Rennes. Rééducation des mutilés à la terre (1918)

De Medfilm



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Titre :
Rennes. Rééducation des mutilés à la terre
Année de production :
Pays de production :
Durée :
09 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Archives détentrices :

Générique principal

« Rennes – Rééducation des mutilés à la terre ; Rennes the re-education of the mutilated for agricultural work »

Contenus

Sujet

Rééducation professionnelle, dans le domaine agricole, des mutilés de guerre à l’aide de prothèses médicales.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Ce film réalisé par l’armée française nous présente la rééducation des soldats mutilés de guerre dans le domaine agricole au sein de l'école professionnelle de Rennes. Les prothèses médicales qu’ils portent leur permettent de réaliser un grand nombre d'activités diverses, montrées ici comme un inventaire des différentes actions qu'il est possible de faire dans cette école. L’avancée médicale que constituent ces prothèses mécaniques est promue dans ce film et les gestes des soldats – l'aspect pratique de la rééducation – les font apparaître efficaces et autonomes face à la caméra.

Contexte

En 1918, l’intervention des États-Unis rend la victoire certaine et annonce la fin de la Grande Guerre. L’heure est alors au bilan du premier conflit mondial, lequel a causé beaucoup de pertes mais a aussi laissé un grand nombre de blessés surtout victimes de lésions dues aux obus (trois millions dont 300.000 à un million de mutilés et amputés). Ce sont autant d’hommes qui ne peuvent pas retrouver une vie et un statut normal, qui sont incompris de la population et souvent rejetés pour leur invalidité. Or, l’économie encore tournée vers la guerre redevient civile, les soldats sont démobilisés et retournent à leurs métiers respectifs. Il s’agit aussi de reconstruire et c’est dans cette optique qu’un intérêt tout particulier est porté à ces blessés et mutilés qui dans ce contexte, représentent des enjeux politiques mais surtout économiques.

En effet, la France est encore à cette époque une puissance agricole et de nombreux hommes appelés sous les drapeaux en 1914 étaient agriculteurs ou éleveurs. Toutefois, le travail agricole est physique et a priori impossible pour quiconque sortirait du conflit amputé. Conscient de ce danger de retrouver de nombreux agriculteurs incapables de s’occuper de leurs exploitations, la médecine va mettre au point des systèmes pour permettre à ces mutilés de retourner aux champs effectuer les mêmes tâches qu’ils effectuaient avant le conflit.

La Bretagne est une région dont l'économie est structurée par l'agriculture, la Grande Guerre a donc des conséquences sur ce domaine puisque des hommes sont mobilisés et des animaux – des chevaux principalement – sont aussi utilisés dans ce contexte conflictuel. Ainsi, les mutilés – les soldats démobilisés constituent un apport de main-d’œuvre non négligeable et dont la région a besoin pour stabiliser - entretenir son économie agricole. Rennes se dote alors d'une école de rééducation professionnelle des mutilés de guerre, appelée aussi École de Jean-Janvier (sous l'impulsion de la création de celle de Lyon, ouverte dès décembre 1914, qui fait figure d'exemple). Elle ouvre ses portes en août 1916 et fonctionne en adéquation avec l’hôpital militaire. Elle permet une réintégration professionnelle dans le but de réapprendre un métier, lequel débouche par la suite sur une réinsertion sociale. Ces écoles font partie d’une politique publique mise en place par le service de santé puis l’Office national des mutilés. L’État veut agir pour aider ces hommes qui se sont battus pour la France et combattre le courant de l’après-guerre qui rejette ces mutilés afin d’oublier le passé.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Par les cartons, le regard du spectateur est orienté par les cartons vers les prothèses médicales, que le film montre en utilisation sur les mutilés de guerre qui en sont équipés. Les plans sont en majorité des plans larges, quelquefois des plans taille. La caméra se concentre à plusieurs occasions sur les prothèses. L’objectif du film est donc de montrer des mutilés de guerre de retour au travail mais surtout comment les prothèses leur permettent de retourner aux champs. Ils peuvent ainsi moissonner et effectuer des travaux de ferme grâce à un bras métallique sanglé à leur poitrine, ou à d’autres dispositifs comblant la perte d’un membre. Le terme « d'appareil » apparaît de nombreuses fois, qui permettent aux mutilés d'effectuer les gestes du nouveau métier qu'ils sont en train d'apprendre – dans le domaine agricole. Cette orientation est d'autant plus flagrante que des gros plans sont réalisés sur ces prothèses : le spectateur focalise alors son attention à la manière dont sont conçus ces appareils de rééducation qui visent à réintégrer le soldat blessé dans une vie professionnelle et plus particulièrement agricole.

