Le travail à la chaîne (1964)
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Sommaire
Générique principal
Ecrit par Jacques Besset et Robert Andrieux
Contenus
Sujet
Eloge de développement de la machine outil dans l'industrie, appelée à soulager voire remplacer l'effort humain, à optimiser le rendement par l'automatisation, à améliorer ses performances grâce à la programmation électronique.
Genre dominant
Résumé
Après avoir posé que la civilisation se caractérise par l'invention mécanique, le film évoque les différents types de machines outils qui permettent à la France de rester à la pointe de l'industrialisation contemporaine. L'automatisation, nouveau stade de la mécanisation, appelle cependant la machine à se substituer à l'homme, voire à modeler l'espace social selon sa logique programmée pour le constituer en environnement strictement technique : « C'est le monde de la machine. Notre monde »
Contexte
Développement du procédé de la chaîne dans la production industrielle, au moment où celle-ci est appelée à s'intensifier dans un contexte de reconstruction nationale et de relance économique mondiale. En contrepartie, développement du militantisme socialiste qui s'empare des nouveaux moyens de communication pour interpeller l'opinion, notamment le cinéma (cinéma ouvrier, premières expériences de réalisations collectives avec les ouvriers)
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Oui.
- Images d'archives : Oui.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Oui.
- Animateur : Oui.
- Voix off : Oui.
- Interview : Oui.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
A travers la présentation des derniers modèles de machines outils, le film fait un éloge de la mécanisation globale de l'économie, développant dans le même temps un discours patriote en montrant comment la France a su prendre part à cette évolution inexorable des méthodes de production et de l'environnement qu'elles déterminent. En se présentant comme un exposé objectif sur le développement de la machine outil, le film amène le spectateur à se convaincre que la mécanisation globale et automatisée signifie une évolution inévitable à laquelle la France a déjà pris part.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Les sujets médico-sanitaires liés à la mécanisation ne sont pas évoqués, ce qui laisse à penser qu'ils sont évités
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
télévision scolaire
Communications et événements associés au film
Public
élèves du secondaire
Audience
Descriptif libre
Introduction : un cours en direct sur un plateau de télévision« Avec cette émission, nous allons vous entraîner dans un monde que vous ne connaissez pas et que vous connaîtrez peut-être plus tard. » Un homme appuyé à un pupitre installé au milieu d'un plateau télévisé, les murs tendus de grandes photographies nocturnes montrant des immeubles de grands ensembles aux fenêtres éclairées. L'homme fait véritablement cours devant la caméra. Sa parole est enregistrée telle quelle, sans modifications au montage pour rattraper ses erreurs ou ses hésitations, même quand elle est en voix off sur des séquences de reportage ou d'archives. Le film donne ainsi une impression débridée, de fabrication à la va-vite. A noter toutefois l'enthousiasme et l'implication de l'animateur dans ses explications, lesquelles contrastent avec la morne attitude des animateurs dans la plupart des films pédagogiques de la même période.
La pénibilité de la chaîne : une question effleurée
La nouvelle logique industrielle qu'il va tenter de décrire lui apparaît comme de l'ordre des choses, une évidence incontournable qui ne souffre pas de critique fondamentale, sinon une remarque navrée sur ses aspects les plus aliénants. « Trois grands principes déterminent l'activité moderne. C'est un essai continuel de réduire le temps mis à produire et la matière utilisée. L'effort va également dans le sens de la réduction de la peine à fournir un travail, je dis bien de la peine physique; Il est évident que certaines machines ne sont pas très agréables à manoeuvrer, mais c'est quand même plus facile que si on avait à porter de lourdes charges. Donc réduction temps, matière, et chaîne. »Illustration par une métaphore : à l'image, nous voyons une famille à la vaisselle. Le père lave, la mère essuie, l'enfant range. Cette séquence est un stock shot que l'on retrouve dans « Les travailleurs », autre film CNDP écrit par Pierre Naville. A la suite, d'autres exemples concrets, les bouteilles défilent sur un tapis roulant comme les enveloppes dans un poste de tri. Commentaire : « il ne peut y avoir de travail à la chaîne que lorsqu'un objet subit une modification d'un poste à l'autre. » Plan d'un chronométeur installé dans une usine de fabrication de chaussures. « Ici, le rythme est relativement rapide. 90 pièces à l'heure, 40 secondes par poste de travail. Bien sûr, lorsqu'on recommence la même opération toutes les quarante secondes, on finit par le faire de mieux en mieux. » L'animateur convient que « c'est peut-être un petit peu monotone », mais il ajoute que « l'habitude permet de régler les gestes de telle façon qu'on arrive à augmenter la cadence ».
Eloge de la chaîne et de la consommation de masses
La priorité du film est de montrer l'ingéniosité du taylorisme, de l'efficacité avérée de la répétitivité des gestes et de la logique de la machine appliquée à la motricité du travailleur. De même, lorsque l'animateur évoque la possibilité d'un accident c'est pour déplorer la gêne qu'il cause par le ralentissement qu'il impose à la chaîne. Des ouvrières de part et d'autre d'un tapis roulant qui achemine les pièces mécaniques d'un réveil. « Regardez la vitesse de déplacement des mains! » admire l'animateur. La séquence est rythmée par des sonneries de réveil qui strient une mélodie fibreuse de piano. Comme s'il était lui-même pris au piège du flux et de la cadence de la chaîne, l'animateur s'emmêle en cherchant à décrire les différentes étapes. Ces moments de confusion montrent bien que le montage du film est minimal et que l'animateur doit commenter les séquences d'archives tels qu'il les découvre avec nous. Il attire notre attention sur l'accessibilité élargie des biens industrialisés du fait de leur massification et de la réduction des prix qu'entraîne la réduction du coût de production. Il disqualifie les pratiques de « l'ancien temps » en soulignant qu'elles sont devenues « amateures » en comparaison de l'automatisation. « Mais, ajoute t-il sur des plans de machines transfert, où le travail à la chaîne va se trouver lui-même dépassé, c'est que l'homme peut être remplacé par une machine. » Cette allusion à l'automation et la cybernétisation comme étape supplémentaire du processus industriel prépare le volet suivant de l'émission « L'automation ».
La pénibilité, encore
Retour au plateau où l'animateur tente de conclure. « Le travail à la chaîne consiste en une suite d'opérations. Il peut y en avoir des milliers. Il suffit d'augmenter le nombre de personnes. » L'animateur fronce les sourcils. De nouveau, il paraît traversé par un scrupule qui le pousse à modérer l'enthousiasme avec lequel il se livre à son exposé. Sans doutes vient-il de se souvenir que les lycéens auxquels il s'adresse seront confrontés à la réalité qu'il recouvre, voire que certains seront à leur tour les maillons de la chaîne. « D'ailleurs, ça peut poser un certain nombre de problèmes. Peut-être n'avez-vous jamais vu une usine. Vous n'avez pas vu autant de personnes réunies. Et vous n'avez entendu que très faiblement le bruit que cause la réunion de tout ce monde. » Ici, il omet d'ajouter celui que causent les machines, nuisance sonore continue sur laquelle insiste « La journée d'un métallo » de Daniel Libaud (1968). « Je pense que vous devez réfléchir à ces problèmes maintenant. Essayez de vous rendre compte dans quel monde vivent les adultes, et ce sera ma conclusion, ils vivaient et ils vivent dans ces usines. »
Notes complémentaires
Références et documents externes
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Joël Danet