Le départ dans la vie (extrait) (1961)
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Les premiers pas d’un jeune médecin à la campagne.
Main genre
Résumé
Près de Béziers, un médecin de campagne fraîchement installé fait sa tournée. Au cours d’un déjeuner chez un client, il raconte au journaliste ses débuts professionnels, les difficultés rencontrées et les relations avec les paysans.
Context
La Révolution française a bouleversé l’exercice de la médecine à la campagne. Aux chirurgiens-barbiers et dentistes ambulants ont succédé les officiers de santé et médecins proprement dits, les premiers étant beaucoup moins considérés que les seconds car moins bien formés. À ce système institué par la loi du 19 ventôse de l’an XI (10 mars 1803) s’ajoute le rétablissement des facultés de médecine de Paris, Montpellier et Strasbourg par le Premier Empire, afin que les deux catégories puissent à nouveau bénéficier d’une vraie formation. Le travail même du médecin de campagne et ses conditions d’exercice évoluent tout au long du 19e siècle. La simple trousse de soins des débuts devient une sacoche puis une véritable mallette ; les moyens de locomotion évoluent du cheval – avec ou sans charrette, mais toujours gourmant en avoine et en paille – à la bicyclette, puis à la motocyclette et enfin à la voiture automobile. Parallèlement, sa condition sociale évolue elle aussi. Le train de vie modeste des débuts devient plus bourgeois avec une maison cossue dont le salon fait office de salle d’attente, un ou plusieurs domestiques, une épouse à la dot conséquente et des enfants qui se doivent d’être le premier de leur classe. À cela s’ajoute parfois un engagement social, voire politique. D’exilé urbain étranger au monde rural, le médecin devient un notable au même titre que l’instituteur, respecté mais cependant pas forcément aimé. Les progrès effectués depuis la Révolution n’empêchent pas que ce métier soit encore un sacerdoce dans les années 1960. Les journées restent longues et se passent souvent en trajet d’un patient à l’autre et les relations avec ceux-ci peuvent parfois en pâtir, le médecin ayant le regard rivé sur sa montre. S’il est marié, sa femme doit se sacrifier aux tâches administratives et de secrétariat, en plus de la gestion du foyer. La médiocre qualité des routes et des chemins oblige au port de vêtements fonctionnels. Les malades ne peuvent pas toujours payer comptant et donnent parfois des acomptes en nature. Au fil du temps, la profession se féminise aussi, d’abord timidement face à la réserve ou à l’hostilité des médecins hommes, puis de façon plus nette à partir des années 1970, au point que les femmes représentent la moitié du corps médical au début des années 2000.
Structuring elements of the film
- Reporting footage : Yes.
- Set footage : No.
- Archival footage : No.
- Animated sequences : No.
- Intertitles : No.
- Host : Yes.
- Voix off : Yes.
- Interview : Yes.
- Music and sound effects : Yes.
- Images featured in other films : No.
How does the film direct the viewer’s attention?
L’extrait n’a qu’une durée de cinq minutes, il est très concis et direct dans ses images et son propos. Après une brève présentation du principal protagoniste, il donne la parole à celui-ci, qui peut dès lors décrire ses premiers pas et son quotidien.
How are health and medicine portrayed?
Le médecin apparaît seul quand il ne visite pas ses patients, mais il dispose d’un certain confort et il a à sa disposition un matériel dernier cri. Une situation commode qui contraste avec la pauvreté de la région où il exerce et qui ne dit rien de ses difficultés d’installation.
Broadcasting and reception
Where is the film screened?
