Re-née ou le rendez-vous avec le temps (1984)

De Medfilm



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Titre :
Re-née ou le rendez-vous avec le temps
Année de production :
Pays de production :
Réalisation :
Conseil scientifique :
Interprétation :
Durée :
48 minutes
Format :
Parlant - Couleur - 16 mm
Langues d'origine :
Sous-titrage et transcription :
Sociétés de production :
Commanditaires :
Archives détentrices :

Générique principal

Sandoz présente / Re[née] ou le rendez-vous avec le temps / Un film de Jean Reboul / Réalisé par Éric Duvivier / avec Marie-Josée Nat – Pauline Macia – Marc Chapiteau – Michèle Mateu / avec les habitants de Poussan / des images de René Gosset / séquence finale Maurice Bunio / un son de Joël Courtinat / et la chanson de Mannick « Berceuse pour un petit enfant à naître » (« Paroles de femme » BAM 5883) / le montage de Joël Courtinat

Contenus

Thèmes médicaux

Sujet

L'accompagnement psychologique et médical des femmes aux prises avec l'infertilité ou la ménopause.

(English)

Psychological and medical support for women struggling with infertility or menopause

Genre dominant

Fiction

Résumé

Le film met en scène un médecin auquel s'adressent deux femmes : l'une est confrontée à son infertilité, la seconde est en phase de ménopause. Chacune en éprouve des troubles psychologiques et appelle le médecin à l'accompagner dans ce passage par l'écoute autant que par les soins.

(English)

The film portrays two women who consult the same doctor: one is struggling with infertility, whereas the other is going through menopause. Both women experience psychological distress and call on the doctor for support, namely his ability to listen and provide care, during these different periods of transition.

Contexte

Une contractualisation de Art et science avec les Laboratoires Sandoz

Par une convention qui lie Sandoz à la société Art et science, rédigée en 1983, Eric Duvivier s'engage à réaliser pour le compte des Laboratoires Sandoz, dans un délai de "5 mois à dater de signature, sous a direction médicale du Docteur Jean Reboul (Montpellier), un film de 16mm, couleur, sonore, d'une durée de 50 minutes environ." Le montant de 250 000 F qu'apporte Sandoz lui donne "la totalité des droits". Le financement prévu doit couvrir la réalisation, les équipements techniques (laboratoire), la fabrication du studio (pour le décor et l'installation du traveling), les "défraiements et déplacements" ("voyages et transports" à Montpellier), la "sonorisation" (qui comprend : la conception de la musique, l'emploi d'un auditorium, la mise en place de projections pour essais) . (Dossier de production Science film Renée ou le rendez-vous avec le temps - archives DHVS).

Société
Entre 1960 et 1990 en France, la société de consommation, héritée des 30 Glorieuses, s’est confirmée, tout en entrant, à la fin de cette période, dans une phase plus heurtée alors même que de nouveaux besoins continuaient d’émerger. Par ailleurs, les années soixante-dix, dans la foulée de 1968, ont concrétisé le slogan de « libération sexuelle », même si celle-ci demeure asymétriquement partagée entre les deux sexes et dans l’ensemble de la société. Les droits des femmes, notamment en ce qui concerne leur décision quant à la maternité se sont consolidés, grâce à la démocratisation de la contraception et à la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse. L’inscription sur le marché du travail de la population féminine a progressé et elles ont gagné en autonomie.
Médecine
Durant la même période, la médecine bénéficie d’avancées technologiques impressionnantes, qui non seulement ont stabilisé la santé de la population générale, mais également allongé l’espérance de vie, mettant progressivement sur le devant de la scène de consommation des seniors en bonne santé, disposant de temps et souvent de moyens. C’est cette même médecine qui assigne de nouveaux devoirs aux femmes – adolescentes, jeunes adultes et seniors – et qui rythme le cours de leur vie.
La médiatisation des « bébés-éprouvette » Louise Brown (1978) et surtout pour la France, Amandine née en 1981, a contribué à faire émerger l’infertilité comme problème dicible dans l’espace public alors qu’elle s’est longtemps cantonnée à la sphère privée. D’ailleurs, tout au long des années quatre-vingt, après la réalisation de Re-née, la réalisation des « rêves scientifiques » en matière de procréation s’accélère : Zoé née d’un embryon congelé à Melbourne (1984), Audrey et Loïc, jumeaux issus de deux implantations simultanées d’embryons en 1986, Rebecca et Emma, jumelles australiennes nées à 16 mois d’intervalle,…

(English)

Society
Consumer society, inherited from les Trente Glorieuses [the thirty-year post-war boom], took root in France between 1960 and 1990. It entered a more turbulent phase at the end of this period when new needs continued to emerge. In the wake of 1968, the 70s gave concrete expression to sexual liberation, although it did not equally apply to men and women and society as a whole. Women’s rights, especially with respect to their decision to have children, were strengthened thanks to the democratisation of contraception and the legalisation of abortion. Furthermore, women progressively entered the workforce and gained autonomy during this period.
Medicine
During the same period, medicine benefited from impressive technological advances that not only stabilised the health of the general public but also prolonged life expectancy. As a result, the rise in consumption among senior citizens — in good health with time and often money to spare — progressively entered the spotlight. Medicine also assigned new roles to women — teenagers, young adults and senior citizens — and gave rhythm to the course of their lives.
The media coverage of test-tube babies like Louise Brown (1978) and, especially in France, Amandine (1981), contributed to portraying infertility as a problem that could finally be discussed in the public sphere. Moreover, fulfilling "scientific dreams" related to procreation gained ground throughout the 80s following the production of Re-née: Zoe, born in Melbourne (1984) from a frozen embryo; Audrey and Loïc, twins born in 1986 by simultaneously implanting embryos; Rebecca and Emma, Australian twins born 16 months apart; etc.

Éléments structurants du film

  • Images de reportage : Non.
  • Images en plateau : Non.
  • Images d'archives : Non.
  • Séquences d'animation : Non.
  • Cartons : Non.
  • Animateur : Non.
  • Voix off : Non.
  • Interview : Non.
  • Musique et bruitages : Oui.
  • Images communes avec d'autres films : Non.

Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?

