Sex hygiene (1941)

De Medfilm



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Titre :
Sex hygiene
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Interprétation :
Durée :
26 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 35 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

(Deutsch)

THIS FILM, PREVIOUSLY CLASSIFIED AS RESTRICTED, IS NOW UNCLASSIFIED.

OFFICIAL TRAINING FILM
No. 8-154
WAR DEPARTMENT
RESTRICTED

PRODUCED BY THE SIGNAL CORPS
IN COLLABORATION WITH THE SURGEON GENERAL
1941
THROUGH COOPERATION OF THE RESEARCH COUNCIL,
ACADEMY OF MOTION PICTURE ARTS AND SCIENCES

Drehbuch: W. Ulman
Kamera: Charles G. Clarke, George Barnes
Schnitt: Gene Fowler Jr

THIS FILM, PREVIOUSLY CLASSIFIED AS RESTRICTED, IS NOW UNCLASSIFIED.

OFFICIAL TRAINING FILM
No. 8-154
WAR DEPARTMENT
RESTRICTED

PRODUCED BY THE SIGNAL CORPS
IN COLLABORATION WITH THE SURGEON GENERAL
1941
THROUGH COOPERATION OF THE RESEARCH COUNCIL,
ACADEMY OF MOTION PICTURE ARTS AND SCIENCES

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

Prévention des maladies sexuellement transmissibles chez les soldats de l'armée américaine.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Dans un camp militaire américain non identifié, six nouveaux cas de maladies vénériennes viennent de se déclarer. Devant la gravité de la situation, le médecin du camp fait venir un film de prévention qui est projeté à tous les soldats. Un officier du corps médical de l'armée américaine y détaille l'anatomie masculine, les caractéristiques de la syphilis, de la gonorrhée et du chancre mou ainsi que les mesures à prendre pour prévenir ces maladies.

Contexte

Au moment où John Ford tourne ce film, il a déjà reçu deux fois l'Oscar du meilleur réalisateur (pour The Informer en 1935 et The Grapes of Wrath en 1941). Sex hygiene est représentatif de l'implication de l'industrie cinématographique de Hollywood dans la production utilitaire à l'usage des armées. Il a bénéficié de la collaboration du Research Council of the Academy of Motion Picture Arts and Sciences, liée à l'Académie des Oscars (d'où la silhouette du trophée en fond d'image lorsque cet organisme est mentionné au générique du début) qui promeut les innovations techniques (notamment dans l'enregistrement du son ou la qualité des copies). Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le Research Council a initié des formations à l'usage des équipes cinématographiques attachées à la Marine et aux Transmissions, et a produit des films d'information pour les armées.

Par ailleurs, le producteur hollywoodien Darryl Zanuck, créateur de la 20th Century Fox, était responsabilisé sur Sex Hygiene. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il était officier dans le Corps des transmissions, missionné à Londres pendant la Bataille d'Angleterre. Dans sa biographie de John Ford, Andrew Sinclair écrit : "Ford avait tourné pour Zanuck un documentaire de trente minutes, Hygiène sexuelle, à l'intention de l'armée. Sans complaisance, avec une précision clinique, on enseignait aux recrues comment éviter les maladies vénériennes et on leur montrait ce qui leur arriverait s'ils les attrapaient. Ford n'avait pas réalisé ce film par plaisir mais par sens du devoir." (Andrew Sinclair, John Ford, 1980 (1979), Evreiux, p. 151).

