La maison traditionnelle (1968)
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Sommaire
Générique principal
Gén. fin : Commentaires et interview - Frédéric Pottecher / Images - Jacques Delarue / illustration sonore - Gérard Gallo / Réalisation - Charles Brabant
Contenus
Sujet
Le problème soulevé dans des villes comme Paris, Marseille, Dijon, par le contraste entre la conception des bâtiments hospitaliers dont la construction date des XVIIe et XVIIIe siècles (ainsi à Paris la Salpêtrière et le Kremlin Bicêtre) et la nécessaire installation d'équipements ultra-modernes. (Notice INA)
Genre dominant
Résumé
Nous sommes dans une ambulance dans Paris, les rues de Paris - l'intérieur de l'ambulance : une vieille dame - plan de la circulation vue de la cabine du chauffeur de l'ambulance - nous sommes à l'hôpital Cochin - interview de responsables - interview de monsieur AMIAUX, sous-directeur à Versailles - professeur EMERIT, à Paris - bloc opératoire (nombreux plans) - interview de malades - problèmes de logement - le centre de Marseille, le docteur BORANY parle de ces problèmes - grand plan de vieilles dames assises, tricotant - nous sommes à la Salpêtrière - plan d'une salle commune où il n'y a que des femmes très âgées - interview de l'infirmière qui s'ocupe d'elles - nombreux plans - interview de monsieur BELLIER, directeur de Cochin - Une salle d'hôpital - professeur SIGUIER à Paris - professeur MILLIEZ à Paris. (Notice INA)
Contexte
L'hôpital, son histoire en 1967
L’institution hospitalière s’incarne à l’origine dans des bâtiments destinés à recevoir les pauvres et les malades. Cette mission d’assistance a marqué l’histoire de l’hôpital : au milieu du XIXe siècle encore, alors que s’affirme la fonction soignante de l’hôpital, la loi de 1851 prévoit que les hôpitaux accueillent les malades de la commune sans condition de ressources. La loi du 21 décembre 1941 ouvre l’hôpital aux malades payants et accélère sa transformation en établissement de soins. L’hôpital tire désormais l’essentiel de ses ressources de ses activités de soins, organisées au sein de différents services et rémunérées par des prix de journée. Le personnel hospitalier bénéficie en outre d’un statut propre assimilé à la fonction publique. En 1958, la création des centres hospitalo-universitaires (CHU) fait entrer l’enseignement et la recherche au sein de l’hôpital tout en permettant aux praticiens de choisir de pratiquer le plein temps à l’hôpital. Enfin, la loi de 1970 organise un service public hospitalier qui s’appuie à la fois sur les hôpitaux et les cliniques privées. Ces transformations successives de l’hôpital permettent de comprendre que sa place dans la société a changé ; elles ont aussi imposé une adaptation de son administration. La place de l’hôpital dans la société relève d’un ensemble de représentations et de fonctions assignées à cette institution. Tout d’abord, l’hôpital est perçu comme un lieu où est proposé un service public. Les soins qui y sont dispensés sont accessibles à tous, et en fonction de la couverture sociale dont les individus bénéficient il est fréquent qu’ils ne paient qu’une partie des frais d’hospitalisation. Les populations sont d’autre part très attachées à leurs hôpitaux, et l’annonce de la fermeture d’un établissement ou de services au sein d’un hôpital est souvent mal reçue par les populations qui considèrent qu’elles sont abandonnées. Ces réactions s’expliquent par les choix politiques en matière d’offre de soins qui ont été affirmés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La mise en place de la sécurité sociale s’accompagnait d’un effort considérable pour offrir à tous l’accès au plus grand nombre de soins, en particulier grâce à la modernisation de l’hôpital.
L’effort d’équipement et de création d’infrastructures hospitalières a permis de préciser les attributions de l’hôpital. Il accueille des populations très hétérogènes : individus accidentés (en particulier des accidentés de la route), personnes atteintes de maladies graves (cancer, maladies chroniques, maladies dégénératives, etc.), et enfin de très nombreux patients qui viennent consulter des spécialistes à l’hôpital et subir des examens plus approfondis. L’hôpital accueille également les femmes sur le point d’accoucher ou des personnes âgées dont l’état général exige des soins constants. L’hôpital est devenu le lieu où l’on naît et celui où l’on meurt. Pour autant, la fonction asilaire n’a pas disparu. Certes, l’hôpital n’est plus un lieu d’enfermement comme l’a décrit Michel Foucault, mais il continue à accueillir des individus marginalisés par leur état de santé psychique ou physique. Et l’hôpital est aussi devenu au cours des dernières décennies un lieu de substitution à la médecine générale ou à la pédiatrie pour des populations dont le rapport à la maladie et au soin a considérablement changé. Les services d’urgences sont devenus le réceptacle des misères sociales et morales, en particulier dans les grandes villes.
