The Lone Game (1915)

De Medfilm



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Titre :
The Lone Game
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Interprétation :
Durée :
16 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Corpus :

Générique principal

Trade mark

Thomas A. Edison

The Lone Game

A Red Cross Seal Drama

Produced in co-operation with the National Association for the Study and Prevention of Tuberculosis

Copyright 1915 Thomas A. Edison Inc.

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Les nouveaux traitements contre la tuberculose font renaître l'espoir. Néanmoins, les populations pauvres continuent de rencontrer des problèmes d'accès au soin.

Genre dominant

Fiction

Résumé

Phil Proctor, un jeune homme pauvre découvre que son diagnostic de paludisme est erroné. Il souffre de la tuberculose et doit se rendre dans l’Ouest. Il éprouve des difficultés à se faire soigner par manque d’argent et finit par décéder. Sa sœur, Grace, convalescente après un accident de la circulation, rencontre un ancien étudiant de son frère, Dean Anderson, qui se rend à son chevet. Dean contracte à son tour la tuberculose. Il est envoyé par son père dans l’Ouest pour se faire soigner. Fils de bonne famille, il se rétablit rapidement. Lorsque Grace tombe malade à son tour, elle se fait soigner dans un sanatorium dans l’Est. Une fois guéris, ils s’engagent dans les levées de fonds de la Croix-Rouge.

Contexte

Ce film est le dernier d'une série de 6 films sur la tuberculose que le studio Thomas A. Edison a réalisée pour la Croix-Rouge et en collaboration avec la National Association for the Study and Prevention of Tuberculosis, qui devient par la suite la National Tuberculosis Association.

Les six films sont les suivants :
- The Red Cross Seal, 1910
- The Awakening of John Bond, 1911
- Hope: A Red Cross Seal Story, 1912
- The Price of Human Lives, 1913
- The Temple of Moloch, 1914
- The Lone Game, 1915

Présenté en novembre ou décembre entre 1910 et 1915, chaque film était lié à la campagne de vente de vignettes de bienfaisances de la Croix-Rouge pour lever des fonds pour la lutte contre la tuberculose.

La tuberculose était l’une des principales causes de décès aux États-Unis au début du XXe siècle. En 1915, le nombre de décès liés à la tuberculose est estimé à 146 pour 100 000 habitants. À cette époque, le traitement contre la tuberculose consistait principalement en des séjours dans des sanatoriums en plein air qui offraient aux malades du repos, des soins quotidiens et une alimentation saine. Les premiers sanatoria sont construits en Europe. Le premier sanatorium américain est apparu en 1885 à l'initiative d'Edward Livingstone Trudeau. Ce n’est qu’en 1945 qu’un traitement antibiotique contre la tuberculose a été découvert. En 1908, 85 villes américaines obligeaient les médecins à déclarer leurs patients atteints de tuberculose, ce qui dissuadait les malades de demander une assistance médicale par peur de se voir discriminés.

Ce film est basé sur un livre de Thomas Crawford Galbreath publié en 1915, T.B.: Playing the Lone Game: Consumption. L'auteur y raconte son expérience personnelle de la tuberculose (dans le film, c'est le personnage de Phil Proctor qui se rapproche le plus de ce qu'a vécu T. Crawford Galbreath).

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le choix de réaliser un film appartenant au genre du mélodrame permet de toucher le spectateur en lui faisant éprouver différentes émotions :
- de la compassion pour la jeune et jolie héroïne en butte à toutes sortes de malheurs et difficultés (elle n'a plus d'autre famille que son frère, mais celui-ci tombe malade et est obligé de la quitter pour aller se faire soigner ; elle perd son emploi et se retrouve sans le sou et menacée de perdre son logement ; elle tombe malade ; son frère décède)
- un sentiment d'injustice et/ou de grande tristesse pour le sympathique Phil qui meurt parce qu'il n'a pas les moyens de se faire soigner
- un sentiment de révolte par rapport à un système qui ne peut accueillir ni soigner les plus pauvres
- de l'inquiétude pour Grace et Dean : vont-ils succomber à la tuberculose à leur tour ?
- du soulagement de les voir guéris et de l'attendrissement devant leur avenir commun retrouvé (on pense à la formule qui annonce la fin des contes de fées, lorsque, après avoir connu maintes tribulations, le beau prince et l'humble bergère "se marièrent et eurent beaucoup d'enfants")

