gonorrhée qu'ils attrapent) les transforme, notamment grâce à l'intervention d'une sorte d'ange gardien (Panzer, le bon camarade) qui les convainc, avec plus ou moins de difficulté, d'aller voir un médecin. C'est chez Irmgard que cette évolution est la plus sensible. À la fin du film, elle est à la fois résolue et plus détendue car affermie dans ses choix. Elle a mûri. Elle place une limite symbolique entre Eschenlohr et elle (la grille du quai de la gare) et aide son fiancé à faire encore un bout de chemin en lui promettant un avenir radieux et la réalisation de leurs projets (le mariage) s'ils suivent tous les deux à la lettre les conseils des médecins. Le regard déterminé et fixé sur l'horizon d'Eschenlohr dans les toutes dernières images du film montre qu'il a intégré le message. On notera ici que le personnage d'Irmgard présente une particularité si on compare ce film aux autres œuvres consacrées au même sujet. Ce n'est ni une prostituée ni une jeune femme légère. C'est une jeune fille "bien" qui fait un faux-pas mais entend ensuite la voix de la raison et adopte le comportement approprié : consulter un médecin rapidement. Il est intéressant de remarquer que ce point (la nécessité d'une consultation précoce) est mis en avant aussi bien pour les hommes (représentés par Eschenlohr) que pour les femmes (à travers Irmgard), ce qui élargit le public auquel le message est destiné au-delà des seuls soldats.

Enfin, le film fait appel plusieurs fois à la camaraderie entre soldats en la transformant en un lien quasi sacré et salvateur, notamment à travers le personnage de Panzer qui, selon les termes du médecin, est "raisonnable" et grâce à qui Eschenlohr et Irmgard seront soignés à temps. Ce lien est d'ailleurs si solide qu'on peut parler de tout devant ses camarades (même de sa maladie vénérienne) en étant assuré qu'ils garderont le secret. L'idée ici était probablement de faire appel à un lien sur lequel les soldats à qui ce film était projeté se reposaient beaucoup.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Le médecin est présenté comme un personnage très humain. Il prend des nouvelles d'un soldat qui était malade trois semaines auparavant, il conçoit un petit stratagème pour ménager la sensibilité d'un soldat qui a honte de consulter pour une maladie vénérienne, il donne une tape amicale à ce même soldat quand il ose enfin parler et le rassure sur ses possibilités de guérison. Il fait preuve d'une certaine indulgence pour ceux qui ne viendraient pas consulter avant une relation sexuelle mais exige qu'ils viennent tout de suite après. Il est aussi inclus dans le lien de camaraderie qui unit les soldats et est d'ailleurs "le plus dévoué de tous". D'un autre côté, il est capable de se mettre en colère parce que les soldats ne viennent pas le consulter malgré tous ses efforts concernant la prévention. C'est aussi lui qui rappelle la règle (un soldat qui soupçonne une maladie vénérienne chez lui-même a l'obligation de consulter, celui qui en soupçonne une chez un camarade a l'obligation de le signaler).
En même temps, la médecine est présentée comme ayant des limites lorsque les patients ne coopèrent pas (ce qui est le cas de Vehlow).

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Communications et événements associés au film

