Une psychose en enfer (L'enfer de la psychose) (1994)

De Medfilm



Pour voir ce film dans son intégralité veuillez vous connecter.
Si vous rencontrez un problème d'affichage des sous-titres, veuillez essayer un autre navigateur.

Titre :
Une psychose en enfer (L'enfer de la psychose)
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
15 minutes
Format :
Parlant - Couleur - video
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

Auteurs Docteur Patrick Lemoine, Chef du Service Unité Clinique de Psychiatre Biologique CHS Le Vinatier Lyon-Bron ; J.A. Lacour co-adaptateur et codialoguiste du film inachevé de H.G. Clouzot « L'enfer » - 1964

Contenus

Sujet

Retour sur le film inachevé L'enfer d'H.G. Clouzot (1964) dont le thème devait être l'exacerbation du délire de jalousie.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Après le témoignage d'un patient authentique, le Docteur Patrick Lemoine (Le Vinatier, Lyon) présente le délire de jalousie du point de vue médical. La participation de José-André Lacour permet de relier ces explications au film inachevé L'enfer (1964) d'H.G. Clouzot, pour lequel Éric Duvivier (réalisateur du présent documentaire) fut chargé des effets spéciaux, notamment pour les essais hallucinatoires avec Romy Schneider ; hallucinations sur lesquelles le Docteur Patrick Lemoine reviendra plus précisément.

Contexte

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le témoignage du début permet d'introduire le sujet comme une maladie réelle et handicapante : la caméra prend la place du médecin, comme s'il se confessait directement au spectateur. Les entretiens des deux auteurs se succèdent et s'alternent de plus en plus rapidement et en plans de plus en plus serrés ; le rythme du film semble suivre celui de l'histoire racontée. Une fluidité dans la narration de l'histoire autour de L'enfer nous amène vers les thèmes des hallucinations et des médicaments qui semblent être le but scientifique du film.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Circuit médical. La première projection du film eut lieu le vendredi 4 février 1994 à 11h30 au Club Publicis, 133, avenue des Champs-Elysées (Paris), sur invitation.

Communications et événements associés au film

Public

Corps médical

Audience

Descriptif libre

Narration documentaire. Le sujet est introduit par le témoignage d'un patient, en consultation, qui explique et décrit les cheminements de sa pensée jalouse. Le film se construit ensuite sur la base d'entretiens successifs des deux auteurs : le Docteur Patrick Lemoine, au sujet des psychoses hallucinatoires et J.A. Lacour qui participa au film de Clouzot pour revenir sur les épisodes les plus marquants. Plusieurs photographies et séquences vidéo (d'archive ou non) sont utilisées pour illustrer les propos et explications des auteurs.
Logo Sandoz (musique Sandoz)
Titre et générique avec en fond une image d'un feu de cheminée, sur la musique de la fin de Messeri ! Il doge ! chanté par Luciano Pavarotti dans l'acte 3 d'Otello (Verdi) ; introduit un thème dramatique. La musique s'arrête.
Titre : « Observation du Professeur Lempiere ».
Séquence en noir et blanc. Un homme, face à la caméra, parle devant un médecin, de dos, dont nous n'apercevons qu'une partie de sa blouse. La caméra se place derrière l'épaule du médecin pour prendre sa place : axe frontal, angle plat. Zooms avant jusqu'à un plan taille puis un plan serré pour mieux dévoiler l'émotion du patient. La confession de cet homme permet d'introduire le sujet du délire de jalousie. Il admet ses progressifs doutes quant à la fidélité de sa femme, mais pense surtout à ses enfants, dont il refuse de laisser la garde à celle-ci : « c'est très difficile de vivre avec quelqu'un qu'on en est arrivé à haïr. (…) Les moindres détails, des bribes de phrases qui vous restent en mémoire, des situations que vous jugez sous un certain angle, des quiproquos qui arrivent trop souvent. D'abord, je cherchais à oublier parce que je pensais que c'était fou de ma part d'avoir pensé ça, seulement c'est resté. » Il avoue avoir cherché à savoir, à comprendre, fouiller, pour savoir si c'était la réalité ou son imagination et a même inventé des lettres anonymes.
Titre : « Docteur Patrick Lemoine UCPB CHS Le Vinatier »
Séquence en couleur, angle plat, axe frontal, plan moyen : il s'adresse directement au spectateur. Apparaît un homme très sérieux (dans la quarantaine) assis dans une pièce, les doigts entrelacés. Son explication suit le témoignage précédent pour dire que le délire de jalousie est « Dieu merci assez rare, et doit être distingué de la jalousie normale ou subnormale », puis rapproche le registre de la psychose du délire à une forme de paranoïa ou « délire chronique parfaitement cohérent, logique, systématisé, auquel nous médecin, nous pouvons croire, adhérer pendant des mois, voir des années. On peut se laisser piéger. (…) On ne sait jamais – le film le montrera bien – si on est fondé sur une réalité ; cela a amené certains cliniciens à dire que les délires de jalousie sont toujours cocus ».