Le recours à cette succession d'émotions suscitées chez le spectateur a pour objectif de le rendre sensible au message sanitaire contenu dans le film (nécessité impérieuse de consulter un médecin rapidement et de suivre le traitement proposé) et de le faire passer à l'action (faire un don au profit de la lutte contre la tuberculose, notamment pour faciliter l'accès des personnes démunies aux sanatoriums). Le film met d'ailleurs sous les yeux du spectateur un modèle de donateur qui peut lui correspondre, quelle que soit sa situation financière : s'il a peu d'argent, qu'il donne juste quelques pièces, mais s'il est à l'aise, qu'il n'hésite pas à faire un gros chèque !

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

La santé et la médecine sont représentées de façon nuancée et de ce fait, réaliste.
Dans les aspects négatifs, on note que le premier médecin (juste évoqué, on ne le voit pas à l'écran) de Phil Proctor s'est trompé de diagnostic et le soigne pour du paludisme.
L'accent est mis également sur le fait que le traitement de la tuberculose de l'époque (une longue cure de repos en sanatorium) n'est pas facilement accessible aux personnes à faibles revenus.

Dans les aspects positifs, on note les médecins qui portent un diagnostic correct, l'existence de dispensaires où l'on peut recevoir des conseils éclairés gratuits, le dévouement du personnel des sanatoriums qui sont aux petits soins pour les patients cloués au lit, l'existence de sanatoriums dans l'Est, ce qui évite de trop grands déplacements aux malades et enfin, la possibilité de guérir pour les personnes qui prennent leurs symptômes au sérieux et se conforment au traitement préconisé.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Le film est projeté dans des cinémas et salles de conférences. Afin de toucher un public divers de différentes catégories sociales, des projections en plein air dans des parcs étaient également organisées.

Communications et événements associés au film

Public

National

Audience

Descriptif libre

Recherche d’emploi et accident
Dans un petit appartement, une jeune femme prénommée Grace mange d'un air triste. La propriétaire du logement survient et réclame le paiement du loyer. La jeune femme explique qu’elle n’a pas d’argent puisque son patron a fait faillite et ne l’a pas payée. La propriétaire lui donne jusqu’au samedi suivant pour réunir la somme nécessaire.
Grace trouve une offre d’emploi pour une usine. En s’y rendant, elle traverse la route sans prêter attention autour d’elle et a un accident. Un jeune homme l’accompagne à l’hôpital. (01.53)

Convalescence et souvenirs
Le jeune homme, qui s’appelle Dean, rend visite à Grace à l’hôpital alors qu’elle se remet de l’accident. Elle évoque le souvenir de son frère, Phil Proctor, qui donnait des leçons à des étudiants afin de lui payer des cours de chants. Phil prenait de la quinine pour soigner un prétendu paludisme, mais une visite chez un nouveau médecin avait révélé qu'il souffrait en réalité de la tuberculose. Il est parti se soigner dans l’Ouest. Grace se souvient d'un étudiant qui était venu faire ses adieux à Phil avant son départ. Dean réalise alors qu’il est l’étudiant qu’elle mentionne et que son frère lui donnait des cours. Il se souvient de Grace assistant aux matchs de football de son frère. Dean promet de revenir rendre visite à la jeune femme le lendemain. (05.19)

Lutte contre la tuberculose dans l’Ouest
Phil, toujours malade, parvient à se faire engager en tant que commis à l’expédition.
Grace reçoit une lettre rassurante de Dean dans laquelle il l’assure d’une position au sein de la chapellerie féminine d’un ami de son père. Phil est pris d’une violente quinte de toux sur son lieu de travail. En attendant l’arrivée du médecin, il se remémore la tristesse de sa sœur lors de son départ. Le médecin explique que son état requiert des soins diligents et l’emmène au sanatorium Hillside.
Pendant ce temps, le jeune Dean se met également à tousser. Son père veut l'emmener consulter un médecin, mais Dean minimise son état. Ce sont la tendresse et la douce persuasion de sa mère qui décident Dean à consulter. Le médecin diagnostique une tuberculose et recommande un séjour dans l’Ouest. Le père explique alors à Dean qu’il le soutiendra financièrement, mais que seul un combat solitaire peut lui permettre de l’emporter face à la tuberculose : « Volonté, patience et détermination seront vos armes pour triompher dans ce match en solitaire. » (Will power, patience and back-bone are your weapons to conquer the lone game). Le titre du film est tiré de ce passage, qui compare la lutte contre la tuberculose à un match, un combat. Ce lien avait d'ailleurs déjà été annoncé par la scène où l'on voyait Phil porté en triomphe par d'autres joueurs à la fin d'un match de foot. (08.12)

