Mousse aux bananes (1958)
Mousse aux bananes
| |
---|---|
Title | Mousse aux bananes |
Series | Le goûter |
Year of production | 1958 |
Country of production | France |
Director(s) | Arnaud Desjardins |
Duration | 12 minutes |
Format | Parlant - Noir et blanc - 8 mm |
Original language(s) | French |
Production companies | RTF |
Archive holder(s) | INA |
Main credits
Content
Theme
Main genre
Synopsis
Context
Structuring elements of the film
- Reporting footage : No.
- Set footage : Yes.
- Archival footage : No.
- Animated sequences : No.
- Intertitles : No.
- Host : Yes.
- Voice-over : No.
- Interview : No.
- Music and sound effects : No.
- Images featured in other films : No.
How does the film direct the viewer’s attention?
How are health and medicine portrayed?
Broadcasting and reception
Where is the film screened?
Presentations and events associated with the film
Audience
Local, national, or international audience
National
Description
L’émission s’ouvre sur un plan américain donnant à voir les enfants qui s’affairent déjà en cuisine, silencieux et concentrés. Ils portent toques et tabliers à la manière des cuisiniers professionnels. Yves écrase des bananes à l’aide d’un moulin à légumes, tandis qu’Hélène verse des morceaux de sucre dans une casserole qu’elle porte ensuite sur le feu. Le gros plan sur le moulin à légumes (00:34) révèle l’importance de l’ustensile dans la recette. Catherine Langeais arrive ensuite en cuisine, et les interroge sur la recette et ses ingrédients. Mais le plan est subitement coupé en plein milieu d’une phrase de la présentatrice (00:45). Le plan suivant la montre en train d’annoncer l’âge des enfants. Elle se met à poser de nombreuses questions afin de comprendre les étapes qui ont déjà été réalisées et les ingrédients utilisés jusque-là. Tout comme dans l’émission pour adultes Art et Magie de la Cuisine, Catherine Langeais fait ici office de médiatrice entre les enfants en plateau et les téléspectateurs, en s’assurant de l’intelligibilité de la recette[5]. Elle demande à plusieurs reprises à Yves et à Hélène de répéter leurs étapes. Pourtant, en bonne présentatrice TV, elle contribue également à rendre l’émission plus attractive en s’intéressant aux enfants. Elle n’hésite pas à prendre dans ses mains le petit garçon, attendrie par sa tenue de cuisinier professionnel. Un brin soupçonneuse, elle s’interroge alors sur le port des tabliers et toques à la maison.
*01:40 – 02:03 Des opérations délicates en cuisine
Catherine Langeais demande à plusieurs reprises aux enfants d’expliquer ce qu’ils font, sur ton insistant. Hélène se charge alors d’expliquer très intelligemment la prochaine étape : séparer le blanc d’œuf du jaune. Il s’agit d’une opération délicate qui nécessite une certaine dextérité et de la concentration pour la petite fille, qui est encouragée par la présentatrice. La longueur du gros plan, près de 20 secondes (01 :43- 02 :06), utilisé pour montrer cette étape témoigne de l’importance du geste technique. Ensuite, Yves ajoute du rhum à l’écrasé de bananes. La présentatrice s’étonne de la quantité annoncée, une cuillère à café, et insiste lourdement auprès de la grande sœur pour savoir s’il ne faut pas mettre plus d’alcool dans la préparation : « une cuillerée à café, hein, pas une cuillerée…pas une grande, c’est une grande qu’il faut mettre ? Une toute petite, eh ben il a raison, il a raison. On laisse un petit peu déborder simplement, ça revient au même. Non, on laisse pas déborder. Alors tu mets juste ça dans six bananes que tu as passé à la moulinette. ». Cette remarque est très étonnante pour l’époque car elle n’est pas du tout en accord avec les messages de santé publique qui circulaient dans les années 1950. En effet, l’émission est produite trois ans après la campagne anti-alcoolique de Pierre Mendès-France qui s’adressait spécifiquement aux enfants. Il d’autant plus étonnant de ne pas retrouver un discours de lutte anti-alcoolique à la télévision, média qui était justement conçu en France comme un outil de progrès moral et se donnait pour mission d’« instruire » la population française.