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Oui.
  • Cartons : Oui.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Oui.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le soldat américain des années 1940 qui regarde l'ensemble du film "Sex Hygiene" réalisé par John Ford est amené, de façon imperceptible, à changer de position plusieurs fois tout au long du film. Tantôt il est un spectateur "primaire" qui regarde une séquence fictionnelle mais proche de ce qu'il vit dans la réalité (des soldats se détendent le soir), tantôt il est un spectateur "secondaire" qui regarde d'autres soldats assister à la projection d'un film intitulé lui aussi Sex Hygiene. Ces soldats lui donnent (de façon tacite) un modèle de comportement et de ressenti pour tirer le maximum d'enseignement possible de cette projection (immobilité quasi parfaite et concentration intense, mouvement d'ensemble vers l'avant pour ne rien rater du début du film, effroi devant certaines lésions ou troubles, etc). D'autres fois enfin, on le fait entrer lui-même dans le film pour se joindre aux soldats qu'il vient de voir (plan large montrant à la fois l'écran et une partie des spectateurs de dos puis zoom sur l'orateur qui fait disparaître les spectateurs), ce qui donne l'impression au spectateur de ce "film dans le film" qu'il est assis dans la salle et que l'officier qui fait l'exposé s'adresse directement à lui. Ces allers et retours fréquents entre séquences fictionnelles, mise en abyme et inclusion dans le film mobilisent l'attention et l'intérêt du spectateur par le rythme qu'ils créent.
Des schémas, dont certains sont animés, servent également à illustrer le propos et à accroître la variété des images présentées.
Par ailleurs, on perçoit une volonté de rester simple et didactique. La leçon d'anatomie se limite aux organes principaux, les différentes coupes anatomiques sont amenées avec force explications et l'appui de l'animation. De même, les termes trop spécialisés sont évités.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Communications et événements associés au film

Public

Soldats américains.

