Les Français et la contraception: les craintes (1977)

De Medfilm



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Titre :
Les Français et la contraception: les craintes
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Intervenants :
Durée :
47 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Contenus

Sujet

Le film traite des craintes et des résistances autour de la contraception à la fin des années 1970.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Le reportage présente en premier lieu des témoignages de femmes exposant leurs craintes, mais également leurs mésaventures avec la pilule, pour donner par la suite la parole à des spécialistes du sujet : des conseillères en contraception, deux endocrinologues, dont Albert Netter (le fondateur de la banque du sperme), la sociologue Evelyne Sullerot, l'ancienne Secrétaire d'Etat à la condition féminine Françoise Giroud, et Jacques Pohier : ce prêtre dominicain vient alors d'être interdit d'enseignement et de célébration de messe par l'Eglise catholique du fait de ses positions pro contraception.

Contexte

La diffusion de l'émission "Les Français et la contraception" en 1977 se tient dans un contexte où ce sujet est devenu depuis quelques années au centre de l'attention. Ainsi, en 1961 est ouvert le 1er Planning familial à Grenoble qui œuvre pour la contraception en montrant aux femmes et couple différents moyens pour la régulation des naissances et leur bien-être personnel. Les prémisses d'une révolution sociale se dessinent surtout à partir de 1967 avec la loi Neuwirth autorisant l'usage de contraceptifs, mais ce n'est qu'en 1974 que les mineurs pourront obtenir des pilules sans autorisation parentale et qu'elles seront remboursées par la sécurité sociale. La même année est adoptée la loi Veil qui dépénalise l'avortement suite à un débat houleux de trois jours du 26 au 29 novembre 1974. La gynécologue et militante du Planning familial Danielle Gaudry considère que "les années 70 ont amené les éléments législatifs qui étaient les reflets d'une évolution sociale. La société et les mouvements féministes poussaient énormément les politiques et on peut dire que ça a été une réelle prise de conscience de la société"
Par ailleurs, l'utilisation de la pilule de 1966 à 1976 est passée de 60.000 à 2.600.000, et celle des stérilets de 20.000 à 800.000.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Oui.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Mis à part des séquences de reportage présentant des séances d'éducation à la sexualité à l'étranger (principalement aux Philippines et en Suède) ainsi que des extraits de titres de presse, le film fonctionne principalement sur le mode du témoignage et de l'interview. Dans sa globalité, il le dispositif fonctionne en question-réponse. Une première partie est consacrée aux témoignages de femmes qui exposent leurs craintes et leurs mésaventures face à la contraception. Viennent ensuite les réponses de spécialistes qui cherchent à déconstruire ces peurs jugées illégitimes. Enfin, une troisième partie cherche à exhiber les causes de ces résistances. Sont pointées d'une part la religion catholique, mais également des explications psychanalytiques sur une responsabilité de la part des femmes; celles-ci ayant une supposée "volonté inconsciente" de maternité. De manière générale, la femme est présentée dans une relation de subordination vis-à-vis de l'homme et du pouvoir médical. Lorsqu'un couple est interrogé à propos d'une grossesse non-désirée suite à une interruption temporaire de contraception, la parole est quasi-exclusivement laissée à l'homme. La responsabilité du médecin qui n'avait pas conseillé de comportements préventifs est à peine questionnée. Dans la même veine, le film passe à deux reprises des extraits du clip de Pas besoin d'éducation sexuelle interprété par Julie Bataille en 1975, en transition entre deux séquences sur des mésaventures contraceptives. L'objectif est alors de tourner en ridicule les résistances à la contraception et de présenter comme irresponsables les femmes qui n'y recourent pas. L'émission est alors symptomatique d'un mouvement de transfert de la responsabilité contraceptive de l'homme vers la femme au courant des années 1970 souligné notamment par Cécile Thomé (2024)

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Dans une dynamique similaire, l’institution médicale est présentée dans une relation de domination vis-à-vis des patientes. La parole savante est réservée à des hommes professeurs de médecine, dont l'argumentaire délégitime les inquiétudes des femmes vis-à-vis de la contraception. Ces craintes sont présentées comme résultant d'un déficit d'informations et de connaissance vis-à-vis du dispositif. Dans cette mesure, les incertitudes des femmes se voient opposer des arguments biomédicaux. Si les médecins admettent que des incertitudes existent, ils ne s'en inquiètent pas, estimant que la pilule n'est qu'un moyen de contraception transitoire qui devrait être abandonné d'ici dix ans avec les progrès de la médecine.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

L'émission est diffusée sur Antenne 2, le dimanche 15 mai 1977.

