Centre neurologique de la 7e Région, station neurologique de Salins, hôpital complémentaire 42 Saint-André, service des psychonévrosés (1916-1917 ?) (1916)

De Medfilm



Pour voir ce film dans son intégralité veuillez vous connecter.
Si vous rencontrez un problème d'affichage des sous-titres, veuillez essayer un autre navigateur.

Titre :
Centre neurologique de la 7e Région, station neurologique de Salins, hôpital complémentaire 42 Saint-André, service des psychonévrosés (1916-1917 ?)
Année de production :
Pays de production :
Durée :
60 minutes
Format :
Muet - Noir et blanc - 28 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Le film traite de la rééducation des psychonévrosés : les malades défilent avant et après leur traitement ou lors d’une phase intermédiaire.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Le film est un recueil de psychonévroses, sans qu’il y ait pour autant une forte logique de démonstration (cela est probablement dû à un montage non définitif, avec un unique carton). Les blessés, atteints de troubles de la démarche, sont filmés, le plus souvent nus, dans la cour d’un hôpital du Jura (Salins), sur un tapis sombre et parfois devant une toile noire, dans un autre secteur : ce qui marque le début de la guérison : après une première séance de psychothérapie, ou avec des appareils de rééducation, ou lors de la phase d’entraînement.

Contexte

La Première Guerre mondiale voit naître la contrainte de la récupération des effectifs. En avril 1916, la Société de neurologie propose de créer des centres neuropsychiatriques spécifiques à l’armée, conçus pour « éviter, autant que possible, l’envoi à l’intérieur des sujets atteints de troubles nerveux pithiatiques [c’est-à-dire qui guérissent par la persuasion] » (rapport du 20 décembre 1917, Réunion des Chefs des centres de neurologie de Paris). Gustave Roussy, l’un des principaux inspirateurs de cette réforme, s’en félicite : « il est de toute évidence que les hôpitaux de la zone des armées constituent au point de vue du traitement des psychonévroses un milieu éminemment favorable. Leur confort très relatif, leur proximité du front, leur éloignement et les difficultés d’abord pour les familles conviennent particulièrement à ce genre de traitement et rendent les guérisons beaucoup plus aisées et plus rapides qu’à l’intérieur » (ROUSSY G., BOISSEAU J. D’OELSNITZ Michel, « La station neurologique de Salins (Jura) (centre de psychonévroses) après trois mois de fonctionnement », Besançon, 1917).
Les traitements, dont les médecins ont recours dans la station neurologique de Salins, semblent être de deux types : l’électrothérapie et la persuasion par la parole, bien qu’il n’y ait aucune trace dans ce film des séances de guérison.
La récupération des blessés au profit des armées n’a pas été entravée par les droits des blessés.
Le titre du film insiste sur la localisation : ce qui est habituel pour ce type de production, dont le but est de présenter une série de psychonévrosés. Cela permet d’affirmer que ce film était destiné aux praticiens, autrement dit strictement réservé à un usage interne (pas de vulgarisation scientifique ici). Cependant, les résultats positifs pour les blessés peuvent aussi convaincre les autres patients internés de subir les traitements mis en place dans le centre neurologique. La nudité de la majorité des patients est importante pour les neurologues, qui les traitent. On retrouve souvent, dans ce type de films, la distinction des mains du reste des corps, devant une toile : on constate différentes perspectives de l’atteinte. Les images de névrose liée aux traumatismes causés par les combats révèlent la totalisation de la guerre sur le corps. Ce film montre les conséquences de la « brutalisation » extrême de la guerre. La toile sombre, devant laquelle marchent certains patients, rappelle les débuts du cinéma, époque où les films étaient projetés dans les foires et insistaient sur une forme de monstruosité. Les troubles nerveux (ici « psychonévrose », selon la terminologie freudienne) ont été relativement bien enregistrés au cours de la Grande Guerre, car ils sont, visuellement parlant, les plus spectaculaires.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le film présente une succession de patients, avant et après traitement – même si cet ordre n’est pas toujours respecté dans le film (ce type de construction est relativement courant). Il n’utilise pas beaucoup de cartons explicatifs. Il nous est présenté différentes pathologies, perceptibles par les démarches des soldats blessés.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

