Information sexuelle (1970)

De Medfilm



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Titre :
Information sexuelle
Série :
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Durée :
28 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

Générique de début : Information sexuelle. Une émission de Guy Prébois. Série : « Entrer dans la vie ». Année : 1970.

Générique de fin : c’était INFORMATION SEXUELLE 1. Animée par Thérèse QUEVAL et Paul GERON. Avec le concours de Colette HU, Jacqueline KAHN-NATHAN, Claudine MAULAT, Jean ORMEZZANO, Geneviève RONECKER, Christine VERDOUX. Image Roger LEDRU, Alain BERNARD, André DINO, Marcel DURAND, banc titre Lucien LE DEUF, son Youri KOROLKOFF, Claude ORHON, montage Jacqueline BRACHET. Réalisation Guy PREBOIS, assisté de Françoise LACOURIE

Contenus

Sujet

Connaissances et interrogations des adolescentes et adolescents à propos de la sexualité.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Un groupe de lycéens et de lycéennes parisien de quinze à dix-sept ans est invité à discuter de sexualité hétérosexuelle sous la direction d’une intervenante (enseignante, médecin ou psychologue, le film mentionne que ce sont les trois catégories professionnelles derrière l’émission, mais ne donne pas plus de précision). Les jeunes abordent successivement les thèmes de l’anatomie génitale, des menstruations, de la masturbation masculine, des relations de couple (flirt et mariage), de la contraception et de la reproduction. Ils sont invités à noter leurs questions dans le cadre de l’enquête menée par les intervenants. Ces derniers ne donnent aucune réponse aux interrogations des participants, mais mènent la discussion en posant continuellement de nouvelles questions sur la base des sujets que les adolescents viennent à aborder.

Contexte

L'éducation sexuelle dans les années 70

Les cours d’éducation sexuelle relèvent officiellement de l’Education nationale depuis une circulaire du 23 juillet 1973. La “circulaire Fontanet”, du nom du ministre de l’Education de l’époque, abordait alors la question ainsi : “Il a longtemps été admis que les éducateurs devaient tenir les enfants à l’écart des problèmes de l’âge adulte, et plus spécialement à l’égard de ceux qui concernent la sexualité. Mais les fables racontées aux plus petits et le silence opposé aux plus grands paraissent aujourd’hui chargées d’inconvénients très lourds, du double point de vue de l’évolution psychologique et de la relation de l’adolescent à l’adulte. Ils sont devenus inacceptables du fait de la civilisation ambiante, de l’évolution des modes de vie, du recrutement mixte des établissements.”

Ces cours d’éducation sexuelle demeurent toutefois facultatifs, même si 1973 marque une accélération sans équivalent de la prise en compte d’une question apparue en France … 55 ans plus tôt. C’est en effet en 1918 que le terme “éducation sexuelle” surgit en France, d’après l’historienne Yvonne Knibielher. Entre l’immédiat après-guerre et 1973, son histoire sera jalonnée par différentes initiatives locales, mais un large silence plus général. Ces initiatives éclosent grâce à des pionniers, qui œuvrent en parallèle du monde médical. La sexologie, qui arrive un peu plus tard en France que dans les pays voisins, émerge en effet aux alentours des années 1910. Les initiatives les plus progressistes viendront souvent de personnalités liées à la santé, qu’il s’agisse du mouvement pour la planification des naissances, ou de la pionnière féministe Berty Albrecht, une infirmière née à Marseille en 1893 et initiée au féminisme auprès de militantes britanniques.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Oui.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Oui.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

À l’exception de la séquence fictive de l’introduction, le film consiste en un échange sur un plateau. La caméra cherche à restituer l'évolution des échanges selon les prises de parole et les réactions qu'elles déclenchent (elle peut resserrer sur une personne qui réagit plutôt que sur une personne qui parle). La difficulté à discuter des différents sujets provoque des silences, des rires nerveux, des regards au sol, que le film assume.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Le film propose trois formes de représentations de la santé et de la médecine : - À travers la médiation interrogative de l’intervenante qui ne donne aucune réponse, mais reformule en terme plus ou moins scientifique les interrogations des adolescents.

- À travers les images des interludes des différentes phases du débat : image d’une plaquette de pilule, image d’un accouchement en hôpital… - À travers le discours des participants eux-même, leurs questionnements et leurs affirmations. Cependant, le discours sur la santé et la médecine s’entremêle avec des discours sur la place de la sexualité dans la vie de l’individu et de la société.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Télévision, programme scolaire

Communications et événements associés au film

Public

Public de secondaire et professionnels de l'éducation.