Télévision
Presentations and events associated with the film
Audience
Grand public
Local, national, or international audience
Description
[00'00]
Plan d’ensemble, plan panoramique et plan en plongée. Musique guillerette: le 5e mouvement (valse-scherzo) de la Suite de ballet n°1 de Dmitri Chostakovitch. Dans l’arrière-pays biterrois, une 2CV roule sur une route de terre entre des arbres nus, indice quant à la période de l’année où ces images sont tournées. Elle s’arrête à un emplacement en surplomb d’un hameau. Un homme, identifié comme docteur par la voix off, en sort et descend un petit sentier jusqu’à la chaumière. Plan moyen, plan rapproché poitrine de face et plan panoramique. Sa tenue vestimentaire est décrite par la voix off qui distingue le costume de ville avec cravate, signe distinctif selon elle, des « brodequins de paysans » qui permettent d’affronter la pierre et la boue. Plan d’ensemble. Cet homme, dont il est précisé qu’il est né à la campagne, passe entre les chaumières et salue une vieille femme qui lui indique la direction où se trouve la ferme du patient qu’il doit visiter.
[01'12]
Plan fixe, plan rapproché poitrine et plan d’ensemble. Du bois brûle dans l’âtre d’une cheminée. Une femme surveille le feu. C’est une fermière qui est assise à la table de sa cuisine avec le docteur. La voix off indique que, manquant de temps pour rentrer chez lui, il y déjeune. Le journaliste apparaît de dos, à moitié hors champ.
Autre plan rapproché poitrine. Le médecin évoque ses premiers mois de travail dans la région. Il estime que la recherche d’une place a été difficile du fait du manque d’un organisme de placement comme à l’École Normale. Plan fixe. Il tourne son briquet dans ses mains, sans doute par nervosité, puis l’interview se poursuit en voix off. Il précise qu’il ne prend pas de succession mais qu’il s’installe véritablement, ce qui rend sa situation plus difficile car il ne part de rien et va au petit bonheur de la chance. Plans fixes. Une table d’examen et un appareil radiographique dernier cri équipent son cabinet.
[02'33]
Plan d’ensemble. Le docteur est assis à son bureau à côté de la table d’examen. Toujours en voix off, le journaliste lui demande ce qu’il a fait le premier jour. Le médecin répond qu’il a « attendu le premier client » qui a été suivi de trois ou quatre et, « petit à petit », cinq puis six. Plan américain et plan fixe. Il se rend à son armoire médicale, en ouvre la porte, y dépose une petite caissette, la referme et retourne à son bureau. Retour au plan rapproché poitrine du docteur dans la cuisine de la ferme. Tenant sa cigarette entre l’index et le majeur de la main gauche, il précise qu’il y a eu « des baisses et des remontées », ce qui est psychologiquement très mauvais selon lui car il y a une hésitation à recevoir ou non le patient et donc à risquer de commettre une erreur. Son visage qui était devenu grave retrouve son sourire lorsqu’il estime être « bien parti ».
Le journaliste aborde ensuite la question du financement. Le médecin reconnaît qu’il a dû solliciter ses parents et « certaines maisons de prêt ». Il estime cependant que « n’importe qui » peut se lancer dans des études de médecine s’il a un peu d’argent.
[03'58]
Plan fixe. Le feu d’âtre s’est réduit en cendres incandescentes. La fermière y suspend une bouilloire. En voix off, le journaliste demande au docteur s’il a été « facilement » accepté. Il répond que les habitants l’ont d’abord observé et analysé. Gros plans et plan d’ensemble. La caméra s’attarde sur le visage ridé d’une paysanne vêtue de noir. Le médecin discute avec un paysan. Il vient ensuite saluer une femme devant sa maison.
Nouveau retour au plan rapproché poitrine du docteur dans la cuisine. Il considère que le monde paysan est plus réservé mais qu’il donne plus facilement sa confiance que le monde citadin.
[04'55]
Plans en plongée. La musique guillerette entendue au début revient, dans une tonalité plus légère encore, et l’extrait se termine sur le médecin assis en compagnie du paysan devant l’âtre de la cheminée où celui-ci fait sauter des châtaignes dans un poêle. Le docteur respire le parfum de l’une d’entre elles.
[05’12]
Supplementary notes
References and external documents
Contributors
- Record written by : Emmanuel Nuss