Il s’agit de la chronique de la vie d’une femme – Renée (Pauline Macia) - qui comprend une dimension onirique très marquée, puisque les rêves sont présentés à la fois comme des signaux aidant à la compréhension de l’énigme de l’infertilité et comme des outils de remédiation des maux physiques et psychologiques. Le spectateur entre « dans l’esprit » des protagonistes : esprit de Renée, la femme infertile ; l’esprit de Cécilia, la femme aux abords de la ménopause qui regrette l’abandon de son enfant ; et l’esprit du médecin qui est en fait le double de Jean Reboul (auteur du film, gynécologue et psychanalyste). Le propos n’est pas d’expliquer l’infertilité (de manière technique ou médicale), mais de comprendre ce qui amène Renée à ne pas pouvoir concevoir. La clé, donnée à la fin du film, est l’abandon de la jeune femme par son père, ce qui correspond assez bien à une lecture freudienne de l’infécondité. Lorsque la patiente aura accepté et surmonté ce traumatisme, elle sera prête à concevoir un enfant. Deux voix off guident le public sur le chemin vers la solution de l’énigme de l’infertilité de la jeune femme : celle de Renée et celle du médecin.

(English)

The film is a chronicle of a woman’s life — Renée (Pauline Macia) — with a pronounced dreamlike quality as dreams are simultaneously presented as signs to help grasp the mystery of infertility and instruments to treat physical and psychological suffering. Viewers "enter the mind" of the three main characters: the mind of Renée, the infertile woman; the mind of Cécilia, the woman on the brink of menopause who regrets abandoning her child; and the mind of the doctor who represents Jean Reboul, author of the film, gynecologist and psychoanalyst. The aim of the film is not to explain infertility (in a technical or medical manner) but to understand what prevents Renée from conceiving. The reason, given at the end of the film, being that she was abandoned by her father, which corresponds quite well to a Freudian understanding of infertility. Once the patient has accepted and overcome this trauma, she will be ready to have a child. The off-screen voices of Renée and the doctor guide viewers down the path to solving the mystery of the young woman’s infertility.

Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?

Ici, le praticien remet en cause constamment ses traitements, son savoir, voire même son statut. Il semble se construire au contact des patientes. Face à ces femmes, il peine à se situer. Ses soliloques intérieurs constituent la trame de l’histoire. Les femmes s’adressent à lui en tant qu’être humain, compréhensif et faillible. D’ailleurs, ce médecin semble troublé par leurs histoires et corps de femmes, comme le montre une scène de palpation assez suggestive. Il leur répond souvent énigmatiquement - lorsqu’il s’interroge sur sa relation à la patiente, par exemple. Si l’histoire nous plonge dans le vécu de la patiente, nous accédons également à celle du praticien. La figure d’autorité est brouillée : le film ne comprend guère de discours technique et surtout le médecin semble presque aussi désarçonné que sa patiente. Tout se passe comme si la parole de la jeune femme était libérée au prix du doute qu’elle insinue dans l’esprit du praticien. Dans ce face-à-face, on ne sait plus qui apprend de qui.

(English)

In the film, the doctor constantly questions his treatments, his expertise and even his status. He seems to shape himself through contact with his patients. He struggles to find his bearings when placed before these women. His internal monologues contribute to the storyline. In the way they speak to him, the women treat him like a human being, someone who is understanding and fallible. Furthermore, the doctor appears to be troubled by their stories and feminine bodies, as shown in the rather suggestive medical examination scene. He often responds to them in puzzling ways, for instance, when he wonders about his relationships with his patients. While the story immerses viewers in the patient experience, it also provides a window on the doctor experience. The authority figure is blurred: the film does not include any technical discourse and above all the doctor seems to be almost as unsettled as his patients. Everything happens as if the young woman’s speech is freed at the expense of the doubt she plants in the doctor’s mind. In this encounter, viewers no longer know who is learning from whom.

Diffusion et réception

Où le film est-il projeté ?

Salles d'exploitants pour des séances réservées aux professionnels invités, salles universitaires dans le cadre d'enseignements

(English)

Cinemas with screenings reserved for guest professionals and university classrooms for teaching purposes

Communications et événements associés au film

Public

Public professionnel : médecins et étudiants

(English)

Professional audience: doctors and students

Audience

Descriptif libre

Préambule onirique et symbolique

Défilement du générique sur un travelling sur les pierres d’un muret. Musique mélancolique jouée par une harpe et une trompette. Le générique indique qu’il s’agit de « Berceuse pour un petit enfant à naître » : un choix qui convient au sujet du film. Paysage de campagne en hiver, la terre est sèche, le ciel est d’un bleu froid, images de stérilité (mais temporaire). Une voix off de femme : « Qui suis-je donc, moi qui découvre que mon corps ne peut répondre quand je demande la vie ? Qui es-tu donc toi qui entends que ma souffrance s’origine dans mon désir ? » Sur le muret qui sépare le champ de la route court un enfant. Voix off d’un homme : « Je suis celui qui tient la place, qui remplace et qui passe, celui à qui rien n’appartient. Tu étais l’enfant, je suis l’enfant, tu étais le temps, je suis le temps aussi. » Ainsi est introduit la relation patiente-médecin qui va se nouer dans la séquence suivante. (02.00)