La santé et la médecine sont présentées, en creux, comme réparatrices : elles permettent aux soldats de recouvrer leur capacité physique. Par exemple, les chaussures ou « attèles » de rééducation fonctionnent pour les patients filmés qui en ont bénéficié. La vérité de l’image atteste le phénomène et vise à prouver l’efficacité du processus thérapeutique.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Communications et événements associés au film

Public

Médical, soldats blessés (?)

Audience

Descriptif libre

Le film n’a pas une structure très claire. Il ressemble à une succession de rushs, parfois sans véritable lien : par exemple, de très brèves séquences d’un intérieur bourgeois apparaissent dans le film et qui n’ont pas leur place (peut-être un médecin et son entourage).
Les plans sont fixes et tournés en extérieur, dans la majorité : sûrement au début du printemps, les arbres n’ont toujours pas de feuilles, mais les hommes marchent nus.
Introduction : la porte de la « Station neurologique de Salins. Hôpital complémentaire n°42 »
Plan moyen : entrée de l’hôpital fortifié, deux hommes s’occupent d’une charrette (peut-être utilisée comme ambulance hippomobile d’urgence), tirée par deux chevaux et suivie par deux militaires à pieds.
Développement : une série de patients
Succède un plan moyen : un homme, nu, marche en cercle, accélère son rythme, s’aide d’une canne pour se relever... Ce film permet de voir, en creux, la relation entre médecins et patients, qu’on ne peut percevoir dans les sources écrites : en effet, l’homme communique et exécute les demandes de celui qui filme. Un autre homme, en plan moyen, s’appuie sur deux béquilles, puis marche sans. Différents plans (et perspectives) de mains (et leurs ombres), qui font des exercices. Coupure noire, suit un nouveau plan moyen : un homme, habillé seulement d’un pull, marche difficilement (avec également un problème à la main), soutenu par un homme en uniforme militaire.
S’insère ici un plan d’ensemble d’un intérieur bourgeois.
Succèdent deux séquences : un homme nu marche, devant une toile sombre, sans aide, puis utilise des béquilles à point d’appui brachial. Un autre homme défile, à un autre endroit (matérialisant l’ellipse), la toile sombre est tenue par deux hommes. Un patient, habillé d’un caleçon, défile sur un tapis rembourré, avec à l’arrière-plan, une bâtisse en pierre. Autre plan : dans lequel un homme fait des allers-retours, puis trottine. Le cadrage montre que l’intérêt est porté sur la démarche, plus que sur l’identité de l’individu blessé. On aperçoit un militaire qui promène un chien, à l’arrière-plan, devant un mur d’enceinte. Les arbres n’ont pas de feuille. Coupure noire, plan moyen : un homme marche, habillé, avec des cannes relativement basses, dans la cour de l’hôpital : à l’arrière-plan, une infirmière traverse le champ. Un homme marche sur un tapis, devant l’entrée d’un bâtiment, il sourit. Le même homme, même cadrage : il perd son équilibre, touche sa tête, essaie de se maintenir debout... Un autre homme marche avec grande difficulté, nu et devant une toile sombre, avec et sans ses béquilles. Puis, à un autre endroit, le même homme marche, trottine, relativement normalement : il semble guéri. Des arbres, sans feuilles, apparaissent dans le cadre, et on aperçoit, à l’arrière-plan, des hommes qui traversent le champ. Succède un plan fixe sur des mains, qui s’exercent : celle de droite est paralysée. À la suite de la séquence des mains, sont filmés des pieds, en plan rapproché, qui avancent sans difficulté sur un tapis : l’homme est habillé et effectue des exercices. Un autre homme, avec un problème au pied droit, est filmé en plan moyen. Suit un plan sur son pied en voie de guérison : une chaussure a été