Résurgence (1964)
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Générique principal
Contenus
Sujet
Les méthodes de la physiothérapie appliquées à la prise en charge psychiatrique au sein de l'hôpital.
Genre dominant
Résumé
Application de pratiques de physiothérapie à une patiente et un patient en souffrance psychiatrique : exercices dans l'eau, massages, jeux de balle en collectif, douches... La patiente et le patient, à mesure des exercices, progressent dans la reconquête de leur schéma corporel et de la faculté de communication avec l'extérieur.
Contexte
Histoire des rapports psychiatrie et physiologie
À la fin du XVIIIe siècle, les personnes souffrant de trouble mentaux se retrouvent avec un statut de personne malade [15] que renforcera la loi du 30 juin 1838 [4]. Les psychiatres prenant en charge ces malades doivent alors élaborer des théories et pratiques propres. Deux conceptions de la psychiatrie, alors en pleine expansion institutionnelle, s’opposent déjà : une conception rattachée à celle de la médecine et à la physiologie ; une conception détachée et autonome. Cette dichotomie des approches sera renforcée par la loi de 1838 qui met en place dans chaque département un asile d’aliénés, conduisant à la fondation d’un corps de médecins : « les médecins asilaires », en opposition aux « médecins hospitaliers ».
Lorsque, après la Libération, les pouvoirs publics engagent une réforme pour définir les contours des spécialités médicales officielles devant faire l’objet d’un cursus de formation universitaire (les Certificats d’études spécialisés ou CES), la psychiatrie ne fait pas partie des disciplines retenues. Elle ne trouve sa place qu’au sein d’une spécialité hybride, la neuropsychiatrie regroupant sous la houlette des neurologues l’ensemble des approches traitant des maladies nerveuses et mentales (neurologie, neurophysiologie, électroencéphalographie et psychiatrie). Ce n’est qu’aux lendemains immédiats de Mai 1968, et à l’occasion de la réforme de l’Université engagée par Edgar Faure que les psychiatres parviennent à obtenir la suppression du CES de neuropsychiatrie et la création d’un enseignement spécialisé de psychiatrie, instituant celle-ci sur un pied d’égalité avec les autres disciplines cliniques.
Le débat de fond
Les oppositions théoriques sur les rapports entre le psychique et le physique se retrouvent au cœur des affrontements sur l'origine des affections mentales (organogenèse versus psychogenèse et/ou sociogenèse). En l’absence d’objectivation par l’anatomie pathologique de lésions spécifiques aux maladies mentales, ces affrontements mettent en jeu des constructions théoriques fondés sur des postulats quant à l’existence ou non d’atteintes organiques ou quant à leur statut épistémologique (les atteintes organiques sont-elles cause ou conséquence du dérèglement mental?).
Éléments structurants du film
- Images de reportage : Oui.
- Images en plateau : Non.
- Images d'archives : Non.
- Séquences d'animation : Non.
- Cartons : Non.
- Animateur : Non.
- Voix off : Oui.
- Interview : Non.
- Musique et bruitages : Oui.
- Images communes avec d'autres films : Non.
Comment le film dirige-t-il le regard du spectateur ?
La réalisation a recours à des comédiens et comédiennes pour incarner les patientes et patients, leurs proches et le personnel médical. Ce moyen permet de mettre en scène des situations claires, par une théâtralisation, de relation patient-soignant et d'évolution comportementale selon la méthode en cours.
Comment la santé et la médecine sont-elles présentées ?
Par une multiplicité de plans généraux soigneusement composés, le film insiste sur l'élégante architecture et la modernité des locaux où se déroule la prise en charge. 
Une séquence témoigne du souci de travail en collaboration qu'affiche l'établissement. Á 07:37, comme la kinésithérapeute, sentant qu'elle n'arrive plus à faire progresser son patient, s'en ouvre au chef de service, celui-ci mobilise aussitôt un de ses collègues pour prendre son relais. Á 19:24, le commentaire explicite cette démarche de fond : "le médecin est le pivot de cette organisation des activités et de la cohésion de l'équipe soignante ; c'est à travers sa relation avec le malade qu'il peut juger des possibilités et des directions de la progression entreprise".
Diffusion et réception
Où le film est-il projeté ?
Espaces pédagogiques, colloques.