De plus, nous pouvons constater que les blessés sont encore en uniforme puisqu’ils portent le calot et certains portent quant à eux le képi, ils sont donc encore mobilisés par l’armée française. Les personnages étant en train de moissonner, ou labourer, nous pouvons en conclure que ce film est réalisé dans la première moitié de l’année 1918, la guerre n’est donc pas encore finie et le retour dans la vie civile pas encore à l’ordre du jour. L’armée anticipe cependant ce retour en permettant à ces mutilés de pouvoir continuer leur activité professionnelle civile.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

La santé et la médecine sont ici représentées dans un aspect technique et pratique et se veulent ici réparatrices à travers la présentation de ces prothèses et de leur utilisation. Il s’agit de montrer que la médecine et ses recherches sont au service de la population et en particulier des soldats mutilés de guerre. Les avancées et les évolutions sont soulignées : les prothèses médicales se sont adaptées à la guerre et plus précisément à l'enjeu qui est la « remobilisation » des mutilés de guerre qui sont une main-d’œuvre précieuse pour la France, mais aussi la réintégration des soldats dans la vie civile et le réapprentissage des gestes de la vie quotidienne et professionnelle (ce qui passe souvent par l'apprentissage d'un nouveau métier).

Il est montré via ces appareils médicaux que l'autonomie peut être regagnée par l'évolution de la médecine : les prothèses deviennent une continuité des objets dans le sens où elles peuvent s'y adapter. Pourtant, les dispositifs présentés ressemblent plus à une industrialisation du corps humain et rapprochent davantage le film de l’eugénisme que de la médecine réparatrice telle qu’on la connaît aujourd’hui. Il s'agit de prothèses pratiques et non à visée reconstructrice de l'image humaine – les membres amputés, par le biais des prothèses, prennent l'aspect d'objets.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Communications et événements associés au film

Public

Médecins et cadres militaires.

Audience

Descriptif libre

[00’00]

Carton « Rennes – Rééducation des mutilés à la terre (titre anglais : Rennes The re-education of the mutilated for agricultural work) ». Deuxième carton « Les faucheurs (Mowing) ». Deux hommes amputés des membres supérieurs droits fauchent du blé à l’aide d’une faux. Ils sont équipés de prothèses médicales de rééducation professionnelle (mécanothérapie) visible face caméra. Plan américain. Le soldat de gauche est au premier plan. Ses gestes sont parfaitement précis et réguliers. Le détail de sa prothèse mécanique est maintenant visible. Plan d’ensemble. Trois hommes, eux aussi équipés d’une prothèse au bras, chargent du foin sur une charrette. Les prothèses mais aussi les gestes des mutilés au travail sont ainsi mis en valeur. Leurs mouvements sont parfois suivis par la caméra, ce qui place la rééducation au cœur du film.

[01’07]

L'activité de labour est aussi filmée suivant des rushs mis bout à bout. Carton « Mutilés à la charrue (Ploughing done by the mutilated) ». Deux hommes labourent un champ, l’un guidant les deux chevaux qui tirent la charrue et l’autre maintenant celle-ci dans son sillon. Autre plan d’ensemble, de trois quarts dos gauche cette fois. Les deux hommes effectuent un demi-tour avec la charrue. Malgré son handicap, l’homme tenant les mancherons de la charrue arrive à manœuvrer celle-ci et la remet dans le sillon à retourner. Il adapte sa prothèse à la charrue : elle est pensée par la médecine à partir de l'objet. À l’arrière-plan, plusieurs personnes, dont l’une porte une faux sur l’épaule, observent la scène d’un œil attentif.

