L'alimentation en eau d'une ville (1966)
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Sommaire
Générique principal
« Dans la série animée par Michel Denel Avec le concours de la Compagnie générale des eaux et la participation de Monsieur Dubinde l'École de travaux publics et de la S.E.T.U.D.E. C'était une émission de Pierre Legout / Images J.C. Rahaga, François Pailleux / Son Christian Hackspill / Maquette Roger Herot / Animations Alain Gilbert, Michel Voillot / Montage Michèle Vosgin / Assistant de réalisation Claude Weisz »
Contenus
Thèmes médicaux
Sujet
Dans la série « Étude du milieu », explication des techniques d'alimentation et d'évacuation des eaux. Reportage sur une station d'épuration parisienne.
Genre dominant
Résumé
Le réalisateur a conçu son film avec une visée d'information et d'explication. La découverte des circuits existants qui permettent l'alimentation d'une ville en eau est guidée par un animateur endossant ici le rôle de professeur, amenant les élèves à comprendre, grâce à des moyens pédagogiques, le fonctionnement d'un circuit complexe.(notice CNDP)
Contexte
L'approvisionnement de Paris en eau
Depuis l'Antiquité
L'approvisionnement en eau potable et l'évacuation des eaux usées sont une préocupation majeure et des défis permanents pour la ville de Paris. Les aqueducs antiques portent l'eau jusqu'au coeur de la cité tandis que la ville médiévale s'appuie sur les nombreux puits et surtout sur la Seine. C'est dans la Seine que l'on puise l'eau, c'est la Seine qui alimente les fontaines, c'est aussi dans la Seine que se déversent les eaux usées. On y construit, à l'époque moderne des pompes, la Samaritaine ou la pompe de Notre-Dame et on ajoute pour répondre à une demande croissante, les eaux du canal de l'Ourcq, réalisé sous la direction de Pierre-Simon Girard (1765-1836). Mais dèjà les médecins hygiénistes tels Alexandre Jean-Baptiste Parent du Châtelet (1790-1836) alertent sur l'insalubrité du fleuve et les cloaques responsables d'épidémies.
Les grands travaux du XIXe siècle
Le baron Haussmann et l'ingénieur Belgrand entreprennent sous le second empire des travaux de grande ampleur qui consistent à doter Paris de trois réseaux. En premier, un réseau d'eau potable en allant capter des sources extérieures à l'agglomération et en les transportant par des aqueducs. En second, un réseau d'eau de service, pompée dans la Seine, dédiée à l'entretien des voiries. En troisième, un réseau d'assainissement qui permettait de capter les eaux usées des habitations. La réalisation de ces réseaux d'eau potable et de service nécessite alors de construire de grands réservoirs tels que celui de Belleville, de Montrouge et de Passy, qui seront approvisionnés en eaux de Seine. C'est en 1828 qu'est installée sur une langue de terrain située entre le quai d'Auteuil et la route de Versailles, une pompe à feu permettant de puiser l'eau dans la Seine et de l'élever dans un réservoir situé à proximité du cimetière de Passy. L'objectif est d'alimenter en eau les communes indépendantes d'Auteuil et de Passy. Ces communes sont considérée à l'époque comme de véritables lieux de villégiature : l'air y est plus pur et les points de vue sur le fleuve sont plaisants. Ainsi, cette nouvelle usine positionnée dans un cadre bucolique ressemble bien plus à une construction rurale qu'à un édifice à vocation industrielle.
La pompe à feu d'Auteuil, restée en fonction jusqu'en 1883, ne pouvait répondre à la demande d'alimentation du grand réservoir de Passy, ce qui a ainsi nécessité l'augmentation des capacités de pompage sur le site. Une nouvelle usine a alors été construite en 1900 sur le site d'Auteuil. Elle bénéficiait des plus récentes innovations en matière de dispositifs de pompage. L'architecture du bâtiment a hérité d'un savoir-faire spécifique qui marque toute la production industrielle de la fin du XIXe siècle. Les caractéristiques techniques de cette usine sont les suivantes : la hauteur ascensionnelle entre le niveau de la Seine et le réservoir de Passy est de 55 m, le débit pompé est de 65 000 m3/jour réparti entre 3 machines à vapeur.
