Le sida, tu ne l’attraperas pas (1990)
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Main credits
LE SIDA, TU NE L'ATTRAPERAS PAS
UN FILM DE PHILIP MATHEWS
D'APRÈS LES DESSINS DE NIKI DE SAINT PHALLE
ANIMATION STEVE DOVAS/BARBARA VISLICK
MUSIQUE DAVID BYRNE
(générique de fin)
SIDA INFO SERVICE
05-36-6636
APPEL GRATUIT
ÉQUIPE D'ANIMATION MARC LITTLEJOHN/CECILIA LAUREYS/JOSEFINA LARRAIN
BLOUM CONDOMINAS/ELISABETH TISO/KATHLEEN D'ALOIA/SARAH EDWARDS
CAMERA DANIEL ESTERMAN/ANIMUS FILMS
MONTEUSE JOCELYNE MELIN
LA VOIX DE MIREILLE D'ARC
PRODUCTION AGENCE FRANÇAISE DE LUTTE CONTRE LE SIDA
ET LA PARTICIPATION DE LA
CAISSE NATIONALE DES TRAVAILLEURS SALARIÉS DE L'ASSURANCE MALADIE
SÉCURITÉ SOCIALE
Content
Medical themes
- Prevention and control of communicable (infectious, contagious) diseases. Prevention of epidemics
- Aetiology. Science of the causes of disease
- Pathological physiology. Processes, mode of action of diseases. Pathogenesis. Study of origin of diseases
- Immunogenicity
- Pathology of the urogenital system. Urinary and sexual (genital) complaints. Urology
- Communicable diseases. Infectious and contagious diseases, fevers
Theme
Film de prévention du SIDA adressé à un public jeune.
Main genre
Résumé
Animation présentée par Niki de Saint Phalle qui explique la maladie et ses modes de transmission. Elle invite à se protéger du SIDA et à faire preuve de solidarité envers les personnes séropositives.
Context
L’AFLS (Association française de lutte contre le SIDA) est en charge de la prévention SIDA et subventionne de nombreuses actions. On retrouve dans ce film d’animation les thèmes développés par l’AFLS : prévention par le préservatif et solidarité envers les malades.
Niki de Saint Phalle (1930-2002) est une artiste franco-américaine plasticienne, peintre, sculptrice et réalisatrice de films dont l’œuvre fait fréquemment écho à l'histoire politique et sociale contemporaine : guerre d'Algérie, crise des missiles à Cuba, lutte des Noirs américains, libération de la femme, lutte contre le SIDA, etc.
Elle a expliqué à au moins deux reprises et dans des termes très proches la genèse du livre éponyme (publié par l’AFLS) dont ce film est une adaptation animée. Une fois dans l’émission Du Côté de chez Fred du 2 mai 1989 (émission animée par Frédéric Mitterrand sur Antenne 2) : "Un grand ami, le professeur Baradun, immunologue, m’a demandé de faire ce livre, ça ne me serait pas venu à l’idée. Il m’a demandé comme un service humanitaire de présenter aux jeunes d’une manière un peu joyeuse, une information qui fallait qu’elle passe (sic) et que dans les journaux, c’était trop sinistre. Il m’a dit ‘Utilise tes couleurs, ta manière joyeuse mais fais passer cette information. Je vais te donner tous les faits scientifiques et toi, tu trouveras comment le faire.’ Et un grand ami, qui a depuis, pendant qu’on avait cette information, il s’est rendu compte qu’il avait le SIDA, il m’a aidé avec le livre. Il est encore aujourd’hui en vie, très courageux, il m’a aidé à faire ce livre. Ça a été une expérience humaine qui m’a beaucoup enrichie parce que depuis j’ai eu pas mal d’amis qui ont eu le SIDA et des grands amis qui en sont morts et qui étaient très touchés par le livre. Alors pour moi, c’était une récompense formidable de l’avoir fait. Je ne savais pas comment traiter le sujet alors je me suis dit ‘Je vais l’adresser à mon fils, comme une lettre. Une mère qui est inquiète et comme ça, à son fils on peut donner les informations, et puis ça me permettra aussi de le faire avec des crayons de couleur, de le faire un peu… que ce soit possible à enregistrer parce qu’il y a des faits qu’on ne veut même pas, on ne veut pas savoir."