Communications et événements associés au film

Public

Grand public, plutôt féminin.

Audience

Descriptif libre

Générique au synthétiseur. Il s’agit du deuxième épisode d’une série consacrée à la contraception et diffusée au mois de mai 1977 sur Antenne 2. Ce volet, diffusé le dimanche 15 mai, aborde les craintes vis-à-vis des dispositifs existants. Premiers plans : plans rapprochés successifs sur les yeux d’une femme, puis contrechamp similaire sur un homme, accompagnés par la chanson « you’re a lady » de Peter Skellern. Les deux amants sourient, s’embrassent, puis s’éloignent dans la rue. Carton : « Avez-vous pensé… » . Plan sur un comprimé : « à prendre votre pilule ? » Reprise du reportage. A l’écran, plusieurs panneaux publicitaires pour des services de planning familial internationaux. Une voix off explique que de telles publicités sont toutefois impossibles en France. Alors que dans le pays, une femme sur quatre est contraceptée, qu’en est-il en France ? Interview d’un médecin présenté comme « pionnier de la contraception ». Selon lui, vingt ans après les premières techniques de contraception moderne, son rôle est de former les soignants ainsi que le public encore mal informés, même si le cadre légal a évolué favorablement. D’après le médecin, la contraception est encore peu prescrite par certains médecins, peu accessible dans certaines régions. Les médecins et « 75% des femmes » sont encore mal informés à propos des possibilités. Le journaliste : « C’est parce qu’ils ne savent pas ou parce qu’ils ne veulent pas ? » Pour le médecin, il existe un problème de résistances à la contraception. Il explique qu’une étude menée auprès de femmes consultant pour une interruption volontaire de grossesse en 1976 a montré que qu’un tiers d’entre elles n’avait jamais été informé à propos de la contraception. Un second tiers aurait interrompu son traitement, et les femmes restantes auraient été si mal informées qu’elles auraient refusé de se contracepter par crainte d’effets indésirables. Deuxième séquence : nous nous retrouvons au domicile d’un jeune couple en région parisienne. L’homme raconte une crise de douleurs rencontrée par sa conjointe en pleine nuit. Après être allé chercher le médecin, il retourne à son domicile accompagné de ce dernier. Les deux hommes entendent des pleurs d’enfant. La femme a fait un déni de grossesse et a finalement accouché, alors que son médecin traitant lui avait diagnostiqué un fibrome et qu’elle déclare prendre la pilule au quotidien. L’homme affirme également veiller à ce qu’elle ne l’oublie pas : il explique lui rappeler au quotidien, et poser la boîte sur son oreiller tous les soirs. « C’est un peu la surprise totale ». L’hypothèse avancée par le couple est celle d’un changement de pilule nécessitant deux arrêts du traitement, sans que le médecin n’ait indiqué de précautions particulières à prendre. Le couple donne des nouvelles de l’enfant prématuré, encore en clinique, mais qui se porte bien. S’ils auraient aimé attendre quelques années avant d’avoir un enfant, ils se montrent toutefois satisfaits de la parenté. Transition : Clip vidéo de la chanson Pas besoin d’éducation sexuelle de Julie Bataille. (08 :00)


