Stress et dépression (1985)
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Sommaire
Générique principal
Carton, fond bleu : « laboratoires Spécia » associé au logo de Rhône-Poulenc / Jean-Marc Albi – Maurice Ferreri / Département de psychiatrie et de psychologie médicale / Faculté de médecine Saint-Antoine – Université de Paris VI / Avec la participation de Thomas Holmes (Seattle) – Georges Brown (Londres) / Images : René Gosset – Philippe Morice / Réalisation : Eric Duvivier
Contenus
Sujet
Etude des causes sociales du stress, mise en évidence du facteur urbain, témoignages sur le vécu de cette maladie.
Genre dominant
Résumé
Le film consiste en l'exposé des résultats d'une enquête sociologique menée au Royaume Uni, puis en des témoignages divers de femmes souffrant de stress.
Contexte
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Oui.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Non.
- Animateur : Non.
- Voix off : Oui.
- Interview : Oui.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
Le film privilégie le point de vue de chercheurs sociologues qui vont mettre en évidence les facteurs sociaux du stress. Dans sa dernière partie, il est question d'un questionnaire mis au point pour permettre de recueillir les expériences des patients. Le film cherche ainsi à contextualiser la démarche de ce questionnaire en rappelant les études qui y ont mené.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Séances professionnelles
Communications et événements associés au film
Public
Public professionnel : praticiens, chercheurs, étudiants
Audience
Descriptif libre
Fonds Eric Duvivier code 575.
Un générique qui cherche à incarner le « stress »
[00'00]
Pendant le générique, succession d’images exprimant un malaise psychologique : portrait de visage émacié aux traits tendus, compositions psychédéliques comportant des cadrans téléphoniques, des yeux écarquillés où se reflètent des lumières clignotantes ou des façades d’immeubles aux fenêtres éclairées, tableau représentant un individu habillé d’une tunique, prostré sur les marches d’un escalier… La musique est un agglomérat de mélodies synthétiques et de percussions électroniques (on reconnaît notamment « She’s a maniac » de Michael Sembello qui intégrait la bande originale du film Flashdance diffusé en 1983).
[01'08]
Hans Selye, pionnier de la recherche sur le stress
[01'08]
Gros plan sur des livres empilés sur une étagère. Leur tranche indique qu’ils portent sur le stress et qu’ils sont tous du même auteur : Hans Selye. Le montage suggère que c’est lui, l’homme installé dans son bureau, assis dans un fauteuil profond environné de pupitres chargés d’ouvrages ouverts. Le commentaire affirme que Hans Selye, disparu récemment, a « consacré toute sa vie à l’interaction entre le physique et le psychique, l’individu et l’environnement, entre la maladie et les agressions ». Un autre homme apparaît à l’image, filmé plan épaule. Il s’adresse en anglais à la caméra. Le commentaire indique qu’il s’agit de Thomas Holmes, concepteur des diagrammes « qui portent sur les événements stressants de l’existence, basés sur la quantification des changements dans l’existence qu’impliquent ces événements. Chaque événement est mesuré en unité de changement dans la vie du sujet. » Plan sur un couple qui se marie, courant sur une allée. Mariage, côte : 50. Plan sur un cimetière planté de palmiers. Décès d’un conjoint : côte 100. Plan d’un policier verbalisant. Infraction à la loi : 11. Autres plans, autres événements, autres côtes : une ambulance avec ses portières ouvertes, la façade d’un bureau de recherches d’emploi, un couple qui se dispute … « la cotation sert également à la mesure d’un cumul d’événements ». A noter que depuis le début du film, tous les plans sont issus de films anglo-saxons, que les personnes parlent en anglais ou que les inscriptions soient dans cette même langue.
