Autopsie (1986)
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Sommaire
Générique principal
Réalisatrice - Eliette Leriche ; Journaliste - Gérard Sanas ; Participant - Michel Durigon
Contenus
Sujet
La pratique courante d’un médecin légiste.
Genre dominant
Résumé
Michel Durignon est médecin légiste. Dans cet épisode de "Moi Je", il parle sans tabou de son métier, de la mort, et son propre rapport à cette dernière. Il parle également de sa famille, et de la perception de son métier par les membres de cette dernière, le tout sur un ton très décomplexé. Il effectue, accompagné de deux assistants, l'autopsie d'une jeune femme blonde, d'environ 25 ans, qui a été retrouvée morte dans un hôtel et apportée par la police au funérarium de Villetaneuse. Il apparaîtra qu'elle présentait de nombreuses ecchymoses, et qu'elle a été violée et tuée. On assiste donc à l'autopsie de cette jeune femme, en même temps qu'à une véritable tranche de vie du légiste.
Contexte
Par les sujets abordés par l'émission "Moi Je", touchant aux mœurs des Français ("Sexe en prison", "Overdanse"...), Antenne 2 cherche à présenter de courts reportages mettant en avant des sujets modernes, tels que les métiers peu communs ou des façons de vivre particulière des protagonistes suivis. L'émission se veut novatrice, et permet alors aux téléspectateurs de s'immiscer dans le quotidien de nombreuses personnes. Les tabous tombent, et c'est dans ce contexte qu'Antenne 2 osa diffuser un mini reportage portant sur une autopsie et sur le difficile et passionnant métier de légiste, mal connu des Français mais pourtant constitué de personnes très humaines, pourvues d'une grande sensibilité.
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Non.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Non.
- Animateur : Non.
- Voix off : Oui.
- Interview : Non.
- Musique et bruitages : Non.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
L’émission vise à expliquer en quoi consiste le métier de légiste, dans ses côtés pragmatiques (découvrir les causes de la mort), mais également plus humains, comme le rapport du légiste à sa propre mort, ou encore la vision qu'ont ses proches de son travail, et les inconvénients de ce dernier. La scène de l'autopsie, possiblement choquante pour un public normal, est très édulcorée. Quasiment rien n’est montré pour ne pas choquer et conserver le caractère "tout public" de l'émission, et cela contraste très fortement avec la désinvolture avec laquelle M. Durignon parle de son travail, dans une forme non dénuée d'humour, ce qui permet d'alléger la gravité de la raison pour laquelle la jeune femme est autopsiée.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Ici, la médecine est représentée dans ce qui touche le plus les gens, avec les sévices commis sur les enfants : la mort. Le légiste en parle de son point de vue de professionnel, ce qui peut choquer car il présente un certain détachement par rapport à la mort, qu'il considère comme la continuité de la vie. Le métier de légiste est présenté d'une façon extrêmement pragmatique, dans ses bons côtés, comme retrouver un coupable, comprendre le cheminement ayant mené à la mort, et ses mauvais, comme les odeurs, qu’il évoque à deux reprises.
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Cet épisode a été projeté sur Antenne 2 le 5 février 1986.
Communications et événements associés au film
Public
Grand public.
Audience
Descriptif libre
[00’00]
Générique d’introduction du reportage. Diverses voix prononcent des onomatopées et des fragments de films sont diffusés dans des tons bleus. Le titre "AUTOPSIE" apparaît au milieu de l'écran.
[00’06]
Dépose d’un corps au funérarium ; réflexion sur son métier
[00’06]
Plan d’ensemble. Un fourgon de police apparaît dans la nuit et tourne vers un lieu indiqué par un panneau de signalisation directionnel. Zoom avant. Celui-ci porte l’inscription « Funérarium ». Plans moyens. Un corps est sorti sur un brancard par plusieurs policiers et mené dans un couloir du funérarium. Un employé arrive avec un plateau à roulettes. Lui et les agents de police placent le corps sur celui-ci.
Gros plan. Un embryon dans une boîte de pétri. Plan rapproché en plongée. Vue de dos, la caméra par-dessus son épaule, un homme en blouse blanche observe cet organisme et, en voix off, parle de son « naturel optimiste » : « ça doit être les hormones, et ça va toujours assez bien ».
Plan moyen. Face caméra, l’employé du funérarium pousse le plateau à roulettes sur lequel se trouve le corps entre deux rangées de cercueils.