Suit le témoignage d’une lycéenne. Celle-ci se plaint de la stigmatisation qu’elle subit de la part de médecins et de gynécologues qui s’étonnent de la voir prendre la pilule aussi jeune. Elle raconte son expérience avec la contraception. La première fois qu’on lui a prescrit la pilule – après un examen très restreint – on ne lui a pas donné d’explication. Quelques mois plus tard, le même médecin lui demandait d’arrêter, sans lui conseiller d’autre méthode de contraception. En réponse à la journaliste, elle explique que les cours d’éducation sexuelle dispensés au collège sont extrêmement restreints et centrés sur les aspects anatomiques de la femme. Au lycée, aucun cours de ce type n’a été dispensé. Les informations passent finalement dans les cercles d’élèves, qui s’échangent parfois même des pilules non prescrites. Le risque est alors de « mal la prendre ». Transition : suite de Pas besoin d’éducation sexuelle Témoignage de plusieurs conseillères conjugales, formées par le ministère de la santé. Celles-ci ont pour missions l’information sur la contraception sur le terrain. Elles apportent gratuitement leur aide « aux couples qui le désirent ». Elles témoignent d’une ignorance récurrente de la part des femmes qu’elles reçoivent en consultation concernant les moyens de contraception, mais également de leur cycle menstruel. Une conseillère s’inquiète également des craintes jugées injustifiées de la part de certaines usagères. Elle raconte l’épisode d’une femme refusant de recourir au stérilet de crainte de devenir stérile à terme. Ses collègues racontent tour à tour les « idées fausses » auxquelles elles ont été confrontées : « on ne peut avoir de rapports fécondants que dans un lit », « une ou deux [relations] par mois ne suffisent pas à féconder », « il ne faut prendre la pilule que lorsqu’on a un rapport », etc... Transition : Même générique qu’au début de l’émission : Clip de « You’re a lady » La séquence suivante est dédiée à la contraception à l’étranger. Le film montre brièvement des séances d’éducation sexuelles tenues à l’étranger. On s’attarde sur l’exemple des Philippines, où la contraception est expliquée à l’aide d’exemples issus de « la nature et d’objets du quotidien ». L’exemple des philippines est comparé avec la France. Plan sur un article de journal « OUI ou NON, la pilule est-elle dangereuse ? Les femmes ont le droit de savoir. » D’après la voix off, ces titres inquiétants suggèrent que l’information a pour le moment été plus un frein qu’un moteur. Si 93% des français sont favorables à la contraception, le film se questionne sur la persistance éventuelle de préjugés à propos des différentes méthodes de contraception.