[02'56]
Une population exposée : les femmes des classes populaires en milieu urbain
[02'56]
Autre protagoniste de la recherche sociologique sur le stress, Georges Crown qui propose une approche complémentaire qualitative. Il est montré en gros plan, parlant devant un rayonnage de livres. La voix du commentaire par-dessus la sienne traduit désormais ses propos : « Nous interrogeons les événements et les difficultés qui se sont produites dans la vie d’une population l’année précédente. Puis nous faisons une grille qui évalue à quel point ces gens ont été perturbés par les événements (…) Si une femme est enceinte, nous recherchons si elle habite dans une seule pièce, si elle a déjà un autre bébé ». Le sociologue évoque une étude portant sur 500 femmes âgées de 18 à 65 ans, habitant Camberwell, un quartier populaire de Londres. » Images du quartier de Camberwell : paysage fruste d’environnement ouvrier. Un joli plan sur une rue vue à travers les deux parois vitrées d’une cabine téléphonique, sur-cadré par les arêtes du châssis. Deux catégories ont été établies : cas sévères et cas limites. La première regroupe des femmes ayant des « pensées suicidaires, habitées par des sentiments de désespoir, une aménorrhée, des insomnies matinales, des pertes de poids… » Vue sur une femme assise seule sur un banc public, dans une attitude de prostration. Le commentaire précise que la prise en charge de ces femmes consiste en des consultations de médecins généralistes qui leur prescrivent des psychotropes. Pas de suivi psychiatrique. Une très grande différence s’observe selon la classe sociale : dans les trois mois précédents, 6% des femmes de classes moyennes avaient souffert d’un désordre psychopathologique grave, conter 23% des femmes de classes populaires. Le sociologue indique quels événements de vie ont été relevés avant l’installation des troubles : rupture amoureuse, foyer brisé, problèmes avec les enfants, maris en prison ou ayant perdu leur travail… « Autres circonstances amenant des dépressions moins importantes : la présence d’un mari dépressif, présentant des caractères schizophréniques ». Tous ces événements sont appelés « agents provocateurs ». L’état dépressif est constaté chez 1 femme sur 12 dans les classes populaires, 1 femme sur 3 dans les classes moyennes. En cause, « le facteur de vulnérabilité » : « Les femmes des classes populaires sont plus susceptibles d’avoir trois enfants de moins de quatorze ans, plus susceptibles d’avoir un manque dans la relation au mari, plus susceptibles d’avoir perdu leur mère avant 11 ans. » La séquence fait alterner des plans où le sociologue, en in, déroule son exposé en se référant au tableau lumineux disposé à ses côtés, et des vues urbaines montrant une foule affairée circulant sur les trottoirs, traversant les larges chaussées, évoluant parmi les vitrines des magasins illuminées et les grands placards publicitaires sur les murs. Dans le champ de l’image, ce sont les femmes qui sont privilégiées : nous les voyons attendre un bus, regarder l’étal d’une épicerie, mutiques, toujours l’air soucieux.
[08'15]
Un contre-modèle : les femmes dans une petite communauté rurale
[08'15]
Autre exemple d’enquête, mené à Hatford dans le Nord Ouest de l’Ecosse. Une communauté rurale, religieuse, très pratiquante. Les conditions des femmes vivant dans le comté sont très différentes. Elles vivent dans des petites fermes, ou en HLM, ou dans des pavillons individuels. Les femmes qui sont le plus touchées sont celles qui vivent en HLM, ensuite celles qui vivent en ferme, ensuite celles qui vivent en pavillon. Chez ces femmes, on ne trouve que « la moitié du taux des événements annuels chiffrés à Camberwell. Elles sont nettement moins touchées par des événements comme les mariages brisés ou les problèmes d’habitat. » La différenciation sociale ne joue pas comme à Camberwell. Les facteurs de dépression sont augmentés chez les femmes qui se rendent le dimanche à la messe. » Aller à l’église est un facteur de protection. » Ici, la séquence associe différents plans généraux montant des aspects du comté correspondant aux différents points abordés par le commentaire : landes, lacs, bâtisses de ferme isolées, groupes de pavillons, routes bordées de haies qui serpentent dans le vallonnement verdoyant. Au dernier plan montrant un champ de pierres tombales est associé à un développement du commentaire sur la vulnérabilité psychologique des femmes du comté à la mort d’un parent. Cet événement a beaucoup plus d’impact qu’à Londres. « Plus les femmes sont intégrées, plus elles ont tendance à développer des états anxieux, après un début de dépression qui se résorbe rapidement. » (11.50) Ici s’arrête la partie du film qui adapte un documentaire britannique. La suite puise dans un fonds d’images d’origine française.
[17'47]
Témoignages de patients
[11'47]
La séquence suivante consiste en la succession de témoignages de patients. Ilns sont pas présentés. Chaque fois, leur visage est associé à une composition graphique supposé représenter leur condition psychique.
Premier patient : une femme d’une cinquantaine d’années en gros plan. Etalonnage contrasté pour mettre en évidence ses traits tirés et son regard lourd. Quand elle évoque un « acte de vente » comme une décision qu’elle regrette, son visage est associé à un dessin montrant des billets de dollars chiffonnés et une cigarette consumée.
