Croix-rouge américaine, asile de réfugiés de Dommartin-les-Toul (1917)

De Medfilm



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Titre :
Croix-rouge américaine, asile de réfugiés de Dommartin-les-Toul
Année de production :
Pays de production :
Durée :
16 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc -
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Archives détentrices :

Générique principal

Contenus

Sujet

Le quotidien dans un asile de réfugiés tenu par la Croix-Rouge américaine à Dommartin-les-Toul.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Les différentes séquences de ce film décrivent les modalités de l'aide apportée par les volontaires de l'American Red Cross aux réfugiés civils - principalement des enfants - dans l'asile de Dommartin-les-Toul, en Meurthe-et-Moselle, en 1917.

Contexte

Dès 1914, l’ampleur sans précédent de l’aide humanitaire nécessaire explique l’implication d’une multitude d’acteurs – des organismes spécialisés, des particuliers et des fondations privées – issus aussi bien des pays belligérants que des pays neutres. Ainsi, avant même d’entrer en guerre, les États-Unis étaient déjà impliqués dans l’aide aux soldats et aux civils alliés en Europe. Soutenus financièrement par la Rockefeller Fondation, des volontaires de l’ARC partent en Europe offrir leur aide tout en insistant sur le caractère foncièrement neutre de leur action, comme le montre le slogan « Neutrality-Humanity ». Pourtant, malgré les efforts de promotion et le soutien public de Wilson, les Américains restent relativement indifférents au discours de l’organisme.
Après l’entrée en guerre des États-Unis, le discours change ; il n’est plus question de neutralité. En effet, le 6 avril 1917, le Président Wilson fait de l’ARC l’instrument humanitaire principal du gouvernement américain et nomme un conseil de guerre afin de la diriger le temps du conflit.Adhérer à l’organisation, c’est désormais faire preuve de patriotisme. En l’espace de quelques semaines, l’organisation passe de 30 000 à plus de 2 millions de membres, grâce notamment à une campagne de propagande exceptionnelle mettant à contribution tous les moyens de communication possibles – discours, films, événements, brochures, bulletins d’information, etc. À ce propos, la Première Guerre mondiale marque le début de l’utilisation de l’outil cinématographique à des fins de propagande, notamment dans le domaine sanitaire.
Le discours de l’ARC auprès des nations étrangères est légèrement différent. Il s’agit de montrer la rapidité et l’efficacité de l’action humanitaire, tout en soulignant systématiquement l’origine de l’aide apportée à l’aide d’affiches ou de drapeaux américains. Enfin, de façon plus idéologique, l’ARC s’emploie à faire connaître et diffuser les techniques américaines en matière d’hygiène, d’agriculture ou encore d’éducation. S’il ne s’agit pas explicitement d’une propagande gouvernementale, le discours de l’American Red Cross reste ambigu. Ambulancier volontaire en Italie, l’écrivain John Dos Passos témoigne : « Nous sommes ici pour la propagande, semble-t-il, plus que pour accomplir un travail d’ambulancier. Nous serons utilisés de la manière la plus ostensible possible. […] Nous devons montrer à l’Italie que l’Amérique est derrière eux… Nous sommes ici pour convaincre ces pauvres diables d’Italiens de combattre »[1].
Parallèlement, en février 1915, désireuse de profiter d'un nouveau médiateur d'information, l'armée française se dote d'une Section Cinématographique de l'Armée (SCA), et ce quelques mois avant la création d'une Section Photographique. Il s'agit de rattraper un retard sur l'Allemagne qui, elle, a créé un organisme équivalent dès septembre 1914, tout en accordant satisfaction aux grosses sociétés de production cinématographique françaises, Gaumont et Pathé en tête, ainsi qu’Éclair et Éclipse. Ces dernières envisagent très tôt la possibilité de filmer les combats. En 1917, Lyautey, alors ministre de la Guerre, fait fusionner les deux sections, lesquelles deviennent la Section Photographique et Cinématographique de l'Armée (SPCA). Il réaffirme les principales intentions de l'organisme à savoir des fonctions concomitantes de production et de conservation. Ainsi, le travail des premiers opérateurs sur le terrain est rigoureusement encadré et, une fois montés et commentés par des cartons, les films passent devant la commission de censure militaire ; il s'agit avant tout de ne pas nuire au moral des poilus sur le front, ni à celui des familles à l'arrière. En 1919, lorsque ses opérateurs sont démobilisés, la SPCA est dissoute, pour finalement être rétablie vingt ans plus tard, à l'aube de la Seconde Guerre mondiale.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Malgré un environnement fait de ruines et de décombres, le regard du spectateur se dirige systématiquement vers les cohues joyeuses des enfants encadrées par un personnel soignant bienveillant. L'aide médico-sanitaire américaine est ainsi présentée comme étant indispensable au retour à la vie de la ville partiellement détruite de Dommartin-les-Toul.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Le corps médical est présent tout au long du film : plusieurs infirmières de la Croix-rouge s'occupent des soins des enfants et une scène montre plus explicitement un médecin pratiquer une opération sur l'un d'entre eux. Les notions d'hygiène et de désinfection médicales sont particulièrement mises en avant.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

S'agissant de rushes et non d'un film monté, ces images n'ont certainement jamais été projetées en l'état.

