Jeux de coucou (1980)

De Medfilm



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Titre :
Jeux de coucou
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
16 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Carton : "Auteurs et réalisateurs : Julian de Ajuriaguerra - I. Casatti - D. Sechan"

Contenus

Sujet

Explication du jeu du coucou et exemples des usages pédagogiques de ce jeu.

Genre dominant

Film de recherche

Résumé

Ce film explique l'intérêt que prend jeu du coucou dans l'éveil de l'enfant, par des cartons explicatifs et différentes situations filmées dans le cadre familial.

Contexte

Le jeu de coucou

Le jeu du coucou permet à l'enfant d'expérimenter la permanence de « l'objet » de prendre conscience que « l'objet » reste présent même si on ne le voit pas. Il permet d'apprivoiser la séparation entre l'enfant et sa mère. Ce jeu est l'occasion d'une joie intense pour l'enfant, un moment privilégié. Il est devenu un outil d'outil pour les pédiatres. Le coucou caché repose sur la même grille émotionnelle que celle que Freud a appliquée sur le comportement de son petit-fils lors de l’expérience dite du « for da » (loin, près), encore appelée jeu de la bobine. W. Ernest Freud, 18 mois, joue avec une sorte de yoyo et répète inlassablement « for, da ». Freud constate alors que son petit-fils rejoue un traumatisme : la séparation et les retrouvailles avec sa mère. Le jeu du coucou-caché contribue ainsi à l'acquisition de ce que Jean Piaget a nommé la « permanence de l'objet ». « La permanence de l’objet se construit petit à petit et prend place vers 18 mois. Le coucou-caché permet justement d’en faire l’expérience « je ne te vois pas, mais je sais que tu es là ». En 1976 paraît l'ouvrage Play : Its Role in Development and Evolution. Un de ses articles, « Peek-a-boo and the learning of rule structures » de Jerome Seymour Bruner et Virginia Sherwood qui s’intéresse aux jeux du coucou.

La production filmique de Julian de Ajuriaguerra

Collaboratrice de Julian de Ajuriaguerra, Marguerite Auzias décrit les intentions et les modalités de sa production filmique : "Julian de Ajuriaguerra réalise plusieurs films d'étude durant ses années d'enseignement au Collège de France où il tient la Chaire de Neuropsychologie du développement de 1976 à 1982. Pendant ces années, il anime avec son équipe des recherches sur le nourrisson. Ils ont été réalisés à partir de séquences de films de recherches longitudinales sur le développement normal du nourrisson durant les deux premières années de la vie. Ces films, selon Julian de Ajuriaguerra, doivent permettre de mettre en évidence les perspectives évolutives et comparatives du développement. Ils contribuent à une sémiologie propre à l'enfant dans un but thérapeutique. Selon lui, photographie et film sont des outils de recherche qui permettent une observation concrète et précise des fonctionnements et leur mise en relation avec l'état comportemental du moment. Ils sont à même de susciter une émotion qui fait mieux comprendre le sens et l'essence des comportements étudiés. Pour certaines études, il choisit de filmer les bébés nus, car il veut observer les corps des bébés en mouvement et ainsi mettre en évidence l'interrelation tonico-émotionnelle. Certaines séquences sont tournées dans des situations de tout-venant, sans préparation spéciale, le bébé allant et venant selon son bon plaisir, les parents lui parlant, l'embrassant, le câlinant, le nourrissant, le baignant, l'habillant, l'endormant ou jouant avec lui selon l'heure. Pour certaines recherches, cependant, des situations standardisées sont aménagées en fonction d'un sujet délimité comme les déplacements, les mouvements spontanés avant sept mois comme le planeur, des comportements de tendresse. Ces situations standardisées aménagées sont toujours organisées dans le milieu normal de l'enfant, sa salle de crèche, ou son domicile. Les bébés, familiarisés de longue date avec les membres de l'équipe et les séances de filmage, finissent par ignorer la caméra et le caméraman. Cela permet d'éviter tout effet de sidération. On recueille avec la caméra ce que les bébés donnent à voir. Il en ressort un stock de documents filmiques très précieux. Le film constitue une observation à disposition. Ces documents sont ensuite analysés dans le détail ; c'est le matériau d'élaboration patiente à l'aide de grilles d'analyse. Puis vient le temps de la discussion et l'élargissement de celle-ci à des problèmes connexes et plus vastes englobant le thème étudié. Pour Julian de Ajuriaguerra, les théories évoluent, mais les descriptions restent, il est alors nécessaire d'aboutir à une sémiologie riche et précise. Ces films sont d'une qualité particulière. Ce ne sont pas des films à thèse cherchant à passer un message ni des films pédagogiques ; ce sont des films d'observation, imparfaits du point de vue technique, mais montrant des bébés dans des situations bien définies, qui se comportent en fonction de leur âge, selon leurs penchants naturels et leur humeur du moment. Ils ont la fraîcheur de leurs comportements spontanés." (d'après le commentaire Marguerite Auzias, Présentation des films de recherche de l'équipe Ajuriaguerra - Auzias, Centre Hospitalier Sainte-Anne, 2017).

