Reportage sans héros (1973)

De Medfilm



Si vous rencontrez un problème d'affichage des sous-titres, veuillez essayer un autre navigateur.

Titre :
Reportage sans héros
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Durée :
20 minutes
Format :
Parlant - Noir et blanc - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :
Corpus :

Générique principal

Gén. début : Lennauchfilm / 1973

Gén. Fin : Accueil des patients par les docteurs / A. P. Thikonova - E.I. Medvedosky / Film écrit et réalisé par L. Gorin / Consultants : T.V. Vasilieb - L.A. Zlotinikov / Cameraman : E. Ratner / Commandé par le Ministère de la Santé de l'URSS

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

La syphilis : les risques de la contracter, ses symptômes, ses effets. Et aussi : comment l'institution médicale en URSS sensibilise les patientes et patients au danger vénérienet comment ils opèrent leurs recherches pour identifier les chaînes de contamination.

Genre dominant

Documentaire

Résumé

Suite d’entretiens médicaux qui mettent en jeu deux médecins, un homme et une femme, avec des patientes et patients atteints par la syphilis. La fin du film consiste en un dialogue entre trois médecins.

Contexte

Conjoncture économique

Dans les années 70, l'URSS, alors que Leonid Brejnev est premier secrétaire du parti, connaît une stagnation économique. Le niveau de vie de la population a baissé et le manque de productivité dans de nombreux secteurs dont l'agriculture se fait sentir. Pour faire face à la faiblesse de la production d'aliments, l'URSS a acheté des millions de tonnes de céréales en Occident en général et aux États-Unis en particulier. Les dépenses faites pour les forces armées et pour le programme spatial soviétique ont amené à négliger les besoins de base comme l'habitat. L'économie informelle qui s'est développée a entraîné une corruption généralisée. La natalité est aussi en baisse, enrayée notamment par le retour du péril vénérien. Il y a une tension entre un désir de modernité et de libération des moeurs et une moralité qui garde ses principes conservateurs : pas d'enfants hors mariage, la syphilis reste une "maladie honteuse".

Le système de santé

Le Commissariat du peuple à la santé – le Narkomzdrav – est créé en 1918. Sous la direction de Nikolaï Semachko, médecin de formation, le Narkomzdrav développe un système de santé unifié à l'échelle d'un pays — le premier du monde. Gratuit et universel, celui-ci repose sur une organisation de soins par niveaux, selon la gravité des affections, appelé « système Semachko ». Ce système, précurseur de la médecine générale, a ensuite été adopté dans de nombreux pays comme base de leur système de santé. La prévention des maladies infectieuses fait l'objet d'une attention particulière. Dès 1922, un organisme de surveillance sanitaire et épidémiologique – le Sanepid – est créé, disposant d'équipes d'intervention actives sur tout le territoire, des villages aux entreprises. Couplée à une vaccination de masse, cette surveillance permet à l'URSS d'éliminer des maladies comme la tuberculose ou le paludisme. L'espérance de vie, qui ne dépassait pas 31 ans à la fin du XIXe siècle en Russie, atteint 69 ans au début des années 1960, les Soviétiques tentant de rattraper leur retard sur les pays occidentaux.

La place des femmes

L'URSS s'est présentée comme un État particulièrement en avance en matière d'égalité homme-femme. C'est cependant le gouvernement provisoire qui, pendant l'été 1917, a institué le droit de vote pour les femmes, suite à la longue lutte qu'elles ont mené depuis la fin du XIXe siècle. Après Octobre 1917, elles obtiennent aussi le droit au divorce par consentement mutuel, un salaire égal à celui des hommes, des congés de maternité et l'égalité de reconnaissance entre enfants légitimes et naturels. Le droit à l'avortement est obtenu en 1920 – il est cependant interdit en 1936 par Staline, puis rétabli après la mort de ce dernier. Par ailleurs les femmes, très majoritairement actives avaient accès à des emplois traditionnellement dévolus aux hommes (femmes-mineurs, terrassières, ouvrières du bâtiment, conductrices d'engins...). Il reste qu'elles devaient assumer en parallèle l'ensemble des charges familiales.