La rencontre entre la patiente et le médecin

En écho à la voix off qui a évoqué le thème du temps, raccord à l’image avec une horloge au fronton d’une entrée de gare. Une jeune femme apparaît sur son seuil. Elle courbe la tête. Raccord avec un intérieur où la même jeune femme relève la tête. Bord-cadre, un homme installé à un bureau. « Je veux un enfant et je n’y arrive pas », lui dit-elle. Elle explique qu’elle est mariée depuis trois ans et qu’à la fin de la première année (de mariage), elle a consulté un médecin. Il lui a expliqué qu’elle n’ovulait pas régulièrement. Il l’a traitée avec des régulateurs d'ovulation. « J’ai ovulé mais je n’ai pas eu d’enfant. » Elle donne au médecin son dossier, « avec le résultat des examens et le double des ordonnances ». Quoique le personnage soit surjoué, son profil psychologique est vite perceptible : femme volontaire, qui s’inquiète autant de ne pas maîtriser son désarroi que de ne pas tomber enceinte. Le médecin l’interroge sur ses menstruations. « Les règles sont-elles normales ? » « Douloureuses. J’ai mal avant et pendant les règles. » Gros plan sur le visage de la jeune femme qui fixe le médecin d’un regard franc pendant qu’elle explique qu’elle a souvent des maux de ventre. « Je sens toujours mon ventre. » Panoramique et dézoom qui dévoile le fond du cabinet et le profil du médecin. La musique du générique reprend sur le médecin qui examine la patiente allongée sur un lit d'examen. Il observe que sa thyroïde est « un peu grosse ». Curieuse touche de pathos par la musique sur un plan apparemment clinique. Voix off d’homme mais ce n’est pas celle du médecin : « Qui est-il donc, le corps de l’autre ? Corps de mouvement et de silence ? Entendre par les mains la présence, l’amour, langage privilégié, appel de deux corps invitants et désirant ensemble… » Cette allusion à l’acte sexuel est associée, par un plan resserré sur le buste de la femme, au geste du médecin qui ôte la serviette qui recouvrait le corps de la patiente pour examiner ses seins avec des gestes lents, délicats, attentifs. Rupture du poème par l’irruption de la voix du médecin : « Vous avez une bonne ceinture abdominale. Vous faites du sport ? » Elle répond qu’elle pratiquait la danse. Sans transition, elle ajoute qu’elle ne supporte pas la fréquentation des femmes enceintes. « C’est là » dit-elle en indiquant un endroit de son bassin. Le médecin dit : « Votre ventre est souple ». Au même moment, elle passe le bras derrière la tête dans un geste de décontraction. Elle sourit, se projette enceinte. Ses traits se figent : « Je ne supporte pas les femmes enceintes qui traitent mal leur corps. » Retour dans le bureau, de nouveau le face-à-face, la musique s’est tu. « Je rêve d’un bébé dont je ne vois pas le visage ». Premier contrechamp sur le médecin, la caméra reste distante, un peu plus loin que la patiente : « Et le père, qu’en pense-t-il ? ». « Je sais pas, il a son travail. Il me dit qu’il est d’accord puisque j’en veux un ». Sa voix exprime un désappointement résigné. Elle ajoute, après qu’on entend le bruit produit par le médecin qui écrit (les mots de la patiente ? Ses propres observations ?) : « De toute façon, je pourrais très bien m’en occuper toute seule. » Elle conclut : « Parfois j’aimerais être enceinte par l’opération du Saint-Esprit. » (07.38)

Errance dans le désert, aveux de désarroi

Panoramique sur la patiente qui avance seule dans un paysage désertique fait de dunes rocheuses (encore une image de la stérilité). Dans son mouvement, la caméra quitte la patiente pour rester sur le paysage vide de toute présence. Commentaire (voix masculine) : « Peut-être s’attendait-elle à une prise en charge médicale, à un programme, une action dite thérapeutique, et ce qu’elle découvre devant elle n’est que vide et insécurité. » En continuant sa rotation, la caméra retrouve la femme qui poursuit sa marche sans but. Commentaire (voix féminine) : « Plus tu regardes le soleil, plus les larmes troublent tes yeux. Plus tu cherches la lumière, plus ton regard s’abîme dans l’infini. » Cette séquence montrant, en plan large, une femme errant dans un paysage de vallonnement désertique fait songer aux visions de La cicatrice intérieure de Philippe Garrel (1970, avec Nico). La réalisation affirme une approche poétique, et par ses plans métaphoriques, et par le registre des commentaires qui subliment et épurent les pensées des protagonistes. Commentaire (voix féminine) : « Désert, pour qui ? » auquel réagit le commentaire par la voix masculine : « Oui. Quelle est ma place dans cette rencontre, mon rôle et mon pouvoir ? Impuissance, interrogations et doutes. Ai-je entendu l’autre dans son corps et sa parole ? » Cette parole est sans doute celle du médecin. Le récit cherche à associer deux points de vue, ceux des deux protagonistes que la consultation a mis en présence. À l’expression du sentiment de solitude qui persiste chez la femme, puisqu’elle n’a pas obtenu la réponse qu’elle cherchait, s’oppose l’expression de l’émotion qu’éprouve l’homme en l’ayant rencontrée. Il est curieux de constater qu’ici, le médecin n’est pas montré comme le sachant, mais comme un professionnel sujet au doute et au trouble intime. (09.46)

Consultation en présence du mari

Raccord avec le visage d’un homme qu’on devine être celui du mari de la patiente. Il toussote quand il répond au médecin resté hors champ. « Oui, j’ai pu me libérer. Pour venir ici, et voir la famille. » Assise à ses côtés, la patiente explique qu’elle a été éduquée par sa grand-mère. Rassemblés dans le champ, le couple dissone, elle se détourne de lui et reste les yeux clos, lui paraît embarrassé. Il explique qu’il est commerçant, qu’il voyage beaucoup, qu’il n’est pas toujours disponible. Sourire crispé, silence. Le médecin : « Elle vous parle parfois de sa grossesse ? » « Elle pleure chaque fois qu’elle voit une femme enceinte. Je lui dis de ne pas y penser, mais elle ne m’écoute pas. » Dézoom qui fait apparaître le médecin dans le champ au moment où il rétorque : « C’est impossible de ne pas y penser. » Il ajoute : « Mais elle peut y penser différemment. » Elle réagit : « Différemment ? ». Le mari élude en demandant quel nouveau traitement elle pourrait suivre. Le médecin répond qu’il s’agit d’un traitement pour l’un et l’autre. Elle appuie en lui faisant comprendre qu’il est également concerné par l’infertilité. (11.39)