Le maintien de la fonction asilaire
Même si les évolutions récentes ont renforcé la fonction médicale de l’hôpital, l’institution hospitalière demeure un miroir des problèmes sociaux à un moment donné. Certes, l’hôpital est devenu un lieu d’exercice d’une médecine de spécialité et de haute technologie, mais il reste néanmoins un lieu d’accueil pour les plus vulnérables. On consulte le spécialiste plus volontiers à l’hôpital qu’à son cabinet de ville pour des raisons de prix. On y meurt (on y finit ses jours) dans des services de gériatrie faute de pouvoir accéder à d’autres formes d’hébergement. Cette ambivalence de l’hôpital s’ancre dans une histoire longue. L’hôpital d’aujourd’hui est le lieu où sont réalisées les premières médicales, comme les greffes du visage. Mais il n’a pas définitivement rompu avec des fonctions asilaires, qui perdurent, en dépit des réformes organisationnelles, dans les services d’urgence et de gériatrie.
(D'après : Chauveau, S. (2011). Quelle Histoire de L'hôpital Aux XXe et XXIe siècle ? Les Tribunes de la santé, 33(4), 81-89. https://doi.org/10.3917/seve.033.0081.)
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Oui.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Oui.
- Animateur : Non.
- Voix off : Oui.
- Interview : Oui.
- Musique et bruitages : Non.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
Le journaliste Frédéric Pottecher est régulièrement montré à l'image et c'est sa voix qui dit le commentaire. Nous sommes invités à l'accompagner pendant son enquête et c'est à ses côtés que nous rencontrons ses différents protagonistes. La réalisation prend régulièrement des orientations documentaires qui lui permettent de suggérer, évoquer, plutôt que nommer et désigner.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
télévision, diffusion 1ère chaîne mardi 16/01/1968
Communications et événements associés au film
Public
tout public
Audience
Descriptif libre
Drones inquiétants en musique de fond. Carton avec mots en blanc sur fond noir : "Les hôpitaux" ; puis, en clignotement autour de "les hôpitaux", les noms de "Brabant" et "Pottecher" ; puis les mots "aujourd'hui" et "la maison traditionnelle".
Dans les grandes villes, le premier problème est l'urgence
Habitacle d'une estafette, des mains impriment au volant des tours de grande amplitude ; par le pare-brise, nous voyons le trafic frôlé et à vive allure. Nous reconnaissons sur la chaussée et les trottoirs le mobilier urbain caractéristique de Paris. Dans l'arrière du véhicule, champ et contre champ d'un médecin qui écrit sur un bloc notes avec une vieille femme allongée sur une civière. Plainte de sirène estompée, mais d'une intensité régulière alors que le véhicule est en déplacement : c'est donc lui qui l'émet. Des voix enregistrées d'hommes et de femmes se font entendre alors que l'homme qui conduit reste mutique. " Dans la demi-heure... Très bien, docteur..." Raccord sur les locaux d'une centrale téléphonique où plusieurs hommes et femmes mêlent leurs conversations. Nous distinguons les mots "Claude Bernard", "Bichat"... Sur les murs, des casiers pour bristols. De nouveau dans l'ambulance. Commentaire : "Dans les grandes villes, le premier problème à résoudre, c'est l'urgence. Il faut intervenir rapidement, il faut accueillir confortablement, et orienter opportunément." Le véhicule est stationné, des infirmiers en descendent la vieille femme allongée sur une civière. (02:01)
Un mal endémique : le manque de place
