Roger Gentis

De Medfilm


Roger Gentis, psychiatre et psychanalyste, a été un acteur important, aux côtés de Tosquelles, Bonnafé, Daumezon, Oury, Ayme, de ce que l’on a nommé « psychothérapie institutionnelle », mouvement de rénovation psychiatrique qui s’appuyant sur la psychanalyse a permis la transformation radicale de la pratique jusque-là asilaire de la psychiatrie et qui a été à l’origine de la mise en place de la politique de secteur.

En 1969, il publie publie Les murs de l’asile, essai-charge dans lequel il dénonce les représentations sociales, idéologiques qui enferment la maladie mentale dans un hôpital devenu asile. Selon Georges Lewkowitz qui revient sur les chroniques de Roger Gentis pour La Quinzaine littéraire de Muairce Nadeau, celui-ci pratique "une écriture superbe, quoique acerbe, voire acide, chemine de chronique en chronique, dans un quartier qui lui semble à la fois lointain et pourtant familier et si proche. C’est qu’il croise en ces rues les figures bien vivantes de Bonnafé, de Foucault, de Lacan, de Daumezon, de Derrida, de Mannoni et de tant et tant d’autres, qui s’arrêtent en leur promenade et lui parlent simplement des problèmes de la vie, où va-t-on et par quel chemin ? Il bavarde avec eux, évoque des problèmes ayant trait à la psychiatrie, la psychanalyse, la sociologie, la philosophie, la politique… puis les quitte… mais une dernière question lui vient à l’esprit, il se retourne pour la leur poser… personne… mais qu’il n’ait crainte, il les retrouvera au détour d’une autre chronique. Mais s’il est un fil rouge qui court tout au long de ces chroniques, c’est le rapport de la chose « psy » (psychiatrie, psychologie, psychanalyse) avec la politique, et il est bon de se rappeler en quels travers tragiques elle a pu s’engloutir. Au travers de plusieurs chroniques Gentis revient sur la période hitlérienne et comment des psychanalystes allemands, en dépit du refus de Freud, croyant (sincèrement ?) sauver l’essentiel de la psychanalyse par des compromis avec le régime nazi (expulsion des juifs des instances dirigeantes de l’Institut, puis de la pratique même de la psychanalyse), l’ont naufragée pour des décennies (en terre allemande). Faut-il aussi rappeler ici l’extermination des malades mentaux sous le Troisième Reich, avec le silence, voire la complicité de quasiment tous les grands noms de la psychiatrie germanique. (LEWKOWICZ Georges, « Roger Gentis, Freudaines, La psychiatrie, ça sert à quoi au juste ? Chroniques de La Quinzaine », Essaim, 2011/2 (n° 27), p. 163-165. DOI : 10.3917/ess.027.0163. URL : https://www.cairn.info/revue-essaim-2011-2-page-163.htm).

Sur MedFilm

Intervenant pour