Contrôle de l'expression publique

les médias et les arts sont contrôlés par le régime soviétique. Les productions hollywoodiennes sont censurées, et la diffusion des autres films étrangers est restreinte selon les attendus idéologiques du pouvoir en place.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Oui.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Oui.
  • Musique et bruitages : Non.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Le début du film est filmé en plan subjectif pour amener le public à s'identifier au patient qui doit faire part de ses inquiétudes quand aux symptômes qu'il a remarqués. La suite du film montre les différents patients toujours de dos, en amorce de cadre. L'identification du public avec eux n'est plus totale, leur mise en scène anonyme le pousse cependant à prendre pour son compte les paroles et les regards que les médecins leur adressent au fur et à mesure du film. De cette façon, la fiction constitue un biais, par ses situations narratives et ses personnages, pour adresser au peuple un message de santé publique sans le solliciter directement.

Reportage sans héros comporte une dimension réflexive. Son titre rappelle sa nature et son registre (un film sous forme de reportage). Certains de ses contenus ont directement trait à sa fabrication, par des plans montrant la disposition du champ de tournage ou bien par des dialogues qui font allusion à sa réalisation. En quelque sorte, le film se rejoue, transposant en contenu le fait initial de sa réalisation.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

« Reportage sans héros » : effectivement, ni les médecins ni les patients ne sont mis en scène comme des héros, aucun dans les deux catégories ne se prend le pas sur les autres. Cependant, les médecins ne sont pas montrés comme les patients : nous les voyons de face, ils sont parfois isolés dans le champ, tandis que les patients se tiennent de dos au bord du cadre ; par ailleurs, leur temps de parole est beaucoup plus long. La réalisation fait de l’hôpital un lieu anxiogène aux allures de commissariat, avec son noir et blanc épais et contrasté du film, la sous exposition des scènes, les interventions crissantes et dissonantes de la musique, la manière dont la médecin montre sans ménagement les clichés des malades atteints de lésions ou les bébés affligés de déformation.

Deux médecins mis en scène, deux attitudes complémentaires : une écoute impassible et des recommandations fermes ; une empathie plus affirmée et des instructions sans réplique. Les deux médecins exposent les dispositions législatives qui encadrent la prise en charge de la syphilis. Agents de santé, ils sont aussi des fonctionnaires dévoués, voire zélés, convaincus du bien fondé du volet judiciaire de la politique de santé soviétique.


Reportage sans héros fait allusion à une attitude commune aux personnes exposées à la contamination qui consiste à prendre des antibiotiques avant d'aller voir le médecin. Or l'ingestion récente d'antibiotiques fausse les résultats des examens et empêche la détection du tréponème. Il est étrange, cependant, que ce fait soit mis en scène au moment où les antibiotiques, dans l'Union Soviétique des années soixante, reste difficilement accessible à la population.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Communications et événements associés au film

Public

Professionnels de la Santé

Audience

Descriptif libre

Montrer le film en train de se faire

Générique début, un carton : "Lennauchfilm 1973". Plan général, entrée de dispensaire voilée par le passage d'un tram. Int. couloir, une infirmière passe l'aspirateur. Panoramique du couloir à une porte, ce mouvement de caméra laisse penser que la séquence est vue en plan subjectif, depuis le regard de quelqu'un qui cherche son chemin. Zoom brutal sur sa surface blanche, raccord avec un fond blanc de carton, musique sinistre et emphatique jouée par une section de cordes. "Les réalisateurs se sont engagés à respecter le secret médical et ne révèlent en aucun cas le nom des patients dans ce reportage sans héros." Les mots du titre qui terminent la phrase sont animés, leurs lettres se dilatent sur l'écran.