Lutte contre la tuberculose dans l’Est
Grace, qui commence à tousser, reçoit une lettre de Dean dans laquelle il lui explique les causes supposées de sa tuberculose : un rhume négligé, du surmenage, un excès de sport et une salle de cours pleine de germes (A neglected cold, overwork, athletics to excess and a germ infested room at college). Il lui annonce son départ pour l’Ouest. Elle relit ensuite la lettre de son frère qui se réjouit de la bonne entente entre Dean et de sa sœur. Il faut noter qu'il ne lui dit pas la vérité sur son état de santé et ne fait qu'une petite allusion à ses propres difficultés : "l'Ouest n'est pas un endroit pour un patient tuberculeux sans le sou" (The West is no place for a tuberculosis patient if he has no money).
Phil se voit expulsé du sanatorium puisqu’il ne peut pas continuer à payer pour son séjour. Il se retrouve isolé, à la rue.
Un intertitre indique que Dean, jouissant de conditions idéales, se bat contre la tuberculose. La scène qui suit cet intertitre illustre parfaitement la conception de l'époque suivant laquelle la clé de la guérison réside dans un repos absolu : un jeune homme est assis au chevet de Dean et l'assiste en permanence. Il lui passe des mouchoirs et le fait manger, si bien que Dean n'a pas à faire le moindre mouvement.
En train de vendre un chapeau, Grace se met à tousser violemment. Son employeur lui enjoint de rentrer chez elle. Accompagnée par une collègue, elle passe devant un dispensaire et se laisse convaincre par cette dernière de s’y rendre. Le médecin diagnostique également un début de tuberculose chez elle et explique qu’il doit être traité immédiatement. Grace prend peur. Elle ne peut pas se rendre dans l’Ouest par manque de moyens financiers. Le médecin la rassure en lui expliquant qu’elle n’a pas besoin de partir : « Vous pouvez être soignée ici même, dans l'Est, dans notre sanatorium de plein air. » (You can be cured right here in the East, at our open air sanatorium). Grace bénéficie ainsi d’un traitement adapté qui est représenté de la même façon que celui de Dean (repos total avec une personne au chevet du malade pour l'assister dans ses moindres gestes). (11.46)

Engagement et sensibilisation
Un intertitre indique que, un an après, Phil a beaucoup souffert. En revanche, Dean a recouvré la santé et Grace se remet également. Dean, guéri, rentre chez lui. Il rencontre alors Phil, en proie à une violente quinte de toux qui finit par décéder. Dean trouve par terre une enveloppe au nom de Grace. Il confie cette lettre à la jeune femme. Son frère l’y enjoint de se faire soigner rapidement et de ne pas négliger son affection. En apprenant le décès de son frère, Grace fond en larmes.
Dean la console et insiste sur le rôle qu’ils doivent jouer désormais, eux qui sont guéris : « C'est à nous qui sommes sauvés de montrer la voie qui mène à la santé. » (It is for us who are saved to point out to others the right road to health). (13.45)
Lors du concert de Noël de la Croix-Rouge, Grace chante puis intervient auprès des spectateurs afin que ces derniers contribuent à la levée de fonds en achetant des vignettes de bienfaisance. Elle leur explique l’importance de ces dons, quel que soit le montant. Les parents de Dean font une contribution, ainsi qu’un homme qui fait don d’un chèque de 500 dollars après s'être rendu compte que son voisin, nettement moins fortuné que lui, faisait un don proportionnellement beaucoup plus important que celui qu'il avait prévu lui-même initialement. À la fin du concert, Grace rejoint Dean qui l’embrasse. La façon dont il la présente à ses parents laisse augurer un mariage prochain.
Le film se termine sur une image de la vignette de la Croix-Rouge de l’année 1915.

