Le médecin de campagne (1981)
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Générique principal
Contenus
Sujet
La vie d'une femme médecin en milieu rural et montagnard (Jura).
Genre dominant
Résumé
Un portrait de femme médecin pratiquant dans la région montagneuse et enneigée du Jura, sous forme de reportage pendant ses visites, et d'entretiens avec elle ou ses patients.
Contexte
Médecine
Le film vise à rappeler le rôle clé que joue le médecin généraliste dans un réseau de prise en charge sanitaire lié à un territoire donné (généraliste – spécialiste - hôpital), mais aussi, décrire son action au sein d'une sociabilité rurale, en tant que médiateur de l'institution médicale. Le ministère de la Santé, créé en 1920, est longtemps resté une administration centrale sans service extérieur. Pour mener à bien sa politique, et notamment ses mesures hygiénistes, il a dû lutter contre une trop grande décentralisation des politiques sanitaires et sociales alors confiées aux municipalités et aux départements. Sous Vichy, un Code de la Santé publique est promulgué et un service public central institué. À la Libération, le Plan Debré achève cette prise en charge nationale des problèmes sanitaires et sociaux.
Société française
Le film fait écho à la situation contemporaine de la ruralité. La France est engagée dans un mouvement de désertification de certaines de ses zones rurales et de poursuite de la centralisation qui crée des déséquilibres importants dans le réseau territorial. En 1947, le géographe Jean-François Gravier écrit Paris et le désert français, ouvrage dans lequel il rappelle que le centralisme politique hérité de l'Ancien Régime a gagné, de proche en proche, les sphères économique, culturelle, éducative, jusqu'à faire de la centralisation parisienne la règle générale. Vingt ans plus tard, le sociologue Henri Mendras mène une étude dans le monde paysan. Son livre, La fin des paysans, annonce la disparition de l'"état de paysan" et l'émergence du "métier d'agriculteur", dans une période marquée par l'exode rural et la modernisation. Selon Bertrand Hervieu, également sociologue, cette fin correspond à celle d'une "société de transmission-assignation", car on naissait, travaillait et mourait paysan. Mais il évoque aussi l'amenuisement numérique des paysans dans la société française, qui est rappelé dans le film.
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Non.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Non.
- Animateur : Non.
- Voix off : Oui.
- Interview : Oui.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
Le film insiste sur l'enjeu pour une femme de choisir la profession de médecin généraliste en milieu rural. À plusieurs reprises, la journaliste rappelle que le médecin que nous voyons en action est "une" médecin. De cette façon, le spectateur voit par le filtre genré la manière dont elle interagit avec ses patients et dont elle fait face à la fatigue physique propre à la pratique de cette profession, renforcée par la dureté d'un milieu encore déterminé par les éléments (intempéries, zones désertiques). Enfin, pendant les entretiens, les questions sont centrées sur les difficultés spécifiques que rencontre une femme pour devenir médecin des points de vue de la vie personnelle et de la promotion sociale.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Le film véhicule une image particulièrement positive de la médecin en jeu, moins de la médecine en tant qu'institution. Il est peu question du réseau formé par les médecins, le système hospitalier et les pharmacies sur le secteur. Il n'est pas non plus question de performance technique ni de mise en place de formation permanente. Ici, la femme médecin est un personnage solitaire qui doit suffire à tous les habitants de son secteur. Elle a gagné leur confiance ; ils attendent d'elle d'être orientés vers un spécialiste si besoin.
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
télévision française, Antenne 2, 26 mai 1981
Communications et événements associés au film
Public
tout public
Audience
Descriptif libre
Générique, gravure de charrette vue de dos sur une route de campagne. Apparaissent les mots de la série, écrite en typo ORTF années 50. Piano Chopin. Gravures de médecins et patients.