Nous apprendrons dans la suite de la séquence que l'établissement où elle est tournée est l'hôpital Cochin. Dans un guichet, à travers la vitre sur laquelle on lit le mot "Surveillante" (ce qui laisse penser que cette responsabilité est forcément attribuée à une femme), une infirmière en conversation au téléphone. La suite de la séquence nous apprend que son nom est Lévêque. Le journaliste Pottecher fait son entrée derrière elle, par la porte qui permet de communiquer dans le réduit, l'entretien commence. Madame Lévêque lui apprend que l'hôpital possède 18 lits - 14 lits ordinaire, 2 lits de déchoquage et 2 cellules -, que ses admissions sont de 25 à 30 par jour (plus nombreuses en hiver qu'en été), et que l'encombrement est un problème fréquent qui amène à déplacer les lits dans des pièces non prévues à cet effet. Cut, Pottecher dans une chambre commune avec un infirmier qui lui explique que les malades qui devaient quitter l'hôpital aujourd'hui resteront dans cette pièce par manque de lits ailleurs. Une responsable, non nommée, intervient en expliquant que l'hôpital Bégin doit accueillir tous les malades qui s'y présentent, y compris ceux qui ne sont pas de sa circonscription. Il n'est pas possible d'évacuer ceux qui se font admettre entre 20h et 8h du matin. Si la place manque, il faut installer des lits dans les couloirs. Un médecin au téléphone, en communication avec un autre établissement, qui s'enquiert d'une place disponible pour un enfant de sept ans soupçonné de rubéole. Il fait six tentatives successives. Un médecin en entretien commente la situation en affirmant qu'elle se répète souvent, même pour les cas plus graves. "Il nous a fallu appeler 62 hôpitaux pour certains malades, notamment des femmes". Un autre médecin se plaint de l'encombrement des salles. (06:01)
"Monuments historiques, sites classés..."
Ext., travellings dans les cours de Bégin. Le commentaire explique que beaucoup d'hôpitaux ont été construits au XVIIe s, "et nous leur demandons d'assumer les besoins du XXe.". Nouvelle séquence tournée dans le Service des urgences de l'hôpital de la Conception à Marseille. Bloc opératoire vu en plongée. Voix qui explique qu'il s'agit d'un traumatisme crânien suite à un accident de voiture. Vue rapprochée sur le crâne ouvert pour montrer l'ablation du cortex qui vient d'être pratiquée dessus. L'équipe chirurgicale à l'oeuvre dans une ambiance de ruche efficace et calme. Commentaire : "Un homme vient d'être opéré d'urgence. Cette fois encore, tout s'est bien passé. Et pourtant, quelque chose ne va pas." Un chirurgien se plainte de l'exiguïté de l'espace dans le bloc, la salle ancienne où il a été aménagé n'étant pas adaptée à la chirurgie moderne. Il est nécessaire d'aménager un réduit pour les bouteilles de gaz anesthésiant et de laisser les conduites par terre. Vues sur les conduites et les bouteilles en question par un long travelling. Dans une salle commune, le médecin explique qu'il n'est pas possible, à cause de la trop grande affluence de l'hôpital et de la disposition de ses salles, de séparer les hommes des femmes dans un service de traumatologie. Un travelling le long des lits montre que des cloisons ont été aménagées pour permettre l'isolement. Une patiente interrogée se plaint de la présence des hommes qui dérange sa pudeur au moment des soins. Une autre patiente, plus âgée, abonde : "nous sommes comme des moutons". Un médecin explique que la disposition des patients complique des interventions qui, en neurochirurgie, supposent de pouvoir "tourner facilement autour du lit" et "d'avoir accès à la tête". Vues successives sur des patients alités en salle de réanimation, dont un bébé. Un médecin explique qu'elle a été aménagée avec des "moyens de fortune" et qu'elle est constamment surchargée. Vues en contreplongée sur la chapelle de la Pitié-Salpétrière, à la toiture reconnaissable qui en fait la signature-logo de l'établissement, puis travellings le long de bâtiments anciens. "Monuments historiques, sites classés datant d'une époque où la France ne comptait pas trente millions d'habitants. Aujourd'hui, c'est l'entassement. On le retrouve partout." (11:00)
- Qu'est-ce que vous lisez de beau? - Le déclin du jour...