Et une autre fois dans la préface d’un livre publié en 1990 : "En 1984, un grand ami immunologue, Silvio Barandun, vint me voir. Il me parla du SIDA, m’expliquant que l’on était en face d’une épidémie grave qui allait toucher tout le monde. Le grand problème était d’informer le public. Il me demanda de collaborer avec lui pour faire un livre à la fois joyeux et scientifique. Le premier livre a été publié en 1985. C’est une nouvelle version de la même idée." Dans cette préface, Niki de Saint Phalle remercie Willy Rozenbaum et Bill Haseltine pour leur collaboration.
Structuring elements of the film
- Reporting footage : No.
- Set footage : No.
- Archival footage : No.
- Animated sequences : Yes.
- Intertitles : No.
- Host : Yes.
- Voix off : Yes.
- Interview : No.
- Music and sound effects : Yes.
- Images featured in other films : No.
How does the film direct the viewer’s attention?
Le choix a été fait d'utiliser des techniques et un style qui puissent plaire à un public jeune et retenir son attention sur un sujet sérieux voire difficile : animation, couleurs vives, style fantaisiste et joyeux de l'artiste Niki de Saint Phalle, musique essentiellement instrumentale composée par David Byrne, chanteur du groupe de new wave Talking Heads. Les informations sur le SIDA dont la science dispose en 1990 sont énoncées clairement et sans tabou par la voix off mais on peut se demander si certaines illustrations oniriques ne risquent pas de brouiller le message ou de le rendre un peu difficile à comprendre.
En s'adressant à ses enfants, Laura et Philippe, Niki de Saint Phalle espère englober le spectateur jeune qui entendra ainsi les conseils d'une mère attentive qui n'hésite pas à lui parler franchement et à lui transmettre des informations sanitaires précises ainsi qu'un message plus large de tolérance et de soutien aux personnes malades.
Même si le style de l'animation est naïf voire enfantin (aplats de couleurs vives, formes arrondies), le lien avec des films sanitaires plus "classiques" est présent. Par exemple, dans la séquence (01'24-01'32) qui explique que le virus du SIDA vit dans le sperme, le sang et les sécrétions vaginales, les images sont des représentations ou au moins des allusions à des vues microscopiques. Il en est de même dans la séquence qui définit la séropositivité (01'46-02'06) ou dans celle qui parle des médicaments permettant de retarder l'apparition de la maladie chez les personnes séropositives (02'32). Le chercheur qui parle est représenté avec des attributs scientifiques classiques : tableau blanc portant des schémas compliqués, ballon, microscope.
La voix de Mireille Darc, actrice séductrice, vient appuyer le propos.
How are health and medicine portrayed?
Au début du film, la médecine et la santé sont présentées comme pouvant intéresser tout le monde puisque c'est une personne dépourvue d'attaches avec le monde médical, une artiste et mère de famille, qui aborde le sujet du SIDA dans une lettre à ses enfants. Les informations médicales sont transmises par des personnages portant des blouses et divers autres attributs caractéristiques, ce qui suggère que même si ce type de contenu peut facilement être expliqué par des illustrations artistiques et un discours clair et précis, il reste du ressort des médecin et des chercheurs. Cependant, le temps de présence de ces personnages à l'écran est relativement bref comparé à celui des autres personnages, ce qui renforce le message donné par la voix off qui affirme que le SIDA est l'affaire de tous.
La science et la médecine sont également présentées comme efficaces et porteuses d'espoir et ce message est répété : "La science et la médecine ont fait beaucoup de progrès. Jamais les mécanismes d'une maladie n'ont été compris en aussi peu de temps." (02'18) ; "Tous les jours les chercheurs font des progrès." (02'53)
Broadcasting and reception
Where is the film screened?
Télévision.
Presentations and events associated with the film
Publication par l'AFLS du livre Le SIDA, tu ne l'attraperas pas écrit par Niki de Saint Phalle avec la collaboration de Philip Mathews en 1990.