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Les cartons du film indiquent une définition ou expliquent à l'avance la scène qui leur succède. Les plans sont toujours centrés sur l'enfant, y compris lorsqu'il est en interaction. Il n'y a qu'un seul fondu au début du film, les plans sont coupés et s’enchaînent brusquement. Il n'y a que les bruits ambiants et les voix des séquences filmées qui sont présents dans le film. Parfois, ces bruits continuent après la fin de la séquence filmée.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

La médecine intervient par le discours analytique et informatif véhiculé par les cartons. Julian de Ajuriaguerra apparaît dans deux des films. À chaque fois, il initie l'interaction avec le bébé.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Film montré dans la sphère de l'enseignement et la recherche.

Communications et événements associés au film

Public

Public professionnel.

Audience

Descriptif libre

Introduction

Les cartons sont sous forme de textes tapuscrits sur une feuille de papier blanche. Carton : "Jeux du coucou". Carton : "auteurs et réalisateurs Ajuriaguerra, Casatti, Sechan". Deux clichés en noir et blanc du même bébé apparaissent alternativement deux fois : étendu sur un tapis, tantôt il met ses mains sur ses yeux (une des deux mains écartées de son œil pour qu'il puisse regarder quand même), tantôt il tend les bras et regarde l'objectif. Nouveau carton qui explique comment ce jeu s'inscrit dans le processus d'éveil puis présente la démarche du film : "Ce sont des jeux d'alternance : disparaître - réapparaître ; (se) cacher, (se) montrer ; ils illustrent l'ambiguïté de certains jeux. Leur évolution est la suivante : d'abord l'adulte provoque le jeu, ou il donne un sens à un jeu moteur fonctionnel de l'enfant. Puis le jeu s'alimente lui-même dans la répétition : l'enfant s'engage dans la réciprocité, enfin, il prend l'initiative à son tour". Carton qui fait suite : "Nous présenterons les documents en partant des jeux élaborés chez les enfants les plus âgés pour terminer sur les premières ébauches du jeu de "coucou". Le film propose ainsi un exposé qui s'appuie sur une succession de situations de scènes mettant en jeu des enfants de plus en plus jeunes.

Des jeux élaborés

Carton : "Emilie 19 mois, cache spontanément un jouet derrière son dos. "Où il est ? Cherche !" dit-elle. Elle tourne finalement le dos, persuadée ainsi que son partenaire ne peut voir le jouet caché..." À l'image, le jeu se noue avec un autre enfant, un garçon âgé d'environ dix ans, après une minute d'interaction avec lui.

