Easy to get (1947)

De Medfilm



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Titre :
Easy to get
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Interprétation :
Durée :
19 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

THIS FILM IS RESTRICTED
WAR DEPARTMENT OFFICIAL TRAINING FILM - T.F.8 1423 - ARMY SERVICE FORCES
Produced by ARMY PICTORIAL SERVICESignal Corps

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

La transmission des maladies vénériennes, le moyen d'éviter ces maladies, les vertus d'un corps sain et abstinent

Genre dominant

Fiction

Résumé

Le caporal Baker tombe amoureux d'une fille à l'occasion d'une permission. Anderson, première classe, rencontre une prostituée dans un bar. Les deux hommes attrapent respectivement la gonorrhée et la syphilis. Ils auraient pu l'éviter s'ils avaient choisi le port du préservatif ou l'abstinence. Cette dernière, surtout, permet de conserver un corps sain et sportif : de nombreux spécialistes en témoignent, images à l'appui.

Contexte

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Oui.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Oui.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film joue sur l'effet de surprise. Le caporal Baker a attrapé la gonorrhée en ayant eu des rapports avec une femme apparemment saine. C'est une manière de mettre en garde les soldats contre les rapports avec les inconnues ("Stay away from this woman", est-il dit à plusieurs reprises dans le film). Incriminer les prostituées est insuffisant. Le film joue sur le ressort de l'autorité ; ses deux animateurs sont présentés comme des experts reconnus. Ils font l'apologie du corps sain et sportif, qui a choisi l'abstinence. Par ailleurs, le film emploie la forme fictionnelle pour projeter le spectateur dans les situations qu'il serait amené à vivre s'il ne prenait pas ses précautions. Les gros plans sur les parties génitales blessées, au départ employés pour des films cliniques, sont insérés dans la séquence pour faire peur.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Elles sont peu présentes, sinon par le message préventif que le film comporte.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

lieux de formation militaires

Communications et événements associés au film

Public

soldats dans un contexte de campagne. Un carton indique que le film est réservé à un public restreint ("restricted").

Audience

Descriptif libre

Épisode du caporal Baker
Le caporal Baker entre dans une droguerie pour commander un coca. Sa voix se fait entendre en off. Il y rencontre une jeune femme. Par ellipses, le montage nous présente les épisodes de leur relation : ils vont au cinéma, mangent une glace, s'embrassent, fument une cigarette allongés au bord d'une rivière, cette dernière ellipse suggérant qu'ils ont eu un rapport sexuel. Le caporal Baker doit prendre le train pour réintégrer son régiment. Adieux tendres sur le quai de la gare. Dans la caserne, il s'aperçoit qu'il ressent une vive douleur au moment d'uriner. Il va en parler à un médecin. Celui-ci lui apprend qu'il a contracté la gonorrhée. Cette maladie peut se contracter même avec une femme qui n'est pas une prostituée. La nouvelle séquence est une forme de commentaire. En premier lieu, un plan sur les genoux et l'appareil génital blessés. Montrant des soldats poussant une jeep immobilisée dans la boue, ou pratiquant le sport, le commentaire précise que ce n'est pas de cette façon que la gonorrhée se contracte, mais uniquement par des rapports avec une femme.
Épisode du soldat Anderson
Assis avec Baker dans le dispensaire, la première pompe Anderson (présenté comme un playboy). Retour sur ses mésaventures récentes. En permission, il se rend dans un bar pour "prendre du bon temps". Il y rencontre une femme qu'il invite à monter dans une chambre, sachant qu'il s'agit d'une prostituée. Hors champ évocateur dans la salle du bar où les danseurs sont de plus en plus agités (métaphore sexuelle). Cut, Anderson, allongé sur un lit, se met à fumer. La voix off nous informe qu'il est motivé pour recommencer. Retour au temps présent. Le médecin informe Anderson qu'il a contracté la syphilis. Pourtant, réplique Anderson, cette femme lui avait assuré qu'elle prenait garde à son hygiène personnelle. Là aussi, la séquence qui suit fait le commentaire de celle qui précède. Elle présente des malades atteints de syphilis : un héros du front devenu cloué au lit, un homme qui meurt d'une crise cardiaque dans un café, un homme qui se met à perdre la mémoire et la faculté de parler (nous le voyons chez un médecin : il s'effondre en larmes suite à un exercice de mémorisation qui a tourné à l'échec).
Exposé médical
une séquence d'animation présente les différentes maladies vénériennes, gonorrhée et syphilis, en précisant leurs surnoms. Contre ces maladies, la riposte est le port du préservatif. Scène de fiction : gros plan d'une main de femme qui veut empêcher un homme de prendre un préservatif. La voix off commente : si, pour elle, l'acte est meilleur sans, autant ne pas la toucher. Séquence de prophylaxie : dans un centre prophylactique, des hommes se nettoient les parties génitales. La voix off nous dit que cela ne fait de mal à personne sinon aux germes. Le kit militaire est détaillé. Après l'acte sexuel, il faut se laver les parties génitales et insérer le tube dans l'urètre. La voix off affirme que le meilleur moyen de ne pas attraper ces maladies reste l'abstinence. À l'image, nous voyons deux soldats aborder une femme en pleine rue.
Apologie du corps sain
par un montage d'archives, nous voyons les apports incontestables de l'abstinence : les corps sains et abstinents ont permis d'emporter de grandes victoires sportives comme celle du boxeur Joe Louis contre le champion de Hitler, Max Schleming. Un lieutenant médecin apparaît à l'image pour rappeler les vertus du corps sain. Mais peut-être, pose le commentaire, que le spectateur ne désire pas en avoir un. Les images lui représentent les conséquences de son choix : parties génitales blessées, corps alité. En fiction, un homme découvre son enfant qui vient de naître dans la salle d'attente d'un hôpital : celui-ci est difforme. Enfin, Paul Robeson, ancien joueur de basket et football américain, acteur, chanteur, dont le métier amène à multiplier els déplacements dans le monde ("world traveller") est présenté comme un exemple de moralité. Il rappelle l'urgence d'éradiquer les maladies vénériennes.