In media res : la médecin en intervention dans la neige et la nuit
Ext. Nuit, clocher, bruit de vent. Maison au sommet d’une route enneigée, nuit, autres plans de rue de village avec tas de neige. Pano sur façade de maison, deux tas de neige formés de part et d’autre d’une voie de garage : nous apprendrons que c’est la maison du médecin. En son, sonnerie de téléphone, puis annonce de répondeur. 00:00:55 : nuit, int. Voiture, travelling embarqué, bord de route enneigé, éclairé par les phares. Commentaire : « C’est le 16è appel de la journée, le premier appel de la nuit. Catherine, cette fois encore, est repartie. Catherine, médecin de campagne en ce fin fond du Jura qui touche la Suisse. Catherine mère de famille, élevant seule ses trois enfants, sans mari depuis longtemps. »
Int. Voiture, GP sur visage de femme qui a gardé son manteau. Cut, ext. La voiture arrive sur une route enneigée, se gare le long d’un tas de neige déblayée, les flocons dansent dans le faisceau des phares. Le son est pris depuis l’intérieur de la voiture : silence et claquement de la portière qui s’ouvre. À ce moment- là, raccord son avec l’ext, un grondement soudain se fait entendre : c’est le vent qui hurle. Effet de surprise : exprimer l’agression du dehors dans cette solitude nocturne et enneigée. La femme sort de la voiture, silhouette blanche dans l’obscurité. Elle bondit dans le passage pratiqué dans le tas de neige pour rejoindre la maison où elle doit intervenir. Cut quand elle disparaît derrière l’amoncellement de neige. 00:01:38 : visite dans une pièce de séjour. Elle ausculte une femme qui se plaint d’une douleur à la jambe. Le mari se tient auprès d’elle. Plan sur les enfants qui font leurs devoirs sur une table. La médecin estime qu’il faut faire une radio. La femme et le mari répondent de façon conciliante. Ils sont d’origine turque, ils semblent ne pas beaucoup maîtriser la langue, ce qui amène la médecin à essayer de se faire comprendre en peu de mots.
00:02:10 : in. Voiture, nuit, GP sur sa main qui glisse une cassette dans l’autoradio. Une musique classique surgit dans la bonde son en extradiégétique : Mozart, messe de couronnement n°15 en C majeur. Ext. Nuit, la voiture avance sur la route enneigée, raccord avec int. Voiture, GP sur son visage impassible, les phares éclairent les monticules de neige formés sur les côtés. À la fin de la séquence, la voiture termine son trajet devant son domicile. Elle sort du véhicule, ouvre les portes du garage à la lueur des phares. En commentaire, elle explique qu’elle est venue pratiquer dans les Alpes parce que son mari ayant eu une mutation en Suisse, et elle-même ayant eu son diplôme en France, elle voulait que son ressort soit situé à la frontière. Elle ajoute qu’elle a choisi son métier « par tradition et pour faire plaisir à mon père ».
00:03:33 Int. Cuisine, lumière basse, elle est seule. Elle se prépare une boisson chaude, qu’elle boit à la table, en regardant devant elle. Pano pour la suivre alors qu’elle emmène sa boisson près du combiné de téléphone. Elle interroge son répondeur. En commentaire, elle explique qu’elle a auparavant exercé en banlieue parisienne : « Mais c’était une médecine de paperasse, pas vraiment de pathologie. » Pendant que les messages passent, elle prend des notes : les voix se succèdent pour demander des interventions.
00:04:30 Plans sur le village enneigé, commentaire : « Ancré sur le plateau, balayé par les vents d’est, le gros bourg attend frileusement la fin de l’hiver. Il est déjà tombé 5 m de neige. » Un homme de neige, pelle à la main, en plan taille. « Équilibre à ce temps glacial, la chaleur des habitants de Frasne. » Le commentaire enchaîne avec une typologie de ces habitants, pendant qu’à l’image se succèdent des portraits de villageois saisis dans différents lieux , dont la salle d’attente du cabinet : « … agriculteurs, ouvriers dont certains travaillent dans les villes voisines - d’autres, les célibataires, au-delà de la frontière – retraités, émigrés turcs employés dans les scieries locales, agents de la SNCF nombreux en cette gare frontière où passent les grands rapides qui filent vers Venise. »
"Alliée, complice, camarade, tout!"