Audience

Descriptif libre

Cartons
Carton indiquant que ce film était auparavant assujetti à une diffusion restreinte mais qu'il est désormais non classifié. La date de cette déclassification n'est pas indiquée.
Second carton, vraisemblablement d'origine, qui indique qu'il s'agit d'un film de formation officiel du War Department et que sa diffusion est restreinte.
Les deux cartons suivants mentionnent que le film est produit par le Signal Corps (service des communications de l'armée américaine) avec la collaboration du surgeon general (chef des services de santé de l'armée américaine). A l'époque, il s'agit de Thomas Parran Jr.
Une coopération avec le Research Council de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences (qui décerne les Oscars depuis 1929) est mentionnée. Pendant la deuxième guerre mondiale, ce Research Council a organisé des formations pour les officiers et techniciens du Signal Corps et fait réaliser certains films de formation de l'armée par des studios commerciaux.
Carton de titre : SEX HYGIENE (00'35)
Le soldat inconscient
Dans la salle de détente d'une caserne. Des soldats lisent la presse, d'autres jouent aux cartes ou au billard. L'un d'eux, Pete, en tenue d'extérieur, contourne le billard d'un pas vif. Au sergent qui l'interpelle il répond qu'il va en ville. Le sergent lui recommande de ne pas se faire duper. Pete s'exclame un peu effrontément que ce sont eux les dupes s'ils se contentent des distractions qu'on leur propose ici. Lui, il a un point de vue différent sur la question. Le sergent et l'un de ses collègues regardent Pete s'éloigner d'un air soucieux.
Gros plan sur le billard où une boule blanche (symbolisant l'innocence, l'ignorance ou l'inconscience de Pete) se rapproche d'une boule foncée (symbolisant un danger non encore précisé). Musique dramatique. (01'08)
Où Pete a-t-il bien pu se rendre ?
La réponse à cette question n'est pas donnée de façon directe mais par un ensemble de symboles et de signes :
Gros plan sur un disque qui tourne sur un gramophone. Air de jazz joyeux et dansant (évocateur d'un "lieu de perdition" ?)
Une cigarette est posée sur une rambarde d'escalier devant une statue de femme dont on voit le pubis et les jambes minces. Elle tient son vêtement à la main. (Même si l'instructeur mentionnera "les femmes" à plusieurs reprises, cette statue restera la seule représentation féminine de tout le film.)
Une ombre arrive par la gauche. C'est Pete qui vient de sortir d'une pièce. Il prend la cigarette, s'essuie la bouche en regardant autour de lui, se met à fumer, remet son ceinturon et descend l'escalier. La statue de femme est visible en entier. Elle est entièrement nue et semble tendre un fruit, probablement une pomme, symbole de la tentation. Le spectateur comprend que Pete vient d'avoir une relation sexuelle, probablement avec une prostituée. (01'29)
La situation est grave, réponse de l'armée
Plusieurs "cas" se sont déclarés dans la caserne ces dernières semaines. A priori, on ne sait pas trop de quoi il s'agit, si ce n'est que la formulation anglaise joue un peu sur les mots dans la mesure où le mot case est un terme d'argot qui désigne la syphilis. Tous les soldats du camp sont informés par voie d'affichage qu'un film intitulé Sex Hygiene va leur être projeté le jour même et que leur présence est obligatoire. Plusieurs ordres retentissent, une colonne de soldats s'ébranle. (02'15)
Sans détour ni censure
Dans la salle de projection du camp. Les soldats spectateurs sont vus de dos. Un officier debout devant l'écran annonce que le film qu'ils vont voir leur est présenté "sans détour ni censure" (frankly and completely). Cette affirmation contraste fortement avec la scène décrite précédemment où le rapport sexuel et la présence d'une femme "en chair et en os" n'étaient pas montrés mais uniquement évoqués par petites touches et éléments symboliques.
Le plan se resserre sur l'officier debout devant l'écran qui fait le commentaire introductif. Il précise que ce film doit bénéficier à chaque individu mais aussi à toute l'unité. On éteint la lumière dans la salle.
Plan un peu en biais sur les soldats spectateurs assis en rangs serrés qui, d'un seul homme, se penchent en avant pour ne rien rater du début du film. Ils donnent l'exemple de l'attitude à avoir au cours de cette projection : concentration et intérêt. Peut-être certains spectateurs ont-ils tendance à reproduire ce mouvement lorsque le film est projeté sur grand écran ? (02'36)
