L'accouchement sans crainte (1954)

De Medfilm



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Titre :
L'accouchement sans crainte
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
25 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

Gén. début : La préparation à l'accouchement sans crainte / professeur agrégé François Lepage et Docteur Langevin-Droguet / Maternité Pinard Hôpital Saint Vincent de Paul et Assistance Publique de Paris / Réalisation de Éric Duvivier / Images de Georges Theurier (E.T.P.C.) / Une coproduction des Films Art et Science et de la Société laitière Gallia (département médical).

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Introduction à la méthode Read pour que la femme enceinte ait le contrôle de son accouchement.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Le film rappelle un préjugé ancré dans l'imaginaire contemporain par un environnement culturel façonné par la Bible et relayé par l'imagerie religieuse : l'accouchement doit être douloureux. Il décrit ensuite la méthode Read et les aménagements en équipements dans les hôpitaux pour l'appliquer.

Contexte

La méthode Read

Le film promeut une méthode éclose en Grande Bretagne après la Seconde Guerre Mondiale. Depuis 1847, date de la première application de l’anesthésie au soulagement des parturientes, seules l’analgésie médicamenteuse ou différentes formes d’anesthésies étaient proposées. Dans les années 1930 en Angleterre est mise au point une première méthode psychologique d’atténuation des douleurs obstétricales, dite accouchement « naturel », due à Grantly Dick-Read (1890-1959) qui est accoucheur à Woking dans la banlieue de Londres de 1923 à 1948. Observant les femmes en travail et étudiant des pratiques médicales variées (Franz Anton Mesmer, Jean-Martin Charcot, Émile Coué), il construit peu à peu une méthode d’accouchement « sans peur », fondée sur la conviction que, dans certaines circonstances, l’esprit peut commander au corps. En 1933, dans son premier ouvrage Natural Childbirth, il condamne l’accouchement « scientifique » sous anesthésie générale, largement pratiqué de son temps dans les pays anglo-saxons, et propose l’accouchement « selon la loi naturelle ». Pour cela, il faut briser le cycle fatal Peur-Tension-Douleur : la peur entraîne une tension des muscles, en particulier de l’utérus, et c’est ce qui cause la douleur. Pour atténuer la douleur, il faut d’abord supprimer la peur en préparant la femme qui va accoucher. Après avoir été instruite des différentes phases du travail, elle doit faire preuve pendant la phase de dilatation de patience et de contrôle de soi grâce à la pratique de la relaxation. Au moment de l’expulsion du fœtus, elle doit être capable de fournir un gros effort physique auquel elle aura été préparée. Le fondement de la méthode de Dick-Read est un spiritualisme qui exalte la fonction reproductive de la femme. En changeant les conditions de la venue au monde de nouveaux humains, il espère faire triompher la paix et l’harmonie sociale. (d'après Paula A. Michaels, Lamaze. An International History, Oxford University Press ; Andrée Rivard, Histoire de l’accouchement dans un Québec moderne, Les éditions du remue-ménage).