Communications et événements associés au film
Public
Professionnels de la santé
Audience
Descriptif libre
Un patient schizophrène : Serge ; une patiente souffrant de phobie d'impulsion : Nicole
Musique douce, faite d'arpèges joués par une harpe. Dans le brouillard, plan général qui montre un bâtiment d'architecture moderne bordé par une large plage de gazon que longe une allée, et dans le fond du champ la silhouette d'un château d'eau. Toujours sur la même musique, un panoramique détaille un autre bâtiment qui communique à un troisième par une passerelle sur pilotis. Sur le perron du troisième, un homme et une femme qui en gravissent les marches. L'homme avance derrière la femme, sa silhouette est courbée. Gros plan sur l'homme et la femme qui avancent vers la caméra. L'homme est jeune, la femme paraît plus âgée. Elle se montre attentive et soucieuse, alors que le jeune homme exprime un sentiment d'appréhension, voire de panique muette. Son état frappe d'autant plus le spectateur qu'il continue d'avancer vers la caméra jusqu'à la frôler, provoquant de cette façon un très gros plan sur son regard perdu. Musique de jazz, aussi vague que la première, mais plus dynamique, jouée au saxophone. Raccord avec une vue intérieure, ils vont s'asseoir sur la banquette d'un hall. Le commentaire intervient : le jeune homme, qui se prénomme Serge, est "malade mental", sa mère l'accompagne pour son admission dans l'hôpital psychiatrique où il va être soigné. Le commentaire précise : "Serge est un schizophrène, dissocié, délirant." Sur la banquette, il reste prostré, fixant le sol du regard. Le commentaire insiste sur "son attitude corporelle, la pauvreté et la difficulté de ses mouvements". Nouveau gros plan sur le visage du jeune homme, regard oblique, léger froncement de sourcils, comme livré à une activité mentale statique. "Par son corps, Serge exprime le refus de tout dialogue avec le monde, l'abandon de toute autonomie, mais aussi le refus de tout contact". Ouverture de la porte pratiquée dans le mur contre lequel la banquette est rangée. Un homme se présente dans l'ouverture, la mère se lève aussitôt, montrant de cette façon qu'ils avaient rendez-vous. Comme s'il s'agissait encore d'un enfant, elle prend le bras de son fils et le fait se lever pour la suivre. Intérieur d'un cabinet, l'homme se place derrière son bureau, la mère continue de guider le jeune homme pour que lui et elle s'assoient dans les fauteuils disposés de l'autre côté. Assis, le jeune homme porte sa main à sa bouche, ne regarde personne, alors que sa mère amorce l'échange avec l'homme qui les a accueillis. Commentaire : "le corps est le premier moyen d'expression, d'échange avec le milieu ; il est essentiel de lui redonner la liberté qu'il a perdue, de reconstruire le dialogue du corps avec le corps d'autrui, avec l'espace et le temps, avec les objets, avec lui-même." Le commentaire ajoute que ce patient, sentant son corps "menacé", s'est "replié sur un mode d'échange plus fruste et plus archaïque."
Raccord avec une jeune femme qui s'est assise à son tour dans la banquette du hall. La suite du film nous apprendra qu'elle s'appelle Nicole. Elle est vêtue de noir, se tient sur le bord du siège, les mains sur les genoux, et ferme les yeux comme si elle appréhendait un incident. Le commentaire nous apprend qu'elle souffre de phobie d'impulsion. "Elle redoute sans cesse les agressions qu'elle pourrait commettre, et tente sans cesse d'annuler ce mal imaginaire." Nous la voyons extraire de son sac un livre qu'elle ouvre, referme aussitôt et remet dedans, puis s'agiter en soupirant et en jetant des regards de tous côtés. "Son corps exprime et agit ce balancement insoluble." (02:56)
Recours à la physiothérapie