Début du film dans le film
Plan sur les soldats spectateurs vus de dos. Un zoom assez lent sur l'écran fait peu à peu disparaître les spectateurs pour ne plus montrer que l'officier d'âge mûr qui, assis à un bureau, fait un exposé sur la prévention des maladies vénériennes. En même temps, le spectateur "primaire" du film est englobé dans le mouvement, comme incorporé dans les soldats spectateurs. Désormais, c'est à lui que l'instructeur s'adresse.
Au bout d'environ 30 secondes (03'09), nouveau plan de face et de côté sur l'assistance comme un rappel au spectateur primaire de l'attitude concentrée et attentive qu'on attend de lui.
L'instructeur se lève et rappelle un fait de base : sans rapport sexuel, pas de maladie vénérienne. Par conséquent, dit-il, la meilleure protection contre ces maladies est la continence voire l'abstinence. Ces deux mots étant quasi synonymes (cf. dictionnaires Merriam-Webster, Larousse et CNRTL), on a un peu de mal à comprendre la nuance qui est faite ici. Ce commentaire est probablement destiné à apaiser les groupes conservateurs pour lesquels les relations sexuelles hors mariage sont totalement inenvisageables. (03'27)
Entrée progressive dans le vif du sujet
Après ces précautions d'usage, le véritable sujet est abordé : le contact avec une "femme contaminée" (a contaminated woman). L'officier rappelle qu'il existe des méthodes de prévention et des traitements adaptés à chaque maladie. Séquence montrant un prélèvement buccal sur un soldat puis son observation au microscope. Cette transition permet de façon assez subtile de clarifier la notion de "microbe" (germ) à travers quatre vues au microscope, en commençant par des maladies non vénériennes (maladie du sommeil et paludisme) puis en passant à la gonorrhée et à la syphilis. On trouve ici un premier exemple du choix qui est fait dans ce film d'être à la fois didactique et surtout très simple. Sur l'ensemble du film, le mot "bactérie" n'est utilisé qu'une fois. Le reste du temps, l'instructeur dit toujours "microbe", terme beaucoup plus général.
Explicitation, schéma à l'appui, des orifices naturels par lesquels les microbes peuvent entrer dans le corps : la bouche, le nez et l'urètre. A noter que la possibilité d'une contamination par voie rectale n'est absolument pas mentionnée alors qu'elle n'est pas négligeable dans le cas des maladies vénériennes. Cette observation contredit l'affirmation relevée plus haut selon laquelle ce film est présenté "sans détour ni censure".
Plan de face sur les visages attentifs d'une demi-douzaine de soldats.
Gros plan sur une main portant deux très petites égratignures, autres voies d'entrée possibles pour les bactéries. Qualifiées de "tenaces et maléfiques" (persistent and evil), elles sont personnifiées et presque dotées d'une volonté propre.
Plan montrant à la fois l'instructeur sur grand écran et une partie des spectateurs qui donne à nouveau au spectateur primaire l'impression d'être assis dans la salle de projection avec les spectateurs secondaires. L'instructeur annonce qu'il va parler d'anatomie masculine. Il fait un mouvement vers ses schémas mais se reprend et précise d'un ton mi-atterré mi-méprisant que la plupart des hommes en savent davantage sur leur voiture que sur leur propre corps. Regard appuyé.
Dessin (ou photo ?) du torse et du bassin d'un homme. La description reste très générale : abdomen, aines, pénis, bourses ou scrotum et poils pubiens. De même pour l'intérieur de l'abdomen : foie, estomac, intestin et vessie.
Plan sur le visage concentré d'un soldat spectateur.
Avant de détailler la vue latérale de l'intérieur de l'abdomen, l'instructeur explique comment on obtient ce genre de schéma (on coupe l'image en deux et on retire un côté du corps). L'animation accompagne et illustre cette explication.
Gros plan sur le visage de l'instructeur qui, contrairement aux autres plans, ne regarde pas droit devant lui, presque droit dans les yeux du spectateur, mais un peu de côté. Peut-être est-ce un problème de réglage de son prompteur ?