Les travaux haussmanniens ont permis de repenser l'ensemble de la chaîne hydraulique, depuis la captation des eaux claires jusqu'à la perte des eaux usées. "Les canalisations sont enfouies, communicantes, censées atteindre chaque maison dans un mouvement de flux et de reflux." (Georges Vigarello, Histoire des pratiques de santé, 1992, Paris, P. 241) Les sources lointaines sont préférées aux rivières voisines. Innovation de l'égout collecteur au dernier tiers du XIXe siècle, le tout-à-l'égout parisien est mis en place en 1860. Mais en 1892, seules 290 villes sur 691 distribuent l'eau sous pression. (Jean-Pierre Goubert, La conquête de l'eau, 1986, p. 198).
Au XXe siècle
Du fait des progrès techniques réalisés dans le domaine des pompes à vapeur, dont l'usage permettait de réduire les coûts de production, l'usine devient rapidement obsolète. En 1925, une seconde usine à vapeur est construire à côté de la première, qui fonctionne jusqu'en 1951. Un troisième bâtiment est érigé la même année,occupé par le Service de l'Assainissement et des Égouts dans lequel est réalisé un premier traitement : dégrillage et dessablage des eaux d’égouts refoulées dans le collecteur principal qui rejoint les champs d'épandage de la région parisienne. Est ensuite mise en place la collecte des eaux usées en provenance des quartiers situés en rive gauche, par le biais du siphon de Mirabeau sous la Seine. Ce siphon est nettoyé grâce au système qui avait été mis au point par Belgrand. L'usine qui occupe le premier bâtiment est désaffectée depuis 1955. La deuxième usine a fonctionné à partir de 1925 jusque dans les années 50 où les machines à vapeur ont été remplacées par des groupes électrogènes qui relèvent l'eau de la Seine et la renvoie directement dans le réservoir de Passy en Eau non potable. Pendant les Trente Glorieuses, l'émergence des grands ensembles permet l'équipement des logements individuels populaires en eau courante.
Le Mouvement Contre l'Armement Atomique
Dans une des scènes du film figure une affiche militante appelant à une marche "contre toutes les bombes et pour le désarmement" pour le compte du MCAA (Mouvement Contre l'Armement Atomique). sa création est alors récente : en février-mars 1963, pour se démarquer du Mouvement de la paix qui est lié au parti communiste, le journaliste Claude Bourdet lance, avec le soutien du Parti socialiste unifié (PSU) dont il est un des fondateurs et des dirigeants. Claude Bourdet est président de ce Mouvement, et le biologiste Jean Rostand son président d’honneur
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Oui.
- Images d'archives : Oui.
- Séquences d'animation : Oui.
- Cartons : Non.
- Animateur : Oui.
- Voix off : Oui.
- Interview : Oui.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
L'émission utilise une multiplicité de supports didactiques et de dispositifs télévisuels : des schémas dynamiques, une maquette évolutive, des reportages commentés en voix off, des photos, des images d'archives, un micro-trottoir. Ils alternent pour rendre aux élèves le sujet dynamique et ludique, avec pour volonté de leur proposer une méthode d'enquête à poursuivre. De plus, l'adresse de l'animateur est directe afin de soutenir leur attention. Le fond sonore est constitué de mélodies évocatrices puisqu'il s'agit entre autres d' « À la claire fontaine » et de « L'Eau vive ».
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Une mise en garde est faite sur la vigilance dont il faut faire preuve en ce qui concerne la provenance des eaux consommées.
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Télévision (les 13 et 20 mai 1966)
Communications et événements associés au film
scolaire
Public
scolaire
Audience
Descriptif libre
Carton de la série : "Etude du milieu" précédé d'une animation montrant un détective muni d'une loupe.