*02:34 – 06:36 Une présentatrice omniprésente…
Les deux enfants s’attèlent ensuite à battre respectivement le blanc en neige et la crème fraîche. Catherine Langeais, qui est restée en plateau, les seconde dans leurs tâches. Hélène, qui a fini plus tôt que son frère, tente d’expliquer l’étape suivante mais elle est obligée de parler très fort pour couvrir les bruits parasites qu’Yves produit avec son batteur à manivelle. Cet ustensile dont l’utilisation est attestée depuis la fin du XIXe siècle fait partie de la cuisine de la ménagère mais non de la panoplie d’un chef. Il existe en effet une stricte distinction entre cuisine professionnelle et cuisine domestique qui amène les cuisiniers à dédaigner toutes les ustensiles provenant des arts ménagers. Comme le souligne Raymond Oliver dans un autre épisode, réticent à l’idée d’utiliser un batteur mécanique, ce sont les enfants qui apportent cet ustensile sur le plateau TV. La petite fille est assistée par la présentatrice dans toutes les étapes, qui lui tend les ustensiles et les ingrédients dont elle a besoin : deux bananes, une petite sous-coupe, un couteau. Catherine Langeais donne l’impression de faire les cent pas sur le plateau, essayant d’aider l’un ou l’autre des enfants ou faisant du ménage sur le plan de travail. Après Hélène, elle décide d’aider Yves sous prétexte qu’il ne tourne pas assez vite son blanc d’œuf car il est « gaucher ». La présentatrice finit par sortir du plateau et demande à Hélène de répéter les différentes étapes de la recette. Elle laisse ainsi, physiquement et télé-visuellement, la place aux enfants, qui sont censés être les acteurs de l’émission. Mais elle ne reste pas longtemps dans le hors-champ puisqu’elle réapparaît rapidement pour aller augmenter le gaz qu’elle juge trop faible. A la demande de Catherine Langeais, qui sent que l’émission commence à se tirer en longueur et manque de rebond, Raymond Oliver entre en cuisine.
*06:37 – 08:12 Les conditions techniques du tournage : problème de son
Un peu inquiète du manque d’entrain des enfants, la présentatrice demande l’avis d’expert du chef sur la recette en train de se préparer. Ce dernier la rassure. Catherine Langeais choisit alors de faire allusion aux conditions techniques de tournage, de dévoiler l’« envers du décor » télévisuel, pour rendre l’émission plus attractive. Elle explique, en effet, que, sur demande des ingénieurs du son, les enfants ont pris des bols en plastique pour battre les œufs afin de faire moins de bruit. En tant que garante des bonnes conditions de tournage, son rôle est en effet d’assurer l’intelligibilité des propos. Elle fait ensuite référence à l’émission pour adultes Art et Magie de la Cuisine en attaquant directement Raymond Oliver de son manque de considérations des problèmes technique : « Vous pourriez pas avoir les mêmes, vous ? Vous qui arrivez avec un gros…une grosse bassine en cuivre pour battre vos blancs. Vous faites un chambard ! C’est même pas du bruit, c’est du chambard ». Cet aparté entre la présentatrice et le chef est interrompu par l’intervention du petit Yves qui tente d’expliquer l’étape suivante. Les adultes reprennent leur rôle auprès des enfants en leur apportant leur aide. Raymond Oliver seconde la petite cuisinière en lui tendant une assiette et une cuillère dont elle a besoin.
*08:13 – 11:35 Entre conversation décontractée des adultes et préparatifs maîtrisés des enfants
Supplementary notes
References and external documents
Gaillard, Isabelle, La télévision : histoire d’un objet de consommation, 1945-1985, Paris, 2012.
Roger, Olivier, Les mises en scène de la cuisine dans les émissions de recettes à la télévision française, Mémoire de Master 2 Histoire, Université Paris I, 2014.
Contributors
- Record written by : Amélie Kratz
![]() |
Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet BodyCapital, financé par l'European Research Council (ERC) et le programme de l'Union européenne pour la recherche et l'innovation Horizon 2020 (grant agreement No 694817). |
- ↑ Le concept d’« émission de recettes » est forgé par Olivier Roger dans Les mises en scène de la cuisine dans les émissions de recettes à la télévision française, Mémoire de Master 2 Histoire sous la direction de Pascal Ory, 2014.
- ↑ Gaillard, Isabelle, La télévision : histoire d’un objet de consommation, 1945-1985, Paris, 2012, p.117-119.
- ↑ Cité dans Cohen, Évelyne, et Lévy, Marie-Françoise (éd.), La télévision des Trente Glorieuses : Culture et politique. Paris, 2007.
- ↑ Selon le magazine Télérama (n°407 à 465), l’heure de diffusion variait entre 15h30 et 17h30.
- ↑ Roger, Olivier, Les mises en scène de la cuisine dans les émissions de recettes à la télévision française, Mémoire de Master 2 Histoire sous la direction de Pascal Ory, 2014, p.55 « rôle de médiatrice dans la mesure où elle est chargée de la bonne transmission du message télévisuel auprès des téléspectateurs : elle s’assure que les gestes de Raymond Oliver sont bien visibles des caméras, lui fait donner les précisions qu’elle juge utiles à la bonne compréhension de la recette, et lui fait répéter certains éléments pour que le public puisse s’approprier son discours ».
- ↑ Roger, Olivier, Les mises en scène de la cuisine dans les émissions de recettes à la télévision française, Mémoire de Master 2 Histoire sous la direction de Pascal Ory, 2014, p.67.