La porte s'ouvre (toujours le processus du point de vue subjectif à l'oeuvre) sur un opérateur qui apprête une caméra sur pied. Commentaire d'une voix solennelle : "Nous filmerons ce cabinet médical pendant quelques semaines". Une infirmière ouvre une armoire vitrée, y place un autoclave, quitte la champ en jetant un oeil à la caméra. Son visage est sévère, comme si elle exprimait sa réprobation sur la raison qui a fait venir le patient dans ces lieux. Léger panoramique, deux médecins à un bureau, un homme et une femme." ici sont reçus les patients des médecins : Anastasia Petrovna Tikhonova (gros plan sur la médecin femme) et Evgeny Ionovitch Mevedovsky". Au-dessus d'un rideau fixé à un tréteau, une main brandit un projecteur : la préparation du tournage se poursuit (alors que tournage il y a déjà puisque nous voyons le film avec les images qui le montrent ; L'homme à la caméra de Dziga Vertov, en 1929, avait inauguré ce procédé du film qui montre sa propre préparation alors que le fait de le montrer nécessite une autre préparation qui, elle, ne sera pas filmée). Le film s'assume comme le résultat d'un dispositif expérimental et adopte un point de vue réflexif qui invite le public à prendre conscience que ce qu'il voit résulte d'une fabrication. Le projecteur s'allume, c'est une opératrice qui filme, appliquant un oeil à l'oeilleton de la caméra. Noir, voix en off : "Entrez". (01:33)

"Vous ne valez pas mieux qu'elle"

En amorce bord cadre gauche un bras qui tend un papier au médecin que le commentaire avait nommé Mevedovsky. Celui-ci prend le papier et invite l'homme à s'asseoir. L'homme entre tout à fait dans le champ et s'installe. Nous avons quitté le procédé de caméra subjective. Au médecin qui lui demande la raison de sa venue, l'homme répond d'une voix hésitante : "Je ne sais même pas comment vous le dire". Il ajoute qu'il ressent une douleur en urinant. Le médecin lui demande s'il a constaté un "écoulement purulent", le patient répond non. Le médecin l'encourage à être précis, à ne pas être timide. La franchise, qui favorise une formulation nette des faits, aide au diagnostic. Il l'invite à se déshabiller pour l'examen. Noir à l'image pour signifier une ellipse. Le patient revient s'asseoir face au médecin. celui-ci lui dit qu'il pense à une gonorrhée. "-La chaude pisse? - Oui, c'est son autre nom". Le patient informe Mevedovsky qu'il ressent une douleur depuis trois jours, qu'il espérait qu'elle passerait. IL est chauffeur routier, marié. Il a eu plusieurs partenaires sexuels pendant son déplacement, il a fait l'amour avec sa femme à son retour. L'infirmière tend un papier au médecin, celui-ci le lit et annonce que la gonorrhée est confirmée. Il poursuit son interrogatoire, il le resserre sur sa liaison avec l'inconnue mise en cause : "Quand le rapport a-t-il eu lieu? Avec qui? Où ça?" Il demande que les réponses soient données avec calme. Des faits, pas d'émotion. Des informations, pas une histoire. Il réclame du patient qu'il lui donne des signes distinctifs de la femme. Le patient a un mouvement d'humeur : "Elle est malade et elle se permet..." Mevedovsky lui rétorque : "Vous ne valez pas mieux qu'elle". Son expression ne change pas, quelle que soit le cours de la conversation. Il est impassible, maître de lui, prend un air vaguement surpris quand il recueille des informations sur des comportements qu'il désapprouve. Il dit au patient que sa femme devra être examinée. "Elle ne me pardonnera jamais", répond-il. Il hausse des sourcils pour signifier son détachement. (05:52)

Un verre d'eau pour l'apaiser

Cut, noir, une femme a remplacé l'homme. Nous devinons qu'elle est son épouse, d'autant qu'elle dit : "Qu'il aille ou il veut, mais pas chez moi". Le médecin ajoute que leur fille devra être examinée. "Vous lui donnez le bain et vous partagez probablement une éponge". La femme s'affaisse, sanglote. Le médecin regarde hors champ, demande de l'eau, l'infirmière apporte un verre qu'elle tend à la patiente. Isolé dans le champ, prenant un air grave, il lui enjoint de se calmer, la rassure en lui disant qu'elle et sa fille ne sont qu'au début de la maladie. Mais il poursuit en la mettant en garde : si elle ne se fait pas soigner et qu'elle est infectée, elle s'expose à une maladie qui attaque le corps tout entier, avec des complications sur les organes génitaux internes - l'utérus, les trompes et les ovaires. "Vous aurez des douleurs abdominales, ajoute-t-il, des saignements, et des complications comme des fausses couches, des grossesses extra utérines, et une stérilité incurable". (08:01)