Public

Audience

Descriptif libre

Les bons camarades
Le film commence par une scène humoristique. Les soldats de la chambrée n°50 (parmi lesquels le soldat Eschenlohr) fabriquent un mannequin qu'ils placent dans le lit de leur camarade Vehlow pour dissimuler son absence. Un officier vient contrôler que la chambrée a été correctement nettoyée. Son langage est familier (il utilise le mot Quadratlatschen pour désigner les pieds). Au moment de partir, il leur annonce qu'il a bien remarqué l'absence de Vehlow mais il ne semble pas leur en tenir rigueur. Après son départ, tous les soldats de la chambrée poussent un soupir de soulagement. Un commentaire de l'un des soldats donne à penser que ce n'est pas la première fois que Vehlow s'éclipse de la sorte. (02'00)
Le séducteur
Dans un bar-dancing, plusieurs couples dansent. La plupart des hommes sont des militaires. Lorsque l'orchestre s'arrête de jouer, l'un des couples va s'asseoir à une table. Il s'agit de Vehlow et Irmgard. Vehlow incite Irmgard à boire. Elle proteste un peu mais boit finalement trois verres d'eau de vie quasiment à la suite. Vehlow fanfaronne. Même s'il est très tard, il saura se débrouiller pour rentrer à la caserne sans difficulté. Il fait des avances à Irmgard mais elle lui résiste. Elle se reproche d'avoir accepté de venir danser avec lui alors qu'elle est fiancée à Eschenlohr. Vehlow lui promet que son camarade n'en saura rien et en profite pour dire à mots couverts qu'il ne voit pas ce qu'Irmgard lui trouve. Petit intermède comique entre le barman, un homme d'un certain âge qui admire les succès féminins de Vehlow, et la serveuse. Vehlow demande à Irmgard de le tutoyer. Elle accepte, de plus en plus ivre.
Vehlow et Irmgard sortent du bar. Elle titube, il la soutient. La musique d'abord joyeuse et dansante ralentit, passe en mode mineur et devient un peu inquiétante. Sur le chemin, Vehlow embrasse Irmgard qui se laisse faire. Ils traversent une voie ferrée en haut d'un monticule. En redescendant, Irmgard trébuche et tombe. Vehlow la soutient, l'embrasse puis s'allonge sur elle. Un train passe au-dessus d'eux. Leur relation sexuelle n'est ni signifiée ni montrée de façon plus explicite. (07'16)
Révélation concernant Vehlow
Tous les soldats de la chambrée 50 sont en train de nettoyer leurs armes. Seul Vehlow ne travaille pas et a l'air endormi. Il doit avoir la gueule de bois. L'un de ses camarades lui demande des détails sur sa soirée mais Vehlow refuse de parler. Eschenlohr, au bout de la table, a un sourire amusé. Un autre soldat, Panzer, critique le comportement de Panzer qui ne peut de toute façon pas aller "au bout depuis qu'il a eu sa petite cochonnerie" (Richtig rangehen darf er ja noch gar nicht, seit er seine kleine Schweinerei da unten ja mal gehabt hat). Cette périphrase fait comprendre au spectateur que Vehlow souffre d'une maladie sexuellement transmissible bien qu'elle ne soit pas nommée explicitement. En même temps, le spectateur se rend compte que Vehlow risque d'avoir contaminé Irmgard.
Panzer est la voix de la raison et de la loi. Il rappelle à Vehlow qu'il ne doit pas avoir de relations sexuelles tant qu'il ne sera pas guéri. Vehlow se moque de lui et leur dit à tous de s'occuper de leurs affaires. (08'58)
Irmgard avoue son infidélité
Eschenlohr et Irmgard se rencontrent dans un parc. Il se rend compte que quelque chose la préoccupe. Irmgard lui raconte ce qui lui est arrivé avec Vehlow en prétendant parler de son amie Erna. Bien qu'elle précise que la jeune fille en question aime son fiancé et ne s'est donnée à "l'autre homme" que parce qu'il l'avait fait boire, elle évoque tout de même une petite responsabilité de sa part en précisant que la jeune fille s'est dévoilée "plus que de raison" (Das Mädchen geht mehr aus sich heraus, als es vielleicht richtig wäre).
Eschenlohr fait preuve de compréhension. Si la jeune fille est sincère, il pense que son fiancé doit pouvoir tourner la page. Irmgard lui révèle qu'Erna n'existe pas et que c'est d'elle qu'il s'agit. Eschenlohr est abasourdi. (11'13)
Rechute de Vehlow
Dans la chambrée n°50, Eschenlohr, plié en deux sur une chaise, hurle de douleur et jure. Panzer envoie un autre soldat prévenir l'infirmerie et reproche à Vehlow d'avoir bu, fumé et fréquenté des filles, ce qui l'aurait mis dans cet état. Il l'accuse d'être inconscient et stupide. L'inquiétude du spectateur pour Irmgard grandit : cette maladie a l'air terrible, a-t-elle été contaminée ? (12'14)