Introduction : chant et plaques de rues
Chant d'enfant : A la claire fontaine. Vue d'une fontaine du parc du Luxembourg, vue d'une fontaine de village, vues de plaques de noms de rues dont le nom comprend le mot 'fontaine': 'rue de la fontaine du but' etc. Sur une carte de France en animation, apparition de localités dont le nom comprend le mot 'fontaine'. Face caméra, le présentateur, Michel Denel, rappelle que pour alimenter une ville en eau, "on est obligé de la chercher fort loin." Dézoom qui montre que Denel se tient devant une maquette de site rural avec la représentation d'un village et d'une rivière. "L'eau bien entendu, est en contrebas." Muni d'une cassotte (que le présentateur décrit plus loin comme un type d'arrosoir), il puise de l'eau dans la rivière. "Il faut l'élever et la transporter", poursuit-il en ramenant la casserole vers sa poitrine. Il évoque ensuite le stockage et l'écoulement de l'eau puisée. Il met en garde contre le geste de boire de l'eau non traitée. Il ne recommande pas pour autant de ne boire que de l'eau minérale. Certaines eaux minérales ayant une fonction "de médicament", leur usage "peut être dangereux à la longue". Evocation, au moyen de films d'archives et de gravures, des premiers modes d'acheminement de l'eau, sur un circuit court, avec le relais des porteurs d'eau. Témoignage vocal (joué?) d'un porteur d'eau qui décrit son cadre de travail et indique les tarifs qu'il pratiquait.(04:04)
Le découpage territorial en bassins
Pour montrer le mode moderne d'acheminement de l'eau, Denel installe un tuyau sur sa maquette, reliant la rivière au village, puis une "usine élévatoire, avec une pompe entraînée par de puissants moteurs". Le réservoir qui stocke l'eau "est appelé château d'eau". Pour assainir l'eau, l'usine est complétée par une autre usine qui la traite. Il ajuste sur le tuyau un rond de carton qui figure le "compteur" pour mesurer la consommation. Denel complète le système en ajoutant un égout qui évacue l'eau auquel il faut aussi associer une usine de traitement si l'eau a été chargée de produits toxiques par son usage industriel. Le traitement de l'eau à grande échelle impose un autre mode de découpage du territoire français : le découpage en bassins. Carte de France animée selon ces circonscriptions "qui divisent administrativement le pays selon les lignes de partage des eaux".
Les étapes du traitement de l'eau
Evocation des premiers systèmes d'élévations d'eau, dont la noria (roue munie de palettes) que va remplacer celui des électro-ponts. Evocation du stockage de l'eau avec une vue en plongée d'un château d'eau. Evocation de l'évacuation des eaux usées. "Lui, vous le voyez tous les jours...", apostrophe le commentaire sur une vue de balayeur de rues agitant l'eau qui s'écoule le long de la bordure du trottoir. "... Mais vous connaissez moins l'intérieur des égouts." Vue d'ouvrier dans un conduit souterrain. Evocation de l'épuration de l'eau pour la rendre potable. Illustration par une expérience de filtrage et de décantation dans des récipients de verre, laquelle a été montrée "dans une autre émission" : pour souligner ce chaînage éditorial d'une émission l'autre, mise en abyme de l'image, celle-ci à présent contenue dans un moniteur de télévision. Evocation de l'usage de l'ozone pour traiter l'eau (qui s'est substituée à celui du chlore). Denel exhibe une brochure de 180 pages dans laquelle sont recensés les "laboratoires qui s'occupent du problème de l'eau". Il ajoute : "Vous voyez, le sujet est vaste, je ne risque pas de l'épuiser". (12:40)
"Cette eau là, c'est de l'eau sacrée"