À nouveau, les organes sont nommés et la fonction de certains d'entre eux est précisée : le pénis, le prépuce (associé à la circoncision), la vessie (on notera que le mot "urine", peut-être jugé trop technique, est remplacé par son équivalent plus familier, water), l'urètre (décrit comme "le tube qui conduit l'urine de la vessie vers l'extérieur"), la prostate, les testicules, le rectum et l’extrémité de la colonne vertébrale. Peut-être pour éviter de créer la confusion ou de susciter des angoisses (!) ou pour rester didactique jusqu'au bout, il est rappelé que même si on ne voit qu'un testicule sur cette coupe transversale, il y en a bien deux. (07'14)
Les trois maladies vénériennes les plus courantes
Le terme médical ainsi que son équivalent argotique ou familier sont donnés pour les trois maladies vénériennes les plus courantes et accompagnés d'une petite illustration simple de chacun des agents infectieux correspondants. L'instructeur part du principe que tous les spectateurs les connaissent au moins de nom.
Il annonce la probabilité pour un homme d'attraper la syphilis dans sa vie (1/10) et la commente en agitant sa baguette d'un air menaçant. Son commentaire est étonnamment alambiqué. Il commence par parler des hommes qui ne font pas preuve de prudence et d'auto-discipline et on s'attendrait à ce qu'il dise que le risque qu'ils attrapent eux-mêmes la syphilis est de 1 sur 10. En réalité, il explique que c'est dans leurs connaissances que ces hommes doivent s'attendre à trouver des hommes atteints.
Quatre plans successifs sur les visages attentifs de petits groupes de soldats.
Schéma représentant la diminution de l'espérance de vie d'un homme souffrant d'une syphilis mal ou non traitée.
Plan un peu en biais montrant une grande partie de l'assistance. (08'31)
La syphilis
Vue au microscope des "microbes en forme de tire-bouchon" à l'origine de la syphilis.
Schéma animé montrant leur mode d'entrée dans le corps.
Alternance de plans plus ou moins rapprochés sur des chancres durs du pénis ou de la lèvre et de visages de soldats spectateurs dégoûtés, effrayés ou mal à l'aise. L'instructeur continue à donner des explications d'une voix égale mais on peut se demander si les images-chocs qui passent à l'écran en même temps n'empêchent pas le spectateur d'intégrer le message. Ici, l'affirmation selon laquelle ce film est présenté "sans détour ni censure" se vérifie particulièrement.
Présentation d'un chancre dur de la gorge chez un soldat qui se trouve avec l'instructeur dans son bureau mais qui n'avait pas été vu jusque-là. Il accepte de montrer sa gorge "à ces messieurs" (mouvement des yeux de l'instructeur vers la gauche comme si les spectateurs étaient présents dans le bureau avec eux) pour leur éviter d'attraper la même maladie que lui. Ici, quelque chose ne fonctionne pas dans le rapport verbo-iconique car ce n'est pas la gorge du patient qui est montrée mais sa langue tandis que le commentaire parle toujours de gorge/throat. Le soldat malade présente une dysphonie (voix très soufflée), ce qui correspondrait davantage à une laryngite syphiitique (stade secondaire) qu'à un chancre dur de la langue (stade primaire).
Plan sur les spectateurs qui bougent un peu, comme pour mieux voir.
Prélèvement au niveau d'un chancre dur du pénis pour observation au microscope pendant que l'instructeur explique que les mesures préventives doivent être prises deux heures après un rapport sexuel.
Plan montrant le dos d'un homme qui présente une éruption cutanée sur laquelle est fait un zoom. Il s'agit du stade secondaire de la syphilis. Évocation du test sanguin qui permet de diagnostiquer la syphilis (mais le nom du test n'est pas précisé), de la possibilité de recevoir des soins adaptés dans les services de santé militaires et d'une guérison possible pour celui qui en est au stade secondaire de la maladie.
L'instructeur explique ce qui peut arriver lorsque ces premiers symptômes sont absents ou négligés par la personne infectée : la maladie mentale (le mot "neurosyphilis" n'est jamais prononcé, peut-être est-il considéré comme trop technique). Un malade s'agite sur un lit d'hôpital. Deux hommes en blanc le maintiennent à grand peine tandis qu'un troisième se prépare à lui injecter un médicament. (La force avec laquelle il fait jaillir ce médicament de la seringue pour éliminer les bulles d'air est nettement exagérée.) Plan sur le visage d'un spectateur manifestement accablé (à cause de l'état du malade ou de la taille de l'aiguille ?) Les autres troubles du stade tertiaire de la syphilis (ex : tabès) ne sont pas évoqués.