Notes complémentaires

Quelques informations concernant les autres films :

Red Cross Seal
Aucune copie de ce film n'a été conservée. Datant de 1910, il mettait en scène une jeune femme confrontée à des difficultés financières. Elle gagne un prix pour réaliser la vignette de bienfaisance de la Croix-Rouge mais offre cet argent à un jeune garçon, atteint de tuberculose, pour qu'il puisse se soigner.

The Awakening of John Bond
Ce film, dont le scénario a été rédigé par Bannister Merwin, présente un propriétaire qui prend conscience de l'importance de la salubrité des logements qu'il possède lorsque sa femme contracte la tuberculose. Le film a été projeté notamment dans des parcs de New York.

Hope
Ce film a été réalisé par Charles J. Barbin, et son scénario a été écrit par James Oppenheim. Le film Hope, datant de 1912, a été reproduit depuis le négatif d'origine par le Museum of Modern Art de New York, avec le financement du National Endowment for the Arts et du Celeste Bartos Film Preservation Fund. À l'époque, le film a été projeté dans des théâtres et dans d'autres salles. Le projet de projeter ce film dans des écoles publiques de Los Angeles a été contré par le mouvement de la Science Chrétienne. Il est sorti le 16 novembre, deux jours avant le début de la campagne de vignettes de bienfaisance de 1912. La National Association for the Study and Prevention of Tuberculosis a organisé plusieurs projections gratuites en plein air dans les parcs de New York, en collaboration avec le Département de Santé de la ville.

Lors de la sortie du film, la tuberculose était toujours un problème de santé important et des idées préconçues la définissaient comme une "maladie de ville". Il met en scène un banquier qui, sollicité par la National Association for the Study and Prevention of Tuberculosis, refuse de financer un sanatorium, prétextant que la ville était trop petite pour que des gens soient atteints de tuberculose. La femme qu'il aime tombe alors malade et part, en secret, se soigner à New York, dans un sanatorium. Des manifestations aboutissent à la création d'un sanatorium dans la petite ville, permettant à la jeune femme d'être soignée à proximité de ceux qu'elle aime.

The Price of Human Lives
Le scénariste de ce film est Epes Winthrop Sargent. Ce film met en scène une jeune femme qui s'engage en service civique contre l'avis de sa famille et de son fiancé. Elle aide deux jeunes tuberculeux, Nell et Edward, qui se soignent grâce à 'Concura', un remède réputé infaillible. Elle se rend alors compte qu'il s'agit d'un faux remède et que son fiancé et son père sont impliqués dans la fabrication de ce remède.

The Temple of Moloch
Réalisé par Langdon West, ce film a été écrit par James Oppenheim et Mary Rider Mechtold.
Le propriétaire d'une fabrique de poteries nie les dangers des conditions de travail pour ses employés. L'un deux contracte la tuberculose et, du fait notamment du manque de précautions et de salubrité de son logement, perd un bébé. Les enfants du propriétaire contractent à leur tour la maladie, amenant le potier à se repentir et à améliorer les conditions de travail dans sa poterie.

Références et documents externes

Hope—A Red Cross Seal Story (1912), National Film Preservation Foundation, URL : https://www.filmpreservation.org/preserved-films/screening-room/hope-a-red-cross-seal-story-1912 (consulté le 10/06/2018).
Drolet, J. G., "World War I and Tuberculosis: A Statistical Summary and Review", American Journal of Public Health, Vol. 35, 1945, pp. 689-697 (esp. p. 690), URL : https://ajph.aphapublications.org/doi/pdf/10.2105/AJPH.35.7.689 (consulté le 26/06/2018).
Galbreath, Thomas Crawford, T.B. Playing the Lone Game Consumption, New York: Journal of the Outdoor Life Publishing, 1915.
Orgeron, D., Orgeron, M., Streible, D., eds., Learning with the Lights Off: Educational Film in the United States, Oxford University Press, 2012.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Séverine George, Élisabeth Fuchs
  • Sous-titres Français : Séverine George
  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet BodyCapital, financé par l'European Research Council (ERC) et le programme de l'Union européenne pour la recherche et l'innovation Horizon 2020 (grant agreement No 694817).