Annexe de neuropsychiatrie du 5e corps d'armée, service du docteur Rayneau, médecin-major de 1ère cl (1915-1916 ?) (1915)
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Sommaire
Générique principal
« Fleury-les-Aubrais ; Annexe de neuro-psychiatrie du 5e corps d’armée ; Service du Docteur Rayneau, Médecin-major de 1ère classe, Directeur de l’établissement psychothérapique ; troubles de la démarche consécutifs à des commotions par éclatements d’obus. »
Contenus
Thèmes médicaux
- Traumatismes. Lésions. Blessures
- Aspects divers de la maladie, du patient et de l'intervention médicale
- Pathologie des organes locomoteurs. Système squelettique et locomoteur
Sujet
Présentation des troubles moteurs neurologiques dans l’annexe de neuropsychiatrie de Fleury-les-Aubrais.
Genre dominant
Résumé
Ce film présente différents cas neuropsychiatriques, affectant les capacités motrices, au sein d’un service d’hôpital militaire après la Première Guerre mondiale. On découvre les soldats, le plus souvent en mouvement, exposés leur handicap (sur ordre du médecin) face caméra, le plus souvent nus, et en extérieur.
Contexte
La médecine militaire se développe à partir de la Première Guerre mondiale. Elle est confrontée à une guerre moderne, mondiale et massive à la fois sur terre, sur mer et dans les airs. Nul praticien n’est préparé à la nécessité de fournir de tels soins, et il faut s’adapter rapidement à ces nouveaux maux. De plus, la société en temps de guerre est confrontée à un stress permanent et sous-jacent, même du côté des civils. Ce travail dans l’urgence a cependant vu naître des innovations majeures malgré ces conditions physiques et psychologiques terribles, comme la renaissance de la prise en charge psychiatrique, la chirurgie réparatrice, la mobilisation hospitalière, l’ambulance, etc.
La psychiatrie de même que la médecine militaire furent prises de court devant des troubles inconnus résultant de l'expérience du front, affectant les troupes du soldat jusqu'à l'officier. Peu à peu se développèrent une réflexion et une typologie hybride sur les névroses et les traumatismes de guerre. Défi pour le monde de la psychiatrie marquée par l’aliénisme de Pinel, l’hystérie de Charcot, des asiles, qui découvre à peine la psychanalyse. La priorité est de classer les maux, d’améliorer les conditions de vie des malades et de les traiter individuellement dans un but de réinsertion. Mais les traitements sont encore sommaires et on pratique encore volontiers l’hydrothérapie (douche froide), les torpillages électriques et la contention (camisole). Ici aussi, dans le cas des névroses de guerre, le phénomène fut massif et difficile à chiffrer. Dans ce document d’archives, on nous présente un service neuropsychiatrique d’armée. Les pathologies y sont définies selon leurs caractéristiques et selon les capacités du malade et sa motricité. La "sinistrose de guerre" (pour « les fonctionnels ») semble être une des pathologies les plus fréquentes, comme un trouble psychologique provoqué par un choc sur le champ de bataille. Le stress post-traumatique caractéristique est aussi l’"obusite" ou "shell-shock", provoqué par la proximité aux chocs d’obus, plongeant le soldat traumatisé dans un état de mutisme, ou de tremblements incontrôlables.
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Non.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Oui.
- Animateur : Non.
- Voix off : Non.
- Interview : Non.
- Musique et bruitages : Non.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
La vision du corps nu en mouvement est un angle très anatomique car il permet de mieux distinguer les troubles moteurs. Le spectateur est ici mis à la place du médecin qui fait défiler son patient. La prise d’image en extérieur ou sur fond neutre participe également à décontextualiser le sujet pour en grossir l’aspect pédagogique. À remarquer que la mise en scène de ces images fait écho à celle d'Etienne-Jules Marey, inventeur du chronophotographe, et à celles de Edweard Muybridge pour leurs études photographiques de la décomposition du mouvement : même usage de la toile tendue pour constituer un fond monochrome, même démarche de souligner les linéaments de la musculature ou du squelette par un tracé sur les corps observés.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
On retrouve une visée pédagogique forte : le sujet est un patient plus qu’un soldat. Il est dévêtu et défile en décor neutre, son cas est précédé d’un carton informatif et dans certains cas les flexions des membres sont mises en valeur par un marquage noir à même le corps. Une brève apparition du médecin au moment du film confirme le contexte médical. Certains cartons présentent aussi les améliorations « avant/après » suite à des séances de psychothérapie.