Notes complémentaires

Dans son étude sur le cinéma médical, Adolf Nichtenhauser décrit la mise en place d'une enquête, commandée aux États-Unis au début des années vingt, sur la réception des films de prévention contre les maladies vénériennes. Elle est confiée à des psychologues, supervisée par le "Inter-departemental Social Hygiene Board". Il a été décidé de tester sur le public les effets d'un film en particulier, Fit to win(1919), extension du Fit to fight d'Edward Griffith (1917), avec davantage de vues cliniques. Le film a été montré à 4 800 personnes, de toutes origines sociales, avec des projections spécifiques pour les ouvriers, les marins, les médecins. Ils devaient remplir un questionnaire après la projection.
- premier constat : très peu de personnes, même parmi les plus éduquées, étaient convenablement informées sur les maladies vénériennes.
- la plupart estiment que les informations données par le film sont authentiques, très peu pensent qu'il s'agit d'un prétexte pour un discours moralisateur.
- la plupart acceptent les recommandations de continence
- la plupart ignoraient les risques de contracter la maladie par la prostitution
La suite de l'enquête a montré que, bien que la peur suscitée par le film ait provoqué la résolution d'un changement de comportement, celui-ci n'a pas eu lieu de manière déterminante. Alors que les événements marquants du film sont restés dans les mémoires cinq mois plus tard, l'intérêt qu'il a provoqué a fondu en moins de six semaines.
- la prise en charge n'a pas varié d'intensité avant et après le film
- l'effet le plus sérieux a consisté en une certaine inhibition des publics adolescents après la projection
D'après ces données, les enquêteurs ont initié une réflexion pour les films à venir :
- il est nécessaire de transmettre une information basée sur les faits et expliquée avec clarté
- la dramatisation fictionnelle n'apporte pas de plus grande efficacité. Le public retient les séquences purement informatives aussi bien que celles qui s'appuient sur une histoire. Les émotions tiennent davantage à des scènes isolées, sans tenir compte du fil qui les tiendrait.Les deux enquêteurs recommandent par conséquent de continuer la production de films antivénériens à la condition qu'elle propose des contenus purement informatifs, non-fictionnels.
Pour Adolf Nichtenhauser, qui écrit dans les années quarante, les données engrangées par cette enquête restent utiles, dans les trente ans à venir, pour les éducateurs et les réalisateurs.
(d'après Adolf NICHTENHAUSER, A History of Motion Pictures in Medicine, manuscrit non publié, ca 1950, pp. 87-88).

Références et documents externes

Brottman, Mikita, "Child-men, Fast Women, Venereal Nightmares and Racial Uplift…", Medicine on the Screen, URL : https://medicineonscreen.nlm.nih.gov/2014/06/06/easy-to-get/ (consulté le 7 septembre 2017).

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Etienne Genieux, Joël Danet
  • Transcription Anglais : Timothée Lainé
  • Sous-titres Français : Élisabeth Fuchs
Erc-logo.png  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet BodyCapital, financé par l'European Research Council (ERC) et le programme de l'Union européenne pour la recherche et l'innovation Horizon 2020 (grant agreement No 694817).
SNSF-logo.png  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet Neverending Infectious Diseases