Audience

Descriptif libre

En préambule, une citation du film de François Truffaut : Les mistons

Le film s’ouvre par une séquence extraite du court métrage réalisé par François Truffaut en 1957 : Les mistons. La jeune femme sur une jeune femme, interprétée par Bernadette Laffont, en robe entrant dans le cadre à vélo dans une forêt sur une musique joyeuse, elle dépose son vélo contre un arbre et descend par un chemin probablement pour aller se baigner dans la rivière. Au même moment un groupe d’enfants trouve son vélo, il est probable qu’ils l’aient suivi, car ils semblent savoir à qui il appartient. La voix off, qui se superpose à la bande son originale du film de Truffaut, fait un état de l’information sexuelle des jeunes : « de tous temps » elle se faisait « dans la rue et dans la cour de récréation ». Elle ajoute que la diffusion de la sexualité dans la culture a pu laisser penser que les besoins en informations des jeunes adolescents étaient satisfaits. Ses paroles sont prononcées alors que la caméra fait un plan rapproché sur le visage de l’un des jeunes garçons reniflant la selle du vélo de la jeune femme et y collant son visage. Ce plan est mis en ralenti par la réalisation de l'émission qui le reprend. « Il n’en est rien, continue la voix off, car en partie cette information ne correspond pas à la demande des adolescents. » La jeune fille reprend son vélo. Nouveau plan sur le même groupe d’enfants, vus de dos. Ils attendent impatiemment que la jeune fille ne sorte par une porte, derrière laquelle elle a rejoint son petit ami. Le groupe suit le couple dans un théâtre romain tandis qu’ils s’embrassent, les siffles, hurlent et s’agitent, ils sont excités par la scène. Lorsque le couple quitte la scène les enfants les suivent. La voix off annonce le but du film, présenter la démarche de recherche d’un groupe de médecins, psychologues et enseignants visant à déterminer les besoins en information sexuelle des jeunes. Carton "information sexuelle 1." (02:05).

Présentation du principe de l’émission

Plan d’ensemble sur un groupe de jeunes, filles et garçons réunis sur un plateau. Ils sont installés sur des sièges disposés en rond. La voix off nous indique qu’ils viennent d’un lycée de la région parisienne et sont âgés de 15 à 17 ans. On leur a demandé de formuler leurs besoins en information sexuelle. Muriel (cheveux noirs), l’une des adolescentes prend la parole (elle occupera majoritairement le temps de parole) : elle ne sait rien sauf ce qu’on lui a dit dans la rue ou que ses parents (elle parle de son expérience, mais emploie des formules impliquant l’ensemble du groupe) ont pu leur dire. Cette formulation générale est recadrée par l’intervenante. Réorienter le questionnement constitue l’essentielle de ses interventions. Elles visent à identifier en termes scientifiques et/ou pédagogiques les questions que posent les participants et participantes avec leurs propres formules souvent maladroites. La gêne qui gagne l'assistance des jeunes est rendue très perceptible par leurs regards fuyants la caméra, fixant le sol, leurs silences prolongés et leurs rires nerveux. Le commentaire revient sur cet aspect : "Les rires sont souvent venus couper le débat, révélant parfois un malaise, parfois une fuite". Les échanges ne sont pas toujours médiés, le film capte les dialogues spontanés entre les jeunes. L’intervenante est un "jeune professeur" assistée par une éducatrice spécialisée "à un moment, précise la voix off, où l'entretien languissait." Nous voyons à l'image le plan correspondant à son intervention. La voix off nous indique que certaines questions, non formulées pendant l'émission, ont été inscrites par les jeunes sur une feuille, qu'ils ont remise à la fin de la séance. Une réponse leur sera apportée "après l’extinction des caméras". Cette initiative permet de les satisfaire sans qu'ils aient à attendre la réalisation des cinq émissions prévues sur le sujet (05:34).

Premier interlude : l'érotisme dans le paysage culturel contemporain

Succession d’image sur fond de musique rock : manchette de journal, photographie retouchée de John Lennon et Yoko Ono posant nus, images de femme en soutien-gorge transparent posant pour la marque Boléro (publicité ou photo érotique, la réalisation joue sans doute sur l’ambiguïté, l'accroche au bas de l'affiche est ainsi formulée : "Pour la mode des robes fluides, des pulls près du corps, Boléro lance ses fameux transparents"), plusieurs panoramiques verticaux descendants sur des hommes nus avec fondu au noir avant de pouvoir apercevoir leur sexe (on reconnaît Salvatore Adamo, Jairo et Claude François), photo de deux femmes nues que l’on devine s’embrasser. Le dernier plan montre une fillette nue sur une plage. Nous remarquons que la nudité masculine est autant évoquée que la nudité féminine comme objet de désir. (06.30)

Menstruation et masturbation masculine

Retour au plateau. Le groupe aborde les questions suivantes : une fille qui n’est plus vierge peut-elle porter des tampax (pour tampon hygiénique), qu’est-ce que les menstruations, d’où proviennent-elles (reformulation par l’intervenante des questions des garçons), quel est l'équivalent des règles chez les garçons ? Cette question amène le sujet de la masturbation. Muriel pense qu’elle correspond à une sorte de cycle menstruel masculin. L’intervenante demande au garçon d’expliquer la masturbation. Ceux-ci ne parviennent pas à détailler la pratique et s’interrogent sur l’existence d’une masturbation féminine. La question n’est pas reprise par l’intervenante, qui recentre Muriel sur la question des règles. Mais l'échange revient rapidement sur la masturbation masculine, sa fréquence ? Ses conséquences sont comparées à celles qu'entraînent les règles sur la vie quotidienne (sport, crampe…). (11.04).

