Syphilis (1979)

De Medfilm



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Titre :
Syphilis
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
17 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

(Générique de fin)
Автор сценария: кандидат медицинских наук Б. Зудин
Научный консультант: доктор медицинских наук, профессор Р. Бабаянц
Режиссёр-оператор: В. Соснин
Мультипликатор: Б. Чани
Монтажер: Л. Панова
Звукооператор: З. Каурова
Редактор: А. Белобоков

( SCÉNARISTE : Dr B. ZOUDINE
CONSEILLER SCIENTIFIQUE : PROFESSEUR R. BABAIANTS
DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE : V. SOSNINE
ANIMATEUR : B. CHANI
RÉDACTEUR : L. PANOVA
INGÉNIEUR DU SON : Z. KAUROVA
RÉDACTEUR-EN-CHEF : A. BELOBOKOV)

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Histoire de la syphilis, sémiologie, recherche de contacts.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Un film en quatre parties : exposition du sujet, les antécédents dans l'Ancien Régime, la description clinique de la maladie, la mise en cause du relâchement des moeurs sous l'influence de la culture occidentale, les modalités de l'enquête pour mettre au jour la chaîne de contamination.

Contexte

Conjoncture économique

Dans les années 70, l'URSS, alors que Leonid Brejnev est premier secrétaire du parti, connaît une stagnation économique. Le niveau de vie de la population a baissé et le manque de productivité dans de nombreux secteurs dont l'agriculture se fait sentir. Pour faire face à la faiblesse de la production d'aliments, l'URSS a acheté des millions de tonnes de céréales en Occident en général et aux États-Unis en particulier. Les dépenses faites pour les forces armées et pour le programme spatial soviétique ont amené à négliger les besoins de base comme l'habitat. L'économie informelle qui s'est développée a entraîné une corruption généralisée. La natalité est aussi en baisse, enrayée notamment par le retour du péril vénérien. Il y a une tension entre un désir de modernité et de libération des moeurs et une moralité qui garde ses principes conservateurs : pas d'enfants hors mariage, la syphilis reste une "maladie honteuse".

Le système de santé

Le Commissariat du peuple à la santé – le Narkomzdrav – est créé en 1918. Sous la direction de Nikolaï Semachko, médecin de formation, le Narkomzdrav développe un système de santé unifié à l'échelle d'un pays — le premier du monde. Gratuit et universel, celui-ci repose sur une organisation de soins par niveaux, selon la gravité des affections, appelé « système Semachko ». Ce système, précurseur de la médecine générale, a ensuite été adopté dans de nombreux pays comme base de leur système de santé. La prévention des maladies infectieuses fait l'objet d'une attention particulière. Dès 1922, un organisme de surveillance sanitaire et épidémiologique – le Sanepid – est créé, disposant d'équipes d'intervention actives sur tout le territoire, des villages aux entreprises. Couplée à une vaccination de masse, cette surveillance permet à l'URSS d'éliminer des maladies comme la tuberculose ou le paludisme. L'espérance de vie, qui ne dépassait pas 31 ans à la fin du XIXe siècle en Russie, atteint 69 ans au début des années 1960, les Soviétiques tentant de rattraper leur retard sur les pays occidentaux.

La place des femmes

L'URSS s'est présentée comme un État particulièrement en avance en matière d'égalité homme-femme. C'est cependant le gouvernement provisoire qui, pendant l'été 1917, a institué le droit de vote pour les femmes, suite à la longue lutte qu'elles ont mené depuis la fin du XIXe siècle. Après Octobre 1917, elles obtiennent aussi le droit au divorce par consentement mutuel, un salaire égal à celui des hommes, des congés de maternité et l'égalité de reconnaissance entre enfants légitimes et naturels. Le droit à l'avortement est obtenu en 1920 – il est cependant interdit en 1936 par Staline, puis rétabli après la mort de ce dernier. Par ailleurs les femmes, très majoritairement actives avaient accès à des emplois traditionnellement dévolus aux hommes (femmes-mineurs, terrassières, ouvrières du bâtiment, conductrices d'engins...). Il reste qu'elles devaient assumer en parallèle l'ensemble des charges familiales.

Contrôle de l'expression publique

les médias et les arts sont contrôlés par le régime soviétique. Les productions hollywoodiennes sont censurées, et la diffusion des autres films étrangers est restreinte selon les attendus idéologiques du pouvoir en place.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Oui.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

La marque du style fantastique

Le début du film se caractérise par des emprunts aux ressorts esthétiques du style expressionniste et fantastique des années 20 et 30 : fond noir des images, contraste entre vues plaisantes et visions cauchemardesques, déformations typographiques, musique foraine sur des représentations dramatiques, abondance de céroplasties.