Hôpital et analgésie

C’est l’« accouchement naturel » ou « accouchement sans crainte » qui inaugure l’histoire des méthodes d’analgésie psychologique, en Angleterre, au début des années 1930. Vingt ans plus tard, la méthode psychoprophylactique d’« accouchement sans douleur » est développée en Union soviétique, d’où elle est importée en France. (...) Dans les années qui suivent la Libération, l’hospitalisation de la naissance s’intensifie et les maternités commencent à se moderniser. Les obstétriciens invoquent la sécurité pour attirer la clientèle dans leurs établissements [5]. L’argument porte auprès des femmes enceintes, renforcé par l’attrait de la modernité et par le souhait de bénéficier d’une analgésie difficilement accessible à domicile [6]. Toutefois, même à l’hôpital, l’analgésie n’est pas assurée. Lorsqu’elle est administrée, c’est souvent en complément d’autres médicaments visant à accélérer le travail. Ces cocktails se répandent dans plusieurs services hospitaliers sous les appellations d’« accouchement accéléré », « médical » ou « dirigé ». Ils connaissent de nombreux adeptes et tout autant de détracteurs, qui leur reprochent d’augmenter les risques obstétricaux et de brouiller la conscience des femmes [7]. Ainsi, sur le plan obstétrical, l’accouchement sans douleur apparaît dans des contextes nationaux de pratiques diversifiées, de débats médicaux ouverts et d’essais analgésiques variés dans l’espoir de trouver une solution idéale au problème complexe de la douleur. (VUILLE Marilène, "L’obstétrique sous influence : émergence de l’accouchement sans douleur en France et en Suisse dans les années 1950". Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2017/1 n° 64-1, p.116-149.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film introduit dans son récit un cours donné par un médecin-accoucheur, lequel est illustré par un schéma animé. Quand le schéma animé intervient, il fait suite à un plan où le médecin dessine au tableau : le dessin s'anime, la transition se fait entre un régime de prises de vues réelles et un régime d'animation. Le film perd alors son réalisme (puisque les femmes qui écoutent le médecin le voient entrain de dessiner, elles ne peuvent voir elles-mêmes le dessin animé qui suit) pour augmenter en didactisme en optimisant les ressources audiovisuelles disponibles. Par ailleurs, ce changement de régimes vise à impliquer directement le public après l'avoir invité à se projeter dans le personnage de la jeune maman. Le film étant transitif quand il fictionne (procédé qui reprend avec la séquence de la femme enceinte dans la rue), transitif quand il explique, il mobilise tour à tour l'émotion et l'intelligence auprès de son public. Cette démarche hérite, en ce qui concerne la production utilitaire en santé, de Falsche Scham de Rudolf Biebrach (G. 1926), La terrible leccion par Fernando Delgado (ES., 1926), ou Il était une fois trois amis de Jean Benoit-Lévy (FR. 1929).

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

La médecine joue ici un double rôle : assister l'accouchement en allégeant la souffrance, et éduquer les femmes pour les émanciper. Dans le film, la médecine ne se limite pas à mettre en oeuvre le savoir qu'elle détient, elle associe à son action les femmes sur lesquelles elle intervient. Par leur comportement, que détermine la connaissance qu'elles ont acquise de leur corps et des gestes qui conviennent, les femmes enceintes deviennent les partenaires du soin.

En ce sens, l'approche défendue dans L'accouchement sans appréhension rejoint celle des films de Max Ploquin qui vont lui succcéder dans les années 60 et 70. Max Ploquin y ajoute l'implication du mari et jeune mari, montrant qu'il assiste à l'accouchement et réconforte sa femme après la naissance.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Congrès médicaux, réunions de femmes enceintes.

Communications et événements associés au film

Public

Professionnels de la santé, femmes enceintes

Audience

Descriptif libre

Histoire de la technique obstétricale

Le générique se déroule sur le fond d'une Nativité, Le nouveau né, peinte par Georges de La Tour vers 1648. Le début du film commence avec La chute de l'homme et l'expulsion du paradis terrestre peint par Michel-Ange vers 1510. Le commentaire commence par rappeler les paroles de l'Ancien Testament : "je multiplierai tes peines et tu enfanteras dans la douleur." C'est, ajoute-t-il, "une malédiction qui a pesé sur les femmes et sur les médecins qui les laissaient souffrir." La séquence développe une imagerie de l'accouchement qui commence avec l'Antiquité où il est comparé à une bataille. "C'est à partir de la Renaissance que l'obstétricie - comme on l'appelait alors - commence à faire des progrès." Un livre ancien est feuilleté par une main bord cadre. C'est un traité qui comporte des planches anatomiques, lesquelles témoignent du souci de "mieux connaître l'appareil génital". Portrait d'Ambroise Paré : c'est par son action que "la France devient le berceau d'une nouvelle science : l'obstétrique." Planche qui montre les "instruments de la chirurgie". Le commentaire rappelle que la science médicale cherche alors à parer aux cas où le col ne s'ouvre pas, c'est un enfant mort qui naît, où il faut pratiquer une césarienne. Nouvelle page de livre ancien intitulée : "Des maladies des femmes grosses et accouchées." Nouvelle étape franchie dans la mise au point de la technique obstétricale avec Jean-Louis Baudelocque et son Art des accouchements de 1781. Le commentaire ajoute que depuis lors, "l'instrumentation n'a plus guère progressé." Une dernière planche est montrée, figurant un bébé dont la tête est saisie aux forceps. Puis un noir, avec le commentaire qui conclut : "Mais il reste la douleur". (02:35)