Deux ans après : entre la résignation, l'espoir et l'angoisse

Séquence intermédiaire : irruption du motif musical, gros plan sur le visage du médecin méditatif, puis un plan sur une dune surmontée de deux arbres solitaires. La musique se résorbe et de nouveau la patiente dans le cabinet. Elle évoque les deux ans de consultation qui viennent de s’écouler. « Je n’ai toujours pas d’enfant. Mais je ne le regrette pas. » Le commentaire affirme qu’elle ne reste plus fixée sur son symptôme, qu’elle est entrée dans « une phase de créativité ». Chez elle, le téléphone sonne. Elle décroche avec empressement, paraît déçue quand elle entend la voix de sa grand-mère. Ce n’est pas l’appel qu’elle attendait. Panoramique sur les photos coincées dans le cadre du miroir de l’entrée. Le plan se fige sur une photo d’elle et une autre de lui, chacune encadrée et posée sur la tablette qui supporte le téléphone. Elle et lui, chacun dans son cadre, séparés et ensemble. Elle a rejoint la cuisine, il fait son entrée en portant un paquet contre son ventre, comme s’il en était enceint. C’est un cadeau qu’il lui fait : une sculpture de forme ovoïde, que leurs mains parcourent ensemble. (14.00)
Elle marche dans une allée cernée de végétation. Elle n’erre plus mais se promène. Dans la musique, c’est la harpe qui domine. Le commentaire (voix masculine) : « Elle sait maintenant qu’autre chose vit déjà qui n’a pas encore pris corps. » Dans un magasin, elle essaie une robe, met ses mains dans les poches du vêtement pour tendre le pan de tissu vers l’avant, comme pour le préparer à la forme d'un ventre arrondi. « Elle vous va bien, dit la vendeuse, si vous êtes enceinte, vous pourrez la porter. » Commentaire par la voix féminine : « Elle aussi, elle y a pensé. » Sourire dans le miroir. Retour dans le cabinet du médecin, elle reprend : « Il y a deux choses qui m’ont beaucoup aidée pendant ces deux ans. Les entretiens que nous avons eus ensemble… » - à ce moment elle lève les yeux vers lui pour appuyer son propos, exprimant la confiance qu’elle lui a réitérée – « … et la danse. » Cours de danse, elle fait des mouvements devant une baie vitrée qui montre des maisons de village enveloppées de végétation. En commentaire, la voix féminine reprend l’interrogation de départ et poursuit : « Ineffable tendresse. Inaccessible. Inaccessible. Inaccessible. » Dans un paysage de vigne, elle va s’asseoir sur le muret qui sépare le champ de la route. "C’est son anniversaire", dit-elle en off. Elle a atteint l’âge qu’avait sa mère au moment de la mettre au monde. Deux femmes passent devant elle, poussant un landau. Des enfants courent sur le muret. Composition symbolique inscrite dans le cadre de son réel pour cristalliser les préoccupations qui la travaillent. « Mais qui suis-je ? Suffit-il de vouloir pour pouvoir ? » Elle va au landau, veut regarder à l’intérieur. Gros plan sur son visage figé par l’angoisse, raccord sur un plan métaphorique, avec un point de vue depuis le landau sur une femme sans visage : c’est elle, femme qui n’est pas encore reconnue mère. (17.53).
Dérives dans la ville, son regard resserre sur les enfants qu’elle rencontre, projections de celui qu’elle s’imagine. Commentaire par la voix masculine : « Objet perdu. Éternelle recherche. » Au niveau de la mairie, un mariage sur son chemin. Toutes les rencontres concordent pour jouer son histoire et incarner ses obsessions. Composition onirique quand elle rentre chez elle, un écho électrique se fait entendre alors qu’elle gravit le perron de sa maison submergé de fumée. Repas du soir, le silence se fait entre elle et son mari. Il se rapproche d’elle, lui tend la nourriture au bout de la fourchette. Plan noir et blanc d’une tablée familiale, c’est un souvenir qui se forme : le grand-père bénit le pain avec son canif, la grand-mère fait également le geste de tendre la fourchette à la petite fille assise à ses côtés. De nouveau dans le cabinet du médecin. Face à face montré par un panoramique parfait, qui commence sur elle et finit par lui. Voix off, masculine : « Suis-je toujours médecin dans cette rencontre ? Le langage que Renée me propose, je ne le reçois pas avec toute la gravité qu’il mérite. Pourquoi ? Elle essaie de me faire entendre son désir et je vais lui répondre par une stratégie. » Interrogation qui remet en perspective la relation patient-soignant, la rapprochant d’une relation amoureuse qui ne s’avoue pas ; le médecin cherchant un refuge dans son savoir pour brider son élan vers elle. Il lui propose un nouveau protocole, elle acquiesce. (22.56).

Autre patiente, autre enjeu : le passage de la ménopause

Une autre patiente entre en jeu. Elle est habillée avec soin, son attitude est élégante. Le médecin lui demande son âge, elle répond 43 ans. « Vous venez pour un contrôle ». Elle sourit. « À mon âge, je crois qu’il faut faire des contrôles. » Ses règles s’estompent, ajoute-t-elle, « Je vais être délivrée, enfin. Les hommes ne peuvent pas comprendre ça, mais pour nous, les règles nous mettent sur le qui-vive. Ça a un rapport avec la maternité, la grossesse, la contraception. » Le médecin répond : « Vous avez l’impression qu’en dehors des règles, une femme n’est pas une femme ». La caméra reste sur elle, saisit son visage en gros plan pendant qu’elle écoute et cherche la réponse. Enfin, elle acquiesce. « Je pense aussi que du moment où on ne les a plus, ça doit être triste, mais en même temps ça doit être autre chose. La femme, si elle a des rapports, se met à penser qu’elle n’est pas considérée comme une femme uniquement pour avoir des enfants. Elle est aimée pour elle-même. » Au médecin qui lui demande si elle a eu des enfants, elle répond d’abord « deux », puis se reprend « non, un », corrige encore : « une », ajoute enfin : « elle doit avoir 21 ans, maintenant. » Elle a voulu avoir un second enfant, a rencontré des difficultés, les médecins qu’elle a vus lui ont dit qu’elle était stérile. Le médecin intervient : « ‘Stérile’, ce n’est pas un joli mot. » « C’est vrai », répond-elle. Elle ajoute qu’au bout de huit ans d’espérance, elle s’est résignée à l’idée qu’elle n’en aurait pas. Elle s’agite sur le fauteuil. « C’est par là ? » demande-t-elle en indiquant le hors champ. Gros plan de son visage reflété dans un miroir, irisé par un effet de flou. Sa voix en off : « Qui es-tu, toi qui entends ma souffrance ? Toi, le témoin d’une parole ? » Dans le bureau, la même patiente, mais avec des habits différents et les cheveux lâchés, qui indiquent que c’est une autre visite. « Vous m’avez dit de revenir au bout d'un mois pour voir l’évolution de mon infection après le traitement… » Elle ajoute qu’elle va bien, que ça a été facile à guérir. Il hausse des épaules. « Guérir… Qu’est-ce que ça veut dire ? » Décontenancée, elle répond que c’est son métier. « Ce mot m’interroge, reprend-il. Il s’agit de ne pas mettre un rempart entre le désir de guérir et le désir lui-même. » De nouveau le panoramique qui fait tournoyer le regard sur les deux protagonistes, manière d’abolir l’obstacle qui s’interpose entre eux : le bureau du médecin. « Souvent, répond la patiente, on croit être guérie, et puis la blessure s’ouvre à nouveau. Je veux parler d’une blessure plus grave, plus profonde. Après votre consultation, j’ai eu l’impression que quelque chose s’était libéré en moi. » Elle a fait un avortement à l’âge de dix-huit ans, reprend-elle. C’est la première fois qu’elle le raconte. Son ami l’a quittée peu après. « On ne pouvait pas rester ensemble. » (29.20)