conçue pour la rééducation. L’homme, assis sur le tapis surélevé, présente la création. Sans chaussure, le handicap est toujours visible. Plan moyen : l’homme défile pieds nus, normalement. Il marche à cloche-pied, puis accélère le rythme. Suit un plan moyen d’un homme nu, faisant des petits tours, trottinant ou marchant doucement (il est surveillé, à l’arrière-plan, par un homme derrière une fenêtre). Il semble qu’il y ait un problème dans le montage du film : l’homme se meut ensuite difficilement, à un autre endroit. Suit un nouvel exemple : un homme nu marche devant l’entrée du bâtiment, grâce à des béquilles à appui brachial. Le même homme défile ensuite, sans difficulté. Le film se poursuit : il semblerait que trois séquences filment les mêmes personnes, toutefois, l’ordre des séquences est inversé : la dernière montrant le rétablissement des deux hommes, apparaît en premier (17’17). En effet dans un premier temps les deux hommes se meuvent et trottinent aisément, alors que dans les séquences suivantes, ils sont habillés d’un pull, sont amenés sur le tapis en brancards et se meuvent difficilement, en tremblant, en s’appuyant sur des cannes. Ils grimacent. Celui qui a deux appuis tombe, des médecins apparaissent dans le champ, mais le laissent se débrouiller seul. Dans la séquence suivante, les hommes ont de grands tremblements. Un autre patient défile nu devant le mur d’enceinte, trottine.
Le seul carton explicatif du film apparaît : « Contracture pithiatique du genou en flexion datant de 9 à 16 mois » (21’07), on peut émettre l’hypothèse qu’il appartenait à l’un des films de 28 mm regroupés ici et n’a pas été conçu pour celui-ci.
Un homme nu défile, en plan moyen. Sa démarche est très affectée. Un homme en uniforme militaire quitte un bâtiment, à l’arrière-plan, et traverse le champ. Coupure noire : un autre individu défile sans trop de difficultés, mais il manque encore un peu de stabilité. Suivent des plans sur les mains qui font des exercices (une main apparaît pour en serrer une autre qui s’exerce). Selon le même dispositif vu précédemment : un homme nu défile, sans problèmes, devant un fond noir. Puis, à un autre endroit, le même homme marche avec deux béquilles à point d’appui brachial et a des spasmes : il s’appuie sur la toile noire, à l’arrière-plan, et un homme en uniforme militaire reprend une des deux béquilles. Suit un gros plan sur des mains qui s’exercent, suivi d’un plan moyen : un homme marche avec une sorte d’attelle et deux cannes, puis le même homme nu après une coupure (27’30) marche normalement, trottine, s’étire, se penche... L’homme semble sourire à la fin de la séquence. C’est lui qui défile ensuite, très courbé, et s’allonge sur un lit à proximité, puis recommence. Un nouveau plan est inséré, dont le sujet est à nouveau des mains (celle de droite ne peut effectuer les exercices). Il semblerait qu’après une coupure, celle de droite soit presque totalement remise (30’40). Un tiers lui donne « bâton », et la main tente de le conserver. Dans une autre séquence, un homme marche à peu près normalement, devant le mur d’enceinte, puis un autre, habillé d’un pull, s’aide d’une canne pour quitter le lit sur lequel il est allongé, essaie de marcher, puis se rallonge. Les deux séquences suivantes montrent deux hommes, l’un des deux habillé, l’autre nu, ils parviennent à se mouvoir sans grande difficulté. Le deuxième est ensuite présenté en train d’essayer de se relever d’un lit, et tombe plusieurs fois, on le voit parler, et peut-être se plaindre. Plusieurs plans plus loin, le lit disparaît et le blessé se traîne à terre.
Apparaissent trois hommes en costume (35’40), séquence qui n’a pas sa place ici.