00:05:00 : scène de consultation, un homme torse nu, assis devant son bureau. Elle lui indique, après l’avoir examiné, qu’il devra arrêter son activité « pendant quelques jours ». Il répond qu’il n’aime pas s’arrêter, elle coupe : « Ça ne fait rien, je vous le demande si gentiment. » 00:05:41 : GP visage de la médecin, elle regarde la journaliste hors champ qui lui demande en quoi être femme intervient sur la relation au patient : « J’ai pas souvent l’impression d’une différence, répond-elle en souriant. Ça existe peut-être plus dans les confidences de femme-à-femme, dans les questions familiales, mais j’ai l’impression que ce n’est pas toujours très sensible. » À la journaliste qui lui demande si être femme ne pose pas un problème d’autorité, elle répond qu’elle a dû apprendre à en imposer, « être cassante » parce qu’au début de son parcours, elle avait l’apparence d’une « petite fille ». Raccord plan taille derrière son bureau : elle ajoute qu’afficher de l’autorité est aussi important pour les patients parce que « les gens qui viennent vous voir sont des gens qui attendent de vous que vous soyez sûre de vous de ce que vous allez leur dire, des prévisions que vous allez faire quand à leur maladie. » (07:04)
00:07:04 Entretien avec le patient. Il explique qu’elle est son médecin depuis une dizaine d’années « depuis que le docteur est là », à un moment où il a contracté un cancer de l’œsophage puis du poumon. A la journaliste qui lui demande pourquoi il ne s‘est pas adressé à un spécialiste : « C’est elle qui juge si mon cas doit faire l’objet d’une visite chez le spécialiste. » Le patient est montré en in, sauf deux plans de coupe qui montrent la médecin derrière son bureau en train d’écrire : le premier montage, quoique cut, paraît attester d’une coprésence pendant l’entretien par un raccord de regards entre elle et lui d’un plan à l’autre. Quand la médecin est de nouveau à l’écran, toujours en train d’écrire, la journaliste demande : « Dans cette lutte, elle aura été votre principale alliée ? » Le patient, de nouveau en in, répond : « Ah, alliée, complice, camarade, tout ! » Qu’il le dise en sa présence accentue la force de ses mots.
00:08:43 : ext. Route de campagne enneigée, plan large et fixe, avec embranchement bord cadre gauche bas, virage vers la droite qui amène le regard vers la voiture minuscule point mobile sur le haut du champ qui avance vers le spectateur. Au moment où la voiture atteint l’embranchement, pano pour la suivre alors qu’elle tourne et suit la route adjacente. Cut, plongée, la route est à présent bordée de maisons, la voiture du fond du champ avance vers le premier plan, puis pano à 180° pour suivre la voiture qui va se garer devant une maison entourée de neige entassée ainsi que les maisons voisines visibles dans le champ, puis zoom sur la médecin qui descend d véhicule et gravit les marches qui mènent au perron. Cut, int. Cuisine, raccord son avec la sonnette de la maison : une femme et deux enfants autour d’une table chargée de pièces de puzzle, la femme se lève et rejoint la porte vitrée de la cuisine quand elle entend la sonnerie. Quand elle atteint la poignée de cette porte, nous voyons en transparence, à travers ses carreaux, la médecin qui est entrain de fermer celle de la maison. La femme lui ouvre la porte de la cuisine, la médecin entre et lui serre la main, la conversation s’engage. La femme indique à la médecin que son enfant souffre des oreilles. La médecin demande à ce que l’enfant s’étende sur la table de la cuisine pour l’examiner. La femme met l’enfant torse nu pendant que la médecin lui rappelle qu’elle l’a déjà soignée deux semaines auparavant : elle montre de cette façon qu’elle a en tête l’historique récent de chaque patient. Plan d’ensemble sur la cuisine, la médecin interroge l’enfant sur ses douleurs, lui lève les jambes, inspecte ses oreilles. En plan de coupe, la mère qui regarde la scène, coup d’œil interrogatif puis sourire. Autres plans de coupe sur l’autre enfant attablé qui continue son puzzle, puis un troisième enfant que nous découvrons à l’autre bout de la pièce : il dessine à la craie sur un tableau noir. De cette façon, nous constatons que la venue de la médecin ne perturbe en rien l’activité familiale, les visites de la médecin s’inscrivent dans le quotidien de ses patients, elles prennent place naturellement dans les intérieurs, n’interrompent pas l’activité qui y a cours. « Vous pouvez le rhabiller » dit la médecin à la mère qui s’exécute : nous observons que le rapport tactile de la médecin à l’enfant se limite à l’examen proprement dit.