Audience
Jeunesse
Local, national, or international audience
Description
Le titre du film apparaît sur fond blanc, puis le générique sur fond orange, en caractères dessinés et peints dans un registre naïf qui rappelle la gamme formelle de Niki de Saint Phalle. Musique entrainante au violon et à l'accordéon.
Niki de Saint Phalle, vêtue de tissus chatoyants aux couleurs vives, est assise (dans son atelier ?) à une table aux formes arrondies et aux couleurs vives. En fond, un miroir avec de nombreux objets posés sur la tablette (parmi lesquels certaines de ses œuvres ou maquettes de ses œuvres ?) Elle rédige et décore dans un style caractéristique le début d'une lettre adressée à Laura et Philip, ses enfants, qui est lue en off : « Hier soir, j’ai rencontré un virologue qui étudie le virus du SIDA et un médecin qui soigne les personnes malades du SIDA. Voilà ce que j’ai appris ». Ce passage correspond exactement à ce que Niki de Saint Phalle a écrit et raconté à propos de la genèse du livre dont est tiré ce film (cf. ci-dessus, paragraphe Contexte). (01'00)
Expliquer le SIDA
Les séquences qui suivent sont animées, avec des personnages colorés de différentes origines ethniques, sur des fonds en aplat de couleur vive. Une femme explique ce que signifient les initiales SIDA et VIH. Les modes de transmission du virus (sperme, sécrétions vaginales, sang) sont expliqués et représentés par des dessins (exemple : une seringue, une femme enceinte pour la transmission mère-enfant…). La représentation d'une relation sexuelle, particulièrement symbolisée (un personnage féminin est accroché face à une sorte de rapace) est peut-être difficile à comprendre pour certains spectateurs, d'autant plus qu'elle passe rapidement.
Un autre personnage expose la différence entre séropositivité et SIDA. Le virus est représenté dans un vaisseau sanguin, des anticorps s’ajoutent au schéma. Ils se développent contre le virus. Pendant une période qui peut atteindre une dizaine d’année, une personne séropositive n’est pas forcément malade. Un autre personnage explique que grâce à la science, le fonctionnement de la maladie a été élucidé très vite. Il existe déjà des traitements pour retarder la maladie. Ces derniers sont représentés par des pilules "tirées" comme des bombes en direction d'une "machine" en mouvement qui rappelle les œuvres de Jean Tinguely. (02'36)
Encouragement au dépistage
La séquence suivante invite au dépistage. « Si vous vous posez des questions » - un point d’interrogation apparaît à l’écran - « faites le test qui vous permet de savoir si vous avez été en contact avec le virus. » Un personnage à la peau bleue est assis en bas d'un escalier, la tête entre les mains, l'air soucieux. Lorsque la voix off dit "Allez voir un médecin", il se redresse, sa peau devient rose pâle, il se lève et tourne la tête vers la droite, désormais déterminé. Cette séquence rappelle un épisode similaire dans Man alive (film américain de prévention du cancer datant des années 50) lorsqu'Ed Parmalee décide enfin, après bien des errements, d'aller confier ses inquiétudes à un médecin. (06'50) L'attitude du personnage est la même (assis, la tête basse et les épaules rentrées). Dans les deux cas, l'injonction à aller se faire dépister vient de la voix off et le personnage réagit de façon identique (il se redresse, son visage s'éclaire et il se met en route).