Deuxième interlude : Le couple adolescent, la tendresse sans sexualité

Alternance d’images de couples hétérosexuels enlacés, marchant bras dessus, bras dessous, s’embrassant sur le nez ou le front, dans les cheveux. Beaucoup de visages en gros plan pour insister sur le partage des sentiments plutôt que sur la sexualisation des corps qui faisait l’objet du premier spot. (12.04).

Le flirt

Muriel et Philippe discutent de la signification du flirt. Ils sont visiblement plus à l’aise sur ce sujet que sur celui de la sexualité, même si cette thématique n’est pas complètement absente de leur propos. L’opposition fille (Muriel presque seule), garçon (une bonne partie des garçons du groupe) se cristallise autour de la valeur et de l’intérêt du flirt. Muriel reproche aux garçons d’envisager le flirt en termes de prestige et de compétition masculine au mépris des ressentis de leurs partenaires. Les garçons reprochent à Muriel d’envisager le flirt en termes trop peu récréatifs, trop « sérieux » à 16 ans. Par ailleurs, Muriel dénonce une surveillance plus accrue de la part des parents sur les filles que sur les garçons. Ils sont stricts avec les filles, plus conciliants avec les garçons. (17.38)

Troisième interlude : Photo de femmes au quotidien

Enchaînement de photos de jeunes femmes ou de femmes presque adultes : portraits qui montrent la diversité de leurs aspects physiques, de leurs environnements (la chambre, la nature), de leurs expressions (rêverie, défi, apaisement).

La virginité masculine et féminine

Après une petite coupure, l’un des garçons demande à quoi reconnaît-on la virginité d’une fille. L’intervenante lui demande si cette question de la virginité est aussi importante chez les filles que chez les garçons. Pour la majorité des participants (mais on peut relever que certaines personnes demeurent silencieuses), la virginité des femmes est importante, il revient aux garçons jouer le rôle d'"initiateur". Une seule fille soutient que l’expérience sexuelle chez les femmes est préférable, ce qui peut être l'opinion d'un garçon d'après ce qu'elle a entendu dire. (21.47)

Quatrième interlude : le couple en peinture

Enchaînement de peintures de la Renaissance représentant des femmes et des chérubins, ou Adam et Eve au jardin d’Éden, curieusement associé à une musique psychédélique. La caméra zoome sur les signes d’affection ou les marqueurs du couple. Baisers, doigts se rejoignant, regards échangés. Les thèmes des interludes précédents sont repris : la nudité, le couple amoureux et une évocation de la sexualité (22.34)

Le rapport sexuel, la contraception et la procréation

La caméra surprend Muriel en conversation avec des garçons : "Une fois que c'est fini, vous la laissez bien tomber !" dit-elle avec une moue. De manière générale, la discussion semble plus libre. Les esprits sont plus échauffés par les débats précédents, les participants s'expriment plus spontanément. L’intervenante oriente la conversation sur les moyens de contraceptions : la pilule et les « chambres à air », « les préservatifs », reprécise-t-elle en ajoutant qu’ils sont masculins et féminins. (24.43)

Cinquième interlude : grossesse et accouchement

Série de photos : petite fille proche du ventre de sa mère enceinte, femme enceinte à l’hôpital, photo d’accouchement où le médecin prend la tête du bébé entre les mains. Depuis le début de l’émission, un cheminement se fait : partant de l'évocation d’une sexualité récréative, nous progressons vers les thèmes du flirt, du couple, du mariage et enfin de l’accouchement. À ce titre, le film est autant une enquête sur les besoins en informations sexuelles, entendues au sens scientifique, mais également social, qu’une entreprise de promotion, même indirecte, d’un cheminement social qui doit mener du flirt à la parentalité. (25:10)

L’accouchement : le père doit-il y assister ?

Le public est divisé sur la question : les garçons craignent que l’accouchement ne les traumatise. La voix off supplante progressivement la discussion, elle explique qu’au cours des prochaines émissions, certaines inexactitudes seront corrigées. Elle ne précise pas lesquelles. (26.18).

Annonce du sujet des prochaines émissions par des cartons et des images : les appareils génitaux (schémas), le flirt et le couple (photo d’un couple marchant en forêt), la fécondation et l’accouchement (photo d'une plaquette de pilules, un schéma d’ovule en cours de fécondation, des images d’accouchement et d’enfant, une photo d’adolescent épanoui). La voix off invite les spectateurs à écrire et adresser les questions qu’ils aimeraient voir traitées par l’émission. (L’adresse n’est pas indiquée).

Générique de fin (27:42).

Notes complémentaires

Références et documents externes

GIAMI Alain, « Une histoire de l’éducation sexuelle en France : une médicalisation progressive de la sexualité (1945-1980) », Sexologie, 2007, n°16 (3), p. 219-229.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Hypolite Spitz, Joël Danet