Une femme en blouse accompagne Serge dans le hall d'un bâtiment. Nous apprendrons par le commentaire qu'elle est kinésithérapeute. Elle lui fait prendre un bain. "C'est sur la base d'une sécurité retrouvée que le patient travail de reconstruction pourra s'édifier : tels sont les fondements d'une physiothérapie de la maladie mentale". Comme la scène est filmée de plongée, nous voyons que la baignoire est dépourvue d'angles et que son versant intérieur est parcouru d'un guidon auquel le jeune homme s'accroche avec anxiété. La kinésithérapeute l'invite à s'assoir dans l'eau et lui fait faire quelques mouvements des jambes. Sa voix postsynchronisée, aimable : "Approchez-vous du bord... Voilà, très bien." le commentaire analyse la situation : "dans cette piscine, dans une eau tiède et au sein d'un espace bien clos et limité, une telle base de sécurité peut être établie, mais elle est une lente découverte dans laquelle la kinésithérapeute joue un rôle de soutien, de contact bénéfique". La remarque du commentaire suggère que l'action de la physiothérapie, ici, assiste un travail que le patient est amené à mener lui-même. Le soin ne résout pas le problème, mais accompagne celui qui doit l'affronter. Toujours filmé en plongée, puis en angle plat, le plan suivant montre la kinésithérapeute invitant le jeune patient à se détendre et effectuer des mouvements de natation. Il se laisse faire, exécute les instructions, montrant qu'il les écoute et les intègre. Nouvelle séquence avec une séance de massage de Serge par la kinésithérapeute. Gros plan sur les mains fines et soigneusement manucurées de la femme qui malaxent la peau blême et tendue du jeune homme. Toujours post-synchronisée, sa voix qui l'interpelle : "Alors, Serge, on s'est bien promené ce matin?" Serge, regard dans le vide, lâche : "oui" d'une voix rauque. "Avec qui?" "-Avec Mademoiselle Marcel", répond-il d'une voix monocorde qui trahit la volontéde ne pas poursuivre davantage l'interaction. La kinésithérapeute continue de le bercer d'une voix cajolante tandis que ses mains parcourent le torse du jeune homme. "Vous avez déjà été massé, Serge? Vous allez voir, tout le monde aime bien ça ici!" Nouvelle séance de piscine, mais cette fois avec l'aide d'une sangle qui soutient le corps de Serge. il se débat, son visage reprend son expression paniquée. Analyse du commentaire : "du soutien des mains de la kinésithérapeute au soutien plus neutre d'une sangle, de la passivité à l'activité dans des mouvements qui recherchent l'extension corporelle, une progression s'élabore au sein de la sécurité acquise". (07:34) 
Travail d'équipe
Aux abords de l'établissement, colloque de la kinésithérapeute avec l'homme que nous avons vu au début du film et que nous devinons être un chef de service. Elle lui apprend que les progrès de Serge sont à présent ralentis parce que, selon elle, il s'est habitué à elle. L'homme intercepte un collègue qui les dépassait pour lui demander de prendre le relais auprès de Serge. Nouvelles séances de piscine pour Serge, cette fois avec ce nouveau kinésithérapeute. Serge étant muni d'une palette surmontant une bouée, le médecin lui fait mettre les voies respiratoires dans l'eau. Sa voix est plus rude, il répète les exercices de façon insistante. Analyse du commentaire : "l'entrée en jeu d'autres personnages est un élément de cette progression qui doit toujours faire l'objet d'un travail d'équipe et nécessite une collaboration étroite entre le médecin et les kinésithérapeutes". Nouveaux exercices, sans outil cette fois. Le kinésithérapeute fait imaginer à Serge qu'il se trouve dans une piscine "avec 4m de fond". Gros plan sur le visage de Serge, toujours contracté, mais son expression de frayeur a disparu. Commentaire : "les éléments de soutien sont de plus en plus symboliques ; la seule présence et l'incitation verbale du kinésithérapeute représentent le pôle de sécurité nécessaire à la réalisation de mouvements plus complexes, plus amples et plus actifs". (10:03)
Actions sédatives : douches, bains bouillonnants, électrothérapie, massages
Plan général, sur le perron du bâtiment, une femme en blouse accompagne Nicole. Celle-ci interrompt leur échange par un geste de refus, elle pivote sur ses talons et retourne dans l'intérieur du bâtiment. Analyse du commentaire : "Nous ne trouverons pas chez Nicole la même passivité, mais au contraire des réactions très nettes, et souvent d'opposition au projet thérapeutique." Le plan suivant montre cependant Nicole à nouveau accompagnée par un personnel de l'établissement. Le commentaire explique la démarche : "Là aussi, la prise de contact avec le service de physiothérapie et, par l'intermédiaire de l'infirmière, la continuité établie avec les autres activités est une étape essentielle." Il évoque des "actions sédatives d'un niveau tonique élevé". Reprise de la musique jazz, incongrue étant donné les contenus des plans, comme si on avait oublié d'arrêter le disque. 