Le film revient sur la recherche. « Tous les jours, des chercheurs font des progrès. » Un chercheur en blouse blanche se tient le menton. Une nouvelle forme géométrique complexe et mobile dans le style Saint Phalle-Tinguely se matérialise au-dessus de sa tête pour symboliser ses idées et sa réflexion. Le développement de l'épidémie chez les hétérosexuels est mentionné. (02'57)
Les modes de transmission
La séquence suivante rappelle avec un graphisme humoristique les éléments ou les situations pour lesquels il n'y a pas de risque de transmission du virus. "Le SIDA, tu ne l’attraperas pas par un chien, une fleur, un pou ou une tique, un moustique, un chat, un oiseau, des couverts ou de la nourriture ou des verres, de l'argent, un peigne, des livres ou chez le coiffeur, sur le siège des toilettes ou par les gestes de la vie quotidienne." La plupart des peurs et conceptions erronées de l'époque sont listées (ce passage rappelle des messages d'informations similaires dans les films d'information sur la syphilis de la première moitié du 20e siècle), excepté la peur d'une contamination chez le dentiste
Reprise de la courte séquence où une femme est montrée de dos placée au centre d’un personnage qui ressemble à un rapace. « Le virus du SIDA se transmet en faisant l’amour, un homme peut le transmettre à un homme, un homme à une femme, une femme à un homme ou à son bébé. »
La séquence suivante affirme que le nombre de contaminations chez les jeunes ne cesse d’augmenter et que la fidélité au sein d'un couple protège de la maladie. Cependant, la réalité des comportements humains est immédiatement reconnue : "Comme tu n’es pas un ange et que les histoires d’amour ne durent pas toujours, et que bien connaître son partenaire n’est pas suffisant, préserve-toi". Scène de boîte de nuit sur une musique de Talking Heads (David Byrne chante : 'Qu'est-ce que j'ai fait ce soir-là ?'). Le port du préservatif est présenté comme un acte moderne ayant une composante altruiste. "Dragueur, fais gaffe ! En te protégeant, tu protèges les autres. Le SIDA est facile à éviter. Utilise des préservatifs. Ils sont dans le coup et c’est aussi un bon moyen de contraception". Le dragueur est un personnage jeune, blond, en costume. Un préservatif qui se déroule apparaît sur fond rose, portant des motifs colorés dont des cœurs rouges. Ni son utilisation pratique ni la réticence éventuelle de l'un des partenaires ne sont évoquées.
Le commentaire propose de prendre son temps en amour et vante les mérite du romantisme. Ils affirme le préservatif comme un moyen simple et efficace de lutter contre la transmission du SIDA, notamment chez les jeunes multi-partenaires, cette fois sans préciser s'ils sont hétérosexuels ou homosexuels. Cependant, il a l'originalité pour un film de ce genre d'évoquer, même si c'est de façon extrêmement rapide et discrète, la fidélité et la chasteté. Dans son ensemble, il reste informatif, sans utiliser le levier de la peur. Son registre convient à un public enfantin, même si ses contenus nécessitent des explications complémentaires. (05'44)
Solidarité avec les malades
La séquence suivante invite à la compassion et à la solidarité envers les personnes séropositives. Des personnages blancs et noirs exposent leurs doléances : « je suis toute seule ; mes amis m’ont laissé tomber ; j’ai perdu mon travail ; aidez moi ». La musique est prenante et triste. Le commentaire invite à aider ceux qui ont le SIDA en étant présent auprès d'eux au quotidien car "L'amitié aide à soigner". La séquence se termine par deux personnages dont un séropositif se serrant dans les bras.
Le film se termine sur une double injonction à parler du SIDA : Niki de Saint Phalle a terminé sa lettre qui apparaît à l’écran: "Soyez prudents et si vous avez des questions, parlons-en ensemble, je vous aime bisous, Maman Niki." puis le numéro de téléphone de Sida Info Service apparaît. (06'47)
Supplementary notes
de Saint Phalle, Niki et Philip Mathews, Le SIDA, tu ne l'attraperas pas, Agence française de lutte contre le sida, 1990.
de Saint Phalle, Niki, "AIDS, you can’t catch it holding hands" 30 November 2016, nikidesaintphalle.org, URL : http://nikidesaintphalle.org/tag/niki-de-saint-phalle-silvio-barandun/
References and external documents
- Thèse Florence Hartheiser (2017)
Le dessin animé au service de l’éducation sanitaire, Thèse de médecine, Université de Strasbourg, 2017. - Thèse Maryse Contal (2013)
Communication audio-visuelle sanitaire : Etude d’un corpus de films de prévention contre le sida produits entre 1987 et 1999, Thèse de médecine, Université de Strasbourg, 2013.
Contributors
- Record written by : Élisabeth Fuchs, Maryse Contal
- 2 Traducteurs_vers_anglais : Sherry Stanbury