Carton : "Aliénor, 18 mois 22. Cela ne plaît pas trop à Aliénor d'être elle-même cachée ; par contre, dans des rires ambigüs, elle semble réclamer : "Fais-moi peur!.." En plan moyen, caméra porté qui suit l'évolution de l'interaction entre l'enfant et sa mère, restant centré sur l'enfant pour observer ses attitudes selon les différentes situations de jeu qui lui sont proposées. La scène se déroule dans un salon d'appartement ancien, meublé de manière moderne, équipé d'un combiné de téléphone, d'une chaîne hi-fi et d'un poste téléviseur. Des livres d'enfant sont posés sur le sol, une poupée est laissée sur le sofa : dans cette pièce commune, l'enfant a ses marques. Le jeu se fait avec un pan de tissu blanc. D'abord posé sur l'enfant, puis retiré d'un geste brusque, il en rit. La mère applique ensuite le tissu sur son visage, fait "ooouuh.." pour imiter le fantôme, puis le retire en présentant à l'enfant son visage souriant. L'enfant rit, tend le tissu pour que le jeu recommence de cette manière. La mère s'exécute plusieurs fois de suite, l'enfant rit et crie d'excitation, chaque fois tend le tissu pour que le jeu se répète. Quand la mère met le tissu sur l'enfant, celui-ci se retire pour s'en défaire. Cette version du jeu lui convient moins comme l'a souligné le carton. En revanche, ce dont il n'est pas question dans le carton, c'est la fin de la séquence où la mère qui s'est rapprochée de l'enfant étend le tissu sur leurs deux têtes, les isolant ainsi du monde extérieur. Cette initiative nouvelle plaît à l'enfant qui en rit, et lorsque la mère s'éloigne de lui, le dégageant de l'enveloppe commune, l'enfant se rapproche et cherche à soulever ce tissu pour revivre la situation. (03:53)

Carton : "Julen, 14 mois 22. Après des jeux pour faire apparaître et disparaître la lumière de la lampe, puis celle du jour, Julen induit un jeu de coucou avec sa mère..." Gros plan sur Julen, aux cheveux bouclés et au regard clair, vêtu d'une salopette rouge. La caméra desserre, il est dans un salon, marche entre la table basse et le canapé, rejoint une lampe sur pied posée sur un guéridon, actionne l'interrupteur, la lumière s'allume. Il fait le tour du plateau du guéridon pour rejoindre le voilage qui couvre la fenêtre, se glisse derrière, avance en poussant le tissu translucide vers sa mère assise sur un fauteuil installé en angle droit avec le canapé. Jeu avec la mère qui avance son visage nu vers elle qui conserve le sien sous le voilage, rires de l'enfant et de la mère. L'enfant s'extrait du voilage, fait quelques pas en s'éloignant de sa mère, regarde la caméra, prend acte de la présence filmante, puis recommence son manège. (05:18)

La maîtrise du jeu de coucou

Carton : "Vincent, 14 mois. Disparaître, (faire) attendre, réapparaître... L'acquisition de la marche est récente." L'enfant est nu, en couche-culotte, il va et vient entre deux femmes, l'une installée dans un fauteuil, l'autre assise sur un lit. Caresses et chatouilles, rires de l'enfant. Il va se placer derrière un rideau de perles placé devant la porte de la chambre, la femme assise sur le lit dit : "Coucou !", l'enfant s'extrait du rideau et marche en souriant dans la pièce. "Marianne, 13 mois 18. De loin et de près. L'abri, l'écran, et l'autre." L'enfant, nu, avance à quatre pattes derrière une table légèrement tirée à l'écart du mur contre laquelle elle était rangée. Il va et vient entre le dessous du plateau et le bord de la table où il sollicite des regards hors champ. Cut, Marianne évolue à quatre pattes sur le sol en lino d'une pièce où d'autres enfants sont présents. Pano pour la suivre, une femme en blouse, également assise au sol s'écarte pour ne pas obturer l'image par sa présence. Nous sommes sans doute dans une garderie, ou un établissement pédiatrique. Marianne est revenue sous la table, un autre enfant la regarde. Elle se redresse, communique avec lui. (07:38)

Carton. "Charlotte, 12 mois, reprend à son compte le jeu induit par sa mère..." La ponctuation des cartons privilégie l'usage des points de suspension, comme si les observations notées ne devaient pas se suffire à elles-mêmes, mais appeler un travail d'interprétation de la personne qui regarde les images. Charlotte quitte le chien étendu sur un canapé pour rejoindre la couverture étendue au milieu de la pièce. Sa mère, placée près d'elle, relève un pan de la couverture pour l'en recouvrir. Charlotte le rabat, au moment où sa tête réapparaît, sa mère fait : "Coucou !", elle sourit. La mère dit : "Encore ?" comme Charlotte se recouvre de la couverture, refaisant son geste. Cri de plaisir quand après s'être à nouveau dégagée du bout de tissu, elle se retourne vers sa mère. Gros plan sur l'enfant qui reprend la couverture, son babillage dans la bande-son. (08:52)