Salle d'eau, une kinésithérapeute est postée derrière des lances à eau fixées sur des supports, alors que Nicole, vêtue d'un maillot de bain, se présente à elle. "Reculez un tout petit peu..." Nicole s'exécute, une appréhension se lit sur son visage : elle ne sait manifestement pas ce qui va lui être fait. La kinésithérapeute actionne les lances, leurs jets frappent Nicole qui s'échappe en protestant : "Ah non, je ne peux pas!". analyse du commentaire : "Mais la façon dont cette action corporelle est vécue par Nicole - ici, comme une agression insoutenable - est tout aussi importante." Á pas hésitants, Nicole se repositionne dans la trajectoire des lances. "Essayez de vous détendre un tout petit peu... Je mets vers le bas..." La caméra se resserre sur Nicole qui accepte de s'exposer au jet ré-enclenché. La séance finie, la kinésithérapeute va l'envelopper dans un peignoir. En voix off, Nicole se remémore les séance de douche qui lui étaient imposées au collège, "toutes ensemble, au coup de sifflet, avec une femme horrible!". Dans une salle de soins, Nicole est allongée sur une civière pour une séance d'électrothérapie. Il s'agit d'une des "autres pratiques sédatives appliquées en accord avec le médecin", avec le massage et le bain bouillonnant. Elle maugréé, toujours récalcitrante devant les démarches qui lui sont proposées : "Je ne comprends pas ce que vous voulez faire avec cette électricité!" De même, en se glissant dans l'eau de la baignoire, elle lance : "je ne pense pas que ça me fera du bien ce truc là!" La kinésithérapeute ne perd pas son doux entrain, lui demandant si tout va bien pendant qu'elle la masse. De nouveau, Nicole se livre tout haut à ses souvenirs, lui montrant une cicatrice sur un de ses genoux, causée par une camarade avec laquelle elle s'était battue. Gros plan sur les jambes de Nicole dans l'eau bouillonnante du bain, puis plongée sur Nicole dans la baignoire débordante d'eau mousseuse, la kinésithérapeute assise à ses côtés. Analyse du commentaire : "toutes ces techniques ont un but précis. L'activité cérébrale réclame une énergie que le cerveau ne fournit pas et dont la presque totalité provient des excitations sensorielles. Toutes aussi importantes sont les significations que prennent ces excitations." En plan taille, la kinésithérapeute entrain de manier la lance à eau, le visage concentré. Contrechamp sur Nicole qui coopère davantage, exposant son corps à son jet. Selon le commentaire, Nicole est ici entrain de faire "une rencontre corporelle avec autrui qui n'est plus vécue comme une agression. Il s'agit là d'une véritable psychothérapie."  (13:53)
Cheminer vers le jeu collectif en milieu ouvert
Retour à Serge. Reprise de la musique jouée à la harpe. Il suit une séance de massage devant un miroir. Le masseur, en même temps qu'il travaille, le regarde par le reflet interposé. Serge se regardant aussi, positionné par le masseur, prend acte de la situation thérapeutique qui doit entraîner la transformation de sa relation au corps. Il s'agit de favoriser chez lui "la prise de conscience du corps propre : mettre en concordance le corps tel qu'il est ressenti et le corps tel qu'il est vu dans le miroir, faire se coïncider ces deux sortes d'images de soi est un facteur essentiel de l'unité et de la précision du schéma corporel." Le saxophone reprend ses plaintes floues dans la bande son. Vue en plongée sur une cour où des patientes et des patients suivent des exercices gymniques. Cette fois, Serge se rebelle, n'exécute pas le mouvement, se contracte et exprime une souffrance. Le commentaire explique que cette situation collective en milieu ouvert lui a été imposée trop tôt. La harpe revient pour la suite de la séquence qui montre Serge cette fois dans des espaces intérieurs, pratiquant des exercices avec un entourage restreint : maniement de quilles, escrime... "Il faut revenir en arrière, utiliser des formations en cercles qui ferment l'espace de façon rassurante". Serge se détend, exécute avec soin les gestes qui lui sont demandés, son visage exprime davantage de concentration et de présence. Jeu de ballons pour finir, de nouveau en milieu ouvert, de nouveau en collectif élargi. Analyse du commentaire : "au terme de cette progression, il devient alors possible de proposer à Serge des activités corporelles plus complexes, des systèmes de relations plus différenciées, tel ce jeu de relais entre équipes." (16:34)
Ergothérapie, relaxation
Séance d'ergothérapie. Nicole dans un atelier de poterie. Aux prises avec un bloc d'argile sur un tour, elle s'agace de sa maladresse et enfonce son poing sur sa matière molle. Toujours ce premier geste d'agacement, qui exprime une habitude de récalcitrance devant ce qui lui est proposé, avant de progressivement jouer le jeu. Nouvel échange au sein du personnel, cette fois au sujet de Nicole. La kinésithérapeute s'inquiète de la persistance de son attitude hostile. Le responsable de l'atelier d'ergothérapie convient qu'elle n'est guère plus coopérative dans son atelier, mais ajoute avec un haussement d'épaules : "c'est peut-être pas mauvais qu'elle continue les exercices". Encore une scène qui témoigne de la concertation nécessaire de plusieurs spécialistes autour d'un unique cas. Jeu de ballon et de quille en équipes, Nicole le gâche en jetant le ballon dans les quilles pour qu'il ne puisse plus continuer. Le commentaire philosophe : "les conduites agressives peuvent trouver un exutoire socialement admis et organisé."
