La destruction des campagnols (1927)
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Sommaire
Générique principal
« Par R. Regnier, Docteur ès-sciences, Directeur de la Station Entomologique de Rouen. Production Jean Benoit-Lévy. Cinégraphie de Ed. Floury. Collection du ministère de l'Agriculture »
Contenus
Sujet
Les moyens de lutte contre la prolifération des campagnols.
Genre dominant
Résumé
Ce film présente d’abord le campagnol, son environnement, son habitat et son mode de vie. Après avoir évoqué les ravages causés dans les champs par ce rongeur, le film présente les moyens de lutte possibles. Ceux-ci comprennent des procédés classiques tels que les pièges, qui permet de capturer vivants les campagnols, ou les gaz, qui expulsent les rongeurs de leurs abris pour mourir aux orifices de ceux-ci. D’autres procédés, plus modernes, utilisent des substances toxiques non exemptes de dangerosité pour ceux qui en font usage, malgré leur efficacité. À l’Institut Pasteur, où le professeur Danysz a développé un virus, les souches sont préparées et le microbe multiplié à l’étuve. Le bouillon de culture est préparé, conditionné, stérilisé et étuvé afin de fournir un virus efficace aux agriculteurs. Des essais sont pratiqués sur des campagnols de laboratoire afin de vérifier sa virulence puis il est distribué dans tout le département. Le traitement total de champs entiers se traduit par l’éradication de colonies entières de campagnols et permet l’augmentation des rendements des récoltes.
Contexte
Les campagnols, considérés comme une calamité agricole depuis l’Antiquité, sont apparus en France au XVe siècle. Les dégâts infligés aux champs et aux récoltes sont attestés depuis le XVIIIe siècle, époque à laquelle se produisent les premières invasions. À la suite de celles qui se produisirent entre 1922 et 1924 et qui touchèrent particulièrement la Normandie, le film « La destruction des Campagnols » fut réalisé à la demande du département de Seine-Inférieure (aujourd’hui Seine-Maritime) pour présenter aux Agriculteurs les méthodes de lutte possibles.
Ce film fait partie de la centaine de films « agricoles » réalisés entre 1925 et 1935 par Jean Benoit-Lévy pour le ministère de l’Agriculture et qui, avec les films de Jean Painlevé, enrichirent la Cinémathèque que cette administration publique avait constitué dans le but d’enseigner aux exploitants agricoles les nouvelles méthodes et techniques de production.
Sources:
REGNIER Robert et PUSSARD Roger, "La destruction des Rongeurs par les Virus (suite et fin): La lutte contre les Campagnols en Haute-Normandie (1923-1924 & 1924-1925)". In : Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 5e année, bulletin n°51, novembre 1925, pp.854-863.
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Non.
- Séquences d'animation : Oui.
- Cartons : Oui.
- Animateur : Non.
- Voix off : Non.
- Interview : Non.
- Musique et bruitages : Non.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
Le film étant un film d’enseignement, son déroulement est très didactique. Il présente d’abord la cause des nuisances, puis les nuisances elles-mêmes. Enfin, durant la majeure partie de sa durée, il détaille les moyens de lutte, classiques et surtout modernes, et met en avant le travail de l’Institut Pasteur. Pour terminer, le film donne brièvement les premiers résultats de la mise en œuvre de ces méthodes.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Ce film ayant pour sujet les moyens d’éradication des campagnols, ce sont moins la santé et la médecine, en tant que telles, qui sont présentes ici que l’un de leurs aspects, à savoir la recherche, incarnée par l’Institut Pasteur. C’est dans ses locaux qu’est développé le virus permettant d’éliminer les campagnols.
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Projections itinérantes dans les villages
Communications et événements associés au film
Public
Exploitants agricoles
Audience
Descriptif libre
Un rongeur nuisible : le campagnol des champs
[00'42"]
Le film commence par la présentation, sur une main, du « campagnol des champs » qui fait des ravages dans les terres cultivées. Alors qu’un plan rapproché le montre maintenu en l’air par la main, des cartons précisent ces caractéristiques physiques. Deux rapides plans fixes et rapprochés dévoilent des trous parsemant une parcelle de terre et un campagnol entrant dans son abri par l’un de ceux-ci. Cet animal étant souvent confondu avec le mulot, les différences physiques de celui-ci sont précisées. Une animation montrant une parcelle vue d’en haut se transforme en un schéma décrivant le réseau souterrain complexe creusé par le campagnol dans un champ d’avoine. L’emplacement du nid, des magasins, des chambres de repos, des chemins de fuites et des orifices sont successivement indiqués. L’échelle du schéma figure en bas à gauche de celui-ci. Simultanément, des cartons donnent des informations sur l’organisation, par le campagnol, de son habitat et des fonctions de ces différentes composantes.