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Facultés de médecine
Communications et événements associés au film
Public
Médecins, étudiants en médecine
Audience
Descriptif libre
Le film commence par le plan moyen du passage successif d’une quinzaine de patients, nus, devant une toile noire fixée à un mur blanc. Tous se sont vus peindre, sur la partie de leur corps visible à l’image, des lignes noires épaisses de l’aisselle aux orteils. Plusieurs marchent avec une canne, des béquilles voire une ceinture de maintien. L’un d’eux, qui a du mal à marcher est suivi par un médecin.
« Séries de tics consécutifs à des accidents de guerre observées dans le service du Dr.Rayneau »
Sur le même fond de toile noire fixée à un mur blanc, plan italien d’un patient habillé, allongé sur une civière et présentant des tremblements convulsifs des bras et des mains. Plans italiens de deux autres patients, debout et nus, ayant les mêmes symptômes à la main droite uniquement pour l’un et aux deux bras et mains pour l’autre.
Présentation en extérieur, dans la cour de l’hôpital et sur fond de toile foncée et sur une planche recouverte d’une couverture sombre, d’une série de patients nus avant et après une séance de psychothérapie.
Plan moyen du premier d’entre eux, souffrant depuis une année d’une lordose et, tel un canard, se déplaçant courbé et en se dandinant. Il est à nouveau présenté après la séance avec des améliorations visibles : il se tient droit, sa démarche est normale et il arrive à trottiner.
Plan moyen d’un second patient ne pouvant se déplacer que par à coup et se balançant en avant et en arrière. Les changements sont visibles après la séance : les troubles ont disparu, sa démarche est normale et il arrive à trottiner.
Plan moyen d’un troisième patient souffre d’une « astasie-alasie » datant de près de trois ans. Celle-ci se caractérise ici par un tremblement de la jambe gauche, ce qui l’oblige à se déplacer avec une canne, la main droite derrière le dos. Il essaie de marcher sans la canne, comme cela lui est demandé, mais les tremblements se diffusent alors à l’ensemble du corps et sa démarche en rendue encore plus difficile. La séance amène une amélioration notable : disparition totale des symptômes, démarche normale, trottinement possible.
Plan moyen d’un autre patient souffrant de boitement de la jambe gauche depuis trois ans et ne pouvant marcher qu’avec deux cannes. À chaque pas, cette jambe fléchit et se déporte vers la droite. Il lui est aussi demandé de marcher sans ses cannes mais il manque à plusieurs reprises de tomber. Sa présentation habillée après la séance permet de constater la disparition complète des troubles et une flexion normale des jambes.
Plan moyen d’un patient atteint d’un « trouble de l’équilibre d’origine labyrinthe avec appoint fonctionnel » est ensuite présenté devant la porte ouverte de l’un des bâtiments de l’hôpital. Il jette sa canne et essaie de marcher sans l’aide de celle-ci. Il y parvient mais en titubant. Après la séance, les troubles sont toujours présents, mais « l’appoint fonctionnel » a disparu.
Plan italien puis plan mi-moyen, au même endroit, d’un patient atteint depuis près de quatre ans d’une « hémipnée fonctionnelle » : il tend à devenir bossu au niveau de l’épaule gauche. Deux cartons annoncent la présentation du même patient après la séance et d’un patient ayant un « pied bot varus irréductible datant de 20 mois » mais sans qu’il n'y ait aucune image : celles ont vraisemblablement été coupées. Le patient atteint du « pied bot » apparaît, après son traitement, en plan moyen sur un tapis noir dans la cour d’une antenne médicale. Sa démarche est normale et il arrive à trottiner. Un autre plan moyen se concentre sur ses pieds alors qu’il marche sur une planche posée sur deux tréteaux et recouverte d’une couverture. Face à la caméra, il lève et fit bouger le pied droit puis le pied gauche.