Présentation des produits utilisé pour le "traitement prophylactique" et schéma animé montrant son principe d'action sur l'agent infectieux. Rappel que la syphilis peut être traitée si elle prise au stade primaire et que c'est au du service de santé de l'armée qu'il faut s'adresser pour se faire soigner. De nouveau, l'instructeur ne regarde pas devant lui mais un peu de côté. (13'37)
La gonorrhée
Vue au microscope du microbe de la gonorrhée. Explication du processus de contamination lors d'un rapport sexuel homme-femme. Encore une fois, c'est un terme vague qui est utilisé (the sticky matter inside the female organ, la substance collante issue de l'organe féminin) au lieu du mot juste. Gros plan sur l'extrémité d'un pénis d'où s'écoule du pus. Le ton est alarmiste : il est question de "menace sexuelle", de millions de microbes qui creusent et forent (dig in et bore in) et se développent. Pour citer le symptôme principal de la gonorrhée (douleurs et sensations de brûlure à la miction), l'instructeur remplace le mot urinate (uriner) par pass water qui appartient à un registre plus soutenu. En revanche, il explique le mot "pus" (a thick yellow fluid, un liquide jaune épais). Les plans sur l'assistance montrent des soldats spectateurs revenus de leurs émotions et de nouveau empreints d'une concentration sereine.
Le risque de contamination que présente ce pus est mentionné, ainsi que les conséquences possibles (cécité, problèmes cardiaques et autres maladies mortelles) pour un malade négligent (terme qui exprime un jugement de valeur) ou son entourage. (15'23)
Le chancre mou
La présentation de cette dernière maladie est assez rapide. Elle s'appuie essentiellement sur l'image d'un pénis portant plusieurs chancres mous et sur une photo de lésions des deux aines qui ressemblent à des furoncles. (16'12)
Mise en garde contre les charlatans
Un soldat (peut-être Pete) se trouve dans un drug-store. L'instructeur en voix off explique que faire confiance aux remèdes disponibles dans ce genre d'endroits revient à risquer sa propre vie, sa santé mentale et celle de toute son unité. Le ton est celui de la dénonciation et de la condamnation morale. Ce message oral est renforcé visuellement par le geste du soldat qui saisit quelques dés posés sur le comptoir et les jette devant lui, symbole du hasard auquel il accepte de se livrer en s'adressant à quelqu'un qui n'est pas médecin.
Précisions sur l'utilisation du dossier médical du soldat atteint d'une maladie vénérienne : il ne servira qu'à son suivi médical d'un poste à l'autre (sous-entendu, il ne servira pas à sanctionner le soldat malade ou à freiner son avancement).
Nouveau rappel de la nécessité de s'adresser à un médecin pour le soldat qui soupçonne une maladie vénérienne. En énonçant que celui qui se soustrait à cette obligation est très dangereux, l'instructeur a un air extrêmement sévère. Il s'approche de la caméra en agitant ses lunettes d'un air menaçant.
Le mauvais exemple
Pete est de retour dans la salle de détente de sa caserne. Le joueur de billard dont c'est le tour pose sa cigarette pour avoir les mains libres. Pete s'en saisit, tire une bouffée et l'utilise pour allumer sa propre cigarette. L'instructeur en voix off explique qu'à travers ce genre de geste, un soldat infecté met en danger toute son unité et tout son entourage. (17'57)
Prévention des maladies vénériennes
Le préservatif : conseils sur l'endroit où acheter des préservatifs de qualité et sur la façon de les tester, de les mettre en place et de les enlever. Les images sont précises et "sans détour" (préservatif enfilé sur un cylindre de métal puis roulé pour le retirer). Les soldats spectateurs ont un air concentré et serein. La phrase qui indique comment utiliser le lubrifiant (Place a little of the lubricant from the tube in your packet on the inside, "Mettez dedans un peu du lubrifiant qui se trouve dans votre équipement") permet d'en déduire que ce produit était mis à la disposition des soldats de façon routinière. La raison pour laquelle il faut prendre ces précautions, c'est que la femme "a probablement la syphilis ou la gonorrhée" (if the woman has gonorrhea or syphilis, as she probably has) et qu'il faut s'en protéger. Il est sous-entendu que la femme en question est une prostituée ou une relation d'un soir. Jamais n'est évoquée la nécessité de protéger une épouse ou une fiancée que le soldat retrouverait lors d'une permission par exemple. Les rapports sexuels dont il est question ici n'ont lieu que pour que les soldats puissent "satisfaire leur pulsion sexuelle" (the satisfaction of their sexual impulse). Il est supposé qu'ils n'ont pas de rapports sexuels avec une personne avec qui ils ont une relation sérieuse (en vue d'un mariage), la jeune femme en question étant probablement "honorable".
