Humaniser l'hôpital (1979)

De Medfilm



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Titre :
Humaniser l'hôpital
Série :
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
26 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Interview de Jean Marc Simon sur les efforts faits par l'administration pour humaniser l'hôpital

Genre dominant

Émission de plateau

Résumé

Le professeur agrégé de médecine Jean Paul ESCANDE présente l'émission "Parlons de médecine", diffusée sur Antenne 2. Il a pour invités la médecin généraliste Catherine DOLTO et le directeur du plan à l'Assistance Publique de Paris Jean Marc SIMON. Cet épisode est consacré à la question de l'humanisation de l'hôpital et se présente sous la forme d'une interview, M. ESCANDE posant les questions et M. SIMON y répondant, avec deux interventions de Mme DOLTO.

Contexte

L'émission est tournée après la grande réforme hospitalière de 1958, initiée par Robert Debré, qui aboutit la modernisation structurelle du système et la création des CHU qui combinent le soin, l'enseignement et la recherche.

Les hôpitaux après la Seconde Guerre mondiale

Au début des années 1950, les hôpitaux comprenaient des dortoirs de 25 à 30 lits. Des patients atteints de diverses pathologies étaient parfois groupés pour les isoler des patients vivant leurs derniers instants. Face à ces conditions désastreuses d’hébergement, les malades rechignaient à fréquenter les hôpitaux sauf ceux qui étaient situés dans les villes sièges des écoles ou facultés de médecine et bien entendu les hôpitaux de Paris intra-muros, car c’est là que s’exprimait la médecine de pointe servie par des Professeurs d’Université dont le temps se partageait entre les cours magistraux et l’hôpital le matin et la réception de la clientèle privée en cabinet libéral l’après-midi. Le soir, c’était les internes qui assuraient la contre-visite des malades et quelques médecins résidents, c’est-à-dire salariés à demeure, pourvoyaient aux urgences. Pour accueillir la clientèle des assurés sociaux, il fallait rénover les hôpitaux. S'ouvre alors la période d’humanisation des locaux par la suppression des salles communes et la création des chambres à 1 voire 2, et exceptionnellement 4 lits. C’est aussi l’effort de rénovation pour suivre le progrès médical avec la création de grands laboratoires communs à tout hôpital, supprimant en conséquence les petits laboratoires de service. La qualité des soins allait de pair avec la qualité d’hébergement.

Par ailleurs, encore au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la médecine française souffrait de la distanciation entre la pratique médicale (en cabinet libéral) et la pratique hospitalière où le médecin passait quelques heures par jour et enfin l’enseignement où le professeur transmettait ses connaissances à des élèves qui n’étaient pas obligés de suivre des stages hospitaliers, excepté lorsqu’ils étaient reçus au concours de l’externat. (d'après : Clément, Jean-Marie. « Pour une histoire des réformes hospitalières », Revue d'histoire de la protection sociale, vol. 2, no. 1, 2009, pp. 103-117. )

Une nouvelle politique hospitalière

C’est le Professeur Robert Debré qui va décider son fils Michel Debré, tout nouveau Premier ministre de la Ve République de créer le concept de Centre Hospitalier Universitaire regroupant le Centre Hospitalier Régional dont la création était l’œuvre de la régionalisation à l’époque de l’État français (1940-1944) et l’université médicale ou la faculté de médecine, sans cependant attenter à l’autonomie de chacun de ces établissements.

La création du CHU est précédée, sinon préparée, par trois ordonnances importantes. Celle du 11 décembre 1958, accompagnée du décret n° 58-1202, portant réforme hospitalière, fonde trois instances nationales ayant pour missions la conception de la nouvelle politique hospitalière et le contrôle de sa mise en oeuvre : la Commission nationale de l’équipement hospitalier, le Conseil supérieur des hôpitaux et le Conseil supérieur de la fonction hospitalière. Les commissions administratives des hôpitaux voient leurs membres passer de sept à neuf, dont trois représentant le conseil municipal. Dans les établissements de plus de 200 lits, les pouvoirs du directeur sont élargis à l’ordonnancement des dépenses et à la perception des recettes, pouvoirs jusque-là détenus par le président de la commission administrative. L’ordonnance du 13 décembre institue les coordinations des établissements de soins comportant une hospitalisation avec obligation de déclaration préfectorale pour la création de tout établissement de santé privé. L’ordonnance n° 58-1373 du 30 décembre fonde l’hôpital universitaire. Les dispositions concernant la création des CHU et la réforme des études médicales sont réparties entre le Code de l’éducation et le Code de la santé publique. L’idée directrice du Pr Robert Debré est d’unir par convention les grands hôpitaux publics et les facultés de médecine, tout en garantissant leur personnalité morale et leur autonomie financière. L’ordonnance est votée au cours du dernier Conseil des ministres de l’année 1958. La période est historique, puisqu’elle se situe entre la IVe République finissante et la Ve, dont la Constitution a été promulguée, mais qui n’a pas encore de président officiel. La quasi-totalité des textes est élaborée par le Comité interministériel présidé par Robert Debré.

