Naissance de l'hôpital
Vue en plongée sur les toits de l’hospice de Beaune. « Elle était à l’abri des brigands à la Guerre de Cent Ans. Célèbre aujourd’hui pour son hôpital au XVe siècle. » Célèbre avant tout en tant que site de tournage de « La grande vadrouille » de Gérard Oury, en 1966, ce que le film ne précise pas… Voix off du chancelier de Bourgogne qui a fondé l’hospice, Nicolas Rolin, « homme d’affaires habile et retors » ajoute le commentaire. 1452 : le premier malade est reçu à l’hôpital, « neuf jours plus tard, on y enterre le premier trépassé. » Emplacement du puits, traveling le long de la façade de la grande salle des malades, puis la cour avec sa petite porte « pour recevoir les malades en danger de mort. » Gravures d’époque, les étagères de l’apothicaire « aux remèdes peu efficaces mais les seuls connus de l’époque ». L’intention du film, comme nous le vérifierons plus loin, n’est pas de réhabiliter la médecine de cette époque, mais de montrer l’organisation du lieu, déterminée par la religion, l’autorité politique, les préjugés sociaux, autant que par l’institution soignante. Un porche mène à une autre cour : « à l’abri du regard des malades, le cimetière. » Longs travellings sur les fameux toits au tuilage en camaïeu ocre, orange et rouge. « L’hôpital, désormais, prend en charge les malades, les lépreux, les pestiférés. »
Une organisation inefficace
Travelling latéral sur la succession des alcôves aux rideaux ouverts. Un religieux écrit son étonnement : « on n’y sent aucune puanteur malgré le grand nombre de malades ». Chœur religieux et orgues pour nous rappeler l’ancrage ecclésiastique de l’hôpital. Vue sur un retable montrant la parousie : au paradis au moins, les souffrances du malade prendront fin, car « l’hôpital au Moyen Âge prépare à la bonne mort. » Le film insiste sur quelques opérations courantes, mais « plus fréquente, l’agitation inefficace autour du malade. » Vues sur des peintures des pensionnaires et des religieux qui les prennent en charge. « Mais où sont les exclus ? » Une question qui fait écho aux travaux de Michel Foucault ? Le commentaire ne le cite pas. Les pestiférés, « terreurs des médecins », sont chassés dans une léproserie située à Meursault.
Beaune aujourd'hui
Aujourd’hui, l’hospice de Beaune fonctionne encore, accueillant les personnes âgées. En voilà quelques-qunes, assises au milieu de la grande salle des malades. Les vignes sont encore entretenues. Le film s’achève sur une dernière vue des toits.