Un malentendu ?
Eschenlohr accepte de garder sa confiance à Irmgard. Transportée de joie, elle dit qu'elle voudrait pouvoir lui prouver sa reconnaissance (Ich möchte irgendetwas tun, um dir zu zeigen, wie dankbar ich dir bin). Eschenlohr croit comprendre qu'elle est prête à se donner à lui. La réaction d'Irmgard (elle baisse la tête et ne la relève plus jusqu'à la fin de la scène) est un peu difficile à interpréter. S'agit-il d'une légère gêne, d'une pudique retenue par rapport à ce qu'Eschenlohr et elle viennent de décider de faire ou bien se rend-elle compte qu'elle s'est laissé emporter par son élan de gratitude et qu'à nouveau, elle est allée plus loin "que de raison" ? Néanmoins, elle ne proteste pas. (13'30)
Eschenlohr a attrapé "une saleté"
Dans la chambrée n°50, Eschenlohr est prostré sur son lit. Panzer insiste pour qu'il lui dise ce qui le tourmente. Eschenlohr commence par refuser de parler puis il avoue à son ami qu'il a attrapé "la même chose que Vehlow" (das selbe wie Vehlow da). Il se place sur un plan moral en affirmant qu'il n'est pas meilleur que Vehlow. Panzer le reprend, refuse de porter un jugement de valeur et le replace sur un plan médical : il est malade, il doit consulter. Eschenlohr n'est pas prêt à faire cette démarche, il a trop honte de ce qui lui arrive.
Ce n'est qu'à (15'14) que le nom de la maladie dont il est question depuis le début du film est enfin prononcé. Encore s'agit-il d'un terme familier (Tripper/"chaude-pisse") et non du terme médical. Le film avait déjà montré que cette maladie provoquait de fortes douleurs (cf. la séquence où Vehlow se tordait de douleur), Eschenlohr ajoute un symptôme à la description : l'écoulement de pus à la miction (Eiter kam/"Il y a eu du pus").
Eschenlohr a en tête un certain nombre d'idées fausses. Il a beau savoir qu'Irmgard a couché avec un autre homme, il n'envisage pas du tout qu'elle puisse l'avoir contaminé, très probablement parce qu'il la considère comme une jeune fille "bien". Et comme il n'a eu de relation sexuelle avec personne d'autre, il s'imagine avoir été contaminé par un passage aux latrines. Ensuite il ajoute (malgré les symptômes qu'il a l'air de reconnaitre) qu'il souffre peut-être de quelque chose de beaucoup moins grave qui va passer rapidement.
Au début de cette scène, le ton de Panzer est léger, rieur et amical. À la fin, il est ferme et insistant devant la gravité de la situation. Il faut absolument qu'Eschenlohr consulte mais ce dernier reste réticent. (16'29)
Révélation de la gravité de la situation à Irmgard
Irmgard vient rendre visite à Eschenlohr à la caserne mais c'est Panzer qui la rencontre au parloir. Il lui explique combien il est gêné de devoir lui annoncer une chose pareille mais il finit par lui dire qu'Eschenlohr est malade et que c'est elle qui l'a contaminé. On notera que Panzer n'indique absolument pas la nature de la maladie d'Eschenlohr mais qu'Irmgard a l'air de comprendre tout de suite de quoi il s'agit. Elle est consternée. (17'32)
Premier châtiment pour Vehlow
Un avis affiché dans la caserne annonce que Vehlow est condamné à cinq jours d'arrêt pour être rentré après le couvre-feu. La date apposée sur l'arrêt (27 juin 1941) rend l'histoire très actuelle et proche des soldats au moment où le film est diffusé.
Le stratagème
Panzer rencontre par hasard l'un des médecins de la caserne. Il lui parle d'Eschenlohr qui semble avoir attrapé "une bêtise" (eine dumme Sache) mais a trop honte pour consulter. Encore une fois, c'est un euphémisme qui sert à nommer la maladie. D'un ton sévère, le médecin rappelle à Panzer que son camarade a l'obligation de consulter. S'il ne le fait pas, lui-même, Panzer, sera tenu de le signaler. Panzer explique son dilemme : il est conscient de ses obligations mais rechigne à dénoncer son ami. Le médecin se moque un peu de lui mais semble touché par ce témoignage d'amitié. Il invente alors un stratagème pour faire venir Eschenlohr à l'infirmerie : il ordonne à Panzer d'y convoquer toute la chambrée.
Deux châtiments supplémentaires pour Vehlow