Les débuts du jeu de coucou - attente et surprise

Carton avec l'indication donné en tête de chapitre ci-dessus. Nouveau carton : "Marie-Christine, 7 mois 25, alterne ouverture et repli dans une séquence ludique à trois... " Un enfant tenu uniquement de sa culotte, porté par sa mère. Julian de Ajuriaguerra apparaît dans le champ bord-cadre gauche. Il se penche vers le bébé et émet de petits appels pour le faire réagir. Le bébé tantôt le regarde tantôt l'évite en tournant son visage vers sa maman. Ajuriaguerra lui fait un bisou sur l'épaule, elle sourit et tapote avec sa main l'épaule de sa mère, finalement elle pivote et le regarde franchement. Il s'approche d'elle, lui caresse le torse, la prend dans ses bras et se penche bord-cadre droit pour aller la poser au sol. (09:49)

Nouveau carton. "Julien 7 mois 21, peut se débarrasser du foulard en posture assise ; chaque fois surpris, il partage ensuite le rire de l'adulte..." Un bébé sur les genoux d'une femme, de nouveau Ajuriaguerra se penche sur lui pour attirer son attention depuis le bord-cadre droit. En effet, le bébé lève les yeux vers lui, se plaçant derrière la femme assise, il étend un foulard devant elle et le bébé, puis laisse tomber le foulard et apparaît, accroupi, face à elles. L'enfant émet un petit rire et sourit avec satisfaction. Ajuriaguerra recommence l'opération. (10:26)

Carton : "Tristan, 7 mois, utilise la facilitation offerte par la position couchée pour enlever le tissu puis le replacer sur son visage..." En plongée, un bébé allongé sur le dos sur un tapis molletonné, une femme penchée sur lui. La caméra resserre sur eux deux. La femme lui pose sur le visage un pan de tissu rouge, il l'ôte de son visage et répète l'opération sur lui-même de sa propre initiative. (11:09)

Jeux corporels et jeux d'alternance

Carton : "Jeux corporels et jeux d'alternance - interprétés par l'adulte comme intentionnels". Nouveau carton : "Sandrine, 6 mois, se cache derrière sa robe, puis derrière son propre corps..." Allongé sur le dos sur un tapis, un bébé en robe, une femme agenouillée près de lui met le pan de la robe sur le visage, le bébé l'ôte de son visage et recommence l'opération sur lui-même de sa propre initiative. Gazouillis pendant que l'opération se renouvelle plusieurs fois et que la femme dit : "Coucou !". Les jambes du bébé s'agitent, exprimant l'excitation. La caméra resserre sur le bébé qui reste statique avec le pan de jupe relevé. Assis dans un mini-transat, toujours montrée en plongée oblique, Sandrine relève le pan de sa jupe puis ses jambes, puis place ses bras devant son visage, toujours avec l'idée de se cacher. Une femme se penche sur elle, l'interpelle : "Qu'est-ce que tu fais, tu te caches ? Sandrine, je te vois !" Gros plan sur Sandrine pendant l'interaction qui se poursuit.

Carton : "Juliette, 5 mois, au réveil..." Le bébé allongé dans le berceau, nu. Il lève sur lui un tissu molletonné. Il pleure, ramène ses pieds sur lui. Carton : "Julen, 4 mois et demi, au réveil..." L'enfant est allongé sur le ventre, dans son berceau. En bord-cadre gauche, une tête d'adulte intervient, des paroles se font entendre pour solliciter le bébé. Celui-ci tantôt regarde l'adulte, tantôt rabat sa tête vers le lit pour se cacher le visage. Un sourire lui vient au passage de l'une à l'autre attitude. Le bébé est positionné sur un duvet, l'adulte le sollicite avec la tête, il gazouille de plaisir, attend le retour de ce contact.

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Notes complémentaires

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Clément Cabirol, Joël Danet