La douleur utérine, les techniques pour l'atténuer

Séquence en schéma animé pour expliquer anatomiquement la douleur lors de l'accouchement. D'abord des schémas évolutifs constitués de lignes plus ou moins épaisses de couleur orange sur fond blanc, puis des dessins réalistes qui rendent compte du contrôle de la masse musculaire utérine par le système nerveux. "L'autonomie de ce système est toute relative. Notre volonté est sans action sur lui, mais il reçoit des incitations d'origine cérébrale ; en particulier, il subit le contrecoup des phénomènes émotionnels." La douleur, précise le commentaire, remonte au cortex et au thalamus depuis "le faisceau spino-thalamique." Retour aux prises de vues réelles. Dans une salle d'hôpital, vue en angle plat et en plan général d'une femme alitée, reliée à un appareil qui enregistre les contractions utérines. GP sur la courbe plane de l'appareil qui montre que ces contractions ne sont pas douloureuses pendant la grossesse. Puis GP sur la courbe accidentée du même appareil pour montrer qu'au contraire, les contractions du travail le sont. "Pendant le travail, l'utérus garde entre les contractions un tonus plus élevé." Plans successifs impliquant des parturientes, illustrant l'inventaire des différents moyens employés pour atténuer la douleur : anesthésie générale, au chloroforme, à l'éther, au protoxyde d'azote... jusqu'aux injections épidurales de novocaïne." Le commentaire précise que ces modes présentent des inconvénients. Les uns nécessitent un appareillage important, d'autres mobilisent des techniques difficiles, "d'autres sont à la limite de la toxicité pour la mère et surtout pour l'enfant." (06:36)

Les théories et leur transmission aux parturientes

Rappel de quelques travaux récents qui ont inspiré l'approche actuelle de l'accouchement sans douleur. Vues de campagne anglaise, puis de pages de traités dont il est l'auteur, pour évoquer Grantly Dick-Read : "il a l'idée que la suppression de l'anxiété pourrait permettre d'atténuer, voire même de faire disparaître les réactions douloureuses au cours du travail." Vue d'une page de traité et de photographies de chercheurs pour évoquer Nicolaiev, auteur soviétique qui s'appuie sur les théories de Pavlov. Selon lui, "la douleur du travail résulte d'un réflexe conditionné créé par la crainte de souffrir." La méthode soviétique consiste à faire naître de nouveaux réflexes "et à inhiber les réflexes déjà existants". Cut, vue en plongée, dans une salle pourvue d'un tableau et d'une planche de dessin anatomique, sur un médecin faisant cours à des femmes. "Quelles que soient les conceptions théoriques, reprend le commentaire, instruire les femmes contribue à combattre leur anxiété et à les mettre en confiance." Signifie-t-il que le fondement de ces théories importe peu pourvu que les parturientes, en en prenant connaissance, voient leur appréhension diminuer? Seraient-ce dès lors des théories placébo dont le mérite est avant tout de les apaiser par leur simple assimilation ? Le commentaire précise que ces "causeries" du médecin sont proposées aux femmes à partir du 5e mois de grossesse. Le premier cours consiste à décrire les organes génitaux internes et leurs modifications pendant la grossesse. Le second cours explique les cycles menstruels. Gros plan sur la planche qui montre : sur la partie supérieure, l'évolution du follicule, sa rupture, la formation du corps jaune et les modifications de l'endomètre (muqueuse qui tapisse l'intérieur de l'utérus et qui est éliminé en période de règles) ; et sur la partie inférieure de la planche, "l'ovule qui tend le follicule, la fécondation, l'oeuf et sa nidation dans la muqueuse utérine pendant que le corps jaune de grossesse continue son évolution." Troisième cours : division de l'oeuf, les stades de son évolution, apparition et évolution de l'embryon. Pour évoquer ce cours, la planche montrée par le médecin devient schéma animé plein cadre. Retour aux vues réelles pour montrer la diversité des modes de présentation de l'enfant, céphalique ou de siège, ou des enfants quand il s'agit de grossesses gémellaires. Quand le médecin a fini son explication, dézoom pour montrer les parturientes présentes qui se lèvent et vont discuter entre elles ou avec le médecin ou la sage-femme présente, qui, rappelle le commentaire, "ne doivent jamais être pressés". Le cours respecte ici le principe de l'éducation populaire qui réserve un espace pour les échanges dans un esprit convivial. (11:05)

"Il faut apprendre aux femmes à se détendre"