Retour au bureau. Gros plan. Une vertèbre. L’objectif de la caméra se déplace de celle-ci au visage de l’homme qui l’examine et qui, toujours en voix off, continue à parler. Il est médecin légiste et considère ce métier comme un rempart « au pessimisme et à la dépression » : « de temps en temps si on a des p’tits soucis on se dit "ben quand même je suis du bon côté", ce qui n’est pas désagréable. » Zoom arrière en contre-plongée. La vertèbre est examinée à travers une loupe. Mise en valeur de l’œil de l’expert, du professionnel, souligné par le port des lunettes.
Zoom avant en contre-plongée. Au funérarium, le corps est mené dans une chambre froide. L’employé ouvre le sac mortuaire. Plan fixe en plongée. Un soutien-gorge noir est jeté négligemment au sol sur un linge blanc. Zoom avant.
Gros plan. Le visage du médecin légiste témoigne d’une grande concentration. La caméra se déplace sur le pied humain qu’il est en train d’examiner. En voix off, il précise : « Le problème est un problème bassement matériel d’odeurs, et d’aspects vraiment dégoûtants du travail, c’est quelques fois très sale et là ben l’antidote, y’en a pas beaucoup ».
Plans rapprochés. Retour au funérarium où le corps est placé sur un monte-charge, le corps est puis placé dans l’une des chambres froides. L’employé referme la porte.
Plan moyen. Retour dans le bureau du médecin légiste. Il observe le pied qu’il tient dans ses mains et, en voix off, continue son propos : « Disons que pour faire ce métier-là, il faut déjà peut-être avoir un profil psychologique un peu particulier, c’est sûr ». Le téléphone sonne, il décroche, c’est un appel de « Madame le Procureur ». Zoom avant. Elle semble lui demander s’il serait possible de faire l’autopsie d’une jeune femme à l’identité inconnue, trouvée dans un hôtel. Le corps se trouve au funérarium de Villetaneuse. Le médecin légiste annonce qu’il est prêt à partir immédiatement avec ses deux assistants pour effectuer l’autopsie.
[02’13]
Préparation et exécution de l’autopsie ; réflexions sur celle-ci
[02’13]
Plan d’ensemble. Vue de dos dans un couloir sombre, l’équipe est en train de partir. Le médecin légiste reprend en voix off : « C’est très proche de l’enquête policière, quand on voit des policiers passionnés de leur enquête qui essaient de découvrir les indices, etc. nous c’est pareil, on essaie de découvrir sur nos petits fragments de notre cadavre le maximum de témoins, d’indices pour essayer de démonter le mécanisme du décès ou de l’agression, etc., c’est vraiment l’enquête. » Plan moyen et plan rapproché. Ils montent dans une voiture (une R11 Renault). Les phares sont allumés. Ils démarrent et la caméra suit leur départ.
Plan rapproché poitrine de trois quarts dos depuis siège arrière côté passager. Le médecin légiste conduit et il continue en voix off : « c’est ça qui est passionnant. Le roman policier, on tourne une feuille : est-ce qu’on va trouver un épanchement, une blessure, et on tourne une deuxième page, on va trouver un infarctus ». Plan d’ensemble. Il arrive dans la salle d’autopsie du funérarium accompagné de ses assistants dont l’un soulève le drap sous lequel se trouve le corps à autopsier. La caméra suit leur déplacement. Le médecin légiste reprend en voix off reprend : « quelques fois on trouve la dernière page, le dernier organe qu’on dissèque puis de temps en temps on reste complètement sur sa faim, dans des morts subites inexpliquées, dans des crimes parfaits ou des morts toxiques, on fait tout et on ne trouve rien ». Plan rapproché. Chacun se prépare à l’autopsie, enfilant tabliers, jambières et gants. Bribes de conversation pendant la préparation. Gros plan. Le visage de l’un des jeunes assistants. Retour à l’acte de préparation de l’équipe.
[03’20]
Plan rapproché. Sous le drap, la jeune femme. Seule la masse de ses longs cheveux blonds est visible. « Il n’y a pas de tabou, je crois qu’il faut regarder la mort en face, la mort fait vraiment partie de la vie hein, c’est normal, banal ». La caméra se recentre sur la préparation de l’équipe. Un second gant est enfilé. « Pour les cas simples, c’est une routine comme n’importe quel métier, vraiment, comme n’importe quel métier. »
Retour sur le corps de la jeune femme. « La seule chose c’est que…en cours d’autopsie c’est toujours nouveau, c’est toujours différent, il y a toujours des choses particulières qui apparaissent ce qui fait que ça stimule l’intérêt. »
Le médecin légiste sélectionne des outils médicaux et aiguise un couteau. Nouveau retour sur le corps de la jeune femme qui va être l’objet de son travail. « C’est une routine toujours intéressante, ça n’est pas un travail à la chaîne. »
Plan d’ensemble en contreplongée. L’équipe se met au travail. Voix in du légiste qui annonce : « Bon, on va procéder à l’examen du cadavre ». Le corps est analysé sous toutes les coutures.