Micro-trottoir : Le journaliste demande à des femmes si elles prennent ou non la pilule et quelles sont leurs méthodes de contraception. Une première femme explique avoir arrêté la pilule après avoir entendu parler d’effets indésirables concernant la circulation sanguine. Elle explique également que la pilule la faisait grossir. De même, les autres contraceptions lui semblent trop contraignantes, et impliquent une préparation « bourgeoise ». Une seconde femme refuse de recourir au stérilet par crainte, notamment des infections potentiellement provoquées par ce dernier. De même, elle explique avoir peur de la pilule, du fait de rumeurs concernant des effets secondaires supposés tels que « le cancer par exemple ». Une troisième femme, insistant sur son attachement au « naturel », explique être réfractaire aux « apports chimiques » des contraceptifs. Le recours quotidien à un médicament pendant plusieurs années suscite chez elle des craintes concernant les complications que cela peut engendrer : sur a fécondité, sur l’équilibre hormonal notamment. La journaliste objecte : « Vous savez que vos ovaires produisent de la folliculine, de la testostérone, tout comme la pilule? Cela vous met dans un état hormonal proche d’un début de grossesse. » La femme rebondit en expliquant ne pas vouloir vivre systématiquement dans une situation proche d’un début de grossesse. Retour de la voix off et des coupures de journaux : « effectivement, le fait d’être pour la contraception n’empêche pas d’avoir peur », notamment des effets indésirables, mais également des conséquences sur les générations futures. Pour répondre à ces peurs, le magazine se propose d’interroger deux « spécialistes du sujet qui font autorité ». Le premier, le Professeur De Gennes, revient sur les accusations portées à la pilule selon lesquelles le dispositif ferait grossir. Pour lui, il s’agit principalement d’un effet présent dans les premières semaines du traitement, qui demande des conseils sur ce laps de temps. Les tendances à grossir par la suite existent, mais sont d’après lui une minorité de cas. Dans ce cas précis, il s’agirait de prendre une pilule moins fortement dosée pour éviter les complications. Une deuxième question concerne le risque de diabète. Pour le Professeur Jean-Luc de Gennes, le risque est globalement maîtrisé car il ne concerne que 2 % des personnes. Ces cas sont supposés faciles à repérer via les antécédents familiaux. La troisième question est liée aux risques éventuels de hausse du dosage des lipides sanguins. Le professeur concède que la pilule provoque une hausse continue des triglycérides dans le sang dans les cinq premiers cycles de traitement. Toutefois, le médecin estime que ces hausses ne sont finalement que très minimes dans la plupart des cas. Concernant la circulation sanguine, la voix off explique davantage les interrogations : sur fond de dessins anatomiques, la voix off explique que l’infarctus est alors la première cause de mortalité. Il est alors légitime de se questionner sur les effets de la pilule à long terme. Pour le professeur de Gennes, il y a cinq facteurs de risques majeurs à l’infarctus. La pilule est certes susceptible d’augmenter certains facteurs de risques, mais ceux-ci doivent d’après lui être appréhendés de manière hiérarchique, et en fonction de l’âge de la patiente. Le journaliste demande alors s’il n’est pas alors préférable de parier sur la pilule mini dosée. Le médecin acquiesce. Il porte beaucoup d’espoir dans cette nouvelle pilule, suscitant d’après lui beaucoup moins d’effets indésirables (il ne questionne toutefois pas l’efficacité de cette méthode). Finalement, pour Le Pr. de Gennes, la prescription de la pilule est même une formidable occasion de dépister des troubles métaboliques rares dans la population. Deuxième interview, cette fois-ci du Professeur Albert Netter. La première question concerne les risques de cancer. Au sujet de la pilule, deux types de cancer ont été suspectés : au niveau du sein, ainsi qu’au niveau de l’utérus. Concernant le cancer du sein, le professeur Netter estime que les statistiques récentes ont plutôt tendance à souligner une protection contre le cancer du sein qu’un facteur de risque pour celui-ci. Pour l’endomètre, les accusations sont plus récentes et n’ont pas encore pu être éprouvées, et ne concernent que les pilules séquentielles, très rares en France. Toutefois, le médecin assume avoir suivi des femmes suivant ce traitement. Il admet que dans ces cas, la haute teneur en œstrogènes de la pilule provoque l’apparition de polypes et de tumeurs bégnines qui, à la longue, peuvent prendre une allure inquiétante. Toutefois, ces dernières se différentient d’un cancer car elles disparaissent facilement par curetage et après un traitement à la progestérone. Qui plus est, le médecin estime le nombre de femmes touchées par ce problème à une vingtaine de cas « sur des millions de femmes qui prennent la pilule ». La question suivante posée au professeur Netter concerne les risques de stérilité. Pour ce dernier, l’arrêt de la pilule peut en effet provoquer des aménorrhées. Ce sont toutefois des stérilités temporaires, et facilement jugulées. L’un des journalistes revient plus précisément sur le cas des jeunes femmes dont le cycle n’est pas encore stabilisé. Le professeur sourit, et revient sur une étude publiée quelques années plutôt dans le Lancet au sujet des plus grandes erreurs en médecine : « On peut dire que la cause des principales erreurs en médecine ça a été de raisonner. (…) Je crois qu’il faut observer les faits et voir ce qu’il se passe ». D’après le second journaliste, il s’agit d’un raisonnement erroné similaire à ceux s’inquiétant des potentielles malformations conséquentes à la contraception, fondées sur l’idée d’un vieillissement des ovules. S’il n’estime pas que la médecine ait « joué aux apprentis sorciers », Albert Netter souligne que la pilule n’existe encore que depuis vingt ans, et sous des formes très différentes et par conséquent peu comparables sur le plan scientifique. Il estime probable que la pilule disparaisse rapidement (sous dix ans) pour un autre dispositif. Dans cette perspective, il serait alors impossible de savoir précisément quels en seraient les effets.