Dézoom sur des femmes allongées en ligne sur des tapis de sol et des coussins disposés sur un sol carrelé. Elles sont au repos puis en exercices de contraction, les yeux fermés, habillés de la même façon, avec une blouse et un short. Une sage-femme vient auprès d'elles pour les guider. "Outre la préparation théorique et la mise en confiance, il faut apprendre aux femmes à se détendre." Le but des exercices est de favoriser leur prise de conscience de "leurs groupes musculaires". Chaque séance, indique le commentaire, dure de vingt à trente minutes. Fondu enchaîné entre une femme en position de détente dans la salle d'exercices, et la même femme dans la même position sur le sofa d'un salon. Le commentaire ajoute qu'il est recommandé de pratiquer ces exercices de détente chaque jour "dans une pièce peu éclairée" et à "tous les instants de liberté, aussi bien chez elle que dans l'agitation de la rue". Scènes de rue, trafic dense et foule qui se masse devant le bus à l'arrêt (frappé de l'enseigne Dubonnet sur la zone de sa carrosserie entre les baies et le toit). Dans une salle d'attente, la parturiente assise se met dans une posture que ses leçons lui ont apprise. En face d'elle, une femme consulte les journaux de la table basse en tournant leurs pages d'un geste impatient. A son bureau, une femme qui vient de finir la rédaction d'une lettre se met à son tour dans une position de relaxation. (13:22)

Exercices pendant la seconde moitié de la grossesse

Retour aux femmes alignées sur le carrelage. Le commentaire insiste sur les bienfaits de l'activité physique pour la femme enceinte pendant la deuxième moitié de sa grossesse. "Cet entraînement comprend avant tout des mouvements respiratoires." Description de ces exercices avec un panoramique lent qui montre les femmes qui, côte à côte, les exécutent. Vue filmée d'une radioscopie de poumons de femme enceinte pour montrer que sa respiration n'est plus abdomino-thoracique mais surtout costale et thoracique supérieure." Les figures respiratoires sont différentes selon le stade de l'accouchement, elles sont par ex. haletantes au moment de l'expulsion. Ex. avec une femme montrée en plan poitrine. Examens des capacités respiratoires des femmes enceintes au spiromètre. Exercices pour obtenir une "bonne sangle abdominale" pour éviter les "contractures lombaires si pénibles pour la femme enceinte". Une sage-femme les guide. Autres exercices pour éviter l'affaissement de la voûte plantaire, l'hyper lordose. Vue dans la rue d'une femme enceinte marchant sur un trottoir parmi les passants. L'objectif est que les femmes enceintes "conservent leur allure normale et leur activité habituelle jusqu'à la fin de la grossesse."(19:05)

Répétition d'accouchement

Le commentaire précise que les femmes que nous voyons sont arrivés à la fin de leur grossesse. Les exercices qu'elles pratiquent, assises ou allongées sur une civière, accompagnées d'une sage-femme, sont des "répétitions d'accouchement". Schéma animé qui montre l'effacement puis la dilatation du col, l'orientaion en oblique de la "tête foetale", puis son engagement dans l'excavation. Préparation à l'usage du masque à oxygène qui va être utilisé pendant les contractions. La dernière scène du film montre un accouchement. Le masque à oxygène est ôté de la tête de la parturiente, elle pratique la respiration haletante. Toute la séquence se déroule sans son, si ce n'est extra-diégétique, du commentaire. "La tête est à la vulve ; la femme se souvient que c'est l'occiput qui apparaîtra le premier, la face tournée vers le sacrum". En plan général plongée, la sage-femme saisit le sommet du crâne qui vient d'apparaître. La femme qui accouche paraît très calme, elle sourit. Gros plan sur le bébé. "L'enfant poussera son premier cri alors qu'apparaît le reste du corps." La sage-femme le saisit et le "L'accouchement se termine. La femme a pu, en confiance, sans crainte, suivre les derniers stades du travail, sans jamais avoir perdu le contrôle d'elle-même." Cette dernière remarque rappelle l'un des objectifs de la méthode Read ici appliquée : que la parturiente reste jusqu'au bout actrice de son accouchement. "Elle a la joie d'assister en pleine conscience à la naissance de son enfant, de le voir et d'entendre don premier cri." Dernier plan, comme le premier, sur la Nativité par de La Tour, surgissement d'une musique classique, mentions "Fin" et "Films Art et science".

Fonds Duvivier 096

Notes complémentaires

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Joël Danet