Gilbert Cohen-Séat

De Medfilm


Né à Sétif en Algérie en 1907 de parents juifs (une mère d’origine algérienne et un père tunisien). Après des études à Bordeaux dans les années 1920 (licence de philosophie), Cohen-Séat est tour à tour journaliste, producteur de films (il fonde la société Orsay Films, puis Bertho Films avec le cinéaste André Berthomieu), fonctionnaire d’État (il préside le comité interministériel sur le cinéma dans le gouvernement de Léon Blum en 1936) et président du programme des maîtres artisans du cinéma en 1938.

Le théoricien

Cohen-Séat est responsable de plusieurs ouvrages traitant de la communication audiovisuelle, des rapports entre philosophie et cinéma : Essais sur les principes d'une philosophie du cinéma (1946), Problèmes du cinéma et de l'information visuelle (1961), L'action sur l'homme, cinéma et télévision (1961).

La filmologie

En 1947, Gilbert Cohen Séat lance la Revue internationale de filmologie qui ne dure qu'un an. Parallèlement, avec le professeur de linguistique à la Sorbonne Mario Roques, il lance l’association pour la recherche filmologique. Son but est de « définir, éclairer, démontrer les procédés de l’esprit critique et de la rigueur intellectuelle au regard des images filmiques et de la filmographie » Selon les termes de Lucien Sève, un de ses collaborateurs, la filmologie consiste en "l'étude à visée savante des faits filmiques et cinématographique". Sève a d'abord été l'élève de Cohen-Séat, alors professeur de philosophie au lycée de Chambéry en 1943. Il décrit ainsi leur rencontre : "nous nous retrouvons une bonne soixantaine dans la grande salle d’histoire et géographie pour voir arriver un personnage d’emblée tout autre qu’un professeur ordinaire – bien qu’il enseignât depuis quelques années la philosophie : trentenaire à la fois direct et imposant, œil vif et costume impeccable, disert mais paraissant d’emblée profond – rien de ce qu’il commençait à nous dire n’était scolaire, et par son propos même – qu’est-ce qu’une œuvre d’art, qu’est-ce qu’une perception esthétique… – sans cesse illustré de références culturelles. " ("La filmologie en retour arrière (1943-1947)", 1895, n° 66, 2012, p. 92-99).

En 1950, Gilbert Cohen-Séat fonde l'Institut de filmologie au sein de la Sorbonne. Selon Martin Lefebvre, il collabore avec des laboratoires de différentes disciplines : "le laboratoire de psychobiologie (École pratique des hautes études [ÉPHÉ], sous la direction d’Henri Wallon) ; le laboratoire de psychologie expérimentale et de physiologie des sensations (ÉPHÉ, sous la direction d’Henri Pieron) ; le laboratoire de psychologie de l’hôpital Henri-Rousselle (sous la direction de René Zazzo) ; le service de neuropsychiatrie infantile de l’Hôpital des enfants malades (sous la direction de Georges Heuyer). Un programme de conférences est aussi établi pour quatre domaines d’études : études psychologiques (psychologie physiologique et expérimentale, psychologie de l’enfant et psychologie de l’éducation, psychologie médicale, psychologie collective et psychologie sociale), sous la direction de Henri Wallon ; études techniques, sous la direction de Gilbert Cohen-Séat ; filmologie générale et philosophie (morphologie générale, esthétique générale des effets, anthropologie filmique, éthique et idéologie), sous la direction de Raymond Bayer ; études comparatives, sous la direction de Mario Roques." Parmi ses activités, l'Institut invite des penseurs — tels les philosophes Henri Lefebvre, Maurice Merleau-Ponty ou Jean Hyppolite — sur divers problèmes relatifs au cinéma, et ce, à partir de leur propre compétence disciplinaire : psychologie, physiologie, psychanalyse, sociologie, philosophie, esthétique, histoire de l’art, linguistique, etc.("L’aventure filmologique : documents et jalons d’une histoire institutionnelle" par Martin Lefebvre, Cinémas, Volume 19, numéro 2-3, printemps 2009, p. 59–100). L'Institut de filmologie ferme en 1963.

La production

Dans les années trente, Gilbert Cohen Séat a créé une petite entreprise de production cinématographique : la maîtrise artisanale des industries cinématographiques (MAIC). Il a été obligé de déménager régulièrement son siège pour échapper aux persécutions antisémites (notamment à Chambéry). La MAIC a eu pour associés des cinéastes comme Marc Allégret, Roger Vadim, André Berthomieu, l'actrice Françoise Rosay, épouse de Jacques Feyder. Après la Seconde Guerre Mondiale, Cohen-Séat poursuit ses activités de producteur pour : Victor de Claude Heymann en 1951 ; Belle mentalité (1952), Le portrait de son père (1953) et Les deux font la paire (1954) d’André Berthomieu ; Futures vedettes et L’amant de Lady Chatterley de Marc Allégret (1955).

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