Disposer de sa vie (1986)

De Medfilm



Avertissement : cette fiche n'a pas encore été relue et peut se révéler incomplète ou inexacte.



Pour voir ce film dans son intégralité veuillez vous connecter.
Si vous rencontrez un problème d'affichage des sous-titres, veuillez essayer un autre navigateur.

Titre :
Disposer de sa vie
Série :
Année de production :
Pays de production :
Durée :
59 minutes
Format :
Parlant - Couleur - VHS
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Contenus

Sujet

Euthanasie en France

Genre dominant

Émission de plateau

Résumé

Un débat consacré à l'euthanasie dans l'émission "Les Dossiers de l'écran" (diffusée de 1967-1991) animé par Alaim Jérôme avec 7 invités et un duplex avec une tétraplégique nommée Jacqueline Martin depuis Calvire à Lyon avec France3 Lyon. Elle est hospitalisée depuis 1957 à cause d'une poliomyélite.
Parmi les invités, il y a :

- Dr Bernard Fonty, chirurgien, ancien chef de clinique auteur de "Bonjour l'aurore"

-Prof Raymond Viley, président du Conseil de l'Ordre des médecins, ancien doyen de la fac de médecine Caen,

- Paula Caucanas-Pisier, secrétaire générale de l'association pour le droit de mourir dans la dignité,

- Dr Bernard Hoerni, cancérologue, auteur de Paroles et silence du médecin,

- Catherine Labrusse, prof de droit, membre du comité national éthique-Père Patrick Verspieren, directeur du département médical de Serres à Paris, rédacteur à la revue Études-Prof

- Paul Miliez, tombé récemment dans un coma, auteur de "Ce que je crois".


L'émission commence avec la présentation des invités, puis la projection du film "C'est ma vie après tout" de John Badham, suivi par une page publicitaire. L'émission reprend avec la réaction de la paralysée Jacqueline Martin et les témoignages des téléspectateurs transmis par Gilbert Kahn, puis s'ensuit le débat avec les invités et la patiente à Lyon.

Contexte

Un consensus s'est créé contre les pratiques euthanasiques après la Seconde Guerre mondiale et les révélations des horreurs commises par les médecins nazis. Ainsi, le débat sur l'euthanasie commence à être remis en question que dans les années 1970 aux Pays-Bas. Une Commission nationale sur l'euthanasie entre 1982 et 1985 avait pour objet de faire des recommandations sur les règles relatives à l'euthanasie aux Pays-Bas. Cette Commission a dressé un rapport sur l'euthanasie en 1985 et déposé une proposition de loi dans ce sens. Malgré son refus, elle a permis de lancer le débat sur l'euthanasie. Par ailleurs, on constate dans les années 1986-89, 2000 actions d'euthanasie par an, les 3/4 directement par le malade.
Aux États-Unis la médecine est perçue comme ayant encore le rôle de prolonger la vie le plus longtemps possible. Néanmoins, la pression de l'opinion publique remet en cause cette conception et se développe le droit pour le patient de refuser ou d'interrompre un traitement et que naissent, au sein cette fois-ci de la profession médicale, les idées d'acharnement thérapeutique et de «futility of treatment» (geste thérapeutique inefficace). C'est dans ce contexte que sort le 2 décembre 1981 le film de John Badham "C'est ma vie, après tout !" dans lequel le protagoniste Ken Harrison est paralysé suite à un accident de voiture et entreprend des démarches judiciaires pour obtenir le droit de mourir.
L'euthanasie devient progressivement des années 70 à 80 un sujet de société qui interroge et suscite des débats. En 1973, un groupe d'experts est constitué sur la question de l'accompagnement des malades en phase terminale. Dans ses conclusions, ce groupe prend officiellement position en faveur du soulagement de la douleur. Dans cette logique le sénateur Henri Cavaillet fait en 1978 une proposition de loi relative au droit de vivre sa mort qui est néanmoins refusée par le Sénat le 7 mai 1980.

Dans les années 1980, le débat sur l'euthanasie continue, notamment grâce à la création d'association comme l'ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) en 1980 et JALMALV (Jusqu'à la mort accompagner la vie) créée en 1983 à Grenoble. Dans un article publié le 6 janvier 1984 dans Le Monde, le jésuite Patrick Verspieren, un des principaux promoteurs des soins palliatifs en France accuse le fait observé dans les hôpitaux que « l'euthanasie est devenue couramment et systématiquement (…) la médication habituelle des derniers jours de la vie », alors que huit mois plus tard du 22 au 23 septembre se tient à Nice le Ve Congrès international de la fédération mondiale des associations pour le droit de mourir dans la dignité. Cet événement revendiquant le droit de choisir sa mort et de recourir à l'euthanasie volontaire a été fortement médiatisé et n'a pas manqué de provoquer des prises de positions diverses. Lors de ce congrès sont notamment présents le docteur Pierre Admiraal (Pays-Bas) décrivant les moyens employés dans son service pour donner la mort à certains patients ou pour les aider à le faire eux-mêmes, et le très célèbre professeur Christian Barnard (Afrique du Sud), partisan de l'euthanasie. Selon lui, en entrant à l'hôpital, chaque malade gravement atteint devrait signer un document laissant une liberté d'initiative à son médecin. Cette dernière prise de position est contestée par les différentes associations du droit de mourir, car pour elles au malade qu'incombe la décision de vouloir mourir ou non.
L’Église catholique, quant à elle, recommandait le 5 mai 1980, dans la Déclaration Iura et bona, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi « l’usage proportionné » des moyens thérapeutiques. La Congrégation rappelait qu’ « il est permis d’interrompre l’application de ces moyens lorsque les résultats en sont décevants. (…) Dans l’imminence d’une mort inévitable malgré les moyens employés, il est permis en conscience de prendre la décision de renoncer à des traitements qui ne procureraient qu’un sursis précaire et pénible, sans interrompre pourtant les soins normaux ».