Renée encore : l’attente encore

Retour à Renée. Elle est dans le cabinet du médecin, avec son mari. Voix off du médecin : « Depuis que j’ai vu Cécilia, j’ai su que j’entendrais Renée. » Elle raconte un rêve « étrange » qu’elle a récemment eu. « J’attendais un enfant »… Elle s’interrompt, regarde son mari, sourit, reprend : « Nous attendions un enfant ». Alors qu’elle le tenait dans ses bras, « il est devenu tout petit ». Elle a voulu le mettre dans un cercueil, son mari le lui a pris pour le réchauffer dans ses mains. Le mari prend la parole, dit qu’il a parlé de ses problèmes avec un ami qui connaissait une situation comparable. « Je me suis senti moins seul ». Elle ajoute que son mari estime que le fait de ne pas avoir d’enfant influe sur leur sexualité. « Il y a des moments où on ne se supporte plus », dit-il en jetant un regard vers elle. « Surtout quand il faut calculer pour la fécondation ». Le médecin demande si calculer est une bonne chose.

Retour à Cécilia

Dans le bureau du médecin, Cécilia raconte le moment dans sa vie où elle est tombée enceinte. Elle éprouvait un vif désir d’avoir un enfant alors qu’elle vivait en couple « avec un homme plus âgé ». « Je me suis sentie bien, de fabriquer quelque chose, chaque jour. » Gros plan sur le médecin, attentif. Elle décrit ensuite son sentiment d’un « grand manque » après l’accouchement. « Je n’étais pas préparée. » Le médecin interroge sur le père - une donnée qu’il réintroduit souvent dans les entretiens. Cécilia répond que le père n’était pas investi, « d’ailleurs j’ai surtout fait un enfant pour moi-même ». À l’époque, elle était indifférente au désintérêt de cet homme, aujourd’hui, en revanche, elle est émue quand elle voit un couple qui vit sa parentalité harmonieusement. « Parce qu’ils l’ont désiré ensemble », remarque le médecin. Elle acquiesce comme Renée, avec ce « Bien sûr » qui convient et évacue. « L’enfant que j’ai eue, je ne l’ai pas gardée », ajoute Cécilia. Elle redoute que le médecin la juge mal. « Je ne vous juge pas », répond-il. Elle explique qu’elle l'a confiée à sa mère avec laquelle elle s’entendait très mal. Elle arrivait à voir son enfant régulièrement, puis de moins en moins. Son regard cherche le plafond, ses lèvres bougent sans qu'elle émette toujours de son. Les paroles lui coûtent visiblement. Elle passe ses doigts sur sa lèvre inférieure, le silence se prolonge. « Vous ne l’avez plus revue ? » Elle dit non de la tête. « Je l’ai abandonnée. Mais je l’ai faite. » Il dit : « Vous l’avez fait vivre. » Il lui propose de dessiner, de faire un dessin « sur lequel vous parlerez ». Il lui tend une feuille blanche, mais c’est en transparence que le dessin qu’elle exécute est filmé, comme dans Le Mystère Picasso de Henri-Georges Clouzot. Sur la plaque de verre, elle trace une forme ovoïde. En transparence, nous voyons le médecin qui s’est positionné derrière elle. « J’ai dessiné un rond, vide. Peut-être ai-je dessiné la mort, ou alors un corps de femme, rond, qui naît… Et si c’était ?... », « ... La vie », complète le médecin . Elle répète : « La vie ? » Elle pose alors le feutre, regarde le dessin puis le médecin, dit seulement : « Voilà. » (36.50)

Conclusion heureuse : l'enfant paraît

Plan de transition, un homme dans un champ, accroupi dans la terre, une boîte en bois à ses côtés. Dans le bureau du médecin, Renée parle : « L’acte sexuel me renvoie toujours au passé. » Le médecin arrête son assistante dans son passage à travers la pièce pour venir s’asseoir aux côtés de Renée. « J’ai peur », ajoute-t-elle. « Peur d’avoir un enfant ? » interroge le médecin. « En tous cas, maintenant, je le désire », répond Renée. Le médecin : « Vous êtes les premiers d’une lignée. » Manière de la décharger de son passé. Gros plan sur le regard de Renée que les larmes font briller. Raccord sur un plant sectionné, où perle une goutte de sève. Une voix d’homme : « C’est lui qui portera des greffons ». Le canif entaille le plant pour l’enter d’un greffon. Retour à Renée qui évoque son père qui l’a abandonnée, qu’elle déteste, son grand-père qui a joué le rôle du père, son mari enfin. « Cet enfant, je me demande si je ne le veux pas pour moi, pas pour le couple. Je n’ai pas encore pu répondre à la question : ‘qu’est-ce qu’être une femme ?’ ». « Être une femme, c’est peut-être être désirée, ou rendre possible le désir d’un autre. » Quand Renée part, la caméra zoome sur le poster qui orne le mur à côté de la porte, montrant un cheval blanc. Voix off masculine : « Pourquoi cette image est-elle liée à l’histoire de Cécilia, à Renée, ou à celle d’Eve ? » Évocation d’Eve, troisième femme à souffrir de son infertilité. Elle apparaît dans le champ, mais ne parle pas en in. Le médecin raconte que sa mère vient de mourir. « Eve, la mère mythique ». Elle chevauche un cheval blanc qui galope dans la mer. « Eve, la vie, la mort, la vie, la mort… » Le cheval s’est enfoncé dans les flots. « Eve qui assume son deuil pour donner naissance et renaître aussi. Enceinte après la mort de sa mère, comme pour la réincarner. » Gros plan sur sa chevelure blonde qui se fond dans la blondeur d’un champ. Un paysan laboure sa terre, creuse un sillon avec le soc de sa charrue. Dans le bureau du médecin, Renée et son mari. Renée est souriante : « Je crois que je suis enceinte ». Le mari sourit aussi : « J’en suis presque sûr. » Elle explique qu’elle n’a pas pris de médicament le mois dernier pour ne plus être contrainte. Le mari ajoute qu’il a compris qu’il passait à côté du désir d’enfant. Le mari : « Ce qui est étrange, c’est qu’il a fallu une intervention extérieure. » « - Une rencontre », dit le médecin. Dézoom pour montrer que son assistante assiste à l’entretien. Renée pose les mains sur la table, tout à fait détendue. Elle regarde le médecin puis l'assistante : « Je crois que j’aurais encore besoin d’être suivie pendant ma grossesse. » Manière de confirmer sa satisfaction de leur suivi.
Plan dans un champ de blé, des enfants courent dedans. Une voix de femme chante sur la mélodie qui a couru tout le long du film : « Reste au creux de moi, mon enfant, mon tout petit, le voyage n’est pas fini. Je sens sous mes doigts mon ventre qui frémit... » Dernier plan, un homme accompagné d’un garçon qui lui désigne un arbre : « Ça, c’est mon arbre, c’est le grand-père de mon père qui l’a planté. » L’enfance s’inscrit d’elle-même dans une filiation de longue durée. La chanson est celle d’une femme qui parle au bébé qu’elle attend ; à l’image, c’est un homme qui parle à un enfant : toujours ce souci de ramener la paternité, voire de la défendre, dans ce récit de patientes hantées par le désir d’être mères.