Don et contre don : la transaction patient-soignant
00:10:54 : la médecin en in, plan taille, int. Cabinet. Elle est assise derrière son bureau et regarde la journaliste placée en amorce de plan sur bord-cadre droit. L’entretien a déjà commencé dans la bande-son à 10:04. Il y est question de la relation au patient, la part affective qui s’y engage. Elle sourit en parlant, son regard s’éclaire, elle répond longuement en faisant des pauses après la question posée, ou bien au fil de son discours. Elle montre de cette manière qu’elle est engagée dans ses propos, laissant sa réflexion aboutir avant de les tenir. De même, elle rit quelquefois au milieu d’une phrase et parle avec animation, témoignant de son plaisir à échanger sur sa pratique et aussi à évoquer les figures de sa patientèle. Quand elle évoque une femme qui lui donne un saucisson au moment où elle repart, nous retrouvons une figure de « contre-don » opéré par le patient rural. L’aliment, charcuterie, confiserie ou œufs, est une façon de monnayer en plus, et hors de la transaction en argent, et de marquer une reconnaissance d’ordre personnel pour le dérangement causé et l’implication du médecin dans le soin apporté.
L’entretien se poursuit sur le type de maladies que le médecin affronte régulièrement, ou bien les interventions urgentes. Pour illustrer, à 00:13:01, scène de consultation qui met en jeu un couple. Quand la médecin va examiner la femme qui est la patiente, le film reste sur le mari en gros plan, dont le regard orienté vers le bord cadre droit, avec la voix hors champ de la médecin qui dit : « Alors, allez-y, déshabillez-vous ! », indique qu’il reste concentré sur la situation de son épouse. Quand l’entretien vient sur la « petite chirurgie », gros plan sur un bras qui est plâtré. Quand la caméra desserre, nous voyons que la médecin fait l’opération à domicile, une table à repassage occupe le fond du champ.
Être intime avec ses patients jusque dans la mort
00:14:42 : plan ext. Paysage de neige, avec de gros blocs en monticule au premier plan. Pano qui rejoint la voiture noire de la médecin, stationnée contre les blocs, puis la médecin elle-même, une pelle à la main entrain de déneiger. Dans le même mouvement, elle range la pelle, entre dans l’habitacle, manœuvre, repart. La voiture rejoint le fond du plan qui montre un vallonnement tout entier recouvert par la neige. La médecin fait sa route, lève les obstacles, ne recule jamais, décidée à atteindre son objectif dans une campagne aux chemins rendus incertains par les intempéries.
00:15:13 : GP de profil de la médecin en train de conduire. Interrogée sur son rapport aux spécificités de la pratique en campagne, aux perturbations entraînées par les événements météorologiques, elle répond avec le sourire. Le lien intime qu’elle développe avec la physique des lieux constitue un des avantages majeurs qu’elle trouve à exercer ici. Plan large en extérieur sur la voiture qui continue sa route, bruit des pneus qui crissent sur la neige qui s’est maintenue sur le bord de la chaussée. La voiture atteint un endroit de la route entièrement recouvert par la neige. Comme elle n’est plus carrossable, la médecin la laisse là, en sort avec sa mallette, va chercher des skis entreposés dans le coffre, les chausse en venant au premier plan. Une musique XVIIe siècle surgit dans la bande-son au moment où elle entame son trajet sur ses skis (Bach, Branderburg concertos, suite 2 et 3). Quand elle atteint la maison où elle doit intervenir, la musique cesse. Elle déchausse ses skis, rejoint la porte d’entrée qui n’est pas ferme à clé et qui n’est pas gardée. (00:18:47).
Plan moyen dans une cuisine sur un homme dont une jambe de pantalon a été relevée. La médecin examine sa cheville en lui posant des questions. En surimpression sonore, voix en off de la journaliste qui la questionne à nouveau sur la manière dont elle prend en main le relationnel au patient. Elle répond en mettant en garde contre la tentation du catégoriser les personnes selon la fréquence de leurs problèmes. La conversation se poursuit sur la contrainte pour la médecin de s’adapter au mode de vie des locaux qui « travaillent tôt et tard ». C’est au médecin à se rendre disponible pour eux « aux mêmes horaires ». À 00 :20 :06, la caméra resserre sur le patient qui continue de répondre aux questions. Ici, l’important n’est plus le contenu de l’échange, le plan consiste en un portrait mobile de cet homme qui parle avec réflexion et calme, posant un regard attentif à la médecin restée hors champ. La concentration apaisée du regard, la douceur de la voix témoignent de sa personnalité. Incidemment, le film esquisse des rencontres avec les personnes que la médecin voit pendant ses journées, évoquant de cette façon la charge humaine dans sa pratique. 00:20:32 : cut, int. Bébé plein cadre, une main intervient pour tâter ses membres. Nous reconnaissons la main de la médecin avec le manche de son anorak qu’elle n’a pas quitté. « C’est fou ce qu’elle te ressemble » s’écrie-t-elle. La caméra desserre et montre, réunis autour du bébé, l’homme de la séquence précédente, une femme âgée et une jeune femme. Nous devinons qu’il s’agit du couple de grands-parents avec leur fille et sa fille à elle. De cette façon, « la famille » et « l’amitié » que le médecin développe avec elle, évoquée par la médecin pendant l’entretien, s’incarnent à l’image.