Second patient : un homme d’une cinquantaine d’années qui dit ne pas supporter le passage à la retraite : « Les grandes décisions ne m’ont pas fait peur. Ce sont les petites choses de la vie qui m’angoissent, les petits détails. » Son visage est associé à une composition fantastique montrant un temple antique, des éboulis, une pelleteuse.
Troisième patient : une femme d’une cinquantaine d’années, gros plan. Après le traitement de sa tumeur, elle ressent des angoisses et souffre d’insomnies. Suit la vue d’un dessin montrant une feuille morte déchirée, attachée à une branche battue par le vent, se détachant devant un ciel noir illuminé par une lune glacée. On entend ces dernières paroles : « Je ne veux voir personne. Je ne veux pas vivre. »
Quatrième patient : une femme d’une trentaine d’années. Gros plan sur son visage. Elle témoigne des angoisses qu’elle éprouve depuis son départ au Canada pour suivre son mari qui y a été affecté. Son visage est associé à la vue nocturne d’une métropole. Cinquième patient : une femme explique qu’elle n’a jamais pu se remettre de l’accident d’automobile qui a emporté sa petite fille. Composition en surimpression d’un visage d’enfant et d’un cygne flottant sur l’onde d’un étang.
Sixième patient : une femme d’une quarantaine d’années, en gros plan. « Je suis fatiguée, je me laisse aller. Faire un pas, bouger, me laver les dents, c’est vraiment une charge, je ne peux plus vivre. C’est arrivé pratiquement du jour au lendemain. » Son visage est associé à des dessins de femmes mannequins aux apprêts futuristes, style Grace Jones.
Sur un dessin montrant un drive in, le commentaire reprend, affirmant qu’une approche multi-factorielle est nécessaire pour analyser « l’étiologie des événements de vie dans la dépression ». En se passant « le film de ses événements », le patient doit cerner les événements qui ont joué un rôle important dans son existence. Le dessin du « drive in » est sans doute à lier à l’expression « film des événements » : le traitement implique que le patient opère une « projection personnelle ».
Sur un dessin montrant un drive in, le commentaire reprend, affirmant qu’une approche multi-factorielle est nécessaire pour analyser « l’étiologie des événements de vie dans la dépression ». En se passant « le film de ses événements », le patient doit cerner les événements qui ont joué un rôle important dans son existence. Le dessin du « drive in » est sans doute à lier à l’expression « film des événements » : le traitement implique que le patient opère une « projection personnelle ».
[17'16]
Le questionnaire des événements de vie
[17'16]
Gros plan sur une feuille tapuscrite, il s’agit d’un questionnaire dit « E.V.E.- événement de vie de Jean Vacher et M. Ferrerri » qui répertorie des événements de vie – type. Pour chacun, le patient note à quel âge ils sont intervenus et s’ils ont été traumatisants ou non. Séquence d’un scientifique (Ferreri ?) commentant les courbes graphiques correspondant aux résultats de l’enquête. Dernière séquence montrant un dessin naïf montrant un village environné de routes et de champs … Quelques saynètes situées à divers endroits du dessin illustrent les événements susceptibles d’être « responsables d’un changement tout au long de l’existence. Ces événements sont capables d’introduire une vulnérabilité ultérieure, et notamment des épisodes dépressifs. » Nous voyons un accident de la route, un couple qui se dispute, un enterrement… « Il s’agit ensuite de mesurer les répercussions de ces événements sur la vie affective et professionnelle du sujet, aussi sur sa santé. » Pour finir un dézoom sur un dessin montrant un visage de femme à la tonalité fantastique, le crâne surmonté de pics montagneux, le regard absent et froid. « La reconnaissance d’un état dépressif, l’évaluation de son intensité, n’est qu’un premier pas dans l’abord de la sémiologie commune d’un déprimé. Déterminer l’origine de la rupture dépressive implique de l’inscrire dans la biographie du sujet. C’est grâce à ce repérage que le praticien adoptera la conduite à tenir tant dans le choix de la thérapie médicamenteuse que dans l’aménagement d’une relation psychothérapique singulière. » Dernières vues, derniers tableaux au registre surréel, associant des éléments hétéroclites dans leurs paysages.
[22'29]
Notes complémentaires
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Joël Danet