Vehlow est à l'hôpital. Un médecin (différent de celui à qui Panzer a parlé) lui explique qu'il gardera des séquelles à vie. On apprend alors qu'il avait déjà été malade deux fois avant d'entrer à l'armée. Le médecin affirme avoir fait tout ce qui était possible pour lui éviter une rechute (ou une recontamination ?) et lui avoir donné des consignes à cet effet : ne consommer ni alcool ni tabac, ne pas fréquenter de femmes. Mais Vehlow ne s'est pas conformé à ces ordres et n'a pas signalé le retour des symptômes. Il sera donc frappé d'une sanction pénale, comme c'est le cas pour les civils, précise le médecin (s'agit-il ici de lutter contre l'idée que les soldats ne seraient pas soumis aux mêmes lois que les civils ?) Mais il y a encore une autre sanction, bien plus terrible, celle-là : désormais, tout ce dont il avait pu rêver (mariage, enfants, famille) lui est interdit. Le médecin a du mal à cacher son dégoût et son mépris pour le comportement de Vehlow. Ce dernier se détourne en poussant un cri de désespoir. (20'26).
Mise en œuvre du stratagème conçu par le médecin
Panzer amène toute la chambrée n°50 à l'infirmerie. Avec le plus grand sérieux, il prétexte une suspicion de scarlatine. L'officier qui les reçoit s'étrangle de saisissement et de colère et les accuse d'essayer d'obtenir des permissions supplémentaires. Une partie des soldats rient sous cape tandis qu'Eschenlohr a un air à la fois gêné et mécontent. Cette scène est très drôle et fait temporairement un peu diminuer la tension qui commençait à se faire sentir. (22'34)
Irmgard chez le médecin
Irmgard consulte le Dr Lange. Cette dernière la félicite d'être venue à temps. Elle insiste pour que les deux partenaires d'Irmgard voient un médecin au plus vite. Irmgard explique que Vehlow est hospitalisé et qu'Eschenlohr est chez le médecin au même moment. (23'05)
Le stratagème fonctionne : l'aveu d'Eschenlohr
Tous les soldats de la chambrée n°50 sont dans le bureau du médecin. Eschenlohr demande l'autorisation de parler mais n'ose pas s'exprimer devant les autres. Le médecin lui rappelle qu'il est tenu au secret professionnel et affirme que ses compagnons de chambrée sont également tenus au secret en raison du lien de camaraderie qui les unit. Eschenlohr explique qu'il pense avoir été contaminé par une jeune fille. Le médecin se réjouit qu'il ait réussi à dépasser son sentiment de honte et lui dit qu'il a de la chance d'avoir un camarade (Panzer) plus raisonnable que lui. (23'48)
Suite de la consultation chez le Dr Lange
Le Dr Lange rassure Irmgard. Eschenlohr et elle vont pouvoir guérir complètement, se marier et avoir des enfants à condition d'être patients et de pas faire de "bêtise" (c'est-à-dire ne pas avoir de relation sexuelle avant d'être tout à fait guéris.) (24'18)
Exposé médical
Après observation d'un prélèvement au microscope (vraisemblablement un échantillon de pus mais ce n'est pas précisé), le médecin confirme qu'Eschenlohr souffre de gonorrhée mais c'est toujours le terme familier (Tripper) et non le terme médical qui est utilisé. Le ton du médecin est d'abord rassurant : Eschenlohr pourra guérir. Puis rapidement, le médecin hausse le ton monte et s'énerve car manifestement, ses efforts ne servent à rien : les soldats ne consultent pas (sous-entendu : quand ils attrapent une maladie vénérienne) parce qu'ils ont honte. Ils mettent ainsi en danger tout un groupe social ainsi que leur avenir (épouse, enfants, amour).
On notera ici une petite contradiction dans la façon qu'a le médecin de s'adresser aux soldats. Ils les appelle tantôt Herrschaften ("Messieurs"), tantôt Kinder ou Jungs ("les enfants", "les gars"), allant même jusqu'à faire apparaître cette contradiction dans une même phrase : Kinder, Kinder! Konfirmanden sind wir doch alle nicht mehr ("Les enfants, nous ne sommes quand même plus des confirmants/de jeunes innocents")
Le médecin indique qu'il faut toujours être sur ses gardes avec une une femme car il n'y a pas que les prostituées qui transmettent des maladies (À noter que des termes comme "relations sexuelles", "rapports sexuels", "coucher", "faire l'amour" ne sont jamais utilisés. Tous les personnages du film disent "être" ou "aller avec une femme".) Le médecin souligne l'ignorance quasi totale de la plupart des soldats ( sous-entendu : concernant l'anatomie masculine et les maladies vénériennes). Il décide donc de reprendre les bases en leur montrant le schéma d'un bassin masculin. À ce instant, un changement dans la qualité de la bande son permet de se rendre compte que cette partie du film, une suite d'animations, a été enregistrée à part. Le médecin utilise le mot sachlich ("concrètement") et la phrase Reden wir mal ganz offen darüber ("Parlons-en ouvertement"), ce qui marque une rupture, d'une part avec le sentiment de honte éprouvé par Eschenlohr et d'autre part avec les termes un peu flous et les périphrases qui ont été utilisées jusqu'à présent. Désormais, les organes et les agents infectieux vont être désignés par leur véritable nom. Le sujet a été amené avec les plus grandes précautions, le dernier quart du film étant déjà bien entamé.
Explications avec schémas animés à l'appui du mode d'entrée dans le corps de l'agent infectieux de la gonorrhée, de la nécessité de consulter un médecin aussi précocement que possible, des symptômes de la maladie et du danger de séquelles à vie. Les gonocoques sont dotés d'une personnalité maléfique : die tückischen Biester ("cette vermine maléfique"). Retour sur le médecin qui parle de la nécessité de se protéger mais sans donner de détails à ce sujet. Comme Panzer précédemment, il refuse de se placer sur un plan moral (Von schuldig oder nicht schuldig ist doch hier gar nicht die Rede/"Ne cherchons pas de coupable") à une exception près. Est coupable celui qui néglige son devoir qui consiste à consulter avant d'aller voir une femme. Avec un petit sourire indulgent et amusé, il concède qu'il peut arriver que ce ne soit pas possible mais qu'il faut alors voir un médecin aussitôt après (son ton redevient sévère et impérieux).
Présentation des caractéristiques de la syphilis avec schémas animés et une douzaine de photos en gros plan à l'appui (chancres durs du visage, ganglions inguinaux, éruptions cutanées du stade secondaire, lésions des mains et du visage). Le ton est alarmiste et pressant, les adjectifs gemein ("cruel"), unterhältig ("sournois"), furchtbar ("affreux") et grauenvoll ("épouvantable") qualifient la maladie. Nouveau rappel de la nécessité de consulter très tôt pour ne pas en arriver là. Pour la troisième fois depuis le début du film, l'argument s'appuie sur le lien de camaraderie qui unit les soldats. Cette fois-ci, ce lien extrêmement positif et valorisé inclut jusqu'au médecin qui n'est "pas vraiment un supérieur" (er ist kein Vorgesetzer in dem Sinne) et se veut le "camarade le plus dévoué du soldat" (euer bester und hilfreichster Kamerad). La confiance "d'homme à homme" est l'élément clé de la relation médecin-soldat et soldat-médecin. (Ce passage donne manifestement son titre au film.) Pendant ce discours, les soldats sont immobiles et attentifs. Eschenlohr paraît un peu penaud.
Le médecin promet à Eschenlohr une guérison totale (sans lui donner de précision sur le traitement), à condition qu'il ne fasse pas de bêtise. Il emploie ici le même terme que le Dr Lange lorsqu'elle parlait à Irmgard (kein Unfug). (29'55)
L'avenir reste ouvert pour les gentils
Eschenlohr se rend chez Irmgard mais elle est partie prendre le train pour retourner chez ses parents. Petite scène comique entre Eschenlohr et la logeuse qui est un vrai moulin à paroles.
Eschenlohr rattrape de justesse Irmgard à la gare et lui demande des explications. Irmgard résume le discours des médecins qu'ils ont vu tous les deux : ils vont devoir se montrer patients et courageux et ne plus se rencontrer jusqu'à ce qu'ils soient tous les deux complètement guéris (encore une fois les modalités du traitement sont totalement passées sous silence). La barrière d'accès au quai qui les sépare symbolise la distance qu'ils vont devoir conserver pendant un certain temps. Le visage d'Irmgard est détendu et souriant. Son ton est résolu et plein d'espoir. Quelque chose a changé en elle, elle a mûri. Le visage triste et soucieux d'Eschenlohr se détend progressivement en l'écoutant tandis qu'une musique triomphante se fait entendre de plus en plus fort. Il n'y a pas de doute, ces deux-là sortiront vainqueur de cette épreuve. (31'36)

Notes complémentaires

Quelques temps après le tournage de Un Mot d'homme à homme, trois des acteurs de ce film se sont retrouvés sur le tournage de Paracelse (1943) de Georg Wilhelm Pabst. Il s'agit d'Erich Dunskus, Franz Schafheitlin et Maria Hofen.

Références et documents externes

"Film im NS-Staat", Filmportal.de, URL ː https://www.filmportal.de/thema/film-im-ns-staat (consulté le 24 août 2018).

Bonah, Christian, " 'A Word from Man To Man', Interwar Venereal Disease Education Films for Military Audiences in France", Gesnerus, Swiss Journal of the History of Medicine and Sciences, Vol. 72 no.1, 2015, pp.15-38.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Élisabeth Fuchs
  • Transcription Allemand : Pauline Kochanowski
  • Sous-titres Français : Chloé Bourgogne
SNSF-logo.png  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet Neverending Infectious Diseases