Voix off : « Ce qui peut donner des sentiments bizarres ou de crainte ou quelquefois de tristesse, c’est les enfants. Quelquefois aussi des autopsies de sujets qui ont été très mutilés, très torturés, très abîmés. Là on a un sentiment non pas d’horreur mais de nous dire "ah non ça c’est affreux", mais c’est à peu près tout comme sentiment. »
Autre plan d’ensemble. L’examen continue avec le médecin légiste qui observe le corps. Gros plan en contre-plongée. Son visage ne trahit aucune émotion particulière. « Autant on peut avoir des sensations un petit peu, pardon, non d’angoisse mais de peur quand on fait des autopsies, autant lorsqu’on en a fait beaucoup après on ne fait plus attention avec l’habitude ». Le médecin annonce en voix in ensuite que l’examen externe du corps est terminé et qu’il va falloir procéder à une incision.
Gros plan. Les bruits de lame pénétrant la chair de la défunte se font entendre. Les ongles de sa main droite, posée au côté de sa cuisse, sont encore vernis.
Retour sur le visage du médecin : « Si on connaît la personne moi je crois que j’aurais beaucoup de difficultés là à faire l’autopsie, je crois que je refuserais. Et alors là effectivement, sentimentalement parlant je ne pourrais pas. Je ne refuserais pas qu’elle soit faite mais je ne la ferais pas, ça, ça me semblerait alors là morbide. » L’objectif de la caméra se déplace des pieds de l’un des assistants, enserrés dans des surchaussures, aux barres de soutien de la table.
Gros plan. L’objectif de la caméra remonte des pieds aux jambes de la jeune femme. Zoom arrière dévoilant l’ensemble de la scène. Les deux assistants écoutent avec attention le médecin. « Nous on est un peu déformés par les lésions, par les aspects pathologiques, et on dit souvent "quelle belle cirrhose" ou "quel beau cancer", ce qui est affreux de dire ça, mais effectivement on est sensible à des belles images de belles lésions, qui ressemblent un petit peu à ce qu’on voit dans les livres. »
Retour en gros plan sur le visage du médecin. Il fait remarquer que le cœur de la jeune femme est normal ce qui, précise-t-il, serait approfondi à la dissection. Plan d’ensemble en contre-plongée. Il vérifie l’absence de traumatismes internes. Lui et ses assistants concluent qu’il n’y a pas eu de violences.
[05’49]
Plan d’ensemble sous un angle différent et zoom avant. L’un des assistants entreprend de faire un scalp de la tête de la jeune femme pour pouvoir aller voir le crâne. Le médecin reprend en voix off : « Un cadavre est très différent d’un sujet vivant, le cadavre est froid en principe, enfin les cadavres que nous autopsions sont toujours froids, si le décès est suffisamment ancien, ne bougent pas, n’ont aucune réaction, c’est totalement différent, l’approche, le contact physique est très différent d’une personne vivante, même endormie. » Gros plan fixe. L’assistant prend la scie d’autopsie. Retour au plan d’ensemble. Il commence son travail. La caméra descend à nouveau des hanches aux pieds. « Dès qu’on touche quelqu’un de vivant, ça frissonne, ça bouge, ça vibre, je crois que vraiment là on ne viole rien en ouvrant, on ne peut pas découvrir de secret, les intimes pensées, le viol important c’est le viol de la pensée, or un cadavre c’est un cadavre, de la chair inanimée, on n’est pas encore capables de disséquer l’âme »
Plan rapproché poitrine. L’assistant a fini d’ouvrir la boîte crânienne et la détache de la tête. Gros plan en contre-plongée. En voix in, le légiste annonce n’avoir là encore rien vu d’anormal. Plans d’ensemble en contre-plongée. Tenant une scie dans sa main, il annonce vouloir prendre de la moelle cérébrale et lombaire pour vérifier. Il commence à scier.
Gros plan fixe. Les pieds comme le reste du corps bougent sous les coups de scie, et le légiste poursuit en voix off : « La médecine légale judiciaire c’est quand même contre le crime, contre le criminel. »
Retour sur le médecin légiste qui observe, puis gros plan sur la main de la défunte. « Et la vraie médecine légale judiciaire de l’autopsie du crime, le vivant n’en tirera rien ou pratiquement rien, donc c’est vraiment une autre satisfaction. La satisfaction je crois que c’est le démontage et la compréhension de quelque chose, comme le mécanicien qui a une voiture en panne et qui répare. » Nouveau retour sur le médecin qui remarque une hémorragie et une rupture complète de la moelle, au niveau des cervicales c6 et c5. Autre gros plan. Les assistants observent, curieux. Le médecin conclut à un traumatisme et à un acte criminel et annonce que « le Procureur » sera averti. Il demande ensuite à ses assistants que des prélèvements unguéaux soient effectués, un prélèvement vaginal et rectal pour rechercher d’éventuelles traces de sperme ainsi qu’une prise de sang. Plan panoramique. Les jambes de la défunte. Plan rapproché poitrine. Les assistants décident de la recoudre.