Rappel de la loi

Noir, nouvelle patiente, cheveux longs, pull moulant et mini-jupe, elle se tient de profil, à l'aise et provoquante. Elle dit à Mevedovsky qu'elle ne veut pas d'enfants, elle cherche à devancer les répliques du médecin pour le dominer. Quand il lui annonce qu'elle a contracté une gonorrhée, qu'elle devra "suivre un traitement sérieux et long à l'hôpital", elle cherche encore à tourner la chose à la plaisanterie. "Une gonorrhée aussi avancée est dure à traiter", lui explique-t-il avec un froncement de sourcils significatif. Il passe au registre judiciaire en lui rappelant le contenu d'un décret du présidium du soviet suprême qui prévoit que le fait d'exposer "sciemment autrui à une contamination vénérienne est passible d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à deux ans, de travail correctionnel pouvant aller jusqu'à un an". Mevedovsky continue la lecture des causes aggravantes, la femme cesse de tenir tête, répond "Compris" en baissant la tête. Il la regarde avec insistance en lui expliquant que cette situation l'oblige à suivre un traitement, parce que le fait d'éviter une prise en charge en se sachant contaminé est aussi passible de prison. "Veuillez signer que vous avez lu le décret", ajout-t-il en lui tendant le papier qu'il vient de lire. Elle s'exécute, tête basse, brisée par le rappel implacable de la loi soviétique qui encadre l'action sanitaire. (10:03)

"Vous avez raté le chancre dur"

Pour tenir lieu de noir qui signifie un changement de séquence, une chevelure épaisse et sombre filmée en gros plan. Petrovna Tikhonova s'est substituée à Mevedovsky. Son attitude est différente : non plus flegmatique, mais offensive et concernée. Elle prend un air outré quand les réponses des patients lui paraissent inconséquentes, quitte rarement son interlocuteur des yeux comme si elle ne voulait pas relâcher son attention sur lui tant qu'il ne lui a pas fourni les réponses qu'elle souhaite. Elle annonce à l'homme qui lui fait face que les examens établissent qu'il a contracté la syphilis. Nous apprendrons dans la conversation qu'il est étudiant. Elle lui demande la date de son dernier rapport sexuel, il répond trois mois. Il n'a pas remarqué de signes indiquant qu'il a été contaminé. Les questions que la médecin continue de lui poser l'amènent à lui expliquer qu'il a soigné avec des antibiotiques une grippe qu'il a eu "comme tout le monde". Elle lui explique que cette prise d'antibiotiques lui a "fait rater le chancre dur". Elle lui montre la photo d'une bouche atteinte par ce chancre. "Les antibiotiques que vous avez pris pour la grippe ont masqué les premiers symptômes de la syphilis". Il reconnait également avoir eu de petites éruptions cutanées. Elle lui enjoint d'aller se déshabiller. Noir qui signifie ellipse temporelle, retour à Petrovna Tikhonova qui explique au patient que les marques d'éruption qu'elle a remarquées sur lui confirment que sa syphilis est secondaire. "Vous devez oublier le chantier. Vous devez aller à l'hôpital, c'est la loi dans notre pays." Comme Mevedovsky, elle se fait fidèle agente de l'Etat et exécutrice rigoureuse des instructions officielles. Les deux médecins ne se mettent pas à distance de la politique qu'ils appliquent, ils se reconnaissent dans l'esprit qui la fonde. L'homme porte la main sur la nuque pour exprimer sa gêne. Il cherche à éviter l'hospitalisation, elle reste ferme. S'il ne se soigne pas, il atteindra le troisième stade de la syphilis, étape de son évolution où elle "atteint tout le corps, les organes internes, le système nerveux central via une paralysie progressive, une dégénérescence spinale, et une démence qui vous mènera à l'hôpital psychiatrique". Pour achever d'édifier le patient, elle lui présente des clichés de visages blessés, puis d'enfants qui ont été atteints de manière congénitale, au corps étique et difforme ou devenus hydrocéphales. Dans toute cette séquence, le patient n'est qu'un intermédiaire pour un exposé qui informe le public et le met en garde avec la franchise que permet le colloque médical en huis clos. Pour finir, elle demande au jeune homme les renseignements concernant la personne avec laquelle il a eu son dernier rapport. Il est embarrassé pour lui répondre : "Elle est mariée... - Alors nous devons aussi traiter son mari. Nom de famille et adresse!" Les interrogations de Petrovna Tikhonova fusent comme celles d'un détective, elles alternent avec des explications où elle fait la leçon. (15:24)

"Suis-je dans un hôpital ou dans un commissariat?"