Plans de coupe sur des personnes âgées qui errent dans la cour, désoeuvrées. "Une des causes principales est le manque de maisons de retraite". Dans une chambre commune, une infirmière fait le tour des lits, s'enquiert des nouvelles des différents pensionnaires. "-Qu'est-ce que vous lisez de beau? - 'Le déclin du jour' - Ah, très bien, de qui? - Ah, ça... - Vous avez oublié l'auteur? - ... de Germaine Beaumont! - Très bien!" Gros plan sur un exemplaire du magazine "Nous deux" que lit une des pensionnaires. Pottecher s'approche d'elle : "On vous dérange parce qu'on voit que vous lisez..." La pensionnaire abaisse le journal et dévisage le journaliste. Elle lui dit qu'elle lit beaucoup, surtout des "romans de cinéma". Elle ajoute qu'elle vit à la Salpétrière depuis 24 ans. D'autres pensionnaires expliquent pourquoi elles sont là. Solitude familiale, maison détruite... L'une d'elles répond qu'elle ne saurait pas où aller sinon, une autre répond qu'il faut bien s'adapter, une troisième ses plaint de la nourriture."-En somme, c'est pas mal ici quand même?.. - Faut bien s'y faire..." L'infirmière interrogée répond qu'elle connaît chacune d'elles. "Je connais leurs habitudes, leurs penchants, j'écoute leurs petites histoires..." Certaines sont exigeantes, ajoute-t-elle, "d'autres sont gentilles, c'est un monde... - Vous n'êtes pas en train de changer à force de les fréquenter, ça ne vous rend pas un peu triste? - Je me suis adaptée à elle. Quand je les quitterai, ça me fera un choc!" Succession de plans sur les vieilles femmes qui habitent ensemble dans la chambre commune. Certaines sont prostrées, d'autres tricotent, d'autres dialoguent d'une manière enjouée. "Les vieillards, au fond, il faut les comprendre. Et oui... " A Pottecher qui demande combien coûte la prise en charge d'une vieille pensionnaire - "une question peut-être un peu cruelle", convient-il -, elle répond, en le dévisageant : "Que faire d'autre? Si elles étaient chez elles, il y a longtemps qu'elles ne seraient plus en vie. tant qu'il y a de la vie, il faut s'en occuper". Le commentaire ajoute, sur un travelling qui montre les pensionnaires en train de manger le repas qui leur a été servi, que 24 ans de prise en charge "coûte environ 35 millions d'anciens francs". Nouveaux plans de personnes âgées, hommes et femmes confondus : regards hagards, main à la bouche, sourires dans le vide, dans une attitude d'éternelle stupeur. "Ces vieux ont-ils leur place dans l'hôpital d'aujourd'hui?" Plan fixe sur un vieil homme qui avance vers la caméra d'un pas lent, la saluant en levant sa canne, lui adressant un sourire facétieux. Le directeur, interrogé à son bureau, répond que "le vieillard est incontestablement un malade". Il ajoute que, contrairement aux animaux, il n'existe pas de société protectrice qui les accueille et les protège. La famille qui a confié "le vieux pour les vacances", à son retour, "trouve qu'on est quand même mieux quand il n'est plus dans l'appartement." L'administrateur fait état de conflits violents "entre les assistantes sociales de notre personnel, d'une part, et les familles qui se refusent à reprendre le vieillard". Musique mélancolique, un brin sinistre, interprétée à la flûte. Nouveaux plans pathétiques pour dépeindre la solitude miséreuse que partagent les personnes âgées à l'hôpital : un homme en pyjama s'appuie sur un chauffage pour regarder par la fenêtre les toits des bâtiments sur lequel flotte le drapeau français ; un autre cure ses dents avec la lame d'un vieux couteau : "voilà les vieillards en vacances." Longs travellings et panoramiques obliques sur des façades de bâtiments grisâtres, d'où la peinture est partie, aux conduites mises à nu, avec des charpentes précaires pour couvrir le seuil des portes. "Vieilles façades, vieilles structures, vieilles habitudes... et très vieux souvenirs." (18:56)
"un lit, une chaise... Un lit, une chaise..."