Séance de relaxation qui fait directement écho au film "La relaxation" qu'Éric Duvivier a tourné la même année. Alors que Nicole est étendue sur un lit, la soignante, à son chevet, lui donne les instructions correspondant à la méthode mise au point par Johannes Schultz : "je suis tout à fait calme..." Elle se lève, s'approche de Nicole et lui saisit doucement le bras : "Mon bras droit est tout à fait lourd..." Nicole, apaisée, ferme les yeux et se maintient dans une inertie sereine. Analyse du commentaire : "la relaxation permet une prise de conscience et une maîtrise active de l'image corporelle". Retour à l'atelier de poterie. Nicole, de nouveau devant le tour, travaille cette fois avec patience. gros plan sur ses mains en contact avec la matière archaïque. "C'est donc en contrepoint que les activités interfèrent et progressent." Raccord sur la main de Serge qui, elle, creuse la terre sans résultat, témoignage d'une prostration qui se prolonge. Le responsable de l'atelier vient à lui, l'assiste pour qu'il recommence son geste et maintienne ainsi un rapport direct à la terre que ces séances favorisent. Échange entre Serge et le chef de service dans le parc de l'hôpital. "Qu'est ce que vous avez envie de faire, Serge?" Il l'invite à retourner à l'atelier de poterie. "Ah ouais, répond Serge pensivement, je pourrais finir mon vase..." Nous observons que Serge se tient désormais droit et non plus courbé, et qu'il est capable de s'engager dans une conversation, de réagir par une initiative à une interrogation sur ses souhaits. Il ne se contente non plus de simplement répondre à une demande d'information factuelle qui lui est faite comme nous l'avons vu dans son échange avec la kinésithérapeute. Le commentaire enchaîne pour expliquer la démarche organisationnelle de prise en charge : "le médecin est le pivot de cette organisation des activités et de la cohésion de l'équipe soignante ; c'est à travers sa relation avec le malade qu'il peut juger des possibilités et des directions de la progression entreprise". Retour de Serge dans l'atelier de poterie. Il forme un vase et applique un boudin sur son col ; il jette cependant un regard intéressé à la jeune fille qui, assise à côté de lui, participe aussi à l'atelier. (19:53)
L'activité sportive, exercice d'intégration sociale 
Un autre médecin chemine dans le parc avec Nicole. Elle convient que ses angoisses sont passées et que son traitement l'en a soulagée, même si elle continue de craindre qu'elles reviennent quand elle retournera au monde extérieur. Nouveaux exercices au gymnase ou en plein air, avec des quilles ou des ballons. Cette fois, Nicole y participe avec calme et implication. Commentaire : "des séquences rythmiques de plus en plus complexes, au sein de relations sociales de plus en plus vastes et différenciées : la kinésithérapie doit jouer de ces deux facteurs qui s'enrichissent et se libèrent mutuellement." Reprise de la musique jouée à la harpe. Nicole au volley. Elle est maladroite, manque ses coups, mais elle est souriante et motivée. "L'activité sportive, enfin, est une étape très avancée sur ce chemin ; le geste sportif porte en lui des déterminants sociaux complexes : il faut se situer comme membre d'une équipe qui représente un pavillon, en lutte contre des adversaires qui eux-mêmes sont rattachés à des structures sociales, différentes et lointaines." Derniers plans dans le parc. Progressant dans l'allée centrale, six jeunes gens dont Nicole et Serge. Sourires, échanges, attentions mutuelles. "C'est, tout au long de ce chemin, et sur le plan du corps, un dialogue que nous avons vu s'amorcer, s'affirmer, se normaliser : c'est de cette façon que la physiothérapie de la maladie mentale peut contribuer à l'entreprise psychiatrique plus vaste de restauration du dialogue de l'individu avec la société".
Notes complémentaires
Référence catalogue : n° 165
Références et documents externes
Patrice Pinell "La normalisation de la psychiatrie française" dans Regards sociologiques, n° 29, 2004, p 3-21. https://scholar.google.com/scholar_lookup?title=La%20normalisation%20de%20la%20psychiatrie%20fran%C3%A7aise&publication_year=2004&author=P.%20Pinell
Contributeurs
- Auteurs de la fiche : Joël Danet 