L'influence néfaste de l'Occident

Le propos du film est autant d'avertir contre le danger de la syphilis que de mettre en cause la culture occidentale capitaliste dans le relâchement des moeurs observé au sein de la société soviétique. Les images et la musique témoignent régulièrement de la force du soft power exercé par les Etats-Unis. Au début du film, déjà, il est affirmé que c'est l'intervention internationale antisoviétique pendant la Guerre civile (1917-1921) qui aurait affaibli le système médical.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Par contraste, le système de santé soviétique, une fois mis en place, a été efficace contre le fléau vénérien grâce à son personnel et son organisation clinique et préventive. Il reste un non-dit dans le film : si ce système a su éradiquer la syphilis, comment expliquer son retour aujourd'hui? Les raisons avancées restent le rôle de l'étranger et son idéologie médiatisée.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Communications et événements associés au film

Public

Profession médicale

Audience

Descriptif libre

Le cauchemar de la syphilis

En montage parallèle, sur une musique doucereuse et romantique, alternance de plans d'une jeune femme élancée en maillot de bain qui évolue dans l'eau avec des plans de coupe montrant un homme adulte aux gestes hagards et qui annone et des bébés vagissant sur fond noir. La séquence fait se contraster vivement l'incarnation de l'épanouissement physique avec des représentations cliniques de corps en souffrance. Commentaire : "Ces enfants ne seront jamais des êtres humains beaux, sains et complets." Il précise la cause de ces malformations : la syphilis. Le mot apparaît en lettres angulaires et déformées, d'une typographie qui rappelle celle des intertitres dans le film expressionniste Le cabinet du Dr. Caligari (Robert Wiene, 1921). La réalisation emploie délibérément les ressorts cinématographiques du fantastique pour happer l'attention du public : interjections de visions terrifiantes, déformation du dessin ordinaire des lettres.

La responsabilité de l'Ancien régime et des étrangers

Gros plan sur des pages imprimées que tourne une main visible en amorce. Le commentaire indique qu'elles appartiennent aux dossiers médicaux de personnes atteintes de la syphilis, lesquels sont de types sociaux très divers. Le commentaire rappelle que toute la société "pré-révolutionnaire" était exposée à la menace vénérienne: "un étudiant, un noble, un huissier..." Dans la bande son, une musique foraine : là encore, la réalisation emploie un ressort émotionnel du genre expressionniste, qui consiste à associer une musique festive à un contenu grave pour rendre la scène sinistre. Portraits de cour pour mettre en cause la famille royale. Le commentaire affirme que la syphilis "venait surtout des bordels", type de lieux que la civilisation monarchique-capitaliste, en favorisant les moeurs dissolues, aurait multipliés dans ses métropoles. Photographies cliniques de malades. Le commentaire ajoute que la présence étrangère pendant la Première Guerre Mondiale a aggravé la situation. Comme s'il s'agissait d'un vieux souvenir, il précise qu'aujourd'hui, "certaines manifestations de la syphilis ne se trouvent plus que dans les manuels". Les mesures prises par le pouvoir soviétique (éradication de la prostitution, mise en place d'un réseau d'institutions médicales et promotion de l'éducation sanitaire) auraient limité l'expansion du fléau. "Mais, ajoute le commentaire, la communauté médicale est de nouveau confrontée à cet ennemi presque oublié." (04:04)

Description clinique

En séquence parallèle, images microcinématographiques montrant des spirochètes en alternance avec des plans d'une laborantine les observant au microscope. Le commentaire précise, et assume, que le "tréponème pénètre dans le corps surtout par voie sexuelle". Sur des images de jeunes femmes posant de manière romantique, le calendrier de la maladie : intervention du stade primaire au bout de 6 à 8 semaines, du stade secondaire au bout de 2 à 4 ans, du stade tertiaire "plus tard". GP de parties génitales masculines et féminines atteintes par le chancre, photographies de torses et de mains marquées par une éruption "vésiculeuse ou pustuleuse". Les parties anatomiques concernées sont montrées sur fond noir pour accentuer le didactisme des plans. Vue sur une nuque d'homme à la chevelure rare : "Chaque médecin devrait savoir qu'une alopécie nécessite un test de Wassermann. Le traitement est nécessaire pour ôter l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de la personne qui a contracté la maladie." Cette observation indique que le film s'adresse au personnel médical. De nouveau, apparition de céroplasties montrant un fessier, une aine, un visage blessés. Le plan sur le visage passe de la couleur au noir et blanc pour lui faire prendre l'apparence d'une photographie clinique. "Lorsqu'ils sont localisés sur les muqueuses, les ulcères de la syphilis tertiaire entraînent une destruction profonde et étendue des tissus mous et du système squelettique." (12:37)