Communications et événements associés au film

Public

On ne sait pas à quel public était destiné ce film. Cependant il tend à donner une image méliorative de l'American Red Cross et plus généralement de l'aide humanitaire américaine en Europe. On peut dès lors penser que le film, une fois monté, aurait fait la promotion de l'organisme. Cette promotion visait sans doute à récolter des fonds et à assurer les donateurs de la bonne utilisation de leur argent. Toutefois, le film faisant désormais partie des fonds d'archives de l'ECPAD, ces rushes correspondent certainement à une demande de l'armée française, non américaine.

Audience

Descriptif libre

Une aide orientée sur les enfants [00:01] Plusieurs plans d'ensemble ouvrent le film. Des dizaines d'enfants sortent d'un long bâtiment blanc et commencent à courir et à jouer dans une vaste cour enneigée où flottent les drapeaux américain et français. Quelques adultes les encadrent et jouent avec eux. Plan rapproché taille d'un homme en uniforme, souriant et entouré d'enfants. Plan plus serré sur le groupe d'enfants, lesquels sourient à la caméra. Plan d'ensemble d'une distribution - sans doute - de nourriture aux enfants.

Avant et après l'opération

[03:19] Plan américain. Une séquence sur l'opération d'un jeune enfant amené dans la salle d'opération par des infirmières. Elles préparent le patient, le couvrent ; l'une d'entre elles s'occupe de l'anesthésie. La caméra pivote et se focalise sur le médecin qui se prépare à l'opération : il se lave les mains et enfile des gants. Il s'approche ensuite du patient et, secondé par les infirmières, commence l'opération en désinfectant plusieurs fois le ventre de l'enfant. Il le couvre de draps puis ouvre le patient. Le déroulé de l'opération est coupé. Le médecin recoud son patient et applique plusieurs compresses sur la plaie.

Jeu dans les ruines

[05:52] Plan d'ensemble montrant un village en ruines, vide de toute âme humaine ; puis une vague d'enfants qui courent joyeusement entre dans le champ de la caméra. Un autre plan d'ensemble similaire les montre en train de jouer au milieu des décombres.

Les infirmières à l'oeuvre

[06:54] Plan moyen : deux infirmières pansent des blessés légers, deux enfants.
[07:21] La séquence suivante se focalise sur le service de nurserie. Plan américain : une infirmière déshabille un jeune enfant, lui donne son bain et le rhabille.
[10:47] Plan d'ensemble sur un couloir ; il y a beaucoup de passage, des hommes et des femmes déménagent divers meubles.

Précautions d'hygiène

[11:51] Plan américain : dans la cour extérieure, une infirmière souffle dans un sifflet et fait un signe aux enfants pour leur demander de rentrer. Plan américain : dans les sanitaires, les enfants font leur toilette au-dessus des lavabos. Sur une table, l'infirmière qui les surveille remplit des gobelets d'eau dans lesquels elle dispose des brosses à dents. Chaque enfant prend un gobelet et retourne vers les lavabos se brosser les dents. Plan rapproché : une infirmière inspecte chaque enfant, un à un, vérifiant s'il s'est bien lavé.

La vie reprend

[13:36] Plan rapproché : le médecin, secondé par trois infirmières, prodigue des soins post-opératoires aux jeunes patients ; il tente de réanimer le premier et change le pansement du second.
[14:26] Plan d'ensemble : une ville qui porte encore les stigmates de la guerre mais qui semble reprendre vie. Une camionnette et une voiture arrivent dans le champ de la caméra et se garent. Des infirmières en descendent, les bras chargés de malles ; des hommes en uniformes les aident à décharger. On présume qu'elles viennent ravitailler l'asile de réfugiés de Dommartin-les-Toul. Plan panoramique de la place principale de la ville qui reprend vie peu à peu ; un homme en uniforme salue tour à tour des soldats et des civils. Dernier plan d'ensemble : les volontaires de l'American Red Cross, hommes et femmes, se regroupent devant un "Poste de secours". Fin.

Notes complémentaires

Références et documents externes

- Annette Becker, Oubliés de la Grande Guerre : humanitaire et culture de guerre, 1914-1918 : populations occupées, déportés civils, prisonniers de guerre, Paris, Éd. Noêsis, impr. 1998
- Violaine Challéat, « Le cinéma au service de la défense 1915-2008 », Revue historique des armées, n°252, 2008
- Cédric Cotter, Irène Herrmann « Les dynamiques de la rhétorique humanitaire :Suisse, États-Unis et autres neutres », Relations internationales 2014/3 (n° 159),p. 49-67.
- Lion Murard, « La santé publique, matière administrative extraordinaire », Revuefrançaise des affaires sociales 2001/4 (), p. 77-83.
- Thierry Lefebvre, « Les films de propagande sanitaire de Lortac et O’Galop (1918-1919) », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, n°59, 2009
- Laurent Véray (dir), La Grande Guerre au cinéma : de la gloire à la mémoire, Paris, Ramsay, 2008
- http://centenaire.org/fr/espace-scientifique/pays-belligerants/le-comite-international-de-la-croix-rouge-et-la-grande-guerre

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Valentine Vis



  1. John Dos Passos, The Fourteenth Chronicle: Letters and Diaries of John Dos Passos, cité dans Julia F. Irwin, « Nation Building and Rebuilding… », op. cit., pp. 407-408