(English)

Dreamlike and Symbolic Introduction
Opening credits roll with a travelling shot of a low stone wall in the background as the melancholic music of a harp and a trumpet plays. The opening credits indicate that the title of the song is "Berceuse pour un petit enfant à naître" [Lullaby for an Unborn Child] — a fitting selection given the topic of the film. Wintry countryside landscape: the ground is dry, the sky is a cold blue and the scene is sterile (but this is only temporary). Female voice-over: “Who am I, who discovers that when I ask for life, my body cannot answer? Who are you, who understands that my suffering is rooted in my desire?” A child runs on the low wall that separates the field from the road. Male voice-over: “I am the one who holds space, who replaces and who passes, the one to whom nothing belongs. You were the child, I am the child, you were the time, I am also the time”. This is how the doctor-patient relationship that will form in the following sequence is introduced. (02.00)
The Encounter between the Patient and the Doctor
Echoing the voice-over that evoked the theme of time, matching cut to a shot of a clock on the pediment of a train station. A young woman appears at the entrance. She bows her head. Matching cut to an indoor setting where the same young woman raises her head. At the edge of the frame, a man is seated at a desk. The young woman says to him, "I want a child but can’t seem to have one". She explains that she has been married for three years and that after the first year (of marriage) she saw a doctor who told her that she was not ovulating regularly. He prescribed ovulation induction drugs. "I ovulated but didn’t become pregnant". She gives the doctor her file "with the exam results and copies of the prescriptions". Although the character is overplayed, her psychological profile quickly becomes apparent: a determined woman who is just as worried about not being able to control her despair as she is about not getting pregnant. The doctor asks her about her periods. "Are your periods normal?" "Painful. It hurts before and during my period". Close-up of the young woman’s face as she stares at the doctor with an intent look while she explains that she often has abdominal pain: “I'm always aware of my tummy”. Pan and zoom out revealing the office in the background and the doctor’s profile. The music from the opening credits plays once again as the doctor examines the patient as she lies on an examination table. He notices that her thyroid is “a bit large”. The music adds an odd touch of pathos to a seemingly clinical shot. Male voiceover, but not the voice of the doctor: "Who is it then, the body of the other? A body of movement and silence? To hear with hands the presence, the love, a special language, the call of two inviting bodies longing together”. This reference to sex is paired, using a closer shot of the woman’s bust, with the doctor’s act of removing the sheet covering the patient’s body to examine her breasts with slow, delicate and attentive movements. The poem abruptly comes to an end as the voice of the doctor is heard: “You have a good core. Do you do sport?" She replies that she used to dance. Without any transition, she adds that she cannot stand being around pregnant women. “It’s right there”, she says as she points to an area of her pelvis. The doctor adds, "Your stomach is soft”. At the same time, she places her arm behind her head in a gesture of relaxation. She smiles, imagines herself pregnant. Her face freezes as she states, "I can’t stand pregnant women who treat their bodies poorly”. Return to the office, the music has stopped and they are seated once again facing each other. “I dream of a baby whose face I cannot see”. First reverse angle shot of the doctor, the camera remains distant, a bit farther back than the patient: “And the father, what does he think?” “I don’t know, he has his work. He tells me that he is willing to have a child since I want one”. Resignation is expressed in her voice. After we hear the noise of the doctor writing (what the patient says? his own observations?), she adds, “In any case, I could very well take care of the baby alone”. She concludes, "Sometimes, I would like to be pregnant by the work of the Holy Spirit”. (07.38)
Wandering in the Desert, Acknowledging Distress
Pan shot of the patient walking alone in a desert landscape of rocky dunes (another image representing sterility). As the camera moves, it leaves the patient to show the landscape void of any presence. Male voice-over: "Perhaps she was expecting medical care, a programme, a “therapeutic” intervention, and what she discovers before her is nothing but emptiness and insecurity." By continuing its rotation, the camera captures once again the woman walking aimlessly. Female voice-over: "The more you look to the sun, the more tears cloud your eyes. The more you search for light, the more your gaze sinks into infinity”. This sequence showing, with a wide shot, a woman roaming in a landscape of desert hills brings to mind the visions from the film La cicatrice intérieure by Philippe Garrel (1970, with Nico). The film directing assumes a poetic approach through its metaphorical shots and the register of the commentary that enhance and refine the thoughts of the main characters. Female voice-over: "Desert, for whom?" The male voice-over replies, “Yes. What is my place in this encounter, my role and my power? Powerlessness, questions and doubts. Have I heard the other in her body and her words?” This are undoubtedly the words of the doctor. The story looks to combine two points of view: those of the two main characters who are brought together by the consultation. The persistent loneliness expressed by the woman, as she has not received the answer she is looking for, contrasts with the emotions expressed by the man after meeting her. Here, it is interesting to take notice that the doctor is not portrayed as someone with all the answers but as a professional who is subject to doubt and inner turmoil. (09.46)
Consultation with the Husband
Matching cut to the face of a man who we assume to be the patient’s husband. He clears his throat when answering a question posed by the doctor who remains off-screen. “Yes, I was able to take time off to come here and to see family”. Seated next to him, the patient explains that she was raised by her grandmother. Shot together in the frame, the couple appears to be at odds with one another. The patient turns away from her husband and closes her eyes. He seems embarrassed. He explains that he is a sales representative, that he travels a lot and that he is not always around. He smiles nervously in the silence that follows. The doctor says, "Does she talk to you sometimes about pregnancy?" "She cries every time she sees a pregnant woman. I tell her not to think about it, but she doesn’t listen”. The camera zooms out, capturing the doctor in the frame the moment he replies, "It is impossible to not think about it”. He adds, "But she can think about it differently”. She reacts, “Differently?" The husband dodges the topic by asking which new treatment she could undergo. The doctor replies that it is a treatment for both of them. She is in favour of this idea and reminds her husband that the issue of infertility also concerns him. (11.39)