La cause : l'air du temps

Sur fond d'une musique hard-rock épouvantable (en 1979, triomphe du groupe AC-DC et avènement de la vague de groupes allemands), succession de photographies de pin ups des années 70 aux poses décontractées et provocantes, souvent prises en contreplongée. "Dans de nombreux pays, les soignants et spécialistes des sciences sociales s'inquiètent de la propagation de la syphilis". Selon le commentaire, les causes sont à chercher dans "l'indépendance précoce des jeunes..." - succession de clichés montrant des jeunes femmes décontractées, souriantes et facétieuses, pris dans la rue, dans les bars, sur la plage - "... les migrations, l'ignorance en matière d'hygiène sexuelle, le relâchement des liens conjugaux, l'excès du temps libre, du tourisme". Le commentaire met aussi en cause le développement de la presse pornographique et les relations faciles. Les derniers clichés de la série, par contraste avec les précédents, montrent un jeune homme prostré, une jeune femme en larmes. (13:35)

La réponse médicale

Représentation en film d'animation de la prédominance de la syphilis sur les maladies les plus prégnantes en URSS : paludisme, méningite, tuberculose et hépatite. Entretien avec le chef du Premier institut médical de Moscou, Robert Babaiants. Le médecin, installé devant des planches radiographiques, explique que la société soviétique ne pouvait échapper à l'étendue des ravages de la maladie vénérienne qui se sont étendus sur le monde entier. "En raison des contacts avec l'étranger, et de certaines autres questions, il est nécessaire de mobiliser toutes nos capacités et nos ressources sur la question prophylactique." Il ajoute que les causes sociales ne sont pas à chercher du côté de l'URSS, mais que celle-ci est désormais concernée et que la vigilance sanitaire doit y être maximale. Explications floues, décision ferme. (14:33)

Le médecin mène l'enquête

Dans un dispensaire, un homme en entretien avec une infirmière. Stridence d'une note continument jouée par un violon pour accentuer la charge dramatique de la scène. Le commentaire précise que l'homme vient consulter quelques semaines après "un rapport sexuel avec une inconnue". L'infirmière écoute attentivement, l'air grave. Cut. Dans la même pièce, l'infirmière est à présent accompagnée d'un médecin. Elle lui explique que l'homme était ivre au moment de son rapport et a contracté la syphilis, comme le révèle l'examen. "Il ne se souvient que du nom de la femme, pas de son adresse". Nous comprenons que le traitement de la question prophylactique consiste en partie en la mise en place d'une enquête, laquelle, d'après les informations recueillies auprès des patients, doit mettre au jour les chaînes de contamination d'après un chaînon identifié.

Le film se termine sur une étrange séquence d'allure policière, avec, comme détective, le médecin-chef du dispensaire lui-même. Soucieux de préserver "beaucoup d'autres personnes", il doit se rendre auprès de celles qui ont été identifiées comme possibles agentes de contamination. La note tenue du violon s'intensifie, accentuée par des notes basses de piano. Coiffé d'une toque, le médecin embarque sans hésitation dans une voiture de couleur orange qui parcourt les rues enneigées. "Le manque d'informations fait de cette histoire un véritable roman policier", souligne le commentaire. De fait, le médecin, tel un Columbo sanitaire, se démène pour retrouver, dans un quartier populaire, la femme qui a contaminé le patient. Elle n'était pas consciente de sa maladie "car elle prenait des antibiotiques pour des raisons mineures". Comme d'autres films soviétiques de prévention contre la syphilis (Passions éphémères, Chemin dangereux), Syphilis insiste sur les effets trompeurs que causent la prise d'antibiotiques sur les examens. A présent, la femme identifiée va être hospitalisée. Toute cette séquence rappelle le récit de l'enquête mené pour les mêmes motifs dans le film français de 1945 L'ennemi secret. Pour finir, l'enquête appuie la dénonciation par les autorités du relâchements des moeurs dans toutes les strates de la société. Le circuit des contaminations, illustré par un schéma au centre duquel se trouve la photographie d'une femme aux yeux rayés par une barre noire, s'explique en effet par "la promiscuité sexuelle".

Notes complémentaires

Comprend des images de céroplasties avec légende en latin.

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Joël Danet, Korine Amacher
  • Transcription Russe : Ivan Melnik
  • Sous-titres Anglais : Élisabeth Fuchs, Ivan Melnik
  • Sous-titres Français : Ivan Melnik
SNSF-logo.png  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet Neverending Infectious Diseases