Le film continue de présenter des patients qui défilent : un homme nu marche normalement, puis on voit le même individu s’aider d’une canne (sans elle, les tremblements sont plus importants). Un autre homme nu pose, puis défile, avec une démarche affectée. Un homme, avec de grandes difficultés de mouvements, a fait de gros progrès après le traitement : ici, le montage respecte la chronologie du traitement. Un nouveau patient, portant une chemise et un short, défile et trottine sur un tapis. Suit un gros plan sur des pieds : l’homme n’a pas de problème avec sa démarche. Suit une nouvelle alternance entre des mains qui s’exercent. Deux hommes souffrant du même trouble sont montrés après et avant traitement (nus, puis habillés, à des endroits différents). Une nouvelle succession de mains handicapées et guéries sont montrées devant une toile, sans toujours obéir à une logique chronologique.
Coupure, en plan moyen : trois hommes, habillés de chemises, shorts et calots, marchent sur un tapis, puis trottinent. Leurs pieds en exercices sont ensuite filmés en gros plan. Suit le cas d’un patient qui a recouvré une démarche relativement normale. On aperçoit d’abord ses pieds en gros plan (probablement après un premier traitement), puis en plan moyen. Derrière la toile sombre, beaucoup d’hommes traversent le champ. Le tapis semble avoir été installé dans un lieu de passage. La notion d’intimité n’a pas l’air d’avoir été vraiment respectée. Après ces deux séquences, il semblerait que le même individu (47’) est montré en marchant plus difficilement, en s’appuyant sur une canne. En gros plan, l’opérateur montre le recours à des « chaussures de rééducation » (et d’une canne). À nouveau : gros plan sur les pieds, puis plan moyen d’un homme qui marche en short avec le même problème, et on repasse en gros plan. Il s’ensuit un nouveau cas. En plan moyen : un homme marche, très penché, en s’aidant d’une canne. Puis le même homme remarche normalement, la confrontation des images est saisissante, c’est un des rares cas où le montage correspond à la chronologie du traitement. Un nouveau patient habillé d’un pull est présenté avant et après guérison. Dans un autre cas : un homme est présenté nu, après et avant traitement, on le revoit, habillé, sa démarche est incertaine. Un autre homme, devant une toile sombre, marche d’abord avec des cannes puis sans, en ne réussissant pas à contrôler ses mouvements. Dans le plan suivant, un homme vêtu marche difficilement sur une planche, avec une canne, puis on le revoit au même endroit, guéri, qui marche et trottine.
Nouveau plan insolite inséré, bref : une bourgeoise caresse la tête d’une petite fille, un homme est assis à un bureau (57’06).
Retour aux blessés de guerre : en plan moyen : un homme, nu, tremblant, s’appuie sur une canne, il est aidé par un infirmier. Il semble que l’on demande à l’homme de santé de quitter le cadre et l’homme tombe. On voit le même homme (57’55): cette fois, sans ses cannes avancer plus facilement. Le film ne doit pas être dans une version définitive : la dernière séquence est une répétition d’un autre extrait (26’). La fin du film est abrupte.
Ce film n’a-t-il pas pour vocation essentielle l’archivage des blessés de guerre, sans souci de classement logique (une pratique qui s’est particulièrement développée lors de la Grande Guerre), afin de témoigner des traumatismes occasionnés pendant cette période et de montrer, pour quelques-uns d’entre eux, des traitements médicaux révolutionnaires, leur rendant toute leur capacité fonctionnelle ? Vu son manque de cohérence, ce film a-t-il servi à convaincre les malades pour les traiter ? Était-il utilisé en complément d’écrits ? Ou est-ce un recueil de rushs ?

Notes complémentaires

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Camille Lehmann, Emmanuel Nuss