Two Years Later: Between Resignation, Hope and Anguish
Intermediate sequence: music abruptly begins to play, close-up of the doctor’s face deep in thought, then a shot of a dune atop of which two solitary trees sit. The music fades and the patient is once again in the doctor’s office. She recalls that two years of medical consultations have gone by and then adds, “I still don’t have any children, but I have no regrets”. The comment affirms that she is no longer fixated on her condition but has now entered a “creative phase”. At home, the telephone rings. She answers with enthusiasm and seems disappointed when she hears the voice of her grandmother. This was not the call she was expecting. Pan shot of photos wedged in the frame of the mirror in the hall. The shot freezes on a photo of her and another of him, each framed and placed on the cabinet where the telephone sits. She and he, each in a frame, separated and together. She is in the kitchen when he enters carrying a package against his stomach, as if he were pregnant. It is a gift he offers to her: an egg-shaped sculpture that they stroke together. (14.00)
She walks down a path lined with vegetation. She no longer wanders but walks about. In the music that plays, a harp dominates. The male voice-over says, "She now knows that something else already lives that has not yet taken shape”. In a shop, she tries on a dress, slides her hands into the pockets and stretches the material out before her, as if to prepare it for a round stomach. “It looks good on you", says the shop assistant. "If you’re pregnant, you’ll be able to wear it”. Female voice-over: "The thought has also crossed her mind”. She smiles in the mirror. Return to the doctor’s office. She resumes, "There are two things which helped me a great deal over the past two years. Our consultations…" — at that moment she looks directly at him to reinforce what she has to say, communicating the confidence that she has once again expressed to him — “… and dance”. Dance class. She performs movements in front of a bay window looking out onto houses in the village surrounded by vegetation. The female voice-over takes over the initial reflection and continues, "Inexpressible tenderness. Inaccessible. Inaccessible. Inaccessible". In an environment marked by vineyards, she sits on the low stone wall separating the field from the road. It was her birthday yesterday, she says via voice-over. She is the same age as her mother was when she brought her into this world. Two women pushing a baby carriage and a pushchair pass in front of her. Children run on the low wall. This is a symbolic composition set in her reality to crystallise her permanent preoccupations : “But who am I? Is getting what you want only a matter of will?” She walks up to the baby carriage, wanting to see inside. Close-up of her face frozen with anguish. Matching cut to a metaphorical shot taken from inside the baby carriage of a faceless woman: it is her, a woman who is not yet recognised as a mother. (17.53).
Wandering in the city, she focuses her gaze on children she meets, projections of what she imagines for herself. Male voice-over: "Lost object. Eternal search". Near the town hall, she stumbles upon a wedding. Each encounter tells a part of her story and embodies her obsessions. Dreamlike composition when she returns home. An electric echo is heard as she climbs the front steps, submerged in a stream of smoke, leading up to her house. At suppertime, there is silence between her and her husband. He moves to sit next to her and offers her a forkful of food. Black and white shot of a family sitting at a table. A memory is forming: the grandfather is blessing the bread with his penknife and the grandmother is feeding her granddaughter seated next to her. In the doctor’s office once again where a face to face is captured by a perfect pan, beginning with her and finishing with him. Male voice-over: "Am I still the doctor in this encounter? The language that Renée presents to me, I don’t receive it with all the weight it deserves. Why? She is trying to make me hear her desire and I respond with a strategy". This reflection puts the doctor-patient relationship into a new perspective, bringing it closer to that of an unprofessed romantic relationship; the doctor seeks refuge in his expertise to curb his desire for her. He suggests a new protocol, she agrees. (22.56).
Another Patient, Another Issue: Transition to Menopause
Another patient comes into play. She is well dressed and her demeanor is elegant. The doctor asks her how old she is. She replies that she is 43 years old. “You’re here for a check-up”. She smiles and says, "At my age, I believe that it is necessary to have check-ups”. She mentions that her menstruation is fading away. "I am going to be delivered at last. Men cannot understand it, but for us, periods keep us on our toes. It is associated with maternity, pregnancy, contraception". The doctor replies, "You have the impression that without a period a woman is not a woman?" The camera remains focused on her, captures her face in a close-up while she listens and searches for an answer. Finally, she nodds. "I also think that from the moment we no longer have a period, it must be sad yet, at the same time, it must lead to something else. Women, if they have sexual relations, begin to think that they are not considered women just because they can have children. They are loved for who they are”. The doctor asks if she had children. She first replies, "Two", and then corrects herself, "No, one, a daughter", before adding, “She must be twenty-one now”. She wanted to have a second child but experienced difficulties. The doctors she saw told her that she was sterile. The doctor chimes in, “‘Sterile’, that is not a pleasant word”. “That’s true, it’s not pleasant, it’s sad”, she answers. She adds that after eight years of hoping, she resigned herself to the idea that she would not have any. She turns in her chair. “Is it that way?" she asks as she points off-screen. Close-up of her face reflected in a mirror. A blur effect makes it appear fuzzy. Her voice-over begins, “Who are you, you who hears my suffering? You, the witness of words". In the office sits the same patient wearing different clothes and with her hair down, which indicates that it is a different visit. “You asked me to return in one month’s time to see how my infection was healing after treatment. She adds that she is doing well, that it was easy to cure. He shrugs his shoulders. "Cure, what does it mean?" Bewildered, she responds that it is his occupation. “This word intrigues me”, he adds. "It is about not putting a barrier between the desire to cure and desire alone". A pan once again turns viewers’ gazes from one main character to the next, doing away with the obstacle separating them: the doctor’s desk. The patient continues, "Often, we believe that we are healed and then the wound opens once again. I'm talking about a wound that is more serious, deeper. Following your consultation, I had the impression that something in me was liberated”. She had an abortion at the age of eighteen. It is the first time she speaks of it. Her partner left her soon after. "We couldn’t stay together", she explains. (29.20)
