Tu bois quelque chose ? (1979)

De Medfilm



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Titre :
Tu bois quelque chose ?
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Interprétation :
Durée :
10 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Gén. début : "Le Comité national de défense contre l'alcoolisme et le Centre National de Documentation Pédagogique présentent". Gén. fin : " direction pédagogique : Edmond Hugues / avec Cyril Bartoli (Hervé) / Rachel Boulenger - Jacques Bryland - Lionel Prevel - Sylvie Saurel / Images : Edith Krausse - Alain Brevard - Philippe Teissonière / Chef de production : Michel Pezin - Assistant à la réalisation : Serge Tunon / réalisation : Jacques-René Saurel / Ministère de l'éducation - CNDP France 1979."

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

La prévention contre l'alcoolisme orientée vers les jeunes.

Genre dominant

Fiction

Résumé

Un débat entre des enfants de 11-13 ans s'engage sur la place de l'alcool dans notre société, sa consommation, à partir de leur expérience personnelle, familiale, des contenus que les médias diffusent. Le film permet de suivre un enfant dans la vie, en compagnie d'adolescents dans un café, chez lui au moment de l'apéritif, maintes situations où l'alcool est présent. Il doit se situer face aux contradictions des adultes..

Contexte

La pénalisation de l'alcool au volant

À partir des années 50, la conduite et l’achat de véhicules se généralisent. Les conditions de circulation deviennent davantage dangereuses, contribuant à grossir chaque année le nombre d’accidents. Cette densification du nombre de véhicules – de plus en plus puissants – s’accompagne peu à peu d’une prise de conscience : la méconnaissance largement répandue des réglementations. Un autre problème apparaît : L’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanie, évalue – pour les années 70 –, à 23,2 litres la consommation d’alcool pur par habitant de plus de 15 ans en France (48g d’alcool pur par jour, soit le niveau le plus élevé au monde). Ce chiffre passe à 20,1 dans les années 80. L’alcool au volant fait environ 14000 morts par an en France dans les années 1970. L’alcoolisme, qui touche en particulier les plus jeunes, devient peu à peu un sujet de santé publique. En septembre 1977, le président Valéry Giscard d’Estaing déclare que l’alcoolisme est le plus grand des fléaux sociaux. Il propose un plan sur dix ans afin de redresser la situation. Pourtant, les réglementations concernant l’alcool au volant et sa pénalisation tardent à se mettre en place, faisant de la France un très mauvais élève face aux États-Unis, l’Angleterre, la Suède ou encore la Suisse. En France, le chemin est long. Si, en 1959, une ordonnance sanctionne l’ivresse au volant, il faut attendre les années 1970 pour que les contrôles d’alcoolémie soient institués (jusqu’ici, ils posaient la question de la liberté du conducteur et étaient difficiles à instaurer). Entre 1970 et 1983, les seuils maximums d’alcool autorisés évoluent, jusqu’à atteindre 0,8 gramme par litre de sang. Cependant, pour passer devant un juge, le taux du conducteur doit dépasser 1,2 gramme d’alcool par litre de sang. À la fin des années 70 – et en particulier dans les années 80 –, une ambiance sécuritaire traverse la France face aux risques de plus en plus élevés pour la santé publique : l’alcool, le tabac, le VIH. C’est le moment des grandes campagnes de prévention (la première a lieu en 1976), à l’aide des médias audiovisuels. Cette prévention, qui se veut d’intérêt général, est rendue légitime par les discours sur les dangers, et les risques. La prévention, vise à amener les citoyens à l’autolimitation dans ses modes de consommation. Cette prévention est parfaitement liée à la communication, et en particulier à la communication scientifique, garantissant le sérieux des campagnes. Jusqu’ici, les ministres –qui ne souhaitent pas être taxés de paternalisme ou de moralisateurs, ne souhaitaient pas faire de prévention sur le tabac ou l’alcoolisme. Cela explique en partie le retard français sur ces questions. Face à l’urgence et à l’ampleur du problème, l’État crée la Délégation de la Sécurité routière en 1982 afin d’agir « sur les comportements des usagers de la route pour les responsabiliser et contribuer au renforcement de la sécurité des infrastructures routières, des véhicules et des équipements de protection des usagers. »