Denel invite ensuite les élèves qui regardent l'émission (durant tout son cours, il ne cesse de s'adresser à eux par des regards caméras et par des apostrophes verbales) à enquêter dans leur environnement sur le sujet de l'eau. Séquence dans Passy (XVI arrdt de Paris), où Denel fait le reporter en interrogeant un passant qui se rend devant une fontaine pour remplir un bidon avec son eau. Le passant lui répond que cette eau vient d'un forage à 600 ms de profondeur, "par conséquent, c'est de l'eau qui est pure". Plan de coupe sur une plaque posée sur le corps de la fontaine indiquant qu'il s'agit d'un puits artésien mis en place en 1855. Une femme âgée répond qu'elle trouve cette "eau très bonne" et qu'elle la préfère à l'eau du robinet qui contient de la javel, un homme répond en haussant des épaules que "sa femme préfère celle-là". D'autres personnes se présentent avec bouteilles, bidons ou bonbonnes. La plupart évoque la présence de javel dans l'eau du robinet pour préférer celle de la fontaine. Un homme prétend suivre l'exemple du père de Brigitte Bardot qui, selon "le journal" employait la fontaine de Passy pour s'alimenter en eau. Un agent de police municipal qui assiste à ce défilé le commente avec amusement : "je crois que cette eau-là, c'est de l'eau sacrée". Selon lui, les personnes qui viennent la chercher lui confèrent des vertus médicales, ou bien c'est par économie. A noter que sur le corps de la fontaine subsistent les lambeaux d'une affiche militante appelant à une marche "contre toutes les bombes et pour le désarmement" pour le compte du MCAA (Mouvement Contre l'Armement Atomique).
L'usine de l'Oise : moderne et sûre
Visite d'une usine de traitement d'eau sur le canal de l'Oise, guidée par un ingénieur. Selon lui, les consommateurs n'ont plus de raisons de se plaindre de la qualité de l'eau. Il propose à Denel de tester deux verres d'eau, lune contenant de l'eau minérale, l'autre contenant de l'eau du robinet. Denel s'exécute, boit aux deux verres. "je suis absolument incapable d'établir une différence", convient-il. L'amélioration de la qualité de l'eau de ville vient des nouvelles techniques pour la traiter, explique l'ingénieur. Il ne s'agit plus de filtration lente et d'emploi de chlore, mais de filtration rapide et emploi d'ozone. Le rendement de l'usine actuelle est 20 fois supérieure à celui de l'usine ancienne. Les étapes pour traiter l'eau : passage par une grille, puis par électro-pont. Schéma hydraulique à l'appui des vues réelles. Focus sur les étapes de "floculation" qui consiste en l'ajout d'un produit pour coaguler les particules microbiennes en suspension, puis sur la décantation qui met en jeu trois bassins en béton armé, puis la filtration par le sable, puis l'ozonisation qui implique des "ozoneurs", appareils de grande dimension et de forme cylindrique. L'entretien avec l'ingénieur se déroule dans les locaux techniques de la nouvelle usine, impressionnants de modernité, avec leurs tableaux de commande chromée que manient des ingénieurs en blouse blanche. Montage alterné entre la "salle des commandes" et le bassin pour montrer qu'appuyer sur un bouton suffit à agir sur l'eau. Pour expliquer comment s'opère le contrôle de l'eau, l'ingénieur montre des poissons qui évoluent dans un aquarium aménagé dans l'usine - "ils sont beaucoup plus sensibles que nous aux produits toxiques dans l'eau" - puis un employé qui vient tester l'eau qu'il fait couler d'un robinet comme il doit le faire toutes les demi heures - "c'est un métier qui demande une certaine abnégation parce qu'ils sont obligés de ne jamais fumer, jamais boire d'alcool parce que ça amoindrirait les qualités de leurs papilles gustatives". (26:30)
Pour finir, Denel invite les élèves qui regardent son émission à "continuer cette enquête" en allant voir comment s'opère l'alimentation en eau de leur localité.
Notes complémentaires
Références et documents externes
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : France Garat