André Bourguignon
André Bourguignon, né le 8 août 1920, mort le 9 avril 1996, est un psychiatre français, professeur agrégé de psychiatrie à l'université de Paris XII et au Centre hospitalier universitaire de Créteil. Au cours de sa carrière, sa démarche profondément humaniste l'a conduit de la médecine somatique classique à la psychiatrie d'inspiration psychanalytique, puis à une vaste synthèse anthropologique.
Biographie
De la physiologie musculaire à la psychiatrie
Médecin des hôpitaux de Paris en 1959, professeur agrégé de médecine légale et de médecine du travail en 1963, André Bourguignon s'est d'abord orienté vers des travaux de physiologie musculaire, puis vers des études de neurophysiologie du sommeil et du rêve, menées à l'INSERM. Il fut parmi les premiers à reconnaître l'importance de l'articulation psychosomatique en médecine alors que les principes généraux de la médecine et de la psychiatrie des années 1960 restaient très largement organicistes. Attaché à une conception globale de l'homme malade, il fit évoluer le service de médecine de long séjour qui lui avait été confié à l'hôpital Albert-Chenevier de Créteil, en l'orientant vers un travail de recherche clinique sur les facteurs psychologiques des troubles de la santé, ce qui l'amena à recevoir des patients atteints de troubles plus spécifiquement psychiatriques.
En 1969, son service est officiellement reconnu comme service de psychiatrie sectorisé, en charge du secteur 7 du Val-de-Marne, comprenant Créteil et Bonneuil, puis Maisons-Alfort et Boissy-Saint-Léger. Son service recevait de nombreux patients souffrant de psychoses aiguës ou chroniques, selon les méthodes de la psychothérapie institutionnelle. André Bourguignon joua un rôle de tout premier plan dans la révolution psychiatrique des années 1970 et la connaissance étendue qu'il avait de l'ensemble de la psychiatrie à l'échelle française, lui valut l'honneur de présider, de 1982 à 1987, la Commission nationale des maladies mentales au Ministère de la santé. André Bourguignon pratiqua l'interdisciplinarité naturellement, faisant concourir à la compréhension des maladies mentales des éclairages contrastés, et sollicitant les avis de spécialistes venus d'horizons divers. Sa préférence alla très longtemps aux apports de la psychanalyse. Membre de l'Association psychanalytique de France, il souhaitait de longue date voir aboutir le projet d'une édition des œuvres complètes de Freud. Dans un article intitulé Traduire Freud ?, il a retracé l'histoire des premières traductions françaises, mettant en évidence l'hétérogénéité des textes jusqu'alors disponibles. C'est sous la direction d'André Bourguignon, Pierre Cotet et Jean Laplanche que la traduction en français des œuvres complètes de Freud paraît aux Presses universitaires de France à partir de 1984. Elle fait le pari d'une cohérence terminologique rigoureuse, avec recherche de l'équivalence français-allemand la plus serrée pour tous les termes chargés d'une valeur métapsychologique importante.
Cependant, à partir de 1981, il prend peu à peu certaines distances avec la psychanalyse. Il fait traduire en français le livre de Frank Sulloway, Freud, biologiste de l'esprit et publie son article Fondements neurobiologiques pour une théorie de la psychopathologie où, dans le souci de dépasser le dualisme esprit-cerveau, il établissait le développement du psychisme sur la base de la stabilisation sélective des synapses et des processus d'auto-organisation. A la complexité du système nerveux central vient s'articuler celle de l'organisation psychique, de même qu'à l'appareil cérébral d'Auguste Comte peut venir correspondre l'appareil psychique de Sigmund Freud.
Dans les dernières années, approfondissant encore le champ de sa réflexion, il rédige les deux premiers tomes de son Histoire naturelle de l'Homme, qui devait en comporter trois. L'Homme imprévu est une large synthèse des connaissances sur l'univers, le vivant, et l'hominisation. Dans L'Homme fou, partant de la phylogenèse et de l'ontogenèse du psychisme humain, il décrit les conditions psychiques de la folie humaine et propose un modèle permettant de penser les troubles psychopathologiques et donc de les traiter pour ce qu'ils sont.
Le troisième et dernier volume de son Histoire naturelle de l'Homme était son projet le plus ancien, pour lequel il avait trouvé un titre dès 1977 : L'innocent massacre, essai sur l'élevage des enfants et ses suites. Le titre de ce troisième volume aurait probablement respecté l'homogénéité de l'ensemble : L'Homme inachevé. Il en avait dressé le plan général, les plans par chapitre, et rédigé une première version de l'introduction, publiée à titre posthume, où il développe une hypothèse directrice féconde qui est son dernier message. (notice https://www.techno-science.net)
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