Deux cartons annoncent la présentation d’un patient ayant un « pied bot varus irréductible datant de 16 mois », avant et après son traitement, mais sans aucune image : des coupures ont là aussi été opérées. Plan moyen de deux patients habillés et ayant tous deux une « contracture pithiatique du genou », l’un depuis 9 mois et l’autre depuis 16 mois. S’ils arrivent à marcher, leur pathologie est néanmoins visible. Plan moyen après le traitement. Ils sont nus, marchent normalement et parviennent à trottiner. Deux militaires apparaissent en arrière-plan et observent la scène.
Plan moyen de deux autres patients eux aussi habillés et ayant des « pseudo hanches à ressort pithiatiques » respectivement depuis « 11 et 30 mois ». Cela est visible bien qu’ils parviennent à se déplacer. Plan moyen après le traitement. Comme les deux patients précédents, ils sont nus, se déplacent normalement et peuvent trottiner. Plan moyen des deux patients suivants, à moitié habillés et qui, à la différence des autres, ne parviennent que très difficilement à avancer. Celui de droite, malgré ses deux cannes, tombe à deux reprises.
Plan moyen d’un patient à demi-habillé lui aussi et ne pouvant marcher qu’en boitant, du fait d’une « contracture du genou en flexion datant de 15 mois ». Plan moyen d’un autre patient entièrement nu et obligé de se déplacer avec deux cannes pour traîner sa jambe droite, quasiment paralysée depuis 2 ans et demi par une « monoplégie crurale flasque ». Un militaire passe en arrière-plan. Le patient essaie ensuite de se déplacer avec une seule canne dans la main droite puis sans aucune canne, mais il finit par tomber. Il se relève et parvient à marcher d’un bout à l’autre du tapis. Puis, à l’aide d’une des deux cannes et en s’appuyant sur la rampe, il arrive à monter et à descendre un escalier et reprend l’autre canne.
Plan moyen d’un patient marchant uniquement avec sa jambe gauche et deux cannes. Sa jambe droite est totalement paralysée depuis deux ans et demi par une « monoplégie crurale pithiatique ». Le pied droit lui-même est en biais par rapport à la jambe. Une infirmière passe en arrière-plan. Plan moyen du patient nu. Après le traitement, le pied droit est toujours un peu en biais par rapport à la jambe, mais celle-ci fonctionne normalement et le patient peut marcher et trottiner sans avoir besoin de canne. À l’arrière-plan, un militaire accompagné d’un chien observe la scène.
Plan moyen d’un patient habillé et souffrant depuis un peu plus de deux ans d’une « contracture pithiatique des pelvi-irochantériens ». S’il peut marcher sans canne, son pied droit est totalement perpendiculaire à son pied gauche. Plan moyen de ce patient à moitié habillé après le traitement : sa démarche et son trottinement sont totalement normaux.
Plan moyen du dernier patient, habillé et souffrant d’une « paraplégie pithiatique datant de 5 mois ». Sa démarche est lente, mécanique et nécessite l’aide d’une canne. Plan moyen après le traitement : le patient a retrouvé une démarche et un trottinement normaux.
Notes complémentaires
RASMUSSEN Anne, Corpus Médecine et thérapeutique en Guerre (14-18), cours de M1 STS (Université de Strasbourg, 2014);
VIGUIER Prosper, Un chirurgien de la Grande Guerre, (Toulouse, 2007);
DELAPORTE Sophie, Les médecins dans la Grande Guerre : 1914-1918,(Paris, 2003);
TISON Stéphane, GUILLEMAIN Herve, Du front à l'asile 1914-1918;
TATU Laurent et BOUGOUSLAVSKY Julien, La folie au front. La grande bataille des névroses de guerre (1914-1918), (Paris, 2012);
ANOUILH Jean, Le Voyageur sans bagages, (Paris, 1958).
Filmographie : DELASSUS Jean-François, Le bruit et la fureur (2008).
Références et documents externes
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Elena Iuliani, Emmanuel Nuss