De même, la possibilité de relations homosexuelles est totalement passée sous silence.
Le poste de prophylaxie : une course contre la montre vient de commencer. Le ton de l'instructeur est ferme et un peu haletant. Il précise qu'il n'y a pas de méthode de prévention infaillible mais qu'on obtient de bons résultats en agissant dans les deux heures qui suivent un rapport sexuel. À nouveau, le processus est montré à l'image clairement et sans détour, avec tous les gros plans nécessaires à une bonne compréhension : lavage du pénis, du bas du ventre et du haut des cuisses avec de l'eau et du savon puis du bichlorure de mercure, désinfection de l'urètre (nouvelle simplification linguistique : la seringue urétrale est juste nommée "seringue spéciale"/special syringe), application d'une pommade au mercure. À noter que seule une contamination au niveau génital est prise en compte dans cette démarche préventive alors qu'il a bien été précisé précédemment que l'entrée des microbes pouvait se faire en d'autres endroits du corps. (22'15)
Rappel de l'essentiel du message du film
L'instructeur en plan poitrine légèrement de biais martèle encore une fois la nécessité de suivre un traitement aussi rapidement que possible après un rapport sexuel et la supériorité et la gratuité des traitements fournis par le service de santé de l'armée avec des médecins militaires dont les compétences ont été vérifiées. Il apporte une nouvelle information : le fait d'avoir déjà souffert d'une maladie vénérienne ne protège pas contre une nouvelle contamination. Précision sur la marche à suivre pour celui qui se demande s'il n'a pas attrapé une maladie vénérienne (s'adresser à son sergent-chef, se faire inscrire sur le registre des malades).
Nouveau plan "inclusif" montrant la moitié de la salle de projection avec les spectateurs de dos et l'écran sur lequel l'instructeur vient de se lever et regarde le spectateur primaire droit dans les yeux. Zoom jusqu'au gros plan sur l'instructeur. Rappel des dangers de l'alcool qui fait perdre son discernement au soldat et le conduit à prendre des risques.
Rapide succession de 13 plans sur de petits groupes de soldats spectateurs (dont ceux qu'on avait déjà vus précédemment) tandis qu'une marche joyeuse et entrainante commence à se faire entendre. La nécessité de préserver la santé de son esprit et de son corps est un devoir pour un membre de la "meilleure armée du monde" et pour un bon citoyen. (24'56)
Carton
Le tout dernier message du film est transmis par écrit. Il enjoint au soldat de ne pas céder à la pression de ses camarades qui l'inciteraient à avoir des relations sexuelles pour prouver qu'il est un "chic type" (a good sports). Après avoir fait appel à son bon sens et à son sens du devoir, en dernier recours, le film fait jouer un ressort encore plus personnel et intime en expliquant que la volonté et l'autodiscipline qui lui sont demandées ici lui permettront de protéger l'épouse et les enfants qui partageront un jour son avenir. Pendant que ce carton se déroule, la musique qui avait commencé à se faire entendre précédemment devient de plus en plus forte et s'accélère, ce qui permet au film de finir sur une note de dynamisme et d'espoir.

Notes complémentaires

Références et documents externes

Laukötter, Anja, Sex-richtigǃ Körperpolitik und Gefühlserziehung im Kino des 20. Jahrhunderts, Göttingen, Wallstein Verlag, 2021.
Lowy Vincent & Cantor David, Conversion Narratives, Health Films, and Hollywood Filmmakers of the 1930s and 1940s in Health Education Films in the Twentieth Century, edited by Christian Bonah, David Cantor and Anja Laukötter, University of Rochester Press, Rochester, 2018.

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Élisabeth Fuchs
  • Transcription Anglais : Laetitia Serris
  • Sous-titres Français : Chloé Bourgogne
SNSF-logo.png  Cette fiche a été rédigée et/ou traduite dans le cadre du projet Neverending Infectious Diseases