Dans un champ, un agriculteur retourne la terre à plusieurs endroits avec une fourche et découvre les réserves conséquentes d’épis de blé constituées par les campagnols et mis en évidence par des plans rapprochés. Une déchaumeuse ou un semoir tiré par un cheval et conduit par un autre agriculteur passe à côté de lui.
[03'55"]
Les moyens traditionnels de lutte : pièges et gaz
[03'55"]
Un plan général avec des paysans chargeant du blé à la fourche sur une charrette introduit l’étude de moyens de lutte contre les campagnols. Des plans rapprochés de l’enlèvement de gerbes de blé font apparaître des campagnols grouillants à la surface du sol. Deux paysans se ruent et réussissent à en attraper quelques-uns.
[05'46"]
Une technique traditionnellement utilisée est le piège. Un focus montre un trou « de 15 à 20 centimètres de diamètre et de 40 cm de profondeur ». Trois campagnols y tombent successivement et n’arrivent plus à en ressortir. La technique des gaz est présentée sous la forme d’un homme s’équipant, suivant le « procédé Allienne », d’un appareil léger rempli « d’anhydride sulfureux (SO²) », le gaz à l’effet le plus radical sur les campagnols. Un plan descendant retrace le cheminement du gaz depuis le ventilateur, actionné par une manivelle, en passant par la « tuyère », jusqu’aux « orifices des galeries ». Un plan d’ensemble montre l’homme évoluant au milieu du champ à la recherche de celles-ci. L’injection de gaz est visible qui y est faite est visible en plan rapproché par les vapeurs s’en échappant. Un autre plan rapproché fait apparaître un campagnol émergeant d’une galerie à la recherche d’air. Mais, enveloppé par les vapeurs de gaz, il finit par succomber.
[08'45"]
Un carton défilant présente les différents appâts en distinguant ceux qui présentent un risque, du fait de la présence de strychnine ou d’arsenic, et ceux qui sont inoffensifs, tel le « pain baryté », dont le carton précuise la composition. Un technicien de laboratoire transvase de la baryte d’un bocal à un verre à expérience qu’il verse ensuite dans un récipient à moitié rempli de farine. Il y ajoute un peu d’eau contenue dans un erlenmeyer et remue le tout avec un pilon comme le montre un plan rapproché en plongée. Sur un deuxième plan du même type, précédé d’un carton expliquant la scène, il étale la pâte avec un rouleau à pâte puis il la découpe en long avec un couteau pour obtenir des tranches qu’il sectionne en dizaines de petits morceaux de « 1 cm3 ». Ceux-ci seront placés « devant les trous les plus fréquentés. » Le plateau où sont alignées ces portions est lentement retiré du champ de vision de la caméra.
[11'01"]
Un moyen moderne de lutte : le virus Danysz de l’Institut Pasteur
[11'01"]
Un carton présentant le virus mis au point par le professeur Danysz « de l’Institut Pasteur » introduit celui-ci, qui regarde la caméra, puis dans un microscope. Le dessin d’une image microscopique avec des microbes apparaît, puis le professeur revient à l’image, se redresse et regarde à nouveau la caméra. Un focus s'élargit et fait apparaître une technicienne de laboratoire effectuant un prélèvement aseptique « du sang d'un campagnol mort de cette maladie ». Un plan rapproché en montre le détail avec le cadavre ouvert du rongeur, fixé par six épingles. Le cœur est sectionné au ciseau et extrait avec une pince, laquelle est ensuite utilisée pour faciliter le prélèvement sanguin par aspiration dans une pipette. Retour à un plan général avec la technicienne vue de face à sa table. Elle prend successivement, dans la poche gauche de sa blouse, une petite puis une grande éprouvette, les fait chauffer brièvement à la flamme et dépose dans chacune une part du prélèvement sanguin avant de les remettre en poche.