Renée Once Again: Still Waiting
Return to Renée. She is in the doctor’s office with her husband. The doctor’s voice-over begins, “Since I saw Cécilia, I knew that I would hear Renée”. She tells him about a “strange” dream she recently had. “I was expecting a child”, she stops, looks at her husband, smiles and continues on, "we were expecting a child”. While she was holding it in her arms, "it became tiny". She wanted to put it in a coffin but her husband took it from her to warm it up in his hands. The husband speaks up, says that he spoke about his problems with a friend who is experiencing a similar situation. “I felt less alone”, he admitted. She adds that her husband feels as though the fact that they do not have children has an impact on their sex life. “There are times when we can no longer tolerate one another”, he says as he shoots a glance at her, “especially when we have to calculate for fertility”. The doctor asks if calculating is a good thing.
Back to Cécilia
In the doctor’s office, Cécilia tells him about the moment in her life when she became pregnant. She felt a burning desire to have a child when she was living "with an older man”. “I felt good about shaping something each day”. Close-up of the attentive doctor. She then describes the “large empty space” she felt after childbirth. “I wasn’t prepared". The doctor asks about the father, a piece of information he often works into his consultations. Cécilia replies that the father was not invested and "in any case, I especially had a child for myself". At the time, she was indifferent to that man’s lack of interest; today, on the other hand, she is moved when she sees a couple harmoniously embracing parenthood. “Because it is something they both wanted”, says the doctor. She nods like Renée, with that "yes, of course" that is acceptable yet shields her from further questions. “The child that I had, I didn’t keep it”, adds Cécilia. She fears that the doctor is judging her. “I am not judging you”, he answers. She explains that she entrusted her child to her mother with whom she did not get along. She managed to see her child regularly and then less and less. She looks to the ceiling, her lips move without making a sound. The topic is clearly not easy for her to discuss. She strokes her lower lip. The silence grows. “You haven’t seen her since?” asks the doctor. She shakes her head and adds, "I abandoned her. But I’m the one who made her". "You gave her life", he affirms. He asks if she would like to draw, to do a drawing "that you’ll then discuss". He hands her a white sheet of paper, which is actually a transparency in the following sequence shot from beneath the surface on which she draws, like in The Mystery of Picasso by Henri-Georges Clouzot. On the transparent surface, she draws an oval shape. As the sequence progresses, we see the doctor standing behind her, looking over her shoulder. “I drew an empty circle. Perhaps I drew death or the body of a woman, round, which gives birth. And if it was…?" "Life", the doctor says, finishing her sentence. “Life?" she repeats. She puts the marker down, looks at the drawing and then the doctor before saying, “There you have it”. (36.50)
Happy Conclusion: The Child Comes to Be
Transition shot of a man in a field knelt down on the ground with a wooden box next to him. In the doctor’s office, Renée says, "Lovemaking always sends me back into the past”. The doctor stops his assistant as she passes through the room and motions for her to come and sit next to Renée. “I’m afraid”, she adds. "Afraid of having a child?" asks the doctor. "In any case, now, I want it", replies Renée. The doctor says, “You are the start of a new lineage", a way of freeing her from her past. Close-up of Renée’s eyes glistening with tears. Matching cut to a severed seedling with a drop of sap running down the stem. The voice of a man says, "This is the one that will bear the grafts”. He uses a penknife to cut into the plant and then inserts the graft. Back to Renée who brings up her father who abandoned her and whom she practically hates, her husband and her grandfather who assumed the role of father. “This child, I wonder if I want it for myself, not for the couple. I still haven’t been able to answer the question: what is it to be a woman?” “To be a woman is perhaps to be desired or to make it possible for someone else to desire”. When Renée leaves, the camera zooms in on the poster of a white horse that decorates the wall next to the door. Male voice-over begins, “Why is this image linked to the story of Cécilia, Renée or Eve?” Eve, the third woman to suffer from infertility, is mentioned. She appears in the frame, but her voice is not heard. The doctor explains that her mother has just passed away. "Eve, the mythical mother”. She rides a white horse that gallops in the sea. “Eve, life, death, life, death…". The horse sinks in the swell. “Eve, who accepts her mourning in order to give birth and to also be reborn. Pregnant after the death of her mother as if to reincarnate her”. Close-up of her blond hair that fades into a golden field. A farmer works his land, digging a furrow with his plough. In the doctor’s office are seated Renée and her husband. Renée is smiling as she announces, "I think I’m pregnant". The husband is also smiling as he adds, “I’m almost sure of it”. She explains that she did not bother taking any medication last month. The husband adds that he recognises that he was missing the desire to have a child in the past. He reflects, “What is strange is that it took an external intervention”. “An encounter”, specifies the doctor. Zoom out to show that his assistant is attending the consultation. Renée places her hands on the table, completely relaxed. She looks at the doctor and then the assistant. "I think I’ll still need to be looked after during my pregnancy”, a way of showing her satisfaction with the care they provide.
Shot taken in a wheat field where children run. A woman’s voice sings to the melody that ran throughout the film: "Stay curled up inside of me, my child, my little one, the journey is not over. I feel my belly stir beneath my fingers..." Final shot of a man accompanied by a boy who points out a tree and says, "That is my tree, it is my father’s grandfather who planted it”. Childhood knows that it is part of a long lineage. The song is sang by a woman who is speaking to a baby she is expecting; on-screen is a man speaking to a child. This preoccupation with acknowledging fatherhood, even defending it, runs steadily throughout this story of patients haunted by the desire to be mothers.

Notes complémentaires

Fonds Éric Duvivier code 536.

(English)

Fonds Éric Duvivier code 536.

Références et documents externes

Contributeurs

  • Auteurs de la fiche : Anne Masseran, Joël Danet
  • 2 Traducteurs_vers_anglais : Sherry Stanbury