Assistance Publique - Hôpitaux de Paris

L'Assistance publique de Paris est créée en 1849 pour succéder au Conseil Général des Hospices de Paris. Elle prendra à partir de 1991 le nom d' Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Entre 1969 et 1985, le directeur est Gabriel Pallez. Il s'inscrit dans la continuité de l'après-guerre en favorisant l'aménagement et la modernisation des structures hospitalières. Pour permettre ces aménagements, l'administration générale de l'Assistance Publique a mis en place des plans d'action. Jean Marc SIMON est le directeur du septième plan de l'Assistance Publique.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Oui.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Oui.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Comme il s'agit d'une interview, la caméra suit le flot des paroles et passe d'un intervenant à l'autre. La présence de diapositives qui coupe les séquences plateaux avec M. ESCANDE qui fait les commentaires en voix off permet de détailler les idées développées lors de l'interview et aide à convaincre le spectateur de leur bien-fondé.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Comme le souligne M. ESCANDE, il s'agit de présenter un problème de société plus qu'un thème médical à proprement parler. Cet épisode expose la volonté de moderniser les hôpitaux afin d'améliorer le confort des patients. Les projets de l'État dans ce domaine sont expliqués et l'aspect relationnel entre corps médical et patient est mis en avant.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Émission de télévision diffusée sur Antenne 2, le 14 mai 1979.

Communications et événements associés au film

Inconnu.

Public

Audience télévisuelle.

Audience

Descriptif libre

Préambule

[0:00-0:23] Générique.
[0:23-2:07] Introduction

M. ESCANDE apparaît en gros plan et présente le thème de l'émission en montrant, grâce à des diapositives, l'évolution des hôpitaux en France. Il explique que l'hôpital a pendant longtemps fait peur à la population en raison de ses conditions de séjour. En 1979, les patients ont envie d'hôpitaux avec un grand confort, similaire à celui des hôtels. Il enchaîne avec la présentation des deux invités : Jean Marc SIMON (directeur du plan à l'Assistance Publique de Paris) et Catherine DOLTO (médecin généraliste). La caméra montre les différentes personnes au moment en s'accordant avec les propos de M. ESCANDE. Au cours de l'interview, la caméra alterne entre gros plan et plan d'ensemble, en favorisant nettement le gros plan. Les personnes apparaissent au moment où elles s'expriment ; elles sont parfois brièvement montrées lorsqu'un des autres intervenants parle.

Entretien [2:07-25:23]

Première Question (les questions sont toutes posées par M. ESCANDE) : Pourquoi veut-on humaniser l'hôpital ? Les désirs du public sont-ils pris en compte ?

Réponse de M. SIMON : Les besoins liés au milieu hospitalier sont différents d'avant. Au début, l'humanisation était relativement facile, car il fallait juste rénover les hôpitaux devenus vétustes (les structures datant pour la plupart de la Première Guerre mondiale) et ne convenant plus aux patients. Maintenant, l'humanisation est bien avancée, mais l'administration cherche toujours à satisfaire les nouvelles attentes du public au travers de questionnaires.

Deuxième question : Pouvez-vous expliquer le but de ces questionnaires et rassurer le public ?

Réponse de M. SIMON : Les questionnaires ont pour but d'améliorer les services de santé. Ce que les patients y écrivent ne change en rien la qualité des soins qui leur sont fournis. Lorsque l'on regarde le contenu des questionnaires, on note une envie de plus de confort avec notamment la présence de téléphones dans les chambres, ainsi qu'une demande de relation corps médical-patient plus conséquente. Une série de diapositives commentées par M. ESCANDE apparaissent à l'écran. On y voit des salles communes et des sanitaires vétustes. La dernière diapositive tranche avec la précédente en montrant la façade en béton d'un hôpital "moderne".

Troisième question : "Humaniser le béton" est une de vos expressions, M. SIMON. De quelle manière cela se fait-il?