00:21:33 - 00:23:20 : plan fixe, int. Cabinet, suite de l’entretien. Plan séquence de deux minutes sur la médecin qui répond au sujet de son expérience de l’agonie et de la mort de ses patients. De nouveau, son visage est très mobile, sa main s’agite, son regard s’éclaire, elle sourit, selon l’évolution de son propos. Le regard qu’elle jette soudain sur le creux de sa main, au moment où elle suspend sa parole, témoigne de sa volonté de chercher l’idée qu’elle veut exprimer et l’expression qui lui convient ; enfin ce geste naturel la montre livrée à la conversation, sans le recul et le calcul qu’inspire souvent la situation de l’entretien filmé.
« J’apprécie l’air pur, mais de temps en temps, la pollution j’en ai besoin »
00:23:20 - 00:24:09 : la médecin dans les rayonnages d’une épicerie. L’épicière l’appelle « docteur » quand elle lui répond. En surimpression sonore, l’entretien se poursuit. Il y est question du rythme de travail effréné, mais qui lui convient (« sinon je m’étiolerais »), et de l’éventualité d’être soi-même malade, ce que, d’après elle, un médecin s’interdit, considérant inconsciemment que ce serait « une faute professionnelle ». 00:24:09 : au son d’une sonate de Mozart jouée sur un tourne-disque, l’entretien se poursuit dans le salon du domicile de la médecin. Assise dans un canapé, face à la journaliste en amorce du champ, bord-cadre droit, elle revient sur la manière dont elle mène sa vie personnelle et familiale. Elle constate que « la vie professionnelle d’un médecin, en particulier d’un médecin de campagne, est tellement intégrée du point de vue horaire, du point de vue intérêt » à la vie de ses patients, que cette vie devient « sa vie propre ». 00:24:45 : la médecin à la cuisine, au petit-déjeuner avec une jeune fille et un jeune garçon. Elle les interroge sur la manière dont ils ont vécu la semaine qui vient de s’écouler, montrant de cette façon qu’ils se sont rarement vus jusqu’alors. En off, la médecin affirme que « ses enfants sont frustrés de vie de famille ». En compensation, ajoute-t-elle, ils développent leur personnalité. Sa situation l’amenant à cumuler les rôles de père, mère et médecin, elle estime qu’elle n’assume convenablement aucun de ces trois rôles. 00:25:20 : de nouveau dans le salon, de nouveau le tourne-disque et Mozart. À la journaliste qui lui demande si elle ne pourrait pas s’engager dans une responsabilité qui la notabilise pour « combattre la solitude », la médecin répond que « la seule vie personnelle valable est la vie de couple ; on la gagne ou on la rate. Mais ce n’est pas une responsabilité en dehors de la vie familiale, si importante soit-elle, qui peut remplacer ça. » Selon elle, il lui est nécessaire de « déconnecter de son personnage vis-à-vis des autres » pour avoir des heures à elle. 00:26:16 - 00:26:55 : sur un quai de gare, la femme de médecin monte dans un train. En voix off, elle indique que s’étant associée avec un autre médecin, elle peut se permettre d’aller à Paris un jour par semaine. Elle éprouve un besoin de ville, « avec du macadam, bruit, le métro, les gens », de changer du cadre de la campagne où elle exerce. « J’apprécie l’air pur, mais de temps en temps, la pollution, j’en ai besoin ».
Une fin qui boucle avec le début
00:26:55 : Couloir sombre, le téléphone sonne. La médecin accourt, répond. Dehors, c’est la nuit, la neige et éclairée par le faisceau des phares de la voiture de nouveau sur la route. Dans l’habitacle, la main de la médecin saisit une cassette, la glisse dans l’autoradio. Mozart dans la bande-son, « Messe de couronnement en C majeur ». C’est l’équivalent de la séquence à 00 :02 :10 : en voiture dans la nuit, choisir une cassette, irruption de la musique dans la bande-son. Le film procède en une longue boucle, « on the road again »…
Notes complémentaires
Références et documents externes
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Joël Danet