Transition : « You’re a lady » Focus sur la Suède. Plan sur une affiche, puis sur un groupe de jeunes. La voix off explique que si le pays est en avance sur les autres sur le plan de la libération sexuelle, les réticences à a contraception existent encore : il est toujours nécessaire d’informer. Le film montre des extraits de reportage dans des cours d’éducation sexuelle dans une classe. L’enseignante fait passer des préservatifs. Les étudiants en font des ballons. Pour la voix off, malgré l’attitude « parfois trop moderniste » des suédois, les réticences qui persistent sont liées à des mécanismes inconscients pour lesquels une information de longue durée est encore nécessaire. Interview de Françoise Giroud, ancienne Secrétaire d’État à la condition féminine. Pour cette dernière, il sera très difficile d’éradiquer toutes ces réticences. D’après elle, la contraception revient pour la femme à assumer sa vie sexuelle ainsi que « la responsabilité de [ses] actes ». La sociologue Evelyne Sullerot, interviewée ensuite, fait part de son étonnement concernant l’attitude face à la contraception. Elle pensait en premier lieu que la mise à disposition de la pilule allait provoquer une dissociation entre le plaisir et les questions de maternité. Or, elle estime avoir rapidement réalisé qu’il s’agissait finalement d’une responsabilité devant laquelle les femmes reculaient souvent en se cachant derrière les effets secondaires potentiels. Ainsi, elle explique que lors des débats sur l’avortement, elle a assisté au retour d’arguments de la part de « femmes qui se croyaient très en avance » qu’elle juge comme étant des « arguments de non-pouvoir » en revendiquant également une responsabilité masculine dans la prévention. Bande dessinée de Claire Bretécher. Une femme explique à une amie hésiter à avoir ou non un enfant. Elle arrête la pilule, mais se dispute avec son compagnon et recommence. Après avoir repris, elle souhaite à nouveau avoir un enfant et arrête encore son traitement, puis le reprend en imaginant les contraintes de la maternité, etc. Images imprimées représentant des responsables religieux. Le reportage se montre ouvertement critique de l’institution catholique jugé responsable de beaucoup de réticences. Si le pape Pie XII s’était montré favorable à la contraception par la température, l’Eglise a fortement critiqué le planning familial dès 1966. De même, l’encyclique de Paul VI Humanae Vitae publié en 1968 confirme l’opposition des catholiques à ces méthodes, puisque le document n’admet à la sexualité qu’une valeur procréative. Pour Evelyne Sullerot, ces résistances sont bien plus fortes chez les catholiques que chez les protestants. La sociologue donne l’exemple de l’Amérique du Sud où des femmes croyantes préfèreraient selon elle se faire avorter et se confesser une fois plutôt que prendre la pilule et se confesser à chaque rapport. Interview d’un prêtre dominicain, la père Pohier, favorable à l’avortement et récemment condamné par l’église. Il se demande si ces réticences sont réellement liées à l’interdit religieux, ou si le discours de l’institution s’inscrit dans une dynamique plus globale qu’elle contribuerait à alimenter. En effet, il donne l’exemple de femmes distantes de la religion et pourtant réticentes à la contraception. Retour sur Françoise Giroud. La secrétaire d’état estime qu’il existe chez toute femme une peur inconsciente de la stérilité. Ainsi, dans l’oubli ou le refus de contraception, il y aurait un désir inconscient de vérifier sa fertilité. Transition : plan sur une affiche représentant un homme enceint. Interview du professeur Willy Pasini, sexologue et psychologue italien. Pour lui, on oublie souvent le rôle de l’homme, qui « confond souvent puissance sexuelle et puissance reproductive ». La contraception est selon lui également révélatrice de problèmes de jalousie et de possessivité de la part du conjoint. Pour le sexologue, les médecins participent également au problème : la contraception confronte ces derniers au « problème du plaisir », ce qui est relativement nouveau dans la mesure où le rôle de la médecine est initialement d’éliminer la souffrance. Dans la même veine, le père Pohier questionne : est-ce une catastrophe si les gens font l’amour pour le plaisir ? C’est une question que doit se poser l’Eglise. Pour le prêtre, la Genèse présente Dieu comme partisan de la sexualité. Le péché originel, souvent interprété comme un pêché sexuel, n’est d’après lui qu’un péché d’orgueil. Ainsi, il prône pour une tolérance, voire une promotion par l’Eglise vis-à-vis de la contraception et du plaisir. Génerique de fin.

Notes complémentaires

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Thomas Berthol, Nathan Kraemer