Réponse de M. SIMON : Tout d'abord par la suppression des lits dans les salles communes. Cela ne signifie pas que les chambres individuelles sont privilégiées par les patients, ces derniers préfèrent souvent les chambres à deux ou à trois lits, car ils se sentent moins seuls. Humaniser le béton, c'est aussi augmenter le personnel hospitalier afin de favoriser le rapport humain. Cela explique l'augmentation des dépenses de santé.

Quatrième question : Mme DOLTO, cela vous embête-t-il d'envoyer des patients à l'hôpital ?

Réponse de Mme DOLTO : Souvent, car il n'y a pas de relais entre le médecin traitant et le médecin d'hôpital ce qui inquiète les patients. M. ESCANDE fait remarquer qu'il s'agit d'un problème qui ne concerne pas l'administration, que seule la communauté des médecins peut faire évoluer la manière dont les dossiers sont transmis d'un médecin à l'autre.

Cinquième question : Est-ce que trop humaniser ne serait pas néfaste?

Réponse de M. SIMON : Cela dépend des structures. Pour les maisons de cure / hospices, il est important de poursuivre les aménagements, car les patients y résident pour de longues périodes et ont donc besoin de se sentir comme chez eux. Dans les hôpitaux, les aménagements sont différents, surtout avec l'arrivée de l'hospitalisation ambulatoire. Il faut également éviter la surhumanisation des hôpitaux.

Sixième question : Jusqu'où envisage-t-on d'aller ?

Réponse de M. SIMON : Encore une fois, cela dépend des structures.

Septième question : Le bénévolat est important, le trouvez-vous bénéfique ?

Réponse de M. SIMON : Il y a quelques décennies, les bénévoles n'étaient pas très bien organisés. Ils se sont depuis constitués en associations, ce qui est une évolution positive, car ils collectent les dons et accompagnent les malades. Attention toutefois à ne pas se substituer au corps médical.

Huitième question : Que dire de la politique des soins ambulatoires ?

Réponse de M. SIMON : Pour moi, il s'agit de la forme la plus parfaite de l'humanisation, car les patients retrouvent rapidement le confort de leurs domiciles. Les soins ambulatoires doivent être encore développés avec la participation du corps médical et en fonction des avancées technologiques.

Neuvième question : Qu'en est-il des soins à domicile ? Est-ce un progrès ?

Réponse de M. SIMON : Oui. Les soins à domicile représentent de nos jours un hôpital de 500 lits, ce qui n'est pas négligeable. Mais le développement de ce type de soins dépend plus des médecins que de l'administration.

Dixième question : Justement, les médecins sont-ils assez formés pour participer activement à l'humanisation ?

Réponse de M. SIMON : Le principal obstacle n'est pas les médecins, mais plutôt l'incompatibilité entre la technicité et la communication.

Intervention de Mme DOLTO : Une patiente envoyée à l'hôpital pour examen a été rassurée par une infirmière dans la salle d'attente. Je ne vois pas d'incompatibilité entre technicité et communication, il faut un personnel conséquent, qui ne soit pas épuisé, pour accompagner les patients.

Onzième question : Va-t-on dépenser de plus en plus pour les hôpitaux ?

Réponse de M. SIMON : Les coûts ne peuvent pas décroître, mais on peut freiner les augmentations en jouant sur les marges de sécurité des hôpitaux, si ces derniers l'acceptent. Le problème de l'augmentation des dépenses se retrouve dans l'ensemble des pays qui possèdent un système médical évolué.

[25:23-26:00] Conclusion

M. ESCANDE conclut l'interview en remarquant que le débat a permis de montrer que le corps médical et l'administration peuvent se mettre d'accord pour faire évoluer la situation, mais que l'humanisation des hôpitaux pose des problèmes techniques qui ne peuvent être résolus du jour au lendemain. La caméra se focalise sur M. ESCANDE pendant ce segment et passe d'un plan d'ensemble à un gros plan pendant qu'il s'exprime.
[26:00-26:19] Générique.

Notes complémentaires

Le Musée de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (actuellement fermé) possède du mobilier hospitalier qui retrace l'évolution qu'ont connue les hôpitaux au cours du 20e siècle. Cela permet de voir les progrès matériels mentionnés dans cet épisode de Parlons de médecine.

Références et documents externes

Nardin, Anne (dir.), L'humanisation de l'hôpital. Mode d'emploi. Paris, Musée de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, 2009.
Thiry, Eric, "La revalorisation du facteur temps dans la relation entre le prestataire de soins et son patient", dans Rogge, Jean et Regout, Martine (dir.), Liber amicorum Jean-Luc Fagnart. Wavre, Anthemis, 2008.

Voir aussi, Le site web de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Joël Danet, Lise Sevrain