[12'55"]
Entre deux cartons décrivant la poursuite du processus, un plan fixe montre une « boîte de Roux, contenant de la gélose peptonée » et ensemencé d'un bouillon peptoné dans lequel s'est fait la multiplication à l'étuve du microbe. Un plan général figure la technicienne qui siphonne, à l'aide d'une « pipette en quartz », le « bouillon de son stérile » des microbes qu'il contient et envoie ceux-ci dans chacune des boîtes que lui présente successivement ses collègues. L'une de celle-ci prend les boîtes vides et les donne à l'autre pour le remplissage, avant de le reprendre et de les fermer. Deux plans rapprochés montrent la brève chauffe de la pipette à la flamme, la dépose des microbes dans la boîte et la fermeture de celle-ci, ainsi que la prise de boîtes vides et la dépose des boîtes pleines. Les gestes des techniciennes sont parfaitement coordonnés. Le lavage de la gélose permet le recueil du virus et son aspiration, via une pipette, dans une allonge, dont une des deux techniciennes figurant à l'image fait préalablement le vide par expiration dans celle-ci. Elle est ensuite utilisée pour la brève chauffe et le remplissage des « ampoules », visibles en plan rapproché. Deux techniciennes effectuent le scellage des ampoules à la lampe pour expédition « au centre de fabrication du virus », où le virus est multiplié. Un nouveau plan rapproché met en évidence l'étiquette « virus contagieux ».
[15'22"]
Le processus de fabrication du virus
[15'22"]
La fabrication du virus se fait « sur place » pour garantir son efficacité et sa livraison « en grande quantité » aux agriculteurs. Un ouvrier du site de fabrication prépare le « bouillon de culture » en déposant du son en plusieurs poignées sur la coupelle d'une balance, jusqu'à atteindre la valeur de « 50 grammes ». La balance ayant basculé, il retire la coupelle et étale le son sur une feuille de papier pour ensuite le verser dans « un récipient de deux litres ». Plusieurs plans rapprochés entrecoupés de cartons montrent le versement du son et l'ajout, avec la même feuille de papier, de « 10 grammes » de sel, des « 3 à 4 grammes » de « traces de glucose », des « 5 grammes » de « craie pulvérisée », d'un « extrait de viande » pouvant être remplacé par « 2grammes de peptone » et de « 2 litres d'eau », ces derniers versés d'une bouteille. Le même plan rapproché montre la fermeture du récipient par un bouchon et son capitonnage avec du « papier fort ». Celui-ci est posé sur le récipient et serré avec une ficelle fermée par un nœud. Un autre plan rapproché en plongée montre l'ouvrier déposant quatre récipients dans un stérilisateur et fermant hermétiquement celui-ci par vissage d'écrous. Les récipients y sont maintenus « à 120° pendant 20 à 25 minutes », ce qui entraîne la destruction du « Bacillus subtilis » et facilite « le développement du B. typhi murium ».
[17'30"]
À l'Institut Pasteur, deux techniciens de laboratoire procèdent, « avec le contenu d’une ampoule » et avec le maximum d’asepsie, à l’ensemencement du bidon refroidi. Un plan rapproché met à nouveau en évidence l’étiquette « virus contagieux » sur l’ampoule que l’un des techniciens serre dans une pince pour la passer à la flamme, afin de l’ouvrir par fonte du verre. Son collègue approche le bidon de la flamme et l’ouvre brièvement pour que le contenu de la lampe y soit versé. Il le referme aussitôt et le recouvre d’un papier fort qu’il serre avec une ficelle fermée par un nœud. Les deux cartons suivants indiquent que les bidons sont étuvés durant une vingtaine d’heures « à 35-37° » et précisent que la virulence de la culture et sa richesse en microbes sont garantes de son efficacité. Un plan général montre un technicien de laboratoire secouant un bidon et l’ouvrant pour y effectuer un prélèvement sur la culture qui y est contenue. Après l’avoir refermé et mis de côté, il prend la plaquette de verre posée devant lui, la passe rapidement à la flamme et y dépose la culture. Il repasse ensuite plus longuement la plaquette à la flamme, en un mouvement de va-et-vient ; puis il y verse de l’eau stérilisée comme le montre un plan rapproché. L’observation au microscope est montrée par un plan analogue.