[02’03]

Carton « L’appareil du mutilé (The appliance for the mutilated) ». Plan fixe. Le second mutilé enfonce le manchon de sa prothèse dans le mancheron droit de la charrue, ce qui permet un maniement plus aisé de l’outil. Plans d’ensemble. Comme précédemment, il guide dans son sillon la charrue tractée par deux chevaux que mène son camarade. Nouveau plan fixe. Il retire le manchon de sa prothèse du mancheron gauche de la charrue.

[03’04]

Carton « Mutilés liant des gerbes avec un appareil à plusieurs usages (Mutilated men binding with an appliance adapted for several uses) ». Plan d’ensemble. Un homme assemble et lie simplement une gerbe en s’aidant d’une faucille incorporée à son bras amputé. Suivi dans ses déplacements par l’objectif de la caméra, il entasse les gerbes liées, toujours avec l’aide de sa prothèse.

[03’58]

Carton « Mutilés fauchant de l’herbe (Mutilated men moving grass) ». À l’aide d’une faucille et d’un crochet. Un mutilé fauche de l’herbe avec une faucille et un crochet. Il la lie ensuite.

[04’29]

Carton « Le bêchage de la terre. Tous les mutilés sont munis d’appareils spéciaux pour le travail de la terre. (Digging the ground. All the mutilated are supplied with special appliances for agricultural labour) ». Plan panoramique court. Plusieurs hommes retournent la terre avec une pelle intégrée à leur prothèse selon le même système que celui vu précédemment avec la faux. Comme pour le guidage de la charrue, le maintien du manche de la pelle est assuré via un manchon.

[04’49]

Carton « Le ratissage et le sarclage des betteraves (Raking and weeding beetroots) ». Plan panoramique. Des hommes ratissent la terre à l’aide de ratissoirs ou, pour deux d’entre eux, de fourches liés aux prothèses par des manchons. Plans américains. Deux mutilés portent des prothèses différentes. L’un ayant perdu l’avant-bras, l’autre tout le membre supérieur.

[05’31]

Carton « Le sarclage et le repiquage des betteraves (Weeding and pricking out beetroot) ». Plan panoramique. Des hommes sortent les betteraves de la terre à l’aide de binettes. Plan panoramique rapproché sur deux hommes équipés de prothèses différentes. Autre plan panoramique. Les betteraves sont repiquées par les mutilés le long d’un fil à l’aide d’un pieu en bois intégré à leurs prothèses. En arrière-plan, deux hommes observent la scène et en discutent. Plans moyens. Les deux soldats poursuivent leur travail.

[06’41]

Carton « Mutilés étendant le fumier (The mutilated spread manure) ». Plan d’ensemble. Trois hommes tiennent des fourches grâce à leurs prothèses et étendent du fumier sur la terre. Un quatrième militaire (sous-officier ou gradé) observe la scène en arrière-plan.

[07’03]

Carton « Tracteur pour le labourage (The Tractor for plouging) ». Un homme mutilé conduit un tracteur auquel est accrochée une déchaumeuse. Il est accompagné d’un soldat valide. Le tracteur est suivi par plusieurs personnes, probablement des gradés. Cette séquence témoigne de l'intérêt porté à la rééducation professionnelle de ces hommes blessés qui doivent reprendre confiance en eux car ils constituent une main-d’œuvre potentielle importante, véritable enjeu politique et économique pour le pays. Le conducteur stoppe son tracteur et en descend. Il est alors possible de constater que sa jambe droite est raide.

[07’58]

Carton « Mutilé coupant de l’herbe avec un appareil spécial (A mutilated man cutting grass with a special apparatus) ». Deux hommes coupent l’herbe à l’aide de faux liés à leur prothèse par un manchon. La scène est analogue à celle du début du film dont le début et la fin sont ainsi communs. Ils travaillent sous l’œil des militaires visible sous les arbres à l’arrière-plan. Plan américain. La prothèse de l’un des deux mutilés est visible en détail ce qui permet de montrer son côté pratique. Elle est étudiée afin de varier au maximum les activités du blessé : il est doté d'une capacité d'adaptation à des situations diverses et peut ainsi se rendre utile à la société. Le film se termine sur un carton « Section cinématographique de l’armée française ».

[08’31]

Notes complémentaires

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Emmanuel Nuss, Florine Marmigère, Lara Leckler, Thomas Givaudan