Titre : « José-André Lacour Co-adaptateur, co-dialoguiste du film "L'enfer" »
Séquence en couleur, angle plat, axe frontal : il s'adresse lui aussi directement au spectateur et narre l'histoire de ce film. Cet homme, dans la soixantaine, la voix extrêmement rauque est assis derrière un bureau. Il explique comment, il y a une trentaine d'années, HG Clouzot s'est intéressé à ce thème de « jalousie portée à son point d'incandescence, à un point d'incandescence tel qu'on arrivait, qu'on atteignait et qu'on chutait vraiment dans le pathologique » pour faire un film qui restera finalement inachevé. Il raconte que le jaloux devait être incarné par Serge Reggiani et l'objet de la jalousie, sa femme, par Romy Schneider. Pendant ses explications, des anciennes photos du tournage de L'enfer apparaissent (Clouzot et les acteurs principaux posant aux côtés d'une caméra, les mêmes sur les fameuses chaises portant leurs noms). Quant au décors, « le lieu choisit était le paysage extraordinaire, grandiose, et également, il faut le dire, inquiétant, de Garabit, là où se trouve cet immense viaduc qui a été construit par Eiffel (…). Le lieu d'habitation des personnages (…) est un hôtel qui se trouve à proximité du viaduc, ce qui explique les bruits de trains qui arrivent, qui grandissent, qui deviennent presque furibonds et qui sont les déclencheurs de la crise de jalousie pathologique chez le personnage interprété par Reggiani. » (vidéo du paysage en même temps). Suivent à nouveaux des photos du film et du tournage.
Après cette description du lieu, il revient sur le thème : « Une jalousie d'abord non agressive qui se borne à un peu d'observation, qui se borne à des petits soupçons qui ne sont alimentés nous semble t-il par rien, et qui dans l'esprit de notre héros s'aggravent, se concrétisent de plus en plus, se rassemblent, jusqu'à former un faisceau de présomptions qui vont elles-même s'aggravant jusqu'à constituer, non pas jamais une preuve, mais à constituer tout un ramassis d'images qui avec le temps s'enrichissent, s'enrichissent aussi de souvenirs anciens, des premiers temps de l'amour, des souvenirs du jour de leur mariage, lesquelles se transforment peu à peu, de façon très insidieuse, d'une façon peu visible pour l'extérieur mais qui dans l'esprit du héros deviennent progressivement graves. Jusqu'à prendre des allures non pas encore hallucinatoires mais qui tendent à l'hallucination, jusqu'à ce que à un moment donné (…) des images qui en soit n'ont pas d'importance, des lieux qui en soit ne sont rien, prennent une signification dramatique. C'est ainsi que, par exemple, la porte d'une chambre devient, je dirais presque, la porte de l'enfer (…). ». Il continue les explications et offre quelques exemples des images qui sont suscitées dans l'esprit de l'homme jaloux. La voix de J.A. Lacour devient par instants hors-champ pour laisser place à des photos, vidéos du lieu de tournage ou vidéos des séquences hallucinatoires de L'enfer. Il explique particulièrement comment « une image sonore se transforme en une image visuelle » dans l'esprit du jaloux, et enfin, comment « la jalousie du personnage devient si violente, si terrifiante ».
Restituer les hallucinations par le trucage
Retour sur le Docteur P. Lemoine (en plan plus serré). Il explique que « le génie de Clouzot s'est probablement d'avoir su montrer qu'il y avait différents mécanismes pour créer une hallucination ». Les explications sur les diverses hallucinations se poursuivent sur des images scintillantes d'Henri Michaux (visions sous mescaline) : « par exemple, ces phosphènes, ces scintillements, sont créés ex-nihilo, c'est à dire à partir de rien. Ça, c'est un mécanisme que en général, on relie à ce qui est observé avec la mescaline, aussi avec les amphétamines. C'est également ce qu'on observe dans le délire schizophrénique, ce qu'on appelle les hallucinations paranoïdes ; on crée quelque chose, une hallucination à laquelle on croit à partir de rien. En revanche, il existe plus souvent dans la paranoïa, notamment dans les délires de jalousie, des créations interprétatives. C'est à partir d'un objet, d'une situation, d'une expression qu'on va inventer une hallucination qui viendra se superposer à un visage, à quelque chose d'autre. C'est ce qu'on observe plus avec des drogues qui, cette fois-ci ne sont plus dopaminergique, mais qui sont plus sérotoninergiques ; le LSD en est un exemple ; dans les Paradis Artificiels aussi on voyait que Baudelaire recommandait toujours au fumeur ou au consommateur de drogue d'avoir un pianiste qui permet de recadrer une réalité plus agréable avec un accord un peu harmonieux pour que la séance ne tourne pas mal, que l'ambiance reste bonne, que les interprétations restent positives. » (les explications se font sur les images des essais hallucinatoires avec Romy Scheider).
Retour à J.A. Lacour, (plan beaucoup plus serré) qui raconte la fin du film : le meurtre de la femme (photos représentant la fin du film : Romy Schneider qui crie, images d'un lit et d'un lavabo ensanglantés). Le plan est plus serré, plus intimiste, comme si il nous mettait dans la confidence.
Retour au Docteur Lemoine : « Il est probable que les médicaments qui agissent à un niveau dopaminergique ou anti-dopaminergique seraient plus efficaces dans des mécanismes de création pure, alors que dans l'interprétation, la sérotonine et les médicaments ayant un tropisme sur la sérotonine devraient ou mériteraient d'être mieux explorés ». (images scintillantes mescaliniennes d'H.Michaux et images de visions hallucinatoires scintillantes sur un visage et une poitrine pour illustrer son propos).
FIN sur l'image de feu de cheminée du début (feu qui peut rappeler le feu de cheminée dans Images du monde visionnaire)Logo Sandoz

Notes complémentaires

CIL - Cote 630 + dossier sur le film (invitation à la projection, résumé en français)
CERIMES - DVD n° 08670 (+ U-Matic + BétaSP)

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Caroline Ruebrecht