[19'05"]
Les campagnols sur lesquels est vérifiée la virulence du virus sont abrités à la « Station », dans des « cages spéciales ». Un employé de celle-ci se rend avec une coupelle d’avoine à l’une des cages, l’ouvre, y jette une poignée de graines et la referme. Cependant, il ne s’agit pas d’avoine ordinaire, car un plan rapproché montre une pipette aspirant du bidon une partie de la culture de microbe et la projetant sur une coupelle en verre contenant de l’avoine. Celle-ci est remuée avec une baguette et versée dans une petite auge. Comme le montre un plan analogue, la cage est ouverte et refermée à deux reprises, d’abord pour la dépose de l’auge, puis pour la dépose du campagnol. Un gros plan met en évidence le comportement du campagnol, en proie à l’excitation, aux frissons, avant de succomber après six jours, comme cela est visible sur un autre gros plan.
[20'50"]
La livraison du virus aux agriculteurs de Seine-Inférieure
[20'50"]
Un plan fixe présente « M. Labounoux, Directeur des Service Agricoles » sous la direction duquel a été créé un « Service de lutte » en Seine-Inférieure, après que « 50.000 hectares » aient été envahis par les campagnols.
Une camionnette est chargée de 40 bidons, contenant du virus pour 800 hectares, par deux employés de la « Station Entomologique de Rouen », sous la surveillance d’un cadre. Le plateau est refermé par un panneau en bois, la bâche est redescendue. La camionnette franchit le portail de la station et part livrer le virus aux agriculteurs. Ceux-ci, mis au courant par le maire, viennent récupérer les bidons. Dans la cour de sa ferme, un agriculteur verse le contenu du bidon dans un autre bidon contenant 18 litres d’eau, puis il remue le tout avec un bâton pour diluer le virus. Le mélange ainsi réalisé est déversé « sur un tas de 150kgs d’avoine » préalablement aplati, ce qui permet de traiter « 15 à 20 hectares ». L’avoine est ensuite imprégnée par des pelletées régulières.
Un plan général montre un champ où sept paysans avancent en ligne, face à la caméra. Comme cela est visible sur un plan rapproché, ils déposent de petites pincées d’avoine imprégnée dans les principaux orifices. Le carton précédant la scène précise que ce traitement ne doit pas être effectué par temps pluvieux ou neigeux.
[24'45"]
L’épandage, le contrôle et les résultats obtenus
[24'45"]
Un nouveau plan rapproché d’un soc de charrue retournant la terre introduit le contrôle de l’épandage, effectué après deux semaines. Une charrue tirée par trois chevaux et menée par un paysan passe et découvre les nids des campagnols. D’autres paysans accompagnés d’un chien viennent derrière. Un plan analogue montre le chien cherchant frénétiquement ces nids. Entrecoupés de deux plans généraux de la charrue continuant son travail, deux autres plans rapprochés présentent le dégagement, avec une spatule, de la paille recouvrant deux de ces nids. Ce sont respectivement sept et une dizaine de cadavres de campagnols qui sont alors trouvés et trois gros plans en montrent l’un ou l’autre. Un carton précise que la période la plus favorable au traitement est « Octobre à Janvier », où la vie en communauté des campagnols favorise la contamination.
Un carton défilant indique que ce sont des récoltes équivalant à « 50 millions de francs » qui ont été sauvés en Haute-Normandie « depuis 1923 », du fait de l’importance des progrès réalisés par « la technique d’application du virus », et que des hectares où se trouvaient « près de 8.000 campagnols » ont donné « 34 quintaux de blé ». Une carte animée de la région avec les principales villes, excédant le cadre de l’écran, fait apparaître les résultats obtenus dans plusieurs secteurs et, en grisé, les meilleurs d’entre eux. Un plan panoramique de paysans fauchant le blé à la faux, un focus sur des épis dorant au soleil et la signature de Jean Benoit-Lévy concluent le film.
[28'49"]
Notes complémentaires
Références et documents externes
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Emmanuel Nuss