Interrogé, le Dr. Paul Milliez rappelle que jusqu'en 1946, les soins à l'hôpital sont gratuits. "Le médecin qui venait à l'hôpital touchait une indemnité de déplacement qui était de 10 000 anciens francs par mois... Il avait l'impression de jouer les seigneurs, de faire la charité." L'hôpital accueillait les personnes qui ne pouvaient s'offrir des soins à domicile. Le traitement touché par le médecin, sous forme d'honoraires, a été instauré avec la mise en place de la Sécurité sociale. "Aujourdh'hui, ajoute Pottecher, la médecine a changé, tout le monde vient à l'hôpital." Aussi, les vieillards que l'hôpital recueillait sont devenus "des indésirables", de même "les malades au long cours". Retour au directeur de l'hôpital qui rappelle que l'administration a mis en place "le programme des 2000 lits" destinés aux malades chroniques et installés dans un bâtiment spécifique. "Ce qui signifie, rétorque Pottecher, que les chroniques encombrent votre hôpital!". voix sèche du directeur : "non, ces malades ne nous encombrent pas." Il ajoute, cependant : "ces malades-là, dans leur intérêt et celui de l'administration, seraient mieux dans un établissement qui répond à leurs besoins". Long plan sur un vieil homme qui chausse ses lunettes, les déchausse, hoche de la tête, jette autour de lui des regards furieux. "Janvier 1967, 88000 lits de vieillards à créer, et 100 000 à moderniser : tel est le goulot d'étranglement à résorber de toute urgence dans l'appareil hospitalier français". Long travelling dans la salle commune, le commentaire énonce ce que l'on voit pour souligner la monotone pauvreté de moyens mis à disposition de chaque patient : "un lit, une chaise... un lit, une chaise..." Un médecin explique à propos de La Salpêtrière où il a exercé : "J'en connaissais toutes les pierres, et l'atmosphère générale me plaisait. Mais je n'aurais pas voulu y être malade!" il énumère : 2 lavabos pour 45 personnes ; des douches dans un pavillon à part ; 4 toilettes pour 5 chambres communes... "Il est un peu révoltant de dire qu'il y a des soins pour les pauvres et des soins pour les riches!" ajoute-t-il. Pour lui, le public n'est sensible à cette situation qu'à partir du moment où celle-ci le concerne. "Maintenant que l'hôpital moderne est devenu une centre de diagnostics, avec la possibilité de rassembler toute une gamme d'investigations qu'on ne peut pas faire ailleurs, ça concerne chacun d'entre nous et à ce moment là on commence à parler du scandale des hôpitaux..." Or l'hôpital pâtit depuis des décennies de "cet envasement, cet immobilisme, cette i différence de la totalité de la nation vis-à-vis de la santé et des centres où elle se distribue!" (23:56)
En finir avec le "climat folklorique et révoltant"
Plan sur un pan de mur couvert de panneaux indicateurs pour orienter vers les services. Le commentaire déplore que les centres de soins sont tantôt trop concentrés ou trop dispersés. Vue sur un bâtiment moderne. "Est-ce à dire que rien n'est fait?", ajoute le commentaire. Le médecin interrogé salue la qualité de la construction et la conception des services hospitaliers modernes : "le service où nous nous trouvons est un service magnifique, techniquement remarquable et même du point de vue hôtelier, il est est tout à fait satisfaisant." Vue sur une chambre moderne où le malade réside seul. Netteté de l'architecture, scintillement de l'émail du lavabo. "Nous sommes loin du climat folklorique et révoltant où j'ai vécu pendant vingt ans!". Nouvelle intervention du Dr. Milliez. Selon lui, on est "admirablement soigné" dans les hôpitaux publics. "Nous avons les meilleurs appareils, les meilleurs médicaments, nous avons la possibilité de donner les soins les plus chers et qui sont payés par la collectivité". Son ton est calme, il sourit. Sa préoccupation est visiblement de promouvoir la modernisation entreprise du secteur hospitalier, de rappeler ses avancées incontestables auprès d'un public habitué à un discours de plaintes à son sujet. Il déplore cependant le décalage "entre la qualité des soins et le travail que l'on fait faire à notre personnel, et nous finirons par avoir des soins de mauvaise qualité si on ne veille pas à ça." Il insiste sur leurs mauvaises conditions de vie et leur rémunération insuffisante. Plan de coupe sur Pottecher qui écoute, les bras croisés, concentré. Il personnifie l'opinion telle qu'elle réagit aux discours que véhicule le reportage.
Derniers plans sur la baie vitrée d'une salle de laboratoire : un schéma moléculaire en 3D et des flacons, posés sur son appui, s'interposent entre le regard et le paysage des bâtiments vétustes qui se déploie derrière, puis travelling avant qui mène vers la façade d'un bâtiment moderne aux dimensions imposantes. Musique énigmatique, sons abstrais qui expriment l'expectative à laquelle invite l'évolution du dossier. Interventions infographiques : "prochaine émission - les soignants". Défilement du générique.