[08’10]
Résultat de l’autopsie et des examens complémentaires ; réflexions sur le regard des proches et sur sa propre mort
[08’10]
Autre plan rapproché poitrine. Le légiste appelle « Madame le Procureur » et lui annonce ses conclusions : pour lui il s’agit d’un crime, la défunte ayant subi une rupture de la moelle. Il annonce ensuite retourner à l’hôpital pour les examens complémentaires.
Plan identique à celui de [02’44]. Le légiste retourne à l’hôpital, Plan moyen et zoom avant. Il marche dans les couloirs et continue à délivrer ses impressions en voix off : « J’ai trois filles, qui grandissent tout doucement, enfin, mais sûrement, et l’homme privé ne parle pas beaucoup de son métier habituellement, enfin chez lui pas beaucoup. Mes enfants aiment bien que j’en parle parce que, je crois que comme tous les enfants ils sont friands, un petit peu fascinés des faits divers, elles me posent souvent des questions et puis elles ont des photos, je suis le pourvoyeur pour l’école en photographies non pas pornographiques, mais de cadavres verts ou d’organes, elles aiment bien. »
Plan fixe, plan rapproché taille et plan panoramique. L’un des assistants scie un os. À côté d’étagères où sont entreposés de nombreux reliquats humains, le médecin continue son travail. « Je peux tout à fait embrasser mes enfants ou ma femme tout à fait normalement après une journée d’autopsie, je fais seulement attention à ne pas sentir, et à me laver les mains. »
Plan d’ensemble. Il allume plusieurs lumières avant de s’installer à son bureau et d’effectuer des observations au microscope. « J’essaie de penser à me laver les mains deux ou trois fois après les autopsies, surtout quand on fait des autopsies de sujets putréfiés qui sentent quelques fois mauvais, heureusement j’ai une femme qui ne sent pas très bien, par contre mes filles sentent très bien et de temps en temps j’ai des réflexions d’odeurs bizarres ». Zoom avant sur son visage.
Plan moyen. L’un des assistants arrive et annonce que le groupe sanguin de la jeune femme est B+, la recherche de sperme est positive, et l’auteur a été groupé par absorption, il est de groupe A.
Plan en plongée sur les touches du téléphone et plan rapproché poitrine. Le médecin légiste rappelle « Madame le Procureur » pour lui annoncer ses nouvelles découvertes. Gros plan en plongée. Le visage de la défunte est recouvert d’une couverture blanche.
Nouveau plan moyen. L’employé du funérarium prépare le cercueil. Le médecin reprend en voix off : « Simple et propre. J’aimerais bien me faire incinérer. Quand on fait quelques exhumations de cadavres de quelques mois, on se dit qu’on n’aimerait pas tellement se voir dans cet état-là. »
Plan d’ensemble. L’employé pousse le chariot sur lequel se trouve le corps de la défunte dans une allée, entre d’autres cercueils. « Donc simple, simple. La mort c’est quelque chose de certain mais on peut se consoler, on peut espérer… »
Retour au plan rapproché poitrine du médecin légiste, allumant une cigarette, « …en se disant qu’on meurt soi mais enfin, on a laissé des choses ou des enfants ou une œuvre, ou je ne sais trop quoi et donc on ne meurt pas finalement. » Zoom arrière.
Retour au funérarium. Plan moyen. L’employé amène le chariot à côté du cercueil dans lequel le corps va être déposé. « On laisse des photos, des films, des souvenirs donc on ne meurt pas ». Le plan se rapproche vers le corps de la jeune femme couvert d’un drap.
Zoom avant sur le cadavre. Une voix off, différente de celle du légiste, cite sur fond de bruit de machine à écrire : « À tous les services de police et à toutes les morgues, femme blonde, race blanche, environ 25 ans, yeux gris, 1m67, 52 kg, cicatrice d’appendicectomie, un naevus entre les seins, aucune troisième molaire, pas d’autres signes particuliers. »
[11’10]
Début du générique de fin de l’émission.
[11’13]
Notes complémentaires
Références et documents externes
L'émission "Moi je" sur la base de l'Institut National Audiovisuel ina.fr : https://www.ina.fr/emissions/moi-je
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Dellya Methazem, Emmanuel Nuss