Cut, raccord avec un autre homme qui, toujours vu de dos, succède à la même place celui de la séquence précédente. Nous devinons que c'est le mari de la femme que ce dernier avait rencontrée. Sa conversation avec le médecin s'engage sur sa prise d'antibiotiques après avoir eu un rapport sexuel en dehors de la cellule conjugale. Il se vante d'être instruit, et suffisamment informé par les conférences qu'il suit et les brochures qu'il lit. Il s'estime suffisamment éduqué puisqu'il est ingénieur. Pour se protéger, il compte sur "la propreté" et "avant et après, ce sont les antibiotiques". Comme la médecin lui demande sa source d'informations, il invoque ses amis. Il retourne l'entretien en questionnant la médecin sur l'étendue de la maladie, lui fournit les chiffres donnés par l'OMS. Avec un calme affiché, Petrovna Tikhonova lui répond qu'il n'a pas identifié sa propre syphilis à cause de sa prise d'antibiotiques qui en masque les symptômes. Elle lui apprend qu'il a infecté une femme à Lviv. "Elle est allée chez les médecin et a nommé ses partenaires." Elle ajoute, toujours soucieuse de se réclamer de la politique officielle : "C'est la loi dans notre pays". Quand elle lui demande s'il a eu d'autres partenaires, il s'écrie : "Suis-je dans un hôpital ou dans un commissariat?". Elle lui répond qu'il est un danger public. Zoom sur ses yeux qui s'écarquillent et ses sourcils qui froncent quand elle ajoute : "Vous avez dû infecter beaucoup de femmes, vous devriez être plus sérieux et mieux vous comporter". Elle lui apprend que sa femme est malade alors qu'elle est enceinte, or elle ne s'est rendue à l'hôpital que pour demander un congé pré-natal : "Infecté avant sa naissance, comment sera le bébé?" Pour finir, elle lui enjoint de signer l'avertissement législatif et une lettre pour l'hôpital. Son regard se détourne enfin de lui alors qu'elle consulte ses papiers avec une expression de détachement affairé qui coupe court aux éventuelles répliques. (18:55)

Debrief : il faut davantage d'éducation et de responsabilisation

Les deux médecins protagonistes du film, Petrovna Tikhonova et Evgeny Ionovitch Mevedovsky, attablés avec un troisième médecin vu de dos pour une séance de debrief. Enchaînement de considérations qui sert de synthèse au film. L'éducation sanitaire est plus que jamais nécessaire, mais il faut aussi en appel à la responsabilité individuelle. "Notre Etat fait beaucoup pour que les maladies vénériennes cessent de menacer les gens, mais cela dépend beaucoup des gens eux-mêmes." Enfin, un des messages essentiels du film est rappelé une dernière fois : "l'automédication ne guérit pas la maladie mais elle masque ses symptômes". La conversation se clôt sur les conditions d'anonymat préservées pendant la réalisation du film. Pourquoi ce debrief entre personnes qui ne s'apprennent mutuellement rien de neuf et ne font que ressasser entre eux ce que chacun sait déjà? C'est encore un dispositif pour s'adresser au public non de manière frontale mais par un biais narratif, en l'occurrence la reconstitution fictive d'une situation documentaire.


Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Joël Danet
  • Sous-titres Anglais : Élisabeth Fuchs, Ivan Melnik, Natalia Egorova, Thibault Riegert-Messager, Vincent Zvenigorosky
  • Sous-titres Français : Élisabeth Fuchs, Ivan Melnik, Natalia Egorova, Thibault Riegert-Messager, Vincent Zvenigorosky