Concernant le contexte télévisuel, la publicité introduite depuis octobre 1968 représente environ un quart des recettes de TF1 et Antenne 2. Le produit de la redevance doit être répartie selon les résultats d'audience, encore mesurés par des sondages (le système « audimétrique » n'étant introduit qu'en 1981). L'ORTF est supprimé en 1974. Dans les années 70, la 2e chaîne est sur la plupart des récepteurs et dans cette même période s'affirme la démocratisation de la télévision, notamment engendré par la baisse des prix. Selon les pionniers de la télévision des années 50, la télévision devait incarner « divertissement, bien culturel et éducatif ». Il faut également noter la loi relative à la liberté de communication remplaçant la Haute Autorité par la CNCL (Commission nationale de la communication et des libertés) depuis le 30 septembre 1986.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Oui.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Oui.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Avec le témoignage de Jacqueline Martin, l'accent est évidemment mis sur le pathos. En témoigne les nombreux travellings avants qui soulignent les difficultés de la paralysée à s'exprimer, ainsi que les panoramiques horizontaux qui laissent voir les machines qui lui permettent de respirer.
Le spectateur ne voit que le plateau de télévision avec ses invités, ainsi que le duplex avec Jacqueline Martin. Par conséquent, le film montré aux téléspectateurs et commenté par la suite lors du débat, a été coupé ou du moins n'est pas visible. Il en est de même pour les films publicitaires dont on entend uniquement le son et en voyant le plateau avec les invités. Lors de la projection du film et de la publicité, l'équipe technique procède à des tests de dernières minutes, ce qui mène à des plans séquences successifs et confus.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Pour la patiente paralysée Jacqueline Martin, le médecin qui ne vient pas mettre fin aux souffrances du malade est un tortionnaire. Il est donc question d'acharnement thérapeutique face à la détresse qui mène à ce que certains médecins procèdent à l'utilisation d'injections calmantes entraînant la mort douce que revendique Jacqueline Martin pouvoir demander le moment qu'elle juge bon.Le professeur Raymond Viley, président du Conseil de l'Ordre des médecins met en garde face à une possible légalisation ou dépénalisation de l'euthanasie en pointant les possibles dérives où les personnes fragiles et coûteuses pourraient en devenir victime. Il souligne que la "médecine est fait pour soulager et guérir", ainsi que la vie des patients "a une valeur infinie".
Lors de ce débat, il est également question de la relation entre le médecin et le malade. Ainsi, le docteur doit écouter son patient et l'accompagner dans sa maladie. L'euthanasie pourrait par conséquent représenter le dernier recours, mais ce sujet reste très épineux, car il faut le traiter au cas par cas. Le malade ne doit dans tous les cas pas être prisonnier et pouvoir exprimer ses désirs.
Au Pays-Bas, le médecin hollandais contacte le juge et le pasteur 48h avant de procéder à une euthanasie volontaire.
Finalement, se pose aussi la question de la formation des étudiants et leur préparation à l'euthanasie en France.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Télévision, Antenne 2

Communications et événements associés au film

Public

Audience

Descriptif libre

Jacqueline Martin avait déjà accordé un témoignage le 10.10.1985, enregistré sur cassette.Elle y avait déclarée:
"Je m'appelle Jacqueline Martin. Je suis née le 29 avril 1936.(…). Je terminais le bac de philo. Je préparais le bac de mathématiques !(…). Si on m'avait dit ce jour-là que deux mois plus tard, je serais obligée de passer le reste de ma vie en respirant avec une machine et en souffrant de paralysie, je me serais donnée la mort ! Je ne sais pas en vérité quel moyen j'aurais employé mais je n' aurais pas pu supporter un tel avenir !"Une trachéotomie a été faite sous anesthésie locale sans qu'elle soit consultée."Aucun choix ne m'avait été proposé ; j'étais condamnée à une vie qui ne m' avait pas été expliquée, à une vie dont je n' aurais pas voulu ! (…) Pour moi, ce qui devrait importer par dessus-tout, ce n'est pas le respect de la vie quand celle-ci est dégradée, mais ce qui devrait l'emporter avant tout, c'est LA QUALITÉ DE LA VIE. Chacun devrait être LIBRE DE SON CHOIX, CAR LE CHOIX FAIT PARTIE DE LA DIGNITÉ HUMAINE; (…). CE QUE JE REVENDIQUE, C'EST LE DROIT A UNE MORT DOUCE QUAND JE LE DEMANDERAI."
Jacqueline Martin avait adhéré à l'ADMD et elle a été délivrée, comme elle le souhaitait, en mars 1987 chez elle entourée d'amis.

Notes complémentaires

Disposer de sa vie (1986), fiche réalisée par Berthol Thomas

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Thomas Berthol
  •  :
Erc-logo.png  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet BodyCapital, financé par l'European Research Council (ERC) et le programme de l'Union européenne pour la recherche et l'innovation Horizon 2020 (grant agreement No 694817).