Il est à noter que c’est avant tout pour des raisons de santé publique, que des réglementations et une pénalisation concernant l’alcool au volant sont mises en place, avant des considérations de sécurité routière. C’est vraiment par la pression des médecins et des assurances que l’État réagit. En effet, après la Seconde Guerre mondiale, les compagnies d’assurances sont de plus en plus nombreuses et puissantes. Or, assurer sa voiture n’est pas obligatoire. Cela pose un problème financier aux assurances qui joueront un rôle d’importance dans la question de la sécurité routière.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Santé et médecine ne sont pas présentées par la présence physique d'un soignant, mais par les affiches de communication anti-alcoolique que le personnage principal, un jeune garçon qui rentre du collège, trouve sur son passage. C'est l'importance du volet préventif qui est ici défendu. D'une part, par sa présence dans le paysage social, l'impact de ses messages, la campagne de prévention est à même de réduire la portée de l'environnement publicitaire destiné à promouvoir la consommation de l'alcool. D'autre part, l'introduction d'un débat dans les écoles permet de mettre en cause le discours des annonceurs et l'influence de l'entourage adulte dans la valorisation et la banalisation de la consommation précoce de l'alcool.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

télévision scolaire

Communications et événements associés au film

Public

jeune public

Audience

Descriptif libre

Les affiches se contredisent

Montré en plan fixe, un garçon de dix-onze ans avance vers la caméra, marchant sur le trottoir d'une grande artère urbaine. Il porte un sac, sans doute revient-il du collège. Dans la bande son, une musique dynamique, avec des pizzicati. Le garçon s'arrête devant une borne d'affichage où est insérée une affiche de publicité pour le champagne, avec le slogan : "Le champagne, c'est la vie". En se retournant, il avise un autre panneau, non inséré dans une borne. Celui-ci montre un dessin de voiture avec le slogan : "Petit verre = grand danger." En une volte-face, le garçon est passé de la séduction publicitaire à la prise de conscience préventive par deux discours opposés qui se partagent l'espace public. Un passage de bus devant la caméra constitue un volet qui permet de passer à la séquence suivante, filmée dans une salle de classe.

Dans cette salle, après avoir levé le doigt, une jeune fille intervient, filmée en gros plan : "Des fois sur l'autoroute, il y a une affiche 'boire ou conduire, il faut choisir' et puis après, il y a des bouteilles, c'est comme à la télé. La publicité se contredit elle-même". Ce commentaire a été en quelque sorte illustré par la scène initiale. Le cadre s'élargit, plusieurs enfants sont assis côte à côte, la caméra resserre sur le garçon montré dans cette même scène du début. Un des élèves lève la main. C'est une autre jeune fille qui dit avoir fait le même constat en feuilletant un magazine : une page prévient contre l'alcool, la suivante en fait la réclame. (01:51)

"Qu'est-ce que tu prends?"

Retour au garçon qui revient de cours. il longe la façade vitrée d'un café. A l'intérieur, un jeune homme lui fait signe de le rejoindre. Le garçon s'exécute. Il s'assoit à une table où le jeune homme est en compagnie de garçons et filles de son âge. "Salut la puce, qu'est-ce que tu prends?" Il répond : "un jus d'abricot". Le jeune homme poursuit en lui demandant de prévenir "les parents" qu'il ne rentrera pas à la maison ce soir : ils sont donc frères. Quand le serveur vient, les garçons et filles commandent tour à tour : pour l'une c'est un kihr, pour l'autre un coca, pour le grand frère c'est "un petit blanc sec", et pour un quatrième qui vient d'arriver, c'est "rhum-coca avec beaucoup de rhum"... Quand ce sont des boissons alcoolisées qui sont demandées, c'est le garçon qui est à l'image : son regard devient grave, comme s'il pensait au danger qu'encourent les jeunes personnes qui consomment de l'alcool de manière précoce. Ici, le garçon acquiert une aura angélique, il est celui qui témoigne des faux pas des autres, sans intervenir. (02:40)

Le garçon reprend son chemin, il monte un pont routier, redescend, croise une nouvelle affiche au message préventif : une silhouette sans visage sur fond de bouteilles, avec le slogan écrit à la main "L'alcool, c'est bidon". De voix d'enfants se font entendre, sans doute enregistrées lors du débat organisé en classe montré au début du film. Elles commentent leurs premières expériences de l'alcool, en famille, au restaurant. "C'est pas bon, ça pique la gorge..." Par deux plans qui se succèdent, nous voyons à la même table de café des enfants se substituer aux jeunes qui ont été montrés dans la scène précédente. Ce raccord suggère d'abord que c'est le contexte adulte dans lequel les enfants sont projetés (être au café) qui les expose au danger de la consommation d'alcool, ensuite que l'adolescence est un âge où le risque d'accoutumance est augmenté par le fait que l'absorption régulière d'alcool est considéré comme un rite de passage. Le garçon continuant son trajet évolue sur le trottoir d'une petite rue bordée de plages de gazon. Il trouve dans l'herbe un oiseau mort qu'il ramasse, lève les yeux sur une nouvelle affiche montrant le dessin d'un vigneron, au pas alerte et aux joues rubicondes, qui marche dans un champ en se servant un verre de vin. Le slogan : "Mon vin fait la force", que le garçon lit après avoir considéré l'oiseau mort, comme si sa découverte macabre démentait la vitalité du message publicitaire qui le sollicite. Dans la bande son, d'autres commentaires d'enfants, sur l'échec de la prohibition aux Etats-Unis, le risque de mettre au chômage les viticulteurs si l'alcool était de nouveau interdit. Autant de constats fatalistes qui poussent à accepter la place que l'économie de l'alcool prend désormais dans le système et l'imaginaire social. Gros plan sur le visage du garçon, toujours empreint de gravité. Cut, il rejoint une propriété devant laquelle une voiture isolée est stationnée, pousse son portail, est accueilli par un chien qu'il nomme et caresse : il est rentré chez lui. (05:14)

L'apéritif : le piège du rituel éthylique

Plan plongée sur l'entrée de la maison où le garçon entre avec le chien. Voix off féminine, le personnage restant hors champ  : "C'est toi?". Le garçon répond oui, commence à monter des escaliers recouverts par un tapis. Raccord avec l'étage supérieur, vaste espace boisé, aux murs couverts de rayonnages de livres, qui sert de salon. Nous sommes dans un intérieur confortable et de goût. Quatre adultes, deux hommes et deux femmes, sont réunis autour d'une table ronde chargée de bouteilles : l'apéritif se prend tôt et généreusement. Ambiance gaie, les discussions sont vives, la musique est forte. Une fausse note cependant, une des deux femmes, vêtue d'une robe verte, se plaint par des cris de l'irruption du chien dans la pièce. L'enfant fait le tour des convives pour leur dire bonjour, ils l'accueillent avec affection. Il leur montre l'oiseau mort qu'il a gardé avec lui, la femme en vert dit : "Quelle horreur!", l'autre femme, blonde et vêtue de rouge remarque : "A son âge, on collectionne n'importe quoi!". L'un des hommes prend l'oiseau et le tend au chien, la femme en vert s'offusque et rit à la fois. L'ivresse se devine par les emballements et les rires excessifs. "Tu veux boire quelque chose?" demande l'homme qui lui a pris l'oiseau. La femme en vert lui indique qu'il y a du jus d'orange dans la cuisine. "Et toi, c'est du jus d'orange?" lui dit-il en désignant son verre rempli de liquide orange. Elle le prend d'un geste possessif, grommelle quelques phrases, le mot "vodka" se fait entendre. L'autre homme s'exclame : "Un petit verre de whisky ne lui fera pas de mal!" La femme en rouge, qui l'appelle Lionel, se récrie. Succession de gros plans pour désigner les différents locuteurs, des verres et des bouteilles s'interposent entre eux et la caméra. Le point de vue est en fait subjectif, c'est celui de l'enfant qui les observe. "A dix-sept ans, son frère picole déjà" dit en off la femme en vert alors que la caméra s'attarde sur le plateau de la table chargé de bouteilles, de cendriers, et de bols remplis d'olives. Lionel rappelle qu'il doit rentrer, l'autre homme l'invite à boire un dernier verre. Zoom sur l'enfant qui regarde et écoute en buvant son jus d'orange, toujours observateur, toujours sérieux. (06:40)

Fin ouverte : la reprise de la conduite en état d'ivresse

En off, un "flash back auditif", par la voix d'une des élèves qui participaient au débat en classe : "Pour les grandes personnes, boire un apéritif c'est montrer qu'on est grand..." Son commentaire se superpose à des gros plans sur les visages des convives qui prennent des expressions songeuses ou égarées. Cette stase dans la conversation correspond à l'expression d'une mélancolie collective, comme si chacun se rappelait qu'il doit sa gaieté factice à l'alcool et que leurs préoccupations ne se sont pas envolées avec leur lucidité perdue. La femme en vert intervient : "A mon avis, vous devriez rester, vous avez largement dépassé la limite!" Lionel répond qu'il a l'habitude : il revient "pété" de chaque apéritif qu'il prend ici. Sylvie, la femme en rouge, refuse le dernier verre qui lui est proposé : "Pour le bébé, il faut faire attention!" L'hôte en profite pour revenir avec une bouteille de champagne. "Le champagne, c'est la vie!" s'exclame-t-il en débouchant la bouteille, reprenant le slogan de l'affiche que le garçon avait croisé au début de son trajet. Le champagne se boit à coupes pleines.

Ellipse, le couple Sylvie-Lionel dans leur voiture, celle que nous avons vu stationnée devant la propriété. Vue de plongée pour reprendre le point de vue de la famille qui assiste à leur départ : la voiture manoeuvre avec des à coups. Quand elle s'éloigne, Sylvie à la fenêtre du véhicule se tourne pour un au-revoir. Son sourire cesse un instant, et tout son visage est imprégné de tristesse. Dans ce bref moment où la mort rôde, elle parait être déjà passée dans l'au-delà, et son au-revoir prend le sens d'un adieu. Contrechamp sur l'enfant et ses parents qui se tiennent à la fenêtre, la caméra resserre sur l'enfant qui penche sa tête pour voir le plus longtemps possible la voiture s'éloigner. Son expression